Gli Scritti di Maria Valtorta

315. Le voyage vers Jiphtaël et les réflexions de Jean d’En-Dor.

315. Il viaggio verso Jiftael e le riflessioni di Giovanni di Endor.

315.1

Il doit avoir plu toute la nuit. Mais, avec l’aube, il s’est levé un vent sec qui a repoussé les nuages au sud, au-delà des collines de Nazareth. Aussi un timide soleil d’hiver ose paraître et son rayonnement allume un éclat sur chaque feuille d’olivier. Mais c’est un vêtement de gala que les oliviers auront vite fait de perdre car le vent le secoue de leurs frondaisons qui semblent pleurer des diamants, qui se perdent ensuite dans les herbes couvertes de rosée ou sur la route boueuse.

Avec l’aide de Jacques et d’André, Pierre prépare le char et l’âne. Les autres ne se montrent pas encore. Puis ils sortent l’un après l’autre, d’une cuisine peut-être, parce qu’ils disent aux trois qui sont au-dehors :

« Maintenant, à votre tour d’aller vous restaurer. »

Alors ces derniers s’en vont pour sortir peu après, cette fois avec Jésus.

« J’ai remis la couverture à cause du vent » explique Pierre. « Si tu veux vraiment aller à Jiphtaël, nous allons l’avoir en face… et il sera piquant. Je ne sais pas pourquoi nous ne prenons pas la route directe pour Sycaminon, et puis celle de la côte… Elle est plus longue, mais moins difficile. Tu as entendu ce que disait ce berger que j’ai fait habilement chanter ? Il a dit : “ Dans les mois d’hiver, Yodefat est isolé. Il n’y a qu’une route qui y mène, et avec les agneaux on n’y va pas… On ne doit rien avoir sur les épaules car il y a des passages où l’on avance plutôt avec les mains qu’avec les pieds, et les agneaux ne peuvent pas nager… Il y a deux cours d’eau souvent en crue et la route elle-même est un torrent qui coule sur un fond de roches. Moi, j’y vais après la fête des Tentes et en plein printemps, et j’y fais de bonnes ventes parce qu’alors ils s’approvisionnent pour des mois. ” Voilà ce qu’il a dit… Et nous, avec cet équipage… (et il donne un coup de pied dans la roue du char) et avec ce bourricot… Hum !…

– Le chemin direct de Séphoris à Sycaminon serait meilleur. Mais il est très fréquenté… Rappelle-toi qu’il vaut mieux ne pas laisser de traces de Jean…

– Le Maître a raison. Nous pourrions trouver aussi Isaac avec des disciples… Et puis à Sycaminon…, dit Simon le Zélote.

– Dans ce cas… partons…

– Je vais les appeler tous deux… » dit André.

Pendant ce temps, Jésus prend congé d’une vieille femme et d’un enfant qui sortent d’un bercail avec des seaux de lait. Surviennent aussi des bergers barbus que Jésus remercie de leur hospitalité en cette nuit pluvieuse.

315.2

Jean et Syntica sont déjà sur le petit char qui, conduit par Pierre, avance sur la route. Jésus, accompagné de Simon le Zélote et de Matthieu, suivi d’André, de Jacques, de Jean et des deux fils d’Alphée, hâte le pas pour le rejoindre.

Le vent coupe le visage et gonfle les manteaux. La couverture étendue sur les cercles du char claque comme une voile bien que la pluie de la nuit l’ait alourdie :

« Allons, qu’elle sèche vite ! » murmure Pierre en la regardant. « Pourvu que les poumons de ce pauvre homme ne se dessèchent pas !… Attends, Simon, fils de Jonas… On va faire comme ça. »

Il arrête l’âne et retire son manteau, monte sur le char et en enveloppe Jean soigneusement.

