The Writings of Maria Valtorta

286. A Ramoth avec le marchand Alexandre Misace.

286. In Ramoth with the merchant Alexander Misace.

286.1

il est beau de marcher pendant cette saison sereine et douce qu’est celle d’une fin d’octobre. Après une plaine fertile qui s’étend sur un large espace au-delà du Jourdain, et après un arrêt dans un petit village blotti au pied des premières pentes d’une chaîne de montagnes au relief prononcé – et quelque cime peut prendre le vrai nom de montagne – Jésus se remet en marche. Il se joint à une longue caravane qui compte de nombreux quadrupèdes et des hommes bien armés, avec lesquels il a parlé pendant qu’ils faisaient boire leurs bêtes dans le bassin de la place. Pour la plupart, ce sont des individus de grande taille et très bruns, d’aspect déjà asiatique. Sur un mulet très puissant se trouve le chef de la caravane, armé jusqu’aux dents et avec des armes accrochées à la selle. Cependant, il a été très respectueux avec Jésus.

Les apôtres demandent à Jésus :

« Qui est-ce ?

– Un riche marchand d’au-delà de l’Euphrate. Je lui ai demandé où il allait et il a été courtois. Il passe par les villes où je compte me rendre. C’est une providence sur ces montagnes, alors que nous avons des femmes avec nous.

– Tu crains quelque chose ?

– En fait de vols rien, puisque nous n’avons rien. Mais il suffirait que les femmes aient peur. Une poignée de voleurs n’attaque jamais une caravane aussi forte, et cela pourra nous être utile pour connaître les meilleurs passages et franchir les plus difficiles. Il m’a demandé : “ Es-tu le Messie ? ”, et après en avoir eu confirmation, il a dit : “ J’étais dans la cour des Païens il y a quelques jours, et je t’ai plutôt entendu que vu, parce que je suis petit. C’est bien, je te protégerai et toi, tu me protégeras. J’ai un chargement de grande valeur. ”

– C’est un prosélyte ?

– Je ne pense pas, mais peut-être descend-il encore de notre peuple. »

La caravane avance lentement, comme si on ne voulait pas épuiser les forces des quadrupèdes en les faisant trop marcher. Il est donc facile de la suivre à pied ; il faut même s’arrêter souvent, car les conducteurs font passer les animaux chargés un par un, en les tenant par la bride dans les passages difficiles.

Bien que ce soit la montagne proprement dite, la région est très fertile et bien cultivée. Peut-être les monts de plus en plus hauts qui s’élèvent au nord-est protègent-ils des courants froids du nord, nuisibles de l’est, et cela favorise les cultures. La caravane longe un torrent qui va certainement se jeter dans le Jourdain, et dont les eaux abondantes dévalent de je ne sais quel sommet. La vue est belle, toujours plus belle à mesure que l’on monte, se développant à l’ouest vers la plaine du Jourdain. Au-delà, on voit les gracieux aspects des collines et des montagnes de la Judée du nord, alors qu’à l’orient et au nord c’est un continuel changement de panoramas, les uns s’ouvrant sur de vastes horizons, les autres offrant aux regards un enchevêtrement de hauteurs et de sommets verdoyants ou rocheux qui semble fermer la route comme le mur inattendu d’un labyrinthe.

286.2

Le soleil va descendre derrière les monts de Judée, rougissant vivement le ciel et les côtes, lorsque le riche marchand, qui s’est arrêté pour laisser passer la caravane, interpelle Jésus :

« Il faut arriver au village avant la nuit, mais beaucoup de tes compagnons paraissent fatigués. C’est une dure étape. Fais-les monter sur les mulets de l’escorte. Ce sont des bêtes tran­quilles. Elles auront toute la nuit pour se reposer et ce n’est pas fatiguant de porter une femme. »

Jésus accepte et l’homme ordonne une halte pour faire monter les femmes sur les animaux. Jésus y fait aussi monter Jean d’En-Dor. Ceux qui vont à pied, y compris Jésus, prennent les rênes pour rendre la marche plus sûre pour les femmes. Marziam veut faire… l’homme et, bien qu’il tombe de fatigue, il refuse catégoriquement de monter en selle avec qui que ce soit : au contraire, il prend les rênes du mulet de Marie la très sainte qui se trouve ainsi entre Jésus et l’enfant, qui marche bravement.

