Gli Scritti di Maria Valtorta

391. Guérison du lépreux Elisée d’Engaddi.

391. Guarigione del lebbroso Eliseo d’Engaddi.­

391.1

Ils doivent avoir anticipé leur départ — peut-être sur le conseil des habitants d’Engaddi —, car il fait encore bien nuit et une lune presque pleine éclaire la ville d’une lumière très vive. Les ruelles sont des rubans d’argent au milieu des cubes des maisons et des murailles des jardins, dont la chaux semble s’être changée en marbre de sculpteur par l’effet magique des rayons lunaires. Enveloppés dans cette luminescence, les palmiers et les autres arbres prennent un aspect fantastique. Les sources et les ruisseaux forment de petites cascades parées de diamants. Dans les frondaisons, les rossignols égrènent des chapelets de notes prodigieuses, unissant leurs chants à celui des eaux qui, de nuit, paraît toujours plus net.

La ville est endormie, mais quelques personnes accompagnent le Maître. Ce sont les hommes des maisons où logeaient Jésus et les apôtres, et plusieurs autres habitants qui se sont unis à eux. Le chef de la synagogue marche à côté de lui. Ah ! il ne veut pas renoncer à l’escorter avant d’entrer en pleine campagne, même quand Jésus l’en prie !

Ils se dirigent vers la route qui mène à Massada, non pas la route basse qui longe la Mer Morte et dont j’entends dire qu’elle est malsaine et dangereuse à parcourir de nuit, mais celle de l’intérieur, taillée dans la côte, presque au sommet des collines qui bordent le lac.

Au clair de lune, la région est une splendeur ! On croirait parcourir un pays de rêve. Puis l’oasis, la véritable oasis, cesse et les palmiers se font rares. C’est la montagne proprement dite, avec ses arbres de haute futaie, ses prés, ses flancs creusés de cavernes comme presque toutes les montagnes de Palestine. Mais ici, je dirais qu’elles sont en plus grand nombre, et leurs ouvertures sont étranges, en longueur ou en largeur, les unes droites, d’autres de biais, certaines rondes à mi-côte, d’autres qui sont une simple fissure ; elles prennent des aspects effrayants à la lumière de la lune.

391.2

« Abraham, la route passe plus bas. Pourquoi continues-tu à monter ? Tu allonges la route en prenant ce sentier impraticable ! lui reproche un habitant d’Engaddi.

– Parce que je dois montrer quelque chose au Messie et lui demander une autre faveur, en plus des grands bienfaits qu’il a accomplis pour nous. Mais si vous êtes fatigués, rentrez chez vous ou attendez-moi ici. J’irai tout seul, dit le vieillard qui marche péniblement, en haletant, sur ce sentier difficile et abrupt.

– Oh non ! Nous venons avec toi. Mais ta fatigue nous fait de la peine. Tu es tout essoufflé…

– Ce n’est pas le sentier, non !… C’est autre chose : une épée qui se retourne dans mon cœur… une espérance qui le gonfle. Venez, mes enfants, et vous saurez quelle immense souffrance il y avait dans le cœur de celui qui vous consolait de toutes vos douleurs ! Quel… pas désespoir, cela non, mais… renoncement à espérer aucune joie à tout jamais, il y avait dans le cœur de celui qui vous disait toujours d’espérer en Dieu qui peut tout… Je vous ai appris à croire au Messie… Vous souvenez-vous comme je parlais de lui avec assurance, quand je pouvais le faire désormais sans lui causer de tort ? Vous objectiez : “ Mais le massacre d’Hérode ? ” Eh oui ! C’était une grande épine dans mon cœur ! Mais je m’attachais de tout mon cœur à l’espérance… Je disais : “ Si Dieu a envoyé l’étoile à ces trois hommes qui n’étaient même pas du peuple d’Israël, pour les inviter à adorer le Messie enfant, s’il les a guidés par elle vers la pauvre maison qu’ignoraient les rabbins d’Israël, les princes des prêtres et les scribes, s’il les a avertis par un songe de ne pas repasser chez Hérode, n’aura-t-il pas, pour sauver l’Enfant, déployé une puissance encore plus grande et averti son père et sa Mère de s’enfuir, pour mettre en lieu sûr l’espérance de Dieu et de l’homme ? ”

