Gli Scritti di Maria Valtorta

475. Un soupçon de Pierre et une digression sur les Juifs.

475. Un sospetto di Pietro e digressione sugli ebrei.

475.1

« Levez-vous et partons » ordonne Jésus aux apôtres, qui dorment lourdement sur du foin, ou plutôt des joncs, entassés sur un champ près d’un ruisseau qui attend les pluies d’automne pour remplir d’eau son lit.

Les apôtres, encore à moitié endormis, obéissent sans mot dire. Ils ramassent les sacs, mettent leurs manteaux dont ils s’étaient servis comme couvertures pendant la nuit, et prennent la route avec Jésus.

« Nous passons par le Carmel ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Non, par Séphoris. Puis nous prendrons la route pour Mageddo. Nous avons à peine le temps… répond Jésus.

– Oui. Et les nuits se font trop humides et trop fraîches pour dormir dans les champs, quand, pour quelque raison, aucune maison ne nous accueille, observe Matthieu.

– Les hommes ! Comme ils oublient facilement ! Seigneur ? Ce sera donc toujours la même chose ? demande André.

– Toujours.

– Eh bien ! S’il en est ainsi avec toi, quand ce sera nous qui agirons, tout sera effacé dès que nous aurons le dos tourné, soupire Thomas, découragé.

475.2

– Moi, je dis pourtant qu’il y a ici quelqu’un qui fait oublier. Car les hommes, certes, oublient facilement. Mais ils n’oublient pas toujours. Je vois que parmi nous, les hommes, nous nous souvenons de ce que nous avons eu et donné. En ce qui te concerne, en revanche… Non. Ce sont toujours les mêmes qui travaillent à effacer tout souvenir de toi, conclut Pierre.

– Ne juge pas sans t’appuyer sur une certitude, dit Jésus.

– Maître, cette certitude, je l’ai !

– Tu l’as ? Qu’as-tu découvert ? » demande Judas, l’air très intéressé.

D’autres aussi lui posent la même question, mais l’intérêt de Judas est le plus vif, je dirais même inquiet.

Pierre, qui regardait Jésus, se tourne et observe l’Iscariote d’un air attentif, pénétrant, soupçonneux. Mais il se tait, en gardant les yeux sur lui pendant un long moment. Puis il dit :

« Oh ! rien… et tout, si cela ne t’ennuie pas de le savoir. Au point que, si j’étais homme à employer tous les moyens pour réussir, je courrais dénoncer beaucoup de choses à nos gouvernants, et je suis sûr que quelqu’un aurait des ennuis. Mais je préfère ne pas réussir plutôt que d’obtenir de l’aide de ce côté. Dans les affaires de Dieu, je n’admets que le secours de Dieu, et il me semblerait faire entrer la profanation dans la cause de Dieu, si j’utilisais leur… aide pour écraser les reptiles. Eux aussi sont des reptiles… et… je ne m’y fierais pas… Capables d’écraser en même temps ceux qui sont dénoncés et les dénonciateurs… Ainsi… j’agis par moi-même. Voilà !

– Mais tu ne t’aperçois pas que tu offenses le Maître ?

– Moi? Pourquoi ?

– Parce que lui les fréquente.

– Lui, c’est lui, et s’il les fréquente, ce n’est pas par intérêt, mais pour les amener à Dieu. Lui peut le faire… et il le fait. Mais il ne court pas après eux… Tu vois que… c’est à eux de venir à lui pour entendre le “ philosophe ”, comme ils disent. Mais maintenant, ils ne le désirent plus autant, me semble-t-il. Et personnellement, ça ne m’attriste pas.

– Tu paraissais content, toi aussi, à la Pâque !

– Il semblait. L’homme est souvent un sot. Mais il ne semble plus, et cela n’est plus. Et j’ai raison.

– Comme créature qui ne mélange pas l’intérêt humain aux réalités spirituelles, tu as raison, Simon » dit Jésus. « Mais, comme apôtre qui se réjouit que d’autres s’éloignent de la lumière, non. Tu n’as pas raison. Si tu réfléchissais au fait que toute âme gagnée à la lumière est une gloire pour ton Maître, tu ne parlerais pas ainsi. »

Judas Iscariote lorgne Pierre avec un sourire sarcastique. Pierre le voit… mais il se domine et ne dit rien.

