Gli Scritti di Maria Valtorta

438. La Vierge Marie et Marie, femme d’Alphée, à Tibériade pour obtenir qu’on leur cède Aurea.

438. Maria Ss. con Maria d’Alfeo a Tiberiade per

438.1

Tibériade est déjà en vue lorsque les deux pèlerines, fatiguées, terminent leur équipée dans le crépuscule qui descend.

« Il va bientôt faire nuit… Et nous sommes encore dans la campagne… Deux femmes seules… Et près d’une grande ville pleine de… ah ! quels gens ! Belzébuth ! Belzébuth pour la plus grande partie… gémit Marie, femme d’Alphée, en regardant autour d’elle d’un air épouvanté.

– Ne crains rien, Marie. Belzébuth ne nous fera aucun mal. Il n’en fait qu’à ceux qui l’accueillent dans leur cœur…

– Mais c’est le cas de ces païens !

– A Tibériade, il n’y a pas seulement des païens. Et même parmi eux, il y a des justes.

– Comment donc ! Ils n’ont pas notre Dieu !… »

Marie ne répond pas, car elle comprend que c’est inutile. Sa brave belle-sœur n’est que l’une des si nombreuses israélites qui croient être les seules à posséder la vertu… sous prétexte qu’elles sont juives.

Un silence s’instaure, et l’on n’entend que le bruit des sandales qui chaussent des pieds fatigués et poussiéreux.

« Il aurait mieux valu prendre la route habituelle… Nous la connaissions… Elle est très fréquentée… Mais celle-ci… au milieu des jardins, solitaire… inconnue… J’ai peur, voilà !

– Mais non, Marie : regarde, la ville est là, à deux pas. Ici, ce sont les jardins tranquilles des cultivateurs de Tibériade, et la rive est toute proche. Veux-tu que nous allions sur la rive ? Nous trouverons des pêcheurs… Il suffit de traverser ces jardins.

– Non, non ! Nous nous éloignons de nouveau de la ville ! Et puis… Les bateliers sont presque tous grecs, crétois, arabes, égyptiens, romains… »

On dirait qu’elle énumère autant de classes de l’enfer. La Vierge ne peut s’empêcher de sourire à l’ombre de son voile.

Elles avancent. La route se change en avenue. Il y a plus d’ombre que jamais… et plus de peur que jamais pour Marie, femme d’Alphée, qui invoque Yahvé à chacun des pas de plus en plus traînants qu’elle fait.

« Allons, courage ! Dépêche-toi, si tu as peur ! dit, pour l’encourager, la Vierge qui, à chaque invocation, a répondu : “ Maran Atha ! ” »

438.2

Mais Marie, femme d’Alphée, s’arrête tout à fait :

« Mais pourquoi as-tu voulu venir ici ? Peut-être pour parler à Judas ?

– Non, Marie, ou du moins pas précisément pour cela. Je suis venue pour parler à la Romaine Valéria…

– Miséricorde ! Nous allons chez elle? Ah non, Marie ! Ne fais pas cela ! Moi… je ne vais pas t’y accompagner ! Mais que vas-tu y faire ? Chez ces… chez ces… chez ces anathèmes !… »

La Vierge Marie n’a plus son doux sourire, elle prend une expression sérieuse et demande :

« Tu ne te rappelles pas qu’il faut sauver Auréa ? Mon Fils a commencé sa libération, moi je vais l’achever. C’est ainsi que tu pratiques l’amour envers les âmes ?

– Mais elle n’est pas une fille d’Israël…

– En vérité, tu n’as pas encore compris le moindre mot de la Bonne Nouvelle ! Comme disciple, tu es très imparfaite. Tu ne travailles pas pour ton Maître, et tu me peines beaucoup. »

Marie, femme d’Alphée, baisse la tête… Mais son cœur, plein des préventions d’Israël mais naturellement bon, prend le dessus. Elle embrasse Marie en sanglotant et lui dit :

« Pardonne-moi ! Pardonne-moi ! Ne me dis pas que je te peine et que je ne sers pas mon Jésus ! Oui, je suis très imparfaite, je mérite ce reproche, mais je ne le ferai plus… Je viens, je viens ! Même en enfer, si tu vas en arracher une âme pour la donner à Jésus… Fais-moi un baiser, Marie, pour me montrer que tu me pardonnes… »

Marie l’embrasse et elles reprennent la route, agiles, réanimées par l’amour…

438.3

Les voilà à Tibériade, du côté du petit port des pêcheurs. Elles cherchent la maison de Joseph, le batelier disciple… Elles la trouvent, elles frappent…

