Os Escritos de Maria Valtorta

286. A Ramoth avec le marchand Alexandre Misace.

286. Em Ramot, com o mercador Alexandre Misaque.

286.1

il est beau de marcher pendant cette saison sereine et douce qu’est celle d’une fin d’octobre. Après une plaine fertile qui s’étend sur un large espace au-delà du Jourdain, et après un arrêt dans un petit village blotti au pied des premières pentes d’une chaîne de montagnes au relief prononcé – et quelque cime peut prendre le vrai nom de montagne – Jésus se remet en marche. Il se joint à une longue caravane qui compte de nombreux quadrupèdes et des hommes bien armés, avec lesquels il a parlé pendant qu’ils faisaient boire leurs bêtes dans le bassin de la place. Pour la plupart, ce sont des individus de grande taille et très bruns, d’aspect déjà asiatique. Sur un mulet très puissant se trouve le chef de la caravane, armé jusqu’aux dents et avec des armes accrochées à la selle. Cependant, il a été très respectueux avec Jésus.

Les apôtres demandent à Jésus :

« Qui est-ce ?

– Un riche marchand d’au-delà de l’Euphrate. Je lui ai demandé où il allait et il a été courtois. Il passe par les villes où je compte me rendre. C’est une providence sur ces montagnes, alors que nous avons des femmes avec nous.

– Tu crains quelque chose ?

– En fait de vols rien, puisque nous n’avons rien. Mais il suffirait que les femmes aient peur. Une poignée de voleurs n’attaque jamais une caravane aussi forte, et cela pourra nous être utile pour connaître les meilleurs passages et franchir les plus difficiles. Il m’a demandé : “ Es-tu le Messie ? ”, et après en avoir eu confirmation, il a dit : “ J’étais dans la cour des Païens il y a quelques jours, et je t’ai plutôt entendu que vu, parce que je suis petit. C’est bien, je te protégerai et toi, tu me protégeras. J’ai un chargement de grande valeur. ”

– C’est un prosélyte ?

– Je ne pense pas, mais peut-être descend-il encore de notre peuple. »

La caravane avance lentement, comme si on ne voulait pas épuiser les forces des quadrupèdes en les faisant trop marcher. Il est donc facile de la suivre à pied ; il faut même s’arrêter souvent, car les conducteurs font passer les animaux chargés un par un, en les tenant par la bride dans les passages difficiles.

Bien que ce soit la montagne proprement dite, la région est très fertile et bien cultivée. Peut-être les monts de plus en plus hauts qui s’élèvent au nord-est protègent-ils des courants froids du nord, nuisibles de l’est, et cela favorise les cultures. La caravane longe un torrent qui va certainement se jeter dans le Jourdain, et dont les eaux abondantes dévalent de je ne sais quel sommet. La vue est belle, toujours plus belle à mesure que l’on monte, se développant à l’ouest vers la plaine du Jourdain. Au-delà, on voit les gracieux aspects des collines et des montagnes de la Judée du nord, alors qu’à l’orient et au nord c’est un continuel changement de panoramas, les uns s’ouvrant sur de vastes horizons, les autres offrant aux regards un enchevêtrement de hauteurs et de sommets verdoyants ou rocheux qui semble fermer la route comme le mur inattendu d’un labyrinthe.

286.2

Le soleil va descendre derrière les monts de Judée, rougissant vivement le ciel et les côtes, lorsque le riche marchand, qui s’est arrêté pour laisser passer la caravane, interpelle Jésus :

« Il faut arriver au village avant la nuit, mais beaucoup de tes compagnons paraissent fatigués. C’est une dure étape. Fais-les monter sur les mulets de l’escorte. Ce sont des bêtes tran­quilles. Elles auront toute la nuit pour se reposer et ce n’est pas fatiguant de porter une femme. »

Jésus accepte et l’homme ordonne une halte pour faire monter les femmes sur les animaux. Jésus y fait aussi monter Jean d’En-Dor. Ceux qui vont à pied, y compris Jésus, prennent les rênes pour rendre la marche plus sûre pour les femmes. Marziam veut faire… l’homme et, bien qu’il tombe de fatigue, il refuse catégoriquement de monter en selle avec qui que ce soit : au contraire, il prend les rênes du mulet de Marie la très sainte qui se trouve ainsi entre Jésus et l’enfant, qui marche bravement.

