Los Escritos de Maria Valtorta

90. L’arrivée des disciples et des bergers à Nazareth.

90. La llegada a Nazaret

90.1

Je vois Marie qui, déchaussée et vive, va et vient dans la petite maison aux premières heures du jour. Dans son vêtement d’un bleu tendre, on dirait un gentil papillon qui effleure sans bruit murs et objets. Elle s’approche de la porte qui donne sur la route, l’ouvre en veillant à ne pas faire de bruit, puis la laisse entrouverte après avoir donné un coup œil sur le chemin encore désert. Elle remet de l’ordre, ouvre portes et fenêtres, entre dans l’atelier désormais abandonné par Joseph le menuisier et où se trouvent les métiers de Marie. Là aussi, elle s’active. Elle recouvre avec soin une toile en cours de tissage et sourit à une de ses pensées en la regardant.

Elle sort dans le jardin. Les colombes s’assemblent sur ses épaules. Elles volettent d’une épaule à l’autre pour avoir la meil­leure place, querelleuses et jalouses par amour de leur maîtresse, et elles l’accompagnent jusqu’à une cabane où se trouvent les provisions. Elle y prend du grain pour elles et dit :

« Ici, aujourd’hui c’est ici. Ne faites pas de bruit. Il est si fatigué ! »

Puis elle mesure de la farine et va dans une petite pièce près du four. Elle se met à faire le pain et le pétrit, le sourire aux lèvres. Ah, comme elle sourit, aujourd’hui, la Vierge ! On dirait la toute jeune Mère de la Nativité, tellement la joie la rajeunit. Elle enlève un peu de pâte qu’elle met de côté en la couvrant, puis reprend son travail ; cela lui donne chaud ; ses cheveux sont devenus plus clairs à cause d’une mince couche de farine.

90.2

Marie, femme d’Alphée, entre tout doucement :

« Déjà au travail ?

– Oui, je fais le pain et, regarde, les galettes au miel qu’il aime tellement.

– Occupe-toi d’elles. Il y a beaucoup de pâte pour le pain. Je vais te la pétrir. »

Marie, femme d’Alphée, robuste et d’allure plus populaire, pétrit énergiquement son pain, tandis que Marie mélange miel et beurre pour ses gâteaux et en fait des petits ronds qu’elle dépose sur une plaque.

« Je ne sais comment faire pour prévenir Jude… Jacques n’ose pas… et les autres… »

Marie, femme d’Alphée, soupire.

« Aujourd’hui viendra Simon Pierre. Il vient toujours le surlendemain du sabbat avec du poisson. Nous l’enverrons trouver Jude.

– S’il veut bien y aller…

– Oh ! Simon ne me dit jamais non.

90.3

– Que la paix soit sur votre journée » dit Jésus, en apparaissant. Les deux femmes sursautent au son de sa voix.

« Déjà levé ? Pourquoi ? Je voulais que tu dormes…

– J’ai dormi d’un sommeil d’enfant, Maman. C’est toi qui n’as pas dû dormir…

– Je t’ai regardé dormir… C’est ce que je faisais quand tu étais bébé. En dormant, tu souriais toujours… et toute la journée ton sourire me restait comme une perle sur le cœur… Mais, cette nuit, tu ne souriais pas, mon Fils. Tu soupirais comme lorsqu’on est affligé… »

Marie le regarde avec tristesse.

« J’étais fatigué, Maman. Et le monde n’est pas cette maison où tout est honnêteté et amour. Toi… toi, tu sais qui je suis et tu peux comprendre ce qu’est pour moi le contact avec le monde. C’est comme un homme qui marche sur une route puante et boueuse. Même s’il fait attention, un peu de boue rejaillit sur lui, et la puanteur pénètre même s’il essaie de ne pas respirer… et si cet homme aime la propreté et l’air pur, tu peux imaginer combien cela lui est désagréable…

– Oui, mon Fils. Je comprends. Mais cela me fait de la peine que tu souffres…

– En ce moment, je suis avec toi et je ne souffre pas. C’est le souvenir… mais il sert à rendre plus belle ma joie d’être avec toi. »

Jésus se penche pour donner un baiser à sa Mère.

Il caresse aussi l’autre Marie, qui rentre, toute rouge d’avoir allumé le four.

« Il faudra prévenir Jude. »

C’est la préoccupation de Marie, femme d’Alphée.