« La Mère de mon Maître ! Entre, Femme ! Et que Dieu soit avec toi, et avec moi qui t’offre l’hospitalité. Entre, toi aussi, et que la paix soit avec toi, mère des apôtres. »

Elles entrent, tandis que la femme et la toute jeune fille du batelier accourent pour les saluer, suivies d’une nichée d’enfants plus petits…

Un repas frugal est vite pris, et Marie, femme de Cléophas, fatiguée, se retire avec les enfants de la maison. Sur la terrasse élevée d’où on voit le lac qui bat le rivage — on l’entend plus qu’on ne le voit, car il n’y a pas encore de lune —, seuls restent donc la Vierge Marie, le batelier, et sa femme qui s’efforce de leur tenir compagnie, mais qui somnole en réalité en dodelinant de la tête.

« Elle est fatiguée ! dit Joseph pour l’excuser.

– La pauvre !

438.4

Les maîtresses de maison sont toujours lasses le soir.

– Oui, elles travaillent beaucoup. Ce n’est pas comme celles qui se prennent du bon temps ! » dit avec mépris le batelier en montrant des barques illuminées qui se détachent de la rive parmi chants et musique. « C’est maintenant qu’elles sortent, elles ! Pour elles, c’est maintenant que la fatigue va commencer ! Quand les gens comme il faut dorment. Et elles font tort aux travailleurs, car elles vont soi-disant pêcher dans les meilleurs endroits, en nous obligeant à fuir, nous qui tirons du lac le pain de la famille…

– Qui est-ce ?

– Des Romaines et leurs semblables. Et en tête, on voit Hérodiade avec son impudique fille, et aussi d’autres femmes d’Israël… Car des Marie de Magdala, nous en avons beaucoup… Je parle de Marie avant son repentir…

– Ce sont des malheureuses…

– Des malheureuses ? C’est nous qui sommes malheureux, nous qui ne les lapidons pas pour purifier Israël de celles qui sont corrompues et qui nous apportent les malédictions de Dieu. »

Pendant ce temps d’autres barques se détachent et le lac rougit sous les lumières des barques des jouisseurs.

« Tu sens cette odeur de résines ? Ils s’enivrent avec la fumée pour commencer, puis ils font le reste au cours des banquets. Ils sont capables d’aller aux sources chaudes de l’autre côté… Dans ces Thermes… Il s’y passe des choses infernales ! Ils reviendront à l’aube, à l’aurore, peut-être plus tard… ivres, entassés les uns sur les autres comme des sacs, hommes et femmes, et les esclaves les porteront à l’intérieur de leurs maisons pour que passe l’orgie… Justement, toutes les belles barques sortent ce soir ! Regarde ! Regarde donc ! Mais j’ai plus de colère contre les juifs qui s’y trouvent que contre eux. Eux… on le sait déjà ! Ce sont des animaux sans vergogne. Mais nous !…

438.5

Femme, sais-tu que l’apôtre Judas est ici ?

– Oui.

– Il ne donne pas le bon exemple, tu sais…

– Pourquoi ? Il va avec ces gens ?

– Non… mais… il a de mauvais compagnons… et une femme. Moi, je ne l’ai pas vu… Aucun de nous ne l’a vu avec eux. Mais des pharisiens nous ont raillés en nous disant : “ Votre apôtre a changé de maître. Maintenant, il a une femme et il se trouve en bonne compagnie avec des publicains. ”

– Ne porte pas de jugement, Joseph, d’après de simples on-dit. Tu sais que les pharisiens ne vous aiment pas et qu’ils ne louent pas non plus le Maître.

– C’est vrai… Mais le bruit court… et cela finit par causer du tort…

– Comme il est né, il tombera. Toi, ne pèche pas contre ton frère. Où loge-t-il ? Le sais-tu ?

– Oui. Chez un ami, je crois, qui tient un commerce de vin et d’épices. C’est le troisième magasin à l’est du marché, après la fontaine…

438.6

– Toutes les Romaines sont-elles pareilles?

– A peu près !… Même si elles ne se font pas voir, elles font le mal.

– Quelles sont celles qui ne se font pas voir ?

– Celles qui sont venues chez Lazare pour la Pâque. Elles se tiennent plus à l’écart… je veux dire qu’elles ne vont pas toujours aux banquets. Mais elles y vont toujours assez pour que l’on puisse affirmer qu’elles sont impures.