Jésus le voit aussi et, s’adressant à Pierre, mais comme s’il parlait pour tous, il reprend :

« Sachez pourtant qu’un excès de scrupule religieux visant à une bonne fin est plus excusable qu’une indifférence totale, pour atteindre un but humain. Je vous l’ai dit plusieurs fois : c’est la volonté bonne ou mauvaise qui donne du poids à l’action. Et dans ce cas, c’est une volonté bonne, même si elle est imparfaite dans sa forme, qui s’oppose à ce que l’on mêle au surnaturel l’humain et ce que l’on considère comme impur auprès de Dieu. Son intransigeance n’est pas juste, parce que je suis venu pour tout le monde. Mais son jugement est très voisin de la perfection lorsqu’il estime que, dans les affaires de Dieu, on ne doit recourir qu’à son aide surnaturelle, sans mendier une aide humaine intéressée ou terre à terre. »

Et par cette sentence équitable, Jésus met fin à la discussion.

475.3

Ils ont franchi à pied sec le lit d’un autre ruisseau brûlé par l’été et rejoint la route principale qui va de Sycaminon à la Samarie. Si j’ai bon souvenir, je crois avoir déjà vu cet endroit. La route est très fréquentée à cause de la proximité de la fête et elle a déjà pris l’aspect caractéristique des routes palestiniennes à l’époque des pèlerinages obligatoires au Temple : voyageurs, ânes, chars qui portent des personnes, avec des tentes, du mobilier pour les haltes entre les étapes, et dans Jérusalem elle-même, toujours envahie lors des solennités, au point qu’il est conseillé de camper sur les collines qui l’entourent, si la saison le permet. Qui plus est, cette migration de familles entières est encore plus sensible à cette fête des Tentes, non parce que les pèlerins seraient plus nombreux que pour la Pâque ou la Pentecôte, mais parce que, devant obligatoirement vivre sous des cabanes pendant plusieurs jours, ils emportent le mobilier que, lors des autres solennités, tous évitent de traîner avec eux. C’est vraiment l’exode de tout un peuple qui se déverse par toutes les routes en direction de la capitale, comme le sang afflue au cœur par toutes les veines.

475.4

Aujourd’hui encore, la religion obstinée d’Israël est très tenace, et unie. C’est pourquoi les coreligionnaires s’aident entre eux, en quelque endroit qu’ils se trouvent poussés par le sort et, quelle que soit la nation où ils sont nés ; cela n’est pas un obstacle, car un autre juif d’une autre nation se sent toujours frère et compatriote du coreligionnaire qu’il rencontre. Pour bien le comprendre, il faut se souvenir qu’eux, dispersés, persécutés, méprisés, apparemment sans véritable patrie, ne se sentent rien de tout cela. Ils ont leur patrie, celle que Yahvé leur a donnée. Ils ont leur capitale : Jérusalem, et c’est là, de toutes les parties du monde, que converge le meilleur de leur être : leur esprit, leur cœur. Ils ont péché ? Dieu les a punis ? Les prophéties se sont réalisées ? Oui, c’est vrai. Mais il leur reste celle, lumineuse, source pour eux d’une merveilleuse espérance, de la reconstruction du royaume d’Israël… de ce Messie qui doit venir… Et c’est dans la douleur qui craint d’avoir démérité de Dieu, et avec cette perpétuelle question : “ Jésus de Nazareth était-il le vrai Messie ? ”, qu’ils cherchent à se reconstituer en nation, pour l’avoir, ce Messie. Ils cherchent à conserver cette foi tenace en leur religion pour mériter le pardon de Dieu et voir s’accomplir la promesse.

