The Writings of Maria Valtorta

475. Un soupçon de Pierre et une digression sur les Juifs.

475. A suspicion of Peter. Digression on the Hebrews.

475.1

« Levez-vous et partons » ordonne Jésus aux apôtres, qui dorment lourdement sur du foin, ou plutôt des joncs, entassés sur un champ près d’un ruisseau qui attend les pluies d’automne pour remplir d’eau son lit.

Les apôtres, encore à moitié endormis, obéissent sans mot dire. Ils ramassent les sacs, mettent leurs manteaux dont ils s’étaient servis comme couvertures pendant la nuit, et prennent la route avec Jésus.

« Nous passons par le Carmel ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Non, par Séphoris. Puis nous prendrons la route pour Mageddo. Nous avons à peine le temps… répond Jésus.

– Oui. Et les nuits se font trop humides et trop fraîches pour dormir dans les champs, quand, pour quelque raison, aucune maison ne nous accueille, observe Matthieu.

– Les hommes ! Comme ils oublient facilement ! Seigneur ? Ce sera donc toujours la même chose ? demande André.

– Toujours.

– Eh bien ! S’il en est ainsi avec toi, quand ce sera nous qui agirons, tout sera effacé dès que nous aurons le dos tourné, soupire Thomas, découragé.

475.2

– Moi, je dis pourtant qu’il y a ici quelqu’un qui fait oublier. Car les hommes, certes, oublient facilement. Mais ils n’oublient pas toujours. Je vois que parmi nous, les hommes, nous nous souvenons de ce que nous avons eu et donné. En ce qui te concerne, en revanche… Non. Ce sont toujours les mêmes qui travaillent à effacer tout souvenir de toi, conclut Pierre.

– Ne juge pas sans t’appuyer sur une certitude, dit Jésus.

– Maître, cette certitude, je l’ai !

– Tu l’as ? Qu’as-tu découvert ? » demande Judas, l’air très intéressé.

D’autres aussi lui posent la même question, mais l’intérêt de Judas est le plus vif, je dirais même inquiet.

Pierre, qui regardait Jésus, se tourne et observe l’Iscariote d’un air attentif, pénétrant, soupçonneux. Mais il se tait, en gardant les yeux sur lui pendant un long moment. Puis il dit :

« Oh ! rien… et tout, si cela ne t’ennuie pas de le savoir. Au point que, si j’étais homme à employer tous les moyens pour réussir, je courrais dénoncer beaucoup de choses à nos gouvernants, et je suis sûr que quelqu’un aurait des ennuis. Mais je préfère ne pas réussir plutôt que d’obtenir de l’aide de ce côté. Dans les affaires de Dieu, je n’admets que le secours de Dieu, et il me semblerait faire entrer la profanation dans la cause de Dieu, si j’utilisais leur… aide pour écraser les reptiles. Eux aussi sont des reptiles… et… je ne m’y fierais pas… Capables d’écraser en même temps ceux qui sont dénoncés et les dénonciateurs… Ainsi… j’agis par moi-même. Voilà !

– Mais tu ne t’aperçois pas que tu offenses le Maître ?

– Moi? Pourquoi ?

– Parce que lui les fréquente.

– Lui, c’est lui, et s’il les fréquente, ce n’est pas par intérêt, mais pour les amener à Dieu. Lui peut le faire… et il le fait. Mais il ne court pas après eux… Tu vois que… c’est à eux de venir à lui pour entendre le “ philosophe ”, comme ils disent. Mais maintenant, ils ne le désirent plus autant, me semble-t-il. Et personnellement, ça ne m’attriste pas.

– Tu paraissais content, toi aussi, à la Pâque !

– Il semblait. L’homme est souvent un sot. Mais il ne semble plus, et cela n’est plus. Et j’ai raison.

– Comme créature qui ne mélange pas l’intérêt humain aux réalités spirituelles, tu as raison, Simon » dit Jésus. « Mais, comme apôtre qui se réjouit que d’autres s’éloignent de la lumière, non. Tu n’as pas raison. Si tu réfléchissais au fait que toute âme gagnée à la lumière est une gloire pour ton Maître, tu ne parlerais pas ainsi. »

Judas Iscariote lorgne Pierre avec un sourire sarcastique. Pierre le voit… mais il se domine et ne dit rien.

