Os Escritos de Maria Valtorta

322. Départ de Séleucie sur un char et arrivée à Antioche.

322. Partida de Selêucia sobre um carro

322.1

« Vous trouverez certainement un char sur la place du marché, mais si vous voulez le mien, je vous le prête en souvenir de Théophile. Si je suis un homme tranquille, c’est à lui que je le dois. Il m’a défendu parce qu’il était juste. Et certaines choses ne s’oublient pas, dit le vieil aubergiste, debout devant les apôtres dans le premier soleil du matin.

– Mais ton char, nous le garderons au loin des jours durant… Et puis qui va le conduire? Moi, j’y arrive avec l’âne… mais les chevaux…

– Mais c’est la même chose, homme ! Je ne vais pas te donner un poulain indompté, mais un prudent cheval de trait, doux comme un agneau. Vous aurez vite fait, et sans peine. A la neuvième heure, vous serez à Antioche, d’autant plus que le cheval connaît bien la route et y va tout seul. Tu me le rendras quand tu voudras, sans autre intérêt de ma part que celui de rendre service au fils de Théophile, à qui vous direz que je lui suis encore très redevable, que je pense à lui et que je me considère comme son serviteur.

– Que faisons-nous ? demande Pierre à ses compagnons.

– Ce que tu crois être le mieux. Tu décides, et nous obéissons…

– Nous essayons le cheval ? C’est à cause de Jean que je dis cela… et aussi pour faire vite… Il me semble conduire quelqu’un à la mort, et j’ai hâte que tout soit fini…

– Tu as raison, disent-ils tous.

– Alors, homme, j’accepte.

– Et moi, je vous le confie avec joie. Je vais préparer le véhicule. »

322.2

L’aubergiste s’éloigne. Pierre exprime entièrement sa pensée :

« J’ai usé la moitié de ma vie en ces quelques jours. Quelle peine ! Quelle peine ! J’aurais voulu avoir le char[1] d’Elie, le manteau emprunté à Elisée, tout ce qui est rapide pour faire vite… Et surtout j’aurais voulu, quitte à en mourir, donner quelque chose pour consoler ces deux malheureux, leur faire oublier, leur… Je ne sais pas, voilà ! Quelque chose qui ne les fasse pas autant souffrir… Mais si j’arrive à savoir celui qui est la cause principale de cette douleur, je ne suis plus Simon, fils de Jonas, si je ne le tords pas comme un linge ! Je ne parle pas de le tuer, oh, non ! Mais le briser comme il a brisé la joie et la vie des deux pauvres disciples…

– Tu as raison, c’est une grande peine. Mais Jésus dit que l’on doit pardonner les offenses…, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Si c’était à moi qu’elles étaient faites, je devrais les pardonner. Et je le pourrais. Je suis en bonne santé et fort et, si quelqu’un m’offense, j’ai la force de réagir aussi à la douleur. Mais ce pauvre Jean ! Non, je ne peux pardonner l’offense faite à celui que le Seigneur a racheté, à quelqu’un qui meurt dans cette affliction…

– Moi, je pense au moment où nous les quitterons tout à fait, soupire André.

– Moi aussi. C’est une pensée fixe et qui s’accroît à mesure que le moment approche, murmure Matthieu.

– Agissons vite, par pitié, dit Pierre.

– Non, Simon. Pardonne-moi si je te fais remarquer que tu as tort de vouloir cela. Ton amour du prochain est en train de devenir un amour dévié, et en toi, qui es toujours droit, cela ne doit pas arriver, intervient paisiblement Simon le Zélote en posant la main sur l’épaule de Pierre.

– Pourquoi, Simon ? Tu es cultivé et bon. Montre-moi mon tort, et si je le reconnais, je dirai : tu as raison.

– Ton amour est en train de devenir malsain parce qu’il se change peu à peu en égoïsme.

– Comment ? Je m’afflige pour eux et je suis égoïste ?

– Oui, mon frère, parce que, par excès d’amour – tout excès est désordre et pour cette raison conduit au péché – tu deviens lâche. Toi, tu ne veux pas souffrir de voir souffrir. C’est de l’égoïsme, mon frère dans le nom du Seigneur.

