The Writings of Maria Valtorta

438. La Vierge Marie et Marie, femme d’Alphée, à Tibériade pour obtenir qu’on leur cède Aurea.

438. Holy Mary with Mary of Alphaeus in Tiberias to have

438.1

Tibériade est déjà en vue lorsque les deux pèlerines, fatiguées, terminent leur équipée dans le crépuscule qui descend.

« Il va bientôt faire nuit… Et nous sommes encore dans la campagne… Deux femmes seules… Et près d’une grande ville pleine de… ah ! quels gens ! Belzébuth ! Belzébuth pour la plus grande partie… gémit Marie, femme d’Alphée, en regardant autour d’elle d’un air épouvanté.

– Ne crains rien, Marie. Belzébuth ne nous fera aucun mal. Il n’en fait qu’à ceux qui l’accueillent dans leur cœur…

– Mais c’est le cas de ces païens !

– A Tibériade, il n’y a pas seulement des païens. Et même parmi eux, il y a des justes.

– Comment donc ! Ils n’ont pas notre Dieu !… »

Marie ne répond pas, car elle comprend que c’est inutile. Sa brave belle-sœur n’est que l’une des si nombreuses israélites qui croient être les seules à posséder la vertu… sous prétexte qu’elles sont juives.

Un silence s’instaure, et l’on n’entend que le bruit des sandales qui chaussent des pieds fatigués et poussiéreux.

« Il aurait mieux valu prendre la route habituelle… Nous la connaissions… Elle est très fréquentée… Mais celle-ci… au milieu des jardins, solitaire… inconnue… J’ai peur, voilà !

– Mais non, Marie : regarde, la ville est là, à deux pas. Ici, ce sont les jardins tranquilles des cultivateurs de Tibériade, et la rive est toute proche. Veux-tu que nous allions sur la rive ? Nous trouverons des pêcheurs… Il suffit de traverser ces jardins.

– Non, non ! Nous nous éloignons de nouveau de la ville ! Et puis… Les bateliers sont presque tous grecs, crétois, arabes, égyptiens, romains… »

On dirait qu’elle énumère autant de classes de l’enfer. La Vierge ne peut s’empêcher de sourire à l’ombre de son voile.

Elles avancent. La route se change en avenue. Il y a plus d’ombre que jamais… et plus de peur que jamais pour Marie, femme d’Alphée, qui invoque Yahvé à chacun des pas de plus en plus traînants qu’elle fait.

« Allons, courage ! Dépêche-toi, si tu as peur ! dit, pour l’encourager, la Vierge qui, à chaque invocation, a répondu : “ Maran Atha ! ” »

438.2

Mais Marie, femme d’Alphée, s’arrête tout à fait :

« Mais pourquoi as-tu voulu venir ici ? Peut-être pour parler à Judas ?

– Non, Marie, ou du moins pas précisément pour cela. Je suis venue pour parler à la Romaine Valéria…

– Miséricorde ! Nous allons chez elle? Ah non, Marie ! Ne fais pas cela ! Moi… je ne vais pas t’y accompagner ! Mais que vas-tu y faire ? Chez ces… chez ces… chez ces anathèmes !… »

La Vierge Marie n’a plus son doux sourire, elle prend une expression sérieuse et demande :

« Tu ne te rappelles pas qu’il faut sauver Auréa ? Mon Fils a commencé sa libération, moi je vais l’achever. C’est ainsi que tu pratiques l’amour envers les âmes ?

– Mais elle n’est pas une fille d’Israël…

– En vérité, tu n’as pas encore compris le moindre mot de la Bonne Nouvelle ! Comme disciple, tu es très imparfaite. Tu ne travailles pas pour ton Maître, et tu me peines beaucoup. »

Marie, femme d’Alphée, baisse la tête… Mais son cœur, plein des préventions d’Israël mais naturellement bon, prend le dessus. Elle embrasse Marie en sanglotant et lui dit :

