Gli Scritti di Maria Valtorta

180. Discussion dans la cuisine de Pierre à Bethsaïde.

180. Disputa nella cucina di Pietro a Betsaida.

180.1

Nous revoilà dans la cuisine de Pierre. Le repas doit avoir été copieux car les plats, avec les restes de poisson et de viande, de fromage, de fruits secs ou du moins flétris, de fouaces au miel, s’entassent sur une sorte de crédence qui rappelle un peu nos maies de Toscane. Sur la table, amphores et coupes sont encore en désordre.

L’épouse de Pierre doit avoir fait des miracles pour faire plaisir à son mari et elle y a sans doute travaillé toute la journée. Maintenant, fatiguée mais heureuse, elle reste dans son coin et écoute ce que dit son mari et ce dont parlent les autres. Elle le regarde, son Simon qui, pour elle, doit être un grand homme, même s’il est un peu exigeant. Quand elle l’entend converser d’une nouvelle façon, lui qui auparavant ne parlait que de barques, de filets, de poisson et d’argent, elle cligne des yeux comme si elle était éblouie par une lumière trop vive. Que Pierre soit heureux d’avoir Jésus à sa table ou satisfait du copieux repas qui a été servi, il est vraiment en veine ce soir et en lui se révèle le futur Pierre qui prêchera aux foules.

Je ne sais quelle observation d’un compagnon a donné naissance à la réponse bien frappée de Pierre :

« Il leur arrivera ce qui est arrivé aux bâtisseurs de la tour de Babel[1]. Leur orgueil provoquera l’écroulement de leurs théories et ils en seront écrasés. »

André objecte à son frère :

« Mais Dieu est miséricorde. Il empêchera l’écroulement pour leur donner le temps de se repentir.

– Ne pense pas cela. Pour couronner leur orgueil, ils emploieront la calomnie et la persécution. Ah ! Moi, je le pressens déjà. Des persécutions contre nous, pour nous disperser comme des témoins odieux. Et comme ils attaqueront traîtreusement la Vérité, Dieu exercera sa vengeance et ils périront.

– Aurons-nous la force de résister ? demande Thomas.

– Voilà… moi je ne l’aurais pas, mais je me fie à lui. »

Pierre désigne le Maître qui écoute sans mot dire, debout, la tête un peu inclinée comme pour cacher son visage expressif.

« Je pense que Dieu ne nous fera pas supporter des épreuves supérieures à nos forces, dit Matthieu.

– Ou pour le moins, il augmentera nos forces en proportion des épreuves, conclut Jacques, fils d’Alphée.

– Il le fait déjà.

180.2

Moi, j’étais riche et puissant. Si Dieu n’avait pas voulu me garder pour ses desseins, j’aurais péri dans le désespoir quand j’étais persécuté et lépreux. Je me serais acharné contre moi-même… Au lieu de cela, sur mon complet écroulement descendit une richesse nouvelle que je n’avais jamais possédée auparavant : la richesse d’une certitude : “ Dieu existe. ” Avant… Dieu… Oui, j’étais croyant, j’étais un juif fidèle. Mais ma foi était faite de formalismes. Et il me semblait que la récompense était toujours inférieure à mes vertus. Je me permettais de discuter avec Dieu car je me sentais encore quelqu’un sur la terre. Simon-Pierre a raison. Moi aussi, j’édifiais une tour de Babel en faisant mes propres éloges et en étant satisfait de moi. Lorsque tout s’écroula sur moi et que je fus un ver écrasé sous le poids de tout cet aspect humain inutile, alors ce n’est plus avec Dieu que j’ai discuté, mais avec moi-même, avec le fou que j’étais, et j’ai achevé de le démolir. Et plus je le faisais, en frayant un chemin à ce que je crois être le Dieu immanent au-dessus de notre être de terrestres, plus je trouvais une force, une richesse nouvelles, la certitude que je n’étais pas seul et que Dieu veillait sur l’homme vaincu par l’homme et par le mal.

– Selon toi, qui penses-tu qu’est Dieu, lui que tu as qualifié de “ Dieu immanent au-dessus de notre être de terrestres ” ? Que veux- tu dire ? Je ne comprends pas et cela me semble une hérésie. Dieu est celui que nous connaissons à travers la Loi et les prophètes, il n’y en a pas d’autre, dit Judas sur un ton un peu sévère.

– Si Jean était là, il le dirait mieux que moi, mais moi je le dis comme je sais. Dieu est celui que nous connaissons à travers la Loi et les prophètes, c’est vrai. Mais en quoi le connaissons-nous ? Comment ? »

Jude bondit :

« Peu et mal. Les prophètes, qui nous l’ont décrit, le connaissaient encore, eux. Mais nous, nous en avons une idée confuse qui filtre à travers tout l’encombrement d’un tas d’explications accumulées par les sectes…

– Des sectes ? Mais que dis-tu ? Nous n’avons pas de sectes. Nous sommes tous les fils de la Loi, intervient Judas sur un ton indigné, agressif.

– Les fils des lois, mais pas de la Loi. Il y a une légère différence entre le singulier et le pluriel. Mais, dans la réalité, voilà ce qu’il en est : nous sommes les fils de ce que nous avons créé et non plus de ce que Dieu nous a donné, explique Jude.

– Les lois sont nées de la Loi, répond Judas.

– Les maladies aussi naissent de notre corps, et tu ne veux tout de même pas me dire que ce sont de bonnes choses ! Rétorque Jude.

– Mais permettez-moi de savoir ce qu’est le Dieu immanent de Simon le Zélote. »

Judas, qui ne peut répliquer à l’observation de Jude, essaie de ramener la question à son point de départ.

180.3

Simon le Zélote intervient :

« Il faut toujours à nos sens un mot pour saisir une idée. Chacun de nous – je parle de nous qui croyons – croit par la force de la foi au très haut Seigneur et Créateur, le Dieu éternel qui est au Ciel. Mais tout être a besoin de plus que cette foi nue, vierge, incorporelle, apte et suffisante aux anges qui voient et aiment Dieu spirituellement, puisqu’ils partagent avec lui la nature spirituelle et ont la capacité de voir Dieu. Mais nous autres, nous avons besoin de nous créer une “ image ” de Dieu. Cette image est faite des qualités essentielles que nous attribuons à Dieu pour donner un nom à sa perfection absolue, infinie. Plus l’âme se concentre, plus elle arrive à atteindre une connaissance de Dieu exacte. Voici ce que j’entends par “ le Dieu immanent ”. Je ne suis pas philosophe. Je n’emploie peut-être pas le bon terme. Mais, pour moi, le Dieu immanent est en somme le sentiment de Dieu, la perception de Dieu qu’a notre âme, c’est le fait de le sentir et de le percevoir non plus comme une idée abstraite, mais comme une présence réelle qui nous donne une force et une paix nouvelles.

