Gli Scritti di Maria Valtorta

276. L’homme cupide et la parabole du riche insensé.

276. L’uomo avido e la parabola del ricco stolto.

276.1

Jésus se trouve sur l’une des collines de la rive occidentale du lac.

A ses yeux apparaissent les villes et les villages épars sur les côtes de ses deux rives, mais juste au-dessous de la colline se trouvent Magdala et Tibériade, la première avec son quartier riche aux nombreux jardins, nettement séparé des pauvres maisons de pêcheurs, de paysans et du menu peuple par un petit torrent tout à fait à sec en ce moment. L’autre qui n’est que splendeur partout, ignorante de tout ce qui est misère et décadence, et qui rit, belle et toute neuve au soleil, en face du lac. Entre ces deux villes se trouvent les jardins potagers, peu nombreux mais bien tenus, de la plaine étroite, puis les oliviers qui montent à l’assaut des collines. Derrière Jésus, on voit de ce sommet le col du mont des Béatitudes, au pied duquel passe la grand-route qui va de la Méditerranée à Tibériade.

C’est peut-être en raison de la proximité de cette voie principale très fréquentée que Jésus a choisi cette localité à laquelle beaucoup de gens peuvent accéder des nombreuses villes du lac ou de l’intérieur de la Galilée et d’où, le soir, il est facile de rentrer chez soi ou de trouver de l’hospitalité dans beaucoup de villages. En outre, la chaleur est tempérée par l’altitude et par des arbres de haute futaie qui, au sommet, ont pris la place des oliviers.

Il y a en effet beaucoup de monde en plus des apôtres et des disciples. Certains ont besoin de Jésus pour leur santé ou pour des conseils, d’autres sont venus par curiosité, ou encore ont ame­né des amis, ou sont venus pour faire comme les autres. Une foule, en somme. La saison n’est plus sous l’influence de la canicule mais elle tend aux grâces languissantes de l’automne et invite plus que jamais à se mettre en route à la recherche du Maître.

276.2

Jésus a déjà guéri les malades et parlé aux gens, et certainement sur le thème des richesses injustes et de la nécessité pour tous de s’en détacher pour gagner le Ciel ; c’est même indispensable pour qui veut être son disciple. Et maintenant, il est en train de répondre aux questions de tel ou tel des disciples riches qui sont un peu troublés par cette exigence.

Le scribe Jean dit :

« Dois-je donc détruire ce que je possède, en en dépouillant les miens ?

– Non. Dieu t’a donné des biens. Fais-les servir à la Justice et sers-t’en avec justice, c’est-à-dire pour subvenir aux besoins de ta famille, c’est un devoir ; traite humainement tes serviteurs, c’est de la charité ; fais-en profiter les pauvres, subviens aux besoins des disciples pauvres. Alors les richesses ne seront pas pour toi un obstacle, mais une aide. »

Puis, s’adressant à tous, il ajoute :

« En vérité, je vous dis que le même danger de perdre le Ciel par amour des richesses peut être aussi le fait d’un disciple plus pauvre si, une fois devenu mon prêtre, il manque à la justice en pactisant avec le riche. Bien des fois, l’homme riche ou mauvais essaiera de vous séduire par des cadeaux pour que vous approuviez sa manière de vivre et son péché. Et il y en aura, parmi mes disciples, qui succomberont à la tentation des cadeaux. Cela ne doit pas être. Que Jean-Baptiste vous instruise. Vraiment lui, bien qu’il ne fût ni juge ni magistrat, avait la perfection du juge et du magistrat, tels que la décrit[1] le Deutéronome : “ Tu n’auras pas de préférences, tu n’accepteras pas de cadeaux, parce qu’ils aveuglent les yeux des sages et altèrent les paroles des justes. ” Trop souvent, l’homme laisse ébrécher l’épée de la justice par l’or qu’un pécheur passe sur le fil. Non, cela ne doit pas être. Sachez être pauvres, sachez mourir, mais ne pactisez jamais avec la faute. Même pas avec l’excuse de faire servir cet or au profit des pauvres. C’est un or maudit et il ne leur ferait aucun bien. C’est l’or d’une compromission infâme. Vous vous êtes constitués disciples pour être maîtres, médecins et rédempteurs. Que seriez-vous si vous consentiez au mal par intérêt ? Des maîtres d’une science mauvaise, des médecins qui tuent le malade, non pas des rédempteurs, mais des gens qui coopèrent à la ruine des cœurs. »

276.3

Un homme de la foule s’avance et dit :

« Je ne suis pas disciple, mais je t’admire. Réponds donc à cette question : “ Est-il permis à quelqu’un de retenir l’argent d’un autre ? ”

– Non, homme. C’est un vol, comme d’enlever sa bourse à un passant.

– Même si c’est l’argent de la famille ?

– Oui. Il n’est pas juste que l’un s’approprie l’argent de tous les autres.

– Alors, Maître, viens à Abelmain sur la route de Damas, et ordonne à mon frère de partager avec moi l’héritage de notre père, qui est mort sans avoir laissé un mot par écrit. Il a tout pris pour lui. Note que nous sommes jumeaux, nés d’un premier et unique enfantement. J’ai donc les mêmes droits que lui. »

Jésus le regarde et dit :

« C’est une situation pénible et il est certain que ton frère n’agit pas bien. Mais tout ce que je peux faire, c’est de prier pour toi, et davantage pour lui, afin qu’il se convertisse, et de venir dans ton village pour évangéliser et toucher ainsi son cœur. Le chemin ne me rebute pas si je peux mettre la paix entre vous. »

L’homme, furieux, bondit :

« Et que veux-tu que je fasse de tes paroles ? Il faut bien autre chose que des paroles, dans un tel cas !

– Mais ne m’as-tu pas dit d’ordonner à ton frère de…

– Ordonner, ce n’est pas évangéliser. Un ordre est toujours accompagné d’une menace. Menace-le de le frapper dans sa personne s’il ne me donne pas ce qui m’appartient. Tu peux le faire. Comme tu donnes la santé, tu peux donner la maladie.

– Homme, je suis venu pour convertir, pas pour frapper. Mais si tu as foi dans mes paroles, tu trouveras la paix.

– Quelles paroles ?

– Je t’ai dit que je prierai pour toi et pour ton frère, pour que tu sois consolé et que lui se convertisse.

