Gli Scritti di Maria Valtorta

187. De Tarichée à Jérusalem pour la Pâque.

187. Da Tarichea verso Gerusalemme per la Pasqua.

187.1

Jésus congédie les barques en disant :

« Je ne reviendrai pas. »

Puis, suivi des apôtres à travers la région qui, de la rive opposée déjà, paraissait fertile, il se dirige vers une montagne qui se dresse en direction du sud sud-ouest.

La traversée de cette région belle, mais sauvage, n’enthousiasme guère les apôtres : le chemin est couvert de joncs qui s’accrochent aux pieds ; de roseaux qui font pleuvoir sur la tête une pluie de rosée retenue par les couperets des feuilles ; de broussins qui frappent le visage de la masse dure de leurs fruits séchés ; de saules pleureurs effilochés dont les branches retombent de tous côtés en vous chatouillant ; de plaques d’herbes traîtresses qui semblent pousser sur un terrain solide et qui au contraire cachent des flaques d’eau où le pied s’enfonce, car ce ne sont que des enchevêtrements de queues-de-renard et de vesces qui ont poussé sur des flaques d’eau et sont si serrées qu’elles cachent l’élément qui leur a donné naissance. Les apôtres marchent en silence, ne se parlant que du regard.

J’indique ici la configuration du lieu[1].

Jésus, de son côté, paraît merveilleusement heureux au milieu de cette verdure aux mille couleurs, de toutes ces fleurs qui rampent, qui se tiennent droites, qui s’agrippent pour monter, qui tendent de jolis festons parsemés de légers liserons d’un rose mauve très léger, qui forment un délicat tapis bleu sous l’effet des milliers de corolles des myosotis des marais qui ouvrent la coupe parfaite de leur corolle blanche, rosée ou bleue au milieu des larges feuilles plates des nénuphars. Jésus admire les panaches des roseaux de marais, soyeux et emperlés de rosée, et il se penche avec ravissement pour observer la délicatesse des queues-de-renard qui couvrent l’eau d’un voile émeraude. Jésus tombe en extase devant les nids que les oiseaux construisent en de joyeuses allées et venues agrémentées de trilles, voletant, s’empressant allègrement, le bec rempli de brins de paille, de duvet pris aux roseaux, de flocons de laine arrachés aux haies qui les avaient elles-mêmes arrachés aux troupeaux en migration… Il semble le plus heureux sur terre. Où est le monde, avec ses méchancetés, sa fausseté, ses douleurs, ses embûches ? Le monde est au-delà de cette oasis de verdure fraîche et fleurie, où tout sent bon, resplendit, rit, chante. C’est ici la terre créée par le Père et que l’homme n’a pas profanée, et l’on peut y oublier l’homme.

187.2

Il veut faire partager son bonheur aux autres, mais il ne trouve pas d’accueil favorable. Les cœurs sont fatigués et exaspérés par tant d’irritation. Ils la reportent sur les choses et même sur le Maître en un mutisme qui ressemble à l’immobilité de l’air avant un orage. Seuls son cousin Jacques, Simon le Zélote et Jean s’intéressent à ce qui intéresse Jésus. Les autres sont tout simplement… absents, pour ne pas dire hostiles. Ils gardent le silence entre eux, peut-être pour ne pas bougonner, mais intérieurement ils doivent s’échauffer, et même bouillir.

C’est justement une plus vive exclamation admirative devant le joyau vivant d’un pigeon qui vient en volant apporter à sa compagne un petit poisson argenté, qui les fait parler.

Jésus dit :

« Mais peut-il y avoir rien de plus délicat ? »

Pierre répond :

« De plus délicat, peut-être pas… mais, je t’assure que la barque, c’est plus pratique. Ici, il y a aussi de l’eau, mais c’est une vraie pataugeoire…

– Moi, je préférerais le chemin des caravanes à ce… jardin, s’il te plaît de l’appeler ainsi, et je suis tout à fait d’accord avec Simon, approuve Judas.