Et la foi dans son salut grandissait, vainement attaquée par le doute humain et les paroles des autres…

391.3

Et quand… et quand la plus grande douleur que puisse connaître un père s’est emparée de moi… quand j’ai dû conduire à son tombeau un être vivant… et lui dire… lui dire… : “ Reste ici tant que durera ta vie… et pense que si le désir des caresses de ta mère ou un autre motif te poussait vers les maisons, je devrais te maudire, te frapper le premier, puis te reléguer en un lieu où mon amour désolé ne pourrait même plus te secourir ”, quand j’ai dû faire cela… je me suis accroché encore davantage à la foi en Dieu, sauveur de son Sauveur, et me dire à moi et à mon fils… à mon fils lépreux… vous entendez ? lépreux… dire… “ Inclinons la tête sous la volonté du Seigneur et croyons en son Messie ! Moi, Abraham… toi, Isaac, immolé non par le feu mais par le mal, offrons notre douleur pour obtenir le miracle…”

Et chaque mois, à chaque nouvelle lune… je venais ici en cachette, chargé de nourriture… de vêtements… d’amour… que je devais déposer loin de mon enfant… parce que je devais retourner auprès de vous… mes fils… et auprès de mon épouse aveugle et qui a perdu la tête à cause de cette terrible souffrance… rentrer à la maison, où il n’y avait plus d’enfant… sans plus connaître la paix d’un amour réciproque conscient… revenir à ma synagogue et y parler de Dieu, de ses grandeurs… de ses beautés répandues dans la création… et moi, j’avais dans les yeux la vue de mon garçon rongé par le mal… je ne pouvais même pas le défendre quand j’entendais des médisances offensantes pour lui qui le présentaient comme un ingrat, comme un criminel enfui de la maison… et chaque mois, en faisant ce pèlerinage d’un père au tombeau de son fils vivant, je lui répétais, pour soutenir son cœur : “ Le Messie existe. Il viendra. Il te guérira…”

L’an dernier, au moment de la Pâque à Jérusalem, je t’ai cherché dans le court laps de temps pendant lequel j’étais loin de mon épouse aveugle. Alors on m’a dit : “ Il existe vraiment. Il était là hier. Il a même guéri des lépreux. Il fait le tour de la Palestine, en guérissant, en consolant, en instruisant. ”

Ah ! Je suis revenu si vite que je ressemblais à un jeune homme en route pour ses noces ! Je ne me suis pas même arrêté à Engaddi, je suis venu directement ici, et j’ai appelé mon enfant, mon garçon, ma race qui meurt, pour lui dire : “ Il va venir ! ”

391.4

Seigneur… Tu as fait toute sorte de bien dans notre ville. Tu pars sans y laisser aucun malade… Tu as béni jusqu’aux arbres et aux animaux… Et tu ne voudrais pas… Tu as déjà guéri mon épouse… N’aurais-tu pas pitié du fruit de ses entrailles ?… Un fils pour sa mère ! Rends un fils à sa mère, toi, le Fils parfait de la Mère de toute grâce ! Au nom de ta Mère, aie pitié de moi, de nous !… »

Tout le monde pleure avec le vieillard, dont les paroles étaient émouvantes et déchirantes…

Jésus le prend dans ses bras pendant qu’il sanglote :

« Ne pleure plus ! Allons trouver ton Elisée. Ta foi, ta justice, ton espérance, méritent cela, et davantage. Ne pleure pas, père ! Et ne nous attardons pas plus longtemps avant de délivrer de l’horreur une créature de Dieu.

– La lune descend, le chemin est difficile. Ne pourrions-nous pas attendre l’aurore ? disent certains.

– Non. Les plantes résineuses sont nombreuses autour de nous. Cueillez-en des branches, allumez-les, et avançons » ordonne Jésus.

Ils montent encore par un sentier étroit et difficile. On dirait le lit desséché de quelque cours d’eau irrégulier. Les torches, fumeuses et rougeâtres, crépitent en répandant dans l’air une forte odeur de résine.

391.5

Une caverne à l’ouverture étroite, presque cachée par des pousses plantureuses nées aux abords d’une source, apparaît au-delà d’un étroit plateau coupé en son milieu par une crevasse où l’eau se déverse.

