Gli Scritti di Maria Valtorta

69. Jésus instruit Judas Iscariote.

69. Gesù istruisce Giuda Iscariota.

69.1

C’est encore Jésus et Judas. Après avoir prié dans le lieu le plus voisin du Saint permis aux hommes juifs, ils sortent du Temple.

Judas voudrait rester avec Jésus. Mais ce désir se heurte à l’opposition du Maître.

« Judas, je désire rester seul pendant les heures de la nuit. Pendant la nuit mon esprit tire sa nourriture du Père. Oraison, méditation et solitude me sont plus nécessaires que la nourriture matérielle. Celui qui veut vivre par l’esprit et porter les autres à faire de même, doit faire passer la chair après – je dirais presque : la tuer – pour accorder tous ses soins à sa vie spirituelle. C’est vrai pour tous, Judas. Pour toi aussi, si tu veux vraiment appartenir à Dieu, c’est-à-dire au surnaturel.

– Mais nous sommes encore de la terre, Maître. Comment pourrions-nous délaisser la chair au point de nous occuper uniquement de l’esprit ? Ce que tu dis n’est-il pas en opposition avec le commandement de Dieu : “ Tu ne tueras point ? ” Est-ce que ce commandement n’interdit pas aussi de se tuer ? Si la vie est un don de Dieu, devons-nous l’aimer ou non ?

– A toi, je répondrai comme je ne répondrais pas à une âme simple à qui il suffit d’élever le regard de l’âme ou de l’esprit jusqu’aux sphères du surnaturel, pour la faire s’envoler avec nous vers les domaines de l’esprit. Toi, tu n’es pas un simple. Tu as été formé dans un milieu qui t’a affiné… mais qui t’a aussi souillé par ses subtilités et ses principes. Te rappelles-tu Salomon, Judas ? Il était sage, le plus sage de son temps. Te souviens-tu de ce qu’il a dit[1] après avoir exploré toutes les connaissances de cette époque ? “ Vanité des vanités, tout est vanité. Craindre Dieu et observer ses commandements, c’est là le devoir de tout homme. ” Or je t’assure que, en fait de mets, il faut savoir prendre ce qui nourrit, mais pas le poison. Si nous nous rendons compte qu’un mets nous est nuisible parce qu’il provoque en nous des réactions néfastes – c’est-à-dire s’il est plus fort que nos humeurs naturelles qui pourraient le neutraliser –, il faut renoncer à ce mets, même s’il flatte le goût. Le pain ordinaire et l’eau de source valent mieux que les plats compliqués de la table du roi, relevés par des épices qui troublent et empoisonnent.

– Que dois-je éviter, Maître ?

– Tout ce qui te trouble et dont tu es conscient. Car Dieu, c’est la paix, et si tu veux avancer sur les voies du Seigneur, tu dois désencombrer ton esprit, ton cœur et ta chair de tout ce qui n’est pas paix et amène le trouble. Je sais qu’il est difficile de se réformer soi-même. Mais je suis ici pour t’aider à le réaliser. Je suis ici pour aider l’homme à redevenir enfant de Dieu, à se remodeler comme par une seconde création, en une renaissance de soi-même.

69.2

Mais laisse-moi te répondre à ce que tu demandais pour que tu ne dises pas que tu es resté dans l’erreur par ma faute. Il est vrai que le suicide est un véritable meurtre. La vie, qu’il s’agisse de la nôtre ou de celle d’autrui, est un don de Dieu et le pouvoir de l’enlever est réservé à Dieu seul, puisque c’est lui qui l’a donnée. Qui se tue avoue son orgueil, or Dieu déteste l’orgueil.

– Avoue son orgueil ? Je dirais plutôt son désespoir.