Jésus le voit aussi et, s’adressant à Pierre, mais comme s’il parlait pour tous, il reprend :

« Sachez pourtant qu’un excès de scrupule religieux visant à une bonne fin est plus excusable qu’une indifférence totale, pour atteindre un but humain. Je vous l’ai dit plusieurs fois : c’est la volonté bonne ou mauvaise qui donne du poids à l’action. Et dans ce cas, c’est une volonté bonne, même si elle est imparfaite dans sa forme, qui s’oppose à ce que l’on mêle au surnaturel l’humain et ce que l’on considère comme impur auprès de Dieu. Son intransigeance n’est pas juste, parce que je suis venu pour tout le monde. Mais son jugement est très voisin de la perfection lorsqu’il estime que, dans les affaires de Dieu, on ne doit recourir qu’à son aide surnaturelle, sans mendier une aide humaine intéressée ou terre à terre. »

Et par cette sentence équitable, Jésus met fin à la discussion.

475.3

Ils ont franchi à pied sec le lit d’un autre ruisseau brûlé par l’été et rejoint la route principale qui va de Sycaminon à la Samarie. Si j’ai bon souvenir, je crois avoir déjà vu cet endroit. La route est très fréquentée à cause de la proximité de la fête et elle a déjà pris l’aspect caractéristique des routes palestiniennes à l’époque des pèlerinages obligatoires au Temple : voyageurs, ânes, chars qui portent des personnes, avec des tentes, du mobilier pour les haltes entre les étapes, et dans Jérusalem elle-même, toujours envahie lors des solennités, au point qu’il est conseillé de camper sur les collines qui l’entourent, si la saison le permet. Qui plus est, cette migration de familles entières est encore plus sensible à cette fête des Tentes, non parce que les pèlerins seraient plus nombreux que pour la Pâque ou la Pentecôte, mais parce que, devant obligatoirement vivre sous des cabanes pendant plusieurs jours, ils emportent le mobilier que, lors des autres solennités, tous évitent de traîner avec eux. C’est vraiment l’exode de tout un peuple qui se déverse par toutes les routes en direction de la capitale, comme le sang afflue au cœur par toutes les veines.

475.4

Aujourd’hui encore, la religion obstinée d’Israël est très tenace, et unie. C’est pourquoi les coreligionnaires s’aident entre eux, en quelque endroit qu’ils se trouvent poussés par le sort et, quelle que soit la nation où ils sont nés ; cela n’est pas un obstacle, car un autre juif d’une autre nation se sent toujours frère et compatriote du coreligionnaire qu’il rencontre. Pour bien le comprendre, il faut se souvenir qu’eux, dispersés, persécutés, méprisés, apparemment sans véritable patrie, ne se sentent rien de tout cela. Ils ont leur patrie, celle que Yahvé leur a donnée. Ils ont leur capitale : Jérusalem, et c’est là, de toutes les parties du monde, que converge le meilleur de leur être : leur esprit, leur cœur. Ils ont péché ? Dieu les a punis ? Les prophéties se sont réalisées ? Oui, c’est vrai. Mais il leur reste celle, lumineuse, source pour eux d’une merveilleuse espérance, de la reconstruction du royaume d’Israël… de ce Messie qui doit venir… Et c’est dans la douleur qui craint d’avoir démérité de Dieu, et avec cette perpétuelle question : “ Jésus de Nazareth était-il le vrai Messie ? ”, qu’ils cherchent à se reconstituer en nation, pour l’avoir, ce Messie. Ils cherchent à conserver cette foi tenace en leur religion pour mériter le pardon de Dieu et voir s’accomplir la promesse.

Je suis une pauvre femme, et je ne connais rien aux problèmes politiques, je ne me suis jamais intéressée aux juifs d’aujourd’hui et à leurs malheurs. Quelquefois même, j’ai ri d’eux, parce qu’ils attendent encore Celui qui est venu et qu’ils ont crucifié. Il me semblait qu’ils versaient peut-être des larmes de crocodile, leur conduite ne m’a pas paru et ne me paraît pas telle qu’elle puisse mériter ce qu’ils espèrent de Dieu : non pas le Christ qui, désormais, ne viendra qu’au dernier Jour, mais pas non plus le rassemblement, dans une nation indépendante, de la race hébraïque dispersée. Pourtant, maintenant que je vois, spirituellement, les pères des juifs actuels, je comprends leur drame séculaire et leur ténacité, la source de cette ténacité qu’ils gardent toujours. C’est encore le Peuple de Dieu qui, par la volonté de Dieu, converge vers la terre promise à leurs pères, aux patriarches, ce peuple qui depuis des dizaines de siècles accomplit le rite mosaïque, en pensant à Jérusalem, à son Temple qui resplendit sur le mont Moriah. Ils ne peuvent y aller ? Si. Mais ils s’y rendent en esprit.