« C’est là que se trouve Elisée, depuis des années… dans l’attente de la mort ou de la grâce de Dieu… dit le vieil homme à mi-voix, en montrant la caverne.

– Hèle ton enfant, encourage-le. Qu’il n’ait pas peur, mais qu’il ait foi. »

Abraham appelle d’une voix forte :

« Elisée ! Elisée ! Mon fils ! »

Il crie de nouveau, tremblant de peur à cause du silence qui, seul, lui répond.

« Il est peut-être mort ? disent certains.

– Non ! Mort, maintenant, non ! Au terme de sa torture ! Sans une joie, non ! Oh ! mon garçon ! gémit le père…

– Ne pleure pas. Appelle encore.

– Elisée ! Elisée ! Pourquoi ne réponds-tu pas au…

– Père ! Mon père ! Pourquoi viens-tu en dehors du temps habituel ? Peut-être que ma mère est morte, et que tu viens pour… »

La voix, d’abord lointaine, s’est rapprochée, et un spectre écarte les branches qui ferment l’entrée, un spectre horrible, un squelette, à moitié nu, rongé par la lèpre… Voyant tant de gens avec des flambeaux et des bâtons, il s’imagine je ne sais quoi, et recule en criant :

« Père, pourquoi m’as-tu trahi ? Je ne suis jamais sorti d’ici… Pourquoi amènes-tu des gens pour me lapider ? »

La voix s’est éloignée, et de l’apparition il ne reste comme souvenir que des branches qui remuent.

« Encourage-le ! Dis-lui que le Sauveur est ici ! » demande Jésus.

Mais l’homme n’a plus de force… Il pleure, désolé…

391.6

C’est alors Jésus qui parle :

« Fils d’Abraham et du Père des Cieux, écoute. Il s’accomplit ce que ton juste père te prophétisait. Le Sauveur est ici. Il est accompagné de tes amis d’Engaddi et des apôtres du Messie, venus se réjouir de ta résurrection. Viens sans peur ! Avance jusqu’à la crevasse. Je m’approcherai moi aussi, je te toucherai et tu seras purifié. Viens sans peur vers le Seigneur qui t’aime ! »

Les branches s’écartent de nouveau et le lépreux, apeuré, regarde au dehors. Il observe Jésus, forme blanche qui marche dans l’herbe du plateau, et qui s’arrête devant la crevasse… Il examine les autres… et en particulier son vieux père qui, comme fasciné, suit Jésus, les bras tendus, le regard fixé sur le visage de son fils lépreux. Rassuré, il avance. Il boite fortement à cause des plaies de ses pieds… il tend des bras aux mains rongées… Il se met en face de Jésus… Il le regarde… Jésus étend ses mains très belles, lève les yeux au ciel, rassemble, paraît rassembler en lui tout l’éclat des étoiles innombrables et en rayonner la splendeur très pure sur les chairs impures, pourries, tombant en lambeaux, que les flambeaux, agités pour mieux éclairer, font paraître encore plus horribles à la lumière rouge des branches allumées.

Jésus se penche sur la crevasse, touche de l’extrémité des doigts l’extrémité des doigts lépreux et dit :

« Je veux ! »

Il l’accompagne d’un sourire d’une beauté qu’on ne peut décrire. Il répète “ Je veux ! ” deux autres fois. Il prie. Sa parole est un ordre…

Puis il se détache, recule d’un pas, en ouvrant les bras en croix et dit :

« Quand tu seras purifié, prêche le Seigneur car c’est à lui que tu appartiens. Rappelle-toi que Dieu t’a aimé parce que tu as été un bon israélite et un bon fils. Prends une épouse, aie des enfants et fais-les grandir pour le Seigneur. Voici qu’est anéantie ta terrible amertume. Bénis-en Dieu et sois bienheureux ! »

Puis il se retourne et dit :

« Quant à vous, avec vos torches, avancez et voyez ce que peut le Seigneur pour ceux qui le méritent. »

Il baisse les bras qui, ainsi ouverts et enveloppés par son manteau, empêchaient de voir le lépreux, et s’écarte.