– Et qu’est-ce que le désespoir, sinon de l’orgueil ? Réfléchis, Judas. Pourquoi quelqu’un désespère-t-il ? Parce que les mal­heurs s’acharnent sur lui et qu’il n’en peut venir à bout par ses propres moyens. Ou bien parce qu’il est coupable et estime que Dieu ne peut lui pardonner. Dans ces deux cas, n’est-ce pas l’orgueil qui le domine ? L’homme qui ne veut se fier qu’à lui-même n’a plus l’humilité de tendre la main au Père et de lui dire : “ Je ne puis, mais toi, tu le peux. Aide-moi, car c’est de toi que j’espère et attends tout. ” Quant à celui qui prétend : “ Dieu ne peut me pardonner ”, il mesure Dieu à son aune : il sait qu’une personne offensée comme il l’a offensée ne pourrait pas pardonner. Là aussi, c’est de l’orgueil. L’humble compatit et pardonne même s’il souffre de l’offense qu’il a reçue. L’orgueilleux ne pardonne pas. Mais il se montre aussi orgueilleux en ce qu’il ne sait pas courber le front et reconnaître : “ Père, j’ai péché, pardonne à ton pauvre fils coupable. ” Or ne sais-tu pas, Judas, que tout sera pardonné par le Père, si le pardon est imploré d’un cœur sincère et contrit, humble et désireux de résurrection dans le bien ?

– Mais certaines crimes rendent le pardon impossible. Ils sont impardonnables.

– C’est toi qui le dis, et ce sera vrai parce que l’homme l’aura voulu. Mais en vérité je te dis que, même après le forfait des forfaits, si le coupable accourait aux pieds du Père – il s’appelle Père pour cela, Judas, c’est un Père d’une perfection infinie – si, en pleurant, en suppliant de lui pardonner, il s’offrait à l’expiation, mais sans désespoir, le Père lui donnerait le moyen d’expier pour qu’il mérite le pardon et sauve son âme.

69.3

– Alors, tu dis que les hommes cités[2] par l’Ecriture comme s’étant donné la mort ont mal agi.

– Il n’est pas permis de faire violence à qui que ce soit, et pas plus à soi-même. Ils ont mal agi. Dans leur imparfaite connaissance du bien, ils auront en certains cas obtenu encore la miséricorde de Dieu. Mais quand le Verbe aura éclairé toute vérité et donné la force aux âmes par son Esprit, à partir de ce moment, il ne sera plus pardonné à ceux qui meurent dans le désespoir, ni au moment du jugement particulier, ni après des siècles de Géhenne, ni au jugement général, jamais. Est-ce là de la dureté de la part de Dieu ? Non : de la justice. Dieu dira : “ Tu as voulu, toi, une créature douée de raison et de science surnaturelle, créée libre par moi, suivre le chemin que tu as choisi et tu as dit : ‘Dieu ne me pardonne pas. Je suis pour toujours séparé de lui. Je juge que je dois me faire justice pour mon délit. Je quitte la vie pour échapper aux remords’, sans penser que les remords ne t’auraient plus atteint si tu étais venu sur mon sein paternel. Qu’il en soit fait selon ton jugement. Je ne viole pas la liberté que je t’ai donnée. ”

C’est cela que dira l’Eternel à celui qui se sera suicidé. Penses-y, Judas : la vie est un don que l’on doit aimer. Mais quel don est-ce ? Un don saint. C’est pourquoi il faut l’aimer saintement. La vie dure tant que la chair résiste. Ensuite commence la grande Vie, l’éternelle Vie, de béatitude pour les justes, de malédiction pour ceux qui ne le sont pas. La vie est-elle un but ou un moyen ? C’est un moyen. Elle est ordonnée à une fin qui est l’éternité. Par conséquent, donnons à la vie ce qu’il lui faut pour qu’elle dure et pour servir l’âme dans sa conquête : continence de la chair en tous ses désirs, en tous. Continence de la pensée en tous ses désirs, en tous. Continence du cœur dans toutes les passions humaines. Au contraire, que les passions qui viennent du Ciel soient sans li­mites : amour de Dieu et du prochain, volonté de servir Dieu et le prochain, obéissance aux paroles divines, héroïsme dans le bien et dans la vertu.

