Gli Scritti di Maria Valtorta

90. L’arrivée des disciples et des bergers à Nazareth.

90. L’arrivo dei discepoli e dei pastori a Nazareth.

90.1

Je vois Marie qui, déchaussée et vive, va et vient dans la petite maison aux premières heures du jour. Dans son vêtement d’un bleu tendre, on dirait un gentil papillon qui effleure sans bruit murs et objets. Elle s’approche de la porte qui donne sur la route, l’ouvre en veillant à ne pas faire de bruit, puis la laisse entrouverte après avoir donné un coup œil sur le chemin encore désert. Elle remet de l’ordre, ouvre portes et fenêtres, entre dans l’atelier désormais abandonné par Joseph le menuisier et où se trouvent les métiers de Marie. Là aussi, elle s’active. Elle recouvre avec soin une toile en cours de tissage et sourit à une de ses pensées en la regardant.

Elle sort dans le jardin. Les colombes s’assemblent sur ses épaules. Elles volettent d’une épaule à l’autre pour avoir la meil­leure place, querelleuses et jalouses par amour de leur maîtresse, et elles l’accompagnent jusqu’à une cabane où se trouvent les provisions. Elle y prend du grain pour elles et dit :

« Ici, aujourd’hui c’est ici. Ne faites pas de bruit. Il est si fatigué ! »

Puis elle mesure de la farine et va dans une petite pièce près du four. Elle se met à faire le pain et le pétrit, le sourire aux lèvres. Ah, comme elle sourit, aujourd’hui, la Vierge ! On dirait la toute jeune Mère de la Nativité, tellement la joie la rajeunit. Elle enlève un peu de pâte qu’elle met de côté en la couvrant, puis reprend son travail ; cela lui donne chaud ; ses cheveux sont devenus plus clairs à cause d’une mince couche de farine.

90.2

Marie, femme d’Alphée, entre tout doucement :

« Déjà au travail ?

– Oui, je fais le pain et, regarde, les galettes au miel qu’il aime tellement.

– Occupe-toi d’elles. Il y a beaucoup de pâte pour le pain. Je vais te la pétrir. »

Marie, femme d’Alphée, robuste et d’allure plus populaire, pétrit énergiquement son pain, tandis que Marie mélange miel et beurre pour ses gâteaux et en fait des petits ronds qu’elle dépose sur une plaque.

« Je ne sais comment faire pour prévenir Jude… Jacques n’ose pas… et les autres… »

Marie, femme d’Alphée, soupire.

« Aujourd’hui viendra Simon Pierre. Il vient toujours le surlendemain du sabbat avec du poisson. Nous l’enverrons trouver Jude.

– S’il veut bien y aller…

– Oh ! Simon ne me dit jamais non.

90.3

– Que la paix soit sur votre journée » dit Jésus, en apparaissant. Les deux femmes sursautent au son de sa voix.

« Déjà levé ? Pourquoi ? Je voulais que tu dormes…

– J’ai dormi d’un sommeil d’enfant, Maman. C’est toi qui n’as pas dû dormir…

– Je t’ai regardé dormir… C’est ce que je faisais quand tu étais bébé. En dormant, tu souriais toujours… et toute la journée ton sourire me restait comme une perle sur le cœur… Mais, cette nuit, tu ne souriais pas, mon Fils. Tu soupirais comme lorsqu’on est affligé… »

Marie le regarde avec tristesse.

« J’étais fatigué, Maman. Et le monde n’est pas cette maison où tout est honnêteté et amour. Toi… toi, tu sais qui je suis et tu peux comprendre ce qu’est pour moi le contact avec le monde. C’est comme un homme qui marche sur une route puante et boueuse. Même s’il fait attention, un peu de boue rejaillit sur lui, et la puanteur pénètre même s’il essaie de ne pas respirer… et si cet homme aime la propreté et l’air pur, tu peux imaginer combien cela lui est désagréable…

– Oui, mon Fils. Je comprends. Mais cela me fait de la peine que tu souffres…

– En ce moment, je suis avec toi et je ne souffre pas. C’est le souvenir… mais il sert à rendre plus belle ma joie d’être avec toi. »

Jésus se penche pour donner un baiser à sa Mère.

Il caresse aussi l’autre Marie, qui rentre, toute rouge d’avoir allumé le four.

