The Writings of Maria Valtorta

404. En route vers Emmaüs de la plaine.

404. Towards Emmaus of the plain.

404.1

L’aube met une clarté d’un vert laiteu sur la voûte du ciel, au-dessus de la vallée fraîche et silencieuse. Puis cette lueur si indéfinie, qui est et qui n’est pas encore de la lumière, baigne le haut des deux pentes. Elle semble caresser doucement les sommets les plus élevés des monts de Judée et dire aux vieux arbres qui les couronnent : “ Me voici, je descends du ciel, je viens de l’orient, précédant l’aurore, chassant les ombres, apportant la lumière, l’activité, la bénédiction d’un nouveau jour que Dieu vous accorde. ” Et les cimes s’éveillent, accompagnées du soupir des feuillages, du pépiement des premiers oiseaux, réveillés par le frémissement des branches, par cette clarté naissante. Plus tard, l’aube continue à descendre vers les buissons du sous-bois, puis vers les herbes, vers les pentes, de plus en plus bas et elle est saluée par des gazouillis sans cesse plus nombreux dans les frondaisons et l’ondoiement dans les herbes des lézards réveillés. Enfin, elle atteint le petit torrent du fond, change ses eaux sombres en un opaque scintillement d’argent qui ne cesse de s’éclaircir et de devenir brillant. Et là-haut, dans le ciel, où l’indigo de la nuit s’était à peine éclairci en un pâle bleu verdâtre d’aube, se dessine la première annonce de l’aurore en le colorant de bleu clair teinté de rose… Et voici un cirrus léger, floconneux, qui arrive, déjà tout mousseux et rosé…

Jésus sort de la grotte et regarde… Il se lave au torrent, se coiffe, s’habille, jette un coup d’œil dans la grotte… Il n’appelle pas… au contraire, il gravit la montagne et va prier sur un pic qui fait saillie et qui est assez élevé pour donner une large vue sur l’orient déjà tout rosi par l’aurore, sur l’occident encore teinté d’indigo. Il prie… il prie ardemment, à genoux, les coudes à terre, presque allongé… Et il reste ainsi jusqu’à ce que d’en bas montent les voix des douze qui se sont réveillés et l’appellent.

Il se lève et répond :

« J’arrive ! »

L’écho de l’étroite vallée répercute plusieurs fois sa voix parfaite. On dirait que la vallée transmet à la plaine, qu’on entrevoit à l’occident, la promesse du Seigneur : “ J’arrive ” pour lui permettre de s’en réjouir d’avance.

Jésus se met en route en soupirant et en prononçant une phrase qui résume sa longue prière et l’explique :

« Père, donne-moi ton réconfort… »

Il descend rapidement et, arrivé en bas, salue d’un sourire très doux ses apôtres de ses mots habituels :

« Que la paix soit avec vous en cette nouvelle journée.

– Avec toi aussi, Maître » répondent tous les apôtres, même Judas.

404.2

Je ne sais pas si ce dernier est rassuré par le silence de Jésus qui ne lui a pas fait de reproches et qui le traite comme tous les autres, ou s’il a médité pendant la nuit un plan pour se tirer d’affaire. Son regard est moins torve et il se tient moins à l’écart. C’est même lui qui demande au nom de tous :

« Nous allons à Jérusalem ? Si oui, il faut revenir un peu en arrière et prendre ce pont. De l’autre côté, il y a une route qui mène directement à Jérusalem.

– Non. Nous allons à Emmaüs de la plaine.

– Mais pourquoi ? Et la Pentecôte ?

– Nous avons le temps. Je veux me rendre chez Nicodème et chez Joseph, par les plaines vers la mer…

– Mais pourquoi ?

– Parce que je n’y suis pas encore allé et ce peuple m’attend… Et parce que les bons disciples l’ont désiré. Nous aurons le temps de tout faire.