– C’est bien. Mais comment en as-tu le sentiment ? Quelle différence y a-t il entre sentir par la foi et sentir par l’immanence ? demande Judas avec quelque ironie.

– Dieu est sécurité, mon garçon, dit Pierre. Simon emploie ce mot de sentiment, que je ne comprends pas littéralement, mais dont je comprends l’esprit — et sois bien sûr que notre mal est de comprendre seulement la lettre, et non l’esprit des paroles de Dieu —. Quand donc tu sens Dieu comme le dit Simon, cela veut dire que tu parviens à saisir non seulement le concept de la majesté terrible de Dieu, mais aussi celui de sa très douce paternité. Cela veut dire que tu sens que, même si le monde entier te jugeait et te condamnait injustement, un seul être, lui, l’Eternel qui est pour toi un Père, ne te juge pas, mais t’absout et te console. Cela veut dire que tu sens que, même si tout le monde te haïssait, tu sentirais sur toi un amour plus grand que le monde entier. Cela veut dire que, isolé dans une prison ou un désert, tu entendrais toujours Quelqu’un te parler et te dire : “ Sois saint pour être comme ton Père. ” Cela veut dire que, par un amour vrai pour le Dieu Père, que finalement on arrive à percevoir comme tel, on accepte, on travaille, on prend ou on laisse sans mesure humaine, en ne pensant qu’à rendre amour pour amour, qu’à imiter Dieu le plus possible dans ses propres actions.

– Tu es bien orgueilleux ! Imiter Dieu ! Cela ne t’est pas permis, juge Judas.

– Ce n’est pas de l’orgueil. L’amour porte à l’obéissance. Copier Dieu me semble encore être une forme d’obéissance, puisque Dieu dit nous avoir fait à son image et à sa ressemblance, réplique Pierre.

– Il nous a faits. Nous, nous ne devons pas nous élever plus haut.

– Mais tu es bien malheureux, si tu penses cela, mon cher garçon ! Tu oublies que nous sommes déchus et que Dieu veut nous ramener à ce que nous étions. »

180.4

Jésus prend la parole :

« Plus encore, Pierre, Judas et vous tous. Plus encore. La perfection d’Adam était encore susceptible de s’accroître grâce à l’amour qui l’aurait amené à devenir l’image toujours plus exacte de son Créateur. Adam, sans la tache du péché, aurait été un très pur miroir de Dieu. C’est pourquoi je dis : “ Soyez parfaits comme le Père qui est aux Cieux est parfait. ” Comme le Père, donc comme Dieu. Pierre a très bien parlé, de même que Simon. Je vous prie de vous rappeler leurs paroles et de les appliquer à vos âmes. »

Il s’en faut de peu que l’épouse de Pierre ne s’évanouisse de joie en entendant un tel éloge de son mari. Calme, heureuse, elle pleure derrière son voile. Pierre semble avoir une attaque d’apoplexie tant il devient rouge. Il reste muet un instant, puis il dit :

« Eh bien, alors, donne-moi la récompense. La parabole de ce matin… »

Les autres s’unissent à Pierre :

« Oui, tu l’as promis. Les paraboles sont bien utiles pour faire comprendre la comparaison, mais nous, nous comprenons qu’elles ont un sens qui dépasse la comparaison.

180.5

Pourquoi leur parles-tu en paraboles ?

– Parce qu’il n’est pas accordé à tous de comprendre plus que ce que j’explique. A vous, mes apôtres, il est donné beaucoup plus car vous devez connaître le mystère, de sorte qu’il vous est donné de comprendre les mystères du Royaume des Cieux. C’est pourquoi je vous dis : “ Demandez si vous ne comprenez pas l’esprit de la parabole. ” Vous donnez tout et tout vous est donné, pour qu’à votre tour vous puissiez tout donner. Vous donnez tout à Dieu : affections, temps, intérêts, liberté, vie. En compensation, Dieu vous donne tout ; il veut ainsi vous rendre capables de tout donner au nom de Dieu à ceux qui viendront après vous. Ainsi, à celui qui a donné on donnera, et en abondance. Mais à celui qui n’a donné qu’en partie ou pas du tout, on enlèvera même ce qu’il a.

Je leur parle en paraboles pour que, en voyant, ils découvrent seulement ce qu’éclaire leur volonté d’adhésion à Dieu, et pour que, en écoutant, toujours par leur volonté d’adhésion, ils entendent et comprennent. Vous, vous voyez ! Beaucoup de gens entendent ma parole, peu adhèrent à Dieu. Leur âme est privée de bonne volonté. En eux s’accomplit la prophétie[2] d’Isaïe : “ Vous écouterez avec vos oreilles et vous n’entendrez pas. Vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez pas. ” Car ce peuple a le cœur insensible, les oreilles dures et les yeux fermés pour ne pas voir et ne pas entendre, pour ne pas comprendre avec leurs cœurs et ne pas se convertir afin que je les guérisse. Mais bienheureux êtes-vous de ce que vos yeux voient et vos oreilles entendent, en raison de votre bonne volonté !

En vérité, je vous dis que bien des prophètes et des justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu. Ils se sont consumés du désir de comprendre le mystère des paroles, mais, une fois éteinte la lumière de la prophétie, ces paroles sont restées comme des charbons éteints, même pour le saint qui les avait reçues.

Seul Dieu se révèle lui-même. Quand sa lumière se retire, après avoir atteint son but d’éclairer le mystère, l’incapacité de comprendre enserre, comme les bandelettes d’une momie, la vérité royale de la parole reçue. C’est pour cette raison que je t’ai dit ce matin : “ Un jour viendra où tu retrouveras tout ce que je t’ai donné. ” Aujourd’hui, tu n’arrives pas à le retenir. Mais, plus tard, la lumière viendra sur toi, non pas pour un instant, mais pour une indissoluble union de l’Esprit éternel avec ton âme, qui rendra infaillible ton enseignement sur ce qui concerne le Royaume de Dieu. Il en ira de tes successeurs comme pour toi, s’ils vivent de Dieu comme unique pain[3].

180.6

Maintenant, écoutez l’esprit de la parabole.

Nous avons quatre sortes de champs : ceux qui sont fertiles, ceux qui sont infestés d’épines, ceux où abondent les pierres, ceux qui sont traversés de sentiers. Nous avons aussi quatre sortes d’âmes.