« Pardonne-moi ! Pardonne-moi ! Ne me dis pas que je te peine et que je ne sers pas mon Jésus ! Oui, je suis très imparfaite, je mérite ce reproche, mais je ne le ferai plus… Je viens, je viens ! Même en enfer, si tu vas en arracher une âme pour la donner à Jésus… Fais-moi un baiser, Marie, pour me montrer que tu me pardonnes… »

Marie l’embrasse et elles reprennent la route, agiles, réanimées par l’amour…

438.3

Les voilà à Tibériade, du côté du petit port des pêcheurs. Elles cherchent la maison de Joseph, le batelier disciple… Elles la trouvent, elles frappent…

« La Mère de mon Maître ! Entre, Femme ! Et que Dieu soit avec toi, et avec moi qui t’offre l’hospitalité. Entre, toi aussi, et que la paix soit avec toi, mère des apôtres. »

Elles entrent, tandis que la femme et la toute jeune fille du batelier accourent pour les saluer, suivies d’une nichée d’enfants plus petits…

Un repas frugal est vite pris, et Marie, femme de Cléophas, fatiguée, se retire avec les enfants de la maison. Sur la terrasse élevée d’où on voit le lac qui bat le rivage — on l’entend plus qu’on ne le voit, car il n’y a pas encore de lune —, seuls restent donc la Vierge Marie, le batelier, et sa femme qui s’efforce de leur tenir compagnie, mais qui somnole en réalité en dodelinant de la tête.

« Elle est fatiguée ! dit Joseph pour l’excuser.

– La pauvre !

438.4

Les maîtresses de maison sont toujours lasses le soir.

– Oui, elles travaillent beaucoup. Ce n’est pas comme celles qui se prennent du bon temps ! » dit avec mépris le batelier en montrant des barques illuminées qui se détachent de la rive parmi chants et musique. « C’est maintenant qu’elles sortent, elles ! Pour elles, c’est maintenant que la fatigue va commencer ! Quand les gens comme il faut dorment. Et elles font tort aux travailleurs, car elles vont soi-disant pêcher dans les meilleurs endroits, en nous obligeant à fuir, nous qui tirons du lac le pain de la famille…

– Qui est-ce ?

– Des Romaines et leurs semblables. Et en tête, on voit Hérodiade avec son impudique fille, et aussi d’autres femmes d’Israël… Car des Marie de Magdala, nous en avons beaucoup… Je parle de Marie avant son repentir…

– Ce sont des malheureuses…

– Des malheureuses ? C’est nous qui sommes malheureux, nous qui ne les lapidons pas pour purifier Israël de celles qui sont corrompues et qui nous apportent les malédictions de Dieu. »

Pendant ce temps d’autres barques se détachent et le lac rougit sous les lumières des barques des jouisseurs.

« Tu sens cette odeur de résines ? Ils s’enivrent avec la fumée pour commencer, puis ils font le reste au cours des banquets. Ils sont capables d’aller aux sources chaudes de l’autre côté… Dans ces Thermes… Il s’y passe des choses infernales ! Ils reviendront à l’aube, à l’aurore, peut-être plus tard… ivres, entassés les uns sur les autres comme des sacs, hommes et femmes, et les esclaves les porteront à l’intérieur de leurs maisons pour que passe l’orgie… Justement, toutes les belles barques sortent ce soir ! Regarde ! Regarde donc ! Mais j’ai plus de colère contre les juifs qui s’y trouvent que contre eux. Eux… on le sait déjà ! Ce sont des animaux sans vergogne. Mais nous !…

438.5

Femme, sais-tu que l’apôtre Judas est ici ?

– Oui.

– Il ne donne pas le bon exemple, tu sais…

– Pourquoi ? Il va avec ces gens ?

– Non… mais… il a de mauvais compagnons… et une femme. Moi, je ne l’ai pas vu… Aucun de nous ne l’a vu avec eux. Mais des pharisiens nous ont raillés en nous disant : “ Votre apôtre a changé de maître. Maintenant, il a une femme et il se trouve en bonne compagnie avec des publicains. ”

– Ne porte pas de jugement, Joseph, d’après de simples on-dit. Tu sais que les pharisiens ne vous aiment pas et qu’ils ne louent pas non plus le Maître.