Les baïonnettes, les canons, les prisons servent contre l’homme, pas contre l’esprit. Israël ne peut périr, car il est resté dans sa religion. Théorique, pharisaïque, rituelle, privée de ce qui fait la vraie vie d’une religion : la correspondance de l’esprit avec le rite matériel ? Tout ce que vous voulez. Mais autour de ce corps émietté qui fut une nation, et qui est maintenant une infinité de fragments épars sur toute la terre, il reste pour les garder unis un ensemble d’idées, de rites, de préceptes séculaires, venus des prophètes et des rabbins et, comme un phare visible de toutes les parties du monde, un lieu resplendit : Jérusalem. Son nom est comme un appel au rassemblement, il est comme un étendard déployé pour le rappel, le souvenir, la promesse. Non, ce peuple ne peut être réduit au silence par aucune force humaine. Il y a en lui une force plus qu’humaine.

Tout cela se comprend quand on observe ce peuple en marche, par des chemins impossibles, à des saisons pénibles, insoucieux de tout ce qui est peine, joyeux de se rendre à la Cité Sainte. Tout cela se comprend quand on les voit cheminer, les riches avec les pauvres, les enfants avec les vieillards, de la Palestine ou de la Diaspora, vers leur cœur : Jérusalem. Tout cela se comprend quand on les entend chanter leurs cantiques… Et, je l’avoue, je voudrais que nous, les chrétiens et les catholiques, nous soyons comme eux, que nous ayons pour le cœur du catholicisme, Rome, l’Eglise, et pour celui qui y vit, le Pierre d’aujourd’hui, les sentiments de ceux que je vois marcher, marcher, marcher… Je voudrais que nous ayons ce qu’ils ont, eux, en plus de notre foi, parfaite parce que chrétienne.

On me dira : “ Ils sont pleins de défauts. ” Et nous ? En sommes-nous exempts, nous qui sommes pourtant fortifiés par la grâce et les sacrements ? Nous qui devrions être “ parfaits comme le Père qui est dans les Cieux ? ”

475.5

J’ai fait une digression. Mais, en suivant la marche des apôtres mêlés aux foules d’Israël, je me perds dans mes pensées…

Et cela jusqu’au moment où, à un croisement de routes, un groupe de disciples aperçoit le Maître et se presse autour de lui. Parmi eux se trouve Abel de Bethléem, qui se jette aussitôt aux pieds de Jésus en disant :

« Maître, j’ai tant prié le Très-Haut pour qu’il me permette de te rencontrer. Je ne l’espérais plus. Mais il m’a exaucé. A ton tour, maintenant, exauce ton disciple.

– Que veux-tu, Abel ? Viens là, au bord du champ. Ici, il y a trop de monde, et nous dérangeons. »

Ils se rendent tous à l’endroit que Jésus indique et, là, Abel parle.

« Maître, tu m’as sauvé[1] de la mort et de la calomnie et tu as fait de moi l’un de tes disciples. Tu m’aimes donc beaucoup ?

– Comment peux-tu me poser cette question ?

– C’est pour être certain que tu vas exaucer ma prière. Quand tu m’as sauvé, tu as infligé à mes ennemis un terrible châtiment. Il est certainement juste. Mais, Seigneur, il est bien horrible ! J’ai cherché ces trois hommes. Chaque fois que je venais chez ma mère, je les cherchais, sur les montagnes, dans les cavernes près de ma ville. Et je ne les trouvais jamais.

– Pourquoi les as-tu recherchés ?

