Gli Scritti di Maria Valtorta

404. En route vers Emmaüs de la plaine.

404. In cammino verso Emmaus della pianura.­

404.1

L’aube met une clarté d’un vert laiteu sur la voûte du ciel, au-dessus de la vallée fraîche et silencieuse. Puis cette lueur si indéfinie, qui est et qui n’est pas encore de la lumière, baigne le haut des deux pentes. Elle semble caresser doucement les sommets les plus élevés des monts de Judée et dire aux vieux arbres qui les couronnent : “ Me voici, je descends du ciel, je viens de l’orient, précédant l’aurore, chassant les ombres, apportant la lumière, l’activité, la bénédiction d’un nouveau jour que Dieu vous accorde. ” Et les cimes s’éveillent, accompagnées du soupir des feuillages, du pépiement des premiers oiseaux, réveillés par le frémissement des branches, par cette clarté naissante. Plus tard, l’aube continue à descendre vers les buissons du sous-bois, puis vers les herbes, vers les pentes, de plus en plus bas et elle est saluée par des gazouillis sans cesse plus nombreux dans les frondaisons et l’ondoiement dans les herbes des lézards réveillés. Enfin, elle atteint le petit torrent du fond, change ses eaux sombres en un opaque scintillement d’argent qui ne cesse de s’éclaircir et de devenir brillant. Et là-haut, dans le ciel, où l’indigo de la nuit s’était à peine éclairci en un pâle bleu verdâtre d’aube, se dessine la première annonce de l’aurore en le colorant de bleu clair teinté de rose… Et voici un cirrus léger, floconneux, qui arrive, déjà tout mousseux et rosé…

Jésus sort de la grotte et regarde… Il se lave au torrent, se coiffe, s’habille, jette un coup d’œil dans la grotte… Il n’appelle pas… au contraire, il gravit la montagne et va prier sur un pic qui fait saillie et qui est assez élevé pour donner une large vue sur l’orient déjà tout rosi par l’aurore, sur l’occident encore teinté d’indigo. Il prie… il prie ardemment, à genoux, les coudes à terre, presque allongé… Et il reste ainsi jusqu’à ce que d’en bas montent les voix des douze qui se sont réveillés et l’appellent.

Il se lève et répond :

« J’arrive ! »

L’écho de l’étroite vallée répercute plusieurs fois sa voix parfaite. On dirait que la vallée transmet à la plaine, qu’on entrevoit à l’occident, la promesse du Seigneur : “ J’arrive ” pour lui permettre de s’en réjouir d’avance.

Jésus se met en route en soupirant et en prononçant une phrase qui résume sa longue prière et l’explique :

« Père, donne-moi ton réconfort… »

Il descend rapidement et, arrivé en bas, salue d’un sourire très doux ses apôtres de ses mots habituels :

« Que la paix soit avec vous en cette nouvelle journée.

– Avec toi aussi, Maître » répondent tous les apôtres, même Judas.

404.2

Je ne sais pas si ce dernier est rassuré par le silence de Jésus qui ne lui a pas fait de reproches et qui le traite comme tous les autres, ou s’il a médité pendant la nuit un plan pour se tirer d’affaire. Son regard est moins torve et il se tient moins à l’écart. C’est même lui qui demande au nom de tous :

« Nous allons à Jérusalem ? Si oui, il faut revenir un peu en arrière et prendre ce pont. De l’autre côté, il y a une route qui mène directement à Jérusalem.

– Non. Nous allons à Emmaüs de la plaine.

– Mais pourquoi ? Et la Pentecôte ?

– Nous avons le temps. Je veux me rendre chez Nicodème et chez Joseph, par les plaines vers la mer…

– Mais pourquoi ?

– Parce que je n’y suis pas encore allé et ce peuple m’attend… Et parce que les bons disciples l’ont désiré. Nous aurons le temps de tout faire.

– C’est cela que t’a dit Jeanne ? C’est pour cela qu’elle t’a appelé ?

– Ce n’était pas nécessaire. C’est à moi, directement à moi qu’ils l’ont dit, dans les jours de Pâque. Et je suis fidèle au rendez-vous.

