The Writings of Maria Valtorta

103. Sur le mont Liban, chez les bergers Benjamin et Daniel.

103. On the Lebanon with

103.1

Jésus marche à côté de Jonathas le long d’une chaussée verte et ombragée. Derrière, les apôtres discutent.

Mais Pierre se détache, va en avant et, franc comme toujours, demande à Jonathas :

« Mais la route qui va à Césarée de Philippe n’était-elle pas plus courte ? Nous avons pris celle-là… et quand allons-nous arriver ? Toi, quand tu accompagnais ta maîtresse, tu avais pris l’autre ?

– Avec une malade, j’ai tout risqué. Mais tu dois penser que j’appartiens au personnel d’un courtisan d’Hérode Antipas et, après cet adultère incestueux, Philippe ne voit pas d’un bon œil les courtisans d’Hérode… Ce n’est pas pour moi, tu sais, que je crains. Mais je ne veux pas vous causer des ennuis et vous créer des ennemis, à vous et au Maître en particulier. Il faut que la Parole parvienne dans la tétrarchie de Philippe comme dans celle d’Hérode Antipas… or, s’ils vous haïssent, comment cela serait-il possible ? Au retour, vous prendrez l’autre route, si vous la croyez meilleure.

– Je loue ta prudence, Jonathas, mais au retour je compte passer par le territoire de la Phénicie, dit Jésus.

– Elle est prise dans les ténèbres de l’erreur.

– J’irai sur les frontières pour leur rappeler qu’il existe une Lumière.

– Tu crois que Philippe se vengerait sur un serviteur du tort que lui a fait son frère ? demande Pierre à Jonathas.

– Oui, Pierre. Ils se valent bien l’un l’autre. Ils sont dominés par les instincts les plus bas et ne font aucune distinction. Ils ressemblent à des animaux et non à des hommes, tu peux me croire.

– Et pourtant nous, je veux dire Jésus, en tant que parent de Jean-Baptiste, devrait lui être cher. Au fond, Jean, en parlant au nom de Dieu, a parlé aussi en faveur de Philippe.

– Il ne vous demanderait même pas d’où vous venez ni qui vous êtes. Si on vous voyait avec moi, si on me reconnaissait ou si j’étais dénoncé par un ennemi de la maison d’Hérode Antipas comme serviteur de son Procurateur, on vous emprisonnerait tout de suite. Si vous saviez quelle fange il y a derrière les vêtements de pourpre ! Vengeances, abus, dénonciations, luxure et vols, voilà la nourriture de leur âme. D’ailleurs, leur âme… c’est une manière de dire, car je crois qu’ils n’ont même plus d’âme. Vous le voyez. Ça s’est bien terminé, mais pourquoi Jean a-t-il été libéré ? Par suite d’une vengeance entre deux officiers de la cour. L’un d’eux, pour se débarrasser de l’autre qu’Hérode Antipas avait favorisé en lui donnant la garde de Jean, et aussi pour toucher un gros sac, ouvrit pendant la nuit les portes de la prison… Je crois qu’il avait étourdi son rival avec du vin épicé et le matin suivant… le malheureux fut décapité à la place de Jean-Baptiste qui s’était évadé. Ils sont répugnants, je te le dis.

– Et ton patron y reste ? Il me paraît bon.

– Oui, mais il ne peut faire autrement. Son père et son grand-père appartenaient à la cour d’Hérode le Grand, et le fils doit forcément y rester. Il n’approuve pas, mais il ne peut que se borner à garder son épouse loin de cette Cour vicieuse.

– Ne pourrait-il pas dire : “ Cela me dégoûte ” et s’en aller ?

– Il le pourrait, mais, si bon qu’il soit, il n’en est pas encore capable. Cela entraînerait une mort certaine. Et qui donc veut mourir par une fidélité spirituelle portée à son plus haut degré ? Un saint comme Jean-Baptiste. Mais nous, pauvres de nous… ! »

103.2

Jésus, qui les a laissés parler entre eux, intervient :

« Dans quelque temps, sur tous les points de la terre connue, on verra, aussi nombreux que les fleurs sur un pré en avril, les saints heureux de mourir pour cette fidélité à la grâce et pour l’amour de Dieu !

– Vraiment ? ah ! Comme il me plairait de saluer ces saints et de leur dire : “ Priez pour le pauvre Simon, fils de Jonas ! ” » dit Pierre.

Jésus lui fait face, en souriant.