Le marchand est resté près de Jésus et il dit à Marie :

« Tu vois, femme, ce village ? C’est Ramoth. Nous nous y arrêterons. Je suis connu de l’hôtelier parce que je fais cette route deux fois par an. A deux autres occasions, je passe par la côte pour vendre et acheter. C’est ma vie, une vie rude. Mais j’ai douze enfants et ils sont petits. Je me suis marié tard. J’ai quitté le dernier qui avait neuf jours. Et je le retrouverai avec ses premières dents.

– Une belle famille… » constate Marie. Et elle poursuit : « Que le Ciel te la conserve !

– Je ne me plains pas de son aide, bien que je la mérite fort peu. »

286.3

Jésus lui demande :

« Tu es au moins prosélyte ?

– Je devrais l’être… mes ancêtres étaient de vrais israélites. Puis… nous nous sommes acclimatés là-bas…

– Il n’y a qu’un air dans lequel l’âme s’acclimate : celui du Ciel.

– Tu as raison. Mais tu sais… Mon bisaïeul a épousé une femme qui n’était pas d’Israël. Leurs enfants ont été moins fidèles… Leurs petits-enfants se sont mariés avec des femmes qui n’appartenaient pas à Israël, en donnant des enfants qui étaient seulement respectueux du nom juif, car nous sommes juifs d’origine. Maintenant moi, petit-fils des petits-fils… plus rien : au contact de tout le monde, j’ai emprunté à tout le monde, jusqu’à ne plus appartenir à personne.

– Tu raisonnes mal et je vais te le prouver. Si, en passant par cette route que tu sais être la bonne, tu trouvais cinq ou six personnes qui te disaient : “ Mais non, va de ce côté ”, “ Reviens en arrière ”, “ Arrête-toi ”, “ Va vers l’est ”, “ Tourne vers l’ouest ”, que dirais-tu ?

– Je dirais : “ Je sais que celle-ci est la plus courte, que c’est la bonne route, et je ne la quitte pas ”.

– Ou encore : si tu devais traiter une affaire et connaissais la bonne manière d’aboutir, écouterais-tu ceux qui, par pure forfanterie ou par quelque calcul rusé, te diraient d’agir autrement ?

– Non. Je suivrais ce que mon expérience m’indique de meilleur.

– Très bien. Toi, qui es originaire d’Israël, tu as derrière toi des millénaires de foi. Tu n’es pas stupide ni inculte. Pourquoi donc absorbes-tu les contacts de tout le monde en matière de foi, alors que tu sais les repousser en matière d’argent ou de sécurité des routes ? Cela ne te semble-t-il pas déshonorant, même humainement parlant ? Faire passer Dieu après l’argent et l’itinéraire…

– Je ne fais pas passer Dieu après, mais je l’ai perdu de vue…

– Car tu prends pour des dieux le commerce, l’argent, la vie. Mais c’est encore Dieu qui te permet d’avoir tout cela…

286.4

Alors pourquoi es-tu entré dans le Temple ?

– Par curiosité. En route, en sortant d’une maison où j’avais négocié des marchandises, j’ai vu un groupe d’hommes qui te vénéraient et il m’est revenu à la mémoire une conversation que j’avais entendue à Ascalon chez une femme qui fabriquait des tapis. J’ai demandé qui tu étais parce que j’avais soupçonné que tu étais celui dont la femme m’avait parlé. Quand j’ai su que c’était le cas, je suis venu derrière toi. J’avais fini mes affaires pour ce jour-là… Puis je t’ai perdu de vue. A Jéricho, je t’ai revu, mais seulement un moment. Aujourd’hui, je t’ai retrouvé… Voilà…

– Voici donc que Dieu unit et entrecroise nos routes. Moi, je n’ai pas de dons à t’offrir pour te remercier de ta bonté. Mais avant de te quitter, j’espère pouvoir te faire un don, à moins que tu ne m’abandonnes auparavant.