Je suis une pauvre femme, et je ne connais rien aux problèmes politiques, je ne me suis jamais intéressée aux juifs d’aujourd’hui et à leurs malheurs. Quelquefois même, j’ai ri d’eux, parce qu’ils attendent encore Celui qui est venu et qu’ils ont crucifié. Il me semblait qu’ils versaient peut-être des larmes de crocodile, leur conduite ne m’a pas paru et ne me paraît pas telle qu’elle puisse mériter ce qu’ils espèrent de Dieu : non pas le Christ qui, désormais, ne viendra qu’au dernier Jour, mais pas non plus le rassemblement, dans une nation indépendante, de la race hébraïque dispersée. Pourtant, maintenant que je vois, spirituellement, les pères des juifs actuels, je comprends leur drame séculaire et leur ténacité, la source de cette ténacité qu’ils gardent toujours. C’est encore le Peuple de Dieu qui, par la volonté de Dieu, converge vers la terre promise à leurs pères, aux patriarches, ce peuple qui depuis des dizaines de siècles accomplit le rite mosaïque, en pensant à Jérusalem, à son Temple qui resplendit sur le mont Moriah. Ils ne peuvent y aller ? Si. Mais ils s’y rendent en esprit.

Les baïonnettes, les canons, les prisons servent contre l’homme, pas contre l’esprit. Israël ne peut périr, car il est resté dans sa religion. Théorique, pharisaïque, rituelle, privée de ce qui fait la vraie vie d’une religion : la correspondance de l’esprit avec le rite matériel ? Tout ce que vous voulez. Mais autour de ce corps émietté qui fut une nation, et qui est maintenant une infinité de fragments épars sur toute la terre, il reste pour les garder unis un ensemble d’idées, de rites, de préceptes séculaires, venus des prophètes et des rabbins et, comme un phare visible de toutes les parties du monde, un lieu resplendit : Jérusalem. Son nom est comme un appel au rassemblement, il est comme un étendard déployé pour le rappel, le souvenir, la promesse. Non, ce peuple ne peut être réduit au silence par aucune force humaine. Il y a en lui une force plus qu’humaine.

Tout cela se comprend quand on observe ce peuple en marche, par des chemins impossibles, à des saisons pénibles, insoucieux de tout ce qui est peine, joyeux de se rendre à la Cité Sainte. Tout cela se comprend quand on les voit cheminer, les riches avec les pauvres, les enfants avec les vieillards, de la Palestine ou de la Diaspora, vers leur cœur : Jérusalem. Tout cela se comprend quand on les entend chanter leurs cantiques… Et, je l’avoue, je voudrais que nous, les chrétiens et les catholiques, nous soyons comme eux, que nous ayons pour le cœur du catholicisme, Rome, l’Eglise, et pour celui qui y vit, le Pierre d’aujourd’hui, les sentiments de ceux que je vois marcher, marcher, marcher… Je voudrais que nous ayons ce qu’ils ont, eux, en plus de notre foi, parfaite parce que chrétienne.

On me dira : “ Ils sont pleins de défauts. ” Et nous ? En sommes-nous exempts, nous qui sommes pourtant fortifiés par la grâce et les sacrements ? Nous qui devrions être “ parfaits comme le Père qui est dans les Cieux ? ”

475.5

J’ai fait une digression. Mais, en suivant la marche des apôtres mêlés aux foules d’Israël, je me perds dans mes pensées…

Et cela jusqu’au moment où, à un croisement de routes, un groupe de disciples aperçoit le Maître et se presse autour de lui. Parmi eux se trouve Abel de Bethléem, qui se jette aussitôt aux pieds de Jésus en disant :

« Maître, j’ai tant prié le Très-Haut pour qu’il me permette de te rencontrer. Je ne l’espérais plus. Mais il m’a exaucé. A ton tour, maintenant, exauce ton disciple.

– Que veux-tu, Abel ? Viens là, au bord du champ. Ici, il y a trop de monde, et nous dérangeons. »

Ils se rendent tous à l’endroit que Jésus indique et, là, Abel parle.

« Maître, tu m’as sauvé[1] de la mort et de la calomnie et tu as fait de moi l’un de tes disciples. Tu m’aimes donc beaucoup ?

– Comment peux-tu me poser cette question ?

– C’est pour être certain que tu vas exaucer ma prière. Quand tu m’as sauvé, tu as infligé à mes ennemis un terrible châtiment. Il est certainement juste. Mais, Seigneur, il est bien horrible ! J’ai cherché ces trois hommes. Chaque fois que je venais chez ma mère, je les cherchais, sur les montagnes, dans les cavernes près de ma ville. Et je ne les trouvais jamais.

– Pourquoi les as-tu recherchés ?