« Ce ne sera pas nécessaire, Jude sera ici, aujourd’hui.

– Comment le sais-tu ? »

Jésus sourit et se tait.

« Mon Fils, toutes les semaines, ce jour-là, Simon Pierre vient. Il veut m’apporter du poisson pêché au petit matin et il arrive à la fin de la première heure. Il va être heureux, aujourd’hui ! Il est bon, Simon. Pendant le temps qu’il reste, il nous aide. N’est-ce pas, Marie ?

– Simon-Pierre est un homme honnête et bon, dit Jésus. Mais l’autre Simon aussi, que tu vas voir sous peu, est un grand cœur. Je vais à leur rencontre. Ils vont arriver. »

Jésus sort, pendant que les femmes, une fois le pain enfourné, rentrent à la maison où Marie remet ses sandales et d’où elle revient avec un vêtement de lin tout blanc.

Il se passe quelque temps et, pendant l’attente, Marie, femme d’Alphée, dit :

« Tu n’as pas fini ce travail à temps.

– Je l’aurai vite fini. Et mon Jésus y trouvera quelque fraîcheur sans avoir un poids sur la tête. »

90.4

On pousse la porte du dehors.

« Maman, voici mes amis. Entrez. »

Les disciples et les bergers entrent en groupe. Jésus a les mains sur les épaules des deux bergers et les conduit à sa Mère :

« Voici deux fils qui cherchent une mère. Sois leur joie, Femme !

– Je vous salue… Tu es ?… Lévi… et toi ? Je ne sais, mais d’après ton âge, à ce qu’il m’a dit, tu es sûrement Joseph. Ce nom est doux et sacré dans cette maison. Viens, venez. C’est avec joie que je vous dis : ma maison vous accueille et une mère vous embrasse en souvenir de l’amour que vous – et toi par ton père – avez montré à mon bébé. »

C’est pour les bergers un enchantement, une extase.

« Je suis Marie, oui. Tu as vu la Mère heureuse. Je suis toujours celle-là. Heureuse, maintenant aussi de voir mon Fils parmi des cœurs fidèles.

– Et voici Simon, Maman.

– Tu as mérité la grâce parce que tu es bon. Je le sais. Que la grâce de Dieu soit toujours avec toi. »

Simon, plus au fait des usages du monde, se courbe jusqu’à terre et, tenant les bras croisés sur la poitrine, il salue :

« Je te salue, vraie Mère de la Grâce, et je ne demande pas autre chose à l’Eternel, maintenant que je connais la Lumière et toi, son reflet plus doux que celui de la lune.

– Voilà maintenant Judas de Kérioth.

– J’ai une mère, mais mon amour pour elle se voile devant la vénération que j’éprouve pour toi.

– Non, pas pour moi. Pour Lui. Je suis parce que lui, il est. Je ne veux rien pour moi. C’est seulement pour lui que je demande. Je sais comme tu as honoré mon Fils dans ta patrie. Mais j’ajoute : que le lieu où il reçoit de toi le suprême honneur soit ton cœur. Alors, je te bénirai d’un cœur de mère.

– Mon cœur est sous le talon de ton Fils. Heureuse soumission ! La mort seule rompra ma fidélité.

– Et celui-ci, c’est notre Jean, Maman.

– J’ai été tranquille dès que je t’ai su auprès de Jésus. Je te connais et j’ai l’esprit rassuré depuis que je te sais avec mon Fils. Sois béni, mon repos. »

Elle l’embrasse.

90.5

La voix rauque de Pierre se fait entendre de dehors :

« Voici le pauvre Simon qui apporte ses salutations et… »

Il est entré et est resté pétrifié.

Mais ensuite, il lance à terre le panier rond qu’il portait sur le dos et se jette lui-même par terre en disant :

« Ah ! Seigneur éternel ! Mais… Non, tu n’aurais pas dû me faire cela, Maître ! Etre ici… et ne rien faire savoir au pauvre Simon ! Que Dieu te bénisse, Maître ! Ah, comme je suis heureux ! Je n’en pouvais plus de rester sans toi ! »

Et il lui caresse la main, sans écouter Jésus qui lui dit :

« Relève-toi, Simon. Relève-toi donc !

