Gli Scritti di Maria Valtorta

482. En chemin avec un berger samaritain

482. In cammino con un pastore samaritano

482.1

Je ne saurais dire à quel endroit de la Samarie on se trouve. Certainement au beau milieu de ses monts, bien que, ici, il ne s’agisse pas des plus élevés : ceux-là, dont les pics escarpés se détachent sur le ciel — maintenant serein — se trouvent plus au sud.

Les apôtres marchent autant que possible autour de Jésus, mais le sentier, un raccourci, ne le permet pas souvent et le groupe se forme et se défait continuellement.

Ils rencontrent sur les montagnes, beaucoup de bergers avec leurs troupeaux et c’est à eux que s’adressent les apôtres pour demander si c’est bien le sentier qui mène à la route des caravanes, qui va de la mer à Pella. Bien que samaritains, ils répondent toujours sans grossièreté aux questions.

482.2

A un carrefour de petites voies qui partent dans tous les sens pour bifurquer encore en d’autres directions, l’un d’eux leur dit même :

« Je descends bientôt dans la vallée. Reposez-vous un peu, puis nous ferons route ensemble. Si vous vous perdiez dans ces montagnes… ce ne serait pas bon pour vous… »

Il baisse la voix et murmure : “ Les voleurs !… ” en regardant tout autour de lui comme s’il craignait qu’ils ne soient tout près, et menaçants. Une fois rassuré, il ajoute :

« Ils descendent des pentes du mont Garizim et du mont Ebal et se répandent partout, en ces temps de pèlerinages. Ils trouvent régulièrement de bonnes occasions, bien que les Romains renforcent la surveillance des routes… car il y a toujours des gens qui évitent les chemins battus pour faire plus vite ou pour d’autres raisons.

– Vous avez beaucoup de brigands, hein ? demande Philippe avec un sourire significatif.

– Toi qui es galiléen, tu crois que ce sont des Samaritains ? » réplique le berger, soudain blessé.

Judas intervient : puisque c’est lui qui a eu l’initiative de ce changement d’itinéraire, il se sent obligé d’éviter tout incident fâcheux.

« Non, non ! Mais on vous sait hospitaliers, si bien que les gens qui ont mal agi viennent se réfugier ici. C’est comme si… si vous étiez une terre d’asile. Les malfaiteurs savent bien que nul, qu’il soit galiléen ou judéen, ne les poursuivrait ici, et ils en profitent. Du reste, la nature aussi leur est utile. Ces montagnes…

– Ha ! je croyais que vous pensiez… Mais les montagnes, oui, leur servent beaucoup. Les deux les plus élevées, et puis… Oui… mais… combien en amènent l’Adomin et la gorge d’Ephraïm ! De toutes les races, hé ! hé ! et… les soldats de Rome sont rusés… Ils ne vont pas les dénicher. Seuls les serpents et les aigles peuvent connaître leurs tanières et y pénétrer. On raconte des choses effroyables. Mais asseyez-vous, je vous donne du lait… J’ai beau être samaritain, je connais moi aussi le Pentateuque ! Et je n’offense pas ceux qui ne m’offensent pas. Vous… vous ne le faites pas, et pourtant vous êtes galiléens et judéens.

482.3

Mais on dit qu’un prophète est venu chez vous, et qu’il nous apprend à nous aimer. Si je ne pensais pas que, selon les scribes et les pharisiens d’Israël, nous sommes maudits — comme ils le prétendent —, je dirais que les grands prophètes qui nous ont aimés, bien que nous soyons samaritains, sont revenus vivre en lui. C’est ce que certains assurent. Mais moi, je n’y crois pas… Voici le lait… J’aimerais pourtant rencontrer ce prophète. On dit que l’autre prophète, celui qui s’était réfugié à nos frontières et que nous n’avons pas trahi — ceux qui nous insultent devraient s’en souvenir —, a affirmé que ce prophète qui s’est levé en Israël est plus grand qu’Elie. Il l’a appelé l’Agneau de Dieu, le Christ. Des Samaritains de Sichem lui ont parlé ; ils rapportent de lui des faits stupéfiants, et beaucoup sont partis sur les grandes routes dans l’idée qu’il y passerait. Et même — c’est la première fois que cela arrive —, même des Judéens, des pharisiens et des docteurs nous ont interrogés dans toutes les villes. Ils nous ont demandé, si nous le voyons, de courir les prévenir de son arrivée, parce qu’ils veulent lui faire fête. »

Les apôtres se regardent par dessous, mais par prudence évitent de parler. Judas, dont on voit briller les yeux noirs, pleins d’une lumière triomphale, semble dire : “ Vous avez entendu ? Vous voyez bien que j’ai raison ! ”

Le berger poursuit :

« Vous le connaissez certainement. D’où venez-vous ?