Le marchand est resté près de Jésus et il dit à Marie :

« Tu vois, femme, ce village ? C’est Ramoth. Nous nous y arrêterons. Je suis connu de l’hôtelier parce que je fais cette route deux fois par an. A deux autres occasions, je passe par la côte pour vendre et acheter. C’est ma vie, une vie rude. Mais j’ai douze enfants et ils sont petits. Je me suis marié tard. J’ai quitté le dernier qui avait neuf jours. Et je le retrouverai avec ses premières dents.

– Une belle famille… » constate Marie. Et elle poursuit : « Que le Ciel te la conserve !

– Je ne me plains pas de son aide, bien que je la mérite fort peu. »

286.3

Jésus lui demande :

« Tu es au moins prosélyte ?

– Je devrais l’être… mes ancêtres étaient de vrais israélites. Puis… nous nous sommes acclimatés là-bas…

– Il n’y a qu’un air dans lequel l’âme s’acclimate : celui du Ciel.

– Tu as raison. Mais tu sais… Mon bisaïeul a épousé une femme qui n’était pas d’Israël. Leurs enfants ont été moins fidèles… Leurs petits-enfants se sont mariés avec des femmes qui n’appartenaient pas à Israël, en donnant des enfants qui étaient seulement respectueux du nom juif, car nous sommes juifs d’origine. Maintenant moi, petit-fils des petits-fils… plus rien : au contact de tout le monde, j’ai emprunté à tout le monde, jusqu’à ne plus appartenir à personne.

– Tu raisonnes mal et je vais te le prouver. Si, en passant par cette route que tu sais être la bonne, tu trouvais cinq ou six personnes qui te disaient : “ Mais non, va de ce côté ”, “ Reviens en arrière ”, “ Arrête-toi ”, “ Va vers l’est ”, “ Tourne vers l’ouest ”, que dirais-tu ?

– Je dirais : “ Je sais que celle-ci est la plus courte, que c’est la bonne route, et je ne la quitte pas ”.

– Ou encore : si tu devais traiter une affaire et connaissais la bonne manière d’aboutir, écouterais-tu ceux qui, par pure forfanterie ou par quelque calcul rusé, te diraient d’agir autrement ?

– Non. Je suivrais ce que mon expérience m’indique de meilleur.

– Très bien. Toi, qui es originaire d’Israël, tu as derrière toi des millénaires de foi. Tu n’es pas stupide ni inculte. Pourquoi donc absorbes-tu les contacts de tout le monde en matière de foi, alors que tu sais les repousser en matière d’argent ou de sécurité des routes ? Cela ne te semble-t-il pas déshonorant, même humainement parlant ? Faire passer Dieu après l’argent et l’itinéraire…

– Je ne fais pas passer Dieu après, mais je l’ai perdu de vue…

– Car tu prends pour des dieux le commerce, l’argent, la vie. Mais c’est encore Dieu qui te permet d’avoir tout cela…

286.4

Alors pourquoi es-tu entré dans le Temple ?

– Par curiosité. En route, en sortant d’une maison où j’avais négocié des marchandises, j’ai vu un groupe d’hommes qui te vénéraient et il m’est revenu à la mémoire une conversation que j’avais entendue à Ascalon chez une femme qui fabriquait des tapis. J’ai demandé qui tu étais parce que j’avais soupçonné que tu étais celui dont la femme m’avait parlé. Quand j’ai su que c’était le cas, je suis venu derrière toi. J’avais fini mes affaires pour ce jour-là… Puis je t’ai perdu de vue. A Jéricho, je t’ai revu, mais seulement un moment. Aujourd’hui, je t’ai retrouvé… Voilà…

– Voici donc que Dieu unit et entrecroise nos routes. Moi, je n’ai pas de dons à t’offrir pour te remercier de ta bonté. Mais avant de te quitter, j’espère pouvoir te faire un don, à moins que tu ne m’abandonnes auparavant.