« Mais pourquoi ? J’ai déjà le mien…

– Parce que tirer l’âne me donne déjà chaud comme si j’étais dans un four à pain. Et puis je suis habitué, moi, à rester nu sur la barque, et plus que jamais nu quand il y a de la tempête. Le froid m’aiguillonne et je suis plus leste. Allons, reste bien couvert ! Marie m’a fait tant de recommandations, à Nazareth, que si tu attrapes quelque maladie, je ne pourrai plus jamais reparaître devant elle…»

315.3

Il descend du char et reprend la bride en activant la marche de l’âne. Mais bien vite, il doit appeler au secours son frère et aussi Jacques, pour aider l’âne à sortir d’un passage boueux où la roue s’est enfoncée. Et ils avancent, poussant à tour de rôle le char pour soulager l’âne qui raidit ses pattes robustes dans la boue et qui tire, pauvre bête, en éclaboussant et en haletant de fatigue et de gourmandise, car Pierre excite sa marche en lui montrant des bouchées de pain et des trognons de pommes qu’il ne lui donne pourtant que pendant les arrêts.

« Tu es un trompeur, Simon, dit en plaisantant Matthieu qui observe la manœuvre.

– Non. J’applique la bête à son devoir, et avec douceur. Si je n’agissais pas ainsi, il faudrait me servir du fouet. Et cela me déplaît. Je ne pique pas la barque quand elle fait des caprices, or c’est du bois. Pourquoi devrais-je le piquer, lui qui est chair ? Maintenant, c’est lui ma barque… elle est dans l’eau… et comment ! Donc je le traite comme je traite ma barque. Je ne suis pas Doras, moi ! Vous savez ? Je voulais l’appeler Doras avant de l’acheter. Mais j’ai entendu son nom, et il m’a plu. Je le lui ai laissé…

– Comment s’appelle-t-il ? demandent-ils avec curiosité.

– Devinez ! »

Pierre rit dans sa barbe. On avance les noms les plus étranges et ceux des plus féroces pharisiens ou sadducéens, etc. Mais Pierre secoue toujours la tête. Ils s’avouent vaincus.

« Il s’appelle Antoine. Est ce que ce n’est pas un beau nom ? Ce maudit Romain ! On voit que le Grec qui m’a vendu l’âne était brouillé lui aussi avec Antoine ! »

Tout le monde rit, pendant que Jean d’En-Dor explique :

« Ce sera l’un des collecteurs d’impôts après la mort de César. Est-il vieux ?

– Il peut avoir soixante-dix ans… et il doit avoir fait tous les métiers… il tient maintenant une auberge à Tibériade…»

315.4

Ils sont arrivés au triple carrefour de Séphoris au croisement des routes Nazareth-Ptolémaïs, Nazareth-Sycaminon, Nazareth-Yodephat. La borne consulaire porte la triple indication : Ptolémaïs, Sycaminon, Yodephat.

« Nous entrons à Séphoris, Maître ?

– C’est inutile. Allons à Jiphtaël, sans nous arrêter. Nous mangerons en marchant. Il faut y être avant le soir. »

Ils marchent longtemps, franchissent deux torrents en crue et attaquent les premières pentes d’un ensemble de collines en direction nord-sud, qui au nord forment comme un nœud à pic qui s’allonge vers l’est[1].

« Voilà où se trouve Jiphtaël, dit Jésus.

– Je ne vois rien, dit Pierre.

– C’est au nord. De notre côté, il y a des pentes à pic et de même à l’orient et au couchant.

– De sorte qu’il faut contourner toute la montagne ?

– Non. Il y a un chemin près de la montagne la plus haute, à son pied, dans la vallée. C’est un bon raccourci, mais très escarpé.

– Tu y es allé ?

– Non, mais je le sais. »

Vraiment, quel chemin ardu ! Il paraît se précipiter à la rencontre de la nuit tant la lumière est réduite au fond de cette vallée qui me fait penser aux Malebolge de Dante tant elle est effroyable et abrupte, une route vraiment taillée dans le roc, pour ainsi dire en escalier, tant elle est hérissée de dénivellements, un chemin étroit, sauvage, resserré entre un torrent rageur et une côte encore plus raide qui s’élève rapidement vers le nord. C’est au point que quand ils y arrivent, ils en sont effarés…

Si la lumière augmente au fur et à mesure que l’on monte, la fatigue croît aussi. Les apôtres reprennent leurs sacs personnels, et Syntica descend elle aussi pour alléger le char au maximum. Jean d’En-Dor qui, après ses quelques mots n’avait plus ouvert la bouche que pour tousser, voudrait descendre lui aussi. Mais on ne le lui permet pas et il reste à sa place pendant que tous poussent et tirent bête et véhicule, et transpirent à chaque dénivellation. Mais personne ne proteste ; au contraire, tous essaient de se montrer satisfaits de l’exercice pour ne pas humilier les deux disciples pour lesquels ils le font et qui, plus d’une fois, ont exprimé des paroles de regret pour cette fatigue.