– Pour leur parler de toi, Seigneur. Pour que, croyant en toi, ils t’invoquent et obtiennent pardon et guérison. C’est seulement pendant l’été que je les ai trouvés, et pas ensemble. L’un d’eux, celui qui me haïssait à cause de ma mère, s’est séparé des autres qui sont allés plus haut, vers les monts plus élevés de Jiphtaël. Ils m’ont dit où il est… Et par eux j’ai eu la trace des bergers de Bethléem qui t’ont accordé l’hospitalité ce soir-là. Les bergers, avec leurs troupeaux, vont de tous côtés, et ils savent tant de choses ! Ils savaient que c’était à la montagne de la Belle Source que se trouvaient les deux lépreux que je cherchais. J’y suis allé. Oh !… »

L’horreur se peint sur le visage du tout jeune homme.

« Continue.

– Ils m’ont reconnu. Moi, je ne pouvais reconnaître mes concitoyens en ces deux monstres… Ils m’ont appelé… et ils m’ont prié, comme si j’étais un dieu… Le serviteur surtout m’a fait pitié, à cause de son pur repentir. Il ne veut que ton pardon. Seigneur… Aser demande aussi la guérison. Il a une vieille mère, Seigneur, une vieille mère qui meurt de chagrin en ville…

– Et l’autre ? Pourquoi s’est-il séparé ?

– Parce que c’est un démon. Principal coupable, déjà adultère quand il est devenu homicide, il a poussé Aser, corrompu le serviteur de Joël, qui est un peu naïf et facilement influençable, et il continue à être un démon. De sa bouche sort le venin et le blasphème, de son cœur la haine et la cruauté. Je l’ai vu, lui aussi… Je voulais le rendre bon. Il s’est rué sur moi comme un vautour et je n’ai dû mon salut qu’à ma fuite rapide et à ma résistance puisque je suis jeune et en bonne santé. Mais je ne désespère pas de le sauver. Je retournerai… Une fois, deux fois, autant qu’il faudra avec des secours, avec amour. Je me ferai aimer. Lui croit que je viens me moquer de sa ruine. Moi, j’y vais pour la réédifier. S’il peut arriver à m’aimer, il m’écoutera ; s’il m’écoute, il finira par croire en toi. C’est ce que je souhaite. Pour les autres, cela a été facile, car ils ont médité et compris par eux-mêmes. Et le serviteur est devenu le véritable maître de l’autre parce qu’il a tant de foi, un si grand désir de pardon !

475.6

Viens, Seigneur ! Je leur ai promis de te conduire à eux quand je t’aurais rencontré.

– Abel, leur crime était grand, il y avait même plusieurs crimes en un. Bien court est le temps qu’ils ont expié…

– Grand a été leur tourment et leur repentir. Viens.

– Abel, ils voulaient ta mort.

– Peu importe, Seigneur. Je veux pour eux la vie.

– Quelle vie ?

– Celle que tu donnes, celle de l’âme, le pardon, la rédemption.

– Abel, c’étaient tes Caïn et ils t’ont haï comme on ne le peut davantage. Ils voulaient tout t’enlever : la vie, l’honneur et ta mère…

– Ils ont été mes bienfaiteurs, puisque c’est grâce à eux que je t’ai trouvé, toi. Moi, je les aime pour ce don qu’ils m’ont fait, et je te demande qu’ils soient là où moi je suis : à ta suite. Je veux leur salut comme le mien, plus que le mien, car plus grand est leur péché.

– Quelle offrande ferais-tu à Dieu en échange de leur salut, s’il t’en demandait une ? »

Abel réfléchit un moment… puis il dit avec assurance :

« Jusqu’à moi-même, jusqu’à ma vie. Je perdrais une poignée de boue, pour posséder le Ciel. Ce serait une heureuse perte pour un grand profit, infini : Dieu, le Ciel. Et deux pécheurs sauvés : les premiers-nés du troupeau que j’espère te conduire et t’offrir, Seigneur. »

Jésus a un geste qu’il ne fait jamais ainsi en public. Il se penche — car il est beaucoup plus grand qu’Abel — et, prenant la tête d’Abel dans ses mains, il dépose un baiser sur sa bouche en disant : “ Qu’il en soit ainsi. ” Je crois du moins que c’est ce que signifie son “ Marana Tha ”. Puis il ajoute :

« Pour tes sentiments, qu’il te soit fait selon ce que demandent tes paroles. Viens avec moi, tu me guideras. Jean, accompagne-moi. Quant à vous, allez de l’avant, par la route de Mageddo à Engannim. Vous m’attendrez là, si je ne suis pas encore arrivé.