69.4

Je t’ai répondu, Judas. Es-tu convaincu ? Cette explication te suffit-elle ? Sois toujours sincère et demande, si tu n’es pas encore suffisamment instruit : je suis ici pour être le Maître qui enseigne.

– J’ai compris et cela me suffit. Mais… c’est très difficile de faire ce que j’ai compris. Toi, tu le peux parce que tu es saint. Mais moi… je suis un homme, jeune, plein de vie…

– C’est pour les hommes que je suis venu, Judas, pas pour les anges. Eux, ils n’ont pas besoin de maître. Ils voient Dieu. Ils vivent dans son Paradis. Ils n’ignorent pas les passions des hommes, car l’Intelligence, qui est leur vie, les met au courant de tout, même ceux qui ne sont pas gardiens d’un homme. Mais, spirituels comme ils le sont, ils ne peuvent avoir qu’un péché, comme l’eut l’un d’eux qui entraîna les moins solides en charité : l’orgueil, cette flèche qui défigura Lucifer, le plus beau des archanges, et en fit le monstre horrible de l’Abîme. Je ne suis pas venu pour les anges qui, après la chute de Lucifer, sont saisis d’horreur à la moindre trace d’une pensée d’orgueil. Mais je suis venu pour les hommes, pour faire de ces hommes des anges.

L’homme était la perfection de la création. Il avait de l’ange l’esprit et de l’animal une beauté parfaite dans tout son être animal et moral. Aucune créature ne pouvait l’égaler. Il était le roi de la terre comme Dieu est le Roi du Ciel, et un jour, ce jour où il se serait endormi pour la dernière fois sur la terre, il serait devenu roi avec le Père dans le Ciel. Satan a coupé les ailes de l’ange-homme, il lui a mis des griffes de bête sauvage et la soif de l’impureté. Il en a fait un être qui est plutôt un homme-démon qu’un homme tout court. Je veux effacer cet enlaidissement de Satan, supprimer la faim de la chair, corrompue, souillée, rendre ses ailes à l’homme, le faire redevenir roi, cohéritier du Père et du Royaume céleste. Je sais que l’homme, s’il en a la volonté, peut faire tout ce que je dis pour redevenir un roi et un ange. Je ne vous demanderais pas ce que vous ne pourriez faire. Je ne suis pas un de ces rhéteurs qui prêchent des doctrines impossibles.

69.5

J’ai pris une vraie chair, pour connaître par l’expérience d’une nature charnelle ce que sont les tentations de l’homme.

– Et les péchés ?

– Tentés, tous peuvent l’être. Pécheurs, ceux-là seulement qui le veulent.

– Tu n’as jamais péché, Jésus ?

– Je n’ai jamais consenti au péché. Et cela non parce que je suis le Fils du Père, mais parce que je l’ai voulu – et je le voudrai encore - pour montrer à l’homme que le Fils de l’homme n’a pas péché parce qu’il s’y est refusé, et que l’homme, s’il ne veut pas le péché, peut ne pas le commettre.

– Tu n’as jamais été tenté ?

– J’ai trente ans, Judas. Je n’ai pas vécu dans une caverne sur une montagne, mais parmi les hommes. Même si j’avais été dans l’endroit le plus solitaire de la terre, crois-tu que je n’aurais pas eu de tentations ? Nous avons tout en nous : le bien et le mal. Nous portons tout en nous[3]. Dieu souffle sur le bien et il l’avive comme un encensoir aux parfums agréables et sacrés. Satan souffle sur le mal et il en fait un bûcher de flammes féroces. Mais la volonté attentive et la prière constante ressemblent à du sable humide jeté sur les flammes infernales, elles l’étouffent et en triomphent.

– Mais si tu n’as jamais péché, comment peux-tu juger les pécheurs ?

– Je suis homme et je suis le Fils de Dieu. Ce que je pourrais ignorer comme homme et en mal juger, je le connais et j’en juge comme Fils de Dieu. Et du reste !… Judas, réponds à cette question : quelqu’un qui a faim, souffre-t-il plus en disant : “ Maintenant je m’assieds à table ”, ou en disant : “ Il n’y a pas de nourriture pour moi ” ?