– Le chemin des caravanes, c’est vous qui ne l’avez pas voulu, répond Jésus.

– Eh, bien sûr… Mais moi, je n’aurais pas cédé aux Géraséniens. J’aurais quitté cet endroit, mais j’aurais continué ma route au-delà du fleuve en continuant par Gadara, Pella et toujours en descendant » grommelle Barthélemy.

Son grand ami Philippe termine :

« Les routes appartiennent à tout le monde, enfin, et nous pouvions y passer, nous aussi.

– Mes amis, mes amis ! Je suis tellement affligé, j’ai une telle nausée… N’augmentez pas ma peine par vos mesquineries ! Laissez-moi chercher un peu de réconfort auprès de ce qui ne connaît pas la haine… »

Ce reproche, par sa douce tristesse, touche les apôtres.

« Tu as raison, Maître. Nous sommes indignes de toi. Pardonne notre sottise. Tu es capable de voir ce qui est beau parce que tu es saint et que tu regardes avec les yeux du cœur. Nous qui sommes de pauvres êtres de chair, nous n’écoutons que cette chair… Mais ne t’en soucie pas. Tu peux être sûr que, même si nous étions dans un paradis, sans toi ce serait triste. Mais avec toi… ah ! C’est toujours beau pour le cœur. Ce sont les membres qui s’y refusent, murmurent-ils à plusieurs.

187.3

– Nous allons bientôt sortir d’ici et nous allons trouver un terrain plus praticable, même s’il est moins frais, promet Jésus.

– Où allons-nous précisément ? demande Pierre.

– Apporter la Pâque aux gens qui souffrent. Je voulais le faire depuis un certain temps. Je ne l’ai pas pu. Je l’aurais fait à notre retour en Galilée. Maintenant qu’on nous force à suivre des routes que nous n’aurions pas choisies, je vais bénir les pauvres amis de Jonas.

– Mais nous allons perdre du temps ! La Pâque est proche ! Il y a toujours des retards pour diverses raisons. »

Un autre chœur de lamentations s’élève vers le ciel. Je ne sais comment Jésus peut avoir tant de patience… Il dit, sans faire de reproches à personne :

« Je vous en prie, ne me créez pas d’obstacles ! Comprenez mon besoin d’aimer et d’être aimé. Je n’ai que ce réconfort sur la terre : aimer et faire la volonté de Dieu.

– Et nous y allons d’ici ? N’était-ce pas plus beau d’y aller par Nazareth ?

– Si je vous l’avais proposé, vous vous seriez rebellés. Personne ne me croira dans ces parages… et je le fais pour vous… qui avez peur.

– Peur ? Ah non ! Nous sommes prêts à combattre pour toi !

– Priez le Seigneur de ne pas vous mettre à l’épreuve. Je vous sais bagarreurs, rancuniers, avec la manie de vous en prendre à ceux qui m’attaquent, de mortifier le prochain. Tout cela, je le sais. Mais j’ignore si vous êtes courageux. Pour moi, je serais passé, même seul, par la route ordinaire, et rien ne me serait arrivé, car ce n’est pas mon heure. Mais j’ai pitié de vous, j’obéis à ma Mère et enfin – oui, même cela – je ne veux pas blesser le pharisien Simon. Je ne blesserai pas les pharisiens. Mais eux me blesseront.

– Et, d’ici, par où passe-t-on ? Je ne connais pas cette région, dit Thomas.

– Nous rejoignons le mont Thabor, nous le longeons en partie et, en passant près d’En-Dor, nous allons à Naïm. De là, dans la plaine d’Esdrelon. Ne craignez rien !… Doras, fils de Doras et Yokhanan sont déjà à Jérusalem.

187.4

– Oh, ce sera beau ! On dit que du sommet, à un certain endroit, on voit la grande mer, celle de Rome. Cela me fait tellement plaisir ! Tu nous emmènes la voir ? »

Jean prie Jésus, son beau visage d’enfant tourné vers lui.

« Pourquoi est-ce que cela te fait tellement plaisir de la voir ? lui demande Jésus avec une caresse.