– C’est vrai… Mais le bruit court… et cela finit par causer du tort…

– Comme il est né, il tombera. Toi, ne pèche pas contre ton frère. Où loge-t-il ? Le sais-tu ?

– Oui. Chez un ami, je crois, qui tient un commerce de vin et d’épices. C’est le troisième magasin à l’est du marché, après la fontaine…

438.6

– Toutes les Romaines sont-elles pareilles?

– A peu près !… Même si elles ne se font pas voir, elles font le mal.

– Quelles sont celles qui ne se font pas voir ?

– Celles qui sont venues chez Lazare pour la Pâque. Elles se tiennent plus à l’écart… je veux dire qu’elles ne vont pas toujours aux banquets. Mais elles y vont toujours assez pour que l’on puisse affirmer qu’elles sont impures.

– Dis-tu cela parce que tu en es sûr ? Ne seraient-ce pas tes préjugés d’Hébreu qui te font parler ainsi ? Examine-toi, vraiment…

– Eh bien… à vrai dire… je ne sais pas… Je ne les ai plus vues dans les barques de ces dégoûtants… Mais elles vont en barque, la nuit, sur le lac.

– Toi aussi !

– Bien sûr ! Quand je veux pêcher !

– Il fait tellement chaud ! La nuit, ou ne trouve de fraîcheur que sur le lac. Ce sont tes propres mots, pendant le dîner.

– C’est vrai.

– Alors pourquoi ne pas penser qu’elles y vont, elles aussi, pour cette simple raison ? »

L’homme se tait… Puis il dit :

« Il est tard. Selon les étoiles, c’est la seconde veille. Je me retire, femme. Tu ne viens pas ?

– Non, je reste ici en prière. Je sortirai de bonne heure. Ne t’étonne pas, si tu ne me trouves pas à l’aube.

– Tu peux faire ce que tu veux. Anne ! Allons ! Au lit ! »

Il secoue sa femme qui dort à poings fermés, et ils s’en vont.

438.7

Marie reste seule… Elle s’agenouille et prie tant et plus… mais elle ne perd pas de vue les barques qui voguent, les barques des riches, celles qui passent tout illuminées, accompagnées de fleurs, de chants et de fumées d’encens… Elles se dirigent en grand nombre vers l’orient. La distance les rend toutes petites, le bruit des chants n’arrive plus. Il reste une barque solitaire qui resplendit au large dans le miroir d’eau qu’éclaire la lune à son coucher devant Tibériade. Elle va et vient lentement… Marie l’observe jusqu’au moment où elle voit que sa proue se tourne vers le rivage.

Elle se lève alors en disant :

« Seigneur, aide-moi ! Fais que ce soit… »

Puis elle descend d’un pas léger le petit escalier, entre doucement dans une pièce dont la porte est entrouverte… A la blanche clarté de la lune, il est possible de distinguer un petit lit. La Vierge Marie se penche sur lui et appelle :

« Marie ! Marie ! Réveille-toi ! Nous partons ! »

Marie, femme d’Alphée, s’éveille et, encore étourdie par le sommeil, elle demande en se frottant les yeux :

« C’est déjà l’heure de partir ? Comme le jour s’est levé tôt ! »

Elle est tellement abasourdie qu’elle ne se rend pas compte que ce n’est pas la clarté de l’aube, mais la faible phosphorescence de la lune qui entre par la porte ouverte. Elle s’en aperçoit quand elle est dehors sur le coin de terre cultivée qui se trouve devant la maison du batelier.

« Mais il fait nuit ! s’écrie-t-elle.

– Oui. Mais nous allons faire vite, puis nous sortirons aussitôt de cette ville… du moins, je l’espère. Viens ! Par ici, le long de la rive. Dépêche-toi ! Avant que la barque n’accoste…

– La barque ? Quelle barque ? » demande Marie, mais elle court derrière la Vierge qui marche rapidement sur la rive déserte en direction du petit môle vers lequel la barque se dirige.