– C’est cela que t’a dit Jeanne ? C’est pour cela qu’elle t’a appelé ?

– Ce n’était pas nécessaire. C’est à moi, directement à moi qu’ils l’ont dit, dans les jours de Pâque. Et je suis fidèle au rendez-vous.

– Moi, je n’irais pas… Ils sont peut-être déjà à Jérusalem… La fête est proche… Et puis… Tu pourrais rencontrer des ennemis, et…

– Des ennemis, j’en rencontre partout et j’en ai toujours près de moi… »

Jésus darde son regard sur l’apôtre qui est sa douleur… Judas ne souffle plus mot. Il est trop dangereux d’aller plus loin ! Il le sent et se tait.

404.3

Jean et André reviennent avec de petits fruits qui semblent appartenir à la famille des framboises ou des caprons, mais plus foncés, presque comme des mûres encore rouges, et ils les tendent au Maître :

« Cela va te plaire. Nous les avons remarqués hier soir, et nous sommes montés les cueillir pour toi. Mange-les, Maître. Ils sont délicieux. »

Jésus caresse les deux bons et jeunes apôtres qui lui présentent leurs baies sur une large feuille lavée au torrent : au-delà des fruits, c’est leur amour qu’ils lui offrent. Jésus choisit les plus beaux et en donne un peu à chaque apôtre. Ils les mangent avec du pain.

« Nous avons cherché du lait pour toi, mais il n’y avait pas encore de bergers… » dit André en s’excusant.

– Peu importe. Dépêchons-nous, pour arriver à Emmaüs avant la grande chaleur. »

Ils se mettent en chemin et ceux qui ont le plus d’appétit mangent encore en marchant. La fraîche vallée s’élargit de plus en plus, et elle finit par déboucher dans une plaine fertile où les moissonneurs sont déjà en plein travail.

« Je ne savais pas que Nicodème possédait des maisons à Emmaüs, observe Barthélemy.

– Pas à Emmaüs, plus loin. Ce sont des champs de parents dont il a hérité…, explique Jésus.

– Quelles belles campagnes ! » s’exclame Jude.

C’est en effet une vraie mer d’épis dorés entremêlés de vergers de rêve et de vignes qui déjà promettent une gloire de grappes. Arrosées comme elles le sont par les centaines de petits torrents qui descendent des montagnes toutes proches, aux mois où l’irrigation est la plus nécessaire, avec des nappes d’eaux souterraines, c’est un véritable éden agricole.

« Oui ! La plaine est plus belle que l’an dernier. Au moins, il y a de l’eau et des fruits…, marmonne Pierre.

– Celle de Saron l’est encore davantage, lui répond le Zélote.

– Mais n’est-ce pas déjà celle-ci ?

– Non, elle vient après. Mais celle-ci s’en rapproche… »

Les deux apôtres se mettent à discuter, en s’éloignant un peu.

404.4

« Des propriétés de pharisiens, hein ? demande Jacques, fils de Zébédée, en montrant la riche campagne.

– De Judéens certainement. Ils ont pris les meilleures terres en les enlevant de mille manières à leurs premiers propriétaires ! » lui répond Jude, qui se souvient peut-être des biens de son père en Judée d’où ils furent chassés en perdant une grande partie de leur fortune.

Judas est piqué au vif :

« S’ils vous ont été pris, c’est parce que vous autres, galiléens, vous êtes moins saints, inférieurs…

– Je te prie de te souvenir qu’Alphée et Joseph étaient de la race de David, de sorte que l’Edit les a obligés d’aller s’inscrire à Bethléem de Juda. Et Jésus est né là-bas pour cette raison » répond calmement Jacques, fils d’Alphée, en prévenant la riposte mordante de son fougueux frère, et en montrant le Seigneur, qui est en train de parler avec Matthieu et Philippe.