391.7

Le premier cri est celui du vieillard, agenouillé derrière Jésus :

« Mon fils ! Mon enfant ! Te voilà tel que tu étais à vingt ans ! Beau comme à cette époque ! En bonne santé comme alors ! Beau, oh ! plus beau qu’alors !… Ah ! une table, une branche, quelque chose pour arriver jusqu’à toi ! »

Il est sur le point de s’élancer. Mais Jésus le retient :

« Non ! Que la joie ne te fasse pas violer la Loi. Il faut d’abord qu’il se purifie ! Regarde-le ! Embrasse-le avec les yeux et le cœur, sois fort maintenant comme tu l’as été pendant tant d’années. Et sois heureux… »

En fait c’est un miracle complet. Ce n’est pas seulement une guérison, mais la reconstitution de ce que le mal avait détruit, et l’homme, d’environ quarante ans, est intact comme s’il n’avait jamais rien eu. Il reste seulement d’une grande maigreur qui lui donne un aspect ascétique d’une beauté peu commune et surnaturelle. Et il agite les bras, s’agenouille, bénit… ne sait que faire pour dire à Jésus qu’il le remercie. Finalement, il voit des fleurs dans l’herbe, les cueille, leur donne un baiser et les jette par-delà la crevasse aux pieds du Sauveur.

391.8

« Allons ! Vous, les habitants d’Engaddi, restez avec votre chef de synagogue. Nous, nous continuons vers Massada.

– Mais vous ne savez pas… Vous n’y voyez goutte…

– Je connais bien le chemin. Je connais tout : et les routes de la terre, et la voie des cœurs par lesquels passent Dieu et l’Ennemi de Dieu, et je vois qui accueille l’un ou l’autre. Restez là ! Restez avec ma paix ! D’ailleurs, le jour va vite arriver et, avec des branches allumées, nous nous éclairerons jusqu’à l’aube. Abraham, viens, que je te donne le baiser d’adieu. Que le Seigneur soit toujours avec toi comme il l’a été jusqu’à présent, et aussi avec ta famille et ta bonne ville.

– Tu n’y reviendras plus, Seigneur ? Pour voir ma maison heureuse ?

– Non. Mon chemin va arriver à sa destination. Mais, au Ciel, toi et les tiens serez avec moi. Aimez-vous et faites grandir les enfants dans la foi au Christ… Adieu à tous. Paix et bénédiction à tous ceux qui sont présents et à leurs familles. Paix à toi, Elisée. Sois parfait par reconnaissance pour le Seigneur. Venez, vous, mes apôtres… »

Et il se met en tête de la petite troupe, qui lève des branches allumées, il avance, contourne un rocher qui fait saillie, puis disparaît, dans son vêtement blanc. A leur tour, les apôtres disparaissent l’un après l’autre, le bruit de leurs pas s’éloigne, la lueur rougeâtre des branches enflammées s’efface…

Il ne reste sur le plateau que le père et le fils, assis au bord de la crevasse, se contemplant l’un l’autre… Et par derrière, en groupe, avec des murmures admiratifs, les habitants d’Engaddi… Ils attendent l’aube pour retourner en ville avec la nouvelle de cette prodigieuse guérison.

391.1

Devono, forse per consiglio degli stessi abitanti di Engaddi, avere anticipato la partenza, perché è assolutamente notte e la luna, che si avvia al plenilunio, illumina di una luce vivissima la città. Le stradette sono nastri d’argento fra i cubi delle case e le muraglie dei giardini, che sembra mutino la calcina in marmo scultoreo per l’effetto del magico raggio lunare. Le palme e gli altri alberi prendono un fantomatico aspetto, avvolti nella fosforescenza della luna. Le fontane, i piccoli rivoli d’acque, sono cascatelle e collane di diamanti. E dai fogliami gli usignoli sfilano collane di note d’oro, unendo i loro prodigi alle voci delle acque, che nella notte sembrano sempre più nette nel loro suono.

La città dorme. Ma qualcuno è con Gesù che parte. E sono gli uomini delle case dove erano ospitati Gesù e gli apostoli, e qualche altro abitante si è unito a questi. Il sinagogo cammina al fianco di Gesù. Oh! non vuole rinunciare ad accompagnarlo neppure quando Gesù lo prega di farlo, prima di inoltrarsi nella aperta campagna. E vanno, diretti alla via che conduce a Masada, non la strada bassa, quella che costeggia il mar Morto e che sento definire malsana e pericolosa a farsi di notte, ma alla via dell’interno, tagliata nella costa, quasi sulla cresta dei colli che bordeggiano il lago.