– Moi, je n’irais pas… Ils sont peut-être déjà à Jérusalem… La fête est proche… Et puis… Tu pourrais rencontrer des ennemis, et…

– Des ennemis, j’en rencontre partout et j’en ai toujours près de moi… »

Jésus darde son regard sur l’apôtre qui est sa douleur… Judas ne souffle plus mot. Il est trop dangereux d’aller plus loin ! Il le sent et se tait.

404.3

Jean et André reviennent avec de petits fruits qui semblent appartenir à la famille des framboises ou des caprons, mais plus foncés, presque comme des mûres encore rouges, et ils les tendent au Maître :

« Cela va te plaire. Nous les avons remarqués hier soir, et nous sommes montés les cueillir pour toi. Mange-les, Maître. Ils sont délicieux. »

Jésus caresse les deux bons et jeunes apôtres qui lui présentent leurs baies sur une large feuille lavée au torrent : au-delà des fruits, c’est leur amour qu’ils lui offrent. Jésus choisit les plus beaux et en donne un peu à chaque apôtre. Ils les mangent avec du pain.

« Nous avons cherché du lait pour toi, mais il n’y avait pas encore de bergers… » dit André en s’excusant.

– Peu importe. Dépêchons-nous, pour arriver à Emmaüs avant la grande chaleur. »

Ils se mettent en chemin et ceux qui ont le plus d’appétit mangent encore en marchant. La fraîche vallée s’élargit de plus en plus, et elle finit par déboucher dans une plaine fertile où les moissonneurs sont déjà en plein travail.

« Je ne savais pas que Nicodème possédait des maisons à Emmaüs, observe Barthélemy.

– Pas à Emmaüs, plus loin. Ce sont des champs de parents dont il a hérité…, explique Jésus.

– Quelles belles campagnes ! » s’exclame Jude.

C’est en effet une vraie mer d’épis dorés entremêlés de vergers de rêve et de vignes qui déjà promettent une gloire de grappes. Arrosées comme elles le sont par les centaines de petits torrents qui descendent des montagnes toutes proches, aux mois où l’irrigation est la plus nécessaire, avec des nappes d’eaux souterraines, c’est un véritable éden agricole.

« Oui ! La plaine est plus belle que l’an dernier. Au moins, il y a de l’eau et des fruits…, marmonne Pierre.

– Celle de Saron l’est encore davantage, lui répond le Zélote.

– Mais n’est-ce pas déjà celle-ci ?

– Non, elle vient après. Mais celle-ci s’en rapproche… »

Les deux apôtres se mettent à discuter, en s’éloignant un peu.

404.4

« Des propriétés de pharisiens, hein ? demande Jacques, fils de Zébédée, en montrant la riche campagne.

– De Judéens certainement. Ils ont pris les meilleures terres en les enlevant de mille manières à leurs premiers propriétaires ! » lui répond Jude, qui se souvient peut-être des biens de son père en Judée d’où ils furent chassés en perdant une grande partie de leur fortune.

Judas est piqué au vif :

« S’ils vous ont été pris, c’est parce que vous autres, galiléens, vous êtes moins saints, inférieurs…

– Je te prie de te souvenir qu’Alphée et Joseph étaient de la race de David, de sorte que l’Edit les a obligés d’aller s’inscrire à Bethléem de Juda. Et Jésus est né là-bas pour cette raison » répond calmement Jacques, fils d’Alphée, en prévenant la riposte mordante de son fougueux frère, et en montrant le Seigneur, qui est en train de parler avec Matthieu et Philippe.

– Oh ! c’est bon ! » dit Thomas, conciliant et juste. « Pour ma part, je dis qu’il y a partout du bon et du mauvais. Dans notre commerce, nous avons approché des gens de toute origine, et je peux vous assurer que j’ai trouvé des personnes honnêtes ou malhonnêtes dans toutes les races. Et d’ailleurs… Pourquoi se vanter d’être judéen ? Est-ce nous qui l’avons voulu ? Hein ? Est-ce que je savais, quand j’étais dans le sein de ma mère, ce que c’était que d’être judéen ou galiléen ? J’étais là… et j’y restais. Une fois né, j’étais dans les langes, bien au chaud, sans me demander si l’air que je respirais était judéen ou galiléen… Je ne connaissais que le sein maternel… C’est notre cas à tous. Maintenant, pourquoi se fâcher ainsi parce que l’un est né plus haut et l’autre plus bas ? Ne sommes-nous pas pareillement d’Israël ?