– Non, je ne ferai pas cela ! Alexandre Misace ne se retire pas quand il s’est offert ! Voici : derrière ce tournant commence le village. Je vais en avant. Nous nous reverrons à l’hôtellerie. »

Et il éperonne sa monture et part presque au galop sur le bord de la route.

« C’est un homme honnête et malheureux, mon Fils, dit Marie.

– Et tu le voudrais heureux selon la Sagesse, n’est-ce pas ? »

Ils se sourient doucement dans les premières ombres du soir.

286.5

… Dans cette longue soirée d’octobre, les voyageurs, tous réunis dans une vaste pièce de l’hôtellerie, attendent l’heure de se coucher. Dans un coin, tout seul, le marchand est occupé à ses comptes. Dans le coin en face se tient Jésus avec tous les dis­ciples. Il n’y a pas d’autres clients. Des écuries arrivent braiments, hennissements et bêlements. Cela laisse supposer que l’auberge abrite d’autres personnes, mais peut-être sont-elles déjà au lit.

Marziam s’est endormi dans les bras de la Vierge, oubliant du coup qu’il est “ un homme ”. Pierre sommeille et il n’est pas le seul. Même les femmes âgées bavardes sont à moitié endormies et se taisent. Ceux qui sont bien éveillés, ce sont Jésus, Marie, les sœurs de Lazare, Syntica, Simon le Zélote, Jean et Jude.

Syntica est en train de fouiller dans le sac de Jean d’En-Dor comme pour y chercher quelque chose. Mais ensuite elle préfère venir près des autres et écouter Jude, qui parle des conséquences de l’exil à Babylone[1] et achève ainsi :

« … peut-être cet homme en est-il encore une conséquence. Tout exil est une ruine… »

Syntica fait un signe involontaire de la tête, mais elle ne dit rien et Jude termine :

« Pourtant, il est étrange qu’on puisse se dépouiller avec une telle facilité de ce qui fait le trésor de siècles entiers pour devenir entièrement nouveau, surtout en matière de religion, et d’une religion telle que la nôtre… »

Jésus répond :

« Tu ne dois pas t’étonner si tu considères Samarie au sein d’Israël. »

286.6

Un silence… Les yeux sombres de Syntica regardent fixement le profil serein de Jésus. Elle le contemple avec intensité, mais sans mot dire. Jésus sent ce regard et se retourne pour le lui rendre.

« Tu n’as rien trouvé à ton goût ?

– Non, Seigneur. Je suis arrivée au point de ne plus savoir concilier le passé avec le présent, les idées d’auparavant avec celles de maintenant. Et il me semble que c’est pour ainsi dire une trahison, car mes anciennes idées m’ont vraiment aidée à avoir celles de maintenant. Ton apôtre parlait bien… Cependant, ma ruine est une heureuse ruine.

– Qu’est-ce qui est en ruine en toi ?

– Toute ma foi dans l’Olympe païen, Seigneur. Et pourtant je suis un peu troublée, parce qu’en lisant votre Ecriture – Jean me l’a donnée et je la lis, car sans connaissance il n’y a pas de possession – j’ai trouvé qu’il y a même dans votre histoire… des commencements, dirai-je, il y a des faits qui ne sont pas très différents des nôtres. Maintenant, je voudrais savoir…

– Je te l’ai dit : demande et je te répondrai.

– Est-ce que tout est erreur dans la religion des dieux ?

– Oui, femme. Il n’y a qu’un seul Dieu, qui ne provient pas d’autres dieux, n’est pas soumis aux passions ni aux besoins humains, un Dieu unique, éternel, parfait, créateur.

