Gli Scritti di Maria Valtorta

103. Sur le mont Liban, chez les bergers Benjamin et Daniel.

103. Sul Libano dai pastori Beniamino e Daniele.

103.1

Jésus marche à côté de Jonathas le long d’une chaussée verte et ombragée. Derrière, les apôtres discutent.

Mais Pierre se détache, va en avant et, franc comme toujours, demande à Jonathas :

« Mais la route qui va à Césarée de Philippe n’était-elle pas plus courte ? Nous avons pris celle-là… et quand allons-nous arriver ? Toi, quand tu accompagnais ta maîtresse, tu avais pris l’autre ?

– Avec une malade, j’ai tout risqué. Mais tu dois penser que j’appartiens au personnel d’un courtisan d’Hérode Antipas et, après cet adultère incestueux, Philippe ne voit pas d’un bon œil les courtisans d’Hérode… Ce n’est pas pour moi, tu sais, que je crains. Mais je ne veux pas vous causer des ennuis et vous créer des ennemis, à vous et au Maître en particulier. Il faut que la Parole parvienne dans la tétrarchie de Philippe comme dans celle d’Hérode Antipas… or, s’ils vous haïssent, comment cela serait-il possible ? Au retour, vous prendrez l’autre route, si vous la croyez meilleure.

– Je loue ta prudence, Jonathas, mais au retour je compte passer par le territoire de la Phénicie, dit Jésus.

– Elle est prise dans les ténèbres de l’erreur.

– J’irai sur les frontières pour leur rappeler qu’il existe une Lumière.

– Tu crois que Philippe se vengerait sur un serviteur du tort que lui a fait son frère ? demande Pierre à Jonathas.

– Oui, Pierre. Ils se valent bien l’un l’autre. Ils sont dominés par les instincts les plus bas et ne font aucune distinction. Ils ressemblent à des animaux et non à des hommes, tu peux me croire.

– Et pourtant nous, je veux dire Jésus, en tant que parent de Jean-Baptiste, devrait lui être cher. Au fond, Jean, en parlant au nom de Dieu, a parlé aussi en faveur de Philippe.

– Il ne vous demanderait même pas d’où vous venez ni qui vous êtes. Si on vous voyait avec moi, si on me reconnaissait ou si j’étais dénoncé par un ennemi de la maison d’Hérode Antipas comme serviteur de son Procurateur, on vous emprisonnerait tout de suite. Si vous saviez quelle fange il y a derrière les vêtements de pourpre ! Vengeances, abus, dénonciations, luxure et vols, voilà la nourriture de leur âme. D’ailleurs, leur âme… c’est une manière de dire, car je crois qu’ils n’ont même plus d’âme. Vous le voyez. Ça s’est bien terminé, mais pourquoi Jean a-t-il été libéré ? Par suite d’une vengeance entre deux officiers de la cour. L’un d’eux, pour se débarrasser de l’autre qu’Hérode Antipas avait favorisé en lui donnant la garde de Jean, et aussi pour toucher un gros sac, ouvrit pendant la nuit les portes de la prison… Je crois qu’il avait étourdi son rival avec du vin épicé et le matin suivant… le malheureux fut décapité à la place de Jean-Baptiste qui s’était évadé. Ils sont répugnants, je te le dis.

– Et ton patron y reste ? Il me paraît bon.

– Oui, mais il ne peut faire autrement. Son père et son grand-père appartenaient à la cour d’Hérode le Grand, et le fils doit forcément y rester. Il n’approuve pas, mais il ne peut que se borner à garder son épouse loin de cette Cour vicieuse.

– Ne pourrait-il pas dire : “ Cela me dégoûte ” et s’en aller ?

– Il le pourrait, mais, si bon qu’il soit, il n’en est pas encore capable. Cela entraînerait une mort certaine. Et qui donc veut mourir par une fidélité spirituelle portée à son plus haut degré ? Un saint comme Jean-Baptiste. Mais nous, pauvres de nous… ! »

103.2

Jésus, qui les a laissés parler entre eux, intervient :

« Dans quelque temps, sur tous les points de la terre connue, on verra, aussi nombreux que les fleurs sur un pré en avril, les saints heureux de mourir pour cette fidélité à la grâce et pour l’amour de Dieu !