– Tu as raison, Thomas » répond Jean. Et il conclut : « D’ailleurs, nous appartenons désormais à une seule race : celle de Jésus.

– Oui, il est d’origine judéenne, mais conçu et habitant en Galilée, après être né à Bethléem, comme pour nous dire par les faits qu’il est le Rédempteur d’Israël tout entier, du nord au midi. Je crois que cela a été voulu par le Très-Haut, pour nous apprendre que les divisions vont à l’encontre de l’amour du prochain, et que le Maître est envoyé pour nous rassembler tous comme l’affectueuse mère poule dont parlent[1] les livres saints. Et pour la seule raison qu’il est appelé “ le Galiléen ”, on ne devrait pas éprouver de mépris pour les Galiléens » dit Jacques, fils d’Alphée, avec douceur mais fermeté.

Jésus, qui marchait quelques mètres en avant et semblait occupé à parler avec Matthieu et Philippe, se retourne pour dire :

« Tu as bien parlé, Jacques, fils d’Alphée. Tu comprends la Vérité et les vérités, ainsi que la justice de tous les actes de Dieu. En effet, rappelez-vous tous et toujours, que Dieu ne fait jamais rien sans but, de même qu’il ne laisse sans récompense rien de ce que font les hommes au cœur droit. Bienheureux ceux qui savent reconnaître les raisons de Dieu dans les événements même les plus insignifiants, et les réponses de Dieu aux sacrifices des hommes. »

Pierre se retourne ; il est sur le point de parler. Mais il garde le silence et se borne à sourire à son Maître, qui se réunit à ses apôtres car ils marchent maintenant sur une route à grande circulation à travers des champs dorés.

404.5

Ils se dirigent vers Emmaüs qui est déjà proche : c’est un groupe de maisons d’un blanc aveuglant au milieu des couleurs blonde des blés mûrs et verdoyante des vergers.

« Maître ! Maître ! Arrête-toi ! Tes disciples ! » crient des voix lointaines.

Une poignée d’hommes, laissant en plan des paysans qui se reposent un peu à l’ombre d’un pommier, courent vers Jésus par un sentier ensoleillé. Ce sont Mathias et Jean, les anciens bergers, d’abord disciples de Jean-Baptiste, ainsi que Nicolaï, Abel qui était autrefois lépreux, Samuel, Hermastée, et d’autres encore.

« Paix à vous. Comment êtes-vous ici ?

– Eh bien, Maître, nous avons longé toutes les côtes de la mer. Nous allions maintenant à Jérusalem. Plus haut se trouve Etienne avec d’autres et, plus haut encore, Hermas et d’autres. Isaac, notre petit maître à tous, est encore plus en altitude — du moins il y était —. Quant à Timon, il était de l’autre côté du Jourdain. Mais, à présent, ils doivent tous être en route pour la fête de la Pentecôte. Nous nous sommes répartis en de nombreux groupes, petits, mais pas inactifs. Ainsi, s’ils nous persécutent, ils pourront en capturer quelques-uns, mais pas tous, explique Mathias.

– Vous avez bien fait. Je me suis étonné de ne pas vous avoir trouvés dans toute la Judée méridionale…

– Maître… Tu y allais… Qui mieux que toi ? Et puis… Ah ! elle a eu plus qu’il ne faut pour devenir sainte ! Et pourtant… Elle envoie des pierres à ceux apportent la parole du Ciel. Dans les gorges du Cédron, Elie et Joseph ont été frappés et ils sont passés au-delà du Jourdain, dans la maison de Salomon. Joseph a failli être tué par une pierre sur la tête. Pendant huit jours, ils ont vécu dans une grotte profonde, avec quelqu’un que tu avais envoyé qui connaissait tous les secrets des montagnes. Puis, de nuit, lentement, ils sont partis de l’autre côté… »

Les disciples et les apôtres sont agités par le souvenir et l’annonce de ces persécutions, mais Jésus les calme :

« Les Innocents ont teint de la pourpre de leur sang très pur le chemin du Christ. Mais ce dernier devra être toujours rougi de pourpre pour effacer les empreintes du Mal sur la route de Dieu. C’est la voie royale. Les martyrs le font par amour pour moi. Bienheureux entre les bienheureux, ceux qui à cause de moi subissent la persécution.

– Maître, nous nous adressions à ces paysans. Ne vas-tu pas prendre la parole à ton tour ? demande Jean, l’ancien berger.