– Dis-tu cela parce que tu en es sûr ? Ne seraient-ce pas tes préjugés d’Hébreu qui te font parler ainsi ? Examine-toi, vraiment…

– Eh bien… à vrai dire… je ne sais pas… Je ne les ai plus vues dans les barques de ces dégoûtants… Mais elles vont en barque, la nuit, sur le lac.

– Toi aussi !

– Bien sûr ! Quand je veux pêcher !

– Il fait tellement chaud ! La nuit, ou ne trouve de fraîcheur que sur le lac. Ce sont tes propres mots, pendant le dîner.

– C’est vrai.

– Alors pourquoi ne pas penser qu’elles y vont, elles aussi, pour cette simple raison ? »

L’homme se tait… Puis il dit :

« Il est tard. Selon les étoiles, c’est la seconde veille. Je me retire, femme. Tu ne viens pas ?

– Non, je reste ici en prière. Je sortirai de bonne heure. Ne t’étonne pas, si tu ne me trouves pas à l’aube.

– Tu peux faire ce que tu veux. Anne ! Allons ! Au lit ! »

Il secoue sa femme qui dort à poings fermés, et ils s’en vont.

438.7

Marie reste seule… Elle s’agenouille et prie tant et plus… mais elle ne perd pas de vue les barques qui voguent, les barques des riches, celles qui passent tout illuminées, accompagnées de fleurs, de chants et de fumées d’encens… Elles se dirigent en grand nombre vers l’orient. La distance les rend toutes petites, le bruit des chants n’arrive plus. Il reste une barque solitaire qui resplendit au large dans le miroir d’eau qu’éclaire la lune à son coucher devant Tibériade. Elle va et vient lentement… Marie l’observe jusqu’au moment où elle voit que sa proue se tourne vers le rivage.

Elle se lève alors en disant :

« Seigneur, aide-moi ! Fais que ce soit… »

Puis elle descend d’un pas léger le petit escalier, entre doucement dans une pièce dont la porte est entrouverte… A la blanche clarté de la lune, il est possible de distinguer un petit lit. La Vierge Marie se penche sur lui et appelle :

« Marie ! Marie ! Réveille-toi ! Nous partons ! »

Marie, femme d’Alphée, s’éveille et, encore étourdie par le sommeil, elle demande en se frottant les yeux :

« C’est déjà l’heure de partir ? Comme le jour s’est levé tôt ! »

Elle est tellement abasourdie qu’elle ne se rend pas compte que ce n’est pas la clarté de l’aube, mais la faible phosphorescence de la lune qui entre par la porte ouverte. Elle s’en aperçoit quand elle est dehors sur le coin de terre cultivée qui se trouve devant la maison du batelier.

« Mais il fait nuit ! s’écrie-t-elle.

– Oui. Mais nous allons faire vite, puis nous sortirons aussitôt de cette ville… du moins, je l’espère. Viens ! Par ici, le long de la rive. Dépêche-toi ! Avant que la barque n’accoste…

– La barque ? Quelle barque ? » demande Marie, mais elle court derrière la Vierge qui marche rapidement sur la rive déserte en direction du petit môle vers lequel la barque se dirige.

Tout essoufflées, elles arrivent quelques instants avant la barque… Marie regarde attentivement et s’exclame :

« Louange à Dieu ! Ce sont elles. Maintenant, suis-moi… car il faut que j’aille là où elles vont… Je ne sais pas où elles habitent…

– Mais Marie… par pitié !… On va nous prendre pour des prostituées !… »

La Toute-Pure secoue la tête et murmure :

« Il suffit de ne pas l’être. Viens ! »

Et elle l’attire dans la pénombre d’une maison.

438.8

La barque accoste et, pendant la manœuvre, une litière s’arrête tout près en attendant d’être portée en avant. Deux femmes y montent tandis que deux restent à terre et marchent auprès d’elle. La litière avance au pas cadencé de quatre Numides vêtus d’une très courte tunique sans manches qui leur couvre à peine le torse…

Marie leur emboîte le pas, sans tenir compte des sourdes protestations de Marie, femme d’Alphée :

« Deux femmes seules !… Derrière ces hommes ! En plus, ils sont à moitié nus… Oh ! »

Après quelques mètres de route, la litière s’arrête. Une femme en descend, pendant que l’homme qui est en tête frappe à un portail.

« Porte-toi bien, Lydia !

– Toi aussi, Valéria ! Une caresse à Faustina pour moi. Demain soir, nous lirons encore en paix, pendant que les autres font la fête… »

Le portail s’ouvre et Valéria, avec son esclave — ou son affranchie —, est sur le point d’entrer.