Splendida l’oasi nella notte lunare! Sembra di camminare in un paese di sogno. Poi l’oasi, la vera oasi, cessa, e diradano i palmizi. Ed è il monte vero e proprio, coi suoi alberi d’alto fusto, i suoi prati, i suoi fianchi spaccati da caverne come quasi tutti i monti palestinesi. Ma qui direi che spesseggiano, e le loro bocche strane, quali longitudinali e quali piatte, quali diritte e quali sbieche, quali rotonde a mezza costa, quali ridotte a fessura, hanno paurosi aspetti al chiaro di luna.

391.2

­«Abramo, la strada è più in basso. Perché torni a salire, allungando la via e prendendo questo sentiero impraticabile?», ammonisce uno di Engaddi.

«Perché ho da mostrare al Messia una cosa e chiedergli di fare ancora una cosa da unirsi ai grandi benefici che ha fatto per noi. Ma se siete stanchi, tornate a casa o attendetemi qui. Andrò da solo», risponde il vecchio sinagogo, che arranca ansando sul sentiero difficile ed erto.

«Oh! no! Veniamo con te. Ma ci fa pena la tua fatica. Il tuo cuore affanna…».

«Oh! non è il sentiero!… È un’altra cosa! È una spada che mi si rigira nel cuore… è una speranza che lo gonfia. Venite, figli miei, e conoscerete quanto dolore, quanto dolore era nel cuore di quello che confortava ogni vostro dolore! Quanta… non disperazione, questo no, ma… ammissione che non c’era da illudersi d’avere mai più gioia, era in quello che sempre vi diceva di sperare nel Signore che tutto può… Vi ho insegnato a credere nel Messia… Vi ricordate come, quando potevo ormai farlo senza dargli danno, parlavo sicuro di Lui? Voi dicevate: “Ma la strage di Erode?”. Eh! sì! Una grande spina in cuore! Ma mi apprendevo con tutto me stesso alla speranza… Dicevo: “Se Dio a tre, neppur d’Israele, mandò la stella per invitarli ad adorare il Fanciullo Messia e li guidò con essa alla povera casa che ignoravano i rabbi d’Israele, i principi dei sacerdoti e gli scribi, se con un sogno li avvertì di non ripassare da Erode, per salvare il Fanciullo, non avrà, con ancor maggior potenza, avvisato il padre e la Madre di fuggire, portando in salvo la speranza di Dio e dell’uomo?”. E la fede nella sua salvezza cresceva, invano attaccata dal dubbio umano e dalle parole di altri…

391.3

­E quando… e quando il più grande dolore di un padre mi prese… quando dovetti condurre ad un sepolcro un vivente… e dirgli… e dirgli… “Sta’ qui finché durerà la tua vita… e pensa che, se amor di materne carezze o altro motivo ti spingesse verso le case, io dovrei maledirti, colpirti per il primo, e relegarti dove neppur più il mio desolato amore ti potrebbe dare soccorso”, quando dovetti far questo… ancor più mi abbrancai alla fede in Dio, salvatore del suo Salvatore, e dire a me e al figlio mio… al figlio mio lebbroso… capite?, lebbroso… dire… “Chiniamo il capo alla volontà del Signore e crediamo nel suo Messia! Io Abramo… tu Isacco, immolato dal male, non dal fuoco, offriamo il dolore per avere il miracolo…”. E ogni mese, ad ogni neomenia… nel venire qui di nascosto, carico di cibarie… di vesti… di amore… che dovevo deporre lontano dalla mia creatura… perché dovevo tornare presso di voi… miei figli… e presso l’acciecata sposa, l’inebetita sposa, fatta cieca ed ebete dal tremendo dolore… tornare nella mia casa senza più figli… senza più pace di reciproco consapevole amore… nella mia sinagoga e parlarvi di Dio… delle sue grandezze… delle sue bellezze sparse nel creato… e avevo negli occhi l’aspetto corroso del mio maschio… e neppure potevo difenderlo quando coglievo mormorazioni a suo carico, in cui era detto che era un ingrato, o un delinquente fuggito di casa…, e ogni mese, dicevo, nel fare questo pellegrinaggio di padre al sepolcro del figlio vivo, a lui, per sostenergli il cuore ripetevo: “C’è il Messia. Verrà. Ti guarirà…”. Lo scorso anno, alla Pasqua a Gerusalemme, mentre ti cercavo, nel breve tempo che stavo lontano dalla moglie cieca, mi fu detto: “C’è proprio. Era qui ieri. Ha guarito anche dei lebbrosi. Gira tutta la Palestina guarendo, consolando, ammaestrando”. Oh! tornai così lesto che parevo un giovane che vada alle nozze! Neppure ho sostato a Engaddi, ma sono venuto qui e ho chiamato il mio fanciullo, il mio maschio, il mio seme che muore, dicendogli: “Egli verrà!”.