« Il faudra prévenir Jude. »

C’est la préoccupation de Marie, femme d’Alphée.

« Ce ne sera pas nécessaire, Jude sera ici, aujourd’hui.

– Comment le sais-tu ? »

Jésus sourit et se tait.

« Mon Fils, toutes les semaines, ce jour-là, Simon Pierre vient. Il veut m’apporter du poisson pêché au petit matin et il arrive à la fin de la première heure. Il va être heureux, aujourd’hui ! Il est bon, Simon. Pendant le temps qu’il reste, il nous aide. N’est-ce pas, Marie ?

– Simon-Pierre est un homme honnête et bon, dit Jésus. Mais l’autre Simon aussi, que tu vas voir sous peu, est un grand cœur. Je vais à leur rencontre. Ils vont arriver. »

Jésus sort, pendant que les femmes, une fois le pain enfourné, rentrent à la maison où Marie remet ses sandales et d’où elle revient avec un vêtement de lin tout blanc.

Il se passe quelque temps et, pendant l’attente, Marie, femme d’Alphée, dit :

« Tu n’as pas fini ce travail à temps.

– Je l’aurai vite fini. Et mon Jésus y trouvera quelque fraîcheur sans avoir un poids sur la tête. »

90.4

On pousse la porte du dehors.

« Maman, voici mes amis. Entrez. »

Les disciples et les bergers entrent en groupe. Jésus a les mains sur les épaules des deux bergers et les conduit à sa Mère :

« Voici deux fils qui cherchent une mère. Sois leur joie, Femme !

– Je vous salue… Tu es ?… Lévi… et toi ? Je ne sais, mais d’après ton âge, à ce qu’il m’a dit, tu es sûrement Joseph. Ce nom est doux et sacré dans cette maison. Viens, venez. C’est avec joie que je vous dis : ma maison vous accueille et une mère vous embrasse en souvenir de l’amour que vous – et toi par ton père – avez montré à mon bébé. »

C’est pour les bergers un enchantement, une extase.

« Je suis Marie, oui. Tu as vu la Mère heureuse. Je suis toujours celle-là. Heureuse, maintenant aussi de voir mon Fils parmi des cœurs fidèles.

– Et voici Simon, Maman.

– Tu as mérité la grâce parce que tu es bon. Je le sais. Que la grâce de Dieu soit toujours avec toi. »

Simon, plus au fait des usages du monde, se courbe jusqu’à terre et, tenant les bras croisés sur la poitrine, il salue :

« Je te salue, vraie Mère de la Grâce, et je ne demande pas autre chose à l’Eternel, maintenant que je connais la Lumière et toi, son reflet plus doux que celui de la lune.

– Voilà maintenant Judas de Kérioth.

– J’ai une mère, mais mon amour pour elle se voile devant la vénération que j’éprouve pour toi.

– Non, pas pour moi. Pour Lui. Je suis parce que lui, il est. Je ne veux rien pour moi. C’est seulement pour lui que je demande. Je sais comme tu as honoré mon Fils dans ta patrie. Mais j’ajoute : que le lieu où il reçoit de toi le suprême honneur soit ton cœur. Alors, je te bénirai d’un cœur de mère.

– Mon cœur est sous le talon de ton Fils. Heureuse soumission ! La mort seule rompra ma fidélité.

– Et celui-ci, c’est notre Jean, Maman.

– J’ai été tranquille dès que je t’ai su auprès de Jésus. Je te connais et j’ai l’esprit rassuré depuis que je te sais avec mon Fils. Sois béni, mon repos. »

Elle l’embrasse.

90.5

La voix rauque de Pierre se fait entendre de dehors :

« Voici le pauvre Simon qui apporte ses salutations et… »

Il est entré et est resté pétrifié.

Mais ensuite, il lance à terre le panier rond qu’il portait sur le dos et se jette lui-même par terre en disant :

« Ah ! Seigneur éternel ! Mais… Non, tu n’aurais pas dû me faire cela, Maître ! Etre ici… et ne rien faire savoir au pauvre Simon ! Que Dieu te bénisse, Maître ! Ah, comme je suis heureux ! Je n’en pouvais plus de rester sans toi ! »

Et il lui caresse la main, sans écouter Jésus qui lui dit :

« Relève-toi, Simon. Relève-toi donc !

