The Writings of Maria Valtorta

104. Aava réconciliée avec son époux.

104. Aava reconciled with her husband. News of

104.1

Jésus se trouve dans cette magnifique cité maritime dont on voit sur la carte le golfe naturel, vaste et bien protégé, capable de recevoir de nombreux navires et rendu encore plus sûr par une puissante digue portuaire. Il doit être utilisé par les troupes également, car je vois des trirèmes romaines avec des soldats à bord. Ils sont en train de débarquer, mais j’ignore si c’est pour la relève ou pour renforcer la garnison. Le port, c’est-à-dire la cité portuaire, me rappelle vaguement Naples, dominée par le Vésuve.

Jésus est assis dans une pauvre maison, près du port, une maison de pêcheurs certainement, peut-être des amis de Pierre ou de jean, car je vois qu’ils sont à l’aise dans la maison et familiers avec ses habitants. Je ne vois pas le berger Joseph, ni bien sûr Judas, toujours absent. Jésus parle familièrement avec les habitants du logis et d’autres qui sont venus pour l’écouter. Mais ce n’est pas une vraie prédication. Ce sont des paroles qui apportent des conseils, du réconfort, comme lui seul peut en donner.

André rentre. Il semble être sorti pour quelque commission car il tient à la main des miches de pain. Il s’approche, tout rouge parce qu’attirer l’attention sur lui doit lui être un vrai supplice. Il murmure plutôt qu’il ne parle :

« Maître, pourrais-tu venir avec moi ? Il y aurait un peu de bien à faire. Toi seul le peux. »

Jésus se lève sans même demander ce dont il s’agit.

104.2

Mais Pierre demande :

« Où l’emmènes-tu ? Il est bien fatigué. Et c’est l’heure du dîner. Ils peuvent bien attendre demain !

– Non… c’est à faire tout de suite. C’est…

– Mais parle donc, espèce de gazelle apeurée ! Regardez donc : est-ce qu’un homme grand et gros comme lui doit se comporter comme ça ?… On dirait un petit poisson empêtré dans le filet ! »

André rougit encore plus. Jésus le défend en l’attirant à lui :

« A moi, il me plaît tel qu’il est. Laisse-le faire. Ton frère est comme une source bonne pour la santé. Elle travaille dans les profondeurs et sans bruit, sort de terre comme un filet d’eau, mais celui qui s’en approche est guéri. Allons-y, André.

– Je viens, moi aussi. Je veux voir où il t’emmène » réplique Pierre.

André supplie :

« Non, Maître, toi et moi seuls. S’il y a des gens, ce n’est plus possible… c’est une affaire de cœur…

– Comment ? Maintenant tu joues au faiseur de mariage ? »

André ne répond pas à son frère. Il dit à Jésus :

« C’est un homme qui veut répudier son épouse et… et je lui ai parlé. Mais je ne sais pas bien m’y prendre. Si tu parles, toi… ah, toi tu vas réussir, car ce n’est pas un mauvais homme. C’est… c’est… enfin, il te l’expliquera lui-même. »

Jésus sort avec André sans mot dire.

Pierre reste un peu hésitant, puis il dit :

« Bon moi, j’y vais. Je veux voir au moins où ils vont. »

Et il sort, bien que les autres lui disent de ne pas le faire.

André tourne par une ruelle. Pierre le suit. Il tourne à nouveau sur une petite place pleine de commères. Pierre le suit toujours. Il passe par une porte cochère qui donne sur une vaste cour entourée de maisons basses et pauvres. Je la qualifie de porte cochère parce qu’il y a un arc, mais ce n’est qu’un passage sans porte. Pierre le suit encore. Jésus entre avec André dans une de ces maisonnettes. Pierre s’arrête au-dehors.

Une femme le voit et l’interroge :

« Tu es un parent d’Aava ? Et ces deux-là aussi ? Vous êtes venus la reprendre ?