La route fait un angle droit puis un autre angle, encore plus court, qui se termine dans une ville juchée sur une pente si raide que, comme dit Jean, fils de Zébédée, elle donne l’impression qu’elle va glisser dans la vallée avec ses maisons.

« Mais elle est très solide, elle ne fait qu’un avec le roc.

– Comme Ramot, alors, dit Syntica qui s’en souvient.

– Plus encore. Ici, le roc est une partie des maisons et pas seulement leur base. Cela rappelle davantage Gamla. Vous en souvenez-vous ?

– Oui, et elle nous fait penser aux porcs…, dit André.

– C’est justement de là que nous sommes partis pour Tarichée, le Mont Thabor et En-Dor, rappelle Simon le Zélote.

315.5

– Je suis destiné à vous donner des souvenirs pénibles et de grandes fatigues…, soupire Jean d’En-Dor.

– Mais non ! Tu nous a donné une fidèle amitié, rien de plus, mon ami » rétorque impétueusement Jude, fils d’Alphée.

Tous s’unissent à lui pour le confirmer plus nettement.

« Néanmoins… je n’ai pas été aimé… Personne ne me le dit… Mais je sais réfléchir, rassembler les faits dispersés en un seul tableau. Ce départ, non, il n’était pas prévu, et cette décision n’a pas été spontanée…

– Pourquoi dis-tu cela, Jean ? demande doucement Jésus, affligé.

– Parce que c’est vrai. On n’a pas voulu de moi. C’est moi, pas d’autres, même pas les grands disciples, qui ai été choisi pour partir au loin.

– Et Syntica, alors ? demande Jacques, fils d’Alphée, qui s’attriste de la clarté qui vient à l’esprit de l’homme d’En-Dor.

– Syntica vient pour que je ne sois pas renvoyé seul… pour me cacher, par pitié, la vérité…

– Non, Jean !

– Si, Maître. Et tu vois ? Je pourrais te dire le nom de celui qui me torture. Sais-tu où je le lis ? Il me suffit de regarder ces huit hommes bons ! Je n’ai qu’à réfléchir à l’absence des autres pour le lire ! Celui grâce à qui tu m’as trouvé est aussi celui qui voudrait me faire trouver par Belzébuth. C’est lui qui m’a amené à cette heure – et qui t’y a amené, Maître, car, toi aussi, tu souffres comme moi et peut-être plus que moi – ; et il m’a amené à cette heure pour me faire revenir au désespoir et à la haine. Car il est mauvais, il est cruel, il est envieux et il est autre chose encore. C’est Judas de Kérioth, l’âme ténébreuse parmi tes serviteurs toute lumière…

– Ne dis pas cela, Jean. Il n’est pas le seul qui manque. Tous ont été absents pour les Encénies, sauf Simon le Zélote qui n’avait pas de famille. A cette saison, on ne rentre pas de Kérioth en quelques étapes. Il y a environ deux cents milles à parcourir et il était juste qu’il aille chez sa mère, comme Thomas. Nathanaël aussi, je l’ai épargné parce qu’il est âgé, et avec lui Philippe pour lui tenir compagnie…

– Oui, les trois autres ne sont pas ici… Mais, bon Jésus, tu connais les cœurs car tu es le Saint ! Mais tu n’es pas seul à les connaître ! Les pervers aussi connaissent les pervers car ils se reconnaissent en eux. Moi, j’ai été pervers, et j’ai retrouvé mes pires instincts en Judas. Mais je lui pardonne. Je lui pardonne de m’envoyer mourir si loin pour une seule raison : c’est justement par lui que je suis venu à toi. Et que Dieu lui pardonne le reste… tout le reste. »

Jésus n’ose démentir… Il se tait. Les apôtres se regardent les uns les autres tandis qu’à force de bras ils poussent le char sur le chemin glissant.

