Gli Scritti di Maria Valtorta

97. L’appel de Matthieu.

97. La chiamata di Matteo.

97.1

Presque aussitôt après, je vois ce qui suit :

Encore la place du marché de Capharnaüm. Mais c’est à une heure plus chaude où le marché est déjà fini et il ne reste sur la place que des désœuvrés qui discutent et des enfants qui jouent.

Jésus, au milieu de son groupe, vient du lac vers la place, en caressant les enfants qui accourent à sa rencontre et en s’intéressant à leurs confidences.

Une petite fille lui montre une grande éraflure saignante sur son front et elle accuse son petit frère de la lui avoir faite.

« Pourquoi as-tu fait mal à ta sœur ? Ce n’est pas bien.

– Je ne l’ai pas fait exprès. Je voulais cueillir ces figues, et j’ai pris un bâton, mais il était trop lourd et il est tombé sur elle… Je les cueillais aussi pour elle.

– C’est vrai, Jeanne ?

– C’est vrai.

– Dans ce cas, tu vois bien que ton frère n’a pas voulu te faire du mal. Il voulait même te faire plaisir. Alors faites tout de suite la paix et donnez-vous un baiser. Les bons frères et même les bons enfants ne doivent jamais connaître la rancœur. Allons… »

En larmes, les deux enfants s’embrassent. Ils pleurent tous deux : l’une de la souffrance de l’égratignure, l’autre de la douleur d’avoir fait souffrir.

Jésus sourit devant ce baiser baigné de larmes.

« Voilà ! Maintenant, comme je vois que vous êtes sages, je vais vous cueillir des figues moi-même, et sans bâton. »

Je le crois bien ! Grand comme il est, avec ses longs bras, il y arrive sans peine. Il fait la cueillette et la distribution.

Une femme accourt :

« Prends, prends, Maître, je vais t’apporter du pain.

– Non, non, ce n’est pas pour moi. C’est pour Jeanne et Tobie. Ils en avaient envie.

– Et vous avez dérangé le Maître pour ça ? Ah ! Ils ne manquent pas de culot ! Pardonne-leur, Seigneur.

– Femme, c’était pour faire la paix… et je l’ai faite avec l’objet même du litige : les figues. Mais les enfants ne dérangent jamais. Les figues bien sucrées, c’est un plaisir pour eux, et ce qui fait mon plaisir à moi, c’est leur douce âme innocente. Elle m’enlève tant d’amertume…

– Maître… ce sont les seigneurs qui ne t’aiment pas, mais nous, le peuple, nous t’aimons bien. Eux, on les compte sur les doigts, alors que nous, nous sommes si nombreux !

– Je le sais, femme. Merci de ton réconfort. Que la paix soit avec toi. Adieu, Jeanne ! Adieu, Tobie ! Soyez gentils. Sans vous faire de mal et sans vous vouloir du mal, n’est-ce pas ?

– Oui, oui, Jésus » répondent les deux petits.

97.2

Jésus se met en route et dit en souriant :

« Maintenant que tout s’est apaisé grâce aux figues, allons à… Où pensez-vous que nous allons ? »

Les apôtres ne savent pas ; les uns indiquent un endroit, les autres proposent ailleurs. Jésus secoue toujours la tête et rit.

Pierre intervient :

« J’y renonce à moins que tu ne le dises… J’ai des idées noires aujourd’hui. Tu ne l’as pas vu, mais quand nous avons débarqué, Elie, le pharisien, était présent. Plus jaune encore que d’habitude. Et il nous regardait d’un air !

– Laisse-le donc regarder !

– Hé ! Bien obligé ! Mais je t’assure, Maître, que pour faire la paix avec celui-là, il faudra plus de deux figues !

– Qu’ai-je dit à la mère du petit Tobie ? “ J’ai fait la paix avec l’objet même du litige. ” De la même manière, je tâcherai de faire la paix avec les notables de Capharnaüm en leur témoignant du respect, puisque selon eux je les ai offensés. D’ailleurs, cela satisfera quelqu’un d’autre.