Nous avons les âmes honnêtes, les âmes de bonne volonté, préparées par leur travail personnel et par celui d’un apôtre, d’un “ véritable ” apôtre – car certains en portent le nom sans en avoir l’esprit. Ceux-là sont plus meurtriers pour les volontés en formation que les oiseaux, les épines et les pierres. Par leurs intransigeances, leurs hâtes, leurs reproches, leurs menaces, ils déroutent de telle façon qu’ils éloignent pour toujours de Dieu. Il y en a d’autres, à l’opposé, qui, par un arrosage continuel de bienveillance déplacée, font pourrir la semence dans une terre trop molle. Par leur manque de virilité, ils dévirilisent les âmes dont ils s’oc­cupent –.

Mais n’envisageons que les vrais apôtres, ceux qui sont de purs miroirs de Dieu. Ils sont paternels, miséricordieux, patients et en même temps forts comme l’est leur Seigneur. Les âmes préparées par eux et par leur propre volonté peuvent être comparés aux champs fertiles, sans pierres ni ronces, sans ivraie ni chiendent. En eux prospère la parole de Dieu, et toute parole – une semence – produit un germe, une herbe et des épis, en donnant ici cent pour cent, plus loin soixante, ailleurs encore trente pour cent. Y en a-t-il parmi ceux qui me suivent ? Certainement, et ils seront saints. Parmi eux, il y en a de toutes les castes, de tous les pays. Il y a même parmi eux des païens, qui donneront pourtant cent pour cent, grâce à leur bonne volonté, uniquement grâce à elle, ou bien accompagnée de celle d’un apôtre ou d’un disciple qui me les prépare.

Les champs épineux sont ceux où l’incurie a laissé pénétrer les enchevêtrements des intérêts personnels qui étouffent la bonne semence. Il faut se surveiller sans cesse et ne jamais prétendre : “ Oh, désormais je suis formé, ensemencé, je puis être tranquille : je donnerai des semences de vie éternelle. ” Il faut se surveiller : le combat entre le Bien et le Mal est continuel. Avez-vous jamais observé une tribu de fourmis qui s’installent dans une maison ? Les voilà sur le foyer. La femme n’y laisse plus de nourriture et la met sur la table : elles flairent l’air et donnent assaut à la table. La femme met le repas dans la crédence : elles passent par la serrure. La femme suspend ses provisions au plafond : elles font un immense parcours le long des murs et des soliveaux, descendent le long des cordes et dévorent tout. La femme les brûle ou les empoisonne. Enfin, sûre de les avoir détruites, elle se croit tranquille. Ah ! Si elle ne veille pas, quelle surprise ! Voilà que sortent celles qui viennent de naître et tout est à recommencer. C’est ainsi tant qu’on vit. Il faut se surveiller pour extirper les mauvaises herbes dès qu’elles sortent, sinon elles forment un plafond de ronces et étouffent la graine. Les soucis mondains, la duperie des richesses créent cet enchevêtrement, asphyxient les plantes semées par Dieu et les empêchent de former l’épi.

Voici maintenant les champs pleins de cailloux. Combien y en a-t-il en Israël ! Ce sont ceux qui appartiennent aux “ fils des lois ”, comme l’a relevé très justement mon frère Jude. Il ne s’y trouve pas la pierre unique du Témoignage, ni la pierre de la Loi. Mais on y trouve toute la caillasse des petites lois humaines – bien pauvres – créées par les hommes. Elles sont si nombreuses que, par leur poids, elles ont formé une carapace même à la pierre de la Loi. C’est une ruine qui empêche tout enracinement de la semence. La racine n’est plus nourrie. Il n’y a plus de terre, plus de sucs nourriciers. L’eau fait pourrir la semence parce qu’elle stagne sur les pavés des sillons. Le soleil échauffe les sillons et brûle les petites plantes. Ce sont là les âmes de ceux qui ont remplacé la simple doctrine de Dieu par des doctrines humaines compliquées. Ils reçoivent, et même avec joie, ma parole. Sur le coup, elle les ébranle et les séduit. Mais ensuite… Il faudrait de l’héroïsme pour piocher jusqu’à débarrasser le champ, l’âme et l’esprit de toute la pierraille des rhéteurs. Alors la semence s’enracinerait et formerait un germe fort. Sinon… elle ne produit rien. Il suffit de la crainte de représailles humaines, il suffit d’une réflexion : “ Mais après cela ? Que me feront les puissants ? ” et la pauvre semence s’affaiblit, sans nourriture. Il suffit que toute la caillasse s’agite au son vain des centaines de préceptes qui se sont substitués au Précepte et voilà que l’homme périt avec la semence qu’il a reçue… Israël est rempli de telles personnes. Cela explique comment le cheminement vers Dieu va en sens inverse de celui de la puissance humaine.

Pour finir, les champs traversés par des sentiers, poussiéreux, nus, sont ceux des hommes du monde, égoïstes. Leur confort est leur loi, la jouissance est leur but. Ne pas se fatiguer, sommeiller, rire, manger… L’esprit du monde est roi en eux. La poussière de la mondanité recouvre le terrain, qui devient stérile. Les oiseaux, qui symbolisent la dissipation, se précipitent sur les mille sentiers qu’on a ouverts pour se faciliter la vie. L’esprit du monde – c’est-à-dire du Malin – dévore et détruit toute semence qui tombe sur ce terrain ouvert à toutes les sensualités et à toutes les légèretés.

180.7

Avez-vous compris ? Avez-vous autre chose à demander ? Non ? Alors nous pouvons aller nous reposer pour partir demain pour Capharnaüm. Je dois aller encore quelque part avant d’entre­prendre le voyage vers Jérusalem pour la Pâque.

– Passerons-nous encore par Arimathie ? demande Judas.

– Ce n’est pas sûr. Cela dépend des… »

On a frappé violemment à la porte.

« Mais qui cela peut-il être à cette heure ? » dit Pierre en se levant pour aller ouvrir.

C’est Jean qui se présente, bouleversé, couvert de poussière, avec des marques visibles de larmes sur le visage.

« Toi ici ? s’écrient-ils tous. Mais qu’est-il arrivé ? »

Jésus qui s’est levé dit seulement :

« Où est ma Mère ? »

Jean s’avance, va s’agenouiller aux pieds de son Maître en tendant les bras comme pour demander de l’aide, et dit :

« Ta Mère se porte bien, mais elle est en larmes comme moi, comme beaucoup de monde, et elle te prie de ne pas venir en longeant le Jourdain de notre côté. C’est pour cette raison qu’elle m’a renvoyé à toi, parce que… parce que Jean, ton cousin, a été fait prisonnier… »

Et Jean pleure, tandis que les disciples présents sont saisis d’émotion.

Jésus devient très pâle, mais ne se trouble pas. Il se contente de dire :

« Relève-toi et raconte.