– Je ne sais pas… parce qu’elle est grande et qu’on n’en voit pas la fin… Elle me fait penser à Dieu… Quand nous sommes allés sur le mont Liban, j’ai vu la mer pour la première fois parce que je n’avais jamais été ailleurs que le long du Jourdain ou sur notre petite mer… et j’en ai pleuré d’émotion. Tant de bleu azur ! Tellement d’eau ! Et qui ne déborde jamais !… Quelle chose merveilleuse ! Et les astres qui sur la mer dessinent des routes lumineuses… Ah, ne riez pas de moi ! Je regardais la voie dorée du soleil jusqu’à en être ébloui, la voie argentée de la lune jusqu’à n’avoir plus dans les yeux que son éclatante blancheur, et je les voyais se perdre dans le lointain. Ces voies me parlaient. Elles me disaient : “ Dieu est dans ce lointain infini et ce sont les voies de feu et de pureté qu’une âme doit suivre pour aller à Dieu. Viens. Plonge-toi dans l’infini, en ramant sur ces deux voies, et tu trouveras l’Infini. ”

– Tu es poète, Jean, dit Jude, admiratif.

– Je ne sais pas si c’est de la poésie. Je sais que cela m’enflamme le cœur.

– Mais tu as vu la mer aussi à Césarée et à Ptolémaïs, et de bien près. Nous étions sur la rive ! Je ne vois pas la nécessité de faire tant de chemin pour voir une autre étendue de mer. Au fond… nous sommes nés sur l’eau…, souligne Jacques, fils de Zébédée.

– Et nous y sommes même maintenant, malheureusement ! » s’exclame Pierre, qui, à cause d’un moment de distraction pour écouter Jean, n’a pas vu une flaque traîtresse et s’y est enfoncé copieusement… On rit, et Pierre le premier.

Mais Jean répond :

« C’est vrai, mais vu d’en haut c’est plus beau. On voit plus large et plus loin. On pense plus haut et plus vaste… On désire… on songe… »

Et, vraiment, Jean rêve déjà… Il regarde devant lui, sourit à son rêve… On dirait une rose thé, humide d’une très fine rosée, tant sa peau lisse et claire de jeune blond prend un velouté carné couvert d’une légère sueur qui le rend encore plus semblable à un pétale de rose.

« Que désires-tu ? A quoi rêves-tu ? » demande doucement Jésus à son préféré.

On dirait un père qui interroge tendrement son enfant chéri qui parle dans un doux sommeil. C’est vraiment à l’âme de Jean que Jésus s’adresse, tant sa question se fait douce pour ne pas déchirer ce rêve plein d’amour.

« Je désire parcourir cette mer infinie… vers d’autres terres qui sont au-delà… Je désire y aller pour parler de toi… Je rêve, je rêve d’un voyage à Rome, en Grèce, vers des lieux ténébreux pour y apporter la lumière… pour que ceux qui vivent dans les ténèbres prennent contact avec toi et vivent en communion avec toi, la Lumière du monde… Je rêve d’un monde meilleur… de le rendre meilleur en te faisant connaître, c’est-à-dire par la connaissance de l’Amour qui crée la bonté, qui rend pur, héroïque, un monde où l’on s’aime en ton nom et qui élève ton nom, la foi en toi, ta doctrine par-dessus la haine, par-dessus le péché, la chair, le vice de l’esprit, par-dessus l’or, par-dessus toute chose… Je rêve de parcourir avec mes frères que voici la mer de Dieu, sur des chemins de lumière pour te porter, toi… comme autrefois ta Mère t’a porté du Ciel à nous… Je rêve… je rêve d’être le petit enfant qui, ne connaissant rien d’autre que l’amour, reste serein, même devant les tourments… et chante pour réconforter les adultes qui réfléchissent trop, et qui va de l’avant… à la rencontre de la mort avec un sourire… à la rencontre de la gloire avec l’humilité de celui qui ne sait pas ce qu’il fait, mais sait seulement qu’il va vers toi, l’Amour… »