– De Haute-Galilée, répond aussitôt Judas.

– Ah ! vous êtes… Non. Toi, tu n’es pas galiléen.

– Nous sommes de partout. Nous sommes allés en pèlerinage sur la tombe des docteurs.

– Ah ! Vous êtes des disciples, peut-être… Mais cet homme n’est-il pas lui-même un rabbi ? dit-il en désignant Jésus.

– Nous sommes des disciples, tu as raison. Oui, cet homme est un rabbi. Mais tu sais que, d’un rabbi à l’autre, il y a des grandes différences…

– Je sais. Bien sûr, celui-ci est jeune et il doit encore avoir beaucoup à apprendre des grands docteurs de votre Temple. »

Il y a une évidente pointe de mépris dans l’adjectif possessif, mais Judas, toujours si prompt à répliquer, est d’un à-propos merveilleux.

Les autres gardent le silence. Jésus semble plongé dans ses pensés, de sorte que la flèche ne provoque pas de réplique. Au contraire, Judas dit en souriant :

« Il est très jeune, en effet, mais c’est le plus sage d’entre nous »

482.4

et, pour mettre fin à la conversation, qui pourrait devenir dangereuse, il poursuit : « Tu dois rester encore longtemps ici ? Car nous voudrions être en bas à la nuit.

– Non. J’arrive. Je regroupe mes brebis et je viens.

– C’est bien. Nous prenons de l’avance pendant ce temps… »

Et il se lève avec les autres pour prendre tout de suite le sentier.

Et quand un bosquet touffu le sépare du berger, il rit à gorge déployée :

« Comme il est facile de se moquer des gens ! Etes-vous persuadés, maintenant, que je ne mentais pas et que je n’étais pas un imbécile ?

– Non. Tu ne mentais pas… Mais tu viens de mentir maintenant.

– J’ai menti ? Non. Comment peux-tu dire ça, Philippe ? J’ai su dire la vérité sans entraîner de dommage. Est-ce que nous ne venons pas de Haute-Galilée ? Ne sommes-nous pas de partout ? Ne sommes-nous pas allés un jour nous faire lapider pour vénérer les tombeaux des docteurs ? Et n’en sommes-nous pas passés tout près, même lors de notre dernier voyage vers Giscala ? Ai-je nié que Jésus est un rabbi ? N’ai-je pas dit qu’il est le plus sage de nous tous ?… A ces mots, je pensais — et je riais intérieurement — qu’en disant “ nous ” j’offensais les rabbis, tous inférieurs au Maître, bien qu’ils croient ne pas l’être, et je me moquais du berger… Ha ! Ha ! Ha ! Il faut savoir dire les choses… et on dit tout sans péché et sans dommage. »

Jude fait une grimace de dégoût :

« Pour moi, c’est toujours mentir.

– Eh bien, je l’ai fait, moi ! Mais tu as entendu, hein ? Ils ont laissé tomber leurs préventions, leurs dégoûts, leur suffisance pour dire à des Samaritains de signaler le passage du Maître pour lui faire fête aux frontières ! Ha ! Ha ! Quelle fête !

– La fête ! Eux aussi ont su parler et penser, en mentant, à une vérité… Judas de Kérioth a raison » remarque Thomas.

Jésus se tourne et intervient :

« Oui. Leurs paroles sont une odieuse tromperie. Mais dire une chose pour une autre, dans une bonne intention, c’est toujours répréhensible. Crois-tu que le Seigneur ait besoin de cela pour protéger son Messie ? Ne mens plus, même dans un bon but. L’âme s’habitue à imaginer le mensonge et les lèvres à le proférer. Non, Judas. Evite le manque de sincérité.

– Je le ferai, Maître.

482.5

Mais taisons-nous à présent. Le berger nous rejoint au pas de course. »

En effet, le berger arrive, suivi d’un pâtre et d’un chien. Il pousse en avant les brebis qui, sentant la proximité du bercail, se mettent à courir en sautillant, bêlent, se heurtent, passent de force entre les apôtres, et les bousculent presque. Il ne s’arrête qu’après avoir réussi avec l’aide de l’enfant et du chien à ralentir les brebis et à les rassembler pour les empêcher de s’éparpiller ou de descendre seules dans la vallée.