– Et nous te prêcherons, ainsi que ta doctrine, dit Judas.

– Non. Vous m’attendrez, simplement, en vous comportant comme de justes et humbles pèlerins, et rien de plus. Comportez-vous les uns avec les autres comme des frères. Et, en chemin, vous passerez chez les paysans de Yokhanan pour leur donner ce que vous avez, et leur annoncer que le Maître, s’il le peut, passera par Jezréel après-demain, à l’aurore. Allez. Que la paix soit avec vous. »

475.1

«Alzatevi e andiamo», ordina Gesù ai suoi che dormono pesantemente su dei fieni, più falaschi che fieni, accatastati su un campo prossimo ad un fiumiciattolo che attende le piogge d’autunno per nutrire il suo alveo di acque.

Gli apostoli ubbidiscono senza parlare, ancor mezzo assonnati. Raccolgono le sacche, si mettono i mantelli che avevano usato per coperte nella notte e si incamminano con Gesù.

«Andiamo per il Carmelo?», chiede Giacomo d’Alfeo.

«No. Per Sefori. E poi prenderemo la via per Mageddo. Il tempo basta appena…», risponde Gesù.

«Sì. E le notti si fanno troppo umide e fredde per dormire nei campi, quando per qualche motivo non ci accoglie una casa», osserva Matteo.

«Gli uomini! Ma come sono facili a dimenticare!… Signore? Ma sarà sempre così?», domanda Andrea.

«Sempre».

«E allora! Se così è con Te, quando faremo noi, appena voltate le spalle, sarà cancellato tutto», dice sconfortato Tommaso.

475.2

«Io dico però che qui c’è qualcuno che fa dimenticare. Perché gli uomini, sì, dimenticano con facilità. Però non sempre dimenticano. Io vedo che fra noi, fra noi uomini, ci si ricorda delle cose avute e date. Per Te, invece… No, sono sempre quei tali che lavorano a cancellare il ricordo di Te», dice Pietro.

«Non fare giudizi senza una base sicura», dice Gesù.

«Maestro, è che la base ce l’ho!».

«Ce l’hai? Cosa hai scoperto?», chiede l’Iscariota molto interessato, e con lui anche altri chiedono uguale. Ma l’interesse di Giuda è il più vivo, direi affannoso.

Pietro, che guardava Gesù, si volta e guarda l’Iscariota… uno sguardo attento, svegliato, sospettoso, e tace, guardandolo, per qualche momento. Poi dice: «Oh! niente… e tutto, se non ti dispiace saperlo. Tanto da, se fossi uno che ha voglia di usare tutti i mezzi per riuscire, tanto da correre a denunciare molte cose a chi ci governa, e sono sicuro che qualcuno passerebbe dei guai. Ma io preferisco non riuscire, anziché avere degli aiuti da quella parte. Nelle cose di Dio non metto che l’aiuto di Dio, e mi sembrerebbe di portare profanazione nelle cose di Dio a mettere loro a… loro per… aiuto a schiacciare i rettili. Sono rettili anche loro… e… non mi fiderei… Capaci di schiacciare i denunciati e i denunciatori insieme… Così… faccio da me. Ecco!».

«Ma non ti accorgi di fare offesa al Maestro?».

«Io? Perché?».

«Perché Lui li avvicina».

«Lui è Lui, e se li avvicina non lo fa per averne utile ma per portarli a Dio. Lui è capace di farlo… e lo fa. Ma non corre dietro a loro… Vedi che… devono essere loro a venire a Lui per sentire “il filosofo”, come dicono. Ma ora non ne hanno più tanta voglia, mi pare. E io non piango».

«Parevi contento anche tu per Pasqua!».

«Pareva. L’uomo è stolto molte volte. Ora non pare più, e non è più. E ho ragione».