– Allez leur dire qu’au crépuscule je parlerai près de la porte d’Emmaüs. Maintenant, le soleil m’en empêche. Allez. Et que Dieu soit avec vous. Je serai au bout de cette route. »

Il les bénit et reprend sa marche en cherchant de l’ombre, car le soleil est brûlant sur la route blanche, à peine ombragée par des platanes plantés sur les bords, à cet effet.

404.1

L’alba mette una luminosità verde lattea sulla volta del cielo, alto sulla valle fresca e silenziosa. E poi il suo chiarore così indefinibile, che è già luce e non è ancora luce, bagna il sommo delle due pendici. Pare carezzi lievemente le parti più alte dei monti giudei, dica alle piante annose che le incoronano: «Eccomi, scendo dal cielo, vengo da oriente, precedo l’aurora, caccio le ombre, porto la luce, l’operosità, la benedizione di un nuovo giorno che Dio vi concede», e le cime si svegliano con un sospiro di fronde, con il zirlo dei primi uccelli risvegliati da quel lieve fremere di frasche, da quel primo chiarore. E scende l’alba più giù, ai cespugli del sottobosco, poi alle erbe, poi alle chine, sempre più in basso, e la salutano sempre più numerosi cinguettii fra le fronde e fruscii fra le erbe dei ramarri risvegliati. E poi raggiunge il torrentello del fondo, ne muta le acque cupe in un opaco scintillio d’argento, che sempre più si monda e si fa brillante. E lassù, intanto, nel cielo, che aveva appena schiarito l’indaco notturno in un celestrino verdastro d’alba, si spennella il primo annuncio d’aurora e lo fa celeste con note di rosa… E poi ecco un cirro, minuto, fioccoso, veleggiare, già tutto di spuma rosata…

Gesù esce dalla grotta e guarda… Poi si lava al torrente, si ravvia, si riveste, occhieggia nella grotta… Non chiama… Sale il monte, invece, e va a pregare su un picco sporgente e già tanto elevato da concedere un largo raggio di visuale sull’oriente tutto roseo d’aurora, sull’occidente ancora infuso di indaco. Prega… ardentemente prega, in ginocchio, i gomiti a terra, quasi prono… E prega così finché dal basso salgono le voci dei dodici risvegliati che lo chiamano.

Si alza, risponde: «Vengo!». E l’eco della stretta valle ripercuote più volte l’eco della voce perfetta. Pare che la valle propaghi alla pianura, che si intravvede ad occidente, la promessa del Signore: «Vengo», perché la pianura ne giubili in anticipo.

Gesù si avvia con un sospiro e una frase, che compendia il suo lungo pregare e lo spiega: «E Tu, Padre, dàmmi confor­to…».

Scende svelto e, giunto al basso, saluta con un sorriso dolcissimo i suoi apostoli e con le parole usuali: «La pace sia con voi nel nuovo giorno».

«E a Te, Maestro», rispondono gli apostoli. Tutti.

404.2

­Anche Giuda che, non so se rassicurato del silenzio avuto da Gesù che non lo ha rimproverato e che lo tratta come tutti gli altri, o se perché abbia nella notte meditato un piano a suo pro, è meno torvo e meno appartato, e anzi è proprio quello che interroga per tutti: «Andiamo a Gerusalemme? Se sì, occorre tornare un poco indietro e prendere quel ponte. Oltre c’è una via che va diretta a Gerusalemme».

«No. Andiamo ad Emmaus della pianura».

«Ma perché? E le Pentecoste?».

«Vi è tempo. Voglio andare da Nicodemo e da Giuseppe per le pianure verso il mare…».

«Ma perché?».

«Perché non ci sono ancora stato e quel popolo mi aspetta… E perché i buoni discepoli lo hanno desiderato. Avremo tempo a tutto».

«Questo ti ha detto Giovanna? Per questo ti ha chiamato?».

«Non ce ne era bisogno. A Me, direttamente a Me, lo hanno detto nei giorni di Pasqua. E mantengo».

«Io non ci andrei… Forse saranno già a Gerusalemme… La festa è vicina… E poi… Potresti incontrare nemici e…».

«Nemici ne incontro dovunque e li ho sempre vicini…», e Gesù dardeggia uno sguardo sull’apostolo che è il suo dolore…

Giuda non parla più. Troppo è pericoloso addentrarsi oltre! Egli lo sente e tace.