« Ce sont les bêtes les plus stupides qui existent sur la terre. Mais elles sont si utiles ! » dit-il en s’épongeant le front, et il soupire : «Ah ! si Ruben était encore là ! Mais avec ce gamin-ci seulement… »

Il secoue la tête, en descendant derrière ses brebis que le chien et l’enfant, en tête du troupeau, tiennent groupées. Et il monologue :

« Si j’arrivais à trouver ce prophète, samaritain comme je suis, je lui parlerais…

– Et que lui dirais-tu ? demande Jésus.

– Je lui dirais : “ J’avais une épouse bonne comme une eau de montagne pour un assoiffé, et le Très-Haut me l’a prise. J’avais une fille bonne comme sa mère, mais un Romain l’a vue, il l’a prise pour femme et emmenée au loin. J’avais un garçon, mon aîné, qui était tout pour moi… Il a glissé sur la montagne un jour de pluie, et s’est rompu la colonne vertébrale. Il est aujourd’hui immobile, il est tombé malade à l’intérieur, et les médecins disent qu’il va mourir. Moi, je ne te demande pas pourquoi l’Eternel m’a puni, mais je te supplie de guérir mon fils.

– Crois-tu qu’il pourrait te le guérir ?

– Oui, bien sûr, je le crois ! Mais je ne le verrai jamais…

– Pourquoi en es-tu tellement certain ? Lui, il n’est pas samaritain.

– C’est un juste, et c’est le Fils de Dieu, à ce qu’on dit.

– Vos pères ont offensé Dieu.

– C’est vrai. Mais il est écrit aussi que Dieu pardonnera la faute de l’homme en envoyant le Rédempteur. On lit cette promesse[1] dans le Pentateuque, à côté de la condamnation d’Adam et Eve. Et le Livre la cite en plusieurs endroits. S’il pardonne cette faute-là, peut-il ne pas me traiter avec miséricorde, moi qui ne suis pas coupable d’être né samaritain ? Je crois que, si le Messie connaissait ma souffrance, il en aurait pitié. »

Jésus sourit, mais ne dit mot. Les apôtres aussi ont un sourire entendu, que pourtant le berger ne remarque pas.

482.6

« Cet enfant n’est donc pas ton fils ? demande Jésus.

– Non. C’est le fils d’une veuve qui a huit garçons et qui souffre de la faim. Je l’ai pris comme aide… et comme fils… pour n’être pas seul, plus tard… quand Ruben sera dans la tombe… »

Il soupire.

« Mais si ton enfant guérissait, que ferais-tu de celui-ci ?

– Je le garderais. Il est bon et j’en ai pitié… » Et il baisse la voix pour ajouter : « Il ne le sait pas… mais son père est mort aux galères.

– Qu’avait-il fait pour mériter cela ?

– Rien de volontaire. Mais son char avait renversé un soldat ivre et il a été accusé de l’avoir fait exprès…

– Comment savez-vous qu’il est mort ?

– On ne survit pas longtemps quand on est galérien ! Mais on en a eu la certitude par l’intermédiaire d’un marchand de Samarie qui l’a vu retiré mort des fers, et jeté à la mer au-delà des Colonnes d’Hercule.

– Le garderais-tu vraiment avec toi ?

– Je suis prêt à le jurer. Il est malheureux, et moi aussi. Et je ne suis pas seul. D’autres ont pris les fils de la veuve et elle est restée avec ses trois filles. C’est toujours trop, mais il vaut mieux être à quatre qu’à douze… Mais il n’est pas nécessaire que je le jure !… Ruben va mourir… »

482.7

On aperçoit déjà la route, très fréquentée par des pèlerins qui se pressent d’arriver à un lieu de halte. Le soir est proche.

« Sais-tu où passer la nuit ? demande le berger.

– Non, en vérité.

– Je te dirais bien de venir, mais ma maison est petite pour tous. Toutefois, le parc à moutons est grand.

– Que Dieu t’en récompense comme si tu m’avais logé, mais je continue encore jusqu’au coucher de la lune.

– Comme tu veux. Mais ne crains-tu pas de t’égarer et de faire de mauvaises rencontres ?

– Pour ce qui est des voleurs, ma pauvreté et celle de mes compagnons me protègent. Pour la route, je m’en remets à l’ange des pèlerins.

