Gli Scritti di Maria Valtorta

484. Halte forcée à Ephraïm

484. Sosta obbligata presso Efraim

484.1

Jésus croit en effet pouvoir, aux premières lueurs de l’aube, traverser Ephraïm encore silencieuse et dont les rues sont désertes, sans que personne le voie. Par prudence, il fait le tour de la ville sans y entrer, malgré l’heure plus que matinale.

Mais quand, du petit chemin qu’ils ont pris pour la contourner, ils débouchent sur la grand-route, ils se trouvent en face de toute la population, pourrait-on dire. Il s’y joint les habitants d’autres villages par lesquels ils sont déjà passés, qui montrent Jésus aux Ephraïmites dès son arrivée. Heureusement, les pharisiens, les scribes et leurs semblables sont absents.

Les habitants d’Ephraïm envoient en avant les notables du village dont l’un, après un solennel salut, dit au nom de tous :

« Nous avons appris que tu étais parmi nous et que tu n’avais pas dédaigné d’avoir pitié de certains. Nous savions déjà que tu avais été plein de pitié pour les Sichémites, et nous avons désiré te voir. Or Celui qui voit les pensées des hommes t’a conduit parmi nous. Fais halte ici et parle car, nous aussi, nous sommes fils d’Abraham.

484.2

– Il ne m’est pas permis de m’arrêter…

– Nous savons qu’on te recherche, mais pas de ce côté. Cette ville est à la limite du désert et des Montagnes du sang. Ils n’aiment pas passer ici. Et puis cette fois, après les premiers, nous n’en avons plus vu un seul.

– Je ne puis rester…

– Le Temple t’attend, nous le savons. Mais crois en nous. Vous nous considérez comme des proscrits, parce que nous ne nous inclinons pas devant les grands-prêtres d’Israël. Mais le grand-prêtre serait-il Dieu ? Nous sommes loin, mais pas assez pour ne pas savoir que vos prêtres ne sont pas moins indignes que les nôtres. Et nous pensons que Dieu ne peut plus être avec eux. Non, le Très-Haut ne se cache plus dans les fumées de l’encens. On pourrait cesser d’en brûler, et entrer dans le Saint des Saints sans avoir peur d’être réduit en cendres par la splendeur de Dieu qui repose sur sa gloire. Or nous, nous adorons Dieu en le sentant hors des pierres abandonnées des temples vides. Et nous ne disons pas que notre temple est plus vide que le vôtre, si vous voulez nous accuser d’avoir un temple d’idoles. Tu vois que nous sommes équitables. C’est pourquoi, écoute-nous. »

Le notable se fait solennel :

« Il vaudrait mieux que tu t’arrêtes pour adorer le Père parmi ceux qui, au moins, reconnaissent qu’ils ont un esprit de religion aussi vide de vérité que les autres, qui ne veulent pas l’admettre et nous offensent. Seuls, repoussés comme des lépreux, sans prophètes ni docteurs, nous avons su, du moins, rester unis en sentant que nous étions frères. Et notre loi, c’est de ne pas trahir, car il est écrit[1] : “ Tu ne prendras pas le parti du plus grand nombre pour commettre le mal, et dans un procès, tu ne dévieras pas de la vérité pour suivre la majorité. ” Il est écrit : “ Tu ne feras pas périr l’innocent ni le juste, car je déteste l’impie. Tu n’accepteras pas de présents, car ils aveuglent les yeux des sages et troublent les paroles des justes. Tu ne molesteras pas l’étranger, car vous savez ce que signifie être étranger sur la terre d’autrui. ” Et dans les bénédictions dites, justement, du Garizim, cette montagne chère au Seigneur puisqu’il l’a choisie comme montagne de bénédiction, toutes sortes de bienfaits sont promis à l’homme qui s’en tient à la vraie Loi du Pentateuque. Or, si nous repoussons comme des idoles les paroles des hommes, mais gardons celles de Dieu, pouvons-nous donc être traités d’idolâtres ? La malédiction de Dieu est sur celui qui frappe en cachette le prochain et accepte une récompense pour condamner à mort un innocent. Nous ne voulons pas être maudits par Dieu à cause de nos actes. Car nous ne le serons pas sous prétexte que nous sommes samaritains, puisque Dieu est le Juste qui récompense le bien là où il le trouve. C’est ce que nous espérons du Seigneur. »