– Je le crois. Mais je veux pouvoir répondre aux questions que d’autres païens pourraient me poser, non sous une forme qui n’admet pas la discussion, mais sous une forme qui discute pour convaincre. Moi, par moi-même et grâce à ce Dieu bienfaisant et paternel, je me suis donné des réponses informes, mais suffisantes pour procurer la paix à mon esprit. Mais j’avais la volonté d’arriver à la vérité. D’autres la chercheront avec moins d’anxiété que moi, et pourtant tous devraient désirer cette recherche. Je n’ai pas l’intention de rester inerte auprès des âmes. Ce que j’ai eu, je voudrais le donner. Pour donner, je dois savoir. Permets-moi de savoir et je te servirai au nom de l’amour. Aujourd’hui, en route, pendant que je contemplais les montagnes – et certains aspects me remettaient en mémoire les chaînes de l’Hellade et l’histoire de ma patrie –, le mythe de Prométhée, celui de Deucalion se présentaient à moi par association d’idées… Vous avez, vous aussi, quelque chose de semblable dans le foudroiement de Lucifer, dans l’infusion de la vie dans l’argile et dans le déluge de Noé. Légères concordances, mais qui sont pourtant un souvenir… Maintenant, dis-moi : comment avons-nous pu con­naître ces récits s’il n’y a pas eu de contacts entre vous et nous, si vous les avez écrits certainement avant nous, et nous aussi les avons reçus, et s’il n’y a pas moyen de remonter à leur origine ? Nous nous ignorons maintenant, en beaucoup de choses. Alors comment, il y a des millénaires de cela, avons-nous eu des légendes qui rappellent vos vérités ?

– Femme, tu devrais me le demander moins que d’autres. Tu as lu en effet des œuvres qui pourraient par elles seules répondre à ta question.

286.7

Aujourd’hui, par associations d’idées, tu es passée du souvenir de tes montagnes natales au souvenir des mythes natals et à leur comparaison. N’est-ce pas ? Pourquoi cela ?

– Parce que ma pensée en se réveillant, s’est souvenue.

– Très bien. Pareillement, les âmes de vos anciens qui ont donné une religion à ta terre se sont souvenues. Confusément, comme peut le faire quelqu’un d’imparfait et de séparé de la religion révélée. Mais elles se sont toujours souvenues. Il y a beaucoup de religions dans le monde. Eh bien ! Si nous avions ici toutes leurs particularités sur un tableau net, nous verrions qu’il y a comme un fil d’or perdu dans l’abondante boue, un fil avec des nœuds où sont renfermées des parcelles de la vérité vraie.

– Mais ne venons-nous pas tous d’un même cep ? C’est toi qui le dis. Alors, pourquoi les anciens des anciens venant du cep originel n’ont-ils pas su apporter avec eux la vérité ? N’est-ce pas une injustice de les en avoir privés ?

– Tu as lu la Genèse, n’est-ce pas ? Qu’as-tu trouvé[2] ? Au début, un péché complexe embrassant les trois états de l’homme : ma­tière, pensée et âme. Ensuite un fratricide, puis un double homicide pour contrebalancer l’œuvre d’Hénoch de garder la lumière dans les cœurs, puis la corruption par union sensuelle des fils de Dieu avec les filles du sang. Et malgré la purification du déluge et la restauration de la race à partir d’une semence bonne, – la première argile modelée par Dieu à son image et à forme humaine s’était animée par l’infusion du Feu vital par Dieu, et non à partir de pierres comme le disent vos mythes, ni à partir du vol du feu vital par une œuvre humaine –, voici réapparaître le ferment de l’orgueil, l’outrage à Dieu : “ Atteignons le ciel ” et la malédiction divine : “ Qu’ils soient dispersés et ne se comprennent plus… ” Et comme l’eau qui, en heurtant un rocher, se divise en ruisseaux qui ne se réunissent plus, ce cep unique s’est divisé, l’espèce est devenue des races. L’humanité, mise en fuite par son péché et par punition divine, se disperse et ne se réunit plus, emportant avec elle la confusion que l’orgueil avait créée. Mais les âmes se sou­viennent : quelque chose reste toujours en elles ; les plus vertueuses et les plus sages entrevoient une lu­mière, bien que faible, dans les ténèbres des mythes : la lumière de la vérité. C’est ce souvenir de la Lumière vue avant la vie qui remue en elles des vérités où se trouvent des bribes de la vérité révélée. M’as-tu bien compris ?

– En partie. Mais je vais y réfléchir. La nuit est l’amie de celui qui réfléchit et se recueille en lui-même.

– Alors, allons nous recueillir chacun en nous-mêmes. Allons, mes amis. Paix à vous, femmes. Paix à vous, mes disciples. Paix à toi, Alexandre Misace.