– Je dois aller à l’avant du troupeau. L’enfant ne sait pas encore comment faire… Et la route est pleine de chars… »

Et il court en avant pour mettre les brebis en lieu sûr.

« Maître, le mauvais moment arrive. Il y a un bout de route à parcourir au milieu des gens… » chuchotent les apôtres.

Les voilà sur la route derrière les brebis qui avancent en rang, serrées par la montagne, la houlette du berger et la surveillance du chien. L’enfant se trouve maintenant près de Jésus qui lui fait une caresse.

Ils arrivent à une bifurcation. Le berger a arrêté le troupeau et dit :

« Voilà ton chemin, et l’autre, c’est le mien. Mais si tu viens vers le village, tu vas en trouver un troisième, plus court, pour arriver au village voisin. Regarde : tu vois ce sycomore géant ? Quand tu y seras, tourne à droite. Tu verras une petite place avec une fontaine, puis une maison noircie par la fumée : c’est le forgeron. Après sa maison, il y a la route. Tu ne peux pas te tromper. Adieu.

– Adieu ! Tu as été bon, et Dieu te consolera. »

Le berger prend son chemin et Jésus le sien. Autour du premier, les brebis, autour du second, les apôtres : deux bergers au milieu de leur troupeau…

482.8

Ils sont désormais séparés, cachés par un groupe de maisons qui sépare la route principale que suit le berger, du petit chemin qui pénètre dans un faubourg du village, le plus misérable, je crois… silencieux, solitaire… Les pauvres gens sont déjà dans leurs maisons, et les portes entrouvertes permettent de voir les feux dans les cuisines… Le soir descend avec la brume du crépuscule.

« Nous allons nous arrêter au sortir du village, dit Judas. Je vois des maisons dans les champs.

– Non. Il vaut mieux continuer. »

Les avis divergent.

Ils arrivent à la fontaine et courent s’y laver et remplir leurs gourdes. Voici le forgeron : il est en train de fermer son atelier noirci. Voilà le chemin qui mène aux champs… Ils s’y engagent.

Mais un cri arrive de loin, du village :

« Rabbi ! Rabbi ! Mon fils… Venez tous ! Où est le Pèlerin ?

– Mais ils nous cherchent, Seigneur ! Qu’as-tu fait ?

– Dépêchez-vous ! Si nous arrivons à ce bois, personne ne nous verra. »

Ils courent à travers un pré couvert du dernier foin coupé, atteignent un talus, le gravissent, disparaissent, poursuivis par des voix qui maintenant sont nombreuses, et par des gens qui s’éparpillent hors du village, appelant plutôt que regardant, car désormais la pénombre dissimule beaucoup de choses. Les poursuivants s’arrêtent au pied du talus.

« C’était le Rabbi qui allait à Sichem[2], je vous dis. Ce ne pouvait être que lui : il a guéri mon Ruben. Et moi qui ne l’ai pas reconnu… Rabbi ! Rabbi ! Rabbi ! Permets-moi de te vénérer ! Dis-moi où tu te caches ! »

L’écho seul répond et il semble dire : “ …abbi ! …abbi ! …abbi ! ”

« Mais il ne peut être loin, dit le forgeron. Il est passé devant moi juste avant que tu n’arrives…

– Pourtant, il n’est pas là, tu vois bien ! Il n’y a personne sur le chemin qu’il devait prendre.

– Ne serait-il pas dans le bois ?

– Non. Il était pressé… »

Puis il appelle son chien à l’aide, il l’excite : “ Cherche ! Cherche ! ” Un moment, le chien semble près de découvrir la cachette, car il se dirige vers le bois après avoir flairé le pré. Mais soudain l’animal s’arrête, interdit, une patte levée, le museau en l’air… puis, trompé par je ne sais quoi, il part en aboyant dans la direction opposée. Les gens courent derrière lui…

482.9

« Que le Seigneur soit loué ! » s’exclament les apôtres en poussant un soupir de soulagement. Ils ne peuvent se retenir de demander au Maître :

« Mais, qu’as-tu fait, Seigneur ! »

C’est tout juste s’ils ne lui font pas de reproche :

« Tu sais qu’il vaut mieux ne pas nous faire remarquer, et toi…

– Et ne devais-je pas récompenser cette foi ? Et n’est-il pas bon qu’ils me croient sur la route qui va de Dothaïn à Pella ? Ne voulez-vous donc pas qu’ils ne comprennent plus rien ?

– C’est vrai. Tu as raison ! Mais si le chien t’avait découvert ?