– C’est vrai ! Tu as raison. Et je te remercie de m’avoir averti. C’est ce qu’il faut faire entre bons compagnons. C’est bien. Alors je ne serai plus pressé… Pourtant, dites la vérité, n’est-ce pas un déchirement ?

– Si ! Si ! Répondent-ils tous.

322.3

– Comment allons nous faire pour les quitter ?

– Je dirais de le faire quand Philippe les aura reçus, en restant peut-être cachés à Antioche quelque temps, en allant nous informer auprès de Philippe comment ils s’habituent, suggère André.

– Non. Ce serait trop les faire souffrir par une séparation aussi brutale, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Alors, voilà, suivons à moitié le conseil d’André. Restons à Antioche, mais pas dans la maison de Philippe. Et pendant quelques jours on ira les voir, puis toujours moins, jusqu’à ce que… on n’y aille plus, propose l’autre Jacques.

– Douleur toujours renouvelée et cruelle déception. Non. Non, il ne faut pas faire ça, dit Jude.

– Qu’allons-nous faire, Simon ?

– Ah ! Pour ma part, je préférerais être à leur place plutôt que de devoir leur dire : “ Adieu ”, dit Pierre d’un air découragé.

– Moi, j’ai une proposition » dit Simon le Zélote. « Allons avec eux chez Philippe, et restons-y. Puis, toujours ensemble, nous allons à Antigonée. C’est un endroit charmant… Et nous y restons. Une fois qu’ils se seront habitués, nous nous retirerons douloureusement, mais virilement. Voilà ce que je dirais, à moins que Simon-Pierre n’ait des ordres différents du Maître.

– Moi ? Non. Il m’a dit: “ Fais tout comme il faut, avec amour, sans paresse et sans hâte, et de la façon que tu juges la meil­leure. ” Jusqu’à présent, il me semble avoir agi ainsi, excepté quand je me sui déclaré pêcheur !… Mais si je ne l’avais pas dit, Nicomède ne me laissait pas rester sur le pont.

– Ne te fais pas de scrupules sans fondements, Simon. Ce sont des pièges du démon pour te troubler, dit Jude pour le réconforter.

– Oh, oui ! C’est tout à fait cela. Je crois qu’il rôde autour de nous plus que jamais, nous créant des obstacles et des frayeurs pour nous amener à être lâches » dit l’apôtre Jean.

Puis il achève tout bas :

« Je crois qu’il voulait amener nos deux compagnons à désespérer en les gardant en Palestine… et maintenant qu’ils fuient ses embûches, il se venge sur nous… Je le sens autour de moi, comme un serpent caché dans l’herbe… Et cela fait des mois que j’ai cette impression… Mais voici l’aubergiste d’un côté, et Jean avec Syntica de l’autre. Je vous dirai le reste quand nous serons seuls, si cela vous intéresse. »

En effet, d’un côté de la cour arrive le char robuste auquel est attelé un solide cheval conduit par l’aubergiste, tandis que de l’autre côté les deux disciples viennent vers eux.

« Est-ce l’heure de partir ? demande Syntica.

– Oui, c’est l’heure. Es-tu bien couvert, Jean ? Tes douleurs vont-elles mieux ?

– Oui, je suis enveloppé dans la laine, et l’onction m’a fait du bien.

– Alors, monte, nous venons nous aussi. »

322.4

… Une fois le chargement effectué et tout le monde installé, ils sortent par la large porte cochère après que l’aubergiste a renouvelé ses assurances sur la docilité du cheval. Ils traversent une place qu’on leur a indiquée et prennent une route près des murs jusqu’à ce qu’ils sortent par une porte, en longeant d’abord un canal profond, puis le fleuve lui-même.

C’est une belle route bien entretenue, qui se dirige vers le nord-est, mais en suivant les méandres du fleuve. De l’autre côté, il y a des monts très verts sur leurs pentes, dans leurs failles et leurs ravins, et déjà l’on voit, aux endroits les plus ensoleillés, se gonfler les bourgeons de milliers d’arbustes sur les buissons du sous-bois.

« Que de myrtes ! S’écrie Syntica.