– Vraiment ? ah ! Comme il me plairait de saluer ces saints et de leur dire : “ Priez pour le pauvre Simon, fils de Jonas ! ” » dit Pierre.

Jésus lui fait face, en souriant.

« Pourquoi me regardes-tu comme ça ?

– Parce que tu les verras quand tu les assisteras et ils te verront quand ils t’assisteront.

– A quoi, Seigneur ?

– A devenir la Pierre consacrée du Sacrifice sur laquelle se célébrera et s’édifiera mon Témoignage.

– Je ne te comprends pas.

– Tu comprendras. »

Les autres disciples, qui s’étaient approchés et ont entendu, conversent entre eux.

Jésus se retourne :

« En vérité je vous dis que vous serez tous mis à l’épreuve par un supplice ou un autre. Pour l’instant, c’est celui du renoncement à vos aises, à vos affections, à vos intérêts. Plus tard, ce sera un sacrifice de plus en plus vaste, jusqu’au sacrifice suprême qui vous ceindra d’un diadème immortel. Soyez fidèles. Mais vous le serez tous. C’est le sort qui vous attend.

– Nous serons mis à mort par les juifs, par le Sanhédrin, peut-être à cause de l’amour que nous avons pour toi ?

– Jérusalem lave les seuils de son Temple avec le sang de ses prophètes et de ses saints. Mais le monde aussi attend d’être lavé… Il s’y trouve une multitude de temples de divinités horribles. Ils deviendront à l’avenir des temples du vrai Dieu, et la lèpre du paganisme sera purifiée par de l’eau lustrale faite avec le sang des martyrs.

– Oh ! Dieu très-haut ! Seigneur ! Maître ! Je ne suis pas digne d’un tel sort ! Je suis faible ! J’ai peur du mal ! Oh ! Seigneur !… renvoie plutôt ton serviteur inutile ou bien donne-moi la force nécessaire. Je ne voudrais pas qu’on te défigure, Maître, à cause de ma lâcheté. »

Pierre s’est jeté aux pieds du Maître et le supplie d’une voix qui révèle vraiment son cœur.

« Relève-toi, mon Pierre. N’aie pas peur. Tu as encore beaucoup de chemin à faire… et l’heure viendra où tu ne voudras plus qu’accomplir le dernier sacrifice. Alors tu auras toute force, venant du Ciel et de toi-même. Je te regarderai avec plein d’admiration.

– Tu le dis… et je le crois. Mais je suis un si pauvre homme ! »

103.3

Ils se remettent en marche…

… Et après une assez longue interruption, je recommence à avoir la vision : ils ont déjà quitté la plaine pour gravir une montagne boisée, sur un chemin qui ne cesse de monter. Ce ne doit pourtant pas être le même jour car, si précédemment la matinée était torride, c’est maintenant une belle aurore naissante qui, sur toutes les tiges d’herbes, allume des diamants liquides. Ils ont franchi des bois et encore des bois de conifères qu’ils dominent maintenant de plus haut et qui, tels des dômes de verdure, accueillent entre leurs troncs les pèlerins infatigables.

Vraiment, ce Liban est une chaîne extraordinaire. Je ne sais si on appelle Liban tout cet ensemble ou bien cette seule montagne. Ce que je sais en revanche, c’est que je vois des massifs boisés se dresser dans tout un enchevêtrement de crêtes et d’escarpements, de vallées et de plateaux le long desquels courent, pour retomber ensuite dans les vallées, des torrents qui ressemblent à des rubans d’argent d’un vert légèrement bleuté. Des oiseaux de toutes sortes remplissent de leurs chants et de leurs vols les bois de conifères. On hume à cette heure matinale tout un parfum de résine. Si l’on se tourne vers la vallée, ou plutôt vers l’occident, on aperçoit la mer qui rit au loin, immense, paisible, solennelle, et toute la côte qui s’étend au nord, au sud, avec ses villes, ses ports et les rares cours d’eau, qui se jettent dans la mer en traçant à peine une virgule brillante sur la terre aride, vu leur faible niveau d’eau que le soleil d’été sèche, et une traînée jaunâtre sur le bleu de la mer.

« Ce sont de beaux paysages, s’extasie Pierre.