438.9

Marie s’avance alors :

« Domina ! Un mot ! »

Valéria regarde les deux femmes enveloppées dans un manteau hébraïque très simple, dont la capuche descend assez bas sur leurs visages et elle les prend pour des mendiantes. Elle ordonne :

« Barbara, donne l’obole !

– Non, domina, je ne demande pas d’argent. Je suis la Mère de Jésus de Nazareth, et voici ma parente. Je viens en son nom te faire une prière.

– Domina ! Ton Fils est peut-être…persécuté…

– Pas plus qu’à l’ordinaire, mais il voudrait…

– Entre, Domina. Il ne convient pas que tu restes dans la rue comme une mendiante.

– Non. Ce sera vite dit si tu m’écoutes en secret…

– Eloignez-vous tous ! » ordonne Valéria à l’esclave et aux portiers. « Nous sommes seules. Que veut le Maître ? Si je ne suis pas venue, c’est pour ne pas lui nuire dans sa ville. Et il a fait de même, peut-être pour ne pas me nuire auprès de mon époux ?

– Non, c’est sur mon conseil. Mon Fils est haï, domina.

– Je le sais.

– Et il n’a de réconfort que dans sa mission.

– Je le sais.

– Il ne demande pas d’honneurs, ni de troupes ; il ne désire pas régner ni obtenir des richesses. Mais il fait valoir son droit sur les âmes.

– Je le sais.

– Domina… Il devrait te rendre cette fillette… Mais, ne t’indigne pas si je te le dis, ici il serait impossible que son âme soit à Jésus. Tu es meilleure que les autres… Mais autour de toi… trop vive est la fange du monde.

– C’est vrai. Eh bien ?

– Tu es mère… Mon Fils a des sentiments de père pour toutes les âmes. Permettrais-tu que ta petite fille grandisse parmi ceux qui peuvent la pervertir ?…

– Non. Et j’ai compris… Eh bien… Rapporte à ton Fils ceci : “ En souvenir de Faustina dont tu as sauvé la chair, Valéria te laisse Auréa pour que tu sauves son âme… ” C’est vrai ! Nous sommes trop corrompus… pour inspirer confiance à un saint… Domina, prie pour moi ! »

Et elle se retire rapidement avant que Marie puisse la remercier. Je pense qu’elle pleure.

Marie, femme d’Alphée, est pétrifiée.

« Allons, Marie… Nous partirons à la nuit tombée et, demain soir, nous serons à Nazareth…

– Allons… Elle l’a cédée comme… comme un objet…

– Pour eux, c’en est un. Pour nous, c’est une âme. Viens, regarde… Déjà le ciel commence à blanchir, là au fond. On peut dire qu’il n’y a pas de nuit, ce mois-ci… »

438.10

Elles prennent la route — qui n’est plus dans la pénombre et s’ouvre devant elles —, au lieu de suivre le chemin de la rive ; elle passe derrière une rangée de maisons modestes… Quand elles en sont à la moitié, d’un coin débouche Judas, visiblement aviné, un Judas qui revient de qui sait quel festin, dépeigné, le vêtement froissé, le visage barbouillé.

« Judas ! Toi ! Dans cet état ? »

Il n’a pas le temps de faire semblant de ne pas la reconnaître et ne peut fuir… La surprise lui éclaircit les idées et le cloue sur place, sans réaction.

Marie l’aborde, en surmontant la répugnance qu’éveille l’aspect de l’apôtre, et elle lui dit :

« Judas, malheureux fils, que fais-tu ? Tu ne penses pas à Dieu ? A ton âme ? A ta mère ? Que fais-tu, Judas ? Pourquoi veux-tu être pécheur ? Regarde-moi, Judas ! Tu n’as pas le droit de tuer ton âme… »

Et elle le touche en cherchant à lui prendre la main.

« Laisse-moi tranquille ! Je suis un homme, après tout. Et… et je suis libre de faire comme les autres. Dis à Celui qui t’envoie pour m’espionner, que je ne suis pas encore tout esprit et que je suis jeune !

– Tu n’es pas libre de te pervertir, Judas ! Aie pitié de toi-même… En agissant ainsi, tu ne seras jamais une âme bienheureuse… Judas… Il ne m’a pas envoyée t’espionner. Il prie pour toi : cela seulement, et moi avec lui. Au nom de ta mère…

– Laisse-moi tranquille ! » lance impoliment Judas.