– Tais-toi, poule bavarde ! Il ne faut pas qu’on me voie. »

Faire taire une femme ! Voilà qui est bien difficile ! Pierre a beau la foudroyer du regard, elle va parler à d’autres commères. En un instant, le pauvre Pierre est entouré d’un groupe de femmes, d’enfants et même d’hommes qui, pour imposer à leur tour le silence, font un vacarme qui dénonce leur présence. Pierre est rongé par le dépit… mais cela ne sert à rien.

104.3

De l’intérieur arrive la voix pleine, agréable, paisible de Jésus en même temps que la voix brisée d’une femme et celle, dure, rauque, d’un homme.

« Si elle a toujours été bonne épouse, pourquoi la répudier ? A-t-elle jamais fauté en quoi que ce soit ?

– Non, Maître, je te le jure ! Je l’ai aimé comme la prunelle de mes yeux » gémit la femme.

Ce à quoi l’homme répond, sur un ton bref et dur :

« Non. Elle n’a jamais fauté autrement que par sa stérilité. Or, moi, je veux des enfants. Je ne veux pas la malédiction de Dieu sur mon nom.

– Ce n’est pas la faute de ta femme si elle est comme cela.

– Mon mari m’en accuse comme si c’était ma faute et celle de ma famille, il y voit une trahison…

– Femme, sois sincère. Te savais-tu stérile ?

– Non. J’étais et je suis en tout comme les autres. Le médecin lui-même l’a dit. Mais je n’arrive pas à avoir d’enfant.

– Tu vois qu’elle ne t’a pas trahi. Elle en souffre elle-même. Réponds-moi sincèrement : si elle était mère, la répudierais-tu ?

– Non. Je le jure. Je n’aurais aucune raison de le faire. Mais le rabbin l’a dit et le scribe aussi : “ Une femme stérile dans la maison est une malédiction de Dieu. Tu as le droit et le devoir de lui donner un libelle de divorce[1] et de ne pas affliger ta virilité en te privant d’enfants. ”

104.4

Je fais ce que dit la Loi.

– Non. Ecoute : la Loi dit de ne pas commettre l’adultère, or tu vas le commettre. Le commandement donné à l’origine, c’est celui-là et pas un autre. Si, à cause de la dureté de vos cœurs, Moïse vous a permis le divorce, ce fut pour empêcher les liaisons immorales et les concubinages qui sont odieux à Dieu. Puis votre vice n’a cessé d’étendre cette clause de Moïse, jusqu’à obtenir les chaînes inhumaines et les pierres homicides qui sont les conditions actuelles de la femme, toujours victime de votre domination, de vos caprices, de votre surdité, de votre aveuglement en fait d’affections. Je te le dis : ce que tu as l’intention de faire ne t’est pas permis. Cet acte est une offense à Dieu. Abraham a-t-il donc répudié Sarah ? Et Jacob, Rachel ? Et Elqana, Anne ? Et Manoah, son épouse ? Connais-tu Jean-Baptiste ? Oui ? Eh bien, sa mère n’a-t-elle pas été stérile jusqu’à sa vieillesse avant d’enfanter le saint de Dieu, tout comme l’épouse de Manoah enfanta Samson, Anne, femme d’Elqana, Samuel et encore Rachel Joseph, ou Sarah Isaac ? A la continence de l’époux, à sa pitié pour son épouse stérile, à sa fidélité aux promesses de son mariage Dieu a accordé une récompense, une récompense célébrée au cours des siècles. De même, il donne le sourire à la femme stérile éplorée qui n’est plus ni stérile ni méprisée, mais obtient la gloire et la joie de la maternité. Il ne t’est pas permis d’offenser l’amour de ta femme. Sois juste et honnête. Dieu t’accordera une récompense qui dépassera tes mérites.

– Maître, tu es bien le seul à parler ainsi… Moi, je ne savais pas. J’avais demandé aux docteurs et ils m’avaient répondu : “ Fais-le. ” Pas un mot pour me dire que Dieu récompense de ses dons une bonne conduite. Nous sommes entre leurs mains… et ils nous ferment les yeux et le cœur avec une main de fer. Je ne suis pas méchant, Maître. Ne me méprise pas.

– Je ne te méprise pas. Tu me fais encore plus pitié que cette femme en pleurs, car sa douleur finira avec sa vie. C’est alors que commencera la tienne, et pour l’éternité. Penses-y.