315.6

Le soir est proche quand ils arrivent à la ville où, inconnus parmi les inconnus, ils trouvent à se loger dans une auberge située sur la hauteur au sud du pays. Une hauteur qui donne le vertige quand on regarde en bas, le long de sa paroi, tant elle est à pic et profonde. Au fond, un torrent rugit ; c’est un bruit, rien de plus, dans l’ombre paisible qui envahit la vallée.

315.1

Deve avere piovuto tutta la notte. Ma con l’alba è succeduto un vento asciutto che ha respinto le nubi verso sud, oltre i colli di Nazaret. Perciò un timido sole invernale osa affacciarsi e accendere col suo raggio un diamante su ogni foglia degli ulivi. Ma è una veste di gala che gli ulivi presto perdono, perché il vento la scrolla dalle fronde che pare piangano scaglie di diamante, le quali poi si sperdono fra le erbe roride o sulla via motosa.

Pietro, con l’aiuto di Giacomo e Andrea, prepara carro e asino. Gli altri non si vedono ancora. Ma poi escono uno dopo l’altro da una cucina, forse, perché dicono ai tre che sono fuori:

«Ora andate voi a prendere ristoro». E questi vanno, per uscire dopo poco e questa volta insieme a Gesù.

«Ho rimesso la copertura per via del vento», spiega Pietro.

«Se proprio vuoi andare a Jiftael lo avremo in faccia… e pizzicherà… Non so perché non prendiamo la via diretta a Sicaminon, e poi quella della marina… Era più lunga ma meno aspra. Hai sentito cosa diceva quel pastore che io ho fatto cantare abilmente? Ha detto: “Jotapata nei mesi di inverno è isolata. Non c’è che una strada per andarvi e con agnelli non ci si va… Sulle spalle non si deve avere nulla, perché ci sono passi che si fanno con le mani più che coi piedi, e gli agnelli non possono nuotare… Ci sono due fiumi spesso pieni e la stessa via è un torrente che scorre su un fondo di rocce. Io ci vado dopo i Tabernacoli e a primavera piena, e ci vendo bene, perché allora si riforniscono per dei mesi”. Così ha detto… E noi… con questo arnese… (e dà un calcio alla ruota del carretto)… e con questo somaro… uhm!…».

«La via diretta da Sefori a Sicaminon era migliore. Ma è molto battuta… Ricòrdati che è bene non lasciare tracce di Giovanni…».

«Il Maestro ha ragione. Potremmo trovare anche Isacco con dei discepoli… E a Sicaminon poi!…», dice lo Zelote.

«E allora… andiamo pure…».

«Vado a chiamare quei due…», dice Andrea.

E, mentre lo fa, Gesù si accomiata da una vecchia e da un fanciullo che escono da un ovile con dei secchi di latte. Sopraggiungono anche dei pastori barbuti, che Gesù ringrazia dell’ospitalità data nella notte piovosa.

315.2

Giovanni e Sintica sono già sul carretto che si avvia sulla strada guidato da Pietro. Gesù, fiancheggiato dallo Zelote e da Matteo, seguito da Andrea, Giacomo, Giovanni e dai due figli d’Alfeo, affretta il passo per raggiungerlo.

Il vento taglia la faccia e gonfia i mantelli. La copertura stesa sugli archi del carro schiocca come una vela, nonostante che la pioggia della notte l’abbia appesantita.

«Va’ là, che si asciuga presto!», mormora Pietro guardandola. «Purché non si asciughino i polmoni a quel pover’uomo!… Aspetta, Simone di Giona… Si fa così». Ferma l’asino e si leva il mantello, sale sul carro e vi avviluppa ben bene Giovanni.

«Ma perché? Ho già il mio…».

«Perché io a tirare l’asino ho già un caldo come fossi in un forno da pane. E poi sono uso, io, a stare nudo sulla barca, e più che mai nudo più c’è bufera. Il freddo mi fa da pungolo e sono più lesto. Su, sta’ ben coperto. Me ne ha fatte tante e tante delle raccomandazioni Maria a Nazaret, che se tu ti ammali io non potrò mai più andarle davanti…».