– Des histoires ! Des histoires ! Je n’ai pas la naïveté d’y croire. Viens et ordonne. »

276.4

Jésus, qui était doux et patient, se fait imposant et sévère. Il se redresse – auparavant il se tenait un peu penché sur le petit homme corpulent et enflammé de colère – et il dit :

« Homme, qui m’a établi juge et arbitre entre vous ? Personne. Mais pour faire disparaître un désaccord entre deux frères, j’acceptais de venir remplir ma mission de pacificateur et de rédempteur et, si tu avais cru à mes paroles, en revenant à Abelmain tu aurais trouvé ton frère déjà converti. Tu ne sais pas croire, et tu n’obtiendras pas ce miracle. Toi, si tu avais pu mettre en premier la main sur le trésor, tu l’aurais gardé en en privant ton frère parce que, en vérité, si vous êtes nés jumeaux, vous avez aussi des passions jumelles et toi, comme ton frère, vous avez un seul amour : l’or, et une seule foi : l’or. Reste donc avec ta foi. Adieu. »

L’homme s’en va en maudissant, au grand scandale de la foule qui voudrait le punir. Mais Jésus s’y oppose :

« Laissez-le partir. Pourquoi voulez-vous vous salir les mains en frappant une brute ? Moi, je lui pardonne, parce qu’il est possédé par le démon de l’or qui fait de lui un dévoyé. Faites-en autant, vous aussi. Prions plutôt pour ce malheureux afin qu’il redevienne un homme à l’âme belle de liberté.

– C’est vrai. Même son visage est devenu horrible sous l’effet de sa cupidité. Tu l’as vu ? se demandent l’un à l’autre les disciples et ceux qui étaient près de l’homme agressif.

– C’est vrai ! C’est vrai ! Il ne ressemblait plus à celui qu’il était avant.

– Oui. Quand ensuite il a repoussé le Maître – pour un peu, il l’aurait frappé tout en le maudissant –, son visage est devenu celui d’un démon.

– D’un démon tentateur. Il voulait pousser le Maître à la méchanceté…

276.5

– Ecoutez » dit Jésus. « Vraiment, les altérations de l’âme se reflètent sur le visage. C’est comme si le démon affleurait à la surface de celui qu’il possède. Rares sont ceux qui, étant des démons par leurs actes ou leur attitude, ne trahissent pas ce qu’ils sont. Et ces hommes peu nombreux sont parfaits dans le mal et parfaitement possédés.

Le visage du juste, au contraire, est toujours beau même s’il est matériellement difforme, par suite d’une beauté surnaturelle qui se répand de l’intérieur sur l’extérieur. Et – ce n’est pas par manière de parler, mais les faits le prouvent –, nous observons même chez l’homme pur de tout vice, une certaine fraîcheur de la chair. L’âme est en nous et nous possède tout entiers. Les puanteurs d’une âme corrompue corrompent même la chair, alors que les parfums d’une âme pure la préservent. L’âme corrompue pousse la chair à des péchés obscènes, et ces derniers vieillissent et déforment. L’âme pure pousse la chair à une vie pure et cela conserve la fraîcheur et communique la majesté.

Faites en sorte que la pure jeunesse de l’esprit demeure en vous, ou qu’elle ressuscite si elle est déjà perdue, et veillez à vous garder de toute cupidité, que ce soit des sens ou du pouvoir. La vie de l’homme ne dépend pas de l’abondance des biens qu’il possède. Ni cette vie, ni encore moins l’autre – celle qui est éternelle –, mais de sa manière de vivre. Et avec la vie, le bonheur de cette terre et du Ciel. Car le vicieux n’est jamais heureux, réellement heureux. Alors que l’homme vertueux est toujours heureux d’une céleste allégresse, même s’il est pauvre et seul. La mort même ne l’impressionne pas, parce qu’il n’a pas de fautes ni de remords qui lui fassent craindre la rencontre avec Dieu, et qu’il n’a pas de regrets pour ce qu’il laisse sur la terre. Il sait que c’est au Ciel que se trouve son trésor et, comme quelqu’un qui va prendre possession de l’héritage qui lui revient et d’un héritage saint, il s’en va joyeux, empressé, à la rencontre de la mort qui lui ouvre les portes du Royaume où se trouve son trésor.

Faites-vous tout de suite votre trésor. Commencez-le dès votre jeunesse, vous qui êtes jeunes ; travaillez inlassablement, vous les plus âgés qui, en raison de votre âge, êtes plus près de la mort. Mais, puisque la mort est une échéance inconnue et que souvent l’enfant tombe avant le vieillard, ne renvoyez pas au lendemain le travail de vous constituer un trésor de vertus et de bonnes œuvres pour l’autre vie, de peur que la mort ne vous atteigne sans que vous ayez mis de côté un trésor pour le Ciel. Nombreux sont ceux qui disent : “ Oh, je suis jeune et fort ! Pour le moment, je jouis sur la terre ; plus tard, je me convertirai. ” Grande erreur !

276.6

Ecoutez cette parabole : les champs d’un homme riche lui avait rapporté d’abondantes récoltes. Elles étaient vraiment miraculeuses. Il contemple avec joie toute cette richesse qui s’accumule sur ses champs et sur son aire au point de ne pas trouver de place dans les greniers et de devoir être abritée sous des hangars provisoires et jusque dans les pièces de la maison. Et il dit : “ J’ai travaillé comme un esclave, mais la terre ne m’a pas déçu. J’ai travaillé pour dix récoltes, et maintenant je veux me reposer pour autant de temps. Comment ferai-je pour abriter toute cette profusion ? Je ne veux pas la vendre, car cela m’obligerait à travailler pour avoir une nouvelle moisson l’an prochain. Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers et j’en ferai de plus grands pour loger tout mon blé et tous mes biens. Puis je dirai à mon âme : ‘ O mon âme ! Tu as maintenant des biens pour plusieurs années. Repose-toi donc, mange, bois et profite de la vie. ’” Cet homme, comme beaucoup, confondait le corps et l’âme et mélangeait le sacré au profane : car en réalité, dans les jouissances et l’oisiveté, l’âme ne tire aucun profit, mais elle s’affaiblit, et celui-là aussi, comme beaucoup, s’arrêtait après la première bonne récolte dans les champs du bien, car il lui semblait avoir tout fait.

Mais ne savez-vous pas que, quand on a mis la main à la charrue, il faut persévérer une année, dix, cent, tant que dure la vie, car s’arrêter est un crime envers soi-même, parce qu’on se refuse une gloire plus grande, et c’est régresser, car celui qui s’arrête, généralement, non seulement ne progresse plus, mais revient en arrière ? Le trésor du Ciel doit augmenter d’année en année pour être bon. Car, si la miséricorde divine doit être bienveillante, même avec ceux qui ont eu peu d’années pour le former, elle ne sera pas complice des paresseux qui, ayant une longue vie, font peu de chose. Le trésor doit être en continuelle croissance. Autrement, ce n’est plus un trésor qui porte du fruit, mais un trésor inerte et cela se produit au détriment de la paix promise du Ciel.