– Je me lève, oui. Pourtant… Dis donc, toi, mon garçon ! (Le garçon, c’est Jean). Toi, au moins, tu pouvais courir m’avertir ! Maintenant, file tout de suite à Capharnaüm, pour l’apprendre aux autres… et d’abord dans la maison de Jude. Ton fils va arriver, femme. Vite ! Imagine-toi que tu es un lièvre avec des chiens à tes trousses. »

Jean part en riant.

Pierre s’est enfin relevé. Dans ses courtes et grosses mains aux veines saillantes, il continue à tenir la longue main de Jésus et la baise sans la lâcher, bien qu’il veuille donner son poisson qui est à terre, dans le panier.

« Non ! Je ne veux pas que tu t’en ailles une autre fois sans moi. Jamais plus, jamais plus autant de temps sans te voir ! Je te suivrai comme l’ombre suit le corps et comme le filin suit l’ancre. Où es-tu allé, Maître ? Je me disais : “ Où est-il ? Que fait-il ? Cet enfant qu’est Jean saura-t-il le soigner ? Veillera-t-il à ce qu’il ne se fatigue pas trop ? Qu’il ne reste pas sans manger ? ” Ah, je te connais bien !… Tu es plus maigre ! Oui, plus maigre. Il ne t’a pas bien soigné ! Je lui dirai que… Mais où es-tu allé, Maître ? Tu ne me dis rien !

– J’attends que tu me laisses parler !

– C’est vrai. Mais… ah ! Te voir, c’est comme du vin nouveau. Rien que l’odeur monte à la tête. Oh ! Mon Jésus ! »

Pierre en pleure presque de joie.

« Moi aussi, j’ai éprouvé le désir de ta présence, de votre présence à tous, même quand je me trouvais avec des amis très chers.

90.6

Voilà, Pierre. Voici deux hommes qui m’ont aimé quand je n’avais encore que quelques heures. Plus encore : ils ont déjà souffert pour moi. Ici, c’est un fils qui, à cause de moi, n’a plus ni père ni mère. Mais il a plein de frères en vous tous, n’est-ce pas ?

– Tu le demandes, Maître ? Mais si, par quelque hasard, le Démon t’aimait, je l’aimerais à cause de son amour pour toi. Vous êtes pauvres, vous aussi, je le vois. Alors nous sommes pareils. Venez que je vous embrasse. Je suis pêcheur, mais j’ai le cœur plus tendre qu’un pigeonneau. Et puis sincère. Ne faites pas attention si je suis rude. La rudesse est au-dehors. A l’intérieur, c’est tout miel et beurre. Avec les bons pourtant… car avec les méchants…

– Celui-ci, c’est le nouveau disciple.

– Il me semble l’avoir déjà vu…

– Oui, c’est Judas et, grâce à lui, Jésus fut bien accueilli dans sa ville. Je vous prie de vous aimer, même si vous êtes de régions différentes. Vous êtes tous frères dans le Seigneur.

– C’est en frère que je le traiterai, s’il l’est lui aussi. Et… oui… (Pierre regarde fixement Judas, d’un regard ouvert qui semble donner un avertissement) et… oui… il vaut mieux que je le dise, pour que tu me connaisses bien tout de suite. Je l’avoue : je n’ai guère d’estime pour les Judéens en général, et les habitants de Jérusalem en particulier. Mais je suis honnête, et tu peux te fier à mon honnêteté : je mets de côté toutes les idées que j’ai sur vous et je ne veux voir en toi qu’un disciple fraternel. Maintenant, c’est à toi de ne pas me faire changer d’idée et de conduite.

– tu as de ces préjugés envers moi aussi, Simon ? demande Simon le Zélote en souriant.

– Oh, je ne t’avais pas vu ! Avec toi ? Ah non ! Pas avec toi. L’honnêteté se lit sur ton visage. La bonté suinte de ton cœur comme une huile odorante à travers un vase poreux. Qui plus est, tu es âgé. Ce n’est pas toujours une qualité. Parfois, plus on vieillit, plus on devient faux et méchant. Mais tu es de ceux qui se comportent comme des vins de qualité. Plus ils vieillissent et plus ils se purifient et se bonifient.

– Tu as bien jugé, Pierre, dit Jésus.