315.3

Scende dal carretto e riprende la briglia incitando l’asino ad andare. Ma presto deve chiamare in aiuto suo fratello e anche Giacomo, per aiutare l’asino ad uscire da un luogo melmoso dove la ruota si è affondata. E vanno, spingendo a turno il carro per agevolare l’asino che punta le zampe robuste nel fango e tira, povera bestia, sbuffando e sbruffando di fatica e di golosità, perché Pietro lo stuzzica ad andare con l’offerta di bocconi di pane e di torsi di mela, che però gli concede solo nei momenti di sosta.

«Sei un ingannatore, Simone di Giona», dice scherzando Matteo che osserva la manovra.

«No. Applico la bestia al suo dovere, e con dolcezza. Se non facessi così, dovrei usare la frusta. E mi spiace a farlo. Non picchio la barca quando fa le bizze, ed è legno. Perché dovrei picchiare questo che è carne? Ora questo è la mia barca… nell’acqua è… e come! Perciò lo tratto come tratto la barca. Non sono Doras, io! Sapete? Volevo chiamarlo Doras, prima di acquistarlo. Ma poi ho sentito il suo nome e mi è piaciuto. Gliel’ho lasciato…».

«Come si chiama?», chiedono incuriositi.

«Indovinate!», e Pietro ride fra la barba.

Vengono detti i nomi più strani, e dei più feroci farisei o sadducei, ecc. ecc. Ma Pietro scuote sempre il capo. Si dànno vinti.

«Antonio si chiama! Non è un bel nome? Quel maledetto romano! Si vede che il greco che mi ha venduto l’asino aveva della ruggine anche lui con Antonio!».

Ridono tutti, mentre Giovanni di Endor spiega: «Sarà uno dei taglieggiati dopo la morte di Cesare. È vecchio?».

«Avrà settanta anni… e deve avere fatto tutti i mestieri… Adesso ha un albergo a Tiberiade…».

315.4

Sono al trivio di Sefori con la via di Nazaret-Tolemaide, Nazaret-Sicaminon, Nazaret-Jotapata (faccio notare che il J lo dicono come un molto dolce “gi”). Il cippo consolare porta le tre indicazioni di Tolemaide, Sicaminon, Jotapata.

«Entriamo in Sefori, Maestro?».

«È inutile. Andiamo a Jiftael. Senza sostare. Mangeremo camminando. Occorre esservi avanti sera».

Vanno, vanno, superando due torrentelli ben gonfi, attaccando le prime pendici di un sistema di colli in direzione nordsud, che al nord fanno però come un nodo aspro che poi si allunga verso est.

«Là è Jiftael», dice Gesù.

«Non vedo nulla», osserva Pietro.

«È a settentrione. Verso noi sono coste a picco, e così a oriente e ponente».

«Sicché bisogna girare tutto quel monte?».

«No. Vi è una strada presso il monte più alto, ai piedi di esso, nella valle. E abbrevia molto, anche se è via molto erta».

«Ci sei stato?».

«No. Ma lo so».

Davvero che è via erta! Tanto che quando vi giungono — e pare di precipitare incontro alla notte tanto si riduce la luce nel fondo di questa valle, che mi fa pensare alle dantesche malebolge tanto è orrida e dirupata, una via proprio incisa nel masso, quasi a gradini tanto è irta di dislivelli, una via stretta, selvaggia, rinserrata fra un torrente rabbioso e una costa ancor più rabbiosa che procede, salendo ripida, verso nord — se ne sgomentano…

Se la luce cresce man mano che si sale, in compenso cresce anche la fatica, tanto che scaricano il carro delle sacche personali e scende anche Sintica perché il carretto sia il più leggero possibile. Giovanni di Endor, che dopo quelle poche parole non aveva più aperto bocca che per tossire, vorrebbe scendere lui pure. Ma non glielo concedono e resta dove è mentre tutti spingono e tirano bestia e veicolo, e sudano ad ogni dislivello. Ma nessuno brontola. Anzi tutti cercano di mostrarsi soddisfatti dell’esercizio per non avvilire i due per i quali lo fanno, e che più di una volta hanno avuto parole di rammarico per questa fatica.

