Gli Scritti di Maria Valtorta

286. A Ramoth avec le marchand Alexandre Misace.

286. A Ramot con il mercante Alessandro Misace.

286.1

il est beau de marcher pendant cette saison sereine et douce qu’est celle d’une fin d’octobre. Après une plaine fertile qui s’étend sur un large espace au-delà du Jourdain, et après un arrêt dans un petit village blotti au pied des premières pentes d’une chaîne de montagnes au relief prononcé – et quelque cime peut prendre le vrai nom de montagne – Jésus se remet en marche. Il se joint à une longue caravane qui compte de nombreux quadrupèdes et des hommes bien armés, avec lesquels il a parlé pendant qu’ils faisaient boire leurs bêtes dans le bassin de la place. Pour la plupart, ce sont des individus de grande taille et très bruns, d’aspect déjà asiatique. Sur un mulet très puissant se trouve le chef de la caravane, armé jusqu’aux dents et avec des armes accrochées à la selle. Cependant, il a été très respectueux avec Jésus.

Les apôtres demandent à Jésus :

« Qui est-ce ?

– Un riche marchand d’au-delà de l’Euphrate. Je lui ai demandé où il allait et il a été courtois. Il passe par les villes où je compte me rendre. C’est une providence sur ces montagnes, alors que nous avons des femmes avec nous.

– Tu crains quelque chose ?

– En fait de vols rien, puisque nous n’avons rien. Mais il suffirait que les femmes aient peur. Une poignée de voleurs n’attaque jamais une caravane aussi forte, et cela pourra nous être utile pour connaître les meilleurs passages et franchir les plus difficiles. Il m’a demandé : “ Es-tu le Messie ? ”, et après en avoir eu confirmation, il a dit : “ J’étais dans la cour des Païens il y a quelques jours, et je t’ai plutôt entendu que vu, parce que je suis petit. C’est bien, je te protégerai et toi, tu me protégeras. J’ai un chargement de grande valeur. ”

– C’est un prosélyte ?

– Je ne pense pas, mais peut-être descend-il encore de notre peuple. »

La caravane avance lentement, comme si on ne voulait pas épuiser les forces des quadrupèdes en les faisant trop marcher. Il est donc facile de la suivre à pied ; il faut même s’arrêter souvent, car les conducteurs font passer les animaux chargés un par un, en les tenant par la bride dans les passages difficiles.

Bien que ce soit la montagne proprement dite, la région est très fertile et bien cultivée. Peut-être les monts de plus en plus hauts qui s’élèvent au nord-est protègent-ils des courants froids du nord, nuisibles de l’est, et cela favorise les cultures. La caravane longe un torrent qui va certainement se jeter dans le Jourdain, et dont les eaux abondantes dévalent de je ne sais quel sommet. La vue est belle, toujours plus belle à mesure que l’on monte, se développant à l’ouest vers la plaine du Jourdain. Au-delà, on voit les gracieux aspects des collines et des montagnes de la Judée du nord, alors qu’à l’orient et au nord c’est un continuel changement de panoramas, les uns s’ouvrant sur de vastes horizons, les autres offrant aux regards un enchevêtrement de hauteurs et de sommets verdoyants ou rocheux qui semble fermer la route comme le mur inattendu d’un labyrinthe.

286.2

Le soleil va descendre derrière les monts de Judée, rougissant vivement le ciel et les côtes, lorsque le riche marchand, qui s’est arrêté pour laisser passer la caravane, interpelle Jésus :

« Il faut arriver au village avant la nuit, mais beaucoup de tes compagnons paraissent fatigués. C’est une dure étape. Fais-les monter sur les mulets de l’escorte. Ce sont des bêtes tran­quilles. Elles auront toute la nuit pour se reposer et ce n’est pas fatiguant de porter une femme. »

Jésus accepte et l’homme ordonne une halte pour faire monter les femmes sur les animaux. Jésus y fait aussi monter Jean d’En-Dor. Ceux qui vont à pied, y compris Jésus, prennent les rênes pour rendre la marche plus sûre pour les femmes. Marziam veut faire… l’homme et, bien qu’il tombe de fatigue, il refuse catégoriquement de monter en selle avec qui que ce soit : au contraire, il prend les rênes du mulet de Marie la très sainte qui se trouve ainsi entre Jésus et l’enfant, qui marche bravement.