Tout essoufflées, elles arrivent quelques instants avant la barque… Marie regarde attentivement et s’exclame :

« Louange à Dieu ! Ce sont elles. Maintenant, suis-moi… car il faut que j’aille là où elles vont… Je ne sais pas où elles habitent…

– Mais Marie… par pitié !… On va nous prendre pour des prostituées !… »

La Toute-Pure secoue la tête et murmure :

« Il suffit de ne pas l’être. Viens ! »

Et elle l’attire dans la pénombre d’une maison.

438.8

La barque accoste et, pendant la manœuvre, une litière s’arrête tout près en attendant d’être portée en avant. Deux femmes y montent tandis que deux restent à terre et marchent auprès d’elle. La litière avance au pas cadencé de quatre Numides vêtus d’une très courte tunique sans manches qui leur couvre à peine le torse…

Marie leur emboîte le pas, sans tenir compte des sourdes protestations de Marie, femme d’Alphée :

« Deux femmes seules !… Derrière ces hommes ! En plus, ils sont à moitié nus… Oh ! »

Après quelques mètres de route, la litière s’arrête. Une femme en descend, pendant que l’homme qui est en tête frappe à un portail.

« Porte-toi bien, Lydia !

– Toi aussi, Valéria ! Une caresse à Faustina pour moi. Demain soir, nous lirons encore en paix, pendant que les autres font la fête… »

Le portail s’ouvre et Valéria, avec son esclave — ou son affranchie —, est sur le point d’entrer.

438.9

Marie s’avance alors :

« Domina ! Un mot ! »

Valéria regarde les deux femmes enveloppées dans un manteau hébraïque très simple, dont la capuche descend assez bas sur leurs visages et elle les prend pour des mendiantes. Elle ordonne :

« Barbara, donne l’obole !

– Non, domina, je ne demande pas d’argent. Je suis la Mère de Jésus de Nazareth, et voici ma parente. Je viens en son nom te faire une prière.

– Domina ! Ton Fils est peut-être…persécuté…

– Pas plus qu’à l’ordinaire, mais il voudrait…

– Entre, Domina. Il ne convient pas que tu restes dans la rue comme une mendiante.

– Non. Ce sera vite dit si tu m’écoutes en secret…

– Eloignez-vous tous ! » ordonne Valéria à l’esclave et aux portiers. « Nous sommes seules. Que veut le Maître ? Si je ne suis pas venue, c’est pour ne pas lui nuire dans sa ville. Et il a fait de même, peut-être pour ne pas me nuire auprès de mon époux ?

– Non, c’est sur mon conseil. Mon Fils est haï, domina.

– Je le sais.

– Et il n’a de réconfort que dans sa mission.

– Je le sais.

– Il ne demande pas d’honneurs, ni de troupes ; il ne désire pas régner ni obtenir des richesses. Mais il fait valoir son droit sur les âmes.

– Je le sais.

– Domina… Il devrait te rendre cette fillette… Mais, ne t’indigne pas si je te le dis, ici il serait impossible que son âme soit à Jésus. Tu es meilleure que les autres… Mais autour de toi… trop vive est la fange du monde.

– C’est vrai. Eh bien ?

– Tu es mère… Mon Fils a des sentiments de père pour toutes les âmes. Permettrais-tu que ta petite fille grandisse parmi ceux qui peuvent la pervertir ?…

– Non. Et j’ai compris… Eh bien… Rapporte à ton Fils ceci : “ En souvenir de Faustina dont tu as sauvé la chair, Valéria te laisse Auréa pour que tu sauves son âme… ” C’est vrai ! Nous sommes trop corrompus… pour inspirer confiance à un saint… Domina, prie pour moi ! »

Et elle se retire rapidement avant que Marie puisse la remercier. Je pense qu’elle pleure.

Marie, femme d’Alphée, est pétrifiée.

« Allons, Marie… Nous partirons à la nuit tombée et, demain soir, nous serons à Nazareth…

– Allons… Elle l’a cédée comme… comme un objet…

– Pour eux, c’en est un. Pour nous, c’est une âme. Viens, regarde… Déjà le ciel commence à blanchir, là au fond. On peut dire qu’il n’y a pas de nuit, ce mois-ci… »

438.10

Elles prennent la route — qui n’est plus dans la pénombre et s’ouvre devant elles —, au lieu de suivre le chemin de la rive ; elle passe derrière une rangée de maisons modestes… Quand elles en sont à la moitié, d’un coin débouche Judas, visiblement aviné, un Judas qui revient de qui sait quel festin, dépeigné, le vêtement froissé, le visage barbouillé.