90.7

Maintenant venez. Pendant que les femmes travaillent pour nous, faisons une halte sous la tonnelle fraîche. Comme il est beau d’être avec ses amis ! Nous irons ensuite, tous ensemble, parcourir la Galilée et même plus loin. Ou plutôt, pas tous. Lévi, maintenant qu’il est satisfait, retournera auprès d’Elie pour lui dire que Marie le salue. N’est-ce pas, Maman ?

– Que je le bénis, tout comme Isaac et les autres. Mon Fils m’a promis de m’emmener avec lui… et je viendrai chez vous, les premiers amis de mon bébé.

– Maître, je voudrais que Lévi porte à Lazare le document que tu sais.

– Prépare-le, Simon. Aujourd’hui, c’est fête. Demain soir, Lévi partira, à temps pour arriver avant le sabbat. Venez, mes amis… »

Ils sortent dans le jardin tout vert, et tout prend fin.

90.1

Vedo Maria che, scalza e solerte, va e viene per la sua casetta alle prime luci del giorno. Nella sua veste di un azzurro tenue pare una gentile farfalla che sfiori senza rumore pareti e oggetti. Si accosta alla porta che dà sulla strada e l’apre con cura di non fare rumore; la lascia socchiusa, dopo aver dato un’occhiata sulla via ancora deserta. Riordina, apre porte e finestre, entra nel laboratorio dove, ora che è abbandonato dal Legnaiuolo, sono i telai di Maria, e anche lì si dà da fare. Copre con cura uno dei telai, su cui è una tessitura iniziata, e sorride ad un suo pensiero nel guardarla.

Esce nell’orto. I colombi le si affollano sulle spalle. E con voli brevi, da una spalla all’altra, per avere il posto migliore, rissosi e gelosi per amore di Lei, l’accompagnano sino ad un ripostiglio dove sono provviste di cibarie. Ella ne trae grani per loro e dice: «Qui, oggi qui. Non fate rumore. È tanto stanco!».

E poi prende farina e va in una stanzetta presso il forno e si pone a fare il pane. Lo impasta e sorride. Oh! come sorride oggi, la Mamma. Pare la giovinetta Madre della Natività, tanto è ringiovanita dalla gioia. Dalla pasta del pane ne leva un mucchio e lo pone da parte, coprendolo, e poi ripiglia il lavoro, accaldandosi, coi capelli resi più chiari da una lieve incipriatura di farina.

90.2

Entra piano Maria d’Alfeo. «Già al lavoro?».

«Sì. Faccio il pane e, guarda, le focacce di miele che a Lui piacciono tanto».

«Fa’ quelle. La pasta del pane è tanta. Te la lavoro io».

Maria d’Alfeo, robusta e più popolana, lavora con lena al suo pane, mentre Maria intride miele e burro nei suoi dolci e ne fa tanti tondi che pone su una lastra.

«Non so come fare ad avvisare Giuda… Giacomo non osa…

e gli altri…». Maria d’Alfeo sospira.

«Oggi verrà Simon Pietro. Viene sempre il secondo giorno dopo il sabato, col pesce. Manderemo lui da Giuda».

«Se vorrà andare…».

«Oh! Simone non mi dice mai di no».

90.3

«La pace su questo vostro giorno», dice Gesù apparendo.

Le due donne sobbalzano alla voce di Lui.

«Già alzato? Perché? Volevo Tu dormissi…».

«Ho dormito un sonno da cuna, Mamma. Tu non devi aver dormito…».

«Ti ho guardato dormire… Facevo sempre così quando eri piccino. Nel sonno sorridevi sempre… e quel tuo sorriso mi restava per tutto il giorno in cuore come una perla… Ma questa notte non sorridevi, Figlio. Sospiravi come chi è afflitto…». Maria se lo guarda con struggimento.

«Ero stanco, Mamma. E il mondo non è questa casa dove tutto è onestà e amore. Tu… tu sai Chi sono e puoi capire cosa è per Me il contatto col mondo. È come chi cammina su una strada fetida e motosa. Anche se è attento, un poco di fango lo spruzza, e il fetore penetra anche se egli si sforza di non respirare… e se costui è uomo che ama ciò che è lindura e aria pura, puoi pensare se ciò gli fa noia…».

«Sì, Figlio. Io capisco. Ma mi fa pena che Tu soffra…».