Il se recueille un instant, puis reprend :

« C’est à cause de tout cela que nous te disons : il vaudrait mieux pour toi rester parmi nous. Le Temple te hait et il te cherche pour te faire souffrir. Et pas lui seulement. Tu resteras toujours “ trop ” parmi ceux qui te rejettent comme un opprobre. Ce n’est pas des juifs que te viendra l’amour.

484.3

– Je ne puis rester, mais je me rappellerai vos paroles. Je vous dis, de toute façon, de persévérer dans l’observance des lois de justice que vous avez rappelées et qui découlent du précepte de l’amour du prochain. Ce précepte forme, avec celui de l’amour pour Dieu, le commandement principal de la religion ancienne et de la mienne. Pour celui qui vit en juste, le chemin du Ciel n’est pas loin. Il suffira d’un pas pour amener sur le chemin du Royaume de Dieu ceux qui marchent sur le sentier voisin, séparés seulement par un point d’honneur désormais, plus que par conviction.

– Ce Royaume, c’est le tien !

– Oui, c’est le mien. Mais non pas le Royaume tel que l’imaginent les hommes, royaume de pouvoir temporel juste, et à l’occasion violent pour être puissant. Il s’agit plutôt d’un Royaume qui commence dans le cœur des hommes, auxquels le Roi spirituel donne un code spirituel, et offrira une récompense spirituelle. Il donnera le Royaume. Il ne s’y trouvera pas exclusivement des Judéens, des Galiléens ou des Samaritains, mais toutes les personnes qui, sur la terre, auront eu une foi unique : la mienne, et qui dans le Ciel porteront un nom unique : saints. Les races et les divisions entre races restent sur la terre, limitées à elle. Dans mon Royaume, il n’y aura pas de races différentes, mais uniquement celle des enfants de Dieu. Les fils d’Un Seul ne peuvent appartenir qu’à une seule souche.

484.4

Maintenant, laissez-moi partir. Le chemin que je dois parcourir avant la nuit est encore long.

– Tu vas à Jérusalem ?

– A Ensémès.

– Alors nous allons t’indiquer un chemin que nous sommes seuls à connaître pour aller au gué, sans halte et sans risques. Tu n’as ni charges ni chars, tu peux donc le prendre. Tu y seras à none, et il te sera utile de connaître ce sentier. Mais repose-toi une heure parmi nous, accepte le pain et le sel, et donne-nous en échange ta parole.

– Qu’il en soit comme vous voulez, mais restons là où nous sommes. La journée est si douce et l’endroit si beau… »

Ils se tiennent en effet dans une cuvette qui est toute en vergers. Au milieu coule un petit torrent que les premières pluies ont alimenté. Eclairé par le soleil, il descend vers le Jourdain en grondant entre les pierres, qui le brisent en écume nacrée. Les arbustes, qui ont résisté à l’été, semblent jouir sur les deux rives des embruns de l’eau réduite en écume, et brillent en frémissant doucement sous une brise tempérée qui apporte un parfum de pommes mûres et de moût en fermentation.

Jésus se rend auprès du torrent et s’assied sur un rocher. Au-dessus de sa tête s’étend l’ombre légère d’un saule et, à côté de lui, les eaux riantes s’écoulent vers la vallée. Les gens s’installent sur l’herbe qui a poussé sur les deux rives.