– Oh ! Simon ! Tu ne penses pas que Celui qui impose sa volonté, même à distance, aux maladies et aux éléments, et qui chasse les démons, ne peut pas l’imposer à un animal ? Maintenant, cherchons à rejoindre la route au-delà du tournant. Ils ne pourront plus nous voir. Allons. »

Et c’est presque à tâtons qu’ils avancent dans le petit bois de la colline, pour revenir sur la petite route, éclairée par la lune qui se lève, loin du village entièrement caché par la colline…

482.1

Non so dire in che luogo della Samaria ci si trova. Certamente nel bel mezzo dei monti samaritani, per quanto questi non siano i più alti. Perché i più alti sono più a sud, con le loro cime ben erte contro il cielo che si è rasserenato.

Gli apostoli camminano più che possono intorno a Gesù. Ma il sentiero, una scorciatoia, non permette che ciò avvenga sovente, e il gruppo si forma e si scioglie continuamente.

Molti pastori sono con le loro mandre sui monti, e ad essi si rivolgono gli apostoli per domandare se il sentiero è sempre quello che conduce alla via carovaniera che dal mare va a Pella. Per quanto siano dei samaritani, rispondono sempre senza sgarberie alle domande.

482.2

E uno, anzi, ad un intreccio di stradine che vanno in tutti i sensi per poi biforcarsi ancora in altri nodi, dice: «Fra poco io scendo a valle. Riposate alquanto e faremo la via insieme. Se vi smarriste in questi monti… non sarebbe buona cosa…». Abbassa la voce e aggiunge: «I ladroni!…», si guarda intorno come temesse di averli vicini e minacciosi. Poi, rassicurato, dice ancora: «Dalle falde del Garizim e dell’Ebal essi scendono e si spargono in questi tempi di pellegrinaggi. E trovano sempre da fare, nonostante che i romani rinforzino la guardia sulle vie… perché c’è sempre gente che evita le vie battute, per fare più presto o per altri motivi».

«Avete molti malandrini, eh?», dice con un sorrisetto significativo Filippo.

«Credi che siano samaritani, tu, galileo?», dice subito risentito il pastore.

Interviene l’Iscariota il quale, essendo stato lui il promotore di quella deviazione di itinerario, si sente in dovere di eliminare ogni incidente increscioso. «No, no! Ma è perché, sapendovi ospitali, chi fa del male altrove viene a rifugiarsi qui. È come se… se foste tutto un luogo di asilo. I malfattori sanno bene che nessuno, né galileo né giudeo, li inseguirebbe qui, e se ne approfittano. E anche la natura li serve. Questi monti…».

«Ah! credevo che pensaste… Ma i monti, sì, servono molto. I due più alti, poi… Sì… ma… quanti ce ne conduce l’Adomin e la gola d’Efraim! Di tutte le razze, eh! eh! e… i soldati di Roma sono furbi… A snidarli non vanno. Già solo le serpi e le aquile possono conoscere e penetrare nelle loro tane. E si raccontano cose tremende. Ma sedete. Vi do del latte… Samaritano sì, ma so anche io il Pentateuco! E con chi non offende non offendo. Voi… non offendete, eppure siete galilei e giudei.

482.3

Ma si dice che vi è sorto un profeta che insegna ad amarci. Se non pensassi che secondo gli scribi e farisei d’Israele noi siamo maledetti, così dicono, direi che i grandi profeti che ci hanno amati, benché samaritani, sono tornati in Lui, come dicono alcuni, per rivivere. Ma io non ci credo… Ecco il latte… Però mi piacerebbe incontrare questo profeta. Dicono che l’altro profeta, quello che s’era rifugiato ai nostri confini e che noi non abbiamo tradito — quelli che ci insultano dovrebbero ricordarlo — lo abbia detto che questo profeta sorto in Israele è più grande di Elia. Lo ha chiamato l’Agnello di Dio, il Cristo. E dei samaritani di Sichem gli hanno parlato, e dicono grandi cose di Lui, e molti si sono messi sulle vie grandi perché si pensa che passi. Anzi — è la prima volta che avviene — anche dei giudei, dei farisei e dottori ci hanno interrogati in ogni città, dicendo che se lo vediamo si corra avanti a dire che giunge, perché gli vogliono fare gran festa».

Gli apostoli si guardano sottecchi, ma prudentemente non parlano. Giuda, con i suoi brillanti occhi neri, pieni di una luce di trionfo, sembra dire: «Avete sentito? Persuasi adesso che ho ragione?».