– Non, elle ne commencera pas. Je ne le veux pas. Me jures-tu sur le Dieu d’Abraham que ce que tu me dis est la vérité ?

– Je suis la Vérité et la Science. Qui croit en moi possèdera justice et sagesse, amour et paix.

– Je veux te croire. Oui, je veux te croire. Je sens qu’il y a en toi quelque chose qui n’existe pas chez les autres. Voilà : je vais aller voir le prêtre pour lui dire : “ Je ne la répudie plus. Je la garde, et je demande seulement à Dieu de m’aider à ressentir moins durement la douleur de ne pas avoir d’enfant. ” Aava, ne pleure pas. Nous dirons au Maître de revenir pour me permettre de rester bon, et toi… continue à m’aimer. »

Le contraste de sa souffrance passée avec sa joie actuelle augmente les pleurs de la femme.

Jésus sourit, au contraire.

« Ne pleure pas. Regarde-moi. Regarde-moi, femme. »

Elle lève la tête et contemple, à travers ses larmes, le visage lumineux de Jésus.

« Viens ici, homme. Agenouille-toi auprès de ton épouse. Maintenant, je vous bénis et je sanctifie votre union. Ecoutez : “ Seigneur, Dieu de nos pères, qui avec de la boue as fait Adam et lui as donné Eve pour compagne, pour qu’ils peuplent pour toi la terre et élèvent leurs enfants dans ta sainte crainte, descends avec ta bénédiction et ta miséricorde, ouvre et féconde les entrailles que l’Ennemi maintenait fermées pour les porter à un double péché d’adultère et de désespoir. Aie pitié de ces deux enfants, Père saint, Créateur suprême. Rends-les heureux et saints. Rends cette femme féconde comme une vigne, et que cet homme soit son protecteur comme le tuteur qui soutient la vigne. Descends, ô Vie, pour donner la vie. Descends, ô Feu, pour réchauffer. Descends, ô Puissant, pour agir. Descends ! Fais que, à la fête de louange pour les moissons fécondes de l’année qui vient, ils t’offrent leur gerbe vivante, leur premier-né, un fils qui te soit consacré, à toi l’Eternel qui bénis ceux qui espèrent en toi. ” »

Jésus a prié d’une voix de tonnerre, les mains posées sur les deux têtes inclinées.

104.5

Les gens ne se retiennent plus et l’entourent, Pierre en première ligne.

« Relevez-vous. Ayez foi et soyez saints.

– Oh ! Reste, Maître, demandent les deux époux réconciliés.

– Je ne peux pas. Je reviendrai. A de nombreuses reprises.

– Reste, reste, parle-nous ! » crie la foule.

Mais Jésus bénit sans s’arrêter. Il promet de revenir bientôt et, suivi d’une petite foule, il se rend à la maison qui lui donne l’hospitalité.

« Homme curieux ! Que devrais-je te faire ? demande-t-il en chemin à Pierre.

– Ce que tu veux, mais en attendant j’y ai assisté… »

Ils entrent dans la maison, congédient le peuple qui commente les paroles qu’il a entendues et se mettent à table.

Pierre est encore curieux.

« Maître, ils auront vraiment un fils ?

– M’as-tu jamais vu promettre des choses qui n’arrivent pas ? Te semble-t-il que je puisse me permettre d’utiliser la confiance dans le Père pour mentir et décevoir ?

– Non… mais… tu pourrais en faire autant à tous les époux ?

– Je le pourrais, mais je ne le fais que là où je vois qu’un fils pourrait pousser ses parents à se sanctifier. Là où il serait un obstacle, je ne le fais pas. »

Pierre ébouriffe ses cheveux grisonnants et se tait.

104.6

Mais voilà qu’arrive le berger Joseph, tout couvert de poussière comme après une longue marche.

« Toi ? Comment cela se fait-il ? demande Jésus après l’avoir embrassé pour le saluer.

