The Writings of Maria Valtorta

391. Guérison du lépreux Elisée d’Engaddi.

391. Healing of the leper Elisha of Engedi.

391.1

Ils doivent avoir anticipé leur départ — peut-être sur le conseil des habitants d’Engaddi —, car il fait encore bien nuit et une lune presque pleine éclaire la ville d’une lumière très vive. Les ruelles sont des rubans d’argent au milieu des cubes des maisons et des murailles des jardins, dont la chaux semble s’être changée en marbre de sculpteur par l’effet magique des rayons lunaires. Enveloppés dans cette luminescence, les palmiers et les autres arbres prennent un aspect fantastique. Les sources et les ruisseaux forment de petites cascades parées de diamants. Dans les frondaisons, les rossignols égrènent des chapelets de notes prodigieuses, unissant leurs chants à celui des eaux qui, de nuit, paraît toujours plus net.

La ville est endormie, mais quelques personnes accompagnent le Maître. Ce sont les hommes des maisons où logeaient Jésus et les apôtres, et plusieurs autres habitants qui se sont unis à eux. Le chef de la synagogue marche à côté de lui. Ah ! il ne veut pas renoncer à l’escorter avant d’entrer en pleine campagne, même quand Jésus l’en prie !

Ils se dirigent vers la route qui mène à Massada, non pas la route basse qui longe la Mer Morte et dont j’entends dire qu’elle est malsaine et dangereuse à parcourir de nuit, mais celle de l’intérieur, taillée dans la côte, presque au sommet des collines qui bordent le lac.

Au clair de lune, la région est une splendeur ! On croirait parcourir un pays de rêve. Puis l’oasis, la véritable oasis, cesse et les palmiers se font rares. C’est la montagne proprement dite, avec ses arbres de haute futaie, ses prés, ses flancs creusés de cavernes comme presque toutes les montagnes de Palestine. Mais ici, je dirais qu’elles sont en plus grand nombre, et leurs ouvertures sont étranges, en longueur ou en largeur, les unes droites, d’autres de biais, certaines rondes à mi-côte, d’autres qui sont une simple fissure ; elles prennent des aspects effrayants à la lumière de la lune.

391.2

« Abraham, la route passe plus bas. Pourquoi continues-tu à monter ? Tu allonges la route en prenant ce sentier impraticable ! lui reproche un habitant d’Engaddi.

– Parce que je dois montrer quelque chose au Messie et lui demander une autre faveur, en plus des grands bienfaits qu’il a accomplis pour nous. Mais si vous êtes fatigués, rentrez chez vous ou attendez-moi ici. J’irai tout seul, dit le vieillard qui marche péniblement, en haletant, sur ce sentier difficile et abrupt.

– Oh non ! Nous venons avec toi. Mais ta fatigue nous fait de la peine. Tu es tout essoufflé…

– Ce n’est pas le sentier, non !… C’est autre chose : une épée qui se retourne dans mon cœur… une espérance qui le gonfle. Venez, mes enfants, et vous saurez quelle immense souffrance il y avait dans le cœur de celui qui vous consolait de toutes vos douleurs ! Quel… pas désespoir, cela non, mais… renoncement à espérer aucune joie à tout jamais, il y avait dans le cœur de celui qui vous disait toujours d’espérer en Dieu qui peut tout… Je vous ai appris à croire au Messie… Vous souvenez-vous comme je parlais de lui avec assurance, quand je pouvais le faire désormais sans lui causer de tort ? Vous objectiez : “ Mais le massacre d’Hérode ? ” Eh oui ! C’était une grande épine dans mon cœur ! Mais je m’attachais de tout mon cœur à l’espérance… Je disais : “ Si Dieu a envoyé l’étoile à ces trois hommes qui n’étaient même pas du peuple d’Israël, pour les inviter à adorer le Messie enfant, s’il les a guidés par elle vers la pauvre maison qu’ignoraient les rabbins d’Israël, les princes des prêtres et les scribes, s’il les a avertis par un songe de ne pas repasser chez Hérode, n’aura-t-il pas, pour sauver l’Enfant, déployé une puissance encore plus grande et averti son père et sa Mère de s’enfuir, pour mettre en lieu sûr l’espérance de Dieu et de l’homme ? ”

Et la foi dans son salut grandissait, vainement attaquée par le doute humain et les paroles des autres…