Il pastore continua a parlare: «Voi certo lo conoscete. Da dove venite?».

«Dall’alta Galilea», risponde presto Giuda.

«Ah! siete… No. Tu non sei galileo».

«Siamo di tutti i luoghi. Siamo andati in pellegrinaggio alle tombe dei dottori».

«Ah! Siete discepoli forse… Ma quest’uomo non è egli stesso un rabbi?», dice indicando Gesù.

«Siamo discepoli. Bene hai detto. Sì, è un rabbi quest’uomo. Ma tu sai che da rabbi a rabbi c’è differenza…».

«So. Certo che costui è giovane e avrà ancora da imparare dai grandi dottori del Tempio vostro», e una palese punta di disprezzo è nell’aggettivo possessivo.

Ma Giuda, sempre così pronto a ribattere, è di una remissività meravigliosa. Gli altri non parlano, Gesù è come assorto, e perciò la frecciata non suscita repliche. Giuda, anzi, dice sorridendo: «È molto giovane infatti. Ma è il più sapiente fra noi»,

482.4

e per mettere fine alla conversazione, che potrebbe farsi pericolosa, dice: «Hai ancora molto da stare qui? Perché vorremmo essere giù, a notte».

«No. Vengo. Raduno le pecore e vengo».

«Va bene. Noi si va avanti, intanto…», e si alza con gli altri prendendo subito il sentiero.

E, quando un boschetto folto si frappone fra lui e il pastore, ride, ride, dicendo: «Ma come è facile prendere in giro la gente! E vi siete persuasi adesso che io non mentivo e non ero stolto?».

«No. Non mentivi… ma hai mentito ora».

«Mentito? No. Come lo puoi dire, Filippo? Ho saputo dire la verità senza che si muti in danno. Non veniamo forse dall’alta Galilea? Non siamo forse di tutti i luoghi? Non siamo forse un giorno andati a prendere sassate per venerare le tombe dei dottori? E non ci siamo passati vicini anche nell’ultimo viaggio verso Giscala? Ho negato forse che Gesù è un rabbi? Ho forse detto che non è sapiente più di tutti noi?… Nel dire questo io pensavo, e ridevo nel cuore, che nel dire “noi” offendevo i rabbi, tutti inferiori al Maestro, benché credano di non esserlo, e prendevo in giro il pastore… Ah! Ah! Ah! Le cose bisogna saperle dire… e si dice tutto senza peccare e senza danneggiare».

Giuda d’Alfeo fa una smorfia di disgusto e dice: «Per me è sempre mentire».

«Eh! già! L’ho fatto io! Ma hai sentito, eh? Hanno messo giù le prevenzioni, i ribrezzi, la boria, per dire a dei samaritani di segnalare il passaggio del Maestro per fargli festa ai confini! Ah! Ah! Che festa!».

«La festa! Anche essi hanno saputo parlare e pensare, parlando con menzogna, ad una verità… Giuda di Keriot ha ragione», dice Tommaso.

Gesù si volta e dice: «Sì. Il loro: un inganno. E odioso. Ma anche il dire una cosa per l’altra a buon fine è sempre riprovevole. Credi tu che il Signore abbia bisogno di questo per proteggere il suo Messia? Non mentire più, neppure a buon fine. L’ani­mo si abitua ad immaginare la menzogna e le labbra a proferirla. No, Giuda. Evita l’insincerità».

«Lo farò, Maestro.

482.5

Ma tacciamo adesso. Il pastore sta raggiungendoci di corsa».

Infatti, spingendosi avanti le pecore che, sentendo prossimo l’ovile, si danno a correre della loro corsa ballonzolante, belando, urtandosi fra di esse, passando per forza fra gli apostoli e quasi travolgendoli, sopraggiunge il pastore seguito dal pastorello e dal cane, e non si ferma che quando riesce con l’aiuto del fanciullo e del cane a raffrenare le pecore, a riunirle perché non si spargano o scendano a valle da sole.

«Sono le bestie più stolide che siano sulla terra. Ma sono tanto utili!», dice asciugandosi il sudore e sospira: «Eh! se ci fosse ancora Ruben! Ma con questo fanciullo soltanto!…». Scuote il capo scendendo dietro alle sue pecore che il cane e il fanciullo, in testa al gregge, tengono raccolte. E monologa: «Se sapessi trovarlo quel profeta, samaritano come sono, gli parlerei…».