– J’ai des lettres pour toi. Ta Mère me les a données. L’une vient d’elle. Les voici. »

Joseph présente trois petits rouleaux d’une espèce de fin parchemin, attachés par un ruban. Le plus volumineux a aussi un sceau pour le fermer. Un autre est seulement noué. Le troisième a un sceau brisé.

« Voilà celui de ta Mère » dit Joseph en indiquant celui qui a un nœud.

Jésus le déroule et le lit, tout bas d’abord, puis à haute voix.

« “ A mon Fils aimé, paix et bénédiction. Il m’est arrivé, à la première heure des calendes de la lune d’Ellul, un messager de Béthanie. C’était le berger Isaac auquel j’ai donné un baiser de paix et de réconfort en ton nom et pour lui prouver ma reconnaissance. Il m’a apporté ces deux lettres que je t’envoie, me disant verbalement que ton ami Lazare de Béthanie te prie de condescendre à sa prière. Jésus bien aimé, mon Fils béni et mon Seigneur, je voudrais moi aussi te demander deux choses : la première de te rappeler que tu m’as promis d’appeler ta pauvre Maman pour l’instruire dans ta Parole ; la seconde de ne pas venir à Nazareth sans m’en avoir d’abord parlé. ” »

Jésus arrête brusquement, se lève, et va se placer entre Jacques et Jude. Il les serre étroitement dans ses bras et termine en répétant par cœur ces mots :

« “ Alphée est retourné dans le sein d’Abraham à la dernière pleine lune, et grand a été le deuil de la cité… ” »

Les deux fils pleurent sur la poitrine de Jésus. Il termine :

« “ A sa dernière heure, il aurait voulu t’avoir auprès de lui, mais tu étais loin. C’est pourtant un réconfort pour Marie qui voit en cela l’assurance du pardon de Dieu, ce qui doit donner la paix même à mes neveux. ” Vous entendez ? C’est Elle qui le dit, et elle sait de quoi elle parle.

– Donne-moi la lettre, supplie Jacques.

– Non, cela te ferait du mal.

– Pourquoi ? Que peut-elle dire de plus pénible que la mort d’un père ?

– Qu’il nous a maudits, soupire Jude.

– Non, non pas cela, dit Jésus.

– Tu le dis… pour ne pas nous affliger. Mais c’est la vérité.

– Lis, alors. »

Jude lit :

« “ Jésus, je te prie – et Marie t’en prie elle aussi – de ne pas venir à Nazareth avant la fin du deuil. L’affection des Nazaréens pour Alphée les rend injustes envers toi, et ta Mère en pleure. Notre bon ami Alphée me console et calme le pays. Il y a eu beaucoup de bruit au sujet du récit d’Aser et d’Ismaël pour la femme de Kouza. Mais Nazareth est maintenant une mer agitée par des vents contraires. Je te bénis, mon Fils, et je te demande pour mon âme paix et bénédiction. Paix à mes neveux. Maman. ” »

Les apôtres font des commentaires et réconfortent les deux frères en pleurs.

104.7

Mais Pierre dit :

« Et celles-là, tu ne les lis pas ? »

Jésus fait signe que oui et ouvre celle de Lazare. Il appelle Simon le Zélote et ils lisent ensemble dans un coin. Puis ils ouvrent l’autre rouleau et le lisent aussi. Ils discutent. Je vois Simon chercher à persuader Jésus de quelque chose, sans y parvenir.

Jésus, les rouleaux en main, vient au milieu de la pièce et dit :

« Ecoutez, mes amis. Nous formons tous une même famille et il n’y a pas de secrets entre nous. Si c’est faire preuve de pitié de tenir le mal caché, c’est justice que de faire connaître le bien. Ecoutez ce qu’écrit Lazare de Béthanie :