– Et de lauriers ! Ajoute Matthieu.

– Près d’Antioche, il y a un endroit consacré à Apollon, dit Jean d’En-Dor.

– Peut-être les vents ont-ils apporté des graines jusqu’ici…

– Probablement, mais c’est un lieu rempli de belles plantes, dit Simon le Zélote.

– Toi qui y es déjà allé, crois-tu que nous allons passer près de Daphné ?

– Forcément. Vous allez voir l’une des plus belles vallées du monde. A part le culte obscène qui a dégénéré en orgies toujours plus dégoûtantes, c’est une vallée du paradis terrestre et, si la foi y pénètre, elle deviendra un vrai paradis. Ah ! Que de bien vous pourrez faire ici ! Je vous souhaite des cœurs aussi fertiles que l’est le sol » dit Simon le Zélote pour faire naître des pensées consolantes chez les deux disciples.

Mais Jean baisse la tête et Syntica soupire.

322.5

Le cheval trotte en cadence et Pierre garde le silence, tout occupé à la conduite, bien que l’animal marche avec assurance sans qu’il soit besoin de le guider et de le stimuler. Aussi le chemin se fait-il assez rapidement jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent près d’un pont pour manger et faire reposer le cheval. Le soleil est au midi et la beauté d’une splendide nature se manifeste à leurs yeux.

« Je préfère être ici que sur la mer ! S’exclame Pierre, en regardant autour de lui.

– Quelle tempête !

– Le Seigneur a prié pour nous. Je l’ai senti tout proche quand nous priions sur le pont. Proche comme s’il avait été parmi nous…, susurre Jean en souriant.

– Où peut-il donc être ? Je ne suis pas tranquille à l’idée qu’il est sans vêtement de rechange… S’il est trempé ? Et que va-t-il manger ? Il est capable de jeûner…

– Tu peux être certain qu’il le fait pour nous aider, dit Jacques, fils d’Alphée, avec assurance.

– Et pour autre chose encore. Notre frère est très affligé depuis quelque temps. Je crois qu’il se mortifie continuellement pour vaincre le monde, intervient Jude.

– Tu veux dire le démon qui est dans le monde, précise Jacques, fils de Zébédée.

– C’est la même chose.

– Mais il n’y parviendra pas. Moi, j’ai le cœur serré par mille peurs…, soupire André.

– Oh ! Maintenant que nous sommes loin, tout ira mieux ! Assure Jean d’En-Dor avec un peu d’amertume.

– Ne crois pas cela. Syntica et toi, vous n’étiez rien en comparaison “ des grands torts ” du Messie selon les grands d’Israël, fait remarquer Jude d’un ton tranchant.

– En es-tu sûr ? Moi, dans ma souffrance, j’ai aussi cette épine dans le cœur : d’avoir été une cause de mal pour Jésus par ma venue. Si j’étais sûr que ce n’est pas le cas, je souffrirais moins, dit Jean d’En-Dor.

– Me crois-tu sincère, Jean ? demande Jude.

– Bien sûr, je le crois !

– Eh bien ! Au nom de Dieu et au mien, je t’assure que tu n’as causé qu’une seule peine à Jésus : celle de devoir t’envoyer ici en mission. Tu n’es pour rien dans toutes ses autres peines passées, présentes et futures. »

Le premier sourire, après tant de tristes jours de noire mélancolie, éclaire le visage amaigri de Jean d’En-Dor. Il confesse :

« Quel soulagement tu m’apportes ! Le jour me paraît plus lumineux, mon mal plus léger, mon cœur plus consolé. Merci, Jude ! Merci ! »

322.6

Ils remontent sur le char, franchissent le pont pour suivre l’autre rive du fleuve, une autre route qui va directement vers Antioche, à travers une région très fertile.