« Pourquoi me regardes-tu comme ça ?

– Parce que tu les verras quand tu les assisteras et ils te verront quand ils t’assisteront.

– A quoi, Seigneur ?

– A devenir la Pierre consacrée du Sacrifice sur laquelle se célébrera et s’édifiera mon Témoignage.

– Je ne te comprends pas.

– Tu comprendras. »

Les autres disciples, qui s’étaient approchés et ont entendu, conversent entre eux.

Jésus se retourne :

« En vérité je vous dis que vous serez tous mis à l’épreuve par un supplice ou un autre. Pour l’instant, c’est celui du renoncement à vos aises, à vos affections, à vos intérêts. Plus tard, ce sera un sacrifice de plus en plus vaste, jusqu’au sacrifice suprême qui vous ceindra d’un diadème immortel. Soyez fidèles. Mais vous le serez tous. C’est le sort qui vous attend.

– Nous serons mis à mort par les juifs, par le Sanhédrin, peut-être à cause de l’amour que nous avons pour toi ?

– Jérusalem lave les seuils de son Temple avec le sang de ses prophètes et de ses saints. Mais le monde aussi attend d’être lavé… Il s’y trouve une multitude de temples de divinités horribles. Ils deviendront à l’avenir des temples du vrai Dieu, et la lèpre du paganisme sera purifiée par de l’eau lustrale faite avec le sang des martyrs.

– Oh ! Dieu très-haut ! Seigneur ! Maître ! Je ne suis pas digne d’un tel sort ! Je suis faible ! J’ai peur du mal ! Oh ! Seigneur !… renvoie plutôt ton serviteur inutile ou bien donne-moi la force nécessaire. Je ne voudrais pas qu’on te défigure, Maître, à cause de ma lâcheté. »

Pierre s’est jeté aux pieds du Maître et le supplie d’une voix qui révèle vraiment son cœur.

« Relève-toi, mon Pierre. N’aie pas peur. Tu as encore beaucoup de chemin à faire… et l’heure viendra où tu ne voudras plus qu’accomplir le dernier sacrifice. Alors tu auras toute force, venant du Ciel et de toi-même. Je te regarderai avec plein d’admiration.

– Tu le dis… et je le crois. Mais je suis un si pauvre homme ! »

103.3

Ils se remettent en marche…

… Et après une assez longue interruption, je recommence à avoir la vision : ils ont déjà quitté la plaine pour gravir une montagne boisée, sur un chemin qui ne cesse de monter. Ce ne doit pourtant pas être le même jour car, si précédemment la matinée était torride, c’est maintenant une belle aurore naissante qui, sur toutes les tiges d’herbes, allume des diamants liquides. Ils ont franchi des bois et encore des bois de conifères qu’ils dominent maintenant de plus haut et qui, tels des dômes de verdure, accueillent entre leurs troncs les pèlerins infatigables.

Vraiment, ce Liban est une chaîne extraordinaire. Je ne sais si on appelle Liban tout cet ensemble ou bien cette seule montagne. Ce que je sais en revanche, c’est que je vois des massifs boisés se dresser dans tout un enchevêtrement de crêtes et d’escarpements, de vallées et de plateaux le long desquels courent, pour retomber ensuite dans les vallées, des torrents qui ressemblent à des rubans d’argent d’un vert légèrement bleuté. Des oiseaux de toutes sortes remplissent de leurs chants et de leurs vols les bois de conifères. On hume à cette heure matinale tout un parfum de résine. Si l’on se tourne vers la vallée, ou plutôt vers l’occident, on aperçoit la mer qui rit au loin, immense, paisible, solennelle, et toute la côte qui s’étend au nord, au sud, avec ses villes, ses ports et les rares cours d’eau, qui se jettent dans la mer en traçant à peine une virgule brillante sur la terre aride, vu leur faible niveau d’eau que le soleil d’été sèche, et une traînée jaunâtre sur le bleu de la mer.

« Ce sont de beaux paysages, s’extasie Pierre.

– Il ne fait plus aussi chaud, dit Simon.

– Avec ces arbres le soleil nous gêne peu…, ajoute Matthieu.

103.4

– C’est d’ici que l’on a pris les cèdres du Temple ? demande Jean.