– Il souffre plus dans le second cas, car le seul fait de s’en savoir privé lui ramène l’odeur des mets et son estomac se tord d’envie.

– Voilà : la tentation vous mord comme cette envie, Judas. Satan la rend plus aiguë, plus précise, plus séduisante que tout assouvissement. En outre, l’acte apporte une satisfaction et parfois le dégoût, tandis que la tentation, au lieu de faiblir, développe une plus abondante floraison comme un arbre qu’on a taillé.

– Et tu n’as jamais cédé ?

– Je n’ai jamais cédé.

– Comment as-tu pu ?

– J’ai dit : “ Mon Père, ne m’induis pas en tentation. ”

– Comment se fait-il que toi, le Messie, toi qui opères des miracles, tu aies demandé l’aide du Père ?

– Pas seulement son aide : je lui ai demandé de ne pas m’induire en tentation. Crois-tu que, sous prétexte que je suis celui que je suis, je puisse me passer du Père ? Oh, non ! En vérité, je te le dis, le Père accorde tout au Fils, mais aussi le Fils reçoit tout du Père. Et je te dis que tout ce qu’on demandera en mon nom au Père sera accordé.

69.6

Mais nous voici à Gethsémani, où j’habite. On en voit déjà les premiers oliviers au-delà des murs. Toi, tu habites au-delà du Tofet. Déjà la nuit descend. Il vaut mieux que tu ne montes pas jusque là-haut. Nous nous reverrons demain, au même endroit. Adieu… Que la paix soit avec toi.

– Que la paix soit avec toi aussi, Maître… Mais je voudrais te dire encore une chose. Je t’accompagnerai jusqu’au Cédron, puis je reviendrai. Pourquoi résider dans ce lieu si humble ? Tu sais, les gens regardent à tant de choses. Ne connais-tu personne en ville qui possède une belle maison ? Si tu veux, je peux te conduire chez des amis. Ils te donneront l’hospitalité par amitié pour moi, et ce serait une demeure plus digne de toi.

– Tu crois cela ? Moi pas. Le digne et l’indigne se trouvent dans toutes les classes sociales. Et, sans manquer à la charité, mais pour ne pas offenser la justice, je t’affirme que l’indigne, ce qui est indigne par malice, se trouve souvent chez les grands. Il n’est ni nécessaire ni utile d’être puissant pour être bon ou pour dissimuler ce qui est péché aux yeux de Dieu. Tout doit être inversé sous mon signe. Celui qui sera grand, ce n’est pas le puissant, mais l’homme humble et saint.

– Mais pour être respecté, pour s’imposer…

– Hérode est-il respecté ? César est-il respecté ? Non. On les subit et les lèvres comme les cœurs les maudissent. Crois bien, Judas, que je saurai m’imposer aux bons – et même à ceux qui désirent seulement l’être – par la modestie plutôt que par des airs de grandeur…

– Mais alors… tu mépriseras toujours les puissants ? Tu t’en feras des ennemis ! Moi qui pensais parler de toi à beaucoup de gens que je connais et qui ont un nom…

– Je ne mépriserai personne. J’irai vers les pauvres comme vers les riches, vers les esclaves comme vers les rois, vers les purs comme vers les pécheurs. Mais si je dois être reconnaissant à celui qui me procurera du pain et un toit quand je serai fatigué – quels que soient ce toit et cette nourriture –, je donnerai toujours la préférence à ce qui est humble. Les grands ont déjà beaucoup de joies. Les pauvres n’ont que la droiture de leur conscience, un amour fidèle, des enfants, et ils se voient écoutés par ceux qui sont au-dessus d’eux. Moi, je me pencherai toujours sur les pauvres, les affligés et les pécheurs. Je te remercie de ton obligeance. Mais laisse-moi à ce lieu de prière et de paix. Va, et que Dieu t’inspire ce qui est bien. »

Jésus quitte le disciple et pénètre parmi les oliviers ; tout se termine là.