«Come creatura che non mescola l’utile umano alle cose spirituali hai ragione, Simone. Ma come apostolo che si rallegra che altri si allontanino dalla Luce, no. Non hai ragione. Se pensassi che ogni anima conquistata alla Luce è una gloria per il tuo Maestro, non parleresti così», dice Gesù.

Giuda Iscariota guarda Pietro con un sorriso sarcastico. E Pietro lo vede… ma si domina e non dice niente.

Gesù anche vede e dice, accennando a Pietro, ma come parlasse a tutti: «Sappiate però che è più scusabile un eccesso di scrupolo religioso, a fine buono, che non un incurante passare sopra tutto pur di raggiungere un fine umano. Ve l’ho detto più volte: è la volontà buona o non buona quella che dà peso al­l’azione. E in questo caso è volontà buona, anche se imperfetta nella forma, opporsi a portare l’umano nel sovrumano e ciò che uno reputa immondo presso Dio. Non è giusta la sua intransigenza perché Io sono venuto per tutti. Ma è molto vicino alla perfezione il suo giudizio che nelle cose di Dio si deve ricorrere solo al suo aiuto soprannaturale, senza mendicare aiuti umani, interessati o utilitari». E con questa sentenza equanime Gesù pone fine alla discussione.

475.3

Hanno superato a piedi asciutti un altro letto fluviale arso dall’estate e raggiunto la via maestra che va da Sicaminon verso la Samaria, credo, se ben mi ricordo il luogo visto altra volta. La via è molto frequentata nell’imminenza della festa ed ha già preso l’aspetto caratteristico delle strade palestinesi nelle epoche di pellegrinaggi obbligatori al Tempio. Viandanti, asini, carri con persone sopra, con tende, suppellettili per le soste fra tappa e tappa e nella stessa Gerusalemme, sempre sopraffollata nelle solennità, tanto da consigliare di accamparsi sui colli che la cingono, sol che la stagione lo conceda. In questa, poi, dei Tabernacoli, è ancor più sensibile questa emigrazione di intere famiglie, non perché siano più numerosi i pellegrini che non per Pasqua e Pentecoste, ma perché, dovendo obbligatoriamente vivere sotto le capanne per qualche giorno, hanno le suppellettili che nelle altre solennità tutti cercano di non trascinarsi dietro. È veramente l’esodo di un popolo che si riversa da tutte le vie verso la capitale, come il sangue da ogni vena affluisce al cuore.

475.4

Per capire anche ora l’ostinata religione d’Israele, così tenace, così compatta — per cui i correligionari si aiutano fra loro in qualunque posto si trovino spinti dalla sorte e, qual che si sia la nazione dove sono nati, non è questa cosa ostacolo perché altro ebreo di altra nazione si senta sempre fratello e compatriota del correligionario che incontra — bisogna tenere presente che essi, dispersi, perseguitati, scherniti, apparentemente senza una vera patria, non si sentono nulla di tutto ciò. Hanno la loro Patria, quella che il loro Jeové ha loro dato; hanno la loro capitale, Gerusalemme, e là, da ogni parte del mondo, converge il meglio dei loro esseri: lo spirito, il cuore. Hanno peccato? Dio li ha puniti? Le profezie si sono avverate? Sì, è vero. Ma resta quella, luminosa, causa per loro di luminosa speranza, della ricostruzione del regno d’Israele… di questo Messia che deve venire… E in un dolore che trema di aver demeritato da Dio, e in un perpetuo interrogativo: «Ma era Gesù di Nazaret il vero Messia?», essi cercano di ricostituirsi a Nazione per averlo, questo Messia, essi cercano di conservare questa tenace fede alla loro religione per meritare perdono da Dio e vedere compiersi la promessa.

Io sono una povera donna, non so di problemi politici, non mi sono mai interessata degli ebrei attuali e dei loro guai, qualche volta anche ho riso di loro che aspettano ancora Chi è venuto e hanno crocifisso, il loro pianto mi è parso coccodrillesco alquanto, le loro azioni non mi sono sembrate né mi sembrano tali da meritare ciò che sperano da Dio, non il Cristo che ormai verrà solo all’Ultimo Giorno, ma neppure la ricostruzione della razza ebrea, dispersa, in Nazione indipendente. Ma però, ora che vedo, spiritualmente, i padri degli ebrei attuali, comprendo il loro dramma secolare e la loro tenacia, la fonte di questa loro tenacia. È ancora il Popolo di Dio che per volere di Dio converge verso la Terra promessa ai Padri, ai Patriarchi, il popolo che da centinaia di secoli compie il rito mosaico, pensando a Gerusalemme, al suo Tempio splendente sul Moria. Impediti ad andarvi? Sì. Ma ci va lo spirito.