– Je me lève, oui. Pourtant… Dis donc, toi, mon garçon ! (Le garçon, c’est Jean). Toi, au moins, tu pouvais courir m’avertir ! Maintenant, file tout de suite à Capharnaüm, pour l’apprendre aux autres… et d’abord dans la maison de Jude. Ton fils va arriver, femme. Vite ! Imagine-toi que tu es un lièvre avec des chiens à tes trousses. »

Jean part en riant.

Pierre s’est enfin relevé. Dans ses courtes et grosses mains aux veines saillantes, il continue à tenir la longue main de Jésus et la baise sans la lâcher, bien qu’il veuille donner son poisson qui est à terre, dans le panier.

« Non ! Je ne veux pas que tu t’en ailles une autre fois sans moi. Jamais plus, jamais plus autant de temps sans te voir ! Je te suivrai comme l’ombre suit le corps et comme le filin suit l’ancre. Où es-tu allé, Maître ? Je me disais : “ Où est-il ? Que fait-il ? Cet enfant qu’est Jean saura-t-il le soigner ? Veillera-t-il à ce qu’il ne se fatigue pas trop ? Qu’il ne reste pas sans manger ? ” Ah, je te connais bien !… Tu es plus maigre ! Oui, plus maigre. Il ne t’a pas bien soigné ! Je lui dirai que… Mais où es-tu allé, Maître ? Tu ne me dis rien !

– J’attends que tu me laisses parler !

– C’est vrai. Mais… ah ! Te voir, c’est comme du vin nouveau. Rien que l’odeur monte à la tête. Oh ! Mon Jésus ! »

Pierre en pleure presque de joie.

« Moi aussi, j’ai éprouvé le désir de ta présence, de votre présence à tous, même quand je me trouvais avec des amis très chers.

90.6

Voilà, Pierre. Voici deux hommes qui m’ont aimé quand je n’avais encore que quelques heures. Plus encore : ils ont déjà souffert pour moi. Ici, c’est un fils qui, à cause de moi, n’a plus ni père ni mère. Mais il a plein de frères en vous tous, n’est-ce pas ?

– Tu le demandes, Maître ? Mais si, par quelque hasard, le Démon t’aimait, je l’aimerais à cause de son amour pour toi. Vous êtes pauvres, vous aussi, je le vois. Alors nous sommes pareils. Venez que je vous embrasse. Je suis pêcheur, mais j’ai le cœur plus tendre qu’un pigeonneau. Et puis sincère. Ne faites pas attention si je suis rude. La rudesse est au-dehors. A l’intérieur, c’est tout miel et beurre. Avec les bons pourtant… car avec les méchants…

– Celui-ci, c’est le nouveau disciple.

– Il me semble l’avoir déjà vu…

– Oui, c’est Judas et, grâce à lui, Jésus fut bien accueilli dans sa ville. Je vous prie de vous aimer, même si vous êtes de régions différentes. Vous êtes tous frères dans le Seigneur.

– C’est en frère que je le traiterai, s’il l’est lui aussi. Et… oui… (Pierre regarde fixement Judas, d’un regard ouvert qui semble donner un avertissement) et… oui… il vaut mieux que je le dise, pour que tu me connaisses bien tout de suite. Je l’avoue : je n’ai guère d’estime pour les Judéens en général, et les habitants de Jérusalem en particulier. Mais je suis honnête, et tu peux te fier à mon honnêteté : je mets de côté toutes les idées que j’ai sur vous et je ne veux voir en toi qu’un disciple fraternel. Maintenant, c’est à toi de ne pas me faire changer d’idée et de conduite.

– tu as de ces préjugés envers moi aussi, Simon ? demande Simon le Zélote en souriant.

– Oh, je ne t’avais pas vu ! Avec toi ? Ah non ! Pas avec toi. L’honnêteté se lit sur ton visage. La bonté suinte de ton cœur comme une huile odorante à travers un vase poreux. Qui plus est, tu es âgé. Ce n’est pas toujours une qualité. Parfois, plus on vieillit, plus on devient faux et méchant. Mais tu es de ceux qui se comportent comme des vins de qualité. Plus ils vieillissent et plus ils se purifient et se bonifient.

– Tu as bien jugé, Pierre, dit Jésus.

90.7

Maintenant venez. Pendant que les femmes travaillent pour nous, faisons une halte sous la tonnelle fraîche. Comme il est beau d’être avec ses amis ! Nous irons ensuite, tous ensemble, parcourir la Galilée et même plus loin. Ou plutôt, pas tous. Lévi, maintenant qu’il est satisfait, retournera auprès d’Elie pour lui dire que Marie le salue. N’est-ce pas, Maman ?