– J’allais vers le sud avec ta Mère et les femmes. Isaac et Timon nous accompagnaient eux aussi : trois femmes et trois hommes. J’ai obéi à ton ordre de conduire Marie auprès de Jean… ah ! Tu savais bien que c’était le dernier adieu !… Que ce devait être le dernier adieu. Les orages des jours derniers nous ont obligés à nous arrêter quelques heures, mais cela a suffi pour que Jean ne puisse plus revoir Marie… Nous sommes arrivés à la sixième heure et il avait été capturé au chant du coq…

– Mais où ? Comment ? Par qui ? Dans sa grotte ? »

Tout le monde questionne, tous veulent savoir.

« Il a été trahi. On s’est servi de ton Nom pour le trahir !

– Quelle horreur ! Mais qui était-ce ? » crient-ils tous.

Frissonnant, Jean répond tout bas cette horreur que l’air lui-même ne devrait pas entendre :

« Par l’un de ses disciples… »

L’émotion est à son comble. Les uns maudissent, d’autres pleurent, d’autres, abasourdis, restent immobiles comme des statues.

180.8

Jean s’agrippe au cou de Jésus et s’écrie :

« J’ai peur pour toi ! Oui, pour toi, pour toi ! Les saints sont trahi par des traîtres qui se vendent pour de l’or, pour de l’or et par peur des grands, par l’appât d’une récompense, par… par soumission à Satan. Pour des milliers de raisons ! Oh, Jésus, Jésus, Jésus ! Quelle douleur ! Mon premier maître ! Mon Jean qui m’a donné à toi !

– Du calme ! Il ne m’arrivera rien pour le moment.

– Mais plus tard, plus tard ? Je me regarde… je les regarde, eux que voici… j’ai peur de tous, même de moi. Celui qui te trahira sera l’un de nous…

– Mais tu es fou ? Tu t’imagines que nous ne le mettrions pas en pièces ? » hurle Pierre.

Et Judas :

« Il est vraiment fou ! Moi, je ne trahirai jamais. Mais si je me sentais affaibli au point de pouvoir le faire, je me tuerais. Cela vaut mieux que d’être le meurtrier de Dieu. »

Jésus se dégage de l’étreinte de Jean et secoue rudement Judas en lui disant :

« Ne blasphème pas ! Rien ne pourra t’affaiblir à moins que tu n’y consentes. Et si cela arrivait, il te faudrait pleurer et ne pas commettre un crime qui s’ajoute au déicide. Devient faible celui qui rompt le lien vivant avec Dieu. »

180.9

Puis il se tourne vers Jean qui pleure, la tête appuyée sur la table :

« Exprime-toi avec ordre. Je souffre moi aussi. C’était mon sang et mon Précurseur.

– Je n’ai vu que ses disciples, une partie d’entre eux, consternés et furieux contre le traître. Les autres ont accompagné Jean à sa prison pour être auprès de lui à sa mort.

– Mais il n’est pas encore mort… La dernière fois, il a pu s’enfuir, dit Simon le Zélote qui aime beaucoup Jean, pour essayer de le réconforter.

– Il n’est pas encore mort, mais il mourra, répond Jean.

– Oui, il mourra. Il le sait, comme moi, je le sais. Rien ni personne ne le sauvera cette fois. Quand ? Je l’ignore. Je sais qu’il ne sortira pas vivant des mains d’Hérode.

– Oui, d’Hérode. Ecoute : il est allé vers cette gorge par laquelle nous sommes passés, nous aussi, en revenant en Galilée, entre les monts Ebal et Garizim, parce que le traître lui avait dit : “ Le Messie est mourant après avoir été assailli par des ennemis. Il veut te voir pour te confier un secret. ” Il est donc parti avec le traître et quelques autres. A l’ombre du vallon se trouvaient les soldats d’Hérode, qui se sont saisis de lui. Les autres se sont enfuis et ont porté la nouvelle aux disciples restés près d’Hennon. Ils venaient d’arriver quand je les ai rejoints avec ta Mère. Et ce qui est horrible, c’est que c’était un homme de notre région… et que ce sont les pharisiens de Capharnaüm qui sont à la tête du complot pour le capturer. Ils étaient allés le trouver en prétendant que tu avais été leur hôte et que, de là, tu étais parti pour la Judée… Il ne serait pas sorti de son refuge pour un autre que toi… »

180.10

Un silence de mort succède au récit de Jean. Jésus semble à bout : ses yeux d’un bleu très sombre sont comme embués. Il se tient la tête penchée, la main encore posée sur l’épaule de Jean et agitée par un léger tremblement. Personne n’ose parler.

Jésus rompt le silence :

« Nous irons en Judée par un autre chemin. Mais je dois aller à Capharnaüm demain, le plus tôt possible. Reposez-vous. Je monte dans les oliviers. J’ai besoin d’être seul. »

Il sort sans rien ajouter.

« Il va certainement pleurer, murmure Jacques, fils d’Alphée.

– Suivons-le, mon frère, dit Jude.

– Non, laissez-le pleurer. Seulement, sortons doucement et soyons à l’écoute. Je crains des pièges de tous côtés, répond Simon le Zélote.

– Oui, allons-y. Nous, les pêcheurs, allons sur le rivage : si quelqu’un vient du large, nous le verrons. Vous, parmi les oliviers. Il est sûrement à sa place habituelle, près du noyer. A l’aube, nous préparerons les barques pour partir au plus vite. Quelles vipères ! Eh ! Je l’avais bien dit, moi ! Dis, mon garçon, sa Mère est-elle bien en sûreté ?

– Oh oui ! Même les bergers disciples de Jean sont partis avec elle. André… nous ne le verrons plus, notre Jean !

– Tais-toi ! Tais-toi ! On dirait le chant du coucou… L’un précède l’autre et… et…

– Par l’Arche sainte ! Taisez-vous ! Si vous parlez encore de malheur au Maître, je commence par vous faire apprécier le goût de ma rame sur vos reins ! » crie Pierre, furieux.

« Quant à vous, dit-il ensuite à ceux qui restent parmi les oliviers, prenez des bâtons, de grosses branches. Il y en a là, dans le bûcher, et dispersez-vous avec vos armes. Le premier qui s’ap­proche de Jésus pour lui nuire, qu’on le tue.

– Les disciples ! Les disciples ! Il faut être prudent avec les nouveaux ! » s’exclame Philippe.

Le nouveau disciple se sent blessé et demande :

« Doutes-tu de moi ? C’est lui qui m’a choisi et voulu.

– Pas de toi, mais des scribes et des pharisiens, et de ceux qui les adorent. C’est de là que viendra la ruine, soyez-en sûrs. »

Ils sortent et s’éparpillent, les uns dans les barques, les autres dans les oliviers des collines, et tout prend fin.

180.1

Eccoci di nuovo nella cucina di Pietro. La cena deve essere stata abbondante, perché i piatti coi resti di pesce e di carne, di formaggi, di frutta secche o per lo meno avvizzite, di focacce di miele, si ammucchiano su una specie di credenza che ricorda un poco le nostre madie toscane, e anfore con calici sono ancora sparsi sulla tavola.