«Ora sono con te e non soffro. C’è il ricordo… Ma serve a fare più bella la gioia d’esser con te». E Gesù si china a baciare la Mamma.

Carezza anche l’altra Maria, che entra tutta rossa per avere acceso il forno. «Bisognerà avvisare Giuda», è la preoccupazione di Maria d’Alfeo.

«Non occorre. Giuda sarà qui, oggi».

«Come lo sai?».

Gesù sorride e tace.

«Figlio, tutte le settimane, in questo giorno, viene Simon Pietro. Mi vuole portare il pesce pescato nelle prime vigilie. E giunge verso il finire dell’ora di prima. Sarà felice, oggi. È buono Simone. Nelle ore che resta, ci aiuta. Vero, Maria?».

«Simon Pietro è un onesto e un buono», dice Gesù. «Ma anche l’altro Simone, che fra poco vedrai, è un grande cuore. Vado loro incontro. Staranno per venire».

E Gesù esce, mentre le donne, infornato il pane, tornano in casa, dove Maria si rimette i sandali e torna con una veste di lino tutta candida.

Passa qualche tempo e, nell’attesa, Maria d’Alfeo dice: «Non hai fatto in tempo a finire quel lavoro».

«Lo finirò presto. E il mio Gesù ne avrà refrigerio d’ombra senza averne gravato il capo».

90.4

La porta viene spinta dal di fuori. «Mamma, ecco i miei amici. Entrate».

Entrano in gruppo i discepoli e i pastori. Gesù tiene per le spalle i due pastori e li guida alla Madre: «Ecco due figli che cercano una madre. Sii la loro gioia, Donna».

«Io vi saluto… Tu?… Levi… tu? Non so, ma per l’età, Egli mi ha detto, sei certo Giuseppe. Quel nome è dolce e sacro qui dentro. Vieni, venite. Con gioia vi dico: la mia casa vi accoglie e una Madre vi abbraccia, in ricordo di quanto voi, tu in tuo padre, avete avuto di amore per il mio Bambino».

I pastori sembrano incantati, tanto sono estatici.

«Sono Maria, sì. Tu hai visto la Madre felice. Sono sempre quella. Anche ora felice di vedere il Figlio mio fra cuori fedeli».

«E questo è Simone, Mamma».

«Tu hai meritato la grazia perché sei buono. Lo so. E la Grazia di Dio sia sempre con te».

Simone, più esperto degli usi del mondo, si inchina fino a terra, tenendo le braccia incrociate sul petto, e saluta: «Ti saluto, Madre vera della Grazia, e altro non chiedo all’Eterno, ora che conosco la Luce e te, più di luna soave».

«E questo è Giuda di Keriot».

«Ho una madre, ma il mio amore per lei scompare rispetto alla venerazione che sento per te».

«No. Non per me. Per Lui. Io sono perché Egli è. Né nulla per me voglio. Ma solo per Lui chiedo. So quanto hai onorato il Figlio mio nella tua patria. Ma ancora ti dico: sia il tuo cuore il luogo in cui Egli riceve da te il sommo onore. Allora io ti benedirò con cuore di Madre».

«Il mio cuore è sotto il calcagno del Figlio tuo. Felice oppressione. La morte sola scioglierà la mia fedeltà».

«E questo è il nostro Giovanni, Mamma».

«Ero tranquilla da quando sapevo che tu eri presso Gesù. Ti conosco e riposo nello spirito quando ti so col Figlio mio. Sii benedetto, mia quiete». Lo bacia.

90.5

La voce aspra di Pietro si fa udire da fuori: «Ecco il povero Simone che porta il suo saluto e…».

È entrato ed è rimasto di stucco. Ma poi getta per terra il paniere rotondo, che aveva penzoloni sulla schiena, e si getta giù anche lui dicendo: «Ah! Signore eterno! Però… No, questa non me la dovevi fare, Maestro! Esser qui… e non far sapere niente al povero Simone! Dio ti benedica, Maestro! Ah! come sono felice! Non ne potevo più di stare senza di Te!», e gli carezza la mano, senza dar retta a Gesù che gli dice: «Alzati, Simone. Ma alzati, dunque».