– Non, je ne ferai pas cela ! Alexandre Misace ne se retire pas quand il s’est offert ! Voici : derrière ce tournant commence le village. Je vais en avant. Nous nous reverrons à l’hôtellerie. »

Et il éperonne sa monture et part presque au galop sur le bord de la route.

« C’est un homme honnête et malheureux, mon Fils, dit Marie.

– Et tu le voudrais heureux selon la Sagesse, n’est-ce pas ? »

Ils se sourient doucement dans les premières ombres du soir.

286.5

… Dans cette longue soirée d’octobre, les voyageurs, tous réunis dans une vaste pièce de l’hôtellerie, attendent l’heure de se coucher. Dans un coin, tout seul, le marchand est occupé à ses comptes. Dans le coin en face se tient Jésus avec tous les dis­ciples. Il n’y a pas d’autres clients. Des écuries arrivent braiments, hennissements et bêlements. Cela laisse supposer que l’auberge abrite d’autres personnes, mais peut-être sont-elles déjà au lit.

Marziam s’est endormi dans les bras de la Vierge, oubliant du coup qu’il est “ un homme ”. Pierre sommeille et il n’est pas le seul. Même les femmes âgées bavardes sont à moitié endormies et se taisent. Ceux qui sont bien éveillés, ce sont Jésus, Marie, les sœurs de Lazare, Syntica, Simon le Zélote, Jean et Jude.

Syntica est en train de fouiller dans le sac de Jean d’En-Dor comme pour y chercher quelque chose. Mais ensuite elle préfère venir près des autres et écouter Jude, qui parle des conséquences de l’exil à Babylone[1] et achève ainsi :

« … peut-être cet homme en est-il encore une conséquence. Tout exil est une ruine… »

Syntica fait un signe involontaire de la tête, mais elle ne dit rien et Jude termine :

« Pourtant, il est étrange qu’on puisse se dépouiller avec une telle facilité de ce qui fait le trésor de siècles entiers pour devenir entièrement nouveau, surtout en matière de religion, et d’une religion telle que la nôtre… »

Jésus répond :

« Tu ne dois pas t’étonner si tu considères Samarie au sein d’Israël. »

286.6

Un silence… Les yeux sombres de Syntica regardent fixement le profil serein de Jésus. Elle le contemple avec intensité, mais sans mot dire. Jésus sent ce regard et se retourne pour le lui rendre.

« Tu n’as rien trouvé à ton goût ?

– Non, Seigneur. Je suis arrivée au point de ne plus savoir concilier le passé avec le présent, les idées d’auparavant avec celles de maintenant. Et il me semble que c’est pour ainsi dire une trahison, car mes anciennes idées m’ont vraiment aidée à avoir celles de maintenant. Ton apôtre parlait bien… Cependant, ma ruine est une heureuse ruine.

– Qu’est-ce qui est en ruine en toi ?

– Toute ma foi dans l’Olympe païen, Seigneur. Et pourtant je suis un peu troublée, parce qu’en lisant votre Ecriture – Jean me l’a donnée et je la lis, car sans connaissance il n’y a pas de possession – j’ai trouvé qu’il y a même dans votre histoire… des commencements, dirai-je, il y a des faits qui ne sont pas très différents des nôtres. Maintenant, je voudrais savoir…

– Je te l’ai dit : demande et je te répondrai.

– Est-ce que tout est erreur dans la religion des dieux ?

– Oui, femme. Il n’y a qu’un seul Dieu, qui ne provient pas d’autres dieux, n’est pas soumis aux passions ni aux besoins humains, un Dieu unique, éternel, parfait, créateur.