La moglie di Pietro deve aver fatto miracoli per fare contento il marito e deve avere lavorato tutta la giornata. Ora, stanca ma contenta, sta nel suo angolino e ascolta ciò che dice il suo uomo e ciò che dicono gli altri. Lo guarda, il suo Simone, che per lei deve essere un grande uomo anche se un poco esigente, e quando lo sente parlare con parole nuove su quella bocca che prima parlava solo di barche, di reti, di pesci e di denaro, ha persino uno sbattimento di palpebre come fosse abbagliata da troppa luce. Pietro, sia per la gioia di avere alla sua tavola Gesù, sia per la gioia dell’abbondante pasto consumato, è proprio in vena questa sera, e si rivela in lui il futuro Pietro che predica alle folle.

Non so quale osservazione di un compagno abbia originato la risposta scultorea di Pietro che dice: «Avverrà loro come ai fondatori della torre di Babele[1]. La loro stessa superbia provocherà il crollo delle loro teorie e rimarranno schiacciati».

Al fratello obbietta Andrea: «Ma Dio è Misericordia. Impedirà il crollo per dare loro tempo di ravvedersi».

«Non te lo pensare. A coronamento della loro superbia metteranno calunnia e persecuzione. Oh! io già me lo sento. Persecuzioni su noi per disperderci come testimoni odiosi. E, posto che attaccheranno con insidia la Verità, Dio farà le vendette ed essi periranno».

«Avremo noi forza di resistenza?», chiede Tommaso.

«Ecco… per me non l’avrei. Ma fido in Lui», e Pietro accenna il Maestro, che ascolta e tace stando un poco a capo chino come per tenere nascosto il suo viso espressivo.

«Io penso che Dio non ci darà prove superiori alle nostre forze», dice Matteo.

«O per lo meno aumenterà le forze in proporzione delle prove», termina Giacomo d’Alfeo.

«Egli lo fa già.

180.2

Io ero ricco e potente. Se Dio non mi avesse voluto conservare per un suo fine, io sarei perito nella disperazione quando fui perseguitato e lebbroso. Avrei infierito su me stesso… Invece nel mio crollo completo scese una ricchezza nuova che non avevo mai posseduta prima, la ricchezza di una persuasione: “Dio c’è”. Prima… Dio… Sì, ero credente, ero un fedele israelita. Ma era una fede di formalismi. E mi pareva che il premio della stessa fosse sempre inferiore alle mie virtù. Mi permettevo di discutere con Dio perché mi sentivo ancora qualcosa sulla Terra. Simon Pietro ha ragione. Io pure costruivo una torre di Babele con le autolodi e le soddisfazioni del mio io. Quando tutto mi crollò addosso, e fui un verme schiacciato dal peso di tutto questo inutile umano, allora non discussi più con Dio, ma con me stesso, col mio pazzo me stesso, e finii di demolirlo. E più lo facevo, facendo strada a ciò che io penso sia il Dio immanente sul nostro essere di terrestri, ecco che raggiungevo una forza, una ricchezza nuova. La certezza che non ero solo e che Dio vegliava sull’uomo vinto dall’uomo e dal male».

«Secondo te, che pensi che sia Dio, questo che tu hai detto “il Dio immanente sul nostro essere di terrestri”? Che vuoi dire? Non ti comprendo e mi pare un’eresia. Dio è quello che conosciamo attraverso la Legge ed i Profeti. Non ve ne è altro», dice un poco severo Giuda Iscariota.

«Se ci fosse Giovanni te lo direbbe meglio di me. Ma io te lo dico come so. Dio è quello che conosciamo attraverso la Legge e i Profeti. È vero. Ma in che lo conosciamo? Come?».

Giuda d’Alfeo scatta: «Poco e male. Ancora lo conoscevano essi, i Profeti che ce lo hanno descritto. Noi ne abbiamo l’idea confusa che trapela dall’ingombro di tutta una catasta accumulata dalle sètte…».

«Sètte? Ma come parli? Noi non abbiamo sètte. Noi siamo i figli della Legge. Tutti», dice l’Iscariota sdegnato, aggressivo.

«I figli delle leggi. Non della Legge. È una lieve differenza. Dal singolare al plurale. Ma nella sua realtà ciò è: che siamo figli di ciò che abbiamo creato, e non più di ciò che Dio ci ha dato», ribatte il Taddeo.

«Le leggi sono nate dalla Legge», dice l’Iscariota.

«Anche le malattie nascono dal nostro corpo, e non mi vorrai dire che sono cose buone», replica il Taddeo.

«Ma lasciatemi sapere cosa è il Dio immanente di Simone Zelote». L’Iscariota, che non può ribattere alla osservazione di Giuda d’Alfeo, cerca di ricondurre la questione al punto di partenza.

180.3

Simone Zelote dice: «Ai nostri sensi occorre sempre un termine per afferrare un’idea. Ognuno di noi, parlo di noi credenti, crede per forza di fede all’Altissimo, Signore e Creatore, eterno Iddio che sta nel Cielo. Ma anche ogni essere ha bisogno di più di questa nuda fede, vergine, incorporea, atta e sufficiente agli angeli che vedono e amano Dio spiritualmente, condividendo con Lui la natura spirituale e avendo capacità di vedere Dio. Noi abbiamo bisogno di crearci una “figura” di Dio, la quale figura è fatta delle qualità essenziali che doniamo a Dio per dare un nome alla sua perfezione assoluta, infinita. Più l’anima si concentra e più riesce a raggiungere l’esattezza nella cognizione di Dio. Ecco ciò che io dico: il Dio immanente. Io non sono un filosofo. Forse avrò applicato male la parola. Ma insomma per me il Dio immanente è il sentire, il percepire Dio sul nostro spirito, e sentirlo e percepirlo non più come idea astratta ma come reale presenza datrice di una fortezza e di una pace nuova».

«Va bene. Ma insomma come lo sentivi? Quale differenza c’è fra il sentire per fede e sentire per immanenza?», chiede un poco ironico l’Iscariota.

«Dio è sicurezza, ragazzo. Quando tu lo senti come dice Simone, con quella parola che io non capisco alla lettera ma della quale capisco lo spirito – e credi che il nostro male è di capire solo la lettera e non lo spirito delle parole di Dio – vuol dire che riesci ad afferrare non solo il concetto della maestà terribile, ma della paternità dolcissima di Dio. Vuol dire che senti che, quando tutto il mondo ti giudicasse e condannasse con ingiustizia, Uno solo, Lui, l’Eterno che ti è padre, non ti giudica ma ti assolve e consola. Vuol dire che senti che quando tutto il mondo ti odiasse tu sentiresti su te un amore più grande di tutto il mondo. Vuol dire che segregato in una carcere o in un deserto tu sentiresti sempre che Uno ti parla e dice: “Sii santo per essere come il Padre tuo”. Vuol dire che per l’amore vero a questo Padre Dio, che finalmente si arriva a sentire tale, si accetta, si opera, si prende o si lascia senza misure umane, pensando solo a rendere amore per amore, a copiare il più possibile Dio nelle proprie azioni», dice Pietro.