– Oui, c’est d’ici. Ce sont ces forêts qui donnent les bois les plus beaux. Le maître de Daniel et de Benjamin en possède un très grand nombre, sans compter de riches troupeaux. On les scie sur place et on les porte à la vallée par ces canaux ou à la main. C’est un travail difficile quand les troncs doivent être employés tout entiers comme ce fut le cas pour le Temple. Mais le patron paie bien et il a beaucoup de gens à son service. Et puis, il est assez bon. Il n’est pas comme ce féroce Doras. Pauvre Jonas ! Répond Jonathas.

– Mais comment se fait-il que ses serviteurs soient presque des esclaves ? Je disais à Jonas : “ Laisse-le tomber et viens avec nous. Simon aura toujours du pain pour toi ” ; mais il m’ a répondu : “ Cela m’est impossible à moins de me racheter. ” Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? demande Pierre.

– Voilà comment opère Doras, et il n’est pas le seul en Israël : quand il découvre un bon serviteur, il l’amène par quelque subtile astuce à devenir esclave. Il met à son débit des sommes inexactes que le pauvre homme ne peut payer, et quand il en arrive à une certaine somme, il dit : “ Désormais, tu es mon esclave pour dettes. ”

– Oh ! Quelle honte ! Et c’est un pharisien !

– Oui. Jonas a pu payer tant qu’il a eu des économies… mais ensuite… Une année, ce fut la grêle, une autre la sécheresse. Le blé et la vigne rapportèrent peu de chose et Doras multiplia ses pertes par dix et encore par dix… Puis Jonas fut malade par excès de travail. Alors Doras lui prêta une somme pour qu’il se soigne, mais exigea un intérêt de douze pour un et – Jonas, n’ayant pas de quoi le rembourser –, l’ajouta au reste. Bref : quelques années après, il devint esclave à cause de ses dettes. Et Doras ne le laissera jamais partir… Il trouvera toujours des raisons et de nouvelles dettes… »

Jonathas est triste en pensant à son ami.

« Et ton maître ne pouvait-il pas…

– Quoi ? Le faire traiter en homme ? Et qui peut se mettre à dos les pharisiens ? Doras est l’un des plus puissants. Je crois même qu’il est parent du grand-prêtre… Du moins, on le dit. Une fois, quand j’ai appris que Jonas avait risqué de mourir sous les coups de bâton, j’ai tant pleuré que Kouza m’a dit : “ C’est moi qui vais le racheter pour te faire plaisir. ” Mais Doras lui a ri au nez et n’a rien voulu savoir. Pardi ! Cet homme-là possède les terres les plus riches d’Israël… mais, je te le jure : elles sont engraissées par le sang et les larmes de ses serviteurs. »

Jésus et Simon le Zélote échangent un regard. Tous deux sont attristés.

« Et le maître de Daniel, est-il bon ?

– Il est humain, au moins. Il est exigeant mais n’accable pas. Et comme les bergers sont honnêtes, il les traite amicalement. Ils sont à la tête du troupeau. Moi, il me connaît et me respecte parce que je suis le serviteur de Kouza… et que je pourrais servir ses intérêts… Mais pourquoi, Seigneur, l’homme est-il si égoïste ?

– Parce que l’amour a été étranglé au paradis terrestre ; mais je suis venu dénouer le lacet et rendre la vie à l’amour.

103.5

– Nous voici sur les terres d’Elisée. Les pâturages sont encore loin, mais à cette heure, les brebis sont presque toujours au bercail à cause du soleil. Je vais voir si elles y sont. »

Sur ce, Jonathas part au pas de course. Il revient quelque temps après avec deux pâtres grisonnants et robustes qui se précipitent au bas de la pente pour rejoindre Jésus.

« Paix à vous.

– Oh ! Notre Bébé de Bethléem ! » dit l’un ; et l’autre : « Paix de Dieu venue à nous, sois bénie. »

Les hommes sont prosternés sur l’herbe. On ne salue pas un autel aussi profondément qu’ils saluent le Maître.

« Relevez-vous. Je vous retourne votre bénédiction et je suis heureux de le faire, car elle vient joyeusement sur ceux qui en sont dignes.

– Oh, dignes, nous… !

– Oui, vous, qui êtes toujours fidèles.

– Et qui ne l’aurait été ? Qui pourrait faire oublier cet instant ? Qui pourrait dire : “ Ce que nous avons vu n’est pas réel ? ” Qui pourrait oublier que tu nous as souri des mois durant, lorsque, revenant le soir avec nos troupeaux, nous t’appelions et que tu battais des mains au son de nos flûtes ?… Tu t’en souviens, Daniel ? Presque toujours vêtu de blanc dans les bras de ta Mère, tu nous apparaissais dans un rayon de soleil sur le pré d’Anne ou à la fenêtre : on aurait dit une fleur posée sur la neige du vêtement de ta mère.