– Qui ? »

Jésus ne répond pas à cette question et poursuit :

« Je ne réussirai pas, probablement, car il leur manque la volonté de faire la paix. Mais écoutez-moi : dans toutes les disputes, si le plus prudent savait céder et ne pas s’acharner à vouloir avoir raison, s’il se montrait conciliant, quitte à partager en deux l’objet du litige – même si, je veux bien l’admettre, il est dans son bon droit –, ce serait mieux et plus saint. On ne nuit pas forcément par désir de nuire. Il arrive qu’on fasse du mal sans le vouloir. Pensez toujours à cela et pardonnez. Elie et les autres croient servir Dieu avec justice en agissant comme ils le font. Je chercherai, avec patience et constance, avec beaucoup d’humilité et de bonne grâce, à les persuader qu’un temps nouveau est venu et que Dieu veut désormais être servi d’après mon enseignement. La ruse de l’apôtre, c’est la bonne grâce, son arme la constance, le secret de la réussite, l’exemple et la prière pour ceux qu’il faut convertir. »

97.3

Ils sont arrivés sur la place. Jésus va tout droit au comptoir de la gabelle où Matthieu est en train de faire ses comptes et de vérifier les pièces de monnaie. Il les répartit par catégories en les mettant dans des sacs de diverses couleurs qu’il place dans un coffre de fer que deux serviteurs attendent de transporter autre part.

A peine l’ombre projetée par la grande taille de Jésus s’allonge-t-elle sur le comptoir que Matthieu lève la tête pour voir qui vient le payer en retard. Pierre tire alors Jésus par la manche pour lui dire :

« Il n’y a rien à payer, Maître. Que fais-tu ? »

Mais Jésus ne répond pas. Il fixe les yeux sur Matthieu, qui s’est levé immédiatement en signe de respect. Un second regard pénétrant. Mais ce n’est pas, comme l’autre fois, un regard de juge sévère. C’est un regard d’appel, un regard aimant, qui l’enveloppe, le pénètre d’amour. Matthieu rougit. Il ne sait que faire, que dire…

« Matthieu, fils d’Alphée, l’heure a sonné. Viens. Suis-moi, lui déclare Jésus majestueusement.

– Moi ? Maître, Seigneur ! Mais sais-tu qui je suis ? C’est pour toi, pas pour moi, que je le dis…

– Viens, suis-moi, Matthieu, fils d’Alphée, répète Jésus plus doucement.

– Ah ! Comment puis-je avoir trouvé grâce auprès de Dieu ? Moi… Moi…

– Matthieu, fils d’Alphée, j’ai lu dans ton cœur. Viens, suis-moi. »

Cette troisième invitation est une caresse.

« Oh ! Tout de suite, mon Seigneur ! »

En larmes, Matthieu sort de derrière le comptoir sans plus s’occuper de ramasser les pièces de monnaies éparses ou de fermer le coffre. Rien.

« Où allons-nous, Seigneur ? demande-t-il quand il est près de Jésus. Où me conduis-tu ?

– Chez toi. Veux-tu donner l’hospitalité au Fils de l’homme ?

– Oh !… mais… mais que vont dire ceux qui te haïssent ?

– Moi, j’écoute ce qu’on dit au Ciel, et j’entends : “ Gloire à Dieu pour un pécheur qui se sauve ! ” Et le Père dit : “ La miséricorde se lèvera éternellement dans les Cieux et se répandra sur la terre et puisque je t’aime d’un amour éternel, d’un amour parfait, je te fais miséricorde à toi aussi. ” Viens. Que par ma venue, ta maison, en plus de ton cœur, soit sanctifiée.

– Je l’ai déjà purifiée par l’espérance que j’avais dans l’âme… mais que ma raison ne pouvait croire vraie… Oh ! M’admettre dans la compagnie de tes saints… » et il regarde les disciples.

« Oui, avec mes amis. Venez. Je vous unis. Et soyez frères. »

Les disciples en sont tellement stupéfaits qu’ils n’ont toujours pas su que dire. Ils ont marché en groupe, derrière Jésus et Matthieu, sur la place tout ensoleillée et maintenant totalement déserte, par un bout de route qui brûle sous un soleil éblouissant. Il n’y a pas âme qui vive dans les rues, rien d’autre que le soleil et la poussière.

97.4

Ils entrent dans la maison. C’est une belle maison avec une large entrée qui donne sur la rue, et une jolie cour ombragée et fraîche, au-delà de laquelle on en voit une grande, organisée en jardin.

« Entre, mon Maître ! Apportez de l’eau et des boissons. »

Les serviteurs accourent avec tout ce qu’il faut. Matthieu sort pour donner des ordres, pendant que Jésus et les siens se rafraîchissent, puis il revient.