404.3

­Tornano Giovanni e Andrea con delle piccole frutta, sembrano della famiglia dei lamponi, o fragoloni, ma più scure, quasi come more immature, e le offrono al Maestro: «Ti piacciono. Le abbiamo occhiate ieri sera e siamo saliti a coglierle per Te. Mangiale, Maestro. Son buone».

Gesù carezza i due buoni e giovani apostoli, che gli offrono i loro frutti su una larga foglia lavata al torrente e che, più che i frutti, gli offrono il loro amore, e sceglie le più belle frutticine e ne dà un poco a tutti, che le mangiano col pane.

«Ti abbiamo cercato latte. Ma non c’è ancora un pastore…», si scusa Andrea.

«Non importa. Andiamo presto per essere ad Emmaus avanti il grande calore».

Vanno, e i più d’appetito mangiano ancora, andando per la valle fresca che sempre più allarga, finendo a sboccare in un’ubertosa pianura dove già ferve l’opera dei mietitori.

«Non sapevo che Nicodemo avesse case ad Emmaus», osserva Bartolomeo.

«Non a Emmaus. Oltre. Campi di parenti ereditati da lui…», spiega Gesù.

«Che bella campagna!», esclama il Taddeo.

Infatti è un mare di spighe d’oro tramezzato da frutteti di sogno, da vigne che già promettono una gloria di grappoli. Irrigua come è, per i prossimi monti che vi riversano i cento e cento torrentelli nei mesi più necessari di irrigazione, certo dotata di vene d’acqua sotterranee, è un vero eden agricolo.

«Uhm! è più bella di quella dello scorso anno», brontola Pietro. «Almeno c’è acqua e frutta…».

«Quella di Saron è anche più bella», gli risponde lo Zelote.

«Ma non è già questa?».

«No. Viene dopo questa. Ma questa già ne risente…».

I due apostoli si mettono a parlare fra loro, allontanandosi un poco.

404.4

­«Roba di farisei, eh?», interroga Giacomo di Zebedeo accennando la bella campagna.

«Di giudei certo. Hanno preso i luoghi migliori usurpandoli, con mille maniere, ai primi possessori», gli risponde il Taddeo, che forse ricorda i beni paterni di Giudea, dai quali furono cacciati perdendo molto benessere.

Se ne risente l’Iscariota: «Se vi sono stati presi è perché voi, galilei, siete meno santi, inferiori…».

«Ti prego ricordare che Alfeo e Giuseppe erano della stirpe di Davide. Tanto che l’editto li fece andare a segnarsi a Betlem di Giuda. Ed Egli è nato là per questo», risponde calmo Giacomo d’Alfeo, prevenendo la risposta mordente del suo focoso fratello e indicando il Signore, che sta parlando con Matteo e Filippo.

«Oh! bene! Io per me dico che il buono e il cattivo c’è in ogni luogo. Nel nostro commercio abbiamo avvicinato persone d’ogni razza e vi assicuro che ho trovato onesti e disonesti in ogni razza. E poi… Perché vantarsi d’essere giudei? L’abbiamo forse voluto noi? Uhm! Sapevo assai, quando ero nel seno di mia madre, cosa era essere giudeo o galileo! Ero là… e ci stavo. E nato che fui stavo nelle fasce, bello caldo, senza chiedermi se l’aria che respiravo era giudea o galilea… Non conoscevo che il capezzolo materno… E come me noi tutti. Ora perché prendersela così, perché uno è nato più su, l’altro più giù? Non siamo ugualmente di Israele?», dice, bonario e giusto, Tommaso.

«Hai ragione, Toma», risponde Giovanni. E conclude: «E poi ora siamo di un’unica stirpe, quella di Gesù».

«Sì, il quale — e credo sia stato voluto dall’Altissimo, per insegnarci che le divisioni sono contro l’amor di prossimo e che Egli è mandato a raccogliere tutti come l’amorosa chioccia di cui parlano[1] i libri santi — il quale è di stirpe giudea, ma concepito e residente in Galilea, dopo essere nato a Betlemme, quasi a dirci, con la voce dei fatti, che Egli è il Redentore di tutto Israele, dal settentrione a mezzogiorno. Solo perché Egli è detto “il Galileo”, non si dovrebbe avere dispregio per i galilei», dice, dolce e fermo, Giacomo di Alfeo.