– Adieu, Seigneur. Que Dieu soit avec toi » répond le marchand en s’inclinant…

286.1

Tendo deixado para trás uma fértil planície, e continuando por uma boa distância de terreno do outro lado do Jordão, é agradável ir andando, numa estação serena e deliciosa, como é a deste fim de outubro e, depois de uma parada em uma vilazinha, encolhida aos pés das primeiras encostas de uma cadeia de montanhas não muito pequena, — pois qualquer um dos cumes já pode ser considerado uma verdadeira montanha — Jesus se põe a caminho de novo, indo postar-se atrás de uma caravana, composta de muitos animais e de homens armados, com os quais Ele esteve conversando antes, enquanto eles estavam levando os animais a beber nos tanques da praça.

São homens quase todos altos e bem morenos, de aparência asiática. Montado em um burro muito forte, está o chefe da caravana, armado até os dentes, e com outras armas que estão pendentes da sela. Mas com Jesus ele tem sido muito respeitoso.

Os apóstolos perguntam a Jesus:

– Quem é ele?

– É um rico mercador do Além-Eufrates. Eu lhe perguntei para onde ia, e ele foi cortês. Ele passa pelas cidades por onde Eu quero ir. Isto é providencial nestes montes, pois levamos mulheres conosco.

– Temes alguma coisa?

– Que furtem de nós, não, porque nada temos. Mas, seria preocupante, se assustassem as mulheres. Um pequeno número de ladrões nunca assalta uma caravana forte como esta, que poderá também ser-nos útil, para conhecermos os melhores lugares de passagem, e como passar pelos lugares difíceis. Ele me perguntou: “És Tu o Messias?”, e, tendo ficado sabendo que sim, ele disse: “Eu estava no Pátio dos Pagãos, há dias, e te ouvi, mais do que vi, pois eu sou de baixa estatura. Bem, eu protegerei a Ti, e Tu me protegerás. Eu vou levando uma carga de grande valor.”

– É prosélito?

– Acho que não. Mas talvez ainda seja descendente do nosso povo.

A caravana vai indo devagar, como se não quisesse esgotar as forças dos quadrúpedes, e querendo adiantar bastante a viagem. Por isso, é fácil acompanhá-la a passo, e até muitas vezes é preciso fazer alguma parada, porque os condutores fazem que os animais carregados vão passando, um por um, segurando-os pelo cabresto, nos pontos difíceis.

Por mais que se trate de uma montanha, a terra é muito fértil e bem cultivada. Talvez os montes, cada vez mais altos, que vão aparecendo a nordeste, sirvam de abrigo contra as frentes frias do norte ou contra as insalubres do leste, e isso é muito bom para as culturas. A caravana vai beirando uma torrente, que certamente vai lançar-se no Jordão, levando-lhe uma boa quantidade de águas, que descem de alguns daqueles cumes. A vista que se tem é bela, sempre mais bela, à medida que se vai subindo e, então, vai-se espraiando para o lado do oeste sobre a planície do Jordão, tendo, além desta, os encantadores aspectos das colinas e montes da Judeia do norte, enquanto, a leste e ao norte, há uma contínua mudança de panoramas, abertos para grandes distâncias e amplidões, outros oferecendo aos olhares um amontoado de dorsos e de cumes verdes, ou rochosos, que parecem surgir de repente, como obstáculos à passagem pelo caminho, surgindo à frente como a parede de um labirinto.

286.2

O sol está para sumir atrás dos montes da Judeia, avermelhando vivamente o céu e o litoral, enquanto o rico mercador, que parou, deixando passar a caravana para a frente, dirige a palavra a Jesus:

– É preciso chegar ao povoado antes da noite. Mas muitos dos que estão contigo parecem cansados. Esta é uma marcha dura. Faze-os montar nos burrinhos da escolta. São animais mansos. Eles terão a noite toda para descansar, e para eles não é grande o peso de uma mulher.

Jesus concorda, e o homem manda parar, a fim de fazer que as mulheres montem nos animais. Jesus faz montar também João de Endor. E os que vão a pé, inclusive Jesus, pegam as rédeas para tornar mais segura a marcha para as mulheres. Marziam quer… bancar o homem, e, ainda que esteja caindo de cansaço, não quer, de modo nenhum, ir para a sela com ninguém, mas pega, ele também, as rédeas do burrinho da Virgem Maria, que fica assim entre Jesus e o menino, que vai caminhando muito bem.