Dieu dit à l’homme sot : “ Insensé ! Toi qui confonds le corps et les biens de la terre avec ce qui est esprit et qui tires d’une grâce de Dieu un mal, sache que, cette nuit même, on te redemandera ton âme ; et quand elle sera partie, ton corps restera sans vie. Ce que tu as préparé, à qui cela reviendra-t-il ? L’emporteras-tu avec toi ? Non. Tu arriveras dépouillé des récoltes terrestres et des œuvres spirituelles en ma présence, et tu seras pauvre dans l’autre vie. Il valait mieux faire de tes récoltes des œuvres de miséricorde pour ton prochain et pour toi. Car, en te montrant miséricordieux envers les autres, tu serais miséricordieux envers ton âme. Et, au lieu de nourrir des pensées d’oisiveté, il aurait mieux valu mettre en œuvre des activités d’où tu pouvais tirer un profit utile pour ton corps et de grands mérites pour ton âme, jusqu’au moment où je t’aurais appelé. ” L’homme mourut cette nuit-là et fut jugé avec sévérité. En vérité, je vous dis que c’est ce qu’il se passe pour l’homme qui thésaurise pour lui-même et ne s’enrichit pas aux yeux de Dieu.

Maintenant, allez et faites-vous un trésor de l’enseignement qui vous est donné. Que la paix soit avec vous. »

Jésus bénit et il se retire dans un bois avec les apôtres et les disciples pour se restaurer et se reposer.

276.7

Mais, tout en mangeant, il parle encore et poursuit l’instruction précédente, en reprenant un thème déjà présenté[2] aux apôtres plusieurs fois ; je crois d’ailleurs qu’il le sera toujours insuffisamment car l’homme est trop en proie aux peurs sans fondement.

« Croyez bien, dit-il, que c’est seulement de cet enrichissement de vertu qu’il faut se préoccuper. Et veillez à ce que ce ne soit jamais une préoccupation agitée, inquiète. Le bien est l’ennemi des inquiétudes, des peurs, des empressements qui se ressentent encore trop de la cupidité, de la jalousie, des méfiances humaines. Que votre travail soit constant, confiant, paisible, sans brusques départs et brusques arrêts. C’est ce que font les onagres sau­vages, mais personne ne les utilise, à moins d’être fou, pour cheminer en sécurité. Soyez paisibles dans les victoires, paisibles dans les défaites. Même le chagrin pour une erreur commise – qui vous afflige parce que, par cette erreur, vous avez déplu à Dieu –, doit être paisible, réconforté par l’humilité et la confiance. L’accablement, la rancœur envers soi-même est toujours l’indice de l’orgueil, et même du manque de confiance. Si quelqu’un est humble, il sait qu’il est un pauvre homme sujet aux misères de la chair qui parfois triomphe. Si quelqu’un est humble, il a confiance non pas tant en lui-même qu’en Dieu et il reste calme, même dans les défaites, en disant : “ Pardonne-moi, Père. Je sais que tu connais ma faiblesse qui parfois l’emporte. Je crois que tu as pitié de moi. J’ai la ferme confiance que tu m’aideras à l’avenir encore plus qu’auparavant, bien que je te donne si peu de satisfaction. ” Et ne soyez ni indifférents ni avares des biens de Dieu. Donnez de ce que vous avez en fait de sagesse et de vertu. Soyez actifs en matière spirituelle comme les hommes le sont pour les choses de la chair.

276.8

Et, en ce qui concerne la chair, n’imitez pas les gens du monde qui ne cessent de trembler pour leur lendemain, par peur qu’il leur manque le superflu, que la maladie arrive, que la mort survienne, que leurs ennemis puissent leur nuire, et autres drames. Dieu sait de quoi vous avez besoin. Ne craignez donc pas pour le lendemain. Libérez-vous des peurs, plus lourdes que les chaînes des galériens. Ne vous mettez pas en peine pour votre vie, ni pour la nourriture, ni pour la boisson, ni pour le vêtement. La vie de l’âme vaut plus que celle du corps, et le corps plus que le vêtement, car c’est par le corps et non par le vêtement que vous vivez et que, par la mortification du corps, vous aidez l’âme à obtenir la vie éternelle. Dieu sait jusqu’à quand il laissera votre âme dans votre corps, et jusqu’à ce moment-là, il vous donnera tout le nécessaire. Il le donne aux corbeaux, ces animaux impurs qui se repaissent de cadavres et qui tiennent leur raison d’exister justement de cette fonction qui est la leur de nous débarrasser des corps en putréfaction. Alors ne vous le donnera-t-il pas à vous aussi ? Eux, ils n’ont pas de locaux pour les vivres, ni de greniers, et pourtant Dieu les nourrit. Vous, vous êtes des hommes et non des corbeaux. Actuellement, d’ailleurs, vous êtes la fleur des hommes puisque vous êtes les disciples du Maître, les évangélisateurs du monde, les serviteurs de Dieu. Et pouvez-vous penser que Dieu, qui prend soin des lys des vallées, les fait croître et les revêt d’un vêtement plus beau que n’en a eu Salomon sans qu’ils fassent d’autre travail que parfumer en adorant, croyez-vous qu’il puisse vous oublier même pour le vêtement ?

Vous ne pouvez ajouter par vous-mêmes une dent à votre bouche dégarnie, ni allonger d’un pouce une jambe raccourcie, ni rendre l’acuité à une vue brouillée. Or, si vous ne pouvez pas le faire, pouvez-vous penser pouvoir éloigner de vous la misère et la maladie et faire sortir de la nourriture de la poussière ? Cela vous est impossible. Mais ne soyez pas des gens de peu de foi. Vous aurez toujours ce qui vous est nécessaire. Ne vous mettez pas en peine comme les gens du monde qui se donnent du mal pour pourvoir à leurs plaisirs. Vous avez votre Père qui sait de quoi vous avez besoin. Vous devez seulement chercher – et que ce soit le premier de vos soucis – le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus.

276.9

Ne craignez pas, vous qui êtes de mon petit troupeau. Il a plu à mon Père de vous appeler au Royaume pour que vous possédiez ce Royaume. Vous pouvez donc y aspirer et aider le Père par votre bonne volonté et votre sainte activité. Vendez vos biens, faites-en l’aumône si vous êtes seuls. Donnez à votre famille les moyens d’existence qui compensent votre abandon de la maison pour me suivre, car il est juste de ne pas enlever leur pain aux enfants et aux épouses. Et, si vous ne pouvez sacrifier les richesses en argent, sacrifiez les richesses en affection. Elles aussi sont une monnaie que Dieu estime pour ce qu’elles sont : de l’or plus pur que tout autre, des perles plus précieuses que celles qui sont arrachées aux mers, et des rubis plus rares que ceux des entrailles de la terre. Car renoncer à sa famille pour moi, c’est faire preuve d’une charité plus parfaite que de l’or sans un atome impur : c’est une perle faite de larmes, un rubis fait du sang qui gémit de la blessure du cœur, déchiré par la séparation d’avec son père et sa mère, son épouse et ses enfants.