«Sei superbo! Copiare Dio! Non ti è concesso», giudica l’Iscariota.

«Non è superbia. L’amore porta all’ubbidienza. Copiare Dio mi sembra ancora una forma di ubbidienza, perché Dio dice di averci fatto a sua immagine e somiglianza», replica Pietro.

«Ci ha fatto. Noi non dobbiamo andare più su».

«Ma sei un disgraziato se pensi così, caro ragazzo! Tu dimentichi che noi siamo decaduti e che Dio ci vuole riportare a ciò che eravamo».

180.4

Gesù prende la parola: «Più ancora, Pietro, Giuda e voi tutti. Più ancora. La perfezione di Adamo era ancora suscettibile di aumento mediante l’amore che lo avrebbe portato ad una immagine sempre più esatta del suo Creatore. Adamo senza la macchia del peccato sarebbe stato un tersissimo specchio di Dio. Per questo Io dico: “Siate perfetti come è perfetto il Padre che è nei Cieli”. Come il Padre. Perciò come Dio. Pietro ha detto molto bene. E molto bene Simone. Vi prego ricordare le loro parole e applicarle alle vostre anime».

La moglie di Pietro per poco si sviene nella gioia di sentire lodare così suo marito. Piange dentro il suo velo, quieta e beata.

Pietro sembra gli venga un colpo apoplettico tanto diventa rosso. Resta muto per qualche momento e poi dice: «Ebbene, allora dàmmi il premio. La parabola di stamane…».

Anche gli altri si uniscono a Pietro dicendo: «Sì. Lo hai promesso. Le parabole servono bene a fare comprendere il paragone. Ma noi comprendiamo che esse hanno uno spirito superiore al paragone.

180.5

Perché parli ad essi in parabole?».

«Perché a loro non è concesso di intendere più di ciò che spiego. A voi va dato molto di più perché voi, miei apostoli, dovete conoscere il mistero; e vi è perciò dato di intendere i misteri del Regno dei Cieli. Per questo vi dico: “Domandate se non comprendete lo spirito della parabola”. Voi date tutto, e tutto vi va dato perché a vostra volta tutto voi possiate dare. Voi tutto date a Dio: affetti, tempo, interessi, libertà, vita. E tutto Dio vi dà per compensarvi e per farvi capaci di tutto dare in nome di Dio a chi è dopo di voi. Così a chi ha dato sarà dato e con abbondanza. Ma a chi non ha dato che parzialmente o non ha dato affatto, sarà tolto anche quello che ha.

Parlo loro in parabole perché vedendo vedano solo quello che la loro volontà di aderire a Dio illumina, perché udendo, sempre per la stessa loro volontà di adesione, odano e comprendano. Voi vedete! Molti odono la mia parola, pochi aderiscono a Dio. I loro spiriti sono monchi della buona volontà. In loro si adempie la profezia[2] di Isaia: “Udirete con le orecchie e non intenderete, guarderete con gli occhi e non vedrete”. Perché questo popolo ha un cuore insensibile; sono duri gli orecchi e hanno chiusi gli occhi per non vedere e per non sentire, per non intendere col cuore e non convertirsi acciò Io li guarisca. Ma voi beati per i vostri occhi che vedono e i vostri orecchi che odono, per la vostra buona volontà!

In verità vi dico che molti profeti e molti giusti desiderarono vedere ciò che voi vedete e non lo videro, e udire ciò che voi udite e non l’udirono. Si consumarono nel desiderio di comprendere il mistero delle parole, ma spenta la luce della profezia ecco le parole rimanere come carboni spenti, anche per il santo che le aveva avute.

Solo Dio disvela Se stesso. Quando la sua luce si ritrae, terminato il suo scopo di illuminare il mistero, l’incapacità di intendere fascia, come le bende di una mummia, la regale verità della parola ricevuta. Per questo Io ti ho detto stamane: “Verrà un giorno che ritroverai tutto quanto ti ho dato”. Ora non puoi ritenere. Ma dopo la luce verrà su te, e non per un attimo ma per un inseparabile connubio dello Spirito eterno col tuo, onde infallibile sarà il tuo ammaestramento in ciò che è cosa del Regno di Dio. E, così come in te, nei tuoi successori, se vivranno di Dio come di unico pane.[3]

180.6

Ora sentite lo spirito della parabola.

Abbiamo quattro generi di campi: quelli fertili, quelli spinosi, quelli sassosi, quelli pieni di sentieri. Abbiamo anche quattro generi di spiriti.

Abbiamo gli spiriti onesti, gli spiriti di buona volontà, preparati dalla stessa e dalla buona opera di un apostolo, di un “vero” apostolo; perché ci sono apostoli che hanno il nome ma non lo spirito di apostoli, i quali sono più micidiali sulle volontà in formazione degli stessi uccelli, spini e sassi. Sconvolgono in modo tale, con le loro intransigenze, con le loro frette, con i loro rimproveri, con le loro minacce, che allontanano per sempre da Dio. Altri ve ne sono che, all’opposto, con un innaffiamento continuo di benignità fuori posto, fanno marcire il seme in un terreno troppo molle. Devirilizzano con la loro devirilizzazione gli animi che curano. Ma stiamo ai veri apostoli, ossia agli specchi tersi di Dio. Essi sono paterni, misericordiosi, pazienti, e nello stesso tempo forti come è il loro Signore. Or bene, gli spiriti preparati da questi e dalla loro propria volontà sono paragonabili ai campi fertili, mondi di pietre e di rovi, netti da gramigne e da logli, in cui prospera la parola di Dio, e ogni parola – un seme – fa cespo e spighe, dando dove il cento, dove il sessanta, dove il trenta per cento. In questi che mi seguono ce ne sono? Certo. E santi saranno. Fra essi ce ne sono di tutte le caste e di tutti i paesi, anche gentili ci sono, e che pure daranno il cento per cento per la loro buona volontà, unicamente per essa, oppure per la loro e quella di un apostolo o discepolo che me li prepara.

I campi spinosi sono quelli in cui l’incuria ha lasciato penetrare spinosi grovigli di interessi personali che soffocano il buon seme. Occorre sorvegliarsi sempre, sempre, sempre. Non dire mai: “Oh! ormai io sono formato, seminato, posso stare tranquillo che darò seme di vita eterna”. Occorre sorvegliarsi: la lotta fra il Bene e Male è continua. Avete mai osservato una tribù di formiche che si insedia in una casa? Eccole sul focolare. La donna non lascia più cibarie lì e le mette sul tavolo; e loro fiutano l’aria e danno l’assalto al tavolo. La donna le mette nella credenza e loro passano dalla serratura nella credenza.