– Oh ! c’est bon ! » dit Thomas, conciliant et juste. « Pour ma part, je dis qu’il y a partout du bon et du mauvais. Dans notre commerce, nous avons approché des gens de toute origine, et je peux vous assurer que j’ai trouvé des personnes honnêtes ou malhonnêtes dans toutes les races. Et d’ailleurs… Pourquoi se vanter d’être judéen ? Est-ce nous qui l’avons voulu ? Hein ? Est-ce que je savais, quand j’étais dans le sein de ma mère, ce que c’était que d’être judéen ou galiléen ? J’étais là… et j’y restais. Une fois né, j’étais dans les langes, bien au chaud, sans me demander si l’air que je respirais était judéen ou galiléen… Je ne connaissais que le sein maternel… C’est notre cas à tous. Maintenant, pourquoi se fâcher ainsi parce que l’un est né plus haut et l’autre plus bas ? Ne sommes-nous pas pareillement d’Israël ?

– Tu as raison, Thomas » répond Jean. Et il conclut : « D’ailleurs, nous appartenons désormais à une seule race : celle de Jésus.

– Oui, il est d’origine judéenne, mais conçu et habitant en Galilée, après être né à Bethléem, comme pour nous dire par les faits qu’il est le Rédempteur d’Israël tout entier, du nord au midi. Je crois que cela a été voulu par le Très-Haut, pour nous apprendre que les divisions vont à l’encontre de l’amour du prochain, et que le Maître est envoyé pour nous rassembler tous comme l’affectueuse mère poule dont parlent[1] les livres saints. Et pour la seule raison qu’il est appelé “ le Galiléen ”, on ne devrait pas éprouver de mépris pour les Galiléens » dit Jacques, fils d’Alphée, avec douceur mais fermeté.

Jésus, qui marchait quelques mètres en avant et semblait occupé à parler avec Matthieu et Philippe, se retourne pour dire :

« Tu as bien parlé, Jacques, fils d’Alphée. Tu comprends la Vérité et les vérités, ainsi que la justice de tous les actes de Dieu. En effet, rappelez-vous tous et toujours, que Dieu ne fait jamais rien sans but, de même qu’il ne laisse sans récompense rien de ce que font les hommes au cœur droit. Bienheureux ceux qui savent reconnaître les raisons de Dieu dans les événements même les plus insignifiants, et les réponses de Dieu aux sacrifices des hommes. »

Pierre se retourne ; il est sur le point de parler. Mais il garde le silence et se borne à sourire à son Maître, qui se réunit à ses apôtres car ils marchent maintenant sur une route à grande circulation à travers des champs dorés.

404.5

Ils se dirigent vers Emmaüs qui est déjà proche : c’est un groupe de maisons d’un blanc aveuglant au milieu des couleurs blonde des blés mûrs et verdoyante des vergers.

« Maître ! Maître ! Arrête-toi ! Tes disciples ! » crient des voix lointaines.

Une poignée d’hommes, laissant en plan des paysans qui se reposent un peu à l’ombre d’un pommier, courent vers Jésus par un sentier ensoleillé. Ce sont Mathias et Jean, les anciens bergers, d’abord disciples de Jean-Baptiste, ainsi que Nicolaï, Abel qui était autrefois lépreux, Samuel, Hermastée, et d’autres encore.

« Paix à vous. Comment êtes-vous ici ?

– Eh bien, Maître, nous avons longé toutes les côtes de la mer. Nous allions maintenant à Jérusalem. Plus haut se trouve Etienne avec d’autres et, plus haut encore, Hermas et d’autres. Isaac, notre petit maître à tous, est encore plus en altitude — du moins il y était —. Quant à Timon, il était de l’autre côté du Jourdain. Mais, à présent, ils doivent tous être en route pour la fête de la Pentecôte. Nous nous sommes répartis en de nombreux groupes, petits, mais pas inactifs. Ainsi, s’ils nous persécutent, ils pourront en capturer quelques-uns, mais pas tous, explique Mathias.