Le marchand est resté près de Jésus et il dit à Marie :

« Tu vois, femme, ce village ? C’est Ramoth. Nous nous y arrêterons. Je suis connu de l’hôtelier parce que je fais cette route deux fois par an. A deux autres occasions, je passe par la côte pour vendre et acheter. C’est ma vie, une vie rude. Mais j’ai douze enfants et ils sont petits. Je me suis marié tard. J’ai quitté le dernier qui avait neuf jours. Et je le retrouverai avec ses premières dents.

– Une belle famille… » constate Marie. Et elle poursuit : « Que le Ciel te la conserve !

– Je ne me plains pas de son aide, bien que je la mérite fort peu. »

286.3

Jésus lui demande :

« Tu es au moins prosélyte ?

– Je devrais l’être… mes ancêtres étaient de vrais israélites. Puis… nous nous sommes acclimatés là-bas…

– Il n’y a qu’un air dans lequel l’âme s’acclimate : celui du Ciel.

– Tu as raison. Mais tu sais… Mon bisaïeul a épousé une femme qui n’était pas d’Israël. Leurs enfants ont été moins fidèles… Leurs petits-enfants se sont mariés avec des femmes qui n’appartenaient pas à Israël, en donnant des enfants qui étaient seulement respectueux du nom juif, car nous sommes juifs d’origine. Maintenant moi, petit-fils des petits-fils… plus rien : au contact de tout le monde, j’ai emprunté à tout le monde, jusqu’à ne plus appartenir à personne.

– Tu raisonnes mal et je vais te le prouver. Si, en passant par cette route que tu sais être la bonne, tu trouvais cinq ou six personnes qui te disaient : “ Mais non, va de ce côté ”, “ Reviens en arrière ”, “ Arrête-toi ”, “ Va vers l’est ”, “ Tourne vers l’ouest ”, que dirais-tu ?

– Je dirais : “ Je sais que celle-ci est la plus courte, que c’est la bonne route, et je ne la quitte pas ”.

– Ou encore : si tu devais traiter une affaire et connaissais la bonne manière d’aboutir, écouterais-tu ceux qui, par pure forfanterie ou par quelque calcul rusé, te diraient d’agir autrement ?

– Non. Je suivrais ce que mon expérience m’indique de meilleur.

– Très bien. Toi, qui es originaire d’Israël, tu as derrière toi des millénaires de foi. Tu n’es pas stupide ni inculte. Pourquoi donc absorbes-tu les contacts de tout le monde en matière de foi, alors que tu sais les repousser en matière d’argent ou de sécurité des routes ? Cela ne te semble-t-il pas déshonorant, même humainement parlant ? Faire passer Dieu après l’argent et l’itinéraire…

– Je ne fais pas passer Dieu après, mais je l’ai perdu de vue…

– Car tu prends pour des dieux le commerce, l’argent, la vie. Mais c’est encore Dieu qui te permet d’avoir tout cela…

286.4

Alors pourquoi es-tu entré dans le Temple ?

– Par curiosité. En route, en sortant d’une maison où j’avais négocié des marchandises, j’ai vu un groupe d’hommes qui te vénéraient et il m’est revenu à la mémoire une conversation que j’avais entendue à Ascalon chez une femme qui fabriquait des tapis. J’ai demandé qui tu étais parce que j’avais soupçonné que tu étais celui dont la femme m’avait parlé. Quand j’ai su que c’était le cas, je suis venu derrière toi. J’avais fini mes affaires pour ce jour-là… Puis je t’ai perdu de vue. A Jéricho, je t’ai revu, mais seulement un moment. Aujourd’hui, je t’ai retrouvé… Voilà…

– Voici donc que Dieu unit et entrecroise nos routes. Moi, je n’ai pas de dons à t’offrir pour te remercier de ta bonté. Mais avant de te quitter, j’espère pouvoir te faire un don, à moins que tu ne m’abandonnes auparavant.