69.1

Ancora Gesù e Giuda che, dopo aver pregato nel luogo più vicino al Santo, concesso agli israeliti maschi, escono dal Tempio.

Giuda vorrebbe rimanere con Gesù. Ma questo desiderio trova l’opposizione del Maestro. «Giuda, Io desidero di rimanere solo nelle ore notturne. Nella notte il mio spirito trae il suo nutrimento dal Padre. Orazione, meditazione e solitudine mi sono più necessarie del nutrimento materiale. Colui che vuole vivere per lo spirito e portare altri a vivere la stessa vita, deve posporre la carne, direi quasi ucciderla nelle sue prepotenze[1], per dare tutte le sue cure allo spirito. Tutti, sai, Giuda. Anche tu, se vuoi veramente essere di Dio, ossia del soprannaturale».

«Ma noi siamo ancora della Terra, Maestro. Come possiamo trascurare la carne dando tutte le cure allo spirito? Non è, ciò che dici, in antitesi con il comando di Dio: “Non ucciderai”? In questo non è anche compreso il non uccidersi? Se la vita è dono di Dio, dobbiamo amarla o meno?».

«Risponderò a te come non risponderei ad un semplice, al quale basta fare alzare lo sguardo dell’anima, o della mente, a sfere soprannaturali, per portarselo seco noi in volo nei regni dello spirito. Tu non sei un semplice. Ti sei formato in ambienti che ti hanno affinato… ma che anche ti hanno inquinato con le loro sottigliezze e colle loro dottrine. Ricordi Salomone, Giuda? Era sapiente, il più sapiente di quei tempi. Ricordi che disse[2], dopo aver conosciuto tutto il sapere? “Vanità delle vanità, tutto è vanità. Temere Dio e osservare i suoi comandamenti, questo è tutto l’uomo”. Or Io ti dico che occorre saper prendere dai cibi nutrimento, ma non veleno. E se un cibo lo si comprende a noi nocivo, perché vi sono in noi reazioni per cui quel cibo è nefasto, essendo più forte dei nostri umori buoni che lo potrebbero neutralizzare, occorre non prendere più di quel cibo, anche se è appetitoso al gusto. Meglio semplice pane e acqua di fonte ai piatti complicati della mensa del re, in cui sono droghe che turbano e avvelenano».

«Che devo lasciare, Maestro?».

«Tutto quello che sai che ti turba. Perché Dio è Pace e, se ti vuoi mettere sul sentiero di Dio, devi sgombrare la tua mente, il tuo cuore e la tua carne da tutto ciò che pace non è e porta seco turbamento. So che è difficile riformare se stesso. Ma Io sono qui per aiutarti a farlo. Sono qui per aiutare l’uomo a tornare figlio di Dio, a ricrearsi come per una seconda creazione, un’autogenesi voluta dallo stesso.

69.2

Ma lascia che Io ti risponda a quanto chiedevi, acciò tu non dica che sei rimasto in errore per mia colpa. È vero che l’uccidersi è uguale all’uccidere. Sia la propria o l’altrui, la vita è dono di Dio, e solo a Dio che l’ha data è deferito il potere di toglierla. Chi si uccide confessa la sua superbia, e la superbia è odiata da Dio».

«La superbia confessa? Io direi la disperazione».

«E che è la disperazione se non superbia? Considera, Giuda. Perché uno dispera? O perché le sventure si accaniscono su di lui, e lui vuole da sé vincerle e non riesce a tanto. Oppure perché è colpevole e si giudica non perdonabile da Dio. Nel primo e nel secondo caso non è forse la superbia che è regina? Quell’uomo che vuole fare da sé non ha più l’umiltà di tendere la mano al Padre e dirgli: “Io non posso, ma Tu puoi. Aiutami, ché da Te io tutto spero e attendo”. Quell’altro uomo che dice: “Dio non mi può perdonare”, lo dice perché, misurando Dio su se stesso, sa che uno, offeso come egli ha offeso, non potrebbe perdonarlo. Ossia è superbia anche qui. L’umile compatisce e perdona, anche se soffre dell’offesa ricevuta. Il superbo non perdona. È superbo anche perché non sa chinare la fronte e dire: “Padre, ho peccato, perdona al tuo povero figlio colpevole”. Ma non sai, Giuda, che tutto sarà perdonato dal Padre, se sarà chiesto perdono[3] con cuore sincero e contrito, umile e volonteroso di risurrezione nel bene?».