O mercador ficou perto de Jesus, e diz a Maria:

– Estás vendo, mulher, aquele povoado? É Ramot. Lá faremos nossa parada. Sou conhecido no albergue, porque faço esta viagem duas vezes cada ano, enquanto que as outras duas as faço pelo litoral, para comprar ou vender. É a minha vida, uma vida dura. Mas eu tenho doze filhos, e ainda pequeninos. Eu me casei tarde. Em casa deixei um com nove dias. E, ao voltar, o encontrarei com os primeiros dentes.

– Uma bela família… –comenta Maria.

E termina:

– Que o Céu a conserve.

– De fato, eu não me queixo de não ter sido ajudado por ele, ainda que eu o mereça muito pouco!

286.3

Jesus lhe pergunta:

– Nem prosélito és?

– Eu deveria sê-lo… Os meus antepassados eram verdadeiros israelitas. Depois… nós nos acomodamos por lá…

– A alma só se acomoda bem no clima do Céu.

– Tens razão. Mas Tu sabes… Meu bisavô desposou uma não israelita. Os filhos já foram menos fiéis… Os filhos dos filhos se casaram com novas mulheres, também elas não de Israel, dando-lhes filhos, que apenas respeitavam o nome judeu, porque, de origem, somos judeus. Agora, eu, neto dos netos… não sou nada. Estando em contato com todos, eu peguei alguma coisa de todos, e acabei não sendo mais de ninguém.

– Essa tua razão não é boa, e Eu vou te provar isso. Se tu, andando por esta estrada, que sabes que é boa, encontrasses cinco ou seis pessoas, que te dissessem “Por aí, não!”, “Vem por aqui!”, “Volta para trás!”, “Para!”, “Vai para o lado do Oriente”, “Dá a volta pelo lado do Ocidente”, que é que tu lhes dirias?

– Eu lhes diria: “Eu sei que este é o caminho mais breve e certo, e não o vou deixar.”

– Outra coisa: tu, se tivesses que fazer um negócio, e sabendo bem o modo como fazê-lo, irias ouvir aqueles que, só para se mostrarem, ou por uma calculada malícia, te aconselhassem a fazê-lo de modo diferente?

– Não. Eu faria o que a minha experiência me diz que é melhor.

– Muito bem. Milhares de anos estão atrás de ti, que és descendente de Israel. Tu não és tolo, nem analfabeto. Por que, então, vais aceitando todas as opiniões em matéria de fé, quando tu és capaz de refutá-las em matéria de dinheiro, ou quando se trata de qual o caminho mais certo e seguro? Não te parece que esse modo de agir, mesmo só humanamente falando, não é honroso para ti? Pões o dinheiro e a segurança do caminho em primeiro lugar, antes de Deus…

– Não. Eu não ponho a Deus para trás. Eu o perdi de vista.

– É porque tens como deuses o comércio, o dinheiro, a vida. Mas é Deus quem te permite ter tudo isso…

286.4

Por que entraste no Templo?

– Por curiosidade. Na estrada, enquanto eu ia saindo de uma casa, onde havia feito um contrato de mercadorias, vi um grupo de homens que estavam te saudando respeitosamente, e voltaram-me à memória as palavras que eu ouvi em Ascalon, de um fabricante de tapetes. Eu lhe perguntei quem eras Tu, porque veio-me a suspeita de que fosses Tu a pessoa de quem aquela mulher estava falando. E, tendo ficado sabendo que eras Tu mesmo, vim atrás de Ti. Eu tinha acabado, por aqueles dias, os meus negócios… Depois, eu te perdi de vista. Em Jericó tornei a ver-te. Mas só por um momento. Agora, te encontrei outra vez… É isso…

– Portanto, vê-se que Deus está fazendo que convirjam e se cruzem os nossos caminhos. Mas, antes de deixar-te, Eu espero poder dar-te um presente, contanto que tu não me abandones depois.