– Je le crois. Mais je veux pouvoir répondre aux questions que d’autres païens pourraient me poser, non sous une forme qui n’admet pas la discussion, mais sous une forme qui discute pour convaincre. Moi, par moi-même et grâce à ce Dieu bienfaisant et paternel, je me suis donné des réponses informes, mais suffisantes pour procurer la paix à mon esprit. Mais j’avais la volonté d’arriver à la vérité. D’autres la chercheront avec moins d’anxiété que moi, et pourtant tous devraient désirer cette recherche. Je n’ai pas l’intention de rester inerte auprès des âmes. Ce que j’ai eu, je voudrais le donner. Pour donner, je dois savoir. Permets-moi de savoir et je te servirai au nom de l’amour. Aujourd’hui, en route, pendant que je contemplais les montagnes – et certains aspects me remettaient en mémoire les chaînes de l’Hellade et l’histoire de ma patrie –, le mythe de Prométhée, celui de Deucalion se présentaient à moi par association d’idées… Vous avez, vous aussi, quelque chose de semblable dans le foudroiement de Lucifer, dans l’infusion de la vie dans l’argile et dans le déluge de Noé. Légères concordances, mais qui sont pourtant un souvenir… Maintenant, dis-moi : comment avons-nous pu con­naître ces récits s’il n’y a pas eu de contacts entre vous et nous, si vous les avez écrits certainement avant nous, et nous aussi les avons reçus, et s’il n’y a pas moyen de remonter à leur origine ? Nous nous ignorons maintenant, en beaucoup de choses. Alors comment, il y a des millénaires de cela, avons-nous eu des légendes qui rappellent vos vérités ?

– Femme, tu devrais me le demander moins que d’autres. Tu as lu en effet des œuvres qui pourraient par elles seules répondre à ta question.

286.7

Aujourd’hui, par associations d’idées, tu es passée du souvenir de tes montagnes natales au souvenir des mythes natals et à leur comparaison. N’est-ce pas ? Pourquoi cela ?

– Parce que ma pensée en se réveillant, s’est souvenue.

– Très bien. Pareillement, les âmes de vos anciens qui ont donné une religion à ta terre se sont souvenues. Confusément, comme peut le faire quelqu’un d’imparfait et de séparé de la religion révélée. Mais elles se sont toujours souvenues. Il y a beaucoup de religions dans le monde. Eh bien ! Si nous avions ici toutes leurs particularités sur un tableau net, nous verrions qu’il y a comme un fil d’or perdu dans l’abondante boue, un fil avec des nœuds où sont renfermées des parcelles de la vérité vraie.

– Mais ne venons-nous pas tous d’un même cep ? C’est toi qui le dis. Alors, pourquoi les anciens des anciens venant du cep originel n’ont-ils pas su apporter avec eux la vérité ? N’est-ce pas une injustice de les en avoir privés ?

– Tu as lu la Genèse, n’est-ce pas ? Qu’as-tu trouvé[2] ? Au début, un péché complexe embrassant les trois états de l’homme : ma­tière, pensée et âme. Ensuite un fratricide, puis un double homicide pour contrebalancer l’œuvre d’Hénoch de garder la lumière dans les cœurs, puis la corruption par union sensuelle des fils de Dieu avec les filles du sang. Et malgré la purification du déluge et la restauration de la race à partir d’une semence bonne, – la première argile modelée par Dieu à son image et à forme humaine s’était animée par l’infusion du Feu vital par Dieu, et non à partir de pierres comme le disent vos mythes, ni à partir du vol du feu vital par une œuvre humaine –, voici réapparaître le ferment de l’orgueil, l’outrage à Dieu : “ Atteignons le ciel ” et la malédiction divine : “ Qu’ils soient dispersés et ne se comprennent plus… ” Et comme l’eau qui, en heurtant un rocher, se divise en ruisseaux qui ne se réunissent plus, ce cep unique s’est divisé, l’espèce est devenue des races. L’humanité, mise en fuite par son péché et par punition divine, se disperse et ne se réunit plus, emportant avec elle la confusion que l’orgueil avait créée. Mais les âmes se sou­viennent : quelque chose reste toujours en elles ; les plus vertueuses et les plus sages entrevoient une lu­mière, bien que faible, dans les ténèbres des mythes : la lumière de la vérité. C’est ce souvenir de la Lumière vue avant la vie qui remue en elles des vérités où se trouvent des bribes de la vérité révélée. M’as-tu bien compris ?

– En partie. Mais je vais y réfléchir. La nuit est l’amie de celui qui réfléchit et se recueille en lui-même.