391.3

Et quand… et quand la plus grande douleur que puisse connaître un père s’est emparée de moi… quand j’ai dû conduire à son tombeau un être vivant… et lui dire… lui dire… : “ Reste ici tant que durera ta vie… et pense que si le désir des caresses de ta mère ou un autre motif te poussait vers les maisons, je devrais te maudire, te frapper le premier, puis te reléguer en un lieu où mon amour désolé ne pourrait même plus te secourir ”, quand j’ai dû faire cela… je me suis accroché encore davantage à la foi en Dieu, sauveur de son Sauveur, et me dire à moi et à mon fils… à mon fils lépreux… vous entendez ? lépreux… dire… “ Inclinons la tête sous la volonté du Seigneur et croyons en son Messie ! Moi, Abraham… toi, Isaac, immolé non par le feu mais par le mal, offrons notre douleur pour obtenir le miracle…”

Et chaque mois, à chaque nouvelle lune… je venais ici en cachette, chargé de nourriture… de vêtements… d’amour… que je devais déposer loin de mon enfant… parce que je devais retourner auprès de vous… mes fils… et auprès de mon épouse aveugle et qui a perdu la tête à cause de cette terrible souffrance… rentrer à la maison, où il n’y avait plus d’enfant… sans plus connaître la paix d’un amour réciproque conscient… revenir à ma synagogue et y parler de Dieu, de ses grandeurs… de ses beautés répandues dans la création… et moi, j’avais dans les yeux la vue de mon garçon rongé par le mal… je ne pouvais même pas le défendre quand j’entendais des médisances offensantes pour lui qui le présentaient comme un ingrat, comme un criminel enfui de la maison… et chaque mois, en faisant ce pèlerinage d’un père au tombeau de son fils vivant, je lui répétais, pour soutenir son cœur : “ Le Messie existe. Il viendra. Il te guérira…”

L’an dernier, au moment de la Pâque à Jérusalem, je t’ai cherché dans le court laps de temps pendant lequel j’étais loin de mon épouse aveugle. Alors on m’a dit : “ Il existe vraiment. Il était là hier. Il a même guéri des lépreux. Il fait le tour de la Palestine, en guérissant, en consolant, en instruisant. ”

Ah ! Je suis revenu si vite que je ressemblais à un jeune homme en route pour ses noces ! Je ne me suis pas même arrêté à Engaddi, je suis venu directement ici, et j’ai appelé mon enfant, mon garçon, ma race qui meurt, pour lui dire : “ Il va venir ! ”

391.4

Seigneur… Tu as fait toute sorte de bien dans notre ville. Tu pars sans y laisser aucun malade… Tu as béni jusqu’aux arbres et aux animaux… Et tu ne voudrais pas… Tu as déjà guéri mon épouse… N’aurais-tu pas pitié du fruit de ses entrailles ?… Un fils pour sa mère ! Rends un fils à sa mère, toi, le Fils parfait de la Mère de toute grâce ! Au nom de ta Mère, aie pitié de moi, de nous !… »

Tout le monde pleure avec le vieillard, dont les paroles étaient émouvantes et déchirantes…

Jésus le prend dans ses bras pendant qu’il sanglote :

« Ne pleure plus ! Allons trouver ton Elisée. Ta foi, ta justice, ton espérance, méritent cela, et davantage. Ne pleure pas, père ! Et ne nous attardons pas plus longtemps avant de délivrer de l’horreur une créature de Dieu.

– La lune descend, le chemin est difficile. Ne pourrions-nous pas attendre l’aurore ? disent certains.

– Non. Les plantes résineuses sont nombreuses autour de nous. Cueillez-en des branches, allumez-les, et avançons » ordonne Jésus.

Ils montent encore par un sentier étroit et difficile. On dirait le lit desséché de quelque cours d’eau irrégulier. Les torches, fumeuses et rougeâtres, crépitent en répandant dans l’air une forte odeur de résine.

391.5

Une caverne à l’ouverture étroite, presque cachée par des pousses plantureuses nées aux abords d’une source, apparaît au-delà d’un étroit plateau coupé en son milieu par une crevasse où l’eau se déverse.

« C’est là que se trouve Elisée, depuis des années… dans l’attente de la mort ou de la grâce de Dieu… dit le vieil homme à mi-voix, en montrant la caverne.

– Hèle ton enfant, encourage-le. Qu’il n’ait pas peur, mais qu’il ait foi. »

Abraham appelle d’une voix forte :

« Elisée ! Elisée ! Mon fils ! »

Il crie de nouveau, tremblant de peur à cause du silence qui, seul, lui répond.