Le baionette, i cannoni, le carceri servono contro l’uomo, non contro lo spirito. Israele non può perire perché è rimasto nella sua religione. Teorica, farisaica, rituale e priva di ciò che è vita vera di una religione: la corresponsione dello spirito al rito materiale? Tutto quello che volete. Ma intorno allo sbriciolato corpo che fu Nazione, ed ora è infiniti frammenti sparsi su tutta la Terra, stanno a tenerlo raccolto le fasce di idee, riti, precetti secolari, venuti da profeti e rabbi e, come faro visibile da tutte le parti del mondo, splende un luogo, Gerusalemme, e il suo nome è come un grido a raccolta, è come un vessillo sventolato a richiamo, a memento, a promessa. No. Non può essere questo popolo messo a tacere da nessuna forza umana. Una forza più grande dell’umana è in lui.

Tutto questo si capisce quando si osserva questo popolo andare per vie impervie, in stagioni disagiose, incurante di tutto ciò che è pena, ilare della gioia di andare alla Città Santa. Tutto ciò si capisce vedendoli andare ricchi con poveri, fanciulli con vecchi, dalla Palestina o dalla Diaspora, verso il loro cuore: Gerusalemme. Tutto ciò si capisce sentendoli cantare i loro canti… E, lo confesso, e io vorrei che noi, i cristiani e cattolici, fossimo come loro, avessimo per il cuore del cattolicesimo, Roma, la Chiesa, e per chi vive in esso, il Pietro attuale, il sentimento di questi che vedo andare, andare, andare; vorrei avessimo ciò che essi hanno, più la nostra Fede perfetta perché cristiana.

Mi diranno: «Sono pieni di difetti». E noi? Ne siamo senza? Senza, noi fortificati dalla Grazia e dai Sacramenti? Noi che dovremmo essere «perfetti come lo è il Padre che è nei Cieli»?

475.5

Ho fatto una digressione. Ma, seguendo la marcia degli apostoli confusi con le altre turbe d’Israele, il pensiero lavora…

E lavora finché ad un incrocio di via un gruppo di discepoli non vede il Maestro e gli si affolla intorno. Fra essi è Abele di Betlemme, che si getta subito ai piedi di Gesù dicendo: «Maestro, ho tanto pregato l’Altissimo perché mi facesse incontrare con Te. E non lo speravo più. Ma Egli mi ha esaudito. Ora Tu esaudisci il tuo discepolo».

«Che vuoi, Abele? Vieni là, al limitare del campo. Qui vi è troppa gente e diamo noia».

Vanno in massa dove Gesù indica, e là Abele dice ciò che vuole. «Maestro, Tu mi hai salvato[1] da morte e da calunnia e hai fatto di me un tuo discepolo. Dunque Tu mi ami molto?».

«Lo puoi chiedere?».

«Lo chiedo per essere certo che Tu esaudisci la mia preghiera. Quando Tu mi hai salvato, hai castigato i miei nemici con orribile castigo. Tu lo hai dato, giusto è certo. Ma, oh! Signore! è molto orribile! Io ho cercato quei tre. Ogni volta che venivo da mia madre li cercavo. Sui monti, nelle caverne presso la mia città. E non li trovavo mai».

«Perché li cercavi?».

«Per parlare loro di Te, Signore. Perché, credendo in Te, ti invocassero e ottenessero perdono e guarigione. Solo nell’estate li ho trovati, e non insieme. Uno, quello che mi odiava per causa di mia madre, si è separato dagli altri che sono andati più su, verso i monti più alti di Jiftael. Loro mi hanno detto dove egli è… E di loro mi hanno dato la traccia dei pastori di Betlemme, quelli che ti hanno ospitato quella sera. I pastori coi loro greggi girano tanto e sanno tante cose. Loro sapevano che nel monte della Bella Sorgente erano i due lebbrosi che cercavo. Sono andato. Oh!…». L’orrore si dipinge sul viso del giovane uomo, quasi ancor giovinetto.