«Ma certi delitti non vanno perdonati. Non possono essere perdonati».

«Tu lo dici. E vero sarà perché così l’uomo vorrà. Ma in verità, oh! in verità ti dico che anche dopo il delitto dei delitti, se il colpevole corresse ai piedi del Padre — si chiama Padre per questo, o Giuda, ed è Padre di perfezione infinita — e piangendo lo supplicasse di perdonarlo, offrendosi all’espiazione, ma senza disperazione, il Padre gli darebbe modo di espiare per meritarsi il perdono e salvarsi lo spirito».

69.3

«Allora Tu dici che gli uomini che la Scrittura cita[4], e che si uccisero, fecero male».

«Non è lecito fare violenza ad alcuno, e neppure a se stesso. Fecero male. Nella loro relativa conoscenza del bene avranno, in certi casi, avuto ancor misericordia da Dio. Ma da quando il Verbo avrà chiarito ogni verità e dato forza agli spiriti col suo Spirito, da allora non sarà più perdonato a chi muore in disperazione. Né nell’attimo del particolare giudizio, né, dopo secoli di Geenna, nel Giudizio finale, né mai. Durezza di Dio questa? No: giustizia. Dio dirà: “Tu hai giudicato, tu, creatura dotata di ragione e di soprannaturale scienza, creata libera, da Me, di seguire il sentiero da te scelto, e hai detto: ‘Dio non mi perdona. Sono separato per sempre da Lui. Giudico che devo di mio applicarmi giustizia per il mio delitto. Esco dalla vita per fuggire dai rimorsi’, senza pensare che i rimorsi non ti avrebbero più raggiunto se tu fossi venuto sul mio paterno seno. E, come hai giudicato, abbiti. Io non violento la libertà che ti ho data”. Questo dirà l’Eterno al suicida. Pensalo, Giuda. La vita è un dono e va amata. Ma che dono è? Dono santo. E allora la si ami santamente. La vita dura finché la carne regge. Poi comincia la grande Vita, l’eterna Vita. Di beatitudine per i giusti, di maledizione per i non giusti. La vita è scopo o è mezzo? È mezzo. Serve per il fine che è l’eternità. E allora diamo alla vita quel tanto che le serva per durare e servire lo spirito nella sua conquista. Continenza della carne in tutti i suoi appetiti, in tutti. Continenza della mente in tutti i suoi desideri, in tutti. Continenza del cuore in tutte le passioni che sanno di umano. Illimitato, invece, sia lo slancio verso le passioni che sono del Cielo: amore di Dio e di prossimo, volontà di servire Dio e prossimo, ubbidienza alla Parola divina, eroismo nel bene e nella virtù.

69.4

Io ti ho risposto, Giuda. Ne sei persuaso? Ti basta la spiegazione? Sii sempre sincero e chiedi, se non sai ancora abbastanza: sono qui per esser Maestro».

«Ho compreso e mi basta. Ma… è molto difficile fare ciò che ho compreso. Tu lo puoi perché sei santo. Ma io… Sono un uomo, giovane, pieno di vitalità…».