– Alors, allons nous recueillir chacun en nous-mêmes. Allons, mes amis. Paix à vous, femmes. Paix à vous, mes disciples. Paix à toi, Alexandre Misace.

– Adieu, Seigneur. Que Dieu soit avec toi » répond le marchand en s’inclinant…

286.1

After walking a long way across a fertile plain on the other side of the Jordan – and it is pleasant to walk in the serene mild season as it is now the end of October – and after resting in a little village lying at the foot of the lower slopes of a rather bulky chain of mountains, some summits of which can really be called mountains – Jesus sets out once again, following a long caravan of many quadrupeds and well armed men, to whom He had previously spoken while they were watering their animals at the fountains in the square. They are mostly tall swarthy men, with typical Asian features. The head of the caravan is riding a very strong mule and is armed to the teeth and weapons are hanging from his saddle. And yet he had great respect for Jesus.

The apostles ask Jesus: «Who is he?»

«A rich merchant from the other side of the Euphrates. I asked him where he was going and he replied politely. He will be passing through the towns where I intend to go. Which is providential in these mountains, when we have the women with us.»

«Are You afraid of something?»

«I am not afraid of being robbed, as we possess nothing. But it would be enough to frighten the women. A handful of robbers will never attack so strong a caravan, which will be most useful to us because we shall also find out the best passes and shall be able to cross over the difficult ones. He asked Me: “Are You the Messiah?” and when he heard that I was, he said: “I was in the Courtyard of the Heathens some days ago and I heard You more than I could see You, because I am a small man. Well, I will protect You and You will protect me. I have a very valuable load”.»

«Is he a proselyte?»

«I do not think so. But perhaps he is of our extraction.»

The caravan proceeds slowly, as if they did not want to exhaust the strength of the quadrupeds by going too far. It is therefore easy to follow them and sometimes it is necessary to stop as the drivers let the laden animals pass one by one holding them by their halters in the most difficult spots.

Although a true and proper mountainous area, it is fertile and well cultivated. Perhaps the high mountains to the north act as a protection against the cold northern winds or the harmful eastern ones and that helps cultivation. The caravan marches along a stream that flows into the Jordan and is rich in water which comes down from I wonder which top. The view is beautiful and becomes more and more beautiful as one climbs up, stretching westwards across the plain of the Jordan and reaching, beyond it, the graceful hills and mountains of northern Judaea, while to the east and north the view changes continuously, stretching far out and wide, or showing overlapping rounded hills and green or rocky mountain tops, which seem to obstruct the road like the sudden wall of a labyrinth.

286.2

The sun is about to set behind the mountains of Judaea, colouring sky and slopes with a deep red, when the rich merchant, who has stopped to let the caravan pass, says to Jesus: «We must reach the village before night. But many of Your people look tired. This is a long hard leg. Let them mount the spare mules. They are quiet animals. In any case they will be resting all night and the weight of a woman is no burden to them.»

Jesus agrees and the man orders the caravan to stop to let the women mount the mules. Jesus makes John of Endor get on horseback as well. And those on foot, including Jesus, hold the reins to make the women feel safer. Marjiam wants to be… a man, and although he is exhausted, he refuses to go on horseback with anyone and he takes one of the reins of the Blessed Virgin’s mule, Who is thus between Jesus and the boy, and he walks bravely.

The merchant has remained near Jesus and he says to Mary: «See that village, Donna? That is Ramoth. We will stop there. I am well known at the hotel because I come this way twice a year, and I go along the coast, also twice a year, to purchase and sell. My life is a hard one. But I have twelve children and they are all young. I got married late. The last one was nine days old when I left him. And he will have cut his first teeth when I see him.»

«A lovely family…» comments Mary, and She adds: «May Heaven preserve it for you.»

«As a matter of fact I cannot complain of its help although I do not really deserve it.»

286.3

Jesus asks him: «Are you at least a proselyte?»

«I should be… My ancestors were true Israelites. Then… we became acclimatised there…»

«A soul becomes acclimatised in one atmosphere only: in Heaven’s.»