« Judas ! Toi ! Dans cet état ? »

Il n’a pas le temps de faire semblant de ne pas la reconnaître et ne peut fuir… La surprise lui éclaircit les idées et le cloue sur place, sans réaction.

Marie l’aborde, en surmontant la répugnance qu’éveille l’aspect de l’apôtre, et elle lui dit :

« Judas, malheureux fils, que fais-tu ? Tu ne penses pas à Dieu ? A ton âme ? A ta mère ? Que fais-tu, Judas ? Pourquoi veux-tu être pécheur ? Regarde-moi, Judas ! Tu n’as pas le droit de tuer ton âme… »

Et elle le touche en cherchant à lui prendre la main.

« Laisse-moi tranquille ! Je suis un homme, après tout. Et… et je suis libre de faire comme les autres. Dis à Celui qui t’envoie pour m’espionner, que je ne suis pas encore tout esprit et que je suis jeune !

– Tu n’es pas libre de te pervertir, Judas ! Aie pitié de toi-même… En agissant ainsi, tu ne seras jamais une âme bienheureuse… Judas… Il ne m’a pas envoyée t’espionner. Il prie pour toi : cela seulement, et moi avec lui. Au nom de ta mère…

– Laisse-moi tranquille ! » lance impoliment Judas.

Puis, se rendant compte de sa grossièreté, il se reprend :

« Je ne mérite pas ta pitié… Adieu… »

Et il s’enfuit…

« Quel démon !… Je le dirai à Jésus » s’écrie Marie, femme d’Alphée. « Il a raison, mon Jude !

– Tu ne diras rien à personne. Tu prieras pour lui, cela, oui…

– Tu pleures ? Tu pleures à cause de lui ? Oh !…

– Je pleure… J’étais heureuse d’avoir sauvé Auréa… Maintenant, je pleure parce que Judas est endurci. Mais Jésus est déjà bien affligé, et nous ne lui apporterons que la bonne nouvelle. Et, par des pénitences et des prières, nous arracherons le pécheur à Satan… Comme si c’était notre fils, Marie ! Comme si c’était notre fils ! Tu es mère, toi aussi, et tu sais… Pour cette malheureuse mère, pour cette âme pécheresse, pour notre Jésus…

– Oui, je prierai… Mais je ne pense pas qu’il le mérite…

– Marie ! Ne dis pas cela…

– Je ne le dis pas, mais c’est comme ça… Nous n’allons pas chez Jeanne ?

– Non, nous y viendrons bientôt avec Jésus… »

438.1

Tiberias is already in sight when the two tired pilgrims are proceeding in the darkening twilight.

«It will soon be dark… And we are still in the middle of the country… Two women alone… And near a large town full of… Ugh! what people! Beelzebub! Beelzebub mostly…» says Mary of Alphaeus looking around frightened.

«Be not afraid, Mary. Beelzebub will do us no harm. He harms only those who receive him in their hearts…»

«These pagans have him!…»

«Not only pagans are in Tiberias. And also among the heathens there are just people.»

«What? They have not our God!…»

Mary does not reply because She understands that it would be useless. Her good sister-in-law is but one of the many Israelites who believe that they are the only depositaries of virtue… simply because they are Israelites.

They are silent: only the shuffling of the sandals on their tired dusty feet can be heard.

«It was better to take the usual road… We knew that one… it is more beaten by people… This one… among vegetable gardens, solitary… unknown… I am afraid, that’s all!»

«No, Mary. Look. The town is over there, a few steps from here. And here are peaceful kitchen gardens of the cultivators of Tiberias, and over there is the shore, only a few steps from here. Do you want to go to the shore? We will find fishermen there… We have only to go across these vegetable gardens.»