«Sono venuto per gli uomini, Giuda. Non per gli angeli. Quelli non hanno bisogno di maestro. Vedono Dio. Vivono nel suo Paradiso. Non ignorano le passioni degli uomini, perché l’Intelligenza, che è loro Vita, li fa cogniti di tutto, anche quelli che non sono custodi di un uomo. Ma, spirituali come sono, non possono avere che un peccato, come uno lo ebbe di loro, e seco trascinò i meno forti nella carità: la superbia, freccia che deturpò Lucifero, il più bello degli arcangeli, e ne fece il mostro orripellente dell’Abisso. Non sono venuto per gli angeli, i quali, dopo la caduta di Lucifero, inorridiscono anche solo alla larva di un pensiero d’orgoglio. Ma sono venuto per gli uomini. Per fare, degli uomini, degli angeli. L’uomo era la perfezione del creato. Aveva dell’angelo lo spirito e dell’animale la completa bellezza in tutte le sue parti animali e morali. Non vi era creatura che l’eguagliasse. Era il re della Terra, come Dio è il Re del Cielo, e un giorno, quel giorno in cui si sarebbe addormentato l’ultima volta sulla Terra, sarebbe divenuto re col Padre nel Cielo. Satana ha strappato le ali all’angelo-uomo e vi ha messo artigli di fiera e brame di immondezza e ne ha fatto un che ha più nome di uomo-demone che di uomo soltanto. Io voglio cancellare la deturpazione di Satana, annullare la fame corrotta della carne inquinata, rendere le ali all’uomo, riportarlo ad essere re, coerede del Padre e del celeste Regno. So che l’uomo, se vuole volerlo, può fare quanto Io dico per tornare re e angelo. Non vi direi cose che non potreste fare. Non sono uno dei retori che predicano dottrine impossibili.

69.5

Ho preso vera carne per poter sapere, per esperienza di carne, quali sono le tentazioni dell’uomo».

«E i peccati?».

«Tentati, tutti lo possono essere. Peccatori, solo chi vuole esserlo».

«Non hai mai peccato, Gesù?».

«Non ho mai voluto peccare. E questo non perché sono il Figlio del Padre. Ma questo ho voluto e vorrò per mostrare all’uomo che il Figlio dell’uomo non peccò perché non volle peccare e che l’uomo, se non vuole, può non peccare».

«Sei stato mai in tentazione?».

«Ho trent’anni, Giuda. E non sono vissuto in una spelonca su un monte. Ma fra gli uomini. E, anche fossi stato nel più solitario luogo della Terra, credi tu che le tentazioni non sarebbero venute? Tutto abbiamo in noi: il bene e il male. Tutto portiamo con noi[5]. E sul bene ventila il soffio di Dio e lo avviva come turibolo di graditi e sacri incensi. E sul male soffia Satana e lo accende in rogo di feroce vampa. Ma la volontà attenta e la preghiera costante sono umida rena sulla vampa d’inferno: la soffoca e doma».

«Ma se non hai mai peccato, come puoi giudicare i peccatori?».

«Sono uomo e sono il Figlio di Dio. Quanto potrei ignorare come uomo, e mal giudicare, conosco e giudico come Figlio di Dio. E del resto!… Giuda, rispondi a questa mia domanda: uno che ha fame, soffre più nel dire “ora mi siedo al desco”, o nel dire “non vi è cibo per me”?».

«Soffre di più nel secondo caso, perché solo il sapere che ne è privo gli riporta l’odore delle vivande, e le viscere si torcono nella voglia».

«Ecco, la tentazione è mordente come questa voglia, Giuda. Satana la rende più acuta, esatta, seducente di ogni atto compiuto. Inoltre l’atto soddisfa e talora nausea, mentre la tentazio­ne non cade ma, come albero potato, getta più robusta fronda».

«E non hai mai ceduto?».

«Non ho mai ceduto».

«Come hai potuto?».

«Ho detto: “Padre, non mi indurre in tentazione”».

«Come? Tu, Messia, Tu che operi miracoli, hai chiesto l’aiuto del Padre?».

«Non solo l’aiuto, gli ho chiesto di non indurmi in tentazione. Credi tu che, perché Io sono Io, possa fare a meno del Padre? Oh! no! In verità ti dico che tutto il Padre concede al Figlio, ma che anche tutto il Figlio riceve dal Padre. E ti dico che tutto quanto sarà chiesto in mio nome al Padre verrà concesso.