“ Au Seigneur Jésus, paix et bénédiction. Paix et salut à mon ami Simon. J’ai reçu ta lettre et, en qualité de serviteur, j’ai mis à ton service mon cœur, ma parole et tous mes moyens pour te faire plaisir et avoir l’honneur d’être pour toi un serviteur qui ne soit pas inutile. Je suis allé chez Doras, dans son château de Judée, pour le prier de me vendre son serviteur Jonas, comme tu le désires. J’avoue que, sans la prière de Simon, ton ami fidèle, je n’aurais pas affronté ce chacal railleur, cruel et néfaste. Mais pour toi, mon Maître et ami, je me sens capable d’affronter Mammon en personne. Je pense en effet que tu es tout proche de ceux qui œuvrent pour toi et donc que tu les défends. J’ai été certainement aidé car, contre toute prévision, j’ai gagné. La discussion a été dure et les premiers refus humiliants. Trois fois, j’ai dû m’incliner devant cet argousin tout-puissant. Ensuite, il m’a imposé un délai d’attente. Enfin voilà la lettre. Elle est digne d’une vipère. Et moi, j’ai à peine le courage de te dire : ‘ Cède pour parvenir à tes fins ’ car il n’est pas digne de t’avoir. Mais c’est le seul moyen. J’ai accepté en ton nom et j’ai signé. Si j’ai mal fait, réprimande-moi. Mais crois-le bien : j’ai essayé de mon mieux de te rendre service. Hier est arrivé un de tes disciples de Judée, disant qu’il venait en ton nom pour savoir s’il y avait des nouvelles à t’apporter. Il se nomme Judas de Kérioth. Mais j’ai préféré attendre Isaac pour te remettre la lettre. J’ai été étonné que tu aies envoyé quelqu’un d’autre, sachant qu’à chaque sabbat Isaac vient chez moi se reposer. Je n’ai rien d’autre à te dire. Je baise seulement tes pieds saints. Je te prie de les diriger chez ton serviteur et ami Lazare, comme tu l’as promis. Salut à Simon. A toi, mon Maître et ami, baiser de paix et prière de bénédiction. Lazare. ”

Et maintenant voici l’autre : “ A Lazare, salut. J’ai décidé. Pour une somme double, tu auras Jonas. Cependant j’y mets ces conditions et je ne les changerai pour aucun motif. Je veux d’abord que Jonas termine les récoltes de l’année, autrement dit, je le retiendrai jusqu’à la lune de Tisri, à la fin de la lune. Je veux que Jésus de Nazareth vienne lui-même le prendre, et je lui demande d’entrer sous mon toit pour faire sa connaissance. Je veux un paiement immédiat après la signature du contrat. Adieu. Doras. ”

104.8

– Quelle peste ! S’écrie Pierre. Mais qui paie ? Qui sait combien il demande et nous… nous n’avons pas le moindre sou !

– C’est Simon qui paie, pour nous faire plaisir, à moi et au pauvre Jonas. Il n’acquiert qu’une ombre d’homme qui ne lui servira à rien. Mais il acquiert un grand mérite pour le Ciel.

– Toi ? Oh ! »

Tout le monde est stupéfait. La surprise fait même oublier leur peine aux fils d’Alphée.

« C’est lui. Il est juste que cela se sache.

– Il serait juste aussi que l’on sache pourquoi Judas est allé chez Lazare. Qui l’y avait envoyé ? Toi ? »

Mais Jésus ne répond pas à Pierre. Il est très soucieux, pensif. Il ne sort de sa méditation que pour dire :

« Donnez à dîner à Joseph, puis allons nous reposer. Je vais préparer une réponse pour Lazare… Isaac est encore à Nazareth ?

– Il m’attend.

– Nous nous y rendrons tous.

– Oh non ! Ta Mère dit… »

Tous sont en émoi.

« Silence. C’est ma volonté. Ma Mère laisse parler son cœur aimant. Moi, je juge avec ma raison. Je préfère faire cette démarche pendant que Judas n’est pas là, et tendre une main amie à mes cousins Simon et Joseph, pleurer avec eux avant la fin du deuil. Puis nous reviendrons à Capharnaüm, à Génésareth, sur le lac en somme, pour attendre la fin de la lune de Tisri. Nous prendrons les Marie avec nous. Votre mère a besoin d’amour, nous lui en donnerons. Et la mienne a besoin de paix. Je suis sa paix.

– Tu crois qu’à Nazareth… demande Pierre.

– Je ne crois rien.