– Il ne fait plus aussi chaud, dit Simon.

– Avec ces arbres le soleil nous gêne peu…, ajoute Matthieu.

103.4

– C’est d’ici que l’on a pris les cèdres du Temple ? demande Jean.

– Oui, c’est d’ici. Ce sont ces forêts qui donnent les bois les plus beaux. Le maître de Daniel et de Benjamin en possède un très grand nombre, sans compter de riches troupeaux. On les scie sur place et on les porte à la vallée par ces canaux ou à la main. C’est un travail difficile quand les troncs doivent être employés tout entiers comme ce fut le cas pour le Temple. Mais le patron paie bien et il a beaucoup de gens à son service. Et puis, il est assez bon. Il n’est pas comme ce féroce Doras. Pauvre Jonas ! Répond Jonathas.

– Mais comment se fait-il que ses serviteurs soient presque des esclaves ? Je disais à Jonas : “ Laisse-le tomber et viens avec nous. Simon aura toujours du pain pour toi ” ; mais il m’ a répondu : “ Cela m’est impossible à moins de me racheter. ” Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? demande Pierre.

– Voilà comment opère Doras, et il n’est pas le seul en Israël : quand il découvre un bon serviteur, il l’amène par quelque subtile astuce à devenir esclave. Il met à son débit des sommes inexactes que le pauvre homme ne peut payer, et quand il en arrive à une certaine somme, il dit : “ Désormais, tu es mon esclave pour dettes. ”

– Oh ! Quelle honte ! Et c’est un pharisien !

– Oui. Jonas a pu payer tant qu’il a eu des économies… mais ensuite… Une année, ce fut la grêle, une autre la sécheresse. Le blé et la vigne rapportèrent peu de chose et Doras multiplia ses pertes par dix et encore par dix… Puis Jonas fut malade par excès de travail. Alors Doras lui prêta une somme pour qu’il se soigne, mais exigea un intérêt de douze pour un et – Jonas, n’ayant pas de quoi le rembourser –, l’ajouta au reste. Bref : quelques années après, il devint esclave à cause de ses dettes. Et Doras ne le laissera jamais partir… Il trouvera toujours des raisons et de nouvelles dettes… »

Jonathas est triste en pensant à son ami.

« Et ton maître ne pouvait-il pas…

– Quoi ? Le faire traiter en homme ? Et qui peut se mettre à dos les pharisiens ? Doras est l’un des plus puissants. Je crois même qu’il est parent du grand-prêtre… Du moins, on le dit. Une fois, quand j’ai appris que Jonas avait risqué de mourir sous les coups de bâton, j’ai tant pleuré que Kouza m’a dit : “ C’est moi qui vais le racheter pour te faire plaisir. ” Mais Doras lui a ri au nez et n’a rien voulu savoir. Pardi ! Cet homme-là possède les terres les plus riches d’Israël… mais, je te le jure : elles sont engraissées par le sang et les larmes de ses serviteurs. »

Jésus et Simon le Zélote échangent un regard. Tous deux sont attristés.

« Et le maître de Daniel, est-il bon ?

– Il est humain, au moins. Il est exigeant mais n’accable pas. Et comme les bergers sont honnêtes, il les traite amicalement. Ils sont à la tête du troupeau. Moi, il me connaît et me respecte parce que je suis le serviteur de Kouza… et que je pourrais servir ses intérêts… Mais pourquoi, Seigneur, l’homme est-il si égoïste ?

– Parce que l’amour a été étranglé au paradis terrestre ; mais je suis venu dénouer le lacet et rendre la vie à l’amour.

103.5

– Nous voici sur les terres d’Elisée. Les pâturages sont encore loin, mais à cette heure, les brebis sont presque toujours au bercail à cause du soleil. Je vais voir si elles y sont. »

Sur ce, Jonathas part au pas de course. Il revient quelque temps après avec deux pâtres grisonnants et robustes qui se précipitent au bas de la pente pour rejoindre Jésus.

« Paix à vous.

– Oh ! Notre Bébé de Bethléem ! » dit l’un ; et l’autre : « Paix de Dieu venue à nous, sois bénie. »

Les hommes sont prosternés sur l’herbe. On ne salue pas un autel aussi profondément qu’ils saluent le Maître.