« La voilà! C’est dans cette vallée poétique que se trouve Daphné avec son temple et ses bosquets. Et là-bas, dans cette plaine, voici Antioche avec ses tours sur les remparts. Nous allons entrer par la porte qui se trouve près du fleuve. La maison de Lazare n’est pas très loin des murs. Les plus belles maisons ont été vendues. Il reste celle-là, autrefois lieu de séjour des serviteurs et des clients de Théophile, avec beaucoup d’écuries et de greniers. C’est maintenant Philippe qui vit là : un bon vieillard, un fidèle de Lazare. Vous y serez bien. Et ensemble, nous irons à Antigonée où se trouvait la maison habitée par Euchérie et ses enfants, alors tout petits…

– Cette ville est très fortifiée, hein? demande Pierre, qui respire de nouveau, maintenant qu’il voit que son premier essai de cocher a bien réussi.

– Très fortifiée. Des murs d’une hauteur et d’une largeur grandioses, en plus des cent tours qui, vous le voyez, ont l’air de géants dressés sur les murs, et des fossés infranchissables à leurs pieds. Même le mont Silpius a mis ses sommets au service de la défense, et comme contreforts des murs dans les endroits les plus délicats… Voici la porte. Il vaut mieux que tu t’arrêtes et que tu entres en tenant le cheval par la bride. Je vais te conduire, car je connais le chemin… »

Ils passent la porte gardée par les Romains. L’apôtre Jean dit :

« Qui sait si le soldat de la Porte des Poissons est ici… Jésus serait heureux de le savoir…

– Nous le chercherons, mais, pour l’instant, avance vite » dit Pierre, troublé à l’idée d’aller dans une maison inconnue.

Jean obéit sans mot dire, mais il dévisage chaque soldat qu’il voit.

322.7

Un bref parcours, puis une maison solide et simple, c’est-à-dire un haut mur sans fenêtres. Une porte cochère seulement au milieu du mur.

« C’est là ! Arrête ! Dit Simon le Zélote.

– Oh, Simon ! Sois gentil ! Parle, toi, maintenant.

– Mais oui, si cela doit te faire plaisir, je vais parler. »

Et Simon le Zélote frappe au lourd portail. Il se fait reconnaître comme étant un envoyé de Lazare. Il entre seul. Il sort avec un vieillard grand et digne qui fait mille courbettes et qui ordonne à un serviteur d’ouvrir le portail pour laisser entrer le char ; et il s’excuse de les faire tous passer par là au lieu de leur ouvrir la porte de la maison.

Le char s’arrête dans une vaste cour aux nombreux portiques, bien tenue, avec quatre gros platanes aux quatre angles et deux au milieu pour ombrager un puits et un bassin qui sert pour abreuver les chevaux.

« Occupe-toi du cheval » ordonne l’intendant au serviteur.

Et à ses hôtes :

« Je vous en prie, venez et que soit béni le Seigneur qui m’envoie ses serviteurs et les amis de mon maître. Ordonnez : votre serviteur vous écoute. »

Pierre rougit parce que c’est à lui spécialement que s’adressent ces paroles et ces courbettes, et il ne sait que dire… Simon le Zélote vient à son secours :

« Les disciples du Messie d’Israël, dont te parle Lazare, fils de Théophile, qui désormais habiteront ta maison pour servir le Seigneur, n’ont besoin que de repos. Veux-tu leur montrer où ils peuvent habiter ?

– Oh ! Il y a toujours des pièces préparées pour les voyageurs comme c’était l’habitude avec ma maîtresse. Venez, venez… »

Et, suivi de tous, il prend un couloir, puis traverse une petite cour au fond de laquelle se trouve la véritable demeure. Il ouvre la porte, franchit un vestibule et tourne à droite. Voilà un escalier. Ils montent. Un nouveau couloir avec des pièces des deux côtés.

« Voici, et que la demeure vous soit agréable. Je vais immédiatement commander de l’eau et du linge. Que Dieu soit avec vous » dit le vieillard ; et il s’en va.

Ils ouvrent les volets des chambres qu’ils choisissent. Les murs et les forts d’Antioche sont en face d’un côté ; de l’autre côté, la cour tranquille ornée de rosiers grimpants qui manquent de charme en ce moment à cause de la saison.

Et après un si long voyage, voici enfin une maison, une chambre, un lit… Un séjour pour certains, le but pour les autres…

322.1

– Nas feiras com certeza encontrareis alguma pequena condução. Mas, se quereis a minha, eu vo-la dou, em atenção a Teófilo. Se eu hoje sou um homem remediado, é a ele que eu o devo. Ele me defendeu, porque era justo. E de certas coisas a gente não se esquece –diz o velho albergador, que está de pé, diante dos apóstolos, aos primeiros raios do sol da manhã.