«No! We would be going away from town again! And then… The boatmen are almost all Greeks, Cretans, Egyptians, Romans…» and it seems as if she were mentioning infernal classes. The Blessed Virgin cannot help smiling in the shadow of Her veil.

They go on. The road becomes an avenue, and thus darker… and Mary of Alphaeus is more frightened than ever and she invokes Jehovah at every step, while they proceed slower and slower.

«Come on, take heart! Make haste, if you are afraid!» says Mary urging her after replying: «Maran Atha!» at each invocation.

438.2

But Mary of Alphaeus stops and asks: «But why did You want to come here? To speak perhaps to the Iscariot?»

«No, Mary. Or at least that is not exactly the reason. I have come to speak to Valeria, the Roman lady…»

«Goodness gracious! Are we going to her house? Ah! no! Mary! Don’t do that! I… I am not coming with You! But why are You going there? To those… those… anathemas!…»

The kind smile of the Blessed Virgin becomes a severe expression while She asks: «And do you not remember that Aurea is to be saved? My Son began her liberation. I will complete it. Is that how you practise love for souls?»

«But she is not from Israel…»

«Truly, you have not understood one word of the Gospel! You are a very imperfect disciple… You do not work for your Master and you grieve Me so deeply.»

Mary of Alphaeus lowers her head… But her heart, full of the prejudices of Israel but congenitally kind, gets the upper hand and bursting into tears she embraces Mary and says: «Forgive me! Don’t say that I grieve You and I do not serve my Jesus! Yes! I am very imperfect and I deserve to be reproached… But I will not do it again… I will come! Even to Hell if You should go there to save a soul and give it to Jesus… Give me a kiss, Mary, to tell me that You forgive me…»

Mary kisses her and they resume their journey, walking fast, cheered up by love…

438.3

They are now in Tiberias, near the little harbour of the fishermen. They look for the little house of Joseph, the fisherman disciple… They find it and knock at the door…

«The Mother of my Master! Come in, o Donna! And may God be with You and with me, who am giving You hospitality. And you, come in, too, and peace be with you, the mother of apostles.»

They go in while the wife and young daughter come to greet them followed by a little group of younger children…

The frugal meal is soon over and Mary of Clopas, being tired, withdraws with the children. On the high terrace, from which the lake can be seen – it can be heard lapping the bank, rather than be seen, because there is no moonlight as yet – are the Blessed Virgin, the boatman and his wife, who endeavours to be good company, but in actual fact is nodding…

«She is tired!…» says Joseph excusing her.

«Poor woman!

438.4

Housewives are always tired in the evening.»

«Yes, they do work. They are not like those there, who lead a gay life!» says the boatman disdainfully, pointing at some illuminated boats departing from the shore among songs and music. «They are going out now! They begin to work at this time, when honest people go to sleep! And they do harm to workers, because they go to the best spots, pretending that they are fishing, and they drive away us, who earn our living on the lake…»

«Who are they?»

«Roman women and the like. And among the latter you can count Herodias and her lustful daughter and some Jewesses as well… Because we have many Maries of Magdala… I mean Maries before repentance…»

«They are poor wretches…»

«Poor wretches? We are poor wretches because we do not stone them to rid Israel of those who have become corrupted and bring down on us the curses of God.»

In the meantime other boats have left and the lake reddens with the lights of the revellers’ boats.

«Can you smell resin burning? First they become intoxicated with smoke, and they do the rest in the course of banquets. They are quite capable of going to the hot springs on the other side… In those Thermal baths… Infernal things take place! They will come back at daybreak, at dawn, perhaps later… drunk, lying one on top of the other, men and women, just like sacks, and their slaves will carry them home, to sleep it off… All the beautiful boats are going out this evening! Look! Look!… But I am more angry with the Jews who mix with them. With regards to them… we know! Shameless animals. But we!…

438.5

Donna, do You know that Judas, the apostle is here?»

«I know.»

«He is not setting a good example, You know?»

«Why? Does he go with those people?…»

«No… but… with bad companions… and a woman… I have not seen him… None of us has seen him in such company. But some Pharisees have sneered at us saying: “Your apostle has changed master. Now he has a woman and he is in the good company of publicans”.»