Puis, se rendant compte de sa grossièreté, il se reprend :

« Je ne mérite pas ta pitié… Adieu… »

Et il s’enfuit…

« Quel démon !… Je le dirai à Jésus » s’écrie Marie, femme d’Alphée. « Il a raison, mon Jude !

– Tu ne diras rien à personne. Tu prieras pour lui, cela, oui…

– Tu pleures ? Tu pleures à cause de lui ? Oh !…

– Je pleure… J’étais heureuse d’avoir sauvé Auréa… Maintenant, je pleure parce que Judas est endurci. Mais Jésus est déjà bien affligé, et nous ne lui apporterons que la bonne nouvelle. Et, par des pénitences et des prières, nous arracherons le pécheur à Satan… Comme si c’était notre fils, Marie ! Comme si c’était notre fils ! Tu es mère, toi aussi, et tu sais… Pour cette malheureuse mère, pour cette âme pécheresse, pour notre Jésus…

– Oui, je prierai… Mais je ne pense pas qu’il le mérite…

– Marie ! Ne dis pas cela…

– Je ne le dis pas, mais c’est comme ça… Nous n’allons pas chez Jeanne ?

– Non, nous y viendrons bientôt avec Jésus… »

438.1

Tiberiade è già alle viste mentre le due pellegrine stanche procedono nel crepuscolo che cala.

«Fra poco sarà buio… E siamo ancora in mezzo alla campagna… Due donne sole… E vicino ad una città grande piena di… uh! che gente! Belzebù! Belzebù per la più parte…», dice Maria d’Alfeo guardandosi intorno spaventata.

«Non temere, Maria. Belzebù non ci farà del male. Fa male solo a chi lo accoglie in cuore…».

«Ma questi pagani l’hanno!…».

«A Tiberiade non vi sono soltanto dei pagani. E anche fra i pagani ci sono dei giusti».

«Che? Che? Non hanno il Dio nostro!…».

Maria non ribatte perché comprende che è inutile. La buona cognata non è che una delle tante israelite che si credono esse sole depositarie della virtù… perché israelite.

Un silenzio in cui è solo rumore lo strascichio dei sandali calzanti i piedi stanchi e polverosi.

«Era meglio fare la strada solita… Quella la conoscevamo… era più battuta dalla gente… Questa… fra le ortaglie, solitaria… ignota… Ho paura, ecco!».

«Ma no, Maria. Guarda. La città è lì, a due passi. E qui sono quieti orti dei coltivatori di Tiberiade, e lì è la riva, a due passi. Vuoi che andiamo sulla riva? Troveremo pescatori… Non c’è che da traversare queste ortaglie».

«No, no! Ci allontaniamo di nuovo dalla città! E poi… I barcaiuoli sono quasi tutti greci, cretesi, arabi, egizi, roma­ni…», e pare che nomini altrettante classi infernali. Maria Ss. non può fare a meno di sorridere all’ombra del suo velo.

Procedono. La via si muta in viale. Perciò più ombra che mai… e più paura che mai di Maria d’Alfeo, che invoca Jeové ad ogni passo che fa sempre più lento.

«Su, da forte! Sollecita, se hai paura!», la sprona Maria, che ad ogni invocazione ha risposto: «Maran Atà!».

438.2

Ma Maria d’Alfeo si ferma del tutto e chiede: «Ma perché sei voluta venire qui? Forse per parlare all’Iscariota?».

«No, Maria. O per lo meno non precisamente per questo. Sono venuta per parlare alla romana Valeria…».

«Misericordia! Andiamo in casa sua? Ah! no! Maria! Non lo fare! Io… io già non ti ci accompagno! Ma che ci vai a fare? Da quelle… da quelle… da quegli anatemi!…».

Maria Ss. muta il dolce sorriso in un’espressione seria e chiede: «E non ricordi che Aurea è da salvare? Mio Figlio ha iniziato la sua liberazione. Io la compirò. È così che tu pratichi l’amore verso le anime?».

«Ma non è d’Israele…».

«In verità tu non hai ancora capito una parola della Buona Novella! Sei una discepola molto imperfetta… Non lavori per il tuo Maestro e mi dài tanto dolore».

Maria d’Alfeo china il capo… Ma il suo cuore, pieno delle prevenzioni d’Israele ma congenitamente buono, prende il sopravvento e con uno scoppio di pianto abbraccia Maria e dice: «Perdonami! Perdonami! Non dirmi che ti do dolore e che non servo il mio Gesù! Sì, sì! Sono molto imperfetta, merito rimprovero… Ma non lo farò più… Vengo, vengo! Anche nell’Inferno se tu ci vai a strappare un’anima per darla a Gesù… Dammi un bacio, Maria, per dire che mi perdoni…».