« Il est peut-être mort ? disent certains.

– Non ! Mort, maintenant, non ! Au terme de sa torture ! Sans une joie, non ! Oh ! mon garçon ! gémit le père…

– Ne pleure pas. Appelle encore.

– Elisée ! Elisée ! Pourquoi ne réponds-tu pas au…

– Père ! Mon père ! Pourquoi viens-tu en dehors du temps habituel ? Peut-être que ma mère est morte, et que tu viens pour… »

La voix, d’abord lointaine, s’est rapprochée, et un spectre écarte les branches qui ferment l’entrée, un spectre horrible, un squelette, à moitié nu, rongé par la lèpre… Voyant tant de gens avec des flambeaux et des bâtons, il s’imagine je ne sais quoi, et recule en criant :

« Père, pourquoi m’as-tu trahi ? Je ne suis jamais sorti d’ici… Pourquoi amènes-tu des gens pour me lapider ? »

La voix s’est éloignée, et de l’apparition il ne reste comme souvenir que des branches qui remuent.

« Encourage-le ! Dis-lui que le Sauveur est ici ! » demande Jésus.

Mais l’homme n’a plus de force… Il pleure, désolé…

391.6

C’est alors Jésus qui parle :

« Fils d’Abraham et du Père des Cieux, écoute. Il s’accomplit ce que ton juste père te prophétisait. Le Sauveur est ici. Il est accompagné de tes amis d’Engaddi et des apôtres du Messie, venus se réjouir de ta résurrection. Viens sans peur ! Avance jusqu’à la crevasse. Je m’approcherai moi aussi, je te toucherai et tu seras purifié. Viens sans peur vers le Seigneur qui t’aime ! »

Les branches s’écartent de nouveau et le lépreux, apeuré, regarde au dehors. Il observe Jésus, forme blanche qui marche dans l’herbe du plateau, et qui s’arrête devant la crevasse… Il examine les autres… et en particulier son vieux père qui, comme fasciné, suit Jésus, les bras tendus, le regard fixé sur le visage de son fils lépreux. Rassuré, il avance. Il boite fortement à cause des plaies de ses pieds… il tend des bras aux mains rongées… Il se met en face de Jésus… Il le regarde… Jésus étend ses mains très belles, lève les yeux au ciel, rassemble, paraît rassembler en lui tout l’éclat des étoiles innombrables et en rayonner la splendeur très pure sur les chairs impures, pourries, tombant en lambeaux, que les flambeaux, agités pour mieux éclairer, font paraître encore plus horribles à la lumière rouge des branches allumées.

Jésus se penche sur la crevasse, touche de l’extrémité des doigts l’extrémité des doigts lépreux et dit :

« Je veux ! »

Il l’accompagne d’un sourire d’une beauté qu’on ne peut décrire. Il répète “ Je veux ! ” deux autres fois. Il prie. Sa parole est un ordre…

Puis il se détache, recule d’un pas, en ouvrant les bras en croix et dit :

« Quand tu seras purifié, prêche le Seigneur car c’est à lui que tu appartiens. Rappelle-toi que Dieu t’a aimé parce que tu as été un bon israélite et un bon fils. Prends une épouse, aie des enfants et fais-les grandir pour le Seigneur. Voici qu’est anéantie ta terrible amertume. Bénis-en Dieu et sois bienheureux ! »

Puis il se retourne et dit :

« Quant à vous, avec vos torches, avancez et voyez ce que peut le Seigneur pour ceux qui le méritent. »

Il baisse les bras qui, ainsi ouverts et enveloppés par son manteau, empêchaient de voir le lépreux, et s’écarte.

391.7

Le premier cri est celui du vieillard, agenouillé derrière Jésus :

« Mon fils ! Mon enfant ! Te voilà tel que tu étais à vingt ans ! Beau comme à cette époque ! En bonne santé comme alors ! Beau, oh ! plus beau qu’alors !… Ah ! une table, une branche, quelque chose pour arriver jusqu’à toi ! »

Il est sur le point de s’élancer. Mais Jésus le retient :

« Non ! Que la joie ne te fasse pas violer la Loi. Il faut d’abord qu’il se purifie ! Regarde-le ! Embrasse-le avec les yeux et le cœur, sois fort maintenant comme tu l’as été pendant tant d’années. Et sois heureux… »

En fait c’est un miracle complet. Ce n’est pas seulement une guérison, mais la reconstitution de ce que le mal avait détruit, et l’homme, d’environ quarante ans, est intact comme s’il n’avait jamais rien eu. Il reste seulement d’une grande maigreur qui lui donne un aspect ascétique d’une beauté peu commune et surnaturelle. Et il agite les bras, s’agenouille, bénit… ne sait que faire pour dire à Jésus qu’il le remercie. Finalement, il voit des fleurs dans l’herbe, les cueille, leur donne un baiser et les jette par-delà la crevasse aux pieds du Sauveur.