«Do not judge, Joseph, what you have only heard people say. You know that the Pharisees do not love you and they do not even praise the Master.»

«That is true… But the rumour is spreading… and is harmful…»

«As it rose, so it will fall. Do not sin against your brother. Where does he live? Do you know?»

«Yes, with a friend, I think. One who has a warehouse of wines and spices. The third warehouse on the eastern side of the market, after the fountain…»

438.6

«Are all the Roman women alike?»

«Oh! more or less!… They do wrong, even if they do not let people see it.»

«Which are the ones that do not let people see?»

«The ones who came to Lazarus’ at Passover. They are more retired… I mean… they do not always go to banquets. But they go so often that people can say that they are impure.»

«Are you saying so because you are sure, or is it your Jewish prejudice that makes you say so? Think it over carefully…»

«Well… really… I don’t know… I have not seen them anymore in the boats of the filthy ones… But they go out on the lake at night.»

«You go out, too.»

«Certainly! If I want to go out fishing!»

«It is very warm! Only out on the lake is there relief at night. You said so yourself while we were having supper.»

«That is true.»

«So, why not consider that they go on the lake for that?»

The man is silent… He then says: «It is late. The stars say that it is the second watch. I am withdrawing, Donna. Are You not coming?»

«No. I will stay here and pray. I will go out early. Do not be surprised if you do not see Me at dawn.»

«You are free to do as You like. Anne! Come on! Let us go to bed!» and he shakes his wife who is fast asleep. They go away.

438.7

Mary remains alone… She kneels down and prays… but She never loses sight of the boats sailing on the lake, the boats of rich people, all bright with lights,. with flowers, singing and smell of incense… Many sail eastwards, they become very small in the distance, their singing is no longer heard. A splendent solitary boat remains out on the lake in a sheet of water upon which the moon, setting in front of Tiberias, is shining brightly. It sails slowly up and down… Mary watches it until She sees it steer towards the shore.

Mary then stands up saying: «Lord, help Me! Let it be…» She then goes downstairs nimbly, She enters a room the door of which is half open… In the moonlight it is possible to see a little bed. Mary bends over it and calls: «Mary! Wake up! Let us go!»

Mary of Alphaeus wakes up and, overwhelmed with sleep, rubbing her eyes she asks: «Is it already time to go? Is it already daylight?» She is so sleepy that she does not realise that it is not the light of dawn but moonlight the feeble phosphorescence which enters through the open door. She becomes aware of it when she is outside, on the small piece of cultivated ground in front of the boatman’s house.

«But it’s night-time!» she exclaims.

«Yes. But we will finish sooner and we will get out of this town sooner… at least I hope so. Come! This way, along the shore. Quick! Before the boat sets ashore…»

«The boat? Which boat?» asks Mary. But she runs after the Virgin, Who is walking very fast on the deserted shore, towards the little pier, where the boat is heading.

They arrive panting a few moments before it… Mary is watching carefully. She exclaims: «Praised be the Lord! It is they! Follow Me now… because we must go where they go… I do not know where they live…»

«But Mary… for pity’s sake!… They will think that we are prostitutes!…»

The Most Pure Mother shakes Her head and whispers: «The important thing is not to be one. Come!» and She draws her into the shadow of a house.

438.8

The boat lands and while it is manoeuvring, a litter, which was waiting nearby, is brought forward towards it. Two women get on it, while two remain outside and walk beside it, when it leaves carried by four Numidians walking in step and wearing very short sleeveless tunics, which hardly cover their trunks…

Mary follows it, notwithstanding that Mary of Alphaeus protests in a low voice: «Two women alone!… Behind those men! They are half-naked… Oh!…»

After a few metres the litter stops. A woman gets off while the leader knocks at a portal.

«Goodbye, Lydia!»

«Goodbye, Valeria! A caress to Faustina from me. Tomorrow evening we will read again in peace, while the others revel…»

The portal is opened and Valeria, with her slave or freedwoman, is about to go in.

438.9

Mary goes forward and says: «Domina! A word!»