«You are right. But You know… My great grandfather married a woman who was not an Israelite. His children became less faithful… The sons of his children once again married women who were not from Israel and their children were respectful only of their Jewish names; because we are of Jewish extraction. Now I, a grandson of grandsons… I am nothing. Being in touch with everybody I have taken after everyone, with the result that I belong to no one.»

«That is not a good reason and I can prove it to you. If going along this road, which you know to be a good one, you should meet five or six people who said to you: “No, don’t go this way!”, “Go back”, “Stop”, “Go eastwards”, “Turn westwards”, what would you do?»

«I would say: “I know that this is the right road and the shortest, and I am not going to leave it”.»

«Likewise: if you are negotiating some business and you know the best way to do it, would you listen to those who either through boasts or interested cunning advised you to act differently?»

«No. I would follow the method which my experience tells me is the best.»

«Very well. Millennia of faith are behind you, a descendant of Israel. You are neither stupid nor uneducated. So why are you influenced by contacts with everybody in matters of faith, whereas you reject them when money or road safety is concerned? Do you not think it is also dishonourable from a human point of view? To place God after money and the road…»

«I do not postpone God. But I have lost sight of Him…»

«Because business, money, your life are your gods. But it is still God Who allows you to have such things…

286.4

Then, why did you go to the Temple?»

«Out of curiosity. Coming out of a house where I had negotiated some goods, I saw a group of men pay their respects to You and I remembered the words I had heard at Ashkelon from a woman who made carpets. I asked who You were, as I suspected You might be the One of Whom the woman had spoken to me. And when I found out that it was You, I followed You. I had done my business for that day… Then I lost sight of You. I saw You once again at Jericho. But only for a moment. Now I have found You again… That’s it…»

«So God has joined and interlaced our ways. I have no gifts to offer you to thank you for your kindness. But before leaving you I hope to be able to give you a present, unless you leave Me beforehand…»

«No, I will not. Alexander Misace does not take back what he offers! Here we are. The village begins after that turn. I will go ahead. We will meet at the hotel» and he spurs his mule leaving almost at a gallop on the edge of the road.

«He is an honest unhappy man, Son» says Mary.

«And You would like him to be happy according to Wisdom, would You not?»

And they smile kindly at each other in the first shadows of the evening.

286.5

…The pilgrims are all gathered in a large hall of the hotel, waiting to go to bed, in the long October evening. The merchant is in a corner, all by himself, intent on his accounts. Jesus, with His group, is in the opposite corner. There are no other guests. Braying, neighing and bleating can be heard coming from the stables, which makes one assume that there are other people in the hotel. Perhaps they are already in bed.

Marjiam has fallen asleep in Our Lady’s arms, forgetting all of a sudden that he was «a man». Peter is dozing and is not the only one. Also the whispering elderly women are now half asleep and are silent. Jesus, Mary, Lazarus’ sisters, Syntyche, Simon Zealot, John and Judas are well awake.

Syntyche is searching John of Endor’s bag looking for something. But she prefers to come close to the others and listen to Judas of Alphaeus who is speaking of the consequences of the exile in Babylon[1] and concludes: «…and perhaps that man is still a consequence of that. Every exile is a ruin…». Syntyche nods unintentionally but does not say anything and Judas of Alphaeus concludes: «However, it is strange that one can so easily divest oneself of what has been a treasure for centuries to become entirely new, particularly in matters of religion, and a religion like ours…»

Jesus replies: «You must not be surprised if you see Samaria in the lap of Israel.»

286.6

There is silence… Syntyche’s dark eyes are staring at Jesus’ serene profile. She looks at Him intensely, but does not speak. Jesus perceives her glance and turns around to look at her.

«Have you not found anything to your liking?»

«No, my Lord. I have got to the point that I am no longer able to reconcile the past with the present, former ideas with present ones. And I feel as if it were a defection because my former ideas have helped me to have the present ones. Your apostle spoke the truth… But my ruin is a happy one.»

«What is your ruin?»