– Que je le bénis, tout comme Isaac et les autres. Mon Fils m’a promis de m’emmener avec lui… et je viendrai chez vous, les premiers amis de mon bébé.

– Maître, je voudrais que Lévi porte à Lazare le document que tu sais.

– Prépare-le, Simon. Aujourd’hui, c’est fête. Demain soir, Lévi partira, à temps pour arriver avant le sabbat. Venez, mes amis… »

Ils sortent dans le jardin tout vert, et tout prend fin.

90.1

Veo a María que, descalza y diligente, con las primeras luces del día, va y viene por su casa. Con su vestido azul tenue parece una delicada mariposa que apenas roza, sin hacer ruido, paredes y objetos. Se acerca a la puerta que da a la calle y la abre cuidando de no hacer ruido; la deja entornada, después de haber dado una ojeada a la calle todavía desierta. Pone en orden las cosas, abre puertas y ventanas. Entra en el taller — en donde, ahora que lo ha dejado el Carpintero, están los telares de María — y también allí trajina; cubre con cuidado uno de los telares en que hay una tejedura comenzada, y sonríe por un pensamiento que le viene al mirarla.

Sale al huerto. Las palomas se le agolpan encima de los hombros. Con vuelos cortos, de un hombro al otro, para conseguir el mejor puesto, peleonas y celosas por amor a Ella, la acompañan hasta una alacena en la que hay provisiones. Saca unos granos para ellas y dice: «Aquí, hoy aquí. No hagáis ruido. ¡Está muy cansado!».

Luego coge harina y va a un cuartito que está junto al horno y se pone a hacer el pan. Lo amasa y sonríe. ¡Oh, como sonríe hoy la Mamá! Está tan rejuvenecida por la alegría, que parece la Madre jovencita de la Natividad. De la masa del pan aparta una cantitad, y la cubre; luego reprende el trabajo. Suda. Sus cabellos presentan un aspecto más claro debido a una sutil capa de polvo de harina.

90.2

Entra despacio María de Alfeo. «¿Ya trabajando?».

«Sí. Estoy haciendo el pan. Mira, las tortas de miel que le gustan tanto».

«Dedícate a ellas. Yo hago el pan, que es mucha la masa».

María de Alfeo, de complexión fuerte, más aldeana, trabaja con ahínco en su pan, mientras María unta de miel y mantequilla sus dulces; hace muchos de forma redondeada y los coloca en una plancha.

«No sé cómo hacer para avisar a Judas... Santiago no se atreve... y los otros…». — María de Alfeo suspira.

«Hoy vendrá Simón Pedro. Viene siempre con el pescado el segundo día después del sábado. Le mandaremos a él a donde Judas».

«Si quiere ir…».

«¡Oh, Simón nunca me dice que no!».

90.3

«Que la paz acompañe este día vuestro» dice Jesús, dejándose ver.

Las dos mujeres se sobresaltan al oír su voz.

«¿Ya levantado? ¿Por qué? Yo quería que durmieras…».

«He dormido un sueño de cuna, Mamá. Tú no debes haber dormido…».

«Te he estado viendo dormir... Siempre lo hacía cuando eras pequeño. En el sueño sonreías siempre... y tu sonrisa permanecía todo el día en mi corazón como una perla... Pero esta noche no sonreías, Hijo; suspirabas como si estuvieras afligido…». María mira a su Hijo con congoja.

«Estaba cansado, Mamá. Y el mundo no es esta casa, donde todo es honestidad y amor. Tú... tú sabes quién soy y puedes comprender lo que significa para mí el contacto con el mundo. Es como quien va por un camino fétido y fangoso; que, aunque camine con cuidado, un poco de lodo le salpica y el hedor penetra aunque se esfuerce en no respirar... Y si éste es hombre que ama todo lo que sea limpieza y aire puro, puedes hacerte una idea de la desazón que sentirá».

«Sí, Hijo. Comprendo. Pero me da mucha pena que sufras».

«Ahora estoy contigo y no sufro. Permanece el recuerdo... pero sirve para hacer más hermosa la alegría de estar contigo». Y Jesús se inclina hacia su Madre para besarla.

Acaricia también a la otra María, que entra toda roja porque ha estado encendiendo el horno.

