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C’est une bien pauvre exploitation qui sert à faire vivre le groupe hétérogène des amis de Zachée. Surtout maintenant que c’est l’hiver, elle est loin de réjouir le cœur. Ils l’aiment pourtant, et c’est avec fierté qu’ils la montrent à Jésus : les trois champs de blé, labourés et bruns, le verger avec quelques arbres de bon rapport, d’autres encore trop jeunes pour qu’on puisse en attendre des fruits, quelques pauvres rangées de vignes, le potager… une petite étable où se trouvent une vache, et un âne pour la noria, un réduit avec quelques poules et cinq couples de colombes, six brebis, un taudis comprenant une cuisine et trois chambres, un hangar qui sert de bûcher, de débarras et de grenier à foin, un puits à la margelle ébréchée, et une citerne à l’eau croupie. Rien de plus.
« Si la saison est favorable…
– Si les bêtes ont des petits…
– Si les jeunes arbres prennent bien racine… »
Tout est au conditionnel… Ce sont des espoirs très précaires…
Mais un homme se rappelle ce qu’il avait entendu dire, il y a quelques années : la prodigieuse récolte qu’avait eue Doras grâce à une bénédiction donnée par le Maître pour que Doras soit plus humain avec ses serviteurs paysans, et il dit :
« Et si tu bénissais ce lieu… Doras aussi était pécheur…
– Tu as raison. Ce que j’ai accompli en sachant que je n’allais pas changer ce cœur, je l’accomplirai aussi pour vous, dont le cœur a changé. »
Et il ouvre les bras pour bénir :
« Je le fais immédiatement, car je veux vous convaincre de mon amour. »
Puis ils reprennent leur route en direction du fleuve, en longeant des champs labourés dont la terre est grasse et noire, et des arbres fruitiers que la saison a dénudés.