– Et cette fois où tu es venu, quand tu faisais tes premiers pas, caresser un agnelet moins frisé que toi ? Comme tu étais heureux ! Et nous, nous ne savions que faire de nous-mêmes, car nous sommes rustres. Nous aurions voulu être des anges pour te paraître moins grossiers…

– Ah, mes amis ! Je voyais votre cœur et c’est encore lui que je vois maintenant.

– Et tu nous souris comme en ce temps-là !

– Et tu es venu jusqu’ici, chez de pauvres bergers !

– Chez mes amis. Maintenant, je suis content. Je vous ai tous retrouvés et je ne vous perdrai plus. Pouvez-vous accorder l’hospitalité au Fils de l’homme et à ses amis ?

– Oh, Seigneur ! Mais tu le demandes ? Le pain et le lait ne nous manquent pas, mais si nous n’avions qu’une seule bouchée de pain nous te la donnerions pour te garder avec nous. N’est-ce pas, Benjamin ?

– Nous te donnerions notre cœur en nourriture, Seigneur ! Nous t’avons tellement désiré !

– Alors allons-y. Nous allons parler de Dieu…

– Et de tes parents, Seigneur, de Joseph, qui était si bon, de Marie… Ah, ta Mère ! Vous voyez ce narcisse couvert de rosée ? Sa tête est belle et pure, on dirait une étoile de diamant. Mais Marie… Ah ! Ce narcisse n’est qu’une pourriture en comparaison d’elle ! Un seul de ses sourires vous purifiait. C’était une fête de la rencontrer, sa parole vous sanctifiait. Toi aussi, Benjamin, tu te souviens de ses paroles.

– Oui, je peux te les redire, Seigneur, car tout ce qu’elle nous a dit, dans les mois où nous avons pu l’entendre, est écrit ici (et il se frappe la poitrine). C’est la page de notre sagesse et nous la comprenions nous aussi car c’est une parole d’amour. Et l’amour… Ah ! L’amour, c’est une chose que tout le monde comprend ! Viens, Seigneur, entre dans cette heureuse demeure et bénis-la. »

Ils entrent dans une pièce près du vaste bercail et tout prend fin[1].

103.1

Jesus is walking beside Jonathan along a green shady embankment. The apostles are behind talking among themselves. But Peter parts from them and comes forward and, as frank as usual, he asks Jonathan: «But was the road to Caesarea Philippi not quicker? We have taken this one… but when will we arrive? You went that way with your mistress, didn’t you?»

«With an invalid I dared everything. But you must realise that I am a courtier of Antipas, and Philip after that filthy incest does not approve of Herod’s courtiers… You know, I am not afraid for myself. But I do not want to cause trouble to you, and particularly to the Master, and make enemies for you. In Philip’s Tetrarchy, the Word is required, as in Antipas’… and if they hate you, how will you manage? On your way back you can come that way, if you prefer to do so.»

«I praise your prudence, Jonathan. But coming back I intend passing through the Phoenician region» says Jesus.

«They are enveloped in the darkness of errors.»

«I will call at the border areas to remind them that there is a Light.»

«Do you think that Philip would revenge himself on a servant for the wrong he received from his brother?»

«Yes, Peter. They are both alike. They are dominated by the lowest instincts and they make no distinction. They seem animals, not men, believe me.»

«And yet he should be fond of us, that is, of Him, a relative of John’s. John after all spoke in his name and on his behalf, when he spoke in the name of God.»

«He would not even ask you where you came from or who you are. If you were seen with me, if he recognised me or if I was pointed out to him by an enemy of Antipas’ household as the servant of his Procurator, you would be imprisoned at once. If you knew how much mud there is behind purple dresses! Revenge, abuse of power, betrayals, lust, thefts are the nourishment of their souls. Souls?… Well! Let us say so. I think they have no souls any longer. You can see. It ended well. But why was John freed? Because of a feud between two court officials. One, to get rid of the other, who was so favoured by Antipas that John was placed in his custody, for a sum of money opened the jail at night… I think he must have dulled his rival’s senses with a drugged wine, and the following morning… the poor fellow was beheaded instead of the Baptist who had escaped. Disgusting, I tell you.»

«And your master stays there? He seems to be a good man.»