« Viens maintenant, Maître. La salle est plus fraîche… Des amis vont bientôt arriver… Ah ! Je veux que ce soit grande fête ! C’est ma régénération… C’est ma… ma véritable circoncision… Tu m’as circoncis le cœur par ton amour… Maître, cette fête sera la dernière… Désormais, plus de fêtes pour Matthieu le publicain. Du moins, plus de fêtes de ce monde… Seulement la fête intérieure d’être racheté et de te servir… d’être aimé de toi… J’ai tant pleuré, ces derniers mois… Cela fait presque trois mois que je pleure… Je ne savais comment faire… Je voulais venir… Mais comment venir à toi, le Saint, avec mon âme souillée ?…

– Tu l’as lavée par ton repentir et ta charité pour moi et pour ton prochain. Pierre ? Viens ici. »

Pierre, qui n’a pas encore parlé tant il est ébahi, s’avance. Les deux hommes, tous deux âgés, petits, trapus, se font face, et Jésus est entre eux deux, souriant, beau.

« Pierre, tu m’as demandé bien des fois qui était l’inconnu de la bourse apportée par Jacques. Le voici devant toi.

– Qui ? Ce vol… Oh ! Pardon, Matthieu ! Mais qui pouvait penser que c’était toi ? Que toi, qui nous désespérais par ton usure, tu puisses être capable de t’arracher chaque semaine un morceau de ton cœur pour nous faire cette grosse offrande ?

– Je le sais. Je vous ai injustement taxés. Mais je m’agenouille aujourd’hui devant vous tous et je vous supplie de ne pas me renvoyer. Lui, il m’a accueilli. Ne vous montrez pas plus sévères que lui. »

Pierre, qui a Matthieu à ses pieds, le relève d’un coup, rudement, affectueusement :

« Lève-toi, lève-toi ! Ce n’est ni à moi ni aux autres qu’il faut demander pardon, mais à lui. Nous… allons ! Nous sommes tous plus ou moins voleurs comme toi… Oh ! Je l’ai dit ! Maudite langue ! Mais moi, je suis fait comme ça : ce que je pense, je le dis, ce que j’ai sur le cœur, je l’ai sur les lèvres. Viens, faisons un pacte d’affectueuse paix », et il embrasse Matthieu sur les joues.

Les autres l’imitent avec plus ou moins d’affection. Je dis cela, car André est retenu par sa timidité, et Judas est glacial. On dirait qu’il embrasse un tas de serpents, tant son accolade est distante et brève.

97.5

Entendant du bruit, Matthieu sort.

« Pourtant, Maître, dit Judas, il me semble que cela n’est pas prudent. Déjà les pharisiens d’ici t’accusent, et toi… Voilà un publicain parmi les tiens ! Un publicain après une prostituée !… Veux-tu ta ruine ? S’il en est ainsi, dis-le, pour que…

– Pour que nous filions, hein ? lance Pierre, ironique.

– Qui te parle, à toi ?

– Je sais bien que tu ne t’adresses pas à moi, mais moi, en revanche, je parle à ton âme de grand seigneur, à ton âme très pure, à ton âme de sage. Je sais que toi, membre du Temple, tu sens l’odeur de péché en nous, pauvres hommes qui ne sommes pas du Temple. Je sais bien que toi, qui es un juif complet, mélange de pharisien, de sadducéen et d’hérodien, à moitié scribe et un brin essénien – veux-tu d’autres nobles appellations ? –, tu te sens mal à l’aise parmi nous, comme une magnifique alose prise dans un filet rempli de goujons. Mais que veux-tu y faire ? C’est lui qui nous a pris et nous… nous restons. Si tu te sens mal à l’aise… va-t’en, toi. Tous, nous respirerons. Même lui qui, tu le vois, est indigné par moi et par toi. Par moi, parce que je manque de patience et aussi… oui, et aussi de charité, mais plus encore par toi qui ne comprends rien à rien, malgré tous les nobles titres dont tu te pares, et qui n’as ni charité, ni humilité, ni respect. Tu n’as rien, mon garçon. Rien que de la fumée, et Dieu veuille qu’elle soit inoffensive. »

Jésus a laissé Pierre parler. Il est resté debout, sévère, les bras croisés, les lèvres serrées et les yeux… peu rassurants. A la fin il dit :

« As-tu tout dit, Pierre ? As-tu libéré ton cœur de tout le levain qu’il contenait ? Tu as bien fait. Aujourd’hui, ce sont les Azymes de Pâques pour un fils d’Abraham. L’appel du Christ est comme le sang de l’agneau sur votre âme, et là où il vient, la faute ne reviendra plus. Elle ne reviendra pas si celui qui le reçoit lui est fidèle. Mon appel est libération et il faut le fêter sans levain d’aucune sorte. »

Pas un mot à Judas. Pierre se tait, vexé.