Entre-temps, du village on apporte du pain, du lait qu’on vient de traire, des fromages, des fruits et du miel, et on offre le tout à Jésus pour qu’il se restaure avec ses apôtres. Et ils le regardent manger, après qu’il a offert et béni la nourriture, simple comme un mortel, souverainement beau, et spirituellement imposant comme un dieu. Il porte un vêtement en laine blanche tirant sur l’ivoire comme celle que l’on file à la maison, ainsi qu’un manteau bleu foncé jeté sur ses épaules. Le soleil, qui filtre à travers le feuillage du saule, fait briller dans ses cheveux des étincelles d’or qui se déplacent en même temps que les feuilles. Un rayon parvient à lui caresser la joue gauche en faisant de la boucle souple qui termine la mèche retombant le long de la joue, un écheveau de fils d’or dont la couleur se retrouve, plus pâle, dans la barbe soyeuse et légère qui recouvre le menton et le bas du visage. La peau, couleur d’ivoire ancien, laisse apparaître dans la lumière du soleil la délicate broderie des veines sur les joues et sur les tempes, et l’une d’elles traverse du nez aux cheveux le front lisse et haut…

Je pense que c’est justement de cette veine que j’ai vu couler tant de sang à cause d’une épine qui la transperçait durant la Passion… Toujours, quand je vois Jésus si beau et si ordonné dans sa tenue virile, je me rappelle ce à quoi l’ont réduit les souffrances et les insultes que lui ont infligées les hommes…

484.5

Tout en prenant son repas, Jésus sourit à des enfants qui se sont serrés contre ses genoux en y posant la tête, ou le regardent manger comme s’ils voyaient je ne sais quoi. Arrivé aux fruits et au miel, il leur en donne, en mettant des grains de raisin ou de la mie de pain couverte de miel coulant dans la bouche des plus petits, comme si c’étaient des oisillons.

Un enfant — manifestement, il aime ça et espère en obtenir lui aussi — passe en courant à travers la foule en direction d’un verger et en revient les bras serrés contre sa poitrine pour en faire un petit panier vivant où reposent trois grenades d’une beauté et d’une grosseur merveilleuses, puis il les offre avec insistance à Jésus.

Jésus prend les fruits, en ouvre deux pour faire autant de parts qu’il a de petits amis, et il les distribue. Puis il se lève et commence à parler en tenant dans la main gauche, bien en vue, la magnifique grenade.

484.6

« A quoi comparerai-je le monde en général, et la Palestine en particulier, elle qui était autrefois, et dans la pensée de Dieu, unie en une seule nation avant d’être divisée par une erreur et une haine tenace entre frères ? A quoi comparerai-je Israël et ce à quoi il s’est volontairement réduit ? A cette grenade.

Et en vérité, je vous dis que les dissentiments qui existent entre Juifs et Samaritains, se reproduisent sous des formes et dans des mesures différentes, mais avec un même fond d’hostilité, entre tous les pays du monde, et parfois entre les provinces d’une même nation.

On prétend que ces mésententes sont insurmontables comme s’il s’agissait d’obstacles créés par Dieu lui-même. Non. Le Créateur n’a pas fait autant d’Adam et autant d’Eve qu’il y a de races opposées les unes aux autres, de tribus, de familles qui sont dressées l’une contre l’autre comme des ennemis. Il a fait un seul Adam et une seule Eve, et d’eux sont venus tous les hommes, qui se sont répandus ensuite pour peupler la terre, comme si c’était une seule maison qui augmente le nombre de ses pièces au fur et à mesure que grandissent les enfants et qu’ils se marient pour engendrer des descendants à leurs pères.

Alors pourquoi tant de haine entre les hommes, tant de barrières, tant d’incompréhensions ? Vous avez dit : “ Nous savons être unis, car nous sentons que nous sommes frères. ” Ce n’est pas assez. Vous devez aimer également ceux qui ne sont pas samaritains.

Regardez ce fruit : vous en connaissez la saveur et non seulement la beauté. Fermé comme il l’est, il vous promet déjà le doux suc qu’il contient. Une fois ouvert, il réjouit aussi la vue par ses rangées serrées de grains semblables à autant de rubis enfermés dans un coffre-fort. Mais malheur à l’imprudent qui le mord sans l’avoir débarrassé des membranes très amères séparant les groupes de grains. Il s’intoxiquerait les lèvres et les viscères, et il rejetterait le fruit en disant : “ C’est du poison. ”

Il en est de même des séparations et des haines entre un peuple et un autre, entre une tribu et une autre : elles rendent “ poison’’ ce qui avait été créé pour être douceur. Elles sont inutiles et ne font, comme dans ce fruit, que créer des frontières qui réduisent l’espace, compriment et font souffrir. Elles sont amères et, à celui qui mord le voisin qu’il n’aime pas pour l’offenser et le faire souffrir, elles donnent une amertume qui empoisonne l’âme.