Gesù, che pareva distratto a parlare con Matteo e Filippo, avanti di qualche metro, si volge e dice: «Bene hai detto, Giacomo d’Alfeo. Tu comprendi la Verità e le verità, e le giustizie di ogni atto di Dio. Perché Dio, ricordatevelo tutti e sempre, non fa mai nulla senza scopo, così come non lascia senza premio nulla di quanto fanno[2] coloro che hanno retto cuore. Beati quelli che sanno vedere le ragioni di Dio negli avvenimenti anche più lievi e le risposte di Dio ai sacrifici degli uomini».

Pietro si volge e fa per parlare. Poi rinchiude la bocca e si limita a sorridere al suo Maestro, che ora si imbranca coi suoi apostoli essendo il luogo, dove camminano adesso, una larga via maestra fra campi d’oro.

404.5

Procedono verso Emmaus che già è vicina, un mucchio di un bianco acciecante fra il biondo dei grani maturi e il verde degli opimi frutteti.

«Maestro! Maestro! Fermati! I tuoi discepoli!», gridano voci lontane, e un pugno d’uomini, lasciando in asso dei contadini che riposano un poco all’ombra di un pometo, corrono verso Gesù per una viottola assolata. Sono Mattia e Giovanni, ex pastori e discepoli poi del Battista, e con loro è Nicolai, Abele ex lebbroso, Samuele, Ermasteo e altri ancora.

«La pace a voi. Qui siete?».

«Sì, Maestro. Abbiamo fatto tutte le sponde del mare. Ora veniamo verso Gerusalemme. Più su sono Stefano con altri. E più su ancora Erma e altri. E poi Isacco, il piccolo maestro di tutti noi, ancora più su. Almeno c’era. Come era Timoneo nell’Oltre Giordano. Ma ormai staranno tutti per venire alla festa di Pentecoste. Ci siamo divisi così, in tanti gruppi, piccoli ma non inerti. Così, se ci perseguitano, potranno catturare alcuni, ma non tutti», spiega Mattia.

«Avete fatto bene. Mi stupivo non avervi trovato per tutta la Giudea meridionale…».

«Maestro… Tu ci andavi… Chi meglio di Te? E poi… Oh! essa ha avuto più che non occorra a divenire santa!… E invece!… Dà pietre a chi porta la parola del Cielo. Elia e Giuseppe, nelle gole del Cedron, furono percossi e sono andati nell’Oltre Giordano in casa di Salomon. Giuseppe fu quasi ucciso con una pietra al capo. Per otto giorni vissero in una grotta profonda, con uno da Te mandato che conosceva tutti i segreti dei monti. Poi, di notte, lentamente, andarono dall’altra parte…».

I discepoli e gli apostoli sono agitati nel rievocare e nel conoscere queste persecuzioni. Ma Gesù li calma dicendo: «Gli Innocenti hanno tinto della porpora del loro sangue innocente la via del Cristo. Ma quella via deve sempre essere rimporporata per cancellare le impronte del Male sulla via di Dio. È strada regale. La imporporano i martiri per amor mio. Beati fra i beati coloro che per Me soffrono persecuzione».

«Maestro, noi parlavamo a quei contadini. Non parlerai Tu, ora?», domanda l’ex-pastore Giovanni[3].

«Andate a dire che al tramonto parlerò presso alla porta di Emmaus. Ora il sole lo impedisce. Andate. E Dio sia con voi. Sarò sul termine di questa via».

Li benedice e riprende ad andare cercando ombra, perché il sole è cocente sulla strada bianca, sulla quale sono solo due esili fili d’ombra per dei platani messi a far da riparo ai limiti della strada.


Notes

  1. parlent, par des images analogues, en Dt 32, 11 ; Rt 2, 12 ; Ps 17, 8 ; 36, 8 ; 61, 5 ; 63, 8 ; 91, 4.

Note

  1. parlano, con immagini analoghe, in: Deuteronomio 32, 11; Rut 2, 12; Salmo 17, 8; 36, 8; 61, 5; 63, 8; 91, 4.
  2. quanto fanno è un’aggiunta di MV su una copia dattiloscritta.
  3. domanda l’ex-pastore Giovanni è un’aggiunta di MV su una copia dattiloscritta.