«E che gli diresti?», chiede Gesù.

«Direi: “Avevo una moglie buona come un’acqua di monte ad un assetato, e l’Altissimo me l’ha presa. Avevo una figlia buona come la madre, me la vide un romano e la volle in moglie portandola lontano. Avevo il maschio primogenito e mi era tutto… scivolò sul monte, un giorno che pioveva, e si è rotta la spina ed è immobile e ora sta anche male, perché dentro si è ammalato, e i medici dicono che morirà. Io non ti chiedo perché l’Eterno mi ha punito. Ma ti prego di guarirmi il figlio”».

«E credi che potrebbe guarirtelo?».

«Sì, certo che lo credo! Ma non lo vedrò mai…».

«Perché ne sei certo? Egli non è samaritano».

«È un giusto. È il Figlio di Dio, si dice».

«Voi, nei padri, avete offeso Dio».

«È vero. Ma è detto anche che Dio perdonerà alla Colpa dell’uomo mandando il Redentore. Nel Pentateuco, vicino alla condanna ad Adamo ed Eva, si legge questa promessa[1]. E il Libro la porta ancora e ancora. Se perdona quella colpa, può non avere misericordia di me, che non ho colpa di esser nato samaritano? Io credo che, se il Messia sapesse il mio dolore, ne avrebbe pietà».

Gesù sorride ma non dice niente. Anche gli apostoli hanno un sorriso d’intesa, che però il pastore non nota.

482.6

«Quel fanciullo allora non è tuo figlio?», domanda poi Gesù.

«No. È figlio di una vedova che ne ha otto di maschi e fa la fame. Io l’ho preso per aiuto… e per figlio… per non essere solo dopo… quando Ruben sarà nel sepolcro…», e sospira.

«Ma se tuo figlio guarisse, che faresti di questo?».

«Lo terrei. È buono e ne ho pietà…», abbassa la voce dicendo: «Egli non sa… Ma suo padre è morto nelle galere».

«Che aveva fatto per meritarlo?».

«Nulla di volontario. Ma il suo carro travolse un soldato ubbriaco e fu accusato di averlo voluto fare…».

«Come sapete che è morto?».

«Oh! non si sopravvive molto al remo! Ma notizia certa ci è giunta per via di un mercante di Samaria, che lo vide levare dai ceppi morto e gettare a mare oltre le Colonne».

«E proprio lo terresti con te?».

«Pronto a giurarlo. Lui infelice, io infelice. E non sono solo. Altri hanno preso i figli della vedova ed ella è rimasta con le tre fanciulle. Sempre troppe. Ma meglio essere in quattro che in dodici… Ma non occorre che io giuri!… Ruben morirà…».

482.7

Già si vede la via, ed è molto battuta da pellegrini che si affrettano ai luoghi di sosta. La sera è prossima.

«Hai dove dormire?», chiede il pastore.

«No, in verità».

«Ti direi: “vieni”, ma la casa è piccola per tutti. Però lo stabbio è grande».

«Dio ti compensi come mi avessi ospitato. Ma proseguo ancora finché non tramonterà la luna».

«Come vuoi. Ma non temi di smarrirti? E di fare incontri brutti?».

«Per i ladroni mi protegge la mia povertà e quella dei compagni miei. Per la via mi affido all’angelo dei pellegrini».

«Devo andare avanti al gregge. Il fanciullo non sa ancora… E la via è piena di carri…», e corre avanti per guidare in salvo le pecore.

«Maestro, ora viene il brutto. C’è da percorrere un pezzo di strada fra la gente…», sussurrano gli apostoli.

Eccoli sulla via, dietro alle pecorelle che procedono in fila, strette fra il monte e il vincastro del pastore e la vigilanza del cane. Il fanciullo è adesso vicino a Gesù che lo accarezza.

Giungono ad un bivio. Il pastore ha fermato il gregge dicendo: «Ecco. Questa è la via per Te. E questa è la mia. Ma, se vieni verso il paese, ne trovi una terza più breve per giungere al paese vicino. Guarda: vedi quel sicomoro gigante? Vai fin là e poi torci a destra. Vedrai una piazzetta con una fontana e, dopo questa, una casa, nera di fumo. È il fabbro. Oltre la sua casa c’è la via. Non puoi sbagliare. Addio».

«Addio. Fosti buono e Dio ti consolerà».