Sont-elles indestructibles ? Non. La bonne volonté les supprime, comme la main d’un enfant enlève ces cloisons amères qui se trouvent dans le doux fruit que le Créateur a fait pour les délices de ses enfants.

Le premier à avoir cette bonne volonté, c’est le même et unique Seigneur, qui est le Dieu des Judéens comme des Galiléens, et des Samaritains comme des Batanéens. Il le montre en envoyant l’unique Sauveur qui sauvera les uns et les autres sans demander autre chose que la foi en sa Nature et sa Doctrine. Le Sauveur qui vous parle passera pour abattre les barrières inutiles, pour effacer le passé qui vous a divisés, et pour mettre à la place un présent qui vous rend frères en son nom. Vous tous, qui êtes d’ici ou de l’autre côté des frontières, vous n’avez qu’à le seconder, et la haine tombera, ainsi que l’avilissement qui provoque la rancœur, et l’orgueil qui suscite l’injustice.

Voici mon commandement : que les hommes s’aiment comme des frères, puisqu’ils le sont. Qu’ils s’aiment comme le Père des Cieux les aime et comme les aime le Fils de l’homme qui, par la nature humaine qu’il a prise, se sent frère des hommes, et qui par sa Paternité se sent maître de vaincre le Mal avec toutes ses conséquences. Vous avez dit : “ Il est dans notre loi de ne pas trahir. ” Alors commencez par ne pas trahir vos âmes en les privant du Ciel. Aimez-vous les uns les autres, aimez-vous en moi, et la paix atteindra l’âme des hommes, comme cela vous a été promis. Alors viendra le Règne de Dieu, qui est un Règne de paix et d’amour pour tous ceux qui ont une volonté sincère de servir le Seigneur leur Dieu.

484.7

Je vous quitte. Que la Lumière de Dieu illumine vos cœurs… Partons… »

Il s’enveloppe dans son manteau, passe son sac en bandoulière, et prend la tête du groupe, avec d’un côté Pierre, de l’autre le notable qui a parlé au début. Derrière viennent les apôtres, et plus en arrière — car il n’est pas possible d’avancer de front sur le sentier qui longe le torrent — des jeunes Ephraïmites…

484.1

E Gesù crede infatti di poter superare Efraim nelle prime luci dell’alba, ancora tutta silenziosa e con le vie deserte, senza che nessuno lo veda. Per prudenza gira intorno alla città senza entrarvi, nonostante l’ora più che mattutina.

Ma quando, dalla vietta che hanno percorso, alle spalle del paese, sboccano sulla via maestra, si trovano di fronte tutto il paese, potrei dire, e col paese altri venuti dagli altri luoghi già superati, i quali indicano a quelli d’Efraim il Signore non appena lo vedono apparire. Fortunatamente sono assolutamente assenti farisei, scribi e simili.

Quelli di Efraim mandano avanti i notabili del paese, dei quali uno, dopo un solenne saluto, dice per tutti: «Abbiamo saputo che Tu eri fra noi e che non avevi sdegnato di avere pietà di alcuno. Sapevamo già che eri stato pietoso per quelli di Sichem. E ti abbiamo desiderato. Ora Colui che vede i pensieri degli uomini ti ha condotto fra noi. Sosta e parla, ché anche noi siamo figli di Abramo».

484.2

«Sostare non mi è concesso…».

«Oh! sappiamo che ti cercano. Ma non da questa parte. Questa città è al limite del deserto e delle montagne del Sangue. Essi non ci passano volentieri. E questa volta, poi, dopo i primi non ne vedemmo più uno».

«Non posso sostare…».