391.4

Signore,… Tu hai fatto ogni bene nella città nostra. Parti non lasciando uno che sia malato ancora… Persino le piante e gli animali ci hai benedetto… E non vorrai… Mi hai già guarito la moglie… ma non avrai pietà del frutto delle sue viscere?… Un figlio alla madre! Rendi un figlio alla madre, Tu, il Figlio perfetto della Madre d’ogni grazia! In nome di tua Madre, abbi pietà di me, di noi!…».

Piangono tutti insieme al vecchio che è stato potente e straziante nel suo dire…

E Gesù lo raccoglie fra le braccia, mentre egli singhiozza, e gli dice: «Non piangere più! Andiamo dal tuo Eliseo. La tua fede, la tua giustizia, la tua speranza meritano questo e più ancora. Non piangere, o padre! E non tardiamo oltre a liberare dall’orrore una creatura».

«La luna cala. Difficile è il sentiero. Non potremmo attendere l’aurora?», dicono alcuni.

«No. Le piante da resina sono folte intorno a noi. Coglietene dei rami, accendeteli e andiamo», ordina Gesù.

Salgono ancora per un sentiero stretto e penoso; sembra il letto disseccato di qualche acqua alluvionale. Le torce crepitano fumose e rossastre, mandando un grande odore di resine per l’aria.

391.5

Una caverna stretta di apertura, quasi celata da macchioni ubertosi, nati presso i margini di una sorgente, si mostra al di là di uno stretto pianoro, spaccato in mezzo da un crepaccio in cui si riversa la sorgente.

«Là è Eliseo, da anni… in attesa della morte o della grazia di Dio…», dice il vecchio sottovoce, indicando lo speco.

«Chiama la tua creatura. Confortalo. Che non abbia paura, ma fede».

E Abramo chiama forte: «Eliseo! Eliseo! Figlio mio!», e ripete il grido, tremando di paura per il silenzio che solo gli risponde.

«È morto forse?», dicono alcuni.

«No! Morto, ora, no! Al termine della tortura! Senza una gioia, no! Oh! il mio maschio!», geme il padre…

«Non piangere. Chiama ancora».

«Eliseo! Eliseo! Perché non rispondi al…».

«Padre! Padre mio! Come vieni fuori del tempo solito? Forse la madre è morta, e tu me lo vieni a…». La voce, prima lontana, si è avvicinata, e uno spettro sposta i rami che occultano la soglia, un orrendo spettro, uno scheletro, seminudo, corroso… il quale, vedendo tanta gente con fiaccole e bastoni, chissà cosa crede e arretra gridando: «Padre, perché mi hai tradito? Io non sono mai uscito di qui… Perché mi porti i lapidatori?!». La voce si allontana, mentre dell’apparizione non resta per ricordo che i rami che ondeggiano.

«Confortalo! Digli che qui è il Salvatore!», incita Gesù.

Ma l’uomo non ha più forza… Piange desolato…

391.6

Gesù parla Lui: «Figlio di Abramo e del Padre dei Cieli, ascolta. Si compie ciò che il giusto tuo padre ti profetizzava. Qui è il Salvatore, e con Lui sono i tuoi amici d’Engaddi e gli apostoli del Messia, venuti a godere della tua risurrezione. Vieni senza paura! Vieni avanti fino al crepaccio, ed Io pure verrò, e ti toccherò, e sarai mondato. Vieni senza timore al Signore che ti ama!».