Il pastore va per la sua via, Gesù per la sua. Intorno al primo le pecore, intorno al secondo gli apostoli. Due pastori in mezzo al loro gregge…

482.8

Sono ormai divisi, nascosti da un gruppo di case che si insinuano fra la via maestra, seguita dal pastore, e questa stradetta che penetra in un povero sobborgo del paese, il più povero, credo… silenzioso, solitario… La povera gente è già nelle case, e le porte socchiuse mostrano i fuochi nelle cucine… La sera scende con le caligini del crepuscolo.

«Ci fermeremo appena fuor del paese», dice Giuda. «Vedo là delle case nei campi».

«No. Meglio proseguire».

I pareri sono diversi. È raggiunta la fontana. Vi accorrono a lavarsi e ad empire le fiaschette. Ecco il fabbro. Sta chiudendo la sua nera officina. Ecco la via che va verso i campi… Vi si addentrano.

Ma un grido viene da lontano, dal paese. «Rabbi! Rabbi! Mio figlio! Cittadini! Venite! Dove è il Pellegrino?».

«Ma cercano noi, Signore! Che hai fatto?».

«Correte. Se raggiungiamo quel bosco nessuno ci vede più».

Corrono attraverso ad un prato coperto dell’ultimo fieno segato, raggiungono un poggetto, vi si inerpicano, spariscono inseguiti dalle voci, che sono numerose ora, e dalle persone che si spargono fuor dal paese, chiamando più che guardando, perché ormai le penombre annullano molte cose. Si fermano ai piedi del poggetto.

«Era il Rabbi che andò a Sichem[2], vi dico. Non poteva essere che Lui. E mi ha guarito Ruben. E io non l’ho riconosciuto. Rabbi! Rabbi! Rabbi! Lascia che ti veneri! Dimmi dove ti celi!».

L’eco solo risponde e pare che dica: «Abbi! Abbi! Abbi!», e muti l’ultima parola in «cieli».

«Ma non può essere lontano», dice il fabbro. «Mi è passato davanti poco prima che tu accorressi…».

«Eppure non c’è. Lo vedi. La via è nuda di gente. Egli doveva fare questa».

«Non sarà nel bosco?».

«No. Aveva fretta…». Poi cerca aiuto nel suo cane, lo eccita: «Cerca! Cerca!», e per un momento sembra che il cane possa svelare il nascondiglio, perché si dirige al bosco dopo avere annusato il prato. Ma poi la bestia si ferma interdetta, una zampa alzata, il muso in aria… poi, illuso da non so che cosa, parte abbaiando in direzione tutt’opposta e la gente dietro, a corsa…

482.9

«Oh! sia lodato il Signore!», esclamano gli apostoli tirando un sospiro di sollievo, e non possono trattenersi dal dire al Maestro: «Ma che hai fatto, Signore?», e quasi lo sgridano di averlo fatto. «Lo sai che è bene che Tu non sia segnalato, e Tu…».

«E non dovevo premiare una fede? E non è bene che mi credano sulla via che da Dotain va a Pella? Non volete forse che non comprendano più niente?».

«È vero. Hai ragione! Ma se la bestia ti scopriva?».

«Oh! Simone! E tu pensi che chi impone la sua volontà, anche a distanza, ai morbi e agli elementi, e scaccia i demoni, non possa imporla ad un animale? Ora cerchiamo di raggiungere la via oltre la curva che fa. Non ci vediamo più. Andiamo».

E quasi a tentoni procedono nel boschetto del colle, sinché tornano sulla via, piccola, bianca nella luna che sorge, lontana dal paese che il colle nasconde del tutto…


Notes

  1. promesse qui se trouve en Gn 3, 15. Comme elle annonce d’avance le salut, l’Eglise l’appelle “ le Protévangile ”. La promesse du Rédempteur (mise en évidence ici) implique celle de sa Mère (comme c’est relevé en 74.7, 207.10, 420.11, 511.3, 525.8, 596.19).
  2. le Rabbi qui allait à Sichem, et à Sicar qui en était peut-être le faubourg, en 142.4, 143-146 et 193.3/5.

Note

  1. promessa, che è in Genesi 3, 15 e che, preannunciando la salvezza, sarà detta “protovangelo” dalla Chiesa. Nella promessa del Redentore (evidenziata qui) è implicata quella della Madre sua (come si evidenzia in: 74.7 - 207.10 - 420.11 - 511.3 - 525.8 - 596.19).
  2. andò a Sichem, e a Sicar che forse ne era il sobborgo, in 142.4, 143-146 e 193.3/5.