– Vous avez bien fait. Je me suis étonné de ne pas vous avoir trouvés dans toute la Judée méridionale…

– Maître… Tu y allais… Qui mieux que toi ? Et puis… Ah ! elle a eu plus qu’il ne faut pour devenir sainte ! Et pourtant… Elle envoie des pierres à ceux apportent la parole du Ciel. Dans les gorges du Cédron, Elie et Joseph ont été frappés et ils sont passés au-delà du Jourdain, dans la maison de Salomon. Joseph a failli être tué par une pierre sur la tête. Pendant huit jours, ils ont vécu dans une grotte profonde, avec quelqu’un que tu avais envoyé qui connaissait tous les secrets des montagnes. Puis, de nuit, lentement, ils sont partis de l’autre côté… »

Les disciples et les apôtres sont agités par le souvenir et l’annonce de ces persécutions, mais Jésus les calme :

« Les Innocents ont teint de la pourpre de leur sang très pur le chemin du Christ. Mais ce dernier devra être toujours rougi de pourpre pour effacer les empreintes du Mal sur la route de Dieu. C’est la voie royale. Les martyrs le font par amour pour moi. Bienheureux entre les bienheureux, ceux qui à cause de moi subissent la persécution.

– Maître, nous nous adressions à ces paysans. Ne vas-tu pas prendre la parole à ton tour ? demande Jean, l’ancien berger.

– Allez leur dire qu’au crépuscule je parlerai près de la porte d’Emmaüs. Maintenant, le soleil m’en empêche. Allez. Et que Dieu soit avec vous. Je serai au bout de cette route. »

Il les bénit et reprend sa marche en cherchant de l’ombre, car le soleil est brûlant sur la route blanche, à peine ombragée par des platanes plantés sur les bords, à cet effet.

404.1

Dawn is casting a milky-green luminosity on the vault of heaven, high above the cool silent valley. And its glimmer, which is and is not yet light, reaches the top of the two slopes. It seems to be caressing lightly the highest parts of the Judaean mountains, saying to the old trees which crown them: «Here I am, I am descending from heaven, I am coming from the east, preceding daybreak, and I drive away darkness and bring light, activity and the blessing of a new day granted to you by God.» And the mountain tops are roused by the rustling leaves and the chirping of the first birds awakened by the trembling branches and the first faint light. And dawn descends lower, down to the undergrowth, to the grass, to declivities, lower and lower, greeted by the increasing chirping among branches and the rustling noise of green lizards among the grass. And it finally reaches the little stream, down at the bottom, and changes its dark waters into a dull silvery sparkling that becomes steadily clearer and clearer and more and more brilliant. And in the meantime, up there, in the sky, where the indigo of the night has faded into a greenish pale blue, the first announcement of sunrise appears, making it azure tinged with pink… And a cirrus appears, small, fluffy, already rosy foam…

Jesus comes out of the grotto and looks… He then washes in the stream, He tidies Himself, puts on His clothes, looks into the grotto… But He does not call… Instead He climbs the mountain, and goes to pray on a protruding peak, which is so high that it is possible to see a wide view to the east, now completely rosy at dawn, and to the west still tinged with indigo. He prays… ardently, on His knees, with His elbows on the ground, almost prostrate… And He prays thus, until He hears the voices of the awakened disciples calling Him.

He stands up and replies: «I am coming!» And the echo of the narrow valley repeats several times the echo of the perfect voice. And the valley seems to be spreading over the plain, dimly visible to the west, the promise of the Lord: «I am coming» so that the plain may rejoice in advance.

Jesus sets out with a sigh and a sentence that summarises His long prayer and clarifies it: «Father, comfort Me…»

He descends quickly and when He arrives at the bottom, He greets His apostles with a most kind smile and the usual words: «Peace be with you on this new day.»

«And with You, Master» they all reply.