Mais ces bourses ne s’usent pas, ce trésor ne s’amoindrit jamais. Les voleurs ne pénètrent pas au Ciel. Le ver ne ronge pas ce qui y a été déposé. Et ayez le Ciel dans votre cœur et votre cœur au Ciel, près de votre trésor. Car le cœur, chez l’homme bon comme chez le méchant, est là où se trouve ce qui vous semble votre cher trésor. Car, de même que le cœur est là où se trouve le trésor (au Ciel), ainsi le trésor est là où se trouve le cœur (c’est-à-dire en vous), ou, mieux, le trésor est dans le cœur, et avec le trésor des saints se trouve, dans le cœur, le Ciel des saints.

276.10

Soyez toujours prêts comme un homme sur le point de partir en voyage, ou qui attend son maître. Vous êtes les serviteurs du Maître-Dieu. A toute heure il peut vous appeler là où il est, ou bien venir là où vous êtes. Soyez donc toujours prêts à partir ou à lui faire honneur, la taille ceinte de la ceinture de voyage ou de travail et la lampe allumée à la main. Au sortir d’une fête de noces avec quelqu’un qui vous a précédés dans les Cieux ou dans la consécration à Dieu sur la terre, Dieu peut se souvenir de vous qui attendez et peut dire : “ Allons chez Etienne ou chez Jean, ou bien chez Jacques et chez Pierre. ” Et Dieu est rapide pour venir ou pour dire : “ Viens. ” Soyez donc prêts à lui ouvrir la porte quand il arrivera, ou à partir s’il vous appelle.

Bienheureux ces serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. En vérité, pour les récompenser de leur attente fidèle, il passera sa ceinture à son vêtement et, après les avoir fait asseoir à table, il se mettra à les servir. Il peut venir à la première veille, comme à la seconde ou à la troisième. Vous l’ignorez. Soyez donc toujours vigilants. Et bienheureux si vous l’êtes et que le Maître vous trouve ainsi ! Ne vous leurrez pas vous-mêmes en disant : “ On a bien le temps ! Cette nuit, il ne viendra pas ” : il vous en arriverait du mal. Vous ne savez pas. Si l’on savait quand le voleur va venir, on ne laisserait pas sa maison sans surveillance pour que le brigand puisse en forcer la porte ou les coffres-forts. Vous aussi, soyez prêts car, au moment où vous y penserez le moins, le Fils de l’homme viendra en disant : “ Voici l’heure. ” »

276.11

Pierre, qui a été jusqu’à oublier de finir son repas pour écouter le Seigneur, demande, lorsqu’il voit que Jésus se tait :

« Ce que tu dis, c’est pour nous ou pour tous ?

– C’est pour vous et pour tous, mais c’est surtout pour vous, car vous êtes comme des intendants placés par le Maître à la tête des serviteurs et vous êtes doublement obligés d’être prêts, à la fois comme intendants et comme simples fidèles. Que doit être l’intendant placé par le maître à la tête de ses serviteurs pour donner à chacun sa juste part au moment voulu ? Il doit être avisé et fidèle. Pour accomplir son propre devoir, pour faire accomplir à ceux qui sont au-dessous de lui leur propre devoir. Autrement les intérêts du maître en souffriraient, car il paie l’intendant pour qu’il agisse en son nom et veille sur ses intérêts en son absence.

Bienheureux le serviteur que le maître, en revenant chez lui, trouve en train d’agir avec fidélité, habileté et justice. En vérité, je vous dis qu’il l’établira intendant de ses autres propriétés aussi, de toutes ses propriétés, se reposant et se réjouissant dans son cœur de la sécurité que ce serviteur lui donne.

Mais si ce serviteur dit : “ Ah ! C’est bien : le maître est très loin et il m’a écrit que son retour sera retardé. Je peux donc faire ce que bon me semble puis, quand je verrai que son retour est proche, j’y pourvoirai. ” Et il se mettra à manger et à boire au point d’en être ivre et à donner des ordres d’ivrogne. Comme les bons serviteurs qui dépendent de lui refusent de les exécuter pour ne pas faire du tort à leur maître, il se met à battre les serviteurs et les servantes jusqu’à les rendre malades et languissants. Il croit être heureux et il dit : “ Je savoure enfin ce que c’est qu’être maître et craint de tous. ”

Mais que lui arrivera-t-il ? Le maître reviendra au moment où il s’y attend le moins, et il le surprendra justement en train d’empocher l’argent ou de corrompre quelque serviteur parmi les plus faibles. Alors, je vous le dis, le maître le chassera de sa place d’intendant et jusque des rangs de ses serviteurs, car il n’est pas permis de garder les infidèles et les traîtres parmi des serviteurs honnêtes.

Et il sera d’autant plus puni que le maître l’avait davantage aimé et instruit. Car plus on connaît la volonté et la pensée du maître, plus on est tenu de l’accomplir avec exactitude. S’il n’agit pas comme le maître le lui a expliqué, en détail, comme à nul autre, il recevra de nombreux coups, alors qu’un serviteur de second rang qui est bien peu au courant et se trompe en croyant bien faire, sera moins puni. A qui on a beaucoup donné, il sera beaucoup demandé ; celui qui a été chargé de beaucoup devra rendre beaucoup, car mes intendants devront rendre compte même de l’âme d’un bébé d’une heure.

276.12

Etre choisi par moi n’est pas un frais repos dans un bosquet fleuri. Je suis venu apporter le feu sur la terre, et que puis-je désirer sinon qu’il s’embrase ? Aussi je m’épuise et je veux que vous vous épuisiez jusqu’à la mort et jusqu’à ce que toute la terre soit un brasier de feu céleste. Quant à moi, je dois être baptisé d’un baptême. Et comme je serai angoissé tant qu’il ne sera pas accompli ! Vous ne vous demandez pas pourquoi ? Parce que, par ce baptême, je pourrai faire de vous des porteurs du Feu, des agitateurs qui agiront dans toutes et contre toutes les couches de la société pour en faire une unique réalité : le troupeau du Christ.