– Non, je ne ferai pas cela ! Alexandre Misace ne se retire pas quand il s’est offert ! Voici : derrière ce tournant commence le village. Je vais en avant. Nous nous reverrons à l’hôtellerie. »

Et il éperonne sa monture et part presque au galop sur le bord de la route.

« C’est un homme honnête et malheureux, mon Fils, dit Marie.

– Et tu le voudrais heureux selon la Sagesse, n’est-ce pas ? »

Ils se sourient doucement dans les premières ombres du soir.

286.5

… Dans cette longue soirée d’octobre, les voyageurs, tous réunis dans une vaste pièce de l’hôtellerie, attendent l’heure de se coucher. Dans un coin, tout seul, le marchand est occupé à ses comptes. Dans le coin en face se tient Jésus avec tous les dis­ciples. Il n’y a pas d’autres clients. Des écuries arrivent braiments, hennissements et bêlements. Cela laisse supposer que l’auberge abrite d’autres personnes, mais peut-être sont-elles déjà au lit.

Marziam s’est endormi dans les bras de la Vierge, oubliant du coup qu’il est “ un homme ”. Pierre sommeille et il n’est pas le seul. Même les femmes âgées bavardes sont à moitié endormies et se taisent. Ceux qui sont bien éveillés, ce sont Jésus, Marie, les sœurs de Lazare, Syntica, Simon le Zélote, Jean et Jude.

Syntica est en train de fouiller dans le sac de Jean d’En-Dor comme pour y chercher quelque chose. Mais ensuite elle préfère venir près des autres et écouter Jude, qui parle des conséquences de l’exil à Babylone[1] et achève ainsi :

« … peut-être cet homme en est-il encore une conséquence. Tout exil est une ruine… »

Syntica fait un signe involontaire de la tête, mais elle ne dit rien et Jude termine :

« Pourtant, il est étrange qu’on puisse se dépouiller avec une telle facilité de ce qui fait le trésor de siècles entiers pour devenir entièrement nouveau, surtout en matière de religion, et d’une religion telle que la nôtre… »

Jésus répond :

« Tu ne dois pas t’étonner si tu considères Samarie au sein d’Israël. »

286.6

Un silence… Les yeux sombres de Syntica regardent fixement le profil serein de Jésus. Elle le contemple avec intensité, mais sans mot dire. Jésus sent ce regard et se retourne pour le lui rendre.

« Tu n’as rien trouvé à ton goût ?

– Non, Seigneur. Je suis arrivée au point de ne plus savoir concilier le passé avec le présent, les idées d’auparavant avec celles de maintenant. Et il me semble que c’est pour ainsi dire une trahison, car mes anciennes idées m’ont vraiment aidée à avoir celles de maintenant. Ton apôtre parlait bien… Cependant, ma ruine est une heureuse ruine.

– Qu’est-ce qui est en ruine en toi ?

– Toute ma foi dans l’Olympe païen, Seigneur. Et pourtant je suis un peu troublée, parce qu’en lisant votre Ecriture – Jean me l’a donnée et je la lis, car sans connaissance il n’y a pas de possession – j’ai trouvé qu’il y a même dans votre histoire… des commencements, dirai-je, il y a des faits qui ne sont pas très différents des nôtres. Maintenant, je voudrais savoir…

– Je te l’ai dit : demande et je te répondrai.

– Est-ce que tout est erreur dans la religion des dieux ?

– Oui, femme. Il n’y a qu’un seul Dieu, qui ne provient pas d’autres dieux, n’est pas soumis aux passions ni aux besoins humains, un Dieu unique, éternel, parfait, créateur.