– Pour leur parler de toi, Seigneur. Pour que, croyant en toi, ils t’invoquent et obtiennent pardon et guérison. C’est seulement pendant l’été que je les ai trouvés, et pas ensemble. L’un d’eux, celui qui me haïssait à cause de ma mère, s’est séparé des autres qui sont allés plus haut, vers les monts plus élevés de Jiphtaël. Ils m’ont dit où il est… Et par eux j’ai eu la trace des bergers de Bethléem qui t’ont accordé l’hospitalité ce soir-là. Les bergers, avec leurs troupeaux, vont de tous côtés, et ils savent tant de choses ! Ils savaient que c’était à la montagne de la Belle Source que se trouvaient les deux lépreux que je cherchais. J’y suis allé. Oh !… »

L’horreur se peint sur le visage du tout jeune homme.

« Continue.

– Ils m’ont reconnu. Moi, je ne pouvais reconnaître mes concitoyens en ces deux monstres… Ils m’ont appelé… et ils m’ont prié, comme si j’étais un dieu… Le serviteur surtout m’a fait pitié, à cause de son pur repentir. Il ne veut que ton pardon. Seigneur… Aser demande aussi la guérison. Il a une vieille mère, Seigneur, une vieille mère qui meurt de chagrin en ville…

– Et l’autre ? Pourquoi s’est-il séparé ?

– Parce que c’est un démon. Principal coupable, déjà adultère quand il est devenu homicide, il a poussé Aser, corrompu le serviteur de Joël, qui est un peu naïf et facilement influençable, et il continue à être un démon. De sa bouche sort le venin et le blasphème, de son cœur la haine et la cruauté. Je l’ai vu, lui aussi… Je voulais le rendre bon. Il s’est rué sur moi comme un vautour et je n’ai dû mon salut qu’à ma fuite rapide et à ma résistance puisque je suis jeune et en bonne santé. Mais je ne désespère pas de le sauver. Je retournerai… Une fois, deux fois, autant qu’il faudra avec des secours, avec amour. Je me ferai aimer. Lui croit que je viens me moquer de sa ruine. Moi, j’y vais pour la réédifier. S’il peut arriver à m’aimer, il m’écoutera ; s’il m’écoute, il finira par croire en toi. C’est ce que je souhaite. Pour les autres, cela a été facile, car ils ont médité et compris par eux-mêmes. Et le serviteur est devenu le véritable maître de l’autre parce qu’il a tant de foi, un si grand désir de pardon !

475.6

Viens, Seigneur ! Je leur ai promis de te conduire à eux quand je t’aurais rencontré.

– Abel, leur crime était grand, il y avait même plusieurs crimes en un. Bien court est le temps qu’ils ont expié…

– Grand a été leur tourment et leur repentir. Viens.

– Abel, ils voulaient ta mort.

– Peu importe, Seigneur. Je veux pour eux la vie.

– Quelle vie ?

– Celle que tu donnes, celle de l’âme, le pardon, la rédemption.

– Abel, c’étaient tes Caïn et ils t’ont haï comme on ne le peut davantage. Ils voulaient tout t’enlever : la vie, l’honneur et ta mère…

– Ils ont été mes bienfaiteurs, puisque c’est grâce à eux que je t’ai trouvé, toi. Moi, je les aime pour ce don qu’ils m’ont fait, et je te demande qu’ils soient là où moi je suis : à ta suite. Je veux leur salut comme le mien, plus que le mien, car plus grand est leur péché.

– Quelle offrande ferais-tu à Dieu en échange de leur salut, s’il t’en demandait une ? »

Abel réfléchit un moment… puis il dit avec assurance :

« Jusqu’à moi-même, jusqu’à ma vie. Je perdrais une poignée de boue, pour posséder le Ciel. Ce serait une heureuse perte pour un grand profit, infini : Dieu, le Ciel. Et deux pécheurs sauvés : les premiers-nés du troupeau que j’espère te conduire et t’offrir, Seigneur. »

Jésus a un geste qu’il ne fait jamais ainsi en public. Il se penche — car il est beaucoup plus grand qu’Abel — et, prenant la tête d’Abel dans ses mains, il dépose un baiser sur sa bouche en disant : “ Qu’il en soit ainsi. ” Je crois du moins que c’est ce que signifie son “ Marana Tha ”. Puis il ajoute :

« Pour tes sentiments, qu’il te soit fait selon ce que demandent tes paroles. Viens avec moi, tu me guideras. Jean, accompagne-moi. Quant à vous, allez de l’avant, par la route de Mageddo à Engannim. Vous m’attendrez là, si je ne suis pas encore arrivé.

– Et nous te prêcherons, ainsi que ta doctrine, dit Judas.