«Mi alzo, sì. Ma però… Ehi, tu, ragazzo! (il ragazzo è Giovanni) tu almeno potevi correre a dirmelo! Ora fila, subito. A Cafarnao, a dirlo agli altri… e prima in casa di Giuda. Sta per arrivare tuo figlio, donna. Svelto. Fa’ conto di essere una lepre che ha dietro i cani».

Giovanni parte ridendo.

Pietro si è infine alzato. Continua a tenere fra le sue corte, tozze mani dalle vene rilevate, la lunga mano di Gesù e lo bacia senza lasciarlo, nonostante voglia dare il suo pesce che è a terra, nel paniere. «Eh! no. Non voglio che Tu te ne vada un’altra volta senza di me. Mai più, mai più così tanto senza vederti! Ti seguirò come l’ombra segue il corpo e la corda l’ancora. Dove sei stato, Maestro? Io mi dicevo: “Oh! dove sarà? Che farà? E quel bambino di Giovanni saprà curarlo? Starà attento che non si stanchi troppo? Che non resti senza cibo?”. Eh! ti conosco!… Sei più magro! Sì. Più magro. Non ti ha curato bene! Gli dirò che… Ma dove sei stato, Maestro? Non mi dici nulla!».

«Aspetto che tu mi lasci parlare!».

«È vero. Ma… ah! vederti è come un vino nuovo. Va al capo solo con l’odore. Oh! il mio Gesù!». Pietro quasi piange per reazione di gioia.

«Anche Io ho sentito desiderio di te, di voi tutti, anche se ero con cari amici.

90.6

Ecco, Pietro. Questi sono due che mi hanno amato da quando ero di poche ore. Più ancora: hanno già sofferto per Me. Qui vi è un figlio senza padre né madre per causa mia. Ma ha tanti fratelli in voi tutti, non è vero?».

«Lo chiedi, Maestro? Ma se, per un caso, il Demonio ti amasse, lo amerei perché ti ama. Siete poveri anche voi, vedo. E allora siamo uguali. Venite che vi baci. Sono pescatore, ma ho il cuore più tenero di un piccioncino. E sincero. Non guardate se sono rude. Il duro è di fuori. Dentro sono tutto miele e burro. Coi buoni però… perché coi malvagi…».

«E questo è il nuovo discepolo».

«Mi pare di averlo già visto…».

«Sì. È Giuda di Keriot, e il tuo Gesù per mezzo suo ebbe buone accoglienze in quella città. Vi prego di amarvi, anche se di diversa regione. Siete tutti fratelli nel Signore».

«E come tale lo tratterò, se sarà proprio tale. E… sì… (Pietro guarda fisso Giuda, uno sguardo aperto e ammonitore) e… sì… è meglio che lo dica, così mi conosci subito, e bene. Lo dico: non ho molta stima dei giudei in genere e dei cittadini di Gerusalemme in particolare. Ma sono onesto. E sulla mia onestà ti assicuro che metto da parte tutte le idee che ho su voi e che voglio vedere in te solo il fratello discepolo. Ora a te a non farmi mutare pensiero e decisione».

«Anche con me, Simone, hai tali preconcetti?», chiede lo Zelote sorridendo.

«Oh! non ti avevo visto! Con te? Oh! con te, no. Hai l’onestà dipinta sul volto. Ti trasuda la bontà dal cuore all’esterno, come olio odorifero da vaso poroso. E sei anziano. Ciò non è sempre un merito. Delle volte più si invecchia, più si diventa falsi e cattivi. Ma tu sei di quelli che fanno come i vini pregiati. Più diventano vecchi e più si fanno schietti e buoni».

«Hai giudicato bene, Pietro», dice Gesù.

90.7

«Ora venite. Mentre le donne lavorano per noi, sostiamo sotto la pergola fresca. Come è bello stare con gli amici! Andremo poi tutti insieme per la Galilea e oltre. Ossia, tutti no. Levi, ora che è fatto contento, tornerà da Elia a dirgli che Maria lo saluta. Vero, Mamma?».

«Che lo benedico, e così Isacco e gli altri. Il Figlio mio mi ha promesso di condurmi seco… ed io verrò da voi, primi amici del mio Bambino».

«Maestro, vorrei che Levi portasse a Lazzaro lo scritto che sai».

«Preparalo, Simone. Oggi è festa piena. Domani sera Levi partirà. In tempo per giungere prima del sabato. Venite, amici…».

Escono nella verde ortaglia e tutto ha fine.