– Je le crois. Mais je veux pouvoir répondre aux questions que d’autres païens pourraient me poser, non sous une forme qui n’admet pas la discussion, mais sous une forme qui discute pour convaincre. Moi, par moi-même et grâce à ce Dieu bienfaisant et paternel, je me suis donné des réponses informes, mais suffisantes pour procurer la paix à mon esprit. Mais j’avais la volonté d’arriver à la vérité. D’autres la chercheront avec moins d’anxiété que moi, et pourtant tous devraient désirer cette recherche. Je n’ai pas l’intention de rester inerte auprès des âmes. Ce que j’ai eu, je voudrais le donner. Pour donner, je dois savoir. Permets-moi de savoir et je te servirai au nom de l’amour. Aujourd’hui, en route, pendant que je contemplais les montagnes – et certains aspects me remettaient en mémoire les chaînes de l’Hellade et l’histoire de ma patrie –, le mythe de Prométhée, celui de Deucalion se présentaient à moi par association d’idées… Vous avez, vous aussi, quelque chose de semblable dans le foudroiement de Lucifer, dans l’infusion de la vie dans l’argile et dans le déluge de Noé. Légères concordances, mais qui sont pourtant un souvenir… Maintenant, dis-moi : comment avons-nous pu con­naître ces récits s’il n’y a pas eu de contacts entre vous et nous, si vous les avez écrits certainement avant nous, et nous aussi les avons reçus, et s’il n’y a pas moyen de remonter à leur origine ? Nous nous ignorons maintenant, en beaucoup de choses. Alors comment, il y a des millénaires de cela, avons-nous eu des légendes qui rappellent vos vérités ?

– Femme, tu devrais me le demander moins que d’autres. Tu as lu en effet des œuvres qui pourraient par elles seules répondre à ta question.

286.7

Aujourd’hui, par associations d’idées, tu es passée du souvenir de tes montagnes natales au souvenir des mythes natals et à leur comparaison. N’est-ce pas ? Pourquoi cela ?

– Parce que ma pensée en se réveillant, s’est souvenue.

– Très bien. Pareillement, les âmes de vos anciens qui ont donné une religion à ta terre se sont souvenues. Confusément, comme peut le faire quelqu’un d’imparfait et de séparé de la religion révélée. Mais elles se sont toujours souvenues. Il y a beaucoup de religions dans le monde. Eh bien ! Si nous avions ici toutes leurs particularités sur un tableau net, nous verrions qu’il y a comme un fil d’or perdu dans l’abondante boue, un fil avec des nœuds où sont renfermées des parcelles de la vérité vraie.

– Mais ne venons-nous pas tous d’un même cep ? C’est toi qui le dis. Alors, pourquoi les anciens des anciens venant du cep originel n’ont-ils pas su apporter avec eux la vérité ? N’est-ce pas une injustice de les en avoir privés ?

– Tu as lu la Genèse, n’est-ce pas ? Qu’as-tu trouvé[2] ? Au début, un péché complexe embrassant les trois états de l’homme : ma­tière, pensée et âme. Ensuite un fratricide, puis un double homicide pour contrebalancer l’œuvre d’Hénoch de garder la lumière dans les cœurs, puis la corruption par union sensuelle des fils de Dieu avec les filles du sang. Et malgré la purification du déluge et la restauration de la race à partir d’une semence bonne, – la première argile modelée par Dieu à son image et à forme humaine s’était animée par l’infusion du Feu vital par Dieu, et non à partir de pierres comme le disent vos mythes, ni à partir du vol du feu vital par une œuvre humaine –, voici réapparaître le ferment de l’orgueil, l’outrage à Dieu : “ Atteignons le ciel ” et la malédiction divine : “ Qu’ils soient dispersés et ne se comprennent plus… ” Et comme l’eau qui, en heurtant un rocher, se divise en ruisseaux qui ne se réunissent plus, ce cep unique s’est divisé, l’espèce est devenue des races. L’humanité, mise en fuite par son péché et par punition divine, se disperse et ne se réunit plus, emportant avec elle la confusion que l’orgueil avait créée. Mais les âmes se sou­viennent : quelque chose reste toujours en elles ; les plus vertueuses et les plus sages entrevoient une lu­mière, bien que faible, dans les ténèbres des mythes : la lumière de la vérité. C’est ce souvenir de la Lumière vue avant la vie qui remue en elles des vérités où se trouvent des bribes de la vérité révélée. M’as-tu bien compris ?