«He is. But he cannot do otherwise. His father and his grandfather were at the court of Herod the Great, and the son was compelled to be there. He does not approve. But he can only keep his wife away from that vicious court.»

«Could he not say: “You are disgusting” and go away?»

«He could. But, although he is so good, he is not yet capable of such a deed. It would almost certainly mean death. And who is anxious to die because of his soul’s honesty, elevated to the highest degree? A saint like the Baptist. But we, poor people!»

103.2

Jesus, Who has allowed them to speak among themselves, comes in: «Before long in all known areas of the world, the saints happy to die for such fidelity to Grace and for the love of God will be as thick as flowers on a meadow in April.»

«Really? Oh! I would like to greet those saints and say to them: “Pray for poor Simon of Jonas!”» says Peter.

Jesus looks steadfastly at him smiling.

«Why are You looking at me like that?»

«Because you will see them as their assistant and you will see them when they assist you.»

«For what, Lord?»

«To become the Stone consecrated by the Sacrifice, on which My Testimony will be celebrated and built.»

«I do not understand You.»

«You will understand.»

The other disciples, who have come near and have listened, talk among themselves.

Jesus turns round: «I solemnly tell you that you will all be tested by one torture or another. For the time being it is the renunciation of comfort, of affections, of material profit. Afterwards it will be a greater and greater thing, up to the sublime thing that will crown you with an immortal diadem. Be faithful. And you will all be faithful. And that is what you will have.»

«Will the Jews, the Sanhedrin, perhaps kill us because of our love for You?»

«Jerusalem washes the thresholds of its Temple in the blood of its Prophets and its Saints. But also the world is waiting to be washed… There are many temples of dreadful gods. They will, in the future, be temples of the true God, and the leprosy of paganism will be cleansed by the lustral water made with the blood of martyrs.»

«Oh! Most High God! Lord! Master! I am not worthy of so much! I am so weak! Afraid of evil! Oh! Lord!… Either send Your useless servant away or give me strength. I would not like to shame You with my cowardice.» Peter has thrown himself at the feet of the Master and He truly implores Him with heartfelt words.

«Stand up, My dear Peter. Do not be afraid. You still have a long way to go… and the time will come when you will wish only to endure your final trial. And then you will have everything, both from Heaven and from yourself. I will be looking at you full of admiration.»

«You say so… and I believe it. But I am such a poor man!»

103.3

They resume walking… and after a long interruption I begin to see again when they have already left the plain to climb up a very high wooded mountain. Probably it is not even the same day, because while then it was a very torrid morning, now a beautiful dawn causes tiny liquid diamonds to sparkle on all the stems. Endless coniferous forests have been left behind and they dominate from their height and like green cathedrals they receive the untiring pilgrims amongst their columns.

Lebanon is really a wonderful mountain chain. I do not know whether the whole chain is Lebanon or only this mountain. I know that I can see well-wooded mountain ranges rise in a high tangle of ridges and cliffs, of valleys and plateaux, along which torrents like light green-blue silver ribbons flow and then fall into the valleys. All kinds of birds fill the forests of conifers with their warblings and their flights, and the morning air is perfumed with the fragrance of resins. Turning towards the valley, or rather, to the west, one can see the wide, quiet, solemn sea, so pleasant to the view, and the coast, which stretches northwards and southwards, with its towns, its harbours, and the few water-courses, that flow into the sea, and look like shiny commas on the arid land, so scarce is their water, which the summer sun dries up, and seem yellowish finger marks on the blue sea.

«These are lovely places» remarks Peter.

«And it is not even very warm» says Simon.

«The sun is no trouble because of the trees» adds Matthew.

103.4

«Did they get the Temple cedars here?» asks John.

«Yes, they did. These forests yield the most beautiful wood. Daniel and Benjamin’s master owns many of them as well as large herds. They saw the trunks on the spot and then carry them down to the valley along those gullies or by strength of arms. It is hard work when the trunks are to be used totally undressed, as it was in the case of the Temple. But he pays well and many work for him. And then he is quite good. He is not like cruel Doras. Poor Jonah!» replies Jonathan.

«Why are his servants almost slaves? When I said to Jonah: “Leave him in the lurch and come with us. Simon of Jonas will always have some bread for you”; he replied: “I cannot, unless I redeem myself”. What is the situation?»

«Doras, and he is not the only one in Israel, is used to doing this: when he sees a good servant, he makes him a slave by subtle cunning. He debits him with false amounts of money, which the poor man cannot pay, and when the sum is sufficient he says: “You are my slave by debt”.»