«Habrá que avisar a Judas» — es la preocupación de María de Alfeo —.

«No hace falta. Judas estará aquí hoy».

«¿Cómo lo sabes?».

Jesús sonríe y calla.

«Hijo, todas las semanas, este día, viene Simón Pedro. Es deseo suyo traerme el pescado recogido durante las primeras vigilias de la noche. Llega hacia el final de la hora prima. Se sentirá feliz hoy. Simón es bueno. Durante las horas que está aquí nos ayuda, ¿verdad, María?».

«Simón Pedro es un hombre honesto y bueno» dice Jesús. «Pero también el otro Simón — que dentro de poco verás — es un corazón grande. Salgo a su encuentro; estarán ya para llegar».

Y Jesús sale, mientras las mujeres, colocado el pan en el horno, entran de nuevo en la casa. María se vuelve a poner las sandalias y torna con un vestido de lino todo cándido.

Pasa un tiempo, y, en la espera, María de Alfeo dice: «No te ha dado tiempo a terminar ese trabajo».

«Lo terminaré pronto. Le dará frescor de sombra a mi Jesús y será liviano sobre su cabeza».

90.4

Empujan la puerta desde fuera. «Mamá, he aquí a mis amigos. Entrad».

Entran en grupo los discípulos y los pastores. Jesús, con las manos sobre los hombros de los dos pastores, lleva a éstos hacia su Madre: «He aquí a dos hijos que buscan una madre. Sé su alegría, Mujer».

«Yo os saludo... ¿Tú?... Leví... ¿Tú?... no sé, pero por la edad — Él me ha puesto al corriente — eres sin duda José. Ese nombre es dulce y sagrado aquí dentro. Ven. Venid. Con alegría os digo: mi casa os acoge, una Madre os abraza, en recuerdo de cuanto vosotros — tú en tu padre — amasteis a mi Niño».

Los pastores están tan extáticos, que parecen bajo efecto de un encantamiento.

«Soy María, sí. Tú viste a la Madre feliz. Sigo siendo la misma; dichosa también ahora de ver a mi Hijo entre corazones fieles».

«Y éste es Simón, Mamá».

«Has merecido la gracia porque eres bueno; lo sé. La Gracia de Dios esté siempre contigo».

Simón, que conoce mejor los modos de la sociedad, hace una muy profunda reverencia, teniendo las manos cruzadas sobre el pecho, y saluda diciendo: «Te saludo, Madre verdadera de la Gracia. Ya no le pido nada más al Eterno, ahora que conozco la Luz y te conozco a ti, más delicada que la Luna».

«Y éste es Judas de Keriot».

«Tengo una madre, pero mi amor por ella desaparece respecto a la veneración que siento por ti».

«No, no por mí; por Él. Yo soy porque Él es. Y no quiero nada para mí. Sólo pido para Él. Sé cuánto has honrado a mi Hijo en tu patria. Pero aun así te digo: sea tu corazón el lugar en que Él reciba de ti el sumo honor. Entonces te bendeciré con corazón de Madre».

«Mi corazón está bajo el calcañar de tu Hijo. ¡Feliz peso! Sólo la muerte disolverá mi fidelidad».

«Y este es nuestro Juan, Mamá».

«Me sentía tranquila desde que supe que estabas con Jesús. Te conozco y mi espíritu reposa cuando sé que estás con mi Hijo. Bendito seas. Mi quietud». Le besa.

90.5

Se deja oír desde fuera la voz áspera de Pedro: «Aquí está el pobre Simón con su saludo y…».

En entrando, se queda de piedra. Arroja al suelo la cesta, redonda, que llevaba colgada a la espalda, y se arroja también él al suelo diciendo: «¡Señor Eterno! Pero... No. ¿Cómo me has hecho esto, Maestro? ¡Estar aquí y no decirle nada al pobre Simón! ¡Dios te bendiga, Maestro! ¡Qué feliz me siento! ¡Ya no soportaba tu ausencia!», y le acaricia la mano, sin hacer caso a Jesús, que le dice: «Levántate, Simón... ¡Que te alces!».

«Sí, me alzo. Pero... ¡Eh, tú, muchacho! (el muchacho es Juan) ¡Tú al menos podías haber venido corriendo a decírmelo! Ahora, ¡venga!, sal enseguida, a Cafarnaúm, a decírselo a los demás... primero a casa de Judas. Pronto estará aquí tu hijo, mujer. Rápido. Como si fueras una liebre perseguida por perros».