«Ti attende il Tempio. Lo sappiamo. Ma credi a noi. Ci giudicate come dei proscritti perché non chiniamo la fronte davanti ai pontefici d’Israele. Ma è forse Dio il pontefice? Siamo lontani. Ma non tanto da non sapere che i sacerdoti vostri non sono meno indegni dei nostri. E noi pensiamo che Dio non può più essere con loro. No. Nella nuvola dell’incenso più non si cela l’Altissimo. Potrebbero cessare di arderlo e potrebbero entrare nel Santo dei Santi senza paura di rimanere inceneriti dal fulgore di Dio posato sulla sua gloria. E noi adoriamo Dio sentendolo fuori delle pietre disabitate dei templi vuoti. E non diciamo più vuoto il nostro tempio del vostro, se volete accusarci di avere un tempio idolo. Tu vedi che siamo equanimi. Ma per questo ascoltaci».

Prende un tono solenne: «Meglio sarebbe che Tu ti fermassi ad adorare il Padre fra quelli che almeno riconoscono di avere uno spirito di religione vuoto di verità come gli altri, che non vogliono riconoscerlo e ci offendono. Soli, sfuggiti come lebbrosi, senza profeti e senza dottori, noi abbiamo almeno saputo essere uniti sentendoci fratelli. E nostra legge è il non tradire, perché è scritto: “Non andare dietro alla turba per fare il male, e nel giudizio non deviare nella verità per stare al parere dei più”. È scritto[1]: “Non far morire l’innocente e il giusto, perché io ho in odio l’empio. Non accettare doni, che accecano anche i sapienti e sovvertono le parole dei giusti. Non essere molesto allo straniero, perché voi lo sapete cosa voglia dire essere stranieri in terra d’altri”. E nelle benedizioni dette proprio dal Garazim, monte caro al Signore se lo ha eletto a monte di benedizione, è promesso ogni bene a chi si attiene alla vera Legge che è nel Pentateuco. Ora, se noi respingiamo come idoli le parole degli uomini ma conserviamo quelle di Dio, possiamo forse esser detti idolatri? La maledizione di Dio è su chi colpisce di nascosto il suo prossimo e accetta mercede per condannare a morte un innocente. Noi non vogliamo essere maledetti da Dio per le nostre azioni. Perché per essere samaritani non saremo maledetti, essendo Dio il Giusto che premia il bene là dove si trova. È questa la nostra fiducia nel Signore».

Si raccoglie un istante, poi riprende: «Per tutto questo ti diciamo: meglio sarebbe per Te restare fra noi. Il Tempio ti odia e ti cerca per darti dolore. E non quello solo. Sempre troppo starai fra coloro che ti rigettano come un obbrobrio. Non dai giudei ti verrà l’amore».

484.3

«Non posso sostare. Ma ricorderò le vostre parole. Vi dico intanto di perseverare nell’osservanza delle leggi di giustizia che avete ricordate e che scaturiscono dal precetto dell’amore del prossimo. Il precetto che, con quello dell’amore a Dio, forma il comandamento principale della Religione antica e della mia. A chi vive da giusto non è lontana la via del Cielo. Un sol passo porterà coloro che sono sul sentiero vicino, separati soltanto da un puntiglio, ormai, più che da una convinzione, nella via del Regno di Dio».

«Il tuo!».

«Il mio. Ma non il regno quale lo immaginano gli uomini, regno di potere temporale, giusto e magari violento per essere potente. Bensì il Regno che ha inizio dentro il cuore degli uomini, ai quali il Re spirituale dà un codice spirituale e darà un premio spirituale. Darà il Regno. Questo Regno nel quale non saranno esclusivamente giudei, o galilei, o samaritani, ma saranno tutti coloro che sulla Terra ebbero una unica fede: la mia, ed in Cielo porteranno un unico nome: santi. Le razze e le divisioni fra razza e razza restano sulla Terra, limitate ad essa. Nel mio Regno non saranno razze diverse, ma unicamente quella dei figli di Dio. I figli di Un Solo non possono che essere di un’unica stirpe.

484.4

Ora lasciatemi andare. Ancora lunga è la via che devo compiere prima di notte».

«Vai a Gerusalemme?».

«A Ensemes».