« Voici revenir notre hôte, dit Jésus. Il est avec des amis. Ne leur montrons pas autre chose que de la vertu. Si quelqu’un ne peut y parvenir, qu’il sorte. Ne ressemblez pas à des pharisiens qui accablent les gens de préceptes qu’ils sont les premiers à ne pas observer. »

97.6

Matthieu rentre avec d’autres hommes et le repas se déroule. Jésus est au centre, entre Pierre et Matthieu. Ils parlent de sujets divers et Jésus répond patiemment à toutes les questions que les uns et les autres lui posent. Il y a aussi des plaintes à l’égard des pharisiens qui les méprisent.

« Eh bien, venez à celui qui ne vous méprise pas, puis agissez de telle façon que les bons, au moins, n’aient pas l’occasion de vous mépriser, répond Jésus.

– Toi, tu es bon. Mais tu es bien le seul !

– Non : ceux-ci sont comme moi et puis… il y a le Dieu Père qui aime ceux qui se repentent et veulent retrouver son amitié. Si tout manquait à l’homme, sauf le Père, sa joie ne serait-elle pas complète ? »

Le repas en est au dessert, quand un serviteur fait signe au maître de maison et lui dit quelque chose.

« Maître : Elie, Simon et Joachim demandent à entrer et à te parler. Veux-tu les voir ?

– Bien sûr.

– Mais… mes amis sont publicains.

– C’est justement pour voir cela qu’ils viennent. Laissons-les faire, pour qu’ils voient. Il ne servirait à rien de le dissimuler. Cela ne servirait pas au bien, et leur malice exagèrerait l’événement jusqu’à prétendre qu’il y avait ici des courtisanes. Qu’ils entrent. »

97.7

Les trois pharisiens entrent. Ils regardent autour d’eux avec un ricanement méchant et sont sur le point de parler.

Mais Jésus, qui s’est levé et est allé à leur rencontre avec Matthieu, les devance. Il pose une main sur l’épaule de Matthieu et dit :

« Vrais fils d’Israël, je vous salue et vous annonce une grande nouvelle qui comblera sûrement de joie votre cœur de parfaits israélites, qui aspirent à l’observance de la Loi par tous les cœurs, pour rendre gloire à Dieu. Voici : à compter de ce jour, Matthieu n’est plus le pécheur, le scandale de Capharnaüm. Une brebis galeuse d’Israël est guérie. Réjouissez-vous ! Après lui, d’autres brebis pécheresses le seront à leur tour et votre cité, à la moralité de laquelle vous vous intéressez tant, deviendra par sa sainteté agréable au Seigneur. Il abandonne tout pour servir Dieu. Donnez le baiser de paix au juif égaré qui revient dans le sein d’Abraham.

– Et il y revient avec des publicains ? Lors d’un joyeux banquet ? Ah ! Vraiment, c’est une conversion avantageuse ! Tiens, regarde là, Elie : voici Josias, le souteneur.

– Et lui, c’est Simon, fils d’Isaac, l’adultère.

– Et celui-là ? C’est Azarias, le tenancier du tripot, où Romains et juifs vont jouer, se quereller, s’enivrer et se livrer à la débauche.

– Mais, Maître, sais-tu seulement qui sont ces gens-là ? Le savais-tu ?

– Je le savais.

– Alors, vous qui êtes de Capharnaüm, vous ses disciples, pourquoi avez-vous permis cela ? Tu me surprends, Simon-Pierre !

– Et toi, Philippe, tu es bien connu ici ! Toi aussi, Nathanaël ! J’en suis vraiment abasourdi ! Toi, un véritable israélite, comment as-tu pu permettre que ton Maître mange avec des publicains et des pécheurs ?

– Mais n’y a-t-il donc plus aucune retenue en Israël ? »

Les trois hommes sont absolument scandalisés.

Jésus dit :

« Laissez mes disciples en paix. C’est moi qui l’ai voulu. Moi seul.

– Oh oui, on comprend ! Quand on veut faire des saints sans l’être soi-même, on tombe vite dans des erreurs impardonnables !