– Mas é que nós levaremos o teu carro por muitos dias… E, além disso, quem vai conduzi-lo? Eu já estou chegando a conduzir o carro puxado a burro… Mas, o puxado por cavalos…

– Mas, é a mesma coisa, homem! Eu não te irei dar um poldro chucro, mas um animal manso, para carruagem, manso como um cordeirinho.Com ele fareis a viagem logo, e sem cansar-vos. Ao meio dia estareis em Antioquia, e até antes, porque o cavalo conhece bem a estrada, e vai até por si mesmo.Tu mo entregarás quando quiseres, sem outro interesse de minha parte, a não ser o de poder fazer uma coisa agradável ao filho do Teófilo, ao qual vós direis que eu lhe devo muito, e que me lembro disso, e me considero servo dele.

– Que vamos fazer? –pergunta Pedro aos companheiros.

– Faze o que achares melhor. Tu determinas, e nós obedecemos.

– Vamos tentar com o cavalo? Eu estou pensando em João… e também em chegar mais depressa… Parece-me estar levando alguém para a morte, e não vejo a hora em que tudo isso já tenha passado…

– Tens razão –dizem todos.

– Então, homem, eu aceito.

– E eu com alegria o cedo. Já vou preparar a carruagem.

322.2

O albergador sai dali. Então, Pedro desabafa a sua preocupação completamente:

– Eu consumi a metade do tempo de vida que eu tinha, nestes poucos dias. É uma pena! Uma pena! Eu gostaria de estar com o carro[1] de Elias, com o manto dele apanhado por Eliseu, tudo o que fôsse bem rápido, para poder fazer tudo ir para a frente bem depressa… E, mais do que tudo, eu gostaria do, ainda que para isso tivesse que sofrer a morte, gostaria de achar alguém que consolasse àqueles pobrezinhos, e os fizesse esque-cer os… Nem sei o que dizer, afinal… Qualquer coisa que fôsse, para que eles não ficassem sofrendo tanto… E, se eu conseguir saber qual é a causa principal desse sofrimento, não serei mais Simão de Jonas, se eu não o torcer como um pano que foi preciso espremer. Eu não falo propriamente em matá-lo, isso não. Mas em espremê-lo, como ele espremeu a alegria e a vida destes dois pobrezinhos…

– Tu tens razão. É uma grande pena. Mas Jesus diz que se devem perdoar as ofensas… –diz Tiago de Alfeu.

– Se a tivessem feito a mim, eu deveria perdoá-los. E poderia. Eu sou são e forte e, se alguém me ofende, eu tenho força para reagir até à dor. Mas o pobre daquele João! Não, eu não posso perdoar a ofensa feita ao redimido pelo Senhor, a um pobre que vai morrendo, aflito assim…

– Eu fico pensando na hora em que o vamos deixar definitivamente… –suspirá André.

– Eu também. É para mim um pensamento fixo, e que vai se intensificando, à medida que o momento se aproxima… –murmura Mateus.

– Façamos aquilo logo, por piedade –diz Pedro.

– Não, Simão. Perdoa, se eu te faço considerar que não tens razão em querer isso. O teu amor está se tornando um amor desviado do próximo, e, em ti, que és sempre reto, não deve acontecer tal coisa –diz, pacato, o Zelotes, pondo a mão sobre o ombro do Pedro.

– Por que, Simão? Tu és muito culto e bom. Mostra-me em que é que eu estou errado, e eu, se vejo que estou mesmo, direi que: Tu tens razão.

– O teu amor está ficando doente, porque está se transformando em egoísmo.

– Como? Eu me aflijo por eles, e sou egoísta?

– Sim, meu irmão. Porque tu, por um excesso de amor, — e todo excesso é uma desordem que, por isso, induz ao pecado — tu te tornas vil. Queres não sofrer tu, por estares vendo sofrer. Isto é egoísmo, meu irmão em nome do Senhor.