404.2

Judas also is not so grim and solitary, I do not know whether because he is reassured by Jesus’ silence, Who has not reproached him and treats him exactly as the others, or because during the night he has worked out a plan to his own advantage. In fact he asks on behalf of everybody: «Are we going to Jerusalem? If we are, we will have to go back a little and cross that bridge. On the other side there is a road that takes one straight to Jerusalem.»

«No. We are going to Emmaus on the plain.»

«Why? And what about Pentecost?»

«There is time. I want to go to see Nicodemus and Joseph, along the plains, towards the sea…»

«But why?»

«Because I have not been there yet and those people are waiting for Me… And because the good disciples wish so. We shall have time foreverything.»

«Is that what Johanna told You? Is that why she called You?»

«There was no need for that. They told Me personally at Passover. And I keep My promises.»

«I would not go there… Perhaps they are already in Jerusalem… The festivity is close at hand.. And in any case… You might meet some enemies, and…»

«I meet enemies everywhere, they are always close to Me…» and Jesus darts a glance at the apostle, who is His grief…

Judas speaks no more. It is too dangerous to go into detail! He realizes it and becomes silent.

404.3

John and Andrew come back with some little fruits, which seem to belong to the raspberry or strawberry families, but are a little darker, almost like unripe blackberries, and they offer them to Jesus: «You like them. We saw them yesterday evening and we went up now to pick them for You. Eat them, Master. They are good.»

Jesus caresses the two good young apostles who are offering Him the fruit on a large leaf washed in the stream, and who, more than their fruit, offer Him their love. Jesus picks the nicest ones and gives some to each of the apostles who eat them with some bread.

«We tried to get some milk for You. But there are no shepherds about as yet…» says Andrew apologizing.

«It does not matter. Let us walk fast so that we may be at Emmaus before it gets very warm.»

And they set out and those who are more hungry continue to eat, while walking along the cool valley, which becomes wider and wider, ending in a very fertile plain, where reapers are already working hard.

«I did not know that Nicodemus had houses at Emmaus» remarks Bartholomew.

«Not at Emmaus. Farther on. Relatives’ fields which he inherited…» explains Jesus.

«How beautiful the country is!» exclaims Thaddeus.

It is in fact a sea of golden ears interlaced with orchards, which are a real dream, and with vineyards already promising glorious grapes. Well-watered as it is, because the nearby mountains pour numberless little torrents into it in the months when irrigation is required most, and because it is provided with underground streams, it is a real agricultural Eden.

«H’m! It is more beautiful than last year’s» grumbles Peter. «At least there is water and fruit…»

«The plain of Sharron is even more beautiful» replies the Zealot.

«But is this not it?»

«No, it is after this one. But this one is already affected by it…» The two apostles move away from the group speaking to each other.

404.4

«It belongs to Pharisees, does it not» asks James of Zebedee, pointing at the beautiful country.

«It certainly belongs to Judaeans. They usurped the best estates, taking them off the previous owners in many ways» replies Thaddeus, who perhaps remembers his ancestors’ property in Judaea, from which they were driven away suffering a severe loss.

The Iscariot takes offence at the remark and says: «If they were taken off you it is because you, Galileans, are less holy, you are inferior…»

«May I remind you that Alphaeus and Joseph were of the house of David. So much so that the Edict compelled them to go and register at Bethlehem in Judah. And that is why He was born there» calmly replies James of Alphaeus, anticipating a biting reply from his impetuous brother, and pointing at the Lord Who is speaking to Matthew and Philip.

«Oh! Well! I would say that there is good and bad everywhere. In our trade we approached people of all races and I assure you that I have found honest and dishonest people in every race. In any case… why boast of being Judaeans? Did we perhaps want that? H’m! When I was in my mother’s womb I knew nothing about being Judaean or Galilean! I was there… and that was all. And when I was born, I was wrapped comfortably in swaddling clothes, without worrying whether I was breathing Judaean or Galilean air… I was aware only of my mother’s breast… And you were all like me. So why be upset now, because one was born in the north and another in the south? Do we not all belong to Israel?» says Thomas kindly and rightly.