La strada fa un angolo retto. E poi un altro angolo ancora, più breve, che termina in una città appollaiata su una pendice tanto ripida che, come dice Giovanni di Zebedeo, fa l’impressione che debba scivolare a valle con le sue case.

«Ma invece è ben solida. Tutt’una con la roccia».

«Come Ramot allora…», dice Sintica che ricorda.

«Più ancora. Qui la roccia è parte delle case, non è solo base ad esse. Ricorda di più Gamala. L’avete presente?».

«Sì, e con essa abbiamo presenti quei porci…», dice Andrea.

«Proprio di là siamo partiti per Tarichea e il Tabor ed Endor…», ricorda Simone Zelote.

315.5

«Io sono destinato a darvi ricordi penosi e grandi fatiche…», sospira Giovanni di Endor.

«No, poi! Tu ci hai dato una fedele amicizia, nulla più, amico», dice con impeto Giuda d’Alfeo. E tutti si uniscono a lui per rendere più netta la conferma.

«Eppure… io non sono stato amato… Nessuno me lo dice… Ma io so meditare, riunire i fatti sparsi in un quadro solo. Questa partenza, no, non era prevista, e non è spontanea la decisione…».

«Perché dici così, Giovanni?», chiede dolcemente afflitto Gesù.

«Perché è vero. Non mi si è voluto. Io, e non altri, neppure i grandi discepoli, sono stato scelto per andare lontano».

«E Sintica, allora?», chiede Giacomo di Alfeo, contristato della luce che viene alla mente dell’uomo di Endor.

«Sintica viene per non mandarmi via solo… per pietosamente confondermi la verità…».

«No, Giovanni!…».

«Sì, Maestro. E vedi? Potrei anche dirti il nome del mio torturatore. Sai dove lo leggo? Solo a guardare questi otto buoni lo leggo! Solo riflettendo all’assenza degli altri lo leggo! Quello per il quale io sono stato trovato da Te è anche colui che mi vorrebbe fare trovare da Belzebù. E mi ha portato a quest’ora — e ti ci ha portato, Maestro, perché Tu pure soffri come me e forse più di me — e mi ha portato a quest’ora per farmi tornare nella disperazione e nell’odio. Perché egli è cattivo. Egli è crudele. Egli è invidioso. E altro ancora è. È Giuda di Keriot l’anima oscura fra i tuoi servi tutti luce…».

«Non dire così, Giovanni. Non manca lui solo. Tutti furono assenti per le Encenie meno lo Zelote, senza famiglia. Da Keriot, e in questa stagione, non si viene in poche tappe. Sono quasi duecento miglia di cammino. Ed era giusto che andasse dalla madre, come Tommaso. Anche Natanaele ho risparmiato perché vecchio, e con lui Filippo per dare il compagno a Natanaele…».

«Sì. Altri tre non ci sono… Ma, o Gesù buono! Tu conosci i cuori perché sei il Santo. Ma non sei solo a conoscerli! Anche i perversi conoscono i perversi perché si riconoscono in loro. Io fui perverso e mi sono rivisto, nei miei istinti peggiori, in Giuda. Ma io lo perdono. Per una cosa sola io lo perdono di mandarmi a morire tanto lontano: perché proprio per lui sono venuto a Te. E Dio lo perdoni per il resto… per tutto il resto».

Gesù non osa smentire… Tace. Gli apostoli si guardano fra loro mentre a forza di braccia spingono il carretto sulla via scivolosa.

315.6

È prossima la sera quando raggiungono la città dove, sconosciuti fra sconosciuti, prendono alloggio in un albergo messo sullo scrimolo sud del paese. Uno scrimolo che dà le vertigini a gettare lo sguardo giù per la sua parete, tanto è a picco e profonda. In fondo — rumore e nulla più nell’ombra di pace che è già nella valle — rugge un torrente.


Notes

  1. vers l’est : Maria Valtorta note sur ce dessin – que nous reproduisons sur la page suivante – les quatre points cardinaux et, au nord, Jiphtaël.