– Non. Vous m’attendrez, simplement, en vous comportant comme de justes et humbles pèlerins, et rien de plus. Comportez-vous les uns avec les autres comme des frères. Et, en chemin, vous passerez chez les paysans de Yokhanan pour leur donner ce que vous avez, et leur annoncer que le Maître, s’il le peut, passera par Jezréel après-demain, à l’aurore. Allez. Que la paix soit avec vous. »

475.1

«Get up and let us go» Jesus orders the apostles who are sleeping soundly on some hay – probably bog grass rather than hay – piled up near a little river, which is waiting for the autumn rains to fill its bed with water.

The apostles, still half asleep, obey without speaking. They pick up their sacks, put on the mantles which they had used as blankets during the night, and set out with Jesus.

«Are we going via the Carmel?»

«No, via Sephoris. We shall then take the road to Megiddo. We have just enough time…» replies Jesus.

«Yes. And the nights are becoming too damp and cold to sleep in the fields when for some reason no house gives us hospitality» remarks Matthew.

«Men! How easily they forget!… Lord? But will it always be like this?» asks Andrew.

«Yes. Always.»

«Well! If it is like this with You, when it is our turn, as soon as we turn our backs, everything will be cancelled» says Thomas downheartedly.

475.2

«But I say that there is someone who makes people forget.

Because men, I agree, forget quite easily. But they do not always forget. I see that we men remember the things we have received and those which we have given. With regards to You, instead… No, it is always the same people who strive to cancel the memory of You» says Peter.

«Do not judge without a valid reason» says Jesus.

«Master, I have a good reason!»

«Have you? What have you discovered?» asks the Iscariot with keen interest, and at the same time other apostles ask the same question. But Judas is the most eager, I would say that he is anxious.

Peter, who was looking at Jesus, turns around and looks at Judas… a quick, watchful suspicious glance, and he remains silent, while looking at him, for a moment. He then says: «Oh! nothing… and everything, if you do not mind being informed. Enough, if I were anxious to use every possible means to succeed, to go and report many facts to those who rule over us, and I am sure that someone would get into trouble. But I prefer not to be successful, rather than have help from that side. In matters concerning God I take only the help of God, and I would appear to be profaning the things of God if I should get them… to help to crush reptiles. They are reptiles themselves… and… I would not trust them… They are quite capable of crushing those who are denounced together with their denouncers… So… I act on my own. That’s it!»

«But do you not realise that you are offending the Master?»

«I am? Why?»

«Because He approaches them.»

«He is He, and if He approached them He does not do it for any profit, but to take them to God. He can do it and He does. But He does not run after them… You can see that they have to come to Him to hear “the philosopher” as they say. But I don’t think that they are so anxious now. And I am not weeping over it.»

«You seemed to be happy as well at Passover!»

«He seemed. Man is very often foolish. He no longer seems now, and he is not. And I am right.»

«As a person who does not mix human profit with spiritual mat­ters, you are right, Simon. But as an apostle who rejoices at other people moving away from the Light, no, you are not right. If you considered that every soul won over to the Light is a glory for your Master, you would not speak thus» says Jesus.

Judas Iscariot looks at Peter with a sarcastic smile. Peter notices it… but he controls himself and does not say anything.

Jesus also notices it and, addressing Peter, but as if he were speaking to everybody He says: «You must know, however, that an excess of religious scruple, for a good purpose, is more justifiable than overlooking everything with indifference just to achieve a human aim. I have told you several times: it is the goodwill or the bad will which qualifies an action. And in this case it is goodwill, even if imperfect in its form, to oppose carrying human interests into superhuman matters, and what one considers unclean in the eyes of God. His intolerance is not fair because I have come for everybody. But his opinion is very close to perfec­tion when he states that in the things of God one must have recourse only to His supernatural help, without begging for in­terested or utilitarian human help.» And with this impartial judgement Jesus puts an end to the argument.