Les apôtres ont retenu leur respiration durant cette confession de foi de Jean en extase… Arrêtés là où ils étaient, ils regardent le plus jeune d’entre eux parler, les paupières baissées sur ses yeux, comme un voile jeté sur l’ardeur qui s’élève de son cœur. Ils regardent Jésus transfiguré sous l’effet de la joie de se retrouver si complètement dans son disciple…

Quand Jean se tait, tout en restant un peu incliné – cela rappelle la grâce de l’humble Marie à l’Annonciation de Nazareth –, Jésus lui donne un baiser sur le front en disant :

« Nous irons voir la mer pour te faire rêver encore à l’avenir de mon Royaume dans le monde.

187.5

– Seigneur… tu as dit que nous allons ensuite à En-Dor. Alors, fais-moi plaisir à moi aussi… pour me faire passer l’amertume du jugement de cet enfant…, dit Judas.

– Oh ! Tu y penses encore ? demande Jésus.

– Toujours. Je me sens diminué à tes yeux et à ceux de mes compagnons. Je réfléchis à ce que vous pouvez penser…

– Comme tu te tortures le cerveau pour rien ! Pour moi, je ne pensais même plus à cette bagatelle, et il en était sûrement de même pour les autres. C’est toi qui nous le rappelles… Tu es un enfant habitué uniquement aux caresses, et la parole d’un enfant t’est apparue comme la condamnation d’un juge. Or ce n’est pas cette parole que tu dois craindre, mais plutôt ta conduite et le jugement de Dieu. Mais pour te persuader que tu m’es aussi cher qu’avant, comme toujours, je te dis que je vais te faire ce plaisir. Que veux-tu voir à En-Dor ? C’est un pauvre endroit au milieu des rochers…

– Je te le dirai. Accepte de m’y conduire.

– D’accord. Mais attention à ne pas en souffrir par la suite…

– Si, pour lui, voir la mer ne peut le faire souffrir, voir En-Dor ne peut me nuire.

– Voir ?… Non, mais ce qui peut te faire du mal, c’est le désir de ce que tu cherches à voir. Mais nous irons là-bas. »

Ils reprennent la route en direction du mont Thabor dont la masse apparaît toujours plus proche alors que le sol perd son aspect marécageux, devient solide, et la végétation se fait plus clairsemée et laisse place à des plantes plus hautes ou à des buissons d’aubé­pines et de ronces dont les frondaisons nouvelles et les fleurs précoces sont tout épanouies.

187.1

Gesù congeda le barche dicendo: «Non tornerò indietro»; e seguito dai suoi attraverso la zona che appariva ubertosa fin dall’opposta sponda, si dirige verso un monte che appare in direzione sud-sudòvest.

Gli apostoli, poco entusiasti del cammino fra questa zona bella ma selvaggia – piena di falaschi che si impigliano ai piedi, di canne che fanno piovere sul capo una pioggerellina di rugiada rimasta trattenuta dalle coltelle delle foglie, di nocchi che percuotono il viso con la mazza dura del loro frutto disseccato, di salci fragili che spiovono da ogni parte facendo il solletico, di traditrici zone d’erba che pare nata su un suolo solido ed invece cela pozze d’acqua in cui il piede sprofonda perché non sono che agglomerati di code di volpe e di vescicolarie nate in minuscoli stagni e così fitte da nascondere l’elemento su cui sono nate – vanno in silenzio, parlandosi solo con gli occhi.