– En partie. Mais je vais y réfléchir. La nuit est l’amie de celui qui réfléchit et se recueille en lui-même.

– Alors, allons nous recueillir chacun en nous-mêmes. Allons, mes amis. Paix à vous, femmes. Paix à vous, mes disciples. Paix à toi, Alexandre Misace.

– Adieu, Seigneur. Que Dieu soit avec toi » répond le marchand en s’inclinant…

286.1

Dopo una fertile pianura, seguita per molto spazio oltre il Giordano — ed è bello andare nella stagione serena e dolce che è questa di un morir d’ottobre — e dopo una sosta in un villaggetto accucciato ai piedi delle prime pendici di una catena montuosa non indifferente — e qualche cima può prendere il vero nome di montagna — Gesù si mette in cammino di nuovo, accodandosi ad una lunga carovana ricca di quadrupedi e di uomini bene armati, coi quali ha parlato prima, mentre questi facevano bere le loro bestie alle vasche della piazza. Sono uomini per lo più alti e molto bruni, già di apparenza asiatica. Su un fortissimo mulo è il capo della carovana, armato fino ai denti e con armi che ciondolano dalla sella. Pure è stato molto deferente con Gesù.

Gli apostoli chiedono a Gesù: «Chi è?».

«Un ricco mercante d’Oltre Eufrate. Gli ho chiesto dove andava e fu cortese. Passa per le città dove conto andare. Ciò è provvidenza su questi monti, avendo donne con noi».

«Temi qualche cosa?».

«Come furti nulla, perché non abbiamo nulla. Ma basterebbe la paura per le donne. Un pugno di ladroni non assalta mai una carovana così forte, e potrà esserci utile anche per conoscere i passi migliori e superare quelli difficili. Mi ha chiesto: “Sei il Messia?” e, saputo che sì, ha detto: “Ero nel cortile dei Pagani giorni or sono e ti ho sentito più che visto, perché io sono piccolo. Bene, io proteggerò Te e Tu proteggerai me. Ho un carico di molto valore”».

«È proselite?».

«Non credo. Ma forse è ancora proveniente dal nostro popolo».

La carovana va lenta, come non volesse esaurire le forze dei quadrupedi per fare molta marcia. Perciò è facile seguirla al passo, anzi sovente occorre fermarsi, perché i conducenti fanno passare gli animali carichi uno per uno, tenendoli a cavezza nei punti difficili.

Per quanto sia montagna vera e propria, pure la zona è molto fertile e ben coltivata. Forse i monti sempre più alti, che sono a nord-est, fanno da riparo alle correnti fredde del nord o dannose dell’est, e questo favorisce le colture. La carovana costeggia un torrente che certo va a gettarsi nel Giordano, ben nutrito d’acque che scendono da chissà quale cima. La vista è bella, sempre più bella man mano che si sale, spaziando ad occidente sulla pianura del Giordano e avendo, oltre questa, i vaghi aspetti dei colli e monti della Giudea del nord, mentre a oriente e a settentrione è un continuo variare di panorami, quali aperti su lontananze e ampiezze, quali offrenti allo sguardo un accavallarsi di dossi e di cime verdi, o rocciose, che sembrano ostacolare la via come muro improvviso di labirinto.

286.2

Il sole sta per calare dietro i monti della Giudea, arrossando vivamente cielo e coste, quando il ricco mercante, che si è fermato lasciando passare la carovana, interpella Gesù: «Occorre giungere al paese avanti notte. Ma molti di quelli che sono con Te paiono stanchi. È una tappa dura questa. Falli salire sui muletti di scorta. Sono bestie quiete. E avranno tutta la notte per il loro riposo, né è fatica portare peso di donna».