391.8

« Allons ! Vous, les habitants d’Engaddi, restez avec votre chef de synagogue. Nous, nous continuons vers Massada.

– Mais vous ne savez pas… Vous n’y voyez goutte…

– Je connais bien le chemin. Je connais tout : et les routes de la terre, et la voie des cœurs par lesquels passent Dieu et l’Ennemi de Dieu, et je vois qui accueille l’un ou l’autre. Restez là ! Restez avec ma paix ! D’ailleurs, le jour va vite arriver et, avec des branches allumées, nous nous éclairerons jusqu’à l’aube. Abraham, viens, que je te donne le baiser d’adieu. Que le Seigneur soit toujours avec toi comme il l’a été jusqu’à présent, et aussi avec ta famille et ta bonne ville.

– Tu n’y reviendras plus, Seigneur ? Pour voir ma maison heureuse ?

– Non. Mon chemin va arriver à sa destination. Mais, au Ciel, toi et les tiens serez avec moi. Aimez-vous et faites grandir les enfants dans la foi au Christ… Adieu à tous. Paix et bénédiction à tous ceux qui sont présents et à leurs familles. Paix à toi, Elisée. Sois parfait par reconnaissance pour le Seigneur. Venez, vous, mes apôtres… »

Et il se met en tête de la petite troupe, qui lève des branches allumées, il avance, contourne un rocher qui fait saillie, puis disparaît, dans son vêtement blanc. A leur tour, les apôtres disparaissent l’un après l’autre, le bruit de leurs pas s’éloigne, la lueur rougeâtre des branches enflammées s’efface…

Il ne reste sur le plateau que le père et le fils, assis au bord de la crevasse, se contemplant l’un l’autre… Et par derrière, en groupe, avec des murmures admiratifs, les habitants d’Engaddi… Ils attendent l’aube pour retourner en ville avec la nouvelle de cette prodigieuse guérison.

391.1

They must have advanced the time of their departure, and perhaps the inhabitants of Engedi advised them to do so, because it is the dead of night and the moon almost full illuminates the town with a very bright light. The narrow streets look like silver ribbons lying among the cube-shaped houses and garden walls, the lime of which seems to have been changed into sculptural marble by the magic rays of moonlight. Palm-trees and other trees look mysterious, enveloped in the lunar phosphorescence. Fountains and rivulets are little waterfalls and diamond necklaces. And from tree branches nightingales pour forth strings of golden notes thus adding their wonderful voices to the gurgle of waters, which can be heard very clearly in the night.

The town is asleep. But there are some people with Jesus, Who is departing. They are the men of the houses that gave hospitality to Jesus and His disciples and they have been joined by other people. The head of the synagogue is walking beside Jesus. Oh! He does not want to stop accompanying Him, not even when Jesus begs him to go back, before proceeding into the open country. They go straight towards the road leading to Masada, not the lower road along the Dead Sea, which I hear is unhealthy and dangerous at night; but to the internal one, built on the slopes, almost on the crests of the hills bordering the lake.

The oasis is wonderful in the lunar night! One seems to be walking in dream-land. Then the oasis comes to an end and palm-trees thin out. Then there is the real mountain, with its forest trees, its meadows and its slopes split by caves, like almost all the Palestinian mountains. But I would say that the caves are more numerous here and their strange mouths, long or flat, straight or slanting, round or like fissures, have a frightening look in the moonlight.

391.2

«Abraham, the road is farther down. Why are you climbing up, going the long way round, on such a difficult path?» says one of Engedi, warning the old head of the synagogue.

«Because I have to show something to the Master and ask Him to do one thing more, to be added to the great gifts He has already granted us. But if you are tired, go home, or wait for me here. I will go by myself» replies the old man, who plods on panting, along the difficult steep path.