«Oh! What a shame! And he is a Pharisee!»

«Yes, as long as Jonah had some savings, he was able to pay… then… one year there was a hailstorm, the next year a drought. Corn and vineyards yielded little and Doras multiplied the damage tenfold, and tenfold again… Then Jonah was taken ill through excessive fatigue. And Doras lent him the money for the cure, but he multiplied repayment twelve to one, and as Jonah could not pay, he added it to the rest. In short: after a few years there was a debt that made him a slave. And he will not let him go… He will always find other excuses and other debts…» Jonathan is sad thinking of his friend.

«And could your master not…»

«What? Have him treated as a human being? And who would go against the Pharisees? Doras is one of the most powerful ones; I think that he is also a relative of the High Priest… At least so they say. Once, when he was thrashed almost to death, and I was told, I wept so much that Chuza said to me: “I will redeem him to make you happy”. But Doras laughed in his face and would not accept anything. Eh! That rascal… He owns the best fields in Israel… but I can assure You: they are fertilised by the blood and tears of his servants.»

Jesus looks at the Zealot and the Zealot looks at Him. They are both grieved.

«And is Daniel’s master good?»

«At least he is human. He exacts, but he does not oppress. And, as the shepherds are honest, he treats them with affection. They are responsible for the pastures. He knows and respects me because I am a servant of Chuza… and I maybe useful to him… But why, my Lord, is man so selfish?»

«Because love was strangled in the earthly Paradise. But I have come to loosen the noose and to give life back to love.»

103.5

«Here we are in Elisha’s estate. The pastures are still faraway. But at this time the sheep are almost always in the folds because of the heat. I’ll go and see if they are there.» And Jonathan runs away.

He comes back after some time with two robust grey-haired herdsmen, who truly rush down the slope to meet Jesus.

«Peace to you.»

«Oh! Oh! Our Baby of Bethlehem!» says one, and the other: «May the peace of God, which has come to us, be blessed.» The two men are prone on the grass. The reverence paid to an altar is not so deep as the present reverence for the Master.

«Stand up. I exchange your blessing, and I am happy to do so because it descends joyfully on whoever is worthy of it.»

«Oh! We worthy!»

«Yes, you are, because you have always been faithful.»

«And who would not have been faithful? Who can forget that hour? Who can say: “It is not true what we saw?” Who can forget that You smiled at us for months, when we used to call You in the evening, when we came back with our sheep and you clapped your hands to the sound of our pipes?… Do you remember, Daniel? Almost always dressed in white in Your Mother’s arms, You appeared to us in the sun-rays in Anne’s meadow or at the window, and You looked like a flower on Your Mother’s snow-white dress.»

«And once You came, taking Your first steps, to caress a little lamb, not quite so curly as You! How happy You were! And we did not know what to do with our rustic persons. We would have liked to be angels to be less coarse…»

«Oh! My friends. I saw your hearts, and I still see them now.»

«And You smile at us as You did then!»

«And You came here to see us poor shepherds!»

«To My friends. I am happy now. I have found you all and I will not lose you anymore. Can you give hospitality to the Son of man and His friends?»

«Oh! Lord! Do You have to ask us? We are not short of bread and milk. But if we had only one morsel, we would give it to You, to have You here with us. Is that right, Benjamin?»

«We would give You our hearts as food, our longed for Lord!»

«Let us go then. We shall speak of God…»

«And of Your relatives, Lord. Joseph, so good! Mary… Oh! She: the Mother! See, look at this dewy narcissus. It is beautiful and pure and its top is like a diamond star. But She… Oh! this flower is insignificant when compared to the Mother! A smile of Hers was purification, to meet Her was a feast, to listen to Her was to be sanctified. Do you remember Her words, too, Benjamin?»

«Yes, and I can repeat them for you. Because what She told us, during the months we could listen to Her, is written here (and he strikes his chest). It is the page of our wisdom. And we also understand it, because it is a word of love. And love… oh! love is understood by everybody! Come, Lord, come in and bless our happy abode.»

They enter a room near the large fold and it all ends.


Notes

  1. et tout prend fin. Suit, sur le cahier autographe, le dessin de Maria Valtorta. Les légendes signifient : Méditerranée en haut à gauche, puis en descendant : port, môles, port, très beau golfe. Au centre, le mot fleuve est répété à cinq reprises. A droite : Liban, tout en bas à droite : lac.