«All my faith in heathen Olympus, my Lord. But I am somewhat upset because on reading Your Scriptures – John gave me them and I read them because there is no possession without knowledge – I found out that also in your history… of the beginning, shall I say, there are events which do not differ much from ours. Now, I would like to know…»

«I have already told you: ask Me and I will answer your questions.»

«Is everything wrong in the religion of the gods?»

«Yes, woman. There is but one God, Who does not originate from anybody else and is not subject to human passions and needs: one Only, Eternal, Perfect God, the Creator of everything.»

«I believe that. But I want to be able to reply to the questions which other heathens may ask me not in a way which does not admit any discussion, but by discussing in order to be convinced. I, by myself and by virtue of beneficent paternal God, have given myself informal answers, but sufficient to give peace to my spirit. But I was willing to reach the Truth. Others may be less anxious than I am in that respect. But everybody ought to be keen in such research. I do not want to be inactive with souls. I would like to give what I have received. But I must know in order to be able to give. Grant me knowledge and I will serve You in the name of love. Today, on the way, while I was watching the mountains and certain views reminded me of the chains of Hellas and of the history of my Country, by association of ideas the myths of Prometheus and Deucalion crossed my mind… You have something similar in the fulmination of Lucifer, in the infusion of life into clay, in the Flood of Noah. Light concomitances, yet they are a remembrance… Now tell me: how could we be aware of them if there was no contact between you and us, if you certainly had them before we did, and although we had them, we do not know how we got them? We still ignore one another, in many things. So how could we, thousands of years ago, have legends which are remembrances of Your Truth?»

«Woman, you ought to be the last one to ask Me. Because you have read works which could answer your questions by themselves.

286.7

Today, by association of ideas, from the remembrance of your native mountains you have gone on to the remembrance of native myths and comparisons. Is that right. Why?»

«Because my awakened thought remembered.»

«Very well. Also the souls of the very ancient people who gave a religion to your land remembered. Vaguely, as someone who is imperfect can do, someone separated from the revealed religion. But they have always remembered. There are many religions in the world. Now, if we had all their details here in a clear picture, we would see that there is something like a golden thread, lost in much mud, a thread with many knots in which fragments of the real Truth are enclosed.»

«But do we not all come of the same stock? You say so. So why were the very ancient ones, who came of the original stock, why were they not able to bring the Truth with them? Was it not unjust to deprive them of it?»

«You have read Genesis, have you not? What have you found[2]? A complex sin at the beginning, a sin embracing the three states of man: matter, thought, spirit. Then a fratricide. Then a double homicide to counterbalance the work of Enoch to keep light in hearts, then corruption, when the sons of God, out of lust, married the daughters of man. And notwithstanding the purification by the Deluge and the remaking of the race from good seed, not from stones as your myths state, likewise the first clay modelled by God to His image and in the shape of man was endowed with life through the work of God by the infusion of vital Fire, and not through the theft of vital fire by man, there was a fresh outburst of pride, an insult to God: “Let us touch the sky” and the divine curse: “Let them be scattered and let them no longer understand one another”… And the only stock became divided, like water clashing against a rock is divided into little streams and does not come together again, and the race was divided into races. Mankind driven away by its sin and by divine punishment was scattered and never came together again, carrying with itself the confusion created by pride. But souls remember. There is always something left within them. And the most virtuous and wise see a light indistinctly, a feeble light in the dark of myths: the light of Truth. It is the remembrance of the Light seen before life, which inspires them with some truth, in which are fragments of the revealed Truth. Is that clear to you?»

«Only partially. But I will think about it. Night is the friend of those who meditate and collect their thoughts.»

«Well, let us go and collect our thoughts. Let us go, My friends. Peace to you, women. Peace to you, My disciples. Peace to you, Alexander Misace.»

«Goodbye, my Lord. God be with You» replies the merchant bowing…


Notes

  1. l’exil à Babylone, relaté en 2 R 24-25 et en 2 Ch 36.
  2. Qu’as-tu trouvé, en Gn 3-11 ; 4-8 ; 4-23 ; 6-2.

Notes

  1. exile in Babylon, narrated in: 2 King 24-25; 2 Chronicles 36.
  2. you found, in: Genesis 3:11.