Croyez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Et selon la manière de voir de la terre ? Non, mais au contraire la discorde et la désunion. Car désormais, et jusqu’à ce que toute la terre soit un unique troupeau, sur cinq membres d’une maison, deux s’opposeront à trois, le père sera contre le fils et ce dernier contre son père, la mère contre ses filles, et celles-ci contre elle, et les belles-filles et les belles-mères auront un motif de plus de ne pas s’entendre : en effet, il y aura un langage nouveau sur certaines lèvres, et il se produira une sorte de Babel, car un soulèvement profond ébranlera le royaume des affections humaines et surnaturelles. Mais ensuite viendra l’heure où tout s’unifiera en une langue nouvelle que parleront tous ceux que le Nazaréen aura sauvés ; les eaux des sentiments se purifieront, alors que les scories tomberont au fond et que brilleront à la surface les eaux limpides des lacs célestes.

En vérité, me servir n’est pas un repos dans le sens que l’homme donne à ce mot. Cela demande un héroïsme inlassable. Mais je vous le dis : à la fin, il y aura Jésus, toujours et encore Jésus, qui ceindra son vêtement pour vous servir, puis s’assiéra avec vous à un banquet éternel et on oubliera fatigue et douleur.

276.13

Maintenant, puisque plus personne n’est venu à notre recherche, allons vers le lac. Nous nous reposerons à Magdala. Dans les jardins de Marie, sœur de Lazare, il y a place pour tous et elle a mis sa maison à la disposition du Pèlerin et de ses amis. Il n’est pas besoin de vous dire que Marie de Magdala est morte avec son péché et que, de son repentir, est née Marie, sœur de Lazare, disciple de Jésus de Nazareth. Vous le savez déjà, car la nouvelle a couru comme le frémissement du vent dans une forêt. Mais moi, je vous dis ce que vous ne savez pas : que tous les biens personnels de Marie sont pour les serviteurs de Dieu et pour les pauvres du Christ. Allons… »

276.1

Gesù è su uno dei colli della riva occidentale del lago.

Ai suoi occhi si mostrano le città e i paesi sparsi sulle rive di questa e quella sponda, ma proprio sotto del colle sono Magdala e Tiberiade: la prima con il suo rione di lusso tutto sparso di giardini, separato nettamente dalle povere case dei pescatori, contadini e popolo minuto, da un torrentello ora asciutto del tutto; l’altra splendida in ogni sua parte, città che ignora ciò che è miseria e decadenza, e ride, bella e nuova, sotto al sole, di fronte al lago. Fra l’una e l’altra città, le ortaglie, poche ma ben tenute, della breve pianura, e poi l’ascendere degli ulivi alla conquista dei colli. Dietro le spalle di Gesù, da questa cima, si vede la sella del monte delle Beatitudini, ai cui piedi è la via maestra che dal Mediterraneo va a Tiberiade.

Forse per questa vicinanza di una via maestra frequentatissima, Gesù ha scelto questa località alla quale le persone possono accedere da molte città del lago o della Galilea interna e da dove, a sera, è facile tornare alle case o trovare ospitalità in molti paesi. Il calore è anche temperato per l’altezza e per gli alberi di alto fusto che sulla vetta hanno preso il posto degli ulivi. Vi è infatti molta gente oltre gli apostoli e i discepoli. Gente che ha bisogno di Gesù per la salute o per dei consigli, gente venuta per curiosità, gente portata lì da amici o per spirito di imitazione. Molta insomma. La stagione, non più canicolare ma tendente alle languide grazie dell’autunno, invita più che mai a pellegrinare in cerca del Maestro.

276.2

Gesù ha già guarito i malati e parlato alla gente, e certo sul tema delle ricchezze ingiuste e del distacco da esse, necessario a tutti per guadagnarsi il Cielo ma indispensabile ad aversi in chi vuole essere discepolo suo. E ora sta rispondendo alle domande di questo o quello dei discepoli ricchi, che sono un poco turbati per questa cosa.

Lo scriba Giovanni dice: «Devo allora distruggere ciò che ho, spogliando i miei del loro?».

«No. Dio ti ha dato dei beni. Fàlli servire alla Giustizia e servitene con giustizia. Ossia, con essi soccorri la tua famiglia, è dovere; tratta umanamente i servi, è carità; benefica i poveri, sovvieni ai bisogni dei discepoli poveri. Ecco che le tue ricchezze non ti saranno inciampo, ma aiuto».

E poi, parlando a tutti, dice: «In verità vi dico che lo stesso pericolo di perdere il Cielo per amore alle ricchezze può averlo anche il discepolo più povero se, divenuto mio sacerdote, mancherà a giustizia col patteggiare col ricco. Colui che è ricco o maligno molte volte tenterà sedurvi con donativi per avervi consenzienti al suo modo di vivere e al suo peccato. E vi saranno quelli fra i miei ministri che cederanno alla tentazione dei donativi. Non deve essere. Il Battista vi insegni. Veramente in lui, pur senza essere giudice e magistrato, era la perfezione del giudice e del magistrato quale la indica[1] il Deuteronomio: “Tu non avrai riguardi personali, non accetterai donativi, perché essi acciecano gli occhi dei savi e alterano le parole dei giusti”. Troppe volte l’uomo si lascia levare il filo dalla spada della giustizia dall’oro che un peccatore vi passa sopra. No, non deve essere. Sappiate esser poveri, sappiate saper morire, ma non patteggiate mai con la colpa. Neppure con la scusa di usare quell’oro a pro’ dei poveri. È oro maledetto e non darebbe loro del bene. È oro di un compromesso infame. Voi siete costituiti discepoli per essere maestri, medici e redentori. Che sareste se diveniste consenzienti al male per interesse? Maestri di mala scienza, medici che uccidono il malato, non redentori ma cooperatori della rovina dei cuori».

276.3

Uno della folla si fa avanti e dice: «Io non sono discepolo.

Ma ti ammiro. Rispondi dunque a questa mia domanda: è lecito ad uno trattenere il denaro di un altro?».

«No, uomo. Ciò è furto, come lo è quello di levare la borsa ad un passante».

«Anche se è denaro della famiglia?».

«Anche. Non è giusto che uno si appropri del denaro di tutti gli altri».

«Allora, Maestro, vieni ad Abelmain sulla via di Damasco e ordina a mio fratello di spartire meco la eredità del padre morto senza avere lasciato scritto parola. Egli tutta se l’è presa. E nota che gemelli siamo, nati da primo ed unico parto. Io ho dunque gli stessi diritti che lui».

Gesù lo guarda e dice: «È una penosa situazione, e tuo fratello certo non agisce bene. Ma tutto quello che Io posso fare è pregare per te e più per lui, che si converta, e venire al tuo paese ad evangelizzare, toccandogli il cuore così. Non mi pesa il cammino se posso mettere pace fra voi».

L’uomo, inviperito, scatta: «E che vuoi che me ne faccia delle tue parole? Ci vuol ben altro che parole in questo caso!».

«Ma non mi hai detto di ordinare a tuo fratello di…».