69.6

Ma eccoci al Get-Sammì, dove Io abito. Già se ne vedono i primi ulivi oltre le mura. Tu stai oltre Tofet. Già scende la sera. Non ti conviene salire sin là. Ci rivedremo domani allo stesso posto. Addio. La pace sia con te».

«La pace a Te pure, Maestro… Ma vorrei dirti ancora una cosa. Ti accompagnerò sino al Cedron, poi tornerò indietro. Perché stai in quel luogo così umile? Sai, la gente guarda a tante cose. Non conosci nessuno in città che abbia una bella casa? Io, se vuoi, posso portarti da amici. Ti ospiteranno per amicizia a me; e sarebbero dimore di Te più degne».

«Lo credi? Io non lo credo. Il degno e l’indegno sono in tutti i ceti. E senza mancare di carità, ma per non offendere giustizia, ti dico che l’indegno, e maliziosamente indegno, è sovente fra i grandi. Non occorre e non serve esser potenti per esser buoni o per nascondere il peccare agli occhi di Dio. Tutto deve capovolgersi sotto il mio segno. E grande non sarà chi è potente, ma chi è umile e santo».

«Ma per essere rispettato, per imporsi…».

«È rispettato Erode? E Cesare è rispettato? No. Sono subìti e maledetti dalle labbra e dai cuori. Sui buoni, o anche solamente nei volonterosi di bontà, credi, Giuda, che saprò impormi più con la modestia che con l’imponenza».

«Ma allora… spregierai sempre i potenti? Te ne farai dei nemici! Io pensavo parlare di Te a molti che conosco e che hanno un nome…».

«Io non spregierò nessuno. Andrò ai poveri come ai ricchi, agli schiavi come ai re, ai puri come ai peccatori. Ma se sarò grato a chi darà pane e tetto alle mie fatiche, quale che sia il tetto e il cibo, darò sempre preferenza a ciò che è umile. I grandi hanno già tante gioie. I poveri non hanno che la retta coscienza, un amore fedele, dei figli, e il vedersi ascoltati dai più di loro. Io sarò curvo sempre sui poveri, gli afflitti e i peccatori. Io ti ringrazio del tuo buon volere. Ma lasciami a questo luogo di pace e preghiera. Va’. E Dio ti ispiri ciò che è bene».

Gesù lascia il discepolo e si interna fra gli ulivi, e ogni cosa finisce.


Notes

  1. dit en : Qo 1, 1-2 ; 12, 8.13.
  2. cités, par exemple en : Jg 9, 54 ; 1 S 31, 4-5 ; 2 S 17, 23 ; 1 R 16, 18 ; 2 M 14, 41-46.
  3. Nous avons tout en nous : le bien et le mal. Nous portons tout en nous. Ces affirmations sont exactes quand elles s’appliquent à la condition humaine en général. Néanmoins, Maria Valtorta les a corrigées, sur une copie dactylographiée, d’une manière qui semble plus adaptée à la double nature humaine et divine de celui qui parle : Autour de nous, nous avons tout : le bien et le mal. Nous pouvons tout accueillir en nous.

Note

  1. nelle sue prepotenze è un’aggiunta di MV su una copia dattiloscritta.
  2. disse, in: Qoèlet 1, 1-2; 12, 8.13.
  3. perdono è un’aggiunta di MV su una copia dattiloscritta.
  4. cita, per esempio in: Giudici 9, 54; 1 Samuele 31, 4-5; 2 Samuele 17, 23; 1 Re 16, 18; 2 Maccabei 14, 41-46.
  5. Tutto abbiamo in noi: il bene e il male. Tutto portiamo con noi. Queste affermazioni, esatte in quanto riferite alla condizione umana in genere, trovano una giustificazione verso la fine del lungo “dettato” del 18 febbraio 1947, che è nel volume “I quaderni del 1945-1950”. Tuttavia MV le ha corrette, su una copia dattiloscritta, nella seguente forma, che sembra più consona alla natura umano-divina di Colui che parla: Tutto abbiamo intorno a noi: il bene e il male. Tutto possiamo accogliere in noi.