«Oh! no! We will come with you. But it grieves us to see you tire so. You are breathless…»

«Oh! it is not the path!… It is something else! It is a sword piercing my heart… and it is hope swelling it. Come, my children, and you will see how much grief there was in the heart of the man who relieved all your sorrows! How much… not despair, certainly not, but… he who always told you to hope in the Lord Who can do everything, realized he could not possibly expect to have joy anymore… I taught you to believe in the Messiah… Do you remember when I used to speak of Him without any fear, when I could do so without harming Him? And you would say to me: “What about Herod’s slaughter?”. Yes. It was a sore thorn in my heart! But I clung to hope with my whole being… I used to say: “If God sent His star to three men, who were not even from Israel, to invite them to worship the Child Messiah, and He led them by it to the poor house unknown to the rabbis of Israel, to the princes of priests and scribes, if in a dream He informed them not to go back to Herod, in order to save the Child, is it possible that, even with greater power, He did not inform His father and Mother to flee taking the hope of God and of man to a safe place?”. And my faith in His safety grew stronger and was attacked in vain by human doubt and the words of other people…

391.3

And when… and when the deepest grief for a father seized me… when I had to take a living being to the sepulchre and say to him: “Remain here as long as your life lasts… and consider that if the desire for your mother’s caresses or any other reason should urge you towards the town, I would have to curse you and be the first to strike you and relegate you where not even my most desolate love could relieve you”, when I had to do that… I had to cling even more to my faith in God, the Saviour of His Saviour, and say to myself and to my son… to my leprous son… see?… leprous…: “Let us bow our heads to the will of the Lord and believe in His Messiah! I Abraham… you Isaac, immolated by disease, not by fire, let us offer our sorrow to have a miracle…”. And every month, at each new moon, when I came here secretly, laden with foodstuffs… clothes… love… which I had to leave far from my son… because I had to come back to you… my children… to my blind wife, to my feeble-minded wife, whom dreadful grief had made blind and dull… and I had to come back to my childless home… without the peace of reciprocal conscious love… and to my synagogue to speak to you of God… of His wonders… of the beautiful things He spread in the universe… and I could see with my eyes the corroded sight of my son… whom I could not even defend when I heard people speak ill of him, saying that he was an ungrateful son, or a criminal who had run away from home…, and every month, when making this pilgrimage to the sepulchre of my living son, as I was saying, I used to repeat to him, to encourage him: “The Messiah is on the earth. He will come. He will cure you…”. Last year at Passover, when I was looking for You in Jerusalem, during the short time that I was away from my blind wife, I was told: “He really exists. He was here yesterday. He also cured some lepers. He is going round the whole of Palestine curing, comforting, teaching”. Oh! I came back so quickly that I looked like a young man going to a wedding! I did not even stop at Engedi, but I came here and I called my son, my boy, my dying seed, and I said to him: “He will come!”.

391.4

Lord… You have done all sorts of good to our town. You are going away, but there are no sick people left… You have blessed even our trees and animals… And will You not… You have already cured my wife… but will You not have mercy on the fruit of her womb?… A son to a mother! Give back a son to his mother, You, the perfect Son of the Mother of all graces! In the name of Your Mother have mercy on me, on us!…»

Everybody is weeping with the old man who has spoken with such powerful and heart-rending feelings…

And Jesus clasps him in His arms, while he is sobbing, and He says to him: «Do not weep anymore! Let us go to your Elisha. Your faith, justice and hope deserve that and much more. Do not weep, father! Do not let us delay any longer from freeing a man from such horror.»

«The moon is setting. The road is a difficult one. Could we not wait until dawn?» say some people.

«No. There are many resinous plants here around us. Pick some branches, light them and let us go» orders Jesus.

They climb up a narrow troublesome path; it looks like the dried bed of alluvial water. The reddish smoky torches crackle spreading a strong smell of resins through the air.

391.5

A cave with a narrow opening, almost hidden by thick bushes which have grown near the edges of a spring, appears beyond a narrow tableland split in the middle by a crevice into which flows the water of the spring.

«Elisha has been there, for years… awaiting death or the grace of God…» says the old man in a low voice, pointing at the cavern.

«Call your son. Console him. Tell him not to be afraid, to have faith.»

And Abraham shouts in a loud voice: «Elisha! Elisha! Son!» and he repeats his cry, trembling with fear because there is no reply.

«Is he perhaps dead?» some ask.

«No. Dead, just now, no! At the end of his torture! With no joy, no! Oh! my boy!» moans the father…

«Do not weep. Call him again.»