«Ordinare non è evangelizzare. Ordinare è sempre unito a minaccia. Minaccialo di percuoterlo nella persona se non mi dà il mio. Tu lo puoi fare. Come dai salute, puoi dare malattia».

«Uomo, Io sono venuto a convertire, non a percuotere. Ma se tu avrai fede nelle mie parole troverai pace».

«Quali parole?».

«Ti ho detto che pregherò per te e per tuo fratello, acciò tu sia consolato ed egli si converta».

«Storie! Storie! Io non ho la dabbenaggine di crederle. Vieni e ordina».

276.4

Gesù, che era mite e paziente, si fa imponente e severo. Si

276.4 raddrizza — prima stava un po’ curvo sull’ometto corpulento e acceso d’ira — e dice: «Uomo, e chi mi ha costituito giudice e arbitro fra di voi? Nessuno. Ma, per levare una scissura fra due fratelli, accettavo a venire per esercitare la mia missione di pacificatore e di redentore e, se tu avessi creduto nelle mie parole, tornando ad Abelmain avresti trovato già convertito il fratello. Tu non sai credere. E non avrai il miracolo. Tu, se per primo avessi potuto afferrare il tesoro, te lo saresti tenuto privandone il fratello, perché, in verità, come siete nati gemelli, così avete gemelle le passioni, e tu come tuo fratello avete solo un amore: l’oro; una fede: l’oro. Sta’ dunque con la tua fede.

Addio».

L’uomo se ne va maledicendolo fra lo scandalo di tutti, che lo vorrebbero punire.

Ma Gesù si oppone. Dice: «Lasciatelo andare. Perché volete sporcarvi le mani percuotendo un bruto? Io perdono perché è un posseduto dal demone dell’oro che lo travia. Fatelo voi pure. Piuttosto preghiamo per questo infelice che torni uomo dall’anima bella di libertà».

«È vero. Anche nel volto è divenuto orrendo nella sua cupidigia. Hai visto?», si chiedono l’un coll’altro discepoli e astanti che erano vicini all’avaro.

«È vero! È vero! Non pareva più quello di prima».

«Sì. Quando poi ha respinto il Maestro, per poco lo percuoteva mentre lo malediceva, è divenuto un demone nel volto».

«Un demone tentatore. Tentava il Maestro alla cattiveria…».

276.5

«Udite», dice Gesù. «Veramente le alterazioni dell’animo si riflettono sul volto. È come se il demonio affiorasse alla superficie di quel suo possesso. Pochi sono quelli che, essendo demoni, o con atti o con aspetto non tradiscano ciò che sono. E questi pochi sono i perfetti nel male e i perfettamente posseduti. Il volto del giusto invece è sempre bello, anche se materialmente deforme, per una bellezza soprannaturale che si effonde dall’interno all’esterno. E, non per modo di dire, ma per verità di fatti, noi osserviamo nel puro dai vizi una freschezza anche di carni. L’anima è in noi e ci abbraccia tutti. E i fetori di un’anima corrotta corrompono anche le carni. Mentre i profumi di un’anima pura preservano. L’anima corrotta spinge la carne a peccati osceni, e questi invecchiano e deformano. L’anima pura spinge la carne a vita pura. E ciò conserva freschezza e comunica maestà.

Fate che in voi permanga giovinezza pura di spirito, o risorga se già perduta, e badate di guardarvi da ogni cupidigia, sia del senso che del potere. La vita dell’uomo non dipende dall’abbondanza dei beni che possiede. Né questa, né tanto meno l’altra: quella eterna. Ma dalla sua maniera di vivere. E, con la vita, la felicità di questa Terra e del Cielo. Perché il vizioso non è mai felice, realmente felice. Mentre il virtuoso è sempre felice di una letizia celeste anche se povero e solo. Neppure la morte lo impressiona. Perché non ha colpe e rimorsi a fargli temere l’incontro con Dio, e non ha rimpianti per ciò che lascia sulla Terra. Egli sa che in Cielo è il suo tesoro e, come uno che vada a prendere l’eredità che gli spetta, e eredità santa, va lieto, sollecito, incontro alla morte che gli apre le porte del Regno dove è il suo tesoro.

Fatevi subito il vostro tesoro. Iniziatelo dalla giovinezza, voi che giovani siete; indefessamente lavorate, voi anziani che, per l’età, avete più prossima la morte. Ma, posto che morte è scadenza ignota, e sovente cade il fanciullo prima del vegliardo, non rimandate il lavoro di farvi un tesoro di virtù e di buone opere per l’altra vita, onde non vi raggiunga la morte senza che voi abbiate messo un tesoro di meriti in Cielo. Molti sono quelli che dicono: “Oh! sono giovane e forte! Per ora godo sulla Terra, poi mi convertirò”. Grande errore!

276.6

Udite questa parabola. Ad un uomo ricco aveva fruttato molto bene la campagna. Proprio un raccolto da miracolo. Egli contempla felice tutta questa dovizia che si accumula sui suoi campi e le sue aie e che non trova posto nei granai, tanto che è ospitata sotto tettoie provvisorie e persino nelle stanze della casa, e dice: “Ho lavorato come uno schiavo, ma la terra non mi ha deluso. Ho lavorato per dieci raccolti e ora voglio riposare per altrettanto. Come farò a mettere a posto tutti questi raccolti? Venderne non voglio, perché mi costringerei a lavorare per avere il prossimo anno nuovo raccolto. Farò così: demolirò i miei granai e ne farò di più vasti, che c’entrino tutti i raccolti e i miei beni. E poi dirò all’anima mia: ‘Oh, anima mia! Tu hai ora da parte dei beni per molti anni. Riposati dunque, mangia e bevi e godi’”. Costui, come molti, confondeva il corpo con l’anima e mescolava il sacro al profano, perché realmente nelle gozzoviglie e nell’ozio l’anima non gode ma languisce, e anche costui, come molti, dopo il primo buon raccolto nei campi del bene, si fermava, parendogli di avere fatto tutto.

Ma non sapete che, posta la mano all’aratro, occorre perseverare uno e dieci e cent’anni, quanto la vita dura, perché fermarsi è delitto verso se stessi ai quali si nega una gloria maggiore, è regredire perché chi si ferma generalmente non solo non progredisce più, ma si volge indietro? Il tesoro del Cielo deve aumentare anno per anno per essere buono. Ché, se la Misericordia sarà benigna anche con chi ebbe pochi anni per formarlo, non sarà complice dei pigri che avendo lunga vita fanno poco. È un tesoro in continuo aumento. Se no non è più tesoro fruttifero, ma inerte, e ciò va a detrimento della pronta pace del Cielo.