« Relevez-vous. Je vous retourne votre bénédiction et je suis heureux de le faire, car elle vient joyeusement sur ceux qui en sont dignes.

– Oh, dignes, nous… !

– Oui, vous, qui êtes toujours fidèles.

– Et qui ne l’aurait été ? Qui pourrait faire oublier cet instant ? Qui pourrait dire : “ Ce que nous avons vu n’est pas réel ? ” Qui pourrait oublier que tu nous as souri des mois durant, lorsque, revenant le soir avec nos troupeaux, nous t’appelions et que tu battais des mains au son de nos flûtes ?… Tu t’en souviens, Daniel ? Presque toujours vêtu de blanc dans les bras de ta Mère, tu nous apparaissais dans un rayon de soleil sur le pré d’Anne ou à la fenêtre : on aurait dit une fleur posée sur la neige du vêtement de ta mère.

– Et cette fois où tu es venu, quand tu faisais tes premiers pas, caresser un agnelet moins frisé que toi ? Comme tu étais heureux ! Et nous, nous ne savions que faire de nous-mêmes, car nous sommes rustres. Nous aurions voulu être des anges pour te paraître moins grossiers…

– Ah, mes amis ! Je voyais votre cœur et c’est encore lui que je vois maintenant.

– Et tu nous souris comme en ce temps-là !

– Et tu es venu jusqu’ici, chez de pauvres bergers !

– Chez mes amis. Maintenant, je suis content. Je vous ai tous retrouvés et je ne vous perdrai plus. Pouvez-vous accorder l’hospitalité au Fils de l’homme et à ses amis ?

– Oh, Seigneur ! Mais tu le demandes ? Le pain et le lait ne nous manquent pas, mais si nous n’avions qu’une seule bouchée de pain nous te la donnerions pour te garder avec nous. N’est-ce pas, Benjamin ?

– Nous te donnerions notre cœur en nourriture, Seigneur ! Nous t’avons tellement désiré !

– Alors allons-y. Nous allons parler de Dieu…

– Et de tes parents, Seigneur, de Joseph, qui était si bon, de Marie… Ah, ta Mère ! Vous voyez ce narcisse couvert de rosée ? Sa tête est belle et pure, on dirait une étoile de diamant. Mais Marie… Ah ! Ce narcisse n’est qu’une pourriture en comparaison d’elle ! Un seul de ses sourires vous purifiait. C’était une fête de la rencontrer, sa parole vous sanctifiait. Toi aussi, Benjamin, tu te souviens de ses paroles.

– Oui, je peux te les redire, Seigneur, car tout ce qu’elle nous a dit, dans les mois où nous avons pu l’entendre, est écrit ici (et il se frappe la poitrine). C’est la page de notre sagesse et nous la comprenions nous aussi car c’est une parole d’amour. Et l’amour… Ah ! L’amour, c’est une chose que tout le monde comprend ! Viens, Seigneur, entre dans cette heureuse demeure et bénis-la. »

Ils entrent dans une pièce près du vaste bercail et tout prend fin[1].

103.1

Gesù cammina a fianco di Gionata lungo un argine verde e perciò ombroso. Dietro sono gli apostoli, che parlano fra di loro.

Ma Pietro se ne stacca e viene avanti e, franco come sempre, chiede a Gionata: «Ma non era più svelta la via che va a Cesarea di Filippo? Abbiamo preso questa e… quando arriveremo? Tu con la padrona ci sei pure andato per quella!».

«Con una malata ho osato tutto. Ma pensa che io sono di un cortigiano di Antipa, e Filippo, dopo quel lurido incesto, non vede molto bene i cortigiani di Erode… Non è per me, sai, che temo. Ma non voglio dare a voi, al Maestro particolarmente, delle noie e crearvi dei nemici. Nella Tetrarchia di Filippo occorre la Parola come in quella di Antipa… e se vi odiano, come potete? Al ritorno verrete da quella via, se credete meglio».

«Lodo la tua prudenza, Gionata. Ma al ritorno conto passare verso le terre fenicie», dice Gesù.

«Sono avvolte nelle tenebre dell’errore».

«Mi affaccerò ai confini per ricordare loro che vi è una Luce».