Maria la bacia e riprendono la via, svelte, rianimate dal­l’amo­re…

438.3

Eccole in Tiberiade, verso il porticciuolo dei pescatori. Cercano la casetta di Giuseppe, il barcaiuolo discepolo… La trovano. Bussano…

«La Madre del mio Maestro! Entra, o Donna! E Dio sia con te e con me che ti ospito. Entra anche tu e la pace sia con te, madre di apostoli».

Entrano, mentre la moglie e la figlia giovinetta del barcaiuolo accorrono a salutarle, seguite da una nidiatella di figli più piccoli…

E il parco cibo è presto preso, e Maria di Cleofe, stanca, si ritira insieme ai fanciulli della casa. Restano sulla terrazza alta, dalla quale si vede il lago — si sente, più che si veda, perché non c’è luna ancora — fiottare contro il lido, Maria Ss., il barcaiuolo e la moglie dello stesso, che si sforza a far buona compagnia ma che in realtà dorme ciondolando il capo sul petto.

«È stanca!…», la scusa Giuseppe.

«Poveretta!

438.4

Le donne di casa sono sempre stanche a sera».

«Sì, lavorano loro. Non sono come quelle lì, che si danno il bello spasso!», dice con sprezzo il barcaiuolo indicando delle barche illuminate che si staccano dalla riva fra canti e suoni. «Escono ora, loro! Comincia ora per loro la fatica! Quando le persone perbene dormono. E danneggiano i lavoratori, perché vanno a fingere pesche nei luoghi migliori, mettendo in fuga noi che dal lago abbiamo il pane per la famiglia…».

«Chi sono?».

«Romane e loro simili. E nelle simili mettici Erodiade, la sua lussuriosa figlia e anche altre ebree… Perché di Marie di Magdala ne abbiamo molte… Voglio dire di Marie prima del pentimento…».

«Sono infelici…».

«Infelici? Infelici siamo noi che non le lapidiamo per ripulire Israele da quelle che si sono corrotte e ci portano le maledizioni di Dio».

Intanto altre barche si staccano e il lago rosseggia dei lumi delle barche dei gaudenti.

«Senti che puzzo di resine? Si ubbriacano col fumo per prima cosa, poi fanno il resto nei banchetti. Sono capaci di andare alle sorgenti calde dell’altra sponda… In quelle Terme… Cose di Inferno succedono! Torneranno all’alba, all’aurora, forse più tardi… ubbriachi, coricati gli uni sugli altri come tanti sacchi, uomini e donne, e gli schiavi li porteranno dentro, nelle case, a smaltire l’orgia… Escono proprio tutte le belle barche, questa sera! Guarda! Guarda!… Ma io ho ira più coi giudei che ci si mescolano che con loro. Loro… si sa! Animali senza ritegno. Ma noi!…

438.5

Donna, lo sai che c’è qui Giuda l’apostolo?».

«Lo so».

«Non dà buon esempio, sai?».

«Perché? Va con quelli?…».

«No… ma… cattivi compagni… e una donna. Io non l’ho visto… Nessuno di noi lo vede così. Ma dei farisei ci hanno schernito dicendoci: “Il vostro apostolo ha cambiato maestro. Ora ha una donna ed è in buona compagnia di pubblicani”».

«Non giudicare, Giuseppe, di ciò che hai solo sentito dire. Lo sai che i farisei non vi amano e non lodano neppure il Maestro».

«Ciò è vero… Ma la voce circola… e nuoce…».

«Come è sorta cadrà. Tu non peccare contro il fratello. Dove sta di casa? Lo sai?».

«Sì. Presso un amico, credo. Uno che ha fondaco di vini e spezie. Il terzo fondaco al lato d’oriente del mercato, dopo la fonte…».

438.6

«Tutte le romane sono uguali?».

«Oh! su per giù!… Anche se non si fanno vedere fanno il male».

«Chi sono quelle che non si fanno vedere?».

«Quelle che sono venute da Lazzaro a Pasqua. Stanno più ritirate… voglio dire che non sempre vanno ai banchetti. Ma ci vanno però sempre a sufficienza per poter dire che sono immonde».

«Ma dici così perché ne sei sicuro, o perché la tua prevenzione ebrea ti fa parlare? Esaminati proprio…».