«Continua».

«Essi mi hanno riconosciuto. Io non potevo riconoscere in quei due mostri i miei concittadini… Mi hanno chiamato… e mi hanno pregato, come fossi un dio… Il servo più di tutti mi ha fatto pietà. Per il suo puro pentimento. Non vuole che il tuo perdono, Signore… Aser vuole anche la guarigione. Ha una vecchia madre, Signore, una vecchia madre che muore di dolore in città…».

«E l’altro? Perché si è diviso?».

«Perché è un demonio. Principale colpevole, adultero già quando divenne omicida, eccitatore di Aser, corruttore del servo di Gioele, che è un poco stolto e facilmente dominabile, continua ad essere un demonio. Dalla sua bocca odio e bestemmie, dal suo cuore odio e crudeltà. Ho visto anche lui… Volevo farlo buono. Rovinò su me come un avvoltoio e solo nella fuga, in me rapida e resistente perché giovane e sano, ebbi salvezza. Ma non dispero di salvarlo. Tornerò… Una, due, tante volte con soccorsi, con amore. Mi farò amare. Egli crede che io vada a schernire la sua rovina. Io vado per riedificarla. Se può giungere ad amarmi, mi ascolterà; se mi ascolterà, finirà per credere in Te. Questo voglio. Gli altri, oh!, fu facile perché da loro hanno meditato e compreso. E il servo è divenuto il semplice maestro dell’altro, perché nel servo è tanta fede, tanto desiderio di perdono.

475.6

Vieni, Signore! Io ho promesso loro di condurti a loro quando ti avessi incontrato».

«Abele, il loro delitto era grande, molti delitti in uno. Poco è il tempo che hanno espiato…».

«Grande è stato il tormento e il pentimento loro. Vieni».

«Abele, essi ti volevano morto».

«Non importa, Signore. Io voglio per loro la vita».

«Quale vita?».

«Quella che Tu dài, quella dello spirito, il perdono, la redenzione».

«Abele, erano i tuoi Caini e ti hanno odiato come più non si può. Ti volevano levare tutto: vita, onore e madre…».

«Sono stati i miei benefattori, perché per essi ho avuto Te. Io li amo per questo loro dono e ti chiedo che siano dove io sono, al tuo seguito. Voglio la loro salvezza come la mia, più della mia, perché più grande è il loro peccato».

«Cosa offriresti a Dio in cambio della loro salvezza, se ti chiedesse un’offerta?».

Abele pensa un momento… poi dice sicuro: «Anche me stesso. La mia vita. Perderei un pugno di fango per possedere il Cielo. Una perdita felice. Un acquisto grande, infinito: Dio, il Cielo. E due peccatori salvati: i primogeniti del gregge che spero condurti e offrirti, o Signore».

Gesù fa un atto che non fa mai così in pubblico. Si china, perché è molto più alto di Abele, e prendendogli il capo fra le mani lo bacia sulla bocca dicendo: «Così sia», almeno credo che così voglia dire il suo «Maranata». E aggiunge: «Per i tuoi sentimenti ti sia fatto secondo che chiedono le tue parole. Vieni con Me. Mi condurrai. Giovanni, vieni con Me. E voi andate avanti. Per la via di Mageddo ad Engannim. Là mi attenderete, se ancora non mi avrete incontrato».

«E predicheremo Te e la tua dottrina», dice l’Iscariota.

«No. Mi attenderete. Semplicemente. Tenendo condotta di giusti e umili pellegrini e nulla più. Essendo fra voi come fratelli. E passerete, nell’andare, dai contadini di Giocana, dando loro ciò che avete e dicendo che il Maestro, se potrà, passerà da Jezrael all’aurora di due giorni da oggi. Andate. La pace sia con voi».


Notes

  1. tu m’as sauvé, en 248.5/11. C’est à ce même épisode que renvoient les faits mentionnés en 476.6/7.

Note

  1. mi hai salvato, in 248.5/11. Allo stesso episodio rimandano gli accenni che leggeremo in 476.6/7.