La donna appende al soffitto le sue provviste e loro fanno un lungo cammino lungo le pareti e i travicelli, si calano per la fune e mangiano. La donna le brucia, le scotta, le avvelena. E poi sta tranquilla credendo di averle distrutte. Oh! se non vigila, che sorpresa! Ecco le nuove nate che escono, e siamo da capo. Così finché si vive; bisogna sorvegliarsi per estirpare le male piante non appena spuntano. In caso contrario esse fanno un soffitto di rovi e soffocano il grano. Le cure mondane, l’inganno delle ricchezze creano il groviglio, affogano la pianta del seme di Dio e non le fanno fare spiga.

Ecco ora i campi pieni di sassi. Quanti in Israele! Sono quelli che appartengono ai “figli delle leggi”, come ha detto mio fratello Giuda molto giustamente. In loro non è la pietra unica della Testimonianza, non vi è la pietra della Legge. Vi è la sassaia delle piccole, povere, umane leggi create dagli uomini. Tante e tante che col loro peso hanno fatto a scaglie anche la pietra della Legge. Una rovina che impedisce ogni attecchimento di seme. Non è più nutrita la radice. Non c’è terra, non c’è succo. L’acqua fa marcire perché stagna sul pavimento di selci, il sole si arroventa su quelle selci e brucia le pianticine. Sono gli spiriti dei sostitutori delle complicate dottrine umane alla semplice dottrina di Dio. La ricevono anche con gioia, la mia parola. Al momento ne sono scossi e sedotti. Ma poi… Occorrerebbe l’eroismo di sgobbare a mondare il campo, l’animo e la mente da tutta la sassaia dei retori. Allora il seme farebbe radica e sarebbe un forte cespo. Così… è nulla. Basta un timore di rappresaglie umane. Basta una riflessione: “Ma e poi? Che me ne verrà dagli uomini potenti?”, e il povero seme non nutrito langue. Basta che tutta la sassaia si agiti col suono vano dei cento e cento precetti che si sono sostituiti al Precetto, che ecco che l’uomo perisce col seme ricevuto… Israele ne è pieno. Questo spiega come il venire a Dio vada in ragione inversa della potenza umana.

Ultimi i campi pieni di strade, polverosi, nudi. Quelli dei mondani, degli egoisti. Il loro comodo è la loro legge, il godimento il loro fine. Non fare fatica, sonnecchiare, ridere, mangiare… Lo spirito del mondo è re in questi. La polvere della mondanità ricopre il terreno che diviene terriccio. Gli uccelli, ossia le dissipazioni, si precipitano sui mille sentieri aperti per rendere più facile la vita. Lo spirito del mondo, ossia del Maligno, becca e distrugge ogni seme che cade su questo terreno aperto a tutte le sensualità e le leggerezze.

180.7

Avete inteso? Avete altro da chiedere? No? Allora possiamo andare a prendere riposo per partire domani per Cafarnao. Devo andare ancora in un posto prima di incominciare il viaggio verso Gerusalemme per la Pasqua».

«Passeremo ancora per Arimatea?», chiede l’Iscariota.

«Non è sicuro. A seconda dei…».

Alla porta viene bussato violentemente.

«Ma chi può essere a quest’ora?», dice Pietro alzandosi per aprire.

Si presenta Giovanni. Stravolto, impolverato, con chiari segni di pianto sul viso.

«Tu qui?», gridano tutti. «Ma che è accaduto?».

Gesù, che si è alzato, dice solo: «La Madre dove è?».

E Giovanni, venendo avanti e andando a inginocchiarsi ai piedi del suo Maestro, tendendo le braccia come per avere soccorso, dice: «La Madre sta bene, ma è in pianto come me, come tanti, e ti prega di non venire seguendo il Giordano dalla parte nostra. Mi ha mandato indietro per questo, perché… perché Giovanni tuo cugino è stato preso prigione…». E Giovanni piange mentre molto subbuglio si solleva fra i presenti.

Gesù impallidisce profondamente ma non si agita. Solamente dice: «Alzati e racconta».

«Andavo in giù con la Madre e le donne. Anche Isacco e Timoneo erano con noi. Tre donne e tre uomini. Ho ubbidito al tuo ordine di condurre Maria da Giovanni… ah! Tu lo sapevi che era l’ultimo addio!… Che doveva essere l’ultimo addio… Il temporale di giorni or sono ci ha fatto sostare di poche ore. Ma sono bastate perché Giovanni non potesse più vedere Maria… Noi siamo arrivati all’ora di sesta e lui era stato catturato al gallicinio…».

«Ma dove? Ma come? Da chi? Nel suo antro?», tutti chiedono, tutti vogliono sapere.

«È stato tradito!… Si è usato il tuo Nome per tradirlo!».

«Che orrore! Ma chi è stato?», urlano tutti.

E Giovanni rabbrividendo, dicendolo piano questo orrore che neppur l’aria dovrebbe udire, confessa: «Da un suo discepolo…».

Il subbuglio è al colmo. Chi maledice, chi piange, chi sbalordito resta in posa di statua.

180.8

Giovanni si attacca al collo di Gesù e grida: «Io ho paura per Te! per Te! per Te! I santi hanno i traditori che per l’oro si vendono, per l’oro e la paura dei grandi, per sete di premio, per… per ubbidienza a Satana. Per mille, mille cose! Oh! Gesù, Gesù, Gesù! Che dolore! Il mio primo maestro! Il mio Giovanni che mi ha dato Te!».

«Buono! Buono! Non mi accadrà nulla per ora».

«Ma poi? Ma poi? Mi guardo… guardo questi… ho paura di tutti, anche di me. Ci sarà fra noi il tuo traditore…».

«Ma sei pazzo? E credi che non lo faremo a pezzi?», urla Pietro.

E l’Iscariota: «Oh! pazzo per davvero! Io non lo sarò mai. Ma, se mi sentissi indebolito al punto di poterlo diventare, mi ucciderei. Meglio così che uccisore di Dio».

Gesù si libera dalla stretta di Giovanni e scuote rudemente l’Iscariota dicendo: «Non bestemmiare! Nulla ti potrà indebolire, se non vuoi. E se ciò fosse, fa’ di piangere, e non avere un delitto oltre al deicidio. Debole diviene chi da sé si svena di Dio».

180.9

Poi torna da Giovanni, che piange col capo sul tavolo, e dice: «Parla, con ordine. Io pure soffro. Era il mio sangue ed il mio Precursore».