Dio disse allo stolto: “Uomo stolto, che confondi il corpo e i beni della Terra con ciò che è spirito, e di una grazia di Dio te ne fai un male, sappi che questa notte stessa ti sarà chiesta l’anima e levata, e il corpo giacerà senza vita. Quanto hai preparato, di chi sarà? Lo porterai teco? No. Te ne verrai nudo di raccolti terreni e di opere spirituali al mio cospetto e povero sarai nell’altra vita. Meglio ti era dei tuoi raccolti farne opere di misericordia al prossimo e a te. Perché, essendo misericordioso agli altri, alla tua anima eri misericorde. E, invece di nutrire pensieri d’ozio, coltivare attività da cui trarre onesto utile al tuo corpo e grandi meriti alla tua anima finché Io ti avessi chiamato”. E l’uomo nella notte morì e fu severamente giudicato. In verità vi dico che così capita a chi tesoreggia per sé e non arricchisce agli occhi di Dio.

Ora andate e fate tesoro della dottrina che vi viene data. La pace sia con voi».

E Gesù benedice e si ritira in un folto di bosco con gli apostoli e i discepoli per prendere cibo e ristoro.

276.7

Ma, mentre mangiano, Egli ancora parla continuando la lezione di prima, ripetendo un tema già detto[2] agli apostoli più volte e che credo sarà sempre insufficientemente detto, perché l’uomo è troppo preso dalle paure stolte.

«Credete», dice, «che solo di questo arricchimento di virtù occorre preoccuparsi. E badate: non sia mai la vostra una preoccupazione affannosa, inquieta. Il bene è nemico delle inquietudini, delle paure, delle frette, che troppo risentono ancora di avarizia, di gelosia, di diffidenza umana. Il vostro lavoro sia costante, fiducioso, pacifico. Senza brusche partenze e bruschi arresti. Così fanno gli onagri selvaggi. Ma nessuno li usa, a meno che sia un matto, per fare del sicuro cammino. Pacifici nelle vittorie, pacifici nelle sconfitte. Anche il pianto per un errore fatto, che vi addolora perché con esso errore avete spiaciuto a Dio, deve essere pacifico, confortato dall’umiltà e dalla fiducia. L’accasciamento, il rancore verso se stesso, è sempre sintomo di superbia e così anche di sfiducia. Se uno è umile sa di essere un povero uomo soggetto alle miserie della carne che talora trionfa. Se uno è umile ha fiducia non tanto in sé quanto in Dio, e sta calmo anche nelle disfatte dicendo: “Perdonami, Padre. Io so che Tu sai la mia debolezza che mi prevale talora. Io credo che Tu mi compatisci. Io ho ferma fiducia che Tu mi aiuterai in avvenire ancor più di prima, nonostante io ti soddisfi così poco”. E non siate né apatici né avari dei beni di Dio. Di quanto avete di sapienza e virtù, date. Siate operosi nello spirito come gli uomini lo sono per le cose della carne.

276.8

E, riguardo alla carne, non imitate quelli del mondo, che sempre tremano per il loro domani, per la paura che manchi loro il superfluo, che la malattia venga, che venga la morte, che i nemici possano nuocere e così via. Dio sa di che abbisognate. Non temete perciò per il vostro domani. Siate liberi dalle paure più pesanti delle catene dei galeotti. Non vi prendete pena della vostra vita, né per il mangiare, né per il bere, né per il vestire. La vita dello spirito è da più di quella del corpo, e il corpo è da più del vestito, perché col corpo, non col vestito, voi vivete, e con la mortificazione del corpo aiutate lo spirito a conseguire la vita eterna. Dio sa fino a quando lasciarvi l’anima nel corpo, e fino a quell’ora vi darà ciò che è necessario. Lo dà ai corvi, animali impuri che si pascono di cadaveri e che hanno la loro ragione di esistere appunto in questa loro funzione di eliminatori di putrefazioni. E non lo darà a voi? Essi non hanno dispense e granai, eppure Dio li nutre lo stesso. Voi siete uomini e non corvi. Presentemente, poi, siete il fior degli uomini, perché siete i discepoli del Maestro, gli evangelizzatori del mondo, i servi di Dio. E potete pensare che Iddio, che ha cura dei gigli delle convalli e li fa crescere e li veste di veste che più bella non l’ebbe Salomone, senza che loro compiano altro lavoro che profumare, adorando, possa trascurare voi anche nella veste? Voi sì che da soli non potete aggiungere un dente alle bocche sdentate, né allungare di un pollice la gamba rattratta, né dare acutezza alla pupilla annebbiata. E, se non potete fare queste cose, potete pensare di poter respingere da voi miseria e malattia e far spuntare cibo dalla polvere? Non potete. Ma non siate gente di poca fede. Avrete sempre di che vi è necessario. Non vi appenate come le genti del mondo, che si arrabattano per provvedersi di che godere. Voi avete il Padre vostro che sa di che abbisognate. Voi dovete solo cercare — e sia la prima delle vostre cure — il Regno di Dio e la sua giustizia, e tutto il resto vi sarà dato in più.

276.9

Non temete, voi del mio piccolo gregge. Al Padre mio è piaciuto chiamarvi al Regno perché voi abbiate questo Regno. Potete perciò aspirare ad esso ed aiutare il Padre con la vostra buona volontà e santa operosità. Vendete i vostri beni, fatene elemosina se siete soli. Date ai vostri il viatico del vostro abbandono della casa per seguire Me, perché è giusto non levare il pane ai figli e alle spose. E, se non potete perciò sacrificare le ricchezze di denaro, sacrificate le ricchezze di affetto. Anche queste sono monete che Dio valuta per quello che sono: oro più puro d’ogni altro, perle più preziose di quelle rapite ai mari, e rubini più rari di quelli delle viscere del suolo. Perché rinunciare alla famiglia per Me è carità perfetta più di oro senza atomo impuro, è perla fatta di pianto, e rubino fatto di sangue che geme dalla ferita del cuore, lacerato dal distacco da padre e madre, sposa e figli. Ma queste borse non si logorano, questo tesoro non viene mai meno. I ladri non penetrano in Cielo. Il tarlo non corrode ciò che là è depositato. E abbiate il Cielo nel cuore e il cuore in Cielo presso il vostro tesoro. Perché il cuore, nel buono o nel malvagio, è là dove è ciò che vi sembra vostro caro tesoro. Perciò, come il cuore è là dove è il tesoro (in Cielo), così il tesoro è là dove è il cuore (ossia in voi), anzi il tesoro è nel cuore e col tesoro dei santi è nel cuore il Cielo dei santi.