«You are right, Thomas» replies John. And he concludes: «And now we belong to one stock only: to Jesus.»

«And He is of Judaean extraction, but was conceived and resides in Galilee, after He was born in Bethlehem, as if He wanted to tell us, through the evidence of events, that He is the Redeemer of all Israel, from the north to the south. And I think that the Most High wanted that to teach us that divisions are against the love for our neighbour and that He has been sent to gather everybody like the brooding-hen mentioned[1] in the Holy Books. Just because He is called “the Galilean”, one ought not to disregard Galileans» says James of Alphaeus kindly but firmly.

Jesus, Who seemed inattentive while speaking to Matthew and Philip, a few steps ahead of the others, turns around and says: «You are right, James of Alphaeus. You understand the Truth and the truths, and the justice of every act of God. Because God, and this should be always borne in mind by everyone, never does anything aimlessly, as He never leaves without a reward what upright people do. Blessed are those who can see the reasons of God even in the least events and the answers of God to the sacrifices of men.»

Peter turns around and is about to speak. But he remains silent and he only smiles at his Master, Who is back in the group of His apostles, as they are now walking on a wide main road between golden fields.

404.5

They proceed towards Emmaus, which is already close at hand, a group of white dazzling houses among the golden hue of ripe corn and the green of fertile orchards.

«Master! Master! Stop! Here are Your disciples!» shout voices from afar, and a handful of men, departing from some peasants resting in the shade of an apple-orchard, run towards Jesus along a sunny path. They are Matthias and John, formerly shepherds and later disciples of the Baptist, and with them there are Nicolaus, Abel once a leper, Samuel, Ermasteus and others.

«Peace to you. You are here?»

«Yes, Master. We have been along all the shores of the sea. We are now going towards Jerusalem. Farther north there is Stephen with other disciples. And farther up there is Hermas with others. And Isaac, our little master, is even farther north. At least he was. As Timoneus was in the region beyond the Jordan. But by now they are all about to come to the feast of Pentecost. We thus formed many groups, small ones, but active. And if they should persecute us, they may capture some, but not all of us» explains Matthias.

«You have done the right thing. I was surprised at not finding you anywhere in southern Judaea…»

«Master… You were going there… Who could do better than You? In any case… Oh! Judaea has had more than is needed to become holy!… And yet!… They throw stones at those who take the word of Heaven to them. Elias and Joseph were beaten in the gorges of the Kidron and they went beyond the Jordan to Solomon’s house. Joseph was almost killed by a stone that struck his head. They lived for eight days in a deep grotto, with the man You sent and who knew all the secrets of the mountains. That night, they slowly passed to the other side…»

The disciples and apostles are excited in recalling and hearing of such persecutions. But Jesus calms them saying «The Innocents tinged with the purple of their innocent blood pave the way of the Christ. But that way is to be purpled over and over again, to erase the traces of Evil from the way of God. It is a regal road. Martyrs purple it for My sake. Blessed among the blessed are those who suffer persecutions for My sake.»

«Master, we were speaking to those peasants. Will You speak to them now?» asks John, the ex-shepherd.

«Go and tell them that I will speak at sunset near the gate of Emmaus. The sun prevents Me now. Go. And may God be with you. I will be at the end of this road.»

He blesses them and sets out again seeking shade, because the sun is very warm on the white road, on the sides of which two rows of plane-trees give very little shade.


Notes

  1. parlent, par des images analogues, en Dt 32, 11 ; Rt 2, 12 ; Ps 17, 8 ; 36, 8 ; 61, 5 ; 63, 8 ; 91, 4.

Notes

  1. mentioned, with similar images in: Deuteronomy 32,11; Ruth 2,12; Psalm 17,8; 36,8; 61,5; 63,8; 91,4.