357.1
Les magnifiques étoiles d’une sereine nuit de mars resplendissent dans le ciel d’Orient, si visibles et si vives que le firmament semble s’être abaissé comme un baldaquin sur la terrasse de la maison qui a accueilli Jésus. C’est une maison très haute, située à l’un des endroits les plus élevés de la ville, de sorte qu’un horizon infini s’ouvre devant et autour dans toutes les directions. Et si la terre disparaît dans l’obscurité de la nuit que n’égaie pas encore la lune qui décroît, le ciel resplendit de milliers de lumières. C’est vraiment la revanche du firmament qui présente victorieusement ses parterres d’astres, ses prairies de la Voie Lactée, ses planètes gigantesques, ses bosquets de constellations en face des éphémères végétations de la terre qui, bien que séculaires, ne sont toujours qu’une heure par rapport à ce que sont les étoiles depuis le moment où le Créateur a fait le firmament. Et quand on se perd à regarder là-haut, en promenant les yeux sur les jardins éthérés où les plantes sont les galaxies, on a l’impression d’entendre les voix, les chants de ces forêts de splendeurs, de cet orgue énorme de la plus sublime des cathédrales, où il me plaît d’imaginer que les soufflets et les registres sont les vents des courses des astres et que les voix sont les étoiles lancées sur leurs trajectoires. Cette impression s’impose d’autant plus à moi que le silence nocturne de Gadara est absolu. Pas gangouillis de fontaine, pas un chant d’oiseau. Le monde est endormi et les créatures aussi. Les hommes reposent, moins innocents que les autres créatures, d’un sommeil plus ou moins tranquille dans leurs maisons obscures.