«Credi che Filippo si rifarebbe su un servo del torto fattogli dal fratello?», domanda Pietro a Gionata[1].

«Sì, Pietro. L’uno equivale l’altro. Li dominano tutti gli istinti più bassi, e non fanno distinzione. Sembrano animali e non uomini, credilo».

«Eppure noi, ossia Lui, parente di Giovanni, lo dovrebbe aver caro. Giovanni, in fondo, ha parlato anche in suo nome e favore, parlando in nome di Dio».

«Non vi chiederebbe neppure da dove venite, né chi siete.

Visti con me, se mi riconoscesse o gli fossi indicato da qualche nemico della casa d’Antipa come servo del suo Procuratore, sareste subito incarcerati. Se sapeste che fango dietro le vesti di porpora! Vendette, soprusi, delazioni, lussurie e furti sono l’impasto della loro anima. Anima?… Mah! diciamo così. Io credo non abbiano più anima. Lo vedete. A buon fine. Ma perché fu libero Giovanni? Per una vendetta fra due ufficiali della corte. Uno, per levare di mezzo l’altro, favorito tanto dall’Antipa da avere in custodia Giovanni, per una somma, di notte, aprì la carcere… io credo abbia stordito il rivale con un vino drogato, e al mattino di poi… il miserello perse la testa al posto del Battezzatore evaso. Uno schifo, te lo dico».

«E il tuo padrone ci sta? Mi pare buono».

«Lo è. Ma non può fare diversamente. Suo padre, e il padre di suo padre, furono della corte del Grande Erode, e il figlio lo dovette essere per forza. Non approva. Ma non può che limitarsi a tenere lontana la moglie da quella corte di vizio».

«E non potrebbe dire: “Mi fai ribrezzo” e andarsene?».

«Potrebbe. Ma, pur essendo buono tanto, non è ancora capace di tanto. Vorrebbe dire quasi certamente: morte. E chi vuole morire per onestà di spirito, portata al punto più alto?

Un santo come il Battista. Ma noi, poveretti!».

103.2

Gesù, che li ha lasciati parlare fra loro, interviene: «Fra non molto su ogni punto della Terra conosciuta saranno fitti come fiori su un prato d’aprile i santi contenti di morire per questa onestà alla Grazia e per amore a Dio!».

«Davvero? Oh! mi piacerebbe salutare questi santi e dire loro: “Pregate per il povero Simone di Giona!”», dice Pietro.

Gesù lo guarda fisso e sorridente.

«Perché mi guardi così?».

«Perché tu li vedrai come loro assistente e li vedrai quando ti assisteranno».

«A che, Signore?».

«A divenire la Pietra consacrata dal Sacrificio, su cui si celebrerà ed edificherà la mia Testimonianza».

«Non ti capisco».

«Capirai».

Gli altri discepoli, che si erano accostati e che hanno udito, parlottano fra loro.

Gesù si volge: «In verità vi dico che dell’uno o dell’altro supplizio tutti sarete provati. Per ora è quello della rinuncia agli agi, agli affetti, agli utili. Dopo sarà una sempre più vasta cosa, sino a quella eccelsa che vi cingerà di un diadema immortale. Siate fedeli. Ma voi tutti lo sarete. E questo avrete».

«Ci uccideranno i giudei, il Sinedrio, forse, per amor nostro a Te?».

«Gerusalemme lava le soglie del suo Tempio col sangue dei suoi Profeti e dei suoi Santi. Ma anche il mondo attende d’esser lavato… Templi e templi di dèi orrendi vi sono. Saranno in futuro templi del Dio vero, e la lebbra del paganesimo sarà mondata con l’acqua lustrale fatta del sangue dei martiri».

«Oh! Dio altissimo! Signore! Maestro! Io non sono degno di tanto! Debole sono! Pauroso del male! Oh! Signore!… O rimanda il tuo inutile servo, o dammi Tu forza. Non vorrei farti sfigurare, Maestro, con la mia vigliaccheria». Pietro si è gettato ai piedi del Maestro e lo supplica proprio col cuore nella voce.

«Alzati, mio Pietro. Non avere paura. Ancor molto hai da camminare… e verrà l’ora che non vorrai che compiere l’ultima fatica. E allora avrai tutto, dal Cielo e da te stesso. Io ti starò a guardare ammirato».