– Não, eu não o farei! Alexandre Misaque não abandona, quando prometeu não fazê-lo. Olhai lá! Depois daquela curva, começa o povoado. Eu vou à frente. Nós nos veremos de novo no albergue.

E espora o animal, partindo quase a galope, pela beira do caminho.

– É um homem honesto e um infeliz, meu Filho –diz Maria.

– E tu o quererias ver feliz, quanto à Sabedoria, não é mesmo?

Os dois sorriem um para o outro, enquanto já vão chegando as primeiras sombras da tarde.

286.5

… Naquela longa tarde de outubro, reunidos todos num amplo salão do albergue, os peregrinos esperam deitar-se. A um canto, sozinho, está o mercador, atento em fazer as suas contas. No canto oposto, está Jesus, com todos os seus. Não há outros hóspedes. Nas estrebarias chegam até aqui os zurros, os relinchos e os balidos, o que faz supor que no albergue haja mais pessoas. Mas é possível que já tenham ido deitar-se.

Marziam adormeceu nos braços da Senhora, esquecendo-se de repente de que ele era “muito homem.” Pedro está cochilando, e não é só ele que está assim. Até as mulheres anciãs, cochichadeiras, adormeceram e se calaram. Bem acordados estão Jesus, Maria e as irmãs de Lázaro, Síntique, Simão Zelotes, João e Judas. Síntique está rebuscando na sacola de João de Endor, como quem está procurando alguma coisa. Mas depois ela resolve ir para perto dos outros, e ficar ouvindo Judas de Alfeu, que está falando das consequências do exílio na Babilônia[1], e termina, dizendo:

– … e talvez aquele homem seja ainda uma consequência daquilo. Todo exílio é uma ruína…

Síntique faz um sinal involuntário com a cabeça, mas nada diz, e Judas de Alfeu termina:

– Mas é estranho que, com tanta facilidade, alguém possa ficar despojado daquilo que é um tesouro de séculos, para tornar-se completamente novo, especialmente em coisas de religião, e de uma religião como é a nossa…

Jesus responde:

– Não deves ficar admirado, quando, no seio de Israel, contemplas Samaria.

286.6

Fazem silêncio. Os olhos escuros de Síntique olham fixamente para o perfil sereno de Jesus. Ela o olha com intensidade. Mas sem falar nada. Jesus percebe aquele olhar, e se vira, a fim de olhar também para ela.

– Não encontraste nada a teu gosto?

– Não, Senhor. Eu cheguei a um ponto em que não posso mais conciliar o passado com o presente, as ideias de antes com as de agora. E me parece como que uma defecção, porque as ideias de antes me ajudaram a ter as de agora. Bem que dizia o teu apóstolo… Mas a minha é uma ruína feliz.

– Que foi que se arruinou em ti?

– Toda a fé no Olimpo pagão, Senhor. E, contudo, estou um pouco perturbada, porque, lendo a vossa Escritura, — quem a deu foi João, e eu a leio, porque sem conhecimento não há posse — descobri que também na vossa história dos inícios, eu direi assim, há fatos não muito diferentes dos nossos. Agora eu gostaria de saber…

– Eu já te disse: pergunta, que Eu te responderei.

– Tudo é erro na religião dos deuses?

– Sim, mulher. Não existe mais do que um Deus, o qual não é gerado por outros, não está sujeito ao que são as paixões e necessidades humanas, um Deus único, eterno, Perfeito, Criador.