«Ecco… veramente… non so… Non le ho viste più nelle barche dei sozzi… Ma in barca ci vanno, di notte, sul lago».

«Ci vai tu pure».

«Certo! Se voglio pescare!».

«Il calore è tanto! Solo sul lago di notte è refrigerio. Sono le tue parole mentre si cenava».

«È vero».

«E allora perché non pensare che esse pure vanno per questo sul lago?».

L’uomo tace… Poi dice: «È tardi. Le stelle dicono che è la seconda vigilia. Io mi ritiro, Donna. Non vieni?».

«No. Resto qui in preghiera. Uscirò presto. Non ti stupire se non mi trovi all’alba».

«Sei padrona di fare ciò che vuoi. Anna! Su! Andiamo a letto!», e scuote la moglie che dorme pesantemente. Se ne vanno.

438.7

Maria resta sola… Si inginocchia e prega, prega, prega… ma non perde mai di vista le barche veleggianti, le barche dei signori, quelle che navigano tutte luminose fra fiori e canti e incensi… Molte vanno, vanno, vanno verso oriente, si fanno piccine nella lontananza, il rumore dei canti non arriva più. Resta una barca solitaria, splendente al largo nello specchio d’acqua luminoso di luna calante davanti a Tiberiade. Veleggia lenta in su e in giù… Maria la osserva finché la vede volgere la prua verso la sponda.

Allora Maria sorge in piedi dicendo: «Signore, aiutami! Fa’ che sia…», e poi scende leggera la scaletta, entra piano in una stanza dalla porta socchiusa… Al bianco chiarore della luna è possibile distinguere un lettuccio. Maria si china su esso e chiama: «Maria! Maria! Svegliati! Andiamo!».

Maria d’Alfeo si desta e, imbambolata dal sonno, chiede sfregandosi gli occhi: «È già ora di andare? Come si è fatto presto giorno!». È tanto assonnata che non capisce neppure che non è luce d’alba ma di luna la tenue fosforescenza che entra dalla porta aperta.

Se ne accorge però quando è fuori, sul piccolo pezzo di terreno coltivato che è davanti alla casa del barcaiuolo. «Ma è notte!», esclama.

«Sì. Ma faremo prima e usciremo prima da questa città… almeno lo spero. Vieni! Per di qui, lungo la riva. Fa’ presto! Prima che la barca tocchi terra…».

«La barca? Quale barca?», Maria chiede. Ma corre dietro alla Vergine che va lesta lesta sulla riva deserta, verso il moletto dove la barca dirige.

Giungono affannate qualche istante prima di essa… Maria aguzza lo sguardo. Esclama: «Lode a Dio! Sono loro. Ora tu vienimi dietro… perché bisogna andare dove esse vanno… Io non so dove abitano…».

«Ma Maria… per pietà!… Ci prenderanno per delle meretrici!…».

La Purissima scrolla la testa e mormora: «Basta non esserlo. Vieni!», e la tira nella penombra di una casa.

438.8

La barca accosta e, mentre fa le manovre per accostare, si ferma una lettiga, in attesa lì presso, che viene portata avanti. Vi salgono due donne, mentre due restano a terra e camminano al fianco della lettiga, e la lettiga si mette in moto al passo cadenzato di quattro numidi vestiti di una cortissima tunica sbracciata che appena li copre nel torso…

E Maria dietro, nonostante le proteste in sordina di Maria d’Alfeo: «Due donne sole!… Dietro quelli lì! Sono mezzi nudi… Ohibò!…».

Pochi metri di cammino e poi la lettiga si ferma. Una donna scende, mentre il battistrada bussa ad un portone.

«Vale, Lidia!».

«Vale, Valeria! Carezza Faustina per me. Domani sera leggeremo ancora nella quiete, mentre gli altri gozzovigliano…».

Il portone si apre e Valeria, con la sua schiava o liberta, sta per entrare.

438.9

Maria si fa avanti e dice: «Domina! Una parola!».

Valeria guarda le due donne avvolte in un manto ebreo, molto semplice e molto calato sul volto, e le crede mendicanti. Ordina: «Barbara, da’ l’obolo!».

«No, domina. Non chiedo denaro. Sono la Madre di Gesù di Nazaret e questa è mia parente. Vengo in suo Nome a farti una preghiera».

«Domina! Tuo Figlio è forse… perseguitato…».

«Non più del solito. Ma Egli vorrebbe…».

«Entra, Domina. Non è degno che tu resti nella via come una mendica».