Juan se marcha risueño.

Pedro, por fin, se ha alzado. Sigue teniendo entre sus cortas, gruesas manos, de venas marcadas, la larga mano de Jesús y le besa sin dejarle, a pesar de que quiera entregar su pescado, que está en el suelo, en el cesto. «¡No quiero que te vayas otra vez sin mí! ¡Nunca más, nunca más, tanto tiempo sin verte! Te seguiré como la sombra sigue al cuerpo o la cuerda al ancla. ¿Dónde has estado, Maestro? Yo me decía: “¿Dónde estará?, ¿qué hará?, ¿ese niño de Juan sabrá tener cuidado de Él?, ¿estará atento a que no se canse demasiado, a que no se quede sin comida?” ¡Te conozco!... ¡Estás más delgado! Sí, más delgado. ¡No te ha cuidado bien! Le voy a decir que... Pero, ¿dónde has estado, Maestro? ¡No me dices nada!».

«¡Espero a que me dejes hablar!».

«Es verdad. Pero es que... verte es como un vino nuevo: se sube a la cabeza sólo con el olor. ¡Mi Jesús!». — Pedro casi llora por la reacción de la alegría —.

«Yo también he sentido deseo de ti, de todos vosotros, aunque estuviera entre amigos queridos.

90.6

Mira, Pedro, éstos son dos que me han amado desde que tenía pocas horas. Más aún, ya han sufrido por mí. Éste es un hijo sin padre ni madre, por causa mía; pero, en todos vosotros tiene muchos hermanos, ¿no es verdad?».

«¿Lo preguntas, Maestro? Pero si, si se diera el caso de que el demonio te amara, yo le amaría por su amor a ti. Veo que también vosotros sois pobres. Entonces somos iguales. Venid que os bese. Soy pescador, pero tengo el corazón más tierno que un pichón; y sincero. No miréis si soy rudo. Lo duro es por fuera; dentro soy todo miel y mantequilla. Con los buenos, quiero decir... porque con los malvados…».

«Éste es el nuevo discípulo».

«Me parece haberle visto ya…».

«Sí. Es Judas de Keriot. Tu Jesús, a través de él, recibió buena acogida en esa ciudad. Os ruego que os améis, aunque seáis de regiones distintas. Sois todos hermanos en el Señor».

«Como tal le trataré, si tal es. Y... sí... (Pedro mira fijo a Judas; una mirada abierta, de advertencia) y... sí... es mejor que lo diga; así me conoces ya bien desde ahora. Lo digo: no siento mucha estima hacia los judíos en general ni hacia los de Jerusalén en particular. Pero soy honesto. Y por mi honestidad te aseguro que dejo aparte todas las ideas que tengo acerca de vosotros y quiero ver en ti sólo al hermano discípulo. Depende de ti ahora el no hacerme cambiar de pensamiento y decisión».

«¿Conmigo también, Simón, tienes tales prejuicios?» pregunta el Zelote sonriendo.

«¡No te había visto! ¿Contigo? ¡Contigo no! Llevas la honestidad dibujada en el rostro. La bondad te rezuma desde el corazón hacia el exterior como oloroso aceite por un vaso poroso. Y eres anciano. Ello no es siempre una dote. Algunas veces, cuanto más envejece uno más falso y malo se vuelve. Pero tú eres de esos que hacen como los vinos preciados: cuanto más envejecen, más genuinos y buenos son».

«Has juzgado bien, Pedro» dice Jesús.

90.7

«Ahora venid. Las mujeres están ocupándose de nosotros, quedémonos mientras bajo la pérgola fresca. ¡Qué hermoso es estar con los amigos! Iremos luego todos juntos por Galilea, y más allá de Galilea; todos no. Leví, ahora, ya contento, volverá a donde Elías, a llevarle el saludo de María; ¿verdad, Mamá?».

«Yo le bendigo, y a Isaac y a los demás. Mi Hijo me ha prometido llevarme... y yo iré donde vosotros, los primeros amigos de mi Niño».

«Maestro, quisiera que Leví llevase a Lázaro el escrito que ya sabes».

«Prepáralo, Simón. Hoy es fiesta completa. Mañana por la tarde, Leví partirá, con tiempo para llegar antes del sábado. Venid, amigos…».

Salen al verde huerto y todo termina.