– Et quand on habitue les disciples à manquer de respect – je suis encore sous le coup de l’éclat de rire irrespectueux de celui-ci, juif du Temple, contre moi, Eli le pharisien ! – on ne peut qu’être irrespectueux de la Loi. On enseigne ce qu’on sait…

– Tu te trompes, Eli. Vous vous trompez tous. On enseigne ce qu’on sait, c’est vrai. Et moi qui connais la Loi, je l’enseigne à ceux qui ne la connaissent pas : aux pécheurs par conséquent. Vous… je sais bien que vous êtes maîtres de votre âme. Ce n’est pas le cas des pécheurs. Je recherche leur âme, je la leur rends, pour qu’à leur tour, ils me la rapportent comme elle est : malade, blessée, souillée, pour que je la soigne et la purifie. C’est pour cela que je suis venu. Ce sont les pécheurs qui ont besoin du Sauveur et moi, je viens les sauver. Comprenez-moi… et ne me haïssez pas sans raison. »

Jésus est doux, persuasif, humble… Mais les trois hommes sont autant de chardons tout hérissés de piquants… et ils sortent avec une moue de dégoût.

« Ils sont partis… Maintenant, ils vont nous critiquer partout, grommelle Judas.

– Laisse-les donc faire ! Agis seulement de façon que le Père n’ait pas à te critiquer. N’en sois pas mortifié, Matthieu, ni vous, ses amis. Notre conscience nous dit : “ Vous ne faites pas de mal. ” Cela suffit. »

Jésus se rassied à sa place et tout prend fin.

97.1

Quasi subito dopo vedo questo.

Ancora la piazza del mercato di Cafarnao. Ma in un’ora più calda, in cui il mercato è già finito e sulla piazza sono solo degli sfaccendati che parlano e dei bambini che giuocano.

Gesù, in mezzo al suo gruppo, viene dal lago verso la piazza, carezzando bambini che gli corrono incontro e interessandosi alle loro confidenze.

Una bambina mostra un grande sgraffio sanguinante sulla fronte e accusa il fratellino di averglielo fatto.

«Perché hai fatto male alla sorella? Non sta bene».

«Non l’ho fatto apposta. Volevo cogliere quei fichi e ho preso un bastone. Ma era troppo pesante e mi è cascato addosso a lei… Li coglievo anche per lei».

«È vero, Giovanna?».

«È vero».

«Vedi allora che tuo fratello non ti ha voluto fare del male.

Voleva anzi darti una gioia. Perciò ora fate subito pace e vi date un bacio. I buoni fratellini, e anche i buoni bambini, non devono conoscere mai il rancore. Su…».

I due bambini piangenti si baciano. Piangono tutti e due: una per il dolore dello sgraffio, l’altro per il dolore di aver dato dolore.

Gesù sorride davanti a quel bacio condito di lacrimoni. «Oh!

ecco! Ora, perché vedo che siete buoni, i fichi ve li raccolgo Io. E senza bastone».

Sfido io! Alto come è, e col braccio così lungo, arriva senza fatica a farlo. Coglie e distribuisce.

Accorre una donna: «Prendi, prendi, Maestro. Ora ti porto del pane».

«No. Non è per Me. È per Giovanna e Tobiolo. Ne avevano voglia».

«E avete disturbato il Maestro per questo? Oh! che indiscreti! Perdona, Signore».

«Donna, c’era da fare una pace… e l’ho fatta con l’oggetto stesso della guerra: i fichi. Ma i bambini non sono mai indiscreti. A loro piacciono i dolci fichi e a Me… piacciono le loro dolci anime innocenti. Mi levano tanto amaro…».

«Maestro… sono i signori quelli che non ti amano. Ma noi, popolo, ti vogliamo bene. E loro sono pochi, mentre noi siamo tanti…».

«Lo so, donna. Grazie del tuo conforto. La pace sia con te.

Addio, Giovanna! Addio, Tobiolo! Siate buoni. Senza farvi del male e senza volervi del male. Non è vero?».

«Sì, sì, Gesù», rispondono i due bambinelli.

97.2

Gesù si incammina e dice sorridendo: «Oh! ora che con l’aiuto dei fichi si è messo sereno dove erano nubi, andiamo a… Dove dite che andiamo?».

Gli apostoli non sanno. Chi dice un luogo, chi l’altro. Ma Gesù scrolla sempre il capo e ride.

Pietro dice: «Io rinuncio. A meno che Tu non lo dica… Ho delle idee nere, oggi. Tu non lo hai visto. Ma quando sbarcavamo c’era Eli, il fariseo. Più verde del solito! E ci guardava in un modo!».

«Lascialo guardare».

«Eh! per forza. Ma ti assicuro, Maestro, che per far pace con quello lì non bastano due fichi!».

«Cosa ho detto alla mamma di Tobiolo? “Ho fatta pace con lo stesso oggetto della guerra”. E così cercherò di fare pace riverendo, posto che secondo loro li ho offesi, i notabili di Cafarnao. Così anche qualcun’altro sarà contento».

«Chi?».