«Tu lo dici… ed io lo credo. Ma sono un così povero uomo!».

103.3

Si rimettono a camminare…

… e dopo una bella interruzione riprendo a vedere quando già si è lasciata la pianura per inerpicarsi su un monte selvoso e sempre più alto. Non deve neppure essere lo stesso giorno, perché, mentre allora la mattina era già torrida, qui è appena una bella aurora che accende, su tutti gli steli, diamantini liquidi. Boschi e boschi di conifere sono stati superati e dominano dall’alto e, come duomi verdi, accolgono nei loro intercolomni i pellegrini instancabili.

Veramente questo Libano è una catena stupenda. Non so se sia Libano tutto il complesso, o questo monte solo. So che vedo giogaie selvose ergersi in nodo alto ed aggrovigliato di creste e di balze, di valli e pianori lungo i quali scorrono, per poi rimbalzare a valle, dei torrenti che paiono nastri di argento lievemente verd’azzurro. Uccelli d’ogni genere empiono di canti e di voli i boschi di conifere, tutto un profumo di resine in quest’ora mattutina. Voltandosi verso valle, meglio, verso occidente, si vede lontano ridere il mare, ampio, quieto, solenne, e tutta la costa che si dilunga a nord, a sud, con le sue città, i suoi porti e i rari corsi d’acqua che sfociano in mare, facendo appena una virgola lucente sulla terra arida, colla loro poca acqua che il sole dell’estate asciuga, e una ditata giallastra nell’azzurro marino.

«Sono belli questi posti», osserva Pietro.

«Non c’è neppure tanto caldo», dice Simone.

«Con questi alberi il sole fa poca noia…», aggiunge Matteo.

103.4

«Li hanno presi qui i cedri del Tempio?», chiede Giovanni.

«Qui. Sono questi boschi che dànno i legni più belli. Il padrone di Daniele e Beniamino ne ha moltissimi, oltre che ricche mandre. Li segano sul posto e poi li portano a valle per quelle canalature o a braccia. Lavoro difficile, quando i tronchi devono essere usati interi, come lo fu per il Tempio. Ma paga bene e molti lo servono. E poi è abbastanza buono. Non è come quel feroce Doras. Povero Giona!», risponde Gionata[2].

«Ma come mai i suoi servi sono quasi schiavi? Mi ha detto Giona, a me che gli dicevo: “Ma piantalo in asso e vieni con noi. Un pane per te, Simone di Giona lo avrà sempre”; mi diceva: “Non posso se non mi riscatto”. Che storia è?», domanda Pietro.

«Doras, e non lui solo in Israele, usa così: quando vede un servo buono, lo porta con sottile astuzia ad esser schiavo. Gli addebita somme non vere, che il poveretto non può pagare, e quando la somma è sufficiente dice: “Tu mi sei schiavo per debito”».

«Oh! vergogna! Ed è fariseo!».

«Sì. Giona, finché ebbe risparmi, ha potuto pagare… poi…

Un anno fu la grandine, un altro la secca. Il grano e la vite dettero poco, e Doras moltiplicò il danno per dieci e dieci ancora… Poi Giona fu malato per troppo lavoro. E Doras gli prestò la somma per la cura, ma volle il dodici per uno, e poiché Giona non lo aveva aggiunse questo al resto. Breve: dopo qualche anno c’era un debito che lo rese schiavo. E non lo lascerà andare mai… Sempre troverà altre scuse ed altri debiti…». Gionata è triste pensando all’amico.

«E il tuo padrone non poteva…».

«Che? Farlo trattare da uomo? E chi si mette contro i farisei? Doras è uno dei più potenti; credo sia anche parente col Sommo Sacerdote… Almeno così si dice. Una volta, quando fu bastonato a morte ed io lo seppi, piansi tanto che Cusa mi disse: “Lo riscatto io per farti contento”. Ma Doras gli rise sul viso e non accettò nulla. Eh! quello lì… Ha i campi più ricchi d’Israele… ma, ti giuro, sono concimati dal sangue e dalle lacrime dei suoi servi».

Gesù guarda lo Zelote e lo Zelote guarda Lui. Sono ambedue addolorati.

«E questo, di Daniele, è buono?».