475.3

They have crossed another river-bed parched by summer heat without getting wet, and they have reached the main road which from Sicaminon takes one towards Samaria, I think, if I remember correctly the place I saw previously. The road is very busy because of the oncoming festivity and it has already assumed the typical aspect of Palestinian roads when pilgrimages to the Temple are compulsory. There are wayfarers, donkeys, carts carrying people, tents, household furnishings for stops at halting-places and even in Jerusalem, which is always overcrowded at solemnities, so much so that it is advisable to camp on the surrounding hills, weather permitting. In the present festival of the Tabernacles the emigra­tion of entire families is more noticeable, not because pilgrims are more numerous than at Passover and Pentecost, but as they are compelled to live in tents for some days, they have household fur­nishings which on the occasion of other solemnities they leave at home. It is really the exodus of a people who rush from every direction towards the capital as blood, from every vein, flows towards the heart.

475.4

To understand even now the obstinate religion of Israel, so tenacious, so compact – whereby co-religionists help one another wherever they are, driven by destiny and, whatever the country may be where they were born, that does not prevent another Jew of a different country from always feeling that he is a brother and a fellow-country man of the co-religionist he meets – one must bear in mind that, although they are dispersed, persecuted, derided, apparently without a real Fatherland, they do not feel like that at all. They have their Fatherland, that their Jehovah gave them, they have their capital: Jerusalem, and from all over the world the best of their beings converges there: their spirits, their hearts. Have they sinned? Has God punished them? Have the prophecies come true? Yes, it is true. But they are still left with that bright cause of a shining hope: the reconstruction of the kingdom of Israel… of the Messiah Who is to come… And in the grief trembling with fear of having deserved to be censured by God, and in an everlasting question: «Was Jesus of Nazareth the true Messiah?» they try to be reconstituted as a Nation in order to have the Messiah; they try to keep their firm faith in their religion to deserve to be forgiven by God and see the promise accomplished.

I am a poor woman, I know nothing of political problems, I have never taken an interest in the present Jews and in their troubles, sometimes I even laughed at them as they are still awaiting Him Who has come and Whom they crucified, their tears seemed somewhat false to me, their actions did not seem and do not seem to be such as to deserve what they hope from God: not the Christ Who will come only on the Last Day, and not even the reconstruction of the scattered Jewish race as an independent Na­tion. But now that I spiritually see the ancestors of the present Jews, I understand their age-old tragedy and their tenacity, the source of their tenacity. They are still the People of God and by God’s will they converge towards the land promised to their Fathers, to the Patriarchs, and for ages they have fulfilled the Mosaic rite, thinking of Jerusalem, of its Temple shining on the Moriah. Are they prevented from going there? Yes, they are. But their spirits go there.

Bayonets, guns, prisons serve against man, not against the spirit. Israel cannot perish because it has remained in its religion. A theoretic, Pharisaic, ritual religion devoid of what is the true life of a religion: the congruity of the spirit with the material rite? As you wish. But around the crumbled body that was a Nation, and is now numberless fragments scattered all over the Earth, there are ties of ideas, of rites, of age-old precepts, coming from prophets and rabbis, to keep it together and, like a lighthouse vis­ible from all over the world, a place shines: Jerusalem, and its name is like a cry to rally them all, it is like a flag waved to recall them, it is a memento, a promise. No. This people cannot be silenced by any human power. There is a strength in it greater than human power.

All this is understood when one watches these people go along impervious roads, in uncomfortable seasons, heedless of what is painful, cheerful with the joy of going to the Holy City. It is understood seeing them go, rich people with poor fellows, children with old men, from Palestine or from the Diaspora towards their heart: Jerusalem. It is understood hearing them sing their songs… And, I confess it, I wish we, Christians and Catholics, were like them, and we had for the heart of Catholicism, Rome, the Church, and for him who lives in it: the present Peter, the feelings of these people whom I see go on and on untiringly; I wish we had what they have, and in addition our Faith, which is perfect because it is Christian.

One may object: «They are full of faults.» And what about us?

Are we faultless? We who have been fortified by Grace and the Sacraments? We who should be «perfect just as the Father Who is in Heaven is perfect»?

475.5

I have digressed. But, following the march of the apostles mingled with the other crowds of Israel, my mind is active… At a cross-roads a group of disciples sees the Master and they crowd around Him. Among them there is Abel of Bethlehem, who throws himself immediately at Jesus’ feet saying: «Master, I have prayed the Most High so much that He might make me meet You. And I had given up hope. But He has heard me. I beg You now to hear Your disciple.»

«What do you want, Abel? Let us go over there, to the edge of the field. There are too many people here and we are causing trouble to them.»