– É verdade. Tens razão. Eu te agradeço, por me teres admoestado. É assim que se faz entre bons companheiros. Está bem. Então não vou mais ter pressa… Contudo, dizei a verdade: Não é uma coisa que causa dó?

– Sim, que o é, sim, que o é… –dizem todos.

322.3

– Como faremos, então, para deixá-los?

– Eu diria que o fizéssemos, depois que Filipe lhes der hospedagem, ficando nós escondidos em Antioquia por algum tempo, indo às vezes ao Filipe para saber como eles se vão adaptando… –sugere André.

– Não. Seria fazê-los sofrer demais, com uma separação tão violenta –diz Tiago de Alfeu.

– Então, façamos assim: tomemos o conselho do André pela metade. Fiquemos em Antioquia, mas não na casa de Filipe. E, alguns dias depois, iremos vê-los, e voltaremos cada vez menos, sempre menos, até que, afinal, não voltamos mais –diz o outro Tiago

– É uma dor sempre renovada, e uma cruel desilusão. Não. Assim não se deve fazer –diz Tadeu.

– Que vamos fazer, Simão?

– Ah! Eu gostaria de estar em vosso lugar, mais do que ter que dizer: “Eu vos saúdo” –diz Pedro, abatido.

– Eu proponho uma coisa. Vamos com eles para a casa do Filipe, e lá fiquemos. Depois, sempre juntos, vamos a Antigônio. É um lugar muito aprázível … E lá fiquemos. Quando eles já estiverem aclimatados, nós nos retiramos, com tristeza, mas com virilidade. Isto eu faria. A não ser que Simão Pedro tenha recebido ordens diferentes do Mestre –diz Simão Zelotes.

– Eu? Não. Ele me disse: “Faze tudo bem, com amor, sem preguiça e sem pressa e do modo que julgares que é melhor.” Até agora parece-me ter feito assim. Houve aquilo de eu ter dito que era pescador!… Mas, se eu não dissesse aquilo, ele não me deixaria sobre a ponte!

– Não fiques criando escrúpulos tolos, Simão. Isto são insídias do demônio para te perturbar –anima-o Tadeu.

– Oh! Sim. É assim mesmo. Creio que ele está ao redor de nós, como nunca esteve, criando-nos obstáculos e temores, para induzir-nos a alguma covardia –diz o apóstolo João.

E termina em voz baixa:

– Creio que ele quisesse induzir aqueles dois ao desespero, detendo-os na Palestina… e agora, que eles fogem de suas insídias, então ele se vinga, vindo contra nós… Eu o percebo ao redor de mim, como uma serpente escondida na erva… E há meses que eu o percebo ao redor assim… Mas, eis que chega o albergador, e vem chegando de um lado, e João com Síntique do outro. Eu vos direi o resto, quando estivermos sozinhos, se é que vos interessa.

De fato, de um lado do pátio vem vindo um carro grande, ao qual está atrelado um robusto cavalo, guiado pelo hospedeiro, enquanto do outro lado vêm vindo ao encontro deles os dois discípulos.

– Já é hora de irmos? –pergunta Síntique.

– Sim. Já é hora. Estás bem coberto, João? Estás melhor de tuas dores?

– Sim. Estou envolvido em lãs e o ungüento me ajudou.

– Então sobe, que agora nós vamos também…

322.4

… E, tendo terminado o carregamento, tendo todos subido, vão saindo pelo amplo portão, depois das repetidas afirmações do hospedeiro sobre a docilidade do animal. Atravessam uma praça, que lhes foi indicada, e pegam uma estrada, ao lado dos muros, até saírem por uma porta, beirando, primeiro um fundo canal, e depois o próprio rio. É uma bela estrada, bem conservada, que vai para a direção nordeste, mas seguindo sempre as voltas do rio. Do outro lado há montes muito verdes, em suas encostas, enseadas e despenhadeiros, e já se podem ver, nos pontos mais ensolarados dos bosques, como vêm brotando as borbulhas de mil arbustos.

– Quantos mirtos! –exclama Síntique.

– E loureiros! –acrescenta Mateus.

– Perto de Antioquia há um lugar consagrado a Apolo –diz João de Endor.