«Non ho visto che i discepoli, parte di essi, costernati e furenti contro il traditore. Gli altri hanno accompagnato Giovanni verso la sua prigione per essergli vicino nella morte».

«Ma non è ancora morto… l’altra volta poté fuggire», cerca di confortare lo Zelote che vuole molto bene a Giovanni.

«Non è ancora morto. Ma morirà», risponde Giovanni.

«Sì. Morirà. Egli lo sa come Io lo so. Nulla e nessuno lo salverà questa volta. Quando? Non so. So che vivo non uscirà dalle mani di Erode».

«Sì, di Erode. Senti. Egli è andato verso quella gola da cui noi pure passammo al ritorno in Galilea, fra l’Ebal e il Garizim, perché gli fu detto dal traditore: “Il Messia è morente per un assalto di nemici. Ti vuole vedere per affidarti un segreto”. E lui è andato col traditore e con qualche altro. Nell’ombra del vallone erano gli armati di Erode e lo hanno preso. Gli altri sono fuggiti portando la notizia ai discepoli rimasti presso Ennon. Erano appena venuti quando giunsi io con la Madre. E quello che è orribile è che era uno delle nostre città… e che sono stati[4] i farisei di Cafarnao alla testa del complotto per prenderlo. Erano stati da lui dicendo che Tu eri stato loro ospite e che da lì partivi per la Giudea… Non sarebbe uscito dal suo rifugio altro che per Te…».

180.10

Un silenzio di tomba succede alla narrazione di Giovanni.

Gesù sembra svenato, cogli occhi di un azzurro cupissimo e come appannati. Sta a capo chino, la mano ancora sulla spalla di Giovanni, e la mano è scossa da un lieve tremito. Nessuno osa parlare.

Gesù rompe il silenzio: «Andremo in Giudea da altra via.

Ma domani devo andare a Cafarnao. Al più presto. Riposate. Io salgo fra gli ulivi. Ho bisogno di essere solo». Ed esce senza aggiungere altro.

«Va certo a piangere», mormora Giacomo d’Alfeo.

«Seguiamolo, fratello», dice Giuda Taddeo.

«No. Lasciatelo piangere. Solo usciamo piano, in ascolto.

Temo insidia da per tutto», risponde lo Zelote.

«Sì. Andiamo. Noi pescatori sulla riva. Se qualcuno viene dal lago lo vedremo. Voi per gli ulivi. È certo al suo solito posto, presso il noce. All’alba prepareremo le barche per andare presto. Quei serpenti! Eh! l’ho detto io! Di’, ragazzo? Ma… la Madre è proprio in sicuro?».

«Oh, sì! Anche i pastori discepoli di Giovanni sono andati con Lei. Andrea… non lo vedremo più il nostro Giovanni!».

«Taci! Taci! Mi sembra il canto del cuculo… Uno precede l’altro e… e…».

«Per l’Arca santa! Tacete! Se parlate ancora di sventura al Maestro, comincio da voi a farvi assaggiare il sapore del mio remo sulle reni!», urla Pietro inferocito. «Voi», dice poi a quelli che restano per gli ulivi, «prendete dei bastoni, dei grossi rami, là nella legnaia ce ne sono, e spargetevi armati. Il primo che si accosta a Gesù per nuocergli sia morto».

«Discepoli! Discepoli! Bisogna essere cauti coi nuovi!», esclama Filippo.

Il nuovo discepolo si sente ferito e chiede: «Dubiti di me? Egli mi ha scelto e voluto».

«Non di te. Ma di quelli che sono scribi e farisei e dei loro adoratori. Da lì verrà la rovina, credetelo».

Escono e si spargono chi per le barche, chi fra gli ulivi delle colline, e tutto ha termine.


Notes

  1. la tour de Babel, dont nous pouvons lire l’histoire en : Gn 11, 1-9.
  2. prophétie qui se trouve en : Is 6, 9-10.
  3. s’ils vivent de Dieu comme unique pain : cette condition mise à l’infaillibilité pontificale doit avoir suscité une objection de la part du Père Migliorini, auquel Maria Valtorta a transmis cette réponse de Jésus (datée du 30 juin 1945). Nous en rapportons les passages principaux : […] Jésus me répondit : “ […] Il est vrai que l’infaillibilité du pape dans le domaine spirituel est une vérité définie. Elle existe en chacun de mes vicaires, indépendamment de sa forme de vie et de son degré de vertu. Mais il est tout aussi vrai que vous ne pourrez trouver un dogme défini et proclamé par des papes qui soient – de manière notoire ou non – privés de ma grâce. L’âme qui n’est pas en état de grâce ne peut être dans l’amitié de l’Esprit Saint. […] Appuyez-vous donc sur cette certitude : les dogmes sont vrais et l’infaillibilité existe parce que je n’accorde pas de dogmes à ceux qui ne le méritent pas. C’est ce qui était inclus dans la phrase qui a suscité l’objection […]. ” On retrouve la même idée dans ces mots de Jésus à l’apôtre Jacques, fils d’Alphée, en 258.6 : “ Dieu accordera sa lumière en fonction du degré que vous aurez atteint. Dieu ne laissera pas la lumière vous manquer, à moins que le péché ne vienne éteindre la grâce en vous. ”

Note

  1. torre di Babele, la cui storia è in: Genesi 11, 1-9.
  2. profezia, che è in: Isaia 6, 9-10.
  3. se vivranno di Dio come di unico pane: questa condizione posta alla infallibilità pontificia deve aver provocato una obiezione da parte del Padre Migliorini, al quale MV trasmise la risposta data da Gesù scrivendola, con la data del 30 giugno 1945, sulle due facciate di un foglietto che troviamo inserito tra le pagine autografe del quaderno. Ne riportiamo i passi rilevanti: […] mi risponde Gesù: “[…] È vero che l’infallibilità papale su cose di spirito è verità definita esistere in qualunque mio Vicario a prescindere dalla sua forma di vita e possesso di virtù. Ma è anche vero che voi non potrete trovare un dogma definito e proclamato da Papi che siano, notoriamente o meno, privi della mia Grazia. Non può avere amico lo Spirito Santo l’anima in disgrazia. […] Riposate dunque su questa certezza: che i dogmi sono veri, che l’infallibilità esiste, perché Io non concedo dogmi a chi non lo meritasse. E questo era incluso nella frase che ha suscitato l’obbiezione. […]”. Lo stesso concetto è nelle parole di Gesù all’apostolo Giacomo d’Alfeo, in 258.6: “La Luce sarà data da Dio a seconda dei gradi che avete. Dio non vi farà mancare la Luce, a meno che la Grazia non venga spenta in voi dal peccato”.
  4. sono stati, invece di sono, è correzione di MV su una copia dattiloscritta.