276.10

Siate sempre pronti come chi è in procinto di viaggio o in attesa del padrone. Voi siete servi del Padrone-Iddio. Ad ogni ora vi può chiamare dove Egli è, o venire dove voi siete. Siate perciò sempre pronti ad andare, o a fargli onore stando a fianchi cinti da cintura di viaggio e di lavoro, e con le lampade accese nelle mani. Uscendo da una festa di nozze con uno che vi abbia preceduto nei Cieli e nella consacrazione a Dio sulla Terra, Dio può sovvenirsi di voi che attendete e può dire: “Andiamo da Stefano o da Giovanni, oppure da Giacomo e da Pietro”. E Dio è ratto nel venire o nel dire : “Vieni”. Perciò siate pronti ad aprirgli la porta quando Egli giungerà, o a partire se Egli vi chiama.

Beati quei servi che il Padrone, arrivando, troverà vigilanti. In verità, per ricompensarvi della attesa fedele, Egli si cingerà la veste e, fattili sedere a tavola, si metterà a servirli. Può venire alla prima vigilia, come alla seconda e alla terza. Voi non lo sapete. Siate perciò sempre vigilanti. E beati voi se lo sarete e così vi troverà il Padrone! Non vi lusingate col dire: “C’è tempo! Questa notte Egli non viene”. Ve ne accadrebbe male. Voi non sapete. Se uno sapesse quando il ladro viene, non lascerebbe incustodita la casa perché il malandrino possa sforzarne la porta e i forzieri. Anche voi state preparati, perché, quando meno ve lo penserete, verrà il Figlio dell’uomo dicendo: “È l’ora”».

276.11

Pietro, che si è persino dimenticato di finire il suo cibo per ascoltare il Signore, vedendo che Gesù tace, chiede: «Questo che dici è per noi o per tutti?».

«È per voi e per tutti. Ma più è per voi, perché voi siete come intendenti preposti dal Padrone a capo dei servi e avete doppio dovere di stare pronti, e per voi come intendenti, e per voi come semplici fedeli. Che deve essere l’intendente preposto dal padrone a capo dei suoi famigli per dare a ciascuno, a suo tempo, la giusta porzione? Deve essere accorto e fedele. Per compiere il suo proprio dovere, per far compiere ai sottoposti il loro proprio dovere. Altrimenti ne soffrirebbero gli interessi del padrone, che paga perché l’intendente faccia in sua vece e ne tuteli gli interessi in sua assenza.

Beato quel servo che il padrone, tornando alla sua casa, trova ad operare con fedeltà, solerzia e giustizia. In verità vi dico che lo farà intendente anche di altre proprietà, di tutte le sue proprietà, riposando e giubilando in cuor suo per la sicurezza che quel servo gli dà. Ma se quel servo dice: “Oh! bene! Il padrone è molto lontano e mi ha scritto che tarderà a tornare. Perciò io posso fare ciò che mi pare e poi, quando penserò prossimo il ritorno, provvederò”. E comincerà a mangiare e a bere fino ad essere ubbriaco e a dare ordini da ebbro e, poiché i servi buoni, a lui sottoposti, si rifiutano di eseguirli per non danneggiare il padrone, si dà a battere servi e serve fino a farli cadere in malattia e languore. E crede di essere felice, e dice: “Finalmente gusto ciò che è esser padrone e temuto da tutti”.

Ma che gli avverrà? Gli avverrà che il padrone giungerà quando meno egli se lo aspetta, magari sorprendendolo nell’atto di intascare denaro o di corrompere qualche servo fra i più deboli. Allora, Io ve lo dico, il padrone lo caccerà dal posto di intendente, e persino dalle file dei suoi servi, perché non è lecito tenere gli infedeli e traditori in mezzo agli onesti.

E tanto più sarà punito quanto più il padrone prima lo aveva amato e istruito. Perché chi più conosce la volontà e il pensiero del padrone più è tenuto a compierlo con esattezza. Se non fa così come il padrone ha detto, ampiamente, come a nessun altro, avrà molte percosse, mentre chi, come servo minore, ben poco sa e sbaglia credendo di far bene, avrà castigo minore. A chi molto fu dato molto sarà chiesto, e dovrà rendere molto chi molto ebbe in custodia, perché sarà chiesto conto ai miei intendenti anche dell’anima del pargolo di un’ora.

276.12

La mia elezione non è fresco riposo in un boschetto fiorito. Io sono venuto a portare fuoco sulla Terra; e che posso desiderare se non che si accenda? Perciò mi affatico e voglio vi affatichiate fino alla morte e finché la Terra sia tutta un rogo di fuo co celeste. Io devo essere battezzato con un battesimo. E come sarò angustiato finché non sarà compiuto! Non vi chiedete perché? Perché per esso potrò di voi fare dei portatori del Fuoco, degli agitatori che si muoveranno in tutti e contro tutti gli strati sociali, per farne un’unica cosa: il gregge di Cristo.

Credete voi che Io sia venuto a metter pace sulla Terra? E secondo il modo di vedere della Terra? No. Ma anzi discordia e separazione. Perché d’ora innanzi, e fintanto che tutta la Terra non sarà un unico gregge, di cinque che sono in una casa due saranno contro tre, e sarà il padre contro il figlio, e questo contro il padre, e la madre contro le figlie, e queste contro quella, e le suocere e nuore avranno un motivo di più per non intendersi, perché un linguaggio nuovo sarà su certe labbra e accadrà come una Babele, perché un sommovimento profondo scuoterà il regno degli affetti umani e soprumani. Ma poi verrà l’ora in cui tutto si unificherà in una lingua nuova, parlata da tutti i salvati dal Nazareno, e si depureranno le acque dei sentimenti, andando sul fondo le scorie e brillando alla superficie le limpide onde dei laghi celesti.

In verità che non è riposo il servirmi, secondo quanto dà, l’uomo, di significato a questa parola. Occorre eroismo e instancabilità. Ma Io ve lo dico: alla fine sarà Gesù, sempre e ancora Gesù, che si cingerà la veste per servirvi, e poi si siederà con voi ad un banchetto eterno e sarà dimenticata fatica e dolore.

276.13

Ora, posto che nessuno più ci ha cercato, andiamo al lago.

Riposeremo in Magdala. Nei giardini di Maria di Lazzaro c’è posto per tutti, ed ella ha messo la sua casa a disposizione del Pellegrino e dei suoi amici. Non occorre che vi dica che Maria di Magdala è morta col suo peccato ed è rinata dal suo pentimento Maria di Lazzaro, discepola di Gesù di Nazaret. Voi lo sapete già, perché la notizia è corsa come fremito di vento in una foresta. Ma Io vi dico ciò che non sapete: che tutti i beni personali di Maria di Lazzaro sono per i servi di Dio e per i poveri di Cristo. Andiamo…».


Notes

  1. la décrit : en Dt 16, 19.
  2. déjà présenté, par exemple au chapitre 173.

Note

  1. la indica, in: Deuteronomio 16, 19.
  2. già detto, per esempio nel capitolo 173.