Gesù, dal suo canto, pare bearsi in tutto quel verde di mille colori, in tutti quei fiori che strisciano, che stanno eretti, che si aggrappano per salire, che mettono sottili festoni sparsi di lievi convolvoli di un rosa malva tenuissimo, che fanno un tappeto gentile d’azzurro per le migliaia di corolle di miosotidi palustri, che aprono la perfetta coppa della corolla bianca, rosea o azzurra fra le larghe foglie piatte dei nenufari. Gesù ammira i pennacchi delle canne palustri, setosi e tutti imperlati, e si china beato ad osservare la gentilezza delle code di volpe che fanno un velo di smeraldo alle acque. Gesù si ferma estatico davanti ai nidi che gli uccellini costruiscono con un andare e venire giocondo fatto di trilli, di guizzi, di fatica lieta, col beccuccio pieno di fili di fieno, di bambagia delle canne, di bioccoli di lana strappata alle siepi che l’avevano strappata ai greggi trasmigranti… Pare la persona più felice che ci sia. Il mondo dove è con le sue cattiverie, falsità, dolori, insidie? Il mondo è al di là di questa oasi verde e fiorita dove tutto profuma, splende, ride, canta. Qui è la Terra creata dal Padre e non profanata dall’uomo, e qui si può dimenticare l’uomo.

187.2

Vuol fare condividere la sua beatitudine agli altri. Ma non trova terreno propizio. I cuori sono stanchi ed esacerbati di tanto malanimo e lo riversano sulle cose e anche sul Maestro con un mutismo chiuso, che pare l’aria morta che precede un temporale. Solo il cugino Giacomo, lo Zelote e Giovanni si interessano di quanto interessa Gesù. Ma gli altri non sono che… assenti, per non dire ostili. Forse, per non mormorare, tacciono fra di loro. Ma dentro devono parlare, e parlare anche troppo.

È proprio una più viva esclamazione di ammirazione davanti al gioiello vivo di un piombino che viene a volo, portando alla compagna un pesciolino d’argento, che fa aprire loro la bocca.

Gesù dice: «Ma vi può essere qualcosa di più gentile?».

Pietro risponde: «Forse di più gentile no… ma ti assicuro che è più comoda la barca. Qui si è nell’umido lo stesso, e in compenso non si è comodi…».

«Io preferirei la carovaniera a questo… giardino, se ti piace chiamarlo così, e sono proprio d’accordo con Simone», dice l’Iscariota.

«La carovaniera non l’avete voluta voi», risponde Gesù.

«Eh! certo… Ma io non l’avrei data vinta ai geraseni. Me ne sarei andato di là, ma avrei proseguito oltre, lungo il fiume[1], continuando per Gadara, Pella e giù, giù», brontola Bartolomeo.

E il suo grande amico Filippo termina: «Le strade sono di tutti, infine, e ci potevamo transitare noi pure».

«Amici, amici! Sono tanto afflitto, sono tanto nauseato… Non aumentate la mia pena con le vostre piccinerie! Lasciatemi cercare un poco di ristoro nelle cose che non sanno odiare…».

Il rimprovero, dolce nella sua tristezza, tocca gli apostoli.

«Hai ragione, Maestro. Siamo indegni di Te. Perdona la nostra stoltezza. Tu sei capace di vedere il bello perché sei santo e guardi con gli occhi del cuore. Noi, carnaccia, sentiamo solo questa carnaccia… Ma non ci badare. Credi che, anche fossimo in un paradiso, senza di Te saremmo tristi. Ma con Te… oh! è sempre bello per il cuore. Sono le membra sole che si rifiutano», mormorano in molti.

187.3

«Fra poco usciremo di qui e troveremo suolo più comodo anche se meno fresco», promette Gesù.

«Dove andiamo di preciso?», chiede Pietro.

«A dare la Pasqua a chi soffre. Volevo farlo da tempo. Non ho potuto. L’avrei fatto al ritorno in Galilea. Ora che ci obbligano a fare vie non scelte da noi, vado a benedire i poveri amici di Giona».

«Ma perderemo tempo! La Pasqua è prossima! Sempre ci sono ritardi per cause diverse». Un altro coro di lamenti si alza al cielo.

Non so come Gesù possa portare tanta pazienza… Dice, senza rimproverare nessuno: «Ve ne prego, non mi ostacolate! Comprendete il mio bisogno di amare e di essere amato. Non ho che questo conforto sulla Terra: l’amore e fare la volontà di Dio».