They all go in a group to the spot pointed out by Jesus and Abel says what he wants. «Master, You saved me[1] from death and from slander and You made me one of Your disciples. So do You love me very much?»

«How can you ask Me that?»

«I am asking You to be sure that You will hear my prayer. When You saved me, You punished my enemies with a terrible chastise­ment. You gave it, so it must be right. But, oh! Lord! it is so horri­ble! I looked for those three men. I looked for them every time I came to see my mother: in the mountains, in the caves near my town. But I could never find them.»

«Why were you looking for them?»

«To speak to them of You, Lord. That believing in You, they might invoke You and be forgiven and cured. I found them only in summer, but they were not together. One, the one who hated me because of my mother, left the others who went farther up, towards the highest mountains of Jiphthahel. They told me where he is staying… And I was given indications of their whereabouts by some shepherds of Bethlehem, the ones who gave You hospitality that night. Shepherds wander about quite a lot with their flocks, and they know many things. They knew that the two lepers I was looking for were in the mountain of the Beautiful Spring. I went there. Oh…» Horror appears on the face of the young man, who is still an adolescent.

«Go on.»

«They recognised me. But I could not recognise my fellow­-citizens in those two monsters… They called me… and they prayed me, as if I were a god… The servant in particular aroused my pity, because of his sincere repentance. He wants nothing but Your forgiveness, Lord… Aser wants also to be cured. He has an old mother, Lord, an old mother who is dying broken-hearted in town…»

«And the other one? Why did he go away?»

«Because he is a demon. He is the most guilty one, he was already an adulterer when he became homicide, he incited Aser, he corrupted Joel’s servant who is a bit silly and easily subdued, and he continues to be a demon. From his lips hatred and curses, from his heart hatred and cruelty. I saw him as well… I wanted to con­vince him to be good. He threw himself against me like a vulture and I found my salvation only in taking to flight, and as I am young and healthy I was able to run fast and for a good distance. But I have not lost all hope of saving him. I will go back… Once, twice, many times with succour and love and I will make him love me. He thinks that I go to sneer at his ruin. But I go to rebuild it. If he succeeds in loving me, he will listen to me, and if he listens to me he will end up by believing in You. That is what I want. Oh! it was easy with the others because they meditated and understood by themselves. And the servant has become the simple master of the other one, because there is so much faith in him and such a great desire to be forgiven.

475.6

Come, Lord! I promised them that I would take You to see them whenever I met You.»

«Abel, their crime was a serious one, many crimes in one. They have expiated only for a short time…»

«Their torture has been great, and also their repentance. Do come.»

«Abel, they wanted your life.»

«It does not matter, Lord. I want to give them life.»

«Which life?»

«The life You give, the life of the spirit, forgiveness, redemption.»

«Abel, they were your Cains, and no one could have hated you more than they did. They wanted to deprive you of everything: of your life, honour and mother…»

«They have been my benefactors, because I had You through them. I love them because of that gift and I ask You to grant them to be where I am, among Your followers. I want their salvation like mine, more than mine, because their sin is greater.»

«What would you offer God in exchange for their salvation, if He should ask you for an offer?»

Abel thinks for a moment… then he says sure of himself: «Even myself. My life. I would lose a handful of rubbish to possess Heaven. A happy loss. A great, infinite gain: God, Heaven. And two sinners would be saved: the first-born of the flock, which I hope to lead and offer to You, Lord.»

Jesus makes a gesture which He never makes thus in public. He bends, because He is much taller than Abel, and taking his head with His hands, He kisses his lips saying: «Let it be so», at least I think that is what His «Maranatha» means. And He adds: «Because of your feeling let it be done to you according to the request of your words. Come with Me. You will lead Me. John, come with Me. And you can all go on, to Engannim via the Megiddo road. You will wait for Me there, if you do not meet Me before.»

«And we shall preach You and Your doctrine» says the Iscariot. «No. You will wait. Nothing else, behaving like just and humble pilgrims, nothing else. And be like brothers to one another. And on your way you will call on Johanan’s peasants and will give them what you have and tell them that, if possible, the Master will pass through Jezreel at dawn, in two days’ time, as from today. Go. Peace be with you.»


Notes

  1. tu m’as sauvé, en 248.5/11. C’est à ce même épisode que renvoient les faits mentionnés en 476.6/7.

Notes

  1. You saved me, in 248.5/11. The same episode will be referred to in 476.6/7.