– Talvez os ventos tenham trazido até aqui as sementes.

– Talvez. Mas este já é um lugar cheio de belas vegetações –diz o Zelotes.

– Tu, que já estiveste aqui, achas que passaremos por perto de Dafne?

– Certamente. Vereis um dos vales mais belos do mundo. Com exceção do culto obsceno e degenerado em orgias cada vez mais sujas, o vale é um paraíso terrestre e, se nele penetrar a Fé, será um verdadeiro paraíso. Oh! Quanto bem podereis fazer aqui! Eu vos auguro que encontreis corações férteis, como fértil é o solo… –diz o Zelotes, para suscitar pensamentos de consolação nos dois.

Mas João inclina a cabeça, e Síntique suspira.

322.5

O cavalo vai trotando cadenciadamente, e Pedro está calado, todo preocupado no trabalho de guiar, ainda que o animal vá com muita segurança, sem precisar de guia nem de estímulo. A estrada vai, pois, sendo percorrida com bastante rapidez, até o ponto em que eles param, perto de uma ponte, para comer e para dar um descanso ao cavalo. O sol já está à altura do meio-dia, e o que há de belo, em toda essa singular natureza, está podendo agora ser visto.

– Mas… acho melhor aqui do que no mar… –diz Pedro, dando uma olhadela ao redor de si.

– Mas, que tempestade!

– O Senhor orou por nós. Eu percebi que Ele estava perto de nós, quando nós estávamos rezando na ponte do navio. Perto de nós, como se estivesse entre nós… –diz, sorrindo, João.

– Onde é que estará Ele agora? Eu não fico em paz, ao pensar que Ele está sem as suas roupas … Tomará banho? Que será que Ele come? Talvez esteja jejuando…

– Podes estar certo de que Ele está fazendo isso para nos ajudar –diz com segurança Tiago de Alfeu.

– E também por outros motivos. O nosso irmão está muito aflito já faz algum tempo. Eu acho que Ele vem-se mortificando continuamente para vencer o mundo –diz Tadeu.

– Quererás dizer o demônio que está no mundo –diz Tiago de Zebedeu.

– É a mesma coisa.

– Mas ele não conseguirá. Eu estou com o coração aflito por mil temores… –suspira André.

– Oh! agora que nós estamos longe, tudo irá melhor! –diz, com certa amargura João de Endor.

– Não o penses. Tu e ela não éreis nada a respeito dos “grandes erros” do Messias, segundo os grandes de Israel –diz Tadeu, decidido.

– Tu estás seguro? Eu, no meu sofrer, tenho também este prego no coração: de ter sido causa de mal a Jesus com a minha vida. Se estivesse seguro de que isto não acontece, sofreria menos –diz João de Endor.

– Crês que eu seja sincero, João? –pergunta Tadeu.

– Sim, eu o creio!

– Pois bem, em nome de Deus e no meu, eu te garanto que tu só deste uma tristeza a Jesus: e foi a de ter que mandar-te para cá, em missão. De todas as outras tristezas passadas, presentes e futuras, tu não és o motivo.

Um primeiro sorriso, depois de tantos dias de uma profunda melancolia. Enche-se de luz o rosto descarnado de João de Endor, que diz:

– Que consolo me estás trazendo! Parece-me que o dia se torna mais claro, mais leve o meu sofrimento, mais conformado meu coração. Obrigado, Judas de Alfeu! Obrigado!

322.6

Sobem de novo para o carro e, tendo atravessado a ponte, passam para a outra margem do rio, para a outra estrada, que vai direta a Antioquia, atravessando uma região de grande fertilidade.

– Lá está! Naquele vale poético está Dafne com o seu templo e os seus pequenos bosques. E lá adiante, naquela planície, está Antioquia, com suas torres sobre os muros. Nós entraremos pela porta, que está do lado do rio. A casa de Lázaro não fica muito longe dos muros. Suas mais belas casas foram vendidas. Ficou ainda esta que, há tempo, servia como ponto de parada para os servos e os clientes de Teófilo, possuíndo muitas cavalariças e celeiros. Agora lá mora Filipe. É um bom velho. Um amigo fiel de Lázaro. Lá vos sentireis bem. E juntos, iremos a Antigônio, onde ficava a casa habitada por Euquéria e por seus filhos, que naquele tempo eram meninos…

– É muito fortificada esta cidade, não? –pergunta Pedro, que está recuperando o fôlego, agora que está vendo como, em sua primeira experiência de cocheiro, saiu-se bem.