Gesù acconsente e l’uomo ordina l’alt per far salire sulle bestie le donne. Gesù fa salire a cavallo anche Giovanni di Endor. E quelli a piedi, Gesù compreso, prendono le redini per rendere più sicuro l’andare alle donne. Marziam vuole fare… l’uomo e, benché caschi dalla fatica, non vuole assolutamente andare in sella con nessuno, ma anzi prende anche lui una redine del muletto di Maria Ss., che così è fra Gesù e il bambino, e cammina bravamente.

Il mercante è rimasto vicino a Gesù e dice a Maria: «Vedi, o Donna, quel paese? È Ramot. Là ci fermeremo. Sono conosciuto all’albergo perché faccio questa via due volte all’anno, mentre per altre due faccio la costa, per vendere o acquistare. La mia vita, dura vita. Ma ho dodici figli e piccini. Mi sono sposato tardi. Uno l’ho lasciato di nove giorni. E ora lo troverò coi primi denti».

«Una bella famiglia…», commenta Maria e termina: «Te la conservi il Cielo».

«Non mi lamento infatti del suo aiuto, per quanto io sia molto poco meritevole del suo aiuto».

286.3

Gesù interroga: «Sei almeno proselite?».

«Dovrei esserlo… I miei antenati erano veri israeliti. Poi…

ci siamo acclimatati là…».

«L’anima si acclimata in un’unica aria, quella del Cielo».

«Hai ragione. Ma sai… Il bisavolo sposò una non d’Israele. I figli furono meno fedeli… I figli dei figli si risposarono con nuove donne non d’Israele, dando figli solo rispettosi del nome giudeo; perché, d’origine, siamo giudei. Ora io, nipote dei nipoti… più nulla. A contatto con tutti ho preso di tutti, finendo a essere più di nessuno».

«Non è una buona ragione la tua, e te lo dimostro. Se tu, andando per questa via che conosci buona, trovassi cinque o sei persone le quali ti dicono: “Ma no, va’ di là!”, “Torna indietro”, “Fermati”, “Prendi a oriente”, “Torci a occidente”, tu che diresti?».

«Direi: “So che questa è la via più breve e giusta, e non la lascio”».

«Ancora: tu, dovendo fare un affare e sapendo il metodo da tenere per farlo, daresti retta a quelli che, o per sola spavalderia o per calcolata astuzia, ti consigliassero in modo diverso?».

«No. Seguirei ciò che la mia esperienza mi dice migliore».

«Benissimo. Millenni di fede sono dietro a te, originario d’Israele. Stupido non sei, né incolto. Perché allora assorbi i contatti di tutti in materia di fede, mentre sai respingerli in materia di denaro o di sicurezza stradale? Non ti pare questa cosa disonorevole anche umanamente? Posporre Dio al denaro e alla via…».

«Non pospongo Dio. Ma l’ho perso di vista…».

«Perché hai per dèi il commercio, il denaro, la vita. Ma è ancora Dio che ti permette di averle, queste cose…

286.4

Perché sei entrato allora nel Tempio?».

«Per curiosità. Per la strada, mentre uscivo da una casa dove avevo contrattato merce, ho visto un gruppo d’uomini venerarti e mi è riaffiorato un discorso sentito ad Ascalona da una fabbricatrice di tappeti. Ho chiesto chi eri, perché m’era venuto sospetto che fossi quello di cui parlava la donna. E, saputo che eri Tu, ti sono venuto dietro. Avevo finito i miei affari per quel giorno… Poi ti ho perso di vista. A Gerico ti ho rivisto.

Ma un momento solo. Ora ti ho ritrovato… Ecco…».

«Ecco dunque che Dio unisce e intreccia le nostre strade. Io non ho doni da farti per ringraziarti delle tue bontà. Ma prima di lasciarti spero poterti dare un dono, a meno che tu non mi abbandoni avanti».