Gesù non risponde alla domanda e continua: «Non riuscirò, probabilmente, perché manca la volontà, in loro, di fare pace. Ma udite: se in tutte le contese il più prudente sapesse cedere e, in luogo di accanirsi a voler ragione, conciliasse, magari spartendo a metà quello che, anche voglio ammettere, fosse suo di diritto, sarebbe sempre meglio e più santo. Non sempre uno nuoce col partito preso di nuocere. Delle volte fa male senza volere. Pensate sempre questo e perdonate. Eli e gli altri credono di servire Dio con giustizia agendo come fanno. Con pazienza e costanza, e tanta umiltà e buona grazia, cercherò di farli persuasi che un nuovo tempo è venuto e che Dio, ora, vuole essere servito a seconda che Io insegno. La furbizia dell’apostolo è la buona grazia, l’arma la costanza, la riuscita l’esempio e la preghiera per i convertendi».

97.3

Sono giunti sulla piazza. Gesù va diritto verso il banco delle gabelle, dove Matteo sta tirando i suoi conti e verificando le monete, che suddivide per categorie, mettendole in sacchetti di diverso colore e collocandoli in un forziere di ferro, che due servi attendono di trasportare altrove.

Appena l’ombra gettata dall’alto corpo di Gesù si allunga sul banco, Matteo alza il capo per vedere chi è il ritardatario pagatore. Pietro, intanto, dice, tirando Gesù per una manica: «Non c’è nulla da pagare, Maestro. Che fai?».

Ma Gesù non gli dà retta. Guarda fisso Matteo, che si è subito alzato in piedi con atto reverente. Un altro sguardo trapanante. Ma questo non è lo sguardo del giudice severo dell’altra volta. È uno sguardo di chiamata e di amore. Lo avviluppa, lo satura di amore. Matteo diventa rosso. Non sa che fare, che dire…

«Matteo, figlio di Alfeo, l’ora è suonata. Vieni. Seguimi!», impone Gesù maestosamente.

«Io? Maestro, Signore! Ma sai chi sono? Per Te, non per me lo dico…».

«Vieni. Seguimi, Matteo, figlio d’Alfeo», ripete più dolce.

«Oh! come posso aver trovato grazia presso Dio? Io… Io…».

«Matteo, figlio di Alfeo, Io ti ho letto il cuore. Vieni, seguimi». Il terzo invito è una carezza.

«Oh! subito, mio Signore!» e Matteo, piangente, esce da dietro il banco, senza neppur occuparsi di raccogliere le monete sparse sul banco, di chiudere il cofano. Nulla.

«Dove andiamo, Signore?», chiede quando è presso a Gesù.

«Dove mi porti?».

«A casa tua. Vuoi ospitare il Figlio dell’uomo?».

«Oh!… ma… ma che diranno quelli che ti odiano?».

«Io ascolto quel che si dice in Cielo, e là si dice: “Gloria a Dio per un peccatore che si salva!”, e il Padre dice: “In eterno la Misericordia si alzerà nei Cieli e si librerà sulla Terra e, poiché di un eterno amore, di un perfetto amore Io ti amo, ecco che anche a te uso misericordia”. Vieni. E, con la mia venuta, oltre che il cuore ti si santifichi la casa».

«Già purificata l’ho, per una speranza che avevo nell’anima mia… ma che la ragione non poteva credere che fosse vera…

Oh! io coi tuoi santi…», e guarda i discepoli.

«Sì. Coi miei amici. Venite. Vi unisco. E siate fratelli».

I discepoli sono talmente stupefatti che non hanno ancor trovato modo di dir parola. Hanno camminato in gruppo dietro a Gesù e Matteo nella piazza tutta sole, e ormai assolutamente vuota di popolo, per un breve tratto di strada che arde in un sole abbacinante. Non c’è un vivente per le strade. Solo il sole e la polvere.

97.4

Entrano in casa. Una bella casa dal largo portone che si apre sulla via. Un bell’atrio ombroso e fresco, oltre il quale si vede un ampio cortile messo a giardino.

«Entra, Maestro mio! Portate acqua e bevande».

I servi accorrono col richiesto. Matteo esce a dare ordini mentre Gesù e i suoi si rinfrescano. Poi torna.

«Ora vieni, Maestro. La sala è più fresca… Ora verranno amici… Oh! voglio sia fatta gran festa! È la mia rigenerazione… È la mia… è la mia circoncisione vera, questa… Tu mi hai circonciso il cuore col tuo amore… Maestro, sarà l’ultima festa… Ora non più feste per il pubblicano Matteo. Non più feste di questo mondo… Solo la festa interna dell’essere redento e di servire Te… di essere amato da Te… Quanto ho pianto… Quanto, in questi mesi… Sono quasi tre mesi che piango… Non sapevo come fare… volevo venire… Ma come venire da Te, Santo, con la mia anima sporca?…».