– Sim. Bem fortificada. As muralhas são de uma altura e de uma espessura muito grandes, tem mais de cem torres que, como estais vendo, mais parecem uns gigantes postados sobre os muros, e que têm, junto as suas bases, uns valos intransponíveis. Também o monte Sílpio pôs os seus cumes a serviço da defesa e como contraforte para os muros, em sua parte mais frágil… Aqui está a porta. É melhor que pares aqui, e entres segurando o freio. Eu te irei conduzindo, porque sei o caminho.

Passam pela porta, guardada por romanos. O apóstolo João diz:

– Quem sabe não estará aqui aquele soldado da Porta dos Peixes… Jesus gostaria de sabê-lo…

– Vamos procurar saber. Mas agora, caminha depressa –ordena Pedro,preocupado pela idéia de estar indo para uma casa desconhecida.

João obedece, sem dizer nada. Somente ele fica olhando atentamente para todo soldado que vê.

322.7

É um caminho curto, depois uma casa grande e simples, isto é, que tem uma parede alta e sem janelas. Só há um portão, no meio da parede.

– Pronto. Pode parar –diz o Zelotes.

– Oh! Simão! Cria coragem! Fala tu agora!

– Pois sim, se isto te der prazer, falarei eu –e o Zelotes bate no pesado portão.

Ele se apresenta como um enviado de Lázaro. Entra sozinho. Sai com um velho alto e cheio de dignidade, que faz grandes inclinações, e dá ordem a um servo para abrir o portão, a fim de que o carro possa entrar. E pede desculpas por fazê-los entrar todos por ali, um de cada vez, pela porta da casa.

O carro vai parar em um amplo pátio, que tem uma série de pórticos, bem conservado, tendo quatro grandes plátanos, nos quatro cantos e dois no centro, como defesa de um poço e de um tanque para dar de beber aos cavalos.

– Trata do cavalo –ordena o intendente ao servo.

E depois diz aos hóspedes:

– Eu vos peço, vinde, e seja bendito o Senhor que me mandou os seus servos e amigos do meu patrão. Mandai, que o vosso servo vos escuta.

Pedro fica vermelho, porque especialmente a ele é que estão sendo dirigidas aquelas palavras e aquelas inclinações, e nem sabe o que dizer… Mas o Zelotes o socorre:

– São discípulos do Messias de Israel, dos quais te fala Lázaro de Teófilo, que de agora em diante virão morar na tua casa para servirem ao Senhor, e eles só precisam de um repouso. Queres mostrar-me onde eles poderão morar?

– Oh! Há sempre quartos prontos para os peregrinos, como era o costume de minha patroa. Vinde, vinde…

E, acompanhado por todos, entra por um corredor, passa depois por um pequeno pátio, no fundo do qual está a verdadeira casa. Abre a porta, vai indo por uma passagem lateral, depois dobra à direita. Aparece uma escada. Eles sobem. Vem um novo corredor, com quartos nos dois lados.

– Aí está. E que a casa vos seja agradável. Agora eu vou mandar buscar água e roupa de cama. Deus esteja convosco –diz o velho, e vai-se embora.

Abre as portas dos quartos, que eles vão escolhendo… Os muros e os fortes de Antioquia estão à frente dos que estão ao lado. E o tranqüilo pátio decorado com roseiras trepadeiras, por enquanto sem flores por causa da estação, é visível para os outros do outro lado.

E, depois de tanto andar, eis finalmente uma casa, um quarto, uma cama… Para alguns vai ser uma morada. Para os outros, um ponto de chegada.


Notes

  1. le char, comme en 2 R 2, 11 ; le manteau, comme en 2 R 2, 14.

Notas

  1. o carro, como em: 2 Reis 2,11, e o manto, como em: 2 Reis 2,14.