«Elisha! Elisha! Why are you not answering your…»

«Father! Father! Why have you come at this unusual time? Is mother perhaps dead, and you have come to…» the voice, which was previously far, has come nearer, and a spectre moves the branches concealing the entrance; a horrible spectre, a half-naked corroded skeleton… who seeing so many people with torches and sticks, imagines I wonder what, and withdraws shouting: «Father, why have you betrayed me? I have never left this place… Why have you brought people to stone me?!» The voice moves away and only the undulating branches are left to remind people of the apparition.

«Comfort him! Tell him that the Saviour is here!» urges Jesus.

But the old man has no strength left… He weeps desolately…

391.6

Jesus then speaks: «Son of Abraham and of the Father in Heaven, listen. What your just father prophesied, is now being accomplished. The Saviour is here and your friends of Engedi are with Him and the disciples of the Messiah have come to rejoice at your resurrection. Come and be not afraid! Come as far as the crevice, and I will come, too, and I will touch you, and you will be cleansed. Do not be afraid, come to the Lord Who loves you!»

The branches are shifted once again and the frightened leper looks out. He looks at Jesus, a white figure walking on the grass of the tableland and stopping at the edge of the crevice… He looks at the others… and especially at his father who appears to be fascinated and follows Jesus with his arms stretched out and his eyes staring at the face of his leprous son. He is reassured and comes forward. He walks with a limp, because of the sores on his feet… he stretches out his arms with their corroded hands… He comes before Jesus… He looks at Him… And Jesus holds out His beautiful hands, He raises His eyes to Heaven, He gathers, He seems to be gathering within Himself all the light of the infinite stars, shedding its pure brightness on the impure, putrid, corroded flesh that looks even more dreadful in the red light of the burning branches, which people are waving to give more light.

Jesus leans over the crevice, with the tips of His fingers He touches the tips of the leprous fingers and says: «I want it!», with such a beautiful smile that it cannot be described. He repeats: «I want it!» twice more. He prays and commands with that word…

He takes one step back opening His arms crosswise and says: «And when you have been cleansed preach the Lord, because you belong to Him. Remember that God loved you so that you might be a good Israelite and a good son. Get married and bring your children up for the Lord. Your very bitter bitterness has been cancelled. Bless the Lord and be happy!»

He then turns around and says: «You with torches, come forward and see what the Lord can do for those who deserve it.»

He lowers His arms, as open and covered by the mantle they prevented people from seeing the leper, and He moves aside.

391.7

The first cry is from the old man kneeling behind Jesus: «Son! Son! You are as handsome as when you were twenty years old. And just as healthy! Handsome, Oh! you are more handsome now!… Oh! a board, a branch, something, that I may come to you!» and he is on the point of rushing forward.

But Jesus holds him back: «No! Joy must not make you infringe the Law. He is to be purified first. Look at him! Kiss him with your eyes and with your heart, but be strong now as you have been for so many years. And be happy…»

In fact this is a complete miracle. It not only cured, but it restored what had been destroyed by disease, and the man, about forty years old, is as whole as if he had not suffered from any disease; he is only very thin, which gives him an ascetic appearance, which is not common but supernatural. He waves his hands, kneels down and blesses… he does not know what to do to tell Jesus that he thanks Him. At last he sees some flowers among the grass, he picks them, kisses them and throws them beyond the crevice at the Saviour’s feet.

391.8

«Let us go! You people of Engedi, stay here with your head of the synagogue. We will go on towards Masada.»

«But you don’t know… You cannot see…»

«I know the way. I know everything! Both the ways of the Earth and those of hearts, along which God and the Enemy of God pass, and I see those who accept the latter or the Former. Remain here with My peace! In any case it will soon be daybreak and with the burning branches we shall have light till dawn. Abraham, come here, that I may kiss you goodbye. May the Lord always be with you, as He has been so far, and with your family and your kind town.»

«Will you not come back to us again, Lord? To see my happy home?»

«No. My road is about to come to its end. But you will be in Heaven with Me, and your dear ones will be with you. Love me and bring the little ones up in the faith of the Christ… Goodbye to everybody. Peace and blessings to all those who are here and to their families. Peace to you, Elisha. Be perfect out of gratitude to the Lord. My apostles, come with Me…»

And He sets off at the head of the little procession, walking with burning branches held aloft. He turns round a projecting rock and disappears with His white mantle; then the apostles disappear one by one, the shuffling of their feet fades away, the reddish light of the branches vanishes…

Father and son remain on the tableland, sitting on the edges of the crevice, contemplating each other… Behind them, in a group, whispering their admiration, the people of Engedi… They await dawn to go back to the town with the news of the wonderful cure.