– Eu o creio. Mas quero poder responder, não de uma forma que não aceita discussão, mas com uma forma que se pode discutir para convencer, para responder às perguntas que outros pagãos poderiam fazer-me. Eu, por mim mesma, pela virtude desse Deus benéfico e paterno, procurei dar a mim mesma respostas, não bem formuladas, mas suficientes para dar paz ao meu espírito. Não obstante, continuava em mim a vontade de atingir a Verdade. Outros serão menos desejosos por ela do que eu. No entanto, essa busca deveria ser feita por todos. Eu não penso em ficar inerte junto às almas. Aquilo que eu ganhei gostaria de dar. Mas, para dar, devo saber. Dá-me o saber, e eu te servirei em nome do amor. Hoje, enquanto vínhamos pelo caminho, e enquanto eu vinha observando as montanhas e certos aspectos nelas, que me traziam vivas à memória as cordilheiras da Hélade e as histórias da Pátria, por uma associação de ideias, apresentou-me o mito do Prometeu, aquele de Deucalião… Vós tendes alguma coisa semelhante na fulminação de Lúcifer, na infusão da vida na argila e no Dilúvio de Noé. São circunstâncias leves, mas sempre fazem lembrar… Pois bem, dize-me: como pudemos nós conhecê-las, se nenhum contato houve entre nós e vós, e nós as tivemos, mas não há explicações de como as tivemos? Neste assunto ignoramos ainda muitas coisas. Como, então, milênios atrás, nós tivemos lendas, que recordam as vossas verdades?

– Mulher, tu me deverias perguntar isso menos do que os outros. Porque tu já leste obras, que por si mesmas poderiam dar resposta a este teu porquê.

286.7

Hoje tu, por uma associação de ideias, da lembrança dos montes de tua terra natal, passaste para a lembrança dos mitos e dos confrontos. Não é verdade? Por que isso?

– Porque meu pensamento, despertado, se lembrou.

– Muito bem. Também as almas de povos antiquíssimos, que deram uma religião à tua terra, se lembraram. De um modo confuso e imperfeito, como podia fazê-lo alguém separado da religião revelada. Mas sempre se lembraram. No mundo há muitas religiões. Pois bem. Se nós tivéssemos aqui, em um quadro claro, todos os pormenores delas, veríamos que há como que um fio de ouro, perdido no meio de muita lama, um fio cheio de nós, nos quais estão encerrados pedacinhos da Verdade verdadeira.

– Mas, não procedemos todos de um tronco? Tu assim o dizes. Então, por que os antigos mais antigos, que vieram do primeiro tronco de origem, por que eles não souberam trazer consigo a Verdade? Não é uma injustiça havê-los privado dela?

– Tu leste o Gênesis, não é mesmo? Que encontraste[2]? Um pecado complexo em seu começo. Um pecado abrangendo os três estados do homem: a matéria, o pensamento e o espírito. Depois um fratricídio. Depois um homicídio; para contrabalançar a obra de Enoque de conservar luz nos corações, depois corrupção, unindo por libidinagem dos sentidos os filhos de Deus com as filhas do sangue. E, não obstante a purificação do Dilúvio e a restauração da raça por uma boa semente, não nascendo das pedras, como se diz nos vossos mitos, bem como também, não por rapto do fogo vital por obra do homem, eis que de novo aparece o fermento da soberba, o ultraje feito a Deus: “Vamos tocar no Céu”, e a maldição divina: “Sejam dispersos, e não se entendam um ao outro”… E o único tronco, como a água que se choca contra uma pedra e se espalha em pequenos rios, e não se reúne mais, assim se dividiu a raça, e se repartiu em várias raças. A humanidade, posta em fuga pelo seu pecado e pela punição divina, eis que se espalha e não se reúne mais, levando consigo a confusão, que a soberba havia criado. As almas se lembram. Alguma coisa sempre permanece nelas. E as mais virtuosas e sábias entreveem uma luz, ainda que fraca, nas trevas dos mitos: a luz da Verdade. E essa lembrança da Luz antes da Vida é o que agita nelas as verdades nas quais estão os pedacinhos das Verdades reveladas. Compreendeste-me?

– Em parte. Mas vou pensar nisso. A noite é amiga de quem pensa e se concentra em si.

– Então, vamos concentrar-nos cada um em si mesmo. Vamos, amigos. A paz a vós, mulheres, a paz a vós, meus discípulos. A paz a ti, Alexandre Misaque.

– Adeus, Senhor. Deus esteja contigo, responde o mercador, inclinando-se.


Notes

  1. l’exil à Babylone, relaté en 2 R 24-25 et en 2 Ch 36.
  2. Qu’as-tu trouvé, en Gn 3-11 ; 4-8 ; 4-23 ; 6-2.

Notas

  1. exílio da Babilônia, narrado em 2 Reis 24-25; 2 Crônicas 36.
  2. encontraste, em Gênesis 3-11.