«No. È presto detto, se mi ascolti in segreto…».

«Via, voi tutti!», ordina Valeria alla schiava, o liberta che sia, e ai portinai. «Siamo sole. Che vuole il Maestro? Io non sono venuta per non nuocergli nella sua città. Lui non è venuto per non nuocermi, forse, presso lo sposo mio?».

«No. Per mio consiglio. Mio Figlio è odiato, domina».

«Lo so».

«E ha conforto soltanto nella sua missione».

«Lo so».

«Non chiede onori né milizie, non aspira a regni né a ricchezze. Ma fa valere il suo diritto sugli spiriti».

«Lo so».

«Domina… Egli dovrebbe renderti quella fanciulla… Ma, non ti sia sdegno se lo dico, qui ella non potrebbe far di Gesù il suo spirito. Tu migliore delle altre… Ma intorno a te è… troppo vivo il fango del mondo».

«È vero. Ebbene?».

«Tu sei madre… Mio Figlio ha sensi di padre per ogni spirito. Soffriresti[1] tu che la tua bambina crescesse in mezzo a chi la può rovinare?…».

«No. E ho compreso… Ebbene… Di’ a tuo Figlio queste parole: “In ricordo di Faustina, salvata nella carne, Valeria ti lascia Aurea perché Tu ne salvi lo spirito…”. È vero! Noi siamo troppo corrotti… per dare affidamento a un santo… Domina, prega per me!», e si ritira rapida prima che Maria possa ringraziarla. Si ritira, direi, piangendo…

Maria d’Alfeo è di stucco.

«Andiamo, Maria… Alla notte partiremo e domani sera saremo a Nazaret…».

«Andiamo… L’ha ceduta come… come una cosa…».

«Per loro è una cosa. Per noi è un’anima. Vieni. Guarda… Già imbianca il cielo là in fondo. Si può dire che non c’è notte in questo mese…».

438.10

Vanno per la via non più in penombra che è loro aperta davanti, anziché per quella della riva. Una via dietro a una fila di casette modeste… Quando sono a metà di essa, da un angolo sbuca Giuda palesemente avvinazzato. Un Giuda reduce da chissà che festino, spettinato, le vesti sgualcite, il viso pesto.

«Giuda! Tu? In questo stato?».

Giuda non fa in tempo a fingere di non conoscerla e non può fuggire… La sorpresa lo snebbia e lo inchioda dove è, senza reazione.

Maria gli si accosta, vincendo la ripugnanza che l’aspetto dell’apostolo le desta, e gli dice: «Giuda, disgraziato figlio, che fai? Non pensi a Dio? Alla tua anima? A tua madre? Che fai, Giuda? Perché vuoi essere peccatore? Guardami, Giuda! Non hai diritto di uccidere la tua anima…», e lo tocca cercando prendergli una mano.

«Lasciami stare. Sono un uomo, infine. E… e sono libero di fare ciò che tutti fanno. Di’ a Lui, che ti manda a spiarmi, che non sono ancora tutto spirito, e giovane sono!».

«Non sei libero di rovinarti. Giuda! Abbi pietà di te stesso… Così facendo non sarai mai uno spirito beato… Giuda… Egli non mi ha mandata a spiarti. Egli prega per te. Questo soltanto, ed io con Lui. In nome di tua madre…».

«Lasciami stare», dice sgarbatamente Giuda. E poi, forse sentendo di essere villano, corregge: «Non merito la tua pietà… Addio…», e scappa via…

«Che demonio!… Lo dirò a Gesù», esclama Maria d’Alfeo. «Ha ragione il mio Giuda!».

«Tu non dirai nulla a nessuno. Pregherai per lui. Questo sì….».

«Piangi? Piangi per lui? Oh!…».

«Piango… Ero felice di aver salvato Aurea… Ora piango perché Giuda è peccatore. Ma a Gesù, tanto afflitto, porteremo soltanto la notizia bella. E strapperemo con penitenze e preghiere il peccatore a Satana… Come ci fosse figlio, Maria! Come ci fosse figlio!… Sei madre tu pure e sai… Per quella madre infelice, per quest’anima peccatrice, per il nostro Gesù…».

«Sì, pregherò… Ma non penso che egli lo meriti…».

«Maria! Non lo dire…».

«Non lo dico. Ma… così è. Non andiamo da Giovanna?».

«No. Ci verremo presto, con Gesù…».


Note

  1. Soffriresti è detto nel senso di: sopporteresti, permetteresti.