«E andiamo di qui? Non era più bello andarvi da Nazaret?».

«Se ve lo avessi proposto vi sareste ribellati. Nessuno mi crederà da queste parti… e lo faccio per voi che… avete paura».

«Paura? Ah! no! Siamo pronti a combattere per Te».

«Pregate il Signore di non mettervi alla prova. Io vi so rissosi, astiosi, con una smania di offendere chi mi offende, di mortificare il prossimo. Tutto questo lo so. Ma che siate coraggiosi non lo so. Per Me sarei andato anche solo e per la via comune, e nulla mi sarebbe accaduto perché non è l’ora. Ma ho pietà di voi. Ma ho ubbidienza a mia Madre e, sì, anche questo, ma non voglio disgustare il fariseo Simone. Io non li disgusterò. Ma loro saranno disgusto a Me».

«E di qui dove si passa? Non sono pratico di queste zone», dice Tommaso.

«Raggiungiamo il Thabor, lo costeggiamo in parte e passando presso Endor andiamo a Naim; da qui nella piana di Esdrelon. Non temete!… Doras, figlio di Doras, e Giocana sono già a Gerusalemme».

187.4

«Oh! sarà bello! Dicono che dalla cima, da un punto, si veda il mare grande, quello di Roma. Mi piace tanto! Ci porti a vederlo?». Giovanni prega col suo volto di fanciullo buono alzato verso Gesù.

«Perché ti piace tanto vederlo?», chiede Gesù accarezzandolo.

«Non so… Perché è grande e non si vede fine… Mi fa pensare a Dio… Quando siamo stati sul Libano io ho visto il mare per la prima volta, perché non ero mai stato altro che lungo il Giordano oppure sul nostro piccolo mare… e ho pianto di emozione. Tanto azzurro! Tanta acqua! E che non trabocca mai!… Che cosa meravigliosa! E gli astri che fanno vie di luce sul mare… Oh! non ridere di me! Guardavo la via d’oro del sole fino ad essere abbacinato, quella d’argento della luna fino a non avere che un candore fisso nell’occhio, e le vedevo perdersi lontano lontano. Mi parlavano quelle vie. Mi dicevano: “Dio è in quella lontananza infinita, e queste sono le vie di fuoco e di purezza che un’anima deve seguire per andare a Dio. Vieni. Tuffati nell’infinito, remigando su queste due vie, e l’Infinito troverai”».

«Sei poeta, Giovanni», dice il Taddeo ammirato.

«Non so se sia poesia questa. So che mi accende il cuore».

«Ma il mare lo hai visto anche a Cesarea e a Tolemaide, e ben da vicino. Eravamo sulla riva! Non vedo la necessità di fare tanta strada per vedere altra acqua marina. In fondo… ci siamo nati sull’acqua…», osserva Giacomo di Zebedeo.

«E ci siamo anche ora, purtroppo!», esclama Pietro che, distrattosi un momento per ascoltare Giovanni, non ha visto una pozzanghera infida e si è innaffiato generosamente… Ridono, lui per il primo.

Ma Giovanni risponde: «È vero. Ma dall’alto è più bello. Si vede di più e più lontano. Si pensa più alto e più vasto… Si desidera… si sogna…», e veramente Giovanni sogna già… Guarda davanti a sé, sorride al suo sogno… Pare una rosa carnicina cosparsa di minutissima rugiada, tanto la sua pelle liscia e chiara di giovane biondo si fa di un vellutato carnicino e si cosparge di un lieve sudore, che la fa ancor più simile a petalo di rosa.

«Cosa desideri? Cosa sogni?», chiede piano Gesù al suo prediletto, e pare un padre che interroghi dolcemente un caro figliolino parlante in un dolce sonno. Parla proprio all’anima di Giovanni, Gesù, tanto è dolce nell’interrogare per non lacerare il sogno dell’amoroso.