Valeria looks at the two women wrapped in very plain Jewish mantles lowered over their faces, and thinks that they are beggars. She orders: «Barbara, give them offerings!»

«No, domina. I am not asking for money. I am the Mother of Jesus of Nazareth and this is a relative of mine. I have come in his Name to ask a favour of you.»

«Domina! Your Son is perhaps… persecuted…»

«Not more than usually. But He would like…»

«Come in, Domina. It does not become You to remain here in the street like a beggar.»

«No. A few words will suffice if you can listen to me in secret…»

«Go away, all of you!» Valeria orders her slave or freedwoman, whatever she may be, and the doorkeepers. «We are alone. What does the Master want? I did not come because I did not want to harm Him in His town. He did not come in order not to harm me, perhaps, with my husband?»

«No. I advised Him not to come. My Son is hated, domina.»

«I know.»

«And He finds comfort only in His mission.»

«I know.»

«He does not seek honours, or armies; He does not aspire to kingdoms or riches. But He asserts His rights on souls.»

«I know.»

«Domina… He should hand that girl back to you… But do not be offended if I tell you, she could not perfect her soul for Jesus here. You are better than the others… But around you… there is too much filth of the world.»

«That is true. So?»

«You are a mother… My Son has the feelings of a father for every soul. Would you allow your daughter to be brought up among people who can ruin her?…»

«No. I understand… Well… Say these words to Your Son: “In memory of Faustina, saved in her body, Valeria gives You Aurea that You may save her soul”. It is true! We are too corrupt… to assure a saint… Domina, pray for me!» and she withdraws quickly, before Mary can thank her. She withdraws, I would say, weeping…

Mary of Alphaeus is dumbfounded.

«Let us go, Mary… We will leave during the night and tomorrow evening we will be in Nazareth…»

«Let us go… She gave her up… as if she were an object…»

«She is an object to them. To us she is a soul. Come. Look… It is already dawning over there. One can say that there is no night-time in this month…»

438.10

They go along a road which is no longer semi-dark and which opens in front of them, instead of taking the shore. It is a road behind a row of modest houses… When they are half way along it, Judas springs out from a corner, manifestly drunk. A Judas returning from who knows what party, with dishevelled hair, crumpled clothes, his face beaten.

«Judas! You? In this state?»

Judas does not have time to feign that he does not know Her and he cannot run away… Surprise clears his thoughts and keeps him fixed where he is, immobile.

Mary approaches him, overcoming the repulsion which the sight of the apostle stirs in Her, and She says to him: «Judas, wretched son, what are you doing? Are you not thinking of God? Of your soul? Of your mother? What are you doing, Judas? Why do you want to be a sinner? Look at Me, Judas! You have no right to kill your soul…» and She touches him trying to take his hand.

«Leave me alone. I am a man after all. And… I am free to do what everybody does. Tell Him, Who has sent You to spy on me, that I am not yet all spirit, and I am young!»

«You are not free to ruin yourself, Judas! Have pity on yourself… If you behave like that you will never be a happy spirit… Judas… He did not send Me to spy on you. He prays for you. Only that, and I pray with Him. In the name of your mother…»

«Leave me alone» says Judas rudely. Then realising that he has been rude, he rectifies himself: «I do not deserve Your pity… Goodbye…» and he runs away…

«What a demon!… I will tell Jesus» exclaims Mary of Alphaeus.

«My Judas is right!»

«You will not say anything to anybody. You will pray for him. Yes…»

«Are You weeping? Weeping for him? Oh!…»

«I am weeping… I was happy having saved Aurea… I am now weeping because Judas is a sinner. But to Jesus, Who is distressed, we will take only the good news. And we will snatch the sinner from Satan by penance and prayers… As if he were our son, Mary! As if he were our son!… You are a mother, too, and you know… For that unhappy mother, for this soul of a sinner, for our Jesus…»

«Yes, I will pray… But I do not think that he deserves it…»

«Mary, do not say that!…»

«I will not say it… But it is so. Are we not going to Johanna’s?»

«No. We will come back soon, with Jesus…»