«Tu la lavavi col pentimento e con la carità. Per Me e per il prossimo. Pietro? Vieni qui».

Pietro, che ancora non ha parlato tanto è sbalordito, viene avanti. I due uomini, ugualmente anziani, bassotti, tarchiati, sono di fronte, e Gesù è fra l’uno e l’altro, sorridente, bello.

«Pietro, tu mi hai chiesto tante volte chi era lo sconosciuto della borsa portata da Giacomo. Eccolo, lo hai di fronte».

«Chi? Questo lad… Oh! perdona, Matteo! Ma chi lo poteva pensare che eri tu? e che proprio tu, nostra disperazione per la tua usura, fossi capace di strapparti tutte le settimane un pezzo di cuore dando quel ricco obolo?».

«Lo so. Vi ho ingiustamente tassati. Ma ecco, io mi inginocchio davanti a voi tutti e vi dico: non mi cacciate! Egli mi ha accolto. Non siate da più di Lui nella severità».

Pietro, che si trova ai piedi Matteo, lo alza di colpo, di peso, rudemente e affettuosamente: «Su, su. Non a me né agli altri. A Lui chiedi perdono. Noi… va’ là, su per giù siamo tutti ladri come te… Oh! l’ho detto! Maledetta lingua! Ma sono fatto così: quel che penso dico, quel che ho in cuore ho sul labbro. Vieni, che facciamo patto di pace e di amore», e bacia sulle guance Matteo.

Anche gli altri lo fanno, più o meno affettuosamente. Dico così perché Andrea è sostenuto, per la sua timidezza, e Giuda Iscariota è gelido. Pare che abbracci un fascio di rettili, tanto il suo abbraccio è scostante e breve.

97.5

Matteo esce, sentendo rumore.

«Però, Maestro», dice Giuda Iscariota, «mi pare che ciò non sia prudente. Già ti accusano i farisei di qui, e Tu… Un pubblicano fra i tuoi! Un pubblicano dopo una meretrice!… Hai deciso di rovinarti? Se così è, dillo che…».

«Che noi ce la filiamo, vero?», termina Pietro ironico.

«E chi parla con te?».

«Lo so che tu non parli con me, ma io, invece, parlo con la tua signora anima, con la tua purissima anima, con la tua sapiente anima. Lo so che tu, membro del Tempio, senti fetore di peccato in noi, poveri, che del Tempio non siamo. Lo so che tu, completo giudeo, amalgama di fariseo, sadduceo ed erodiano, mezzo scriba e briciola di esseno – ne vuoi altre di nobili parole? – ti senti male fra noi, come uno splendido agone capitato in una rete piena di ghiozzi. Ma che ci vuoi fare? Egli ci ha presi e noi… ci restiamo. Se ti senti male… va’ via tu. Respireremo meglio tutti. Anche Lui, che, lo vedi?, è sdegnato per me e per te. Per me perché manco di pazienza e anche… sì, anche di carità, ma più con te che non capisci nulla, con tutta la tua tela di nobili attributi, e che non hai carità, non umiltà, non rispetto. Nulla hai, ragazzo. Ma solo un gran fumo… e voglia Dio sia fumo innocuo».

Gesù ha lasciato che Pietro parlasse rimanendo ritto, severo, con le braccia conserte, la bocca ben serrata e gli occhi…

poco raccomandabili. Alla fine dice: «Hai detto tutto, Pietro?

Anche tu hai purificato il tuo cuore dal lievito che c’era dentro? Bene hai fatto. Oggi è Pasqua d’Azzimi per un figlio di Abramo. La chiamata del Cristo è come il sangue dell’agnello sulle vostre anime, e dove essa è non scenderà più la colpa. Non scenderà se colui che la riceve ad essa è fedele. Liberazione è la mia chiamata e va festeggiata senza lieviti di sorta».

A Giuda non una parola. Pietro tace mortificato.

«L’ospite torna», dice Gesù. «E con degli amici. Non mostriamo ad essi altro che virtù. Chi non riesce a tanto esca. Non siate pari a farisei, che opprimono con comandi che loro per primi non osservano».

97.6

Rientra Matteo con altri uomini, e il convito ha luogo. Gesù è al centro, tra Pietro e Matteo. Parlano di molte cose e Gesù con pazienza spiega a questo e a quello[1] quanto vogliono. Vi sono anche lamenti sui farisei che li sprezzano.