«È umano, almeno. Vuole, ma non opprime. E, posto che i pastori sono onesti, li tratta con amore. Sono i capi del pascolo. Me, mi conosce e rispetta perché sono servo di Cusa e… potrei servire al suo utile… Ma perché, Signore, l’uomo è così egoista?».

«Perché l’amore fu strozzato nel Paradiso terrestre. Ma Io vengo ad allentare il laccio ed a rimettere vita all’amore».

103.5

«Eccoci nei possessi di Eliseo. I pascoli sono ancora lontani. Ma in quest’ora le pecore sono quasi sempre negli ovili per il sole. Vado a vedere se ci sono». E Gionata parte quasi di corsa.

Torna dopo qualche tempo con due brizzolati e robusti mandriani, che veramente si precipitano giù per la china per venire da Gesù.

«La pace a voi».

«Oh! Oh! Il nostro Bambino di Betlemme!», dice uno; e l’altro: «Pace di Dio, venuta a noi, che Tu sia benedetta». Gli uomini sono proni nell’erba. Non è così profondo il saluto ad un altare quanto questo al Maestro.

«Alzatevi. Vi rendo la benedizione e felice sono di farlo, perché essa viene con gioia su chi ne è degno».

«Oh! degni noi!».

«Sì, voi, sempre fedeli».

«E chi non lo sarebbe stato? Chi può cancellare quell’ora?

Chi dire: “Non è vero ciò che vedemmo”? Chi dimenticare che Tu ci hai sorriso per dei mesi, quando, tornando fra le pecore a sera, noi ti chiamavamo e Tu battevi le manine al suono dei nostri zufoli?… Te lo ricordi, Daniele? Quasi sempre vestito di bianco nelle braccia della Madre, Tu ci apparivi fra raggi di sole sul prato di Anna o dalla finestra, e parevi un fiore posato sulla neve della veste materna».

«E quella volta che sei venuto, facendo i primi passi, ad accarezzare un agnellino meno riccio di Te? Come eri felice! E noi non sapevamo che fare delle nostre rustiche persone. Avremmo voluto esser degli angeli per apparirti meno rozzi…».

«Oh! amici miei! Io vedevo il vostro cuore, e quello vedo anche ora».

«E ci sorridi come allora!».

«E sei venuto fin qui, dai poveri pastori!».

«Dai miei amici. Ora sono contento. Vi ho tutti ritrovati e più non vi perderò. Potete ospitare il Figlio dell’uomo e i suoi amici?».

«Oh! Signore! Ma lo chiedi? Non ci manca pane e latte. Ma avessimo un solo boccone te lo daremmo, pur di tenerti con noi. Vero, Beniamino?».

«Il cuore ti daremmo per cibo, nostro desiderato Signore!».

«Andiamo, allora. Parleremo di Dio…».

«E dei tuoi parenti, Signore. Giuseppe, tanto buono! Maria… oh! la Madre! Ecco, voi guardate questo narciso rugiadoso. È bello e puro nella sua testa che pare una stella diamantata. Ma Lei… oh! questo è sozzura rispetto alla Madre! Un suo sorriso era purificazione, l’incontrarla una festa, l’udirla santificarsi. Te le ricordi quelle parole anche tu, Beniamino».

«Sì. Te le posso ridire, Signore. Perché quanto Ella ci disse, nei mesi che la potemmo udire, è scritto qui (e si batte il petto).

È la pagina della nostra sapienza. E questa la comprendiamo anche noi, perché è parola di amore. E l’amore… oh! l’amore è inteso da tutti! Vieni, Signore, entra e benedici questa dimora felice».

Entrano in una stanza presso il vasto ovile e tutto ha fine.


Notes

  1. et tout prend fin. Suit, sur le cahier autographe, le dessin de Maria Valtorta. Les légendes signifient : Méditerranée en haut à gauche, puis en descendant : port, môles, port, très beau golfe. Au centre, le mot fleuve est répété à cinq reprises. A droite : Liban, tout en bas à droite : lac.

Note

  1. domanda Pietro a Gionata è un’aggiunta di MV su una copia dattiloscritta.
  2. risponde Gionata e il successivo domanda Pietro sono due aggiunte di MV su una copia dattiloscritta.