«No, che non lo farò! Alessandro Misace non si ritira quando si è offerto! Ecco. Dietro quella svolta ha inizio il paese. Vado avanti. Ci rivedremo nell’albergo», e sprona partendo quasi al galoppo sul bordo della via.

«È un onesto e un infelice, Figlio mio», dice Maria.

«E tu lo vorresti felice secondo Sapienza, non è vero?».

Si sorridono dolcemente nelle prime ombre della sera.

286.5

…Nella lunga sera ottobrina, tutti riuniti in una vasta stanza dell’albergo, i pellegrini attendono di coricarsi. In un angolo, tutto solo, è il mercante intento ai suoi conti. Nell’angolo opposto, Gesù con tutti i suoi. Non vi sono altri ospiti. Dalle stalle vengono ragli, nitriti e belati, il che fa supporre siano presenti nell’albergo altre persone. Ma forse sono già a letto.

Marziam si è addormentato in braccio alla Madonna, dimenticandosi di colpo di essere “un uomo”. Pietro sonnecchia, e non è il solo a farlo. Anche le bisbiglianti donne anziane si sono mezze addormentate e tacciono. Sono ben desti Gesù, Maria, le sorelle di Lazzaro, Sintica, Simone Zelote, Giovanni e Giuda.

Sintica sta frugando nel sacco di Giovanni di Endor come per cercarvi qualche cosa. Ma poi preferisce venire vicino agli altri e ascoltare Giuda d’Alfeo, che parla delle conseguenze dell’esilio di Babilonia[1] terminando: «…e forse quell’uomo è ancora una conseguenza di quello. Ogni esilio è una rovina…». Sintica fa un cenno involontario col capo ma non dice nulla, e Giuda d’Alfeo termina: «Però è strano che con tanta facilità uno si possa spogliare di ciò che è tesoro di secoli per divenire tutto nuovo, specie in queste cose di religione, e di religione quale è la nostra…».

Gesù risponde: «Non ti deve stupire se in seno ad Israele contempli Samaria».

286.6

Un silenzio… Gli occhi scuri di Sintica guardano fisso il profilo sereno di Gesù. Guarda con intensità. Ma non parla. Gesù sente quello sguardo e si volta a guardarla.

«Non hai trovato nulla di tuo gusto?».

«No, Signore. Sono giunta al punto di non poter più conciliare il passato col presente, le idee di prima con quelle di ora. E mi pare quasi una defezione, perché le idee di prima mi hanno proprio aiutato ad avere quelle di ora. Diceva bene il tuo apostolo… Però la mia è una felice rovina».

«Cosa ti si è rovinato?».

«Tutta la fede nell’Olimpo pagano, Signore. E sono però un poco turbata, perché leggendo la vostra Scrittura — me l’ha data Giovanni, e la leggo perché senza conoscenza non vi è possesso — ho trovato che anche nella vostra storia… degli inizi, dirò così, vi sono fatti non molto diversi dai nostri. Ora io vorrei sapere…».

«Ti ho detto: chiedi e Io risponderò».

«È tutto errore nella religione degli dèi?».

«Sì, donna. Non vi è che un Dio, il quale non si genera da altri, non soggiace a ciò che sono le passioni e i bisogni umani, un Dio unico, eterno, perfetto, creatore».

«Io lo credo. Ma voglio potere rispondere, non con una forma che non accetta discussione, ma con una che discute per convincere, alle domande che altri pagani potrebbero rivolgere a me. Io da me stessa, e per virtù di questo Dio benefico e paterno, mi sono data risposte informi ma sufficienti a dar pace al mio spirito. Ma in me c’era la volontà di raggiungere la Verità. Altri saranno meno ansiosi di me di questa. Eppure dovrebbe in tutti aversi questa ricerca. Io non intendo rimanere inerte presso le anime. Ciò che ho avuto vorrei dare. Per dare devo sapere. Dammi di sapere e ti servirò in nome dell’amore. Oggi, per via, mentre osservavo le montagne, e certi aspetti mi riportavano vive alla memoria le catene dell’Ellade e le storie della Patria, per associazione di idee mi si è presentato il mito di Prometeo, quello di Deucalione… Avete voi pure qualcosa di simile nella fulminazione di Lucifero, nell’infusione della vita nell’argilla e nel diluvio di Noè. Concomitanze lievi, ma che pure sono un ricordo… Ora dimmi: come potemmo noi saperle se nessun contatto fu tra noi e voi, se voi le aveste certo prima di noi, e noi le avemmo, né vi è origine di come le avemmo? Ci ignoriamo ora, in tante cose. Come allora, millenni indietro, noi avemmo leggende che ricordano le vostre verità?».