«Ebbene, venite a chi non vi sprezza. E poi agite in modo che i buoni, almeno, non vi possano sprezzare», risponde Gesù.

«Tu sei buono. Ma sei solo!».

«No. Questi sono come Me, e poi… c’è il Padre Iddio che ama chi si pente e vuole tornare suo amico. E mancasse all’uomo ogni cosa, ma restasse il Padre, non sarebbe già piena la gioia dell’uomo?».

Il convito è ai dolciumi quando un servo fa un cenno al padrone di casa e gli dice qualche cosa.

«Maestro: Eli, Simone e Gioachino chiedono di entrare e parlarti. Li vuoi vedere?».

«Certo».

«Ma… i miei amici sono pubblicani».

«Ed essi vengono per vedere proprio questo. Lasciamolo loro vedere. Non servirebbe il nasconderlo. Non servirebbe per il bene, ché il male aumenterebbe l’episodio sino a dire che qui erano anche meretrici. Entrino».

97.7

Entrano i tre farisei, si guardano intorno con un riso cattivo e stanno per parlare.

Ma Gesù, che si è alzato e andato loro incontro insieme a Matteo, li precede. Mette una mano sulla spalla di Matteo e dice: «O veri figli di Israele, Io vi saluto e vi do una grande notizia che certo farà giubilante il vostro cuore di perfetti israeliti, che sospira all’osservanza della Legge da parte di tutti i cuori per dare gloria a Dio. Ecco: Matteo, figlio di Alfeo, da oggi non è più il peccatore, lo scandalo di Cafarnao. Una pecora rognosa di Israele si è sanata. Giubilate! Dietro a lui altre pecore peccatrici si saneranno e la vostra città, della cui santità tanto vi interessate, diverrà gradita al Signore come santa. Egli lascia tutto per servire Dio. Date il bacio di pace all’israelita sviato che torna nel seno di Abramo».

«E vi torna coi pubblicani? In gaio convito? Oh! invero che è una conversione propizia! Guarda là, Eli, quello è Giosia, il procacciatore di femmine».

«E quello Simon d’Isacco, l’adultero».

«E quello? Ecco Azaria, il biscazziere nella cui bisca romani e giudei giuocano, rissano, si ubbriacano e vanno a donne».

«Ma, Maestro. Sai almeno chi sono costoro? Lo sapevi?».

«Lo sapevo».

«E voi, allora, voi di Cafarnao, voi discepoli, perché lo avete permesso? Mi fa stupore, Simone di Giona!».

«E tu, Filippo, noto anche qui, e tu Natanaele! Ma io trasecolo! Tu, vero israelita! Come mai hai permesso che il tuo Maestro mangiasse coi pubblicani e i peccatori?».

«Ma non c’è dunque più ritegno in Israele».

I tre sono scandalizzati del tutto.

Gesù dice: «Lasciate in pace i miei discepoli. Io l’ho voluto. Io solo».

«Eh! già! si capisce. Quando si vuol fare i santi e non lo si è, si cade presto in errori imperdonabili!».

«E quando si allevano al non rispetto i discepoli – e ancor mi brucia la risata irriverente di costui, giudeo e del Tempio, a me Eli il fariseo! – non si può che esser senza rispetto per la Legge. Si insegna ciò che si sa».

«Ti sbagli, Eli. Vi sbagliate tutti. Si insegna ciò che si sa. È vero. Ed Io, che so la Legge, la insegno a chi non la sa: ai peccatori, perciò. Voi… vi so già padroni della vostra anima. I peccatori non lo sono. Io ricerco la loro anima, la ridò loro, perché a loro volta me la portino, così come è: malata, ferita, sporca, ed Io la curi e mondi. Sono venuto per questo. Sono i peccatori che hanno bisogno del Salvatore. Ed Io vengo a salvarli. Comprendetemi… e non mi odiate senza ragione».

Gesù è dolce, persuasivo, umile… Ma i tre sono tre ispidi cardi tutti aculei… ed escono con mosse di disgusto.

«Sono andati… Ora ci criticheranno dovunque», mormora Giuda Iscariota.

«E lasciali fare! Fa’ solo che il Padre non ti abbia a criticare. Non esser mortificato, Matteo, né voi, suoi amici. La coscienza ci dice: “Non fate del male”. Basta così».

Gesù si risiede al suo posto e tutto ha fine.


Note

  1. a questo e a quello, invece di a Tizio e Caio, è correzione di MV su una copia dattiloscritta.