«Allora noi ti indicheremo una via che soltanto noi conosciamo per andare al guado senza sosta e senza offesa. Tu non hai carichi né carri, e la puoi fare. A nona sarai al luogo. E conoscere quel sentiero ti sarà buona cosa. Ma riposa fra noi un’ora e accetta il pane e il sale e dacci in cambio la tua paro­la».

«Sia fatto come volete. Ma rimaniamo qui dove siamo. È tanto dolce il giorno e bello questo luogo».

Infatti sono in una conca tutta a frutteti, al centro della quale scorre un torrentello che le prime piogge hanno alimentato e che scorre via garrulo e lucente al sole, scendendo fra pietroni che lo rompono in spume madreperlacee verso il Giordano. Gli arbusti, che hanno resistito all’estate, sembrano godere sulle due rive della polvere minuta delle acque rotte in spuma e brillano tutti fremendo dolcemente ad un vento temperato, che sa di mele mature e di mosti che fermentano.

Gesù va proprio presso il torrente e si siede su un masso, avendo sul capo l’ombra leggera di un salice e al fianco le acque ridarelle che scendono a valle. La gente si accomoda sull’erba rinascente sulle due sponde.

Portano intanto dal paese pane, latte appena munto, formaggi, frutta e miele, e le offrono a Gesù perché se ne cibi con i suoi. E lo guardano mangiare, dopo aver offerto e benedetto il cibo, così semplice come un mortale, così sovranamente bello e spiritualmente imponente come un dio. Ha una veste di lana bianca un poco avoriata, come è il colore della lana filata in casa, e il manto azzurro cupo gettato sulle spalle. Il sole, filtrando dal salice, accende i suoi capelli di scintille d’oro, continuamente spostate a seconda che si spostano le foglioline leggere del salice. E un raggio riesce a carezzargli la gota sinistra facendo del ricciolo molle, nel quale finisce la ciocca ricadente lungo la guancia, una matassa di oro filato, che ripete più pallidamente il suo colore nella barba morbida e non eccessiva che copre il mento e il basso del viso. La pelle, di un color avorio antico, nella luce del sole mostra il delicato ricamo delle vene sulle guance e sulle tempie, e una traversa, dal naso ai capelli, la fronte liscia e alta…

Io penso che proprio da quella vena ho visto cadere tanto sangue per una spina che la trafiggeva durante la Passione… Sempre, quando vedo Gesù così bello e ordinato nella sua virile accuratezza, io ricordo come lo ridussero i patimenti e gli insulti degli uomini…

484.5

Gesù mangia e sorride a dei fanciulli che gli si sono stretti ai ginocchi abbandonando il capo su di essi, oppure guardandolo mangiare come vedessero chissà che. E Gesù, giunto alle frutta e al miele, ne dà a loro, imboccando i più piccini di chicchi d’uva o di molliche intinte nel filante miele, come fossero tanti nidiaci.

Un bambino — certo piacciono a lui e spera di averne — corre via fra la gente andando verso ad un frutteto e torna con le braccia strette al piccolo petto, a fare di esso e delle braccia un vivo cestello, dove riposano tre melagranate di una grossezza e bellezza meravigliose, e le offre insistendo a Gesù.

Gesù prende i frutti e ne apre due facendone tante parti quanti sono i suoi piccoli amici e le distribuisce. Poi, prendendo in mano la terza, si alza in piedi e inizia a parlare tenendo sulla palma sinistra, bene in vista, la splendida melagranata.