«Desidero andare per quel mare infinito… verso altre terre che sono al di là di esso… Desidero andare per parlare di Te… Sogno… sogno un andare verso Roma, verso la Grecia, verso i posti oscuri per portare la Luce… onde i viventi nelle tenebre vengano a contatti con Te e vivano in una comunione con Te, Luce del mondo… Sogno un mondo migliore… da far migliore attraverso la tua conoscenza, ossia attraverso la conoscenza dell’Amore che faccia buoni, che faccia puri, che faccia eroici, un mondo che si ami nel tuo Nome, e sopra l’odio, sopra il peccato, la carne, il vizio della mente, sopra l’oro, sopra ogni cosa alzi il tuo Nome, la tua Fede, la tua Dottrina… e sogno di essere io con questi miei fratelli ad andare per il mare di Dio, su strade di luce a portare Te… come un tempo tua Madre ti ha portato fra noi dai Cieli… Sogno… sogno di essere il fanciullo che, non conoscendo altro che l’amore, è sereno anche incontro ai tormenti… e canta per riconfortare gli adulti che riflettono troppo, e va avanti… incontro alla morte con un sorriso… incontro alla gloria con l’umiltà di chi non sa quanto fa, ma sa solo di venire a Te, Amore…».

Gli apostoli non hanno tirato respiro durante la estatica confessione di Giovanni… Fermi là dove erano, guardano il più giovane che parla con gli occhi velati dalle palpebre come di un velo gettato sull’ardore saliente dal cuore, guardano Gesù che si trasfigura nella gioia di ritrovarsi così completo nel suo discepolo… Quando Giovanni tace, rimanendo un poco curvo – e ricorda la grazia della umile Annunziata di Nazaret – Gesù lo bacia sulla fronte dicendo: «Andremo a vedere il mare, per farti sognare ancora l’avvenire del mio Regno nel mondo».

187.5

«Signore… dopo hai detto che andiamo a Endor. Accontenta allora anche me… per farmi passare l’amaro del giudizio di quel fanciullo…», dice l’Iscariota.

«Oh! ci pensi ancora?», chiede Gesù.

«Sempre. Mi sento diminuito ai tuoi occhi e a quelli dei compagni. Penso ai vostri pensieri…».

«Come ti affatichi per nulla il cervello! Io neppure più pensavo a quell’inezia, e certo così era negli altri. Tu ce lo fai ricordare… Sei un fanciullo abituato solo alle carezze, e la parola di un bimbo ti è parsa la condanna di un giudice. Ma non è questa parola che devi temere, sibbene le tue azioni e il giudizio di Dio. Ma per persuaderti che mi sei caro come prima, come sempre, ti dico che ti accontenterò. Che vuoi vedere ad Endor? È un povero posto fra le rocce…».

«Portamici… e te lo dirò».

«Va bene. Ma guarda di non soffrirne poi…».

«Se a questo non può essere sofferenza vedere il mare, a me non può far danno vedere Endor».

«Vedere?… No. Ma è il desiderio di quel che si cerca vedere nel vedere, che può far male. Ma vi andremo…».

E riprendono la strada diretti verso il Thabor la cui mole appare sempre più vicina, mentre il suolo si spoglia del suo aspetto palustre, si fa solido e più raro di vegetazione, lasciando posto a piante più alte o a cespugli di vitalbe e rovi che ridono con le loro fronde novelle ed i fiori precoci.


Notes

  1. la configuration du lieu est reproduite comme Maria Val­torta l’a dessinée sur la dernière page du cahier manuscrit. De gauche à droite, les noms des villes bordant le lac sont : Tarichée, Tibériade, Magdala, Capharnaüm, Bethsaïde, Guerguesa, Hippos. Au sud de Hippos, après le torrent, il est indiqué « lieu du débarquement » et Gamla dans l’arrière-pays. Entre ces derniers se trouvent des petits points, expliqués en bas de page de la manière suivante : « L’endroit en pointillé représente les bois de chênes. » Au nord se trouve Chorazeïn.

Note

  1. oltre, lungo il fiume, invece di oltre fiume, è correzione di MV su una copia dattiloscritta.