369.1
Sur la route du retour vers la maison de Jeanne, Pierre marche avec le Maître et les deux fils d’Alphée, un peu isolés au milieu des gens qui se pressent sur les routes et séparent l’un de l’autre les nombreux hommes de la petite troupe qui suit Jésus. Pierre demande :
« Voilà, Seigneur : maintenant que nous pouvons parler entre nous, explique-moi une chose à laquelle je pense depuis hier.
– Oui, Simon. Dis-moi de quoi il s’agit, et je te répondrai.
– Depuis hier, je pense à la grande grâce que tu as accordée à Jean, à Antigonée. Elle est immense, tu sais ? Une faveur unique, pour lui seul ! Et pourtant, Syntica aussi en est bien digne… Et enfin, il y a tellement de braves gens qui… mériteraient de te voir… et qui te voient seulement quand tu es à côté d’eux. Nous, par exemple, comme nous aurions été consolés quand tu nous as envoyés par le monde ! Et nous nous sommes parfois trouvés à des moments où un seul mot de toi nous aurait tirés de l’incertitude… Mais tu ne viens jamais à nous… Pourquoi cette différence ?
– Pour conclure, mon Simon, tu es un peu jaloux ?
– Oh, non ! Mais… enfin, je voudrais savoir trois choses : pourquoi à Jean d’En-Dor ; si c’est seulement pour lui ; et s’il ne peut pas arriver qu’un jour cela se produise aussi pour nous, pour moi, par exemple, de te voir miraculeusement et d’apprendre de toi comment me conduire.
– Je vais te répondre : à Jean, parce que c’est un esprit qui a beaucoup de volonté, mais qui, à cause de ses aventures passées, a des faiblesses, plus physiques qu’autre chose, qui pourraient ruiner l’édifice qu’il a construit par sa montée vers Dieu.