I rami tornano a scostarsi e il lebbroso guarda fuori spaurito. Guarda Gesù, forma bianca che cammina sull’erba del pianoro e che si ferma ai limiti del crepaccio… Guarda gli altri… e specie il vecchio padre che, come affascinato, segue Gesù a braccia tese, con gli occhi fissi sul volto del figlio lebbroso. Viene avanti, rassicurato. Zoppica forte per le piaghe ai piedi… stende le braccia con le mani corrose… Viene di fronte a Gesù… Lo guarda… E Gesù protende le sue bellissime mani, alza gli occhi al cielo, raccoglie, pare raccogliere in Sé tutta la luce delle infinite stelle e raggiarne lo splendore purissimo sulle carni impure, marciose, cadenti, che le fiaccole, agitate perché facciano più luce, fanno apparire ancor più tremende nella luce rossa dei rami accesi.

Gesù si sporge sul crepaccio, tocca col sommo delle sue dita il sommo delle dita lebbrose e dice: «Voglio!», e lo dice con un sorriso di una bellezza non descrivibile. Ripete: «Voglio!» altre due volte. Prega e comanda con quella parola…

Poi si stacca, si arretra di un passo aprendo le braccia a croce e dice: «E quando sarai purificato predica il Signore, perché a Lui appartieni. Ricorda che Dio ti ha amato perché fosti un buon israelita e un figlio buono. Abbi una sposa e dei figli e crescili al Signore. Ecco che è annullata l’amarissima amarezza tua. Benedicine Iddio e sii beato!».

Poi si volge e dice: «Voi, delle torce! Venite avanti e vedete ciò che può il Signore per coloro che lo meritano». Abbassa le braccia che, così aperte e impaludate dal manto, facevano ostacolo alla visione del lebbroso, e si scosta.

391.7

Il primo grido è quello del vecchio, inginocchiato dietro a Gesù: «Figlio! Figlio! Figlio quale eri nei tuoi vent’anni! Bello come allora! Sano come allora! Bello, oh! bello più di allora!… Oh! una tavola, un ramo, qualcosa per venire da te!», e fa per lanciarsi.

Ma Gesù lo trattiene: «No! La gioia non ti faccia violare la Legge. Prima deve purificarsi. Guardalo! Bacialo con gli occhi e il cuore, forte ora come lo fosti per tanti anni. E sii felice…».

Infatti questo è un miracolo completo. Non è solo guarigione, ma restaurazione di ciò che il male aveva distrutto, e l’uomo, sui quarant’anni, è intatto come nulla mai avesse avuto; soltanto resta di una forte magrezza che gli dà un aspetto ascetico di una bellezza non comune e soprannaturale. Ed egli agita le braccia, si inginocchia, benedice… non sa che fare per dire a Gesù che lo ringrazia. Infine vede dei fiori fra l’erba, li coglie, li bacia e li getta oltre il crepaccio ai piedi del Salvatore.

391.8

­«Andiamo! Voi di Engaddi rimanete col vostro sinagogo. Noi proseguiamo verso Masada».

«Ma non sapete… Non ci vedete…».

«So, so la via. Tutto so! E le strade della Terra e quelle dei cuori per le quali passano Dio e il Nemico di Dio, e vedo chi accoglie questo o Quello. State! State con la mia pace! D’altronde fa presto giorno e con rami accesi faremo luce fino all’alba. Abramo, vieni, che ti dia il bacio di addio. Il Signore sia sempre con te, come lo fu fino ad ora, e coi tuoi, e con la tua città buona».

«Non tornerai più in essa, Signore? Per vedere la mia casa felice?».

«No. La mia strada sta per giungere alla sua mèta. Ma in Cielo tu sarai con Me e i tuoi con te. Amatemi e crescete i piccoli nella fede del Cristo… Addio a tutti. Pace e benedizione a tutti i presenti e alle loro famiglie. Pace a te, Eliseo. Sii perfetto per riconoscenza al Signore. Venite voi, miei apostoli…».

E si mette in testa del piccolo corteo che alza rami accesi e procede, e gira un masso sporgente e scompare con la sua veste bianca; poi scompaiono uno per uno gli apostoli, si allontana il loro scalpiccio, si dilegua il rossastro dei rami fiammeggianti…

Restano sul pianoro padre e figlio, seduti sui margini del crepaccio, in contemplazione l’uno dell’altro… E dietro, in gruppo, con bisbigli ammirati, quelli di Engaddi… Attendono l’alba per tornare al paese con la notizia della prodigiosa guarigione.