484.6

«A cosa paragonerò Io il mondo in generale e in particolare la Palestina, un tempo, e nel pensiero di Dio, unita in un’unica nazione e poi scissa da un errore e da un cocciuto odio fra fratelli? A che paragonerò Israele, così come si è ridotto per sua volontà? Lo paragonerò a questa melagranata. E in verità vi dico che i dissapori, che sono fra giudei e samaritani, si ripetono in forma e misura diversa, ma con un’unica sostanza di odio, fra tutte le nazioni del mondo e talora fra province di una stessa nazione. E si dicono insuperabili come fossero cose create da Dio stesso. No. Il Creatore non ha fatto tanti Adami e tante Eve per quante sono le razze l’una all’altra avversa, per quante sono le tribù, per quante sono le famiglie che si sono l’una contro l’altra erette nemiche. Ha fatto un solo Adamo ed una sola Eva, e da essi sono venuti gli uomini tutti, sparsisi poi a popolare la Terra, come fosse una sola casa che sempre più si arricchisce di stanze mano a mano che crescono i figli e si sposano procreando i nipoti ai padri loro. Perché allora tanto odio fra gli uomini, tante barriere, tante incomprensioni? Avete detto: “Sappiamo essere uniti sentendoci fratelli”. Non basta. Dovete amare anche quelli che non sono samaritani.

Guardate questo frutto. Voi ne conoscete il sapore oltre che la bellezza. Chiuso come è, già vi promette il succo dolce del suo interno. Aperto, rallegra anche la vista con le sue file serrate di acini, simili a tanti rubini chiusi in un forziere. Ma guai all’incauto che lo morde senza averlo privato delle separazioni amarissime poste fra famiglia e famiglia di acini. Si attossicherebbe le labbra e le viscere, e respingerebbe il frutto dicendo: “È veleno”. Ugualmente, le separazioni e gli odi fra popolo e popolo, tribù e tribù, fanno “veleno” ciò che era stato creato per essere dolcezza. Sono inutili, non fanno, come in questo frutto, che creare dei limiti che levano spazio e dànno compressione e dolore. Sono amari e a chi addenta, ossia a chi morde il vicino che non ama per dargli offesa e dolore, dànno un’amarezza che avvelena lo spirito.

Sono incancellabili? No. La buona volontà li annulla, così come anche la mano di un fanciullo leva queste pareti di amarezza nel dolce frutto che il Creatore fece per delizia dei suoi figli. E la buona volontà l’ha, per primo fra tutti, lo stesso unico Signore, che è Dio dei giudei come dei galilei e dei samaritani come dei batanei. E lo dimostra mandando l’unico Salvatore, che salverà questi e quelli senza chiedere altro che la fede nella sua Natura e Dottrina. Il Salvatore che vi parla passerà abbattendo le inutili barriere, cancellando il passato che vi ha divisi, per sostituirlo con un presente che vi affratella nel suo Nome. Voi tutti di qui e di oltre confine non avete che assecondarlo, e l’odio cadrà, e cadrà l’avvilimento che suscita rancore, e cadrà orgoglio che suscita ingiustizia.

Il mio comandamento è questo: che gli uomini si amino da fratelli quali sono. Si amino come il Padre dei Cieli li ama e come li ama il Figlio dell’uomo, che per la natura umana che ha assunto si sente fratello degli uomini, e che per la sua Paternità si sa padrone di vincere il Male con tutte le sue conseguenze. Avete detto: “È nostra legge non tradire”. Allora per prima cosa non tradite le vostre anime privandole del Cielo. Amatevi gli uni e gli altri, amatevi in Me e la pace verrà agli spiriti degli uomini, come è stato promesso. E verrà il Regno di Dio, che è regno di pace e di amore per tutti coloro che hanno retta volontà di servire il Signore Dio loro.

484.7

Io vi lascio. La Luce di Dio illumini i vostri cuori… Andiamo…».

Si ravvolge nel mantello, si mette a tracolla la sua sacca e si avvia per il primo, avendo al fianco Pietro da una parte e il notabile, che ha parlato all’inizio, dall’altra. Dietro gli apostoli e, dietro ancora, perché in gruppo non è possibile procedere sulla vietta lungo il torrente, dei giovani di Efraim…


Notes

  1. il est écrit en : Ex 22, 20 ; 23, 2-3.7-9 ; Dt 16, 19 ; bénédictions qui se trouvent en Dt 28, 1-14 ; malédiction qui se trouve en Dt 27, 24-25.

Note

  1. è scritto, in: Esodo 22, 20; 23, 2-3.7-9; Deuteronomio 16, 19; benedizioni, che sono in: Deuteronomio 28, 1-14; maledizione, che è in: Deuteronomio 27, 24-25.