«Donna, tu meno di altri me lo dovresti chiedere. Perché tu hai letto opere che potrebbero da sole rispondere a questo tuo perché.

286.7

Oggi tu, per associazione di idee, dal ricordo dei tuoi monti natii sei passata al ricordo dei miti natii ed a confronti.

Non è vero? Perché ciò?».

«Perché il mio pensiero risvegliato si ricordò».

«Benissimo. Anche le anime degli antichissimi, che hanno dato una religione alla tua terra, si sono ricordate. Confusamente, come può farlo un imperfetto, un separato dalla religione rivelata. Ma si sono sempre ricordate. Nel mondo sono molte religioni. Orbene, se noi avessimo qui, in un quadro chiaro, tutti i particolari di esse, vedremmo che vi è come un filo aureo sperso fra il molto fango, un filo che ha nodi nei quali sono chiusi brandelli della Verità vera».

«Ma non veniamo tutti da un ceppo? Tu lo dici. Allora perché gli antichi degli antichi, venienti dal ceppo originario, non hanno saputo portare con sé la Verità? Non è ingiustizia questo averneli privati?».

«Hai letto la Genesi, non è vero? Che hai trovato[2]? Un peccato complesso al suo inizio, un peccato abbracciante i tre stati dell’uomo: materia, pensiero e spirito. Poi un fratricidio. Poi un duplice omicidio a controbilanciare l’opera di Enoc di tenere luce nei cuori; poi corruzione, unendosi, per libidine di senso, i figli di Dio con le figlie del sangue. E nonostante la purificazione del diluvio e il rifacimento della razza da buon seme — non da sassi come è detto nei vostri miti, così come non da rapimento di fuoco vitale per opera d’uomo, ma per infusione di Fuoco vitale per opera di Dio s’era animata la prima argilla modellata da Dio a sua immagine e a forma d’uomo — ecco di nuovo il fermento superbo, l’oltraggio a Dio: “Tocchiamo il Cielo”, e la maledizione divina: “Siano dispersi e non si comprendano più”… E l’unico ceppo, come acqua che urtando un sasso si disperde in rivoli né più si unisce, ecco che si divise, la razza si separò in razze. L’Umanità, messa in fuga dal suo peccato e dalla punizione divina, ecco spargersi e non più riunirsi, portando seco la confusione che superbia aveva creato. Ma le anime ricordano. Qualcosa resta in loro sempre. E le più virtuose e sapienti intravvedono una luce, seppure debole, nelle tenebre dei miti: la luce della Verità. È questo ricordo della Luce, vista ante vita, quello che agita in loro delle verità in cui sono brandelli della Verità rivelata. Mi hai compreso?».

«In parte. Ma ora ci penserò. La notte è amica di chi pensa e in sé si raccoglie».

«Allora andiamo a raccoglierci ognuno in se stesso. Andiamo, amici. La pace a voi donne, la pace a voi discepoli miei. La pace a te, Alessandro Misace».

«Addio, Signore. Dio sia con Te», risponde il mercante inchinandosi…


Notes

  1. l’exil à Babylone, relaté en 2 R 24-25 et en 2 Ch 36.
  2. Qu’as-tu trouvé, en Gn 3-11 ; 4-8 ; 4-23 ; 6-2.

Note

  1. esilio di Babilonia, di cui si narra in: 2 Re 24-25; 2 Cronache 36.
  2. hai trovato, in: Genesi 3-11.