– Ah ! Bien ! Parce que, s’ils devaient lui faire du mal ou la faire souffrir !… Ils auraient à faire avec moi ! » dit Pierre tout ébouriffé.

Jésus lui fait une caresse, mais il est pensif ; je dirais même qu’il est triste. Puis il va s’asseoir entre Jude et Jacques et les tient dans ses bras pour les consoler.

Les autres parlent doucement pour ne pas troubler leur douleur.

104.1

Jesus is in the beautiful sea-town, which on the map has a natural wide and well-protected gulf, with a capacity for taking many ships, made even safer by a large harbour wall. It must be used also a great deal for military purposes, because I see Roman triremes with soldiers on board. They are disembarking, though I do not know whether because they are relieving troops or because they are reinforcing the garrison. The harbour, that is the port, vaguely reminds me of Naples, dominated by the Vesuvian mountains.

Jesus is sitting in a humble house near the harbour. It is certainly the house of fishermen, probably friends of Peter and John, because I see that they feel at ease in the house and with its residents. I do not see the shepherd Joseph. And, of course, I do not see the Iscariot, still absent. Jesus is speaking informally to the members of the family and to other people who have come to listen to Him. But it is not a real sermon. His words are full of advice and comfort, such as only He can give.

Andrew comes in, he seems to have gone out on some errand, because he has some loaves in his hands. He blushes when drawing near, because it must be a real torture for him to attract people’s attention to himself, and rather than speak he whispers: «Master, could You come with me? There… there is some good to be done. But only You can do it.»

Jesus gets up without even asking what is the good.

104.2

But Peter asks: «Where are you taking Him? He is so tired. It is supper time. They can wait for Him till tomorrow.»

«No… it must be done at once. It is…»

«Why don’t you speak, you frightened gazelle? How can a great big strapping man be like that!… You look like a little fish caught in the net!»

Andrew blushes even more. Jesus defends him by drawing him to Himself. «I like him thus. Leave him alone. Your brother is like wholesome water. It works noiselessly in the depths, it comes out from the earth like a very fine stream, but it cures those who go near it. Let us go, Andrew.»

«I’m coming, too! I want to see where he takes You» insists Peter.

Andrew implores: «No, Master. Only You and I, alone. If there is a crowd it is impossible. It’s a matter of love…»

«What’s that? Are you playing the paranymph now?»

Andrew does not reply to his brother. He says to Jesus: «A man wants to repudiate his wife and… and I have spoken. But I am not capable. But if You speak… oh! You will succeed, because the man is not a bad person. He is he is… he will tell You.»

Jesus goes out with Andrew without saying anything else.

Peter is somewhat undecided, he then says: «I will go. At least I want to see where they go.» And he goes out, although the others tell him not to do so.

Andrew is about to come out from a narrow modest street. And Peter follows him. He goes round a little square full of old women. And Peter follows him. He threads his way through a large door that opens onto a wide yard surrounded by poor little low houses. I call it a large door because there is an arch. But there is no door. And Peter follows him. Jesus enters one of the little houses with Andrew. Peter lies in wait outside. A woman sees him and asks: «Are you a relative of Aava? And those two? Have you come to take her away?»

«Be quiet, you cackle of a hen! I am not to be seen.»

To keep a woman quiet! It is a difficult task. And since Peter casts withering glances at her, she goes to chat with the other old women. Poor Peter is immediately surrounded by a circle of women, boys and also men, who simply by commanding one another to be silent, make a noise that gives away their presence. Peter is consumed with anger… but to no avail.

104.3

Jesus’ full, calm, beautiful voice comes from inside the house, together with the broken voice of a woman and the hoarse voice of a man. «If she has always been a good wife, why repudiate her? Have you ever wronged him?»

«No, Master, I swear it! I have loved him like the pupil of my eye» moans the woman.

And the man, sharp and hard: «No. She never wronged me except in being sterile. And I want children. I don’t want God’s curse on my name.»

«It is not your wife’s fault, if she is such.»

«He puts the blame on me. On me and my relatives, as if we had betrayed…»

«Woman, be sincere. Did you know that you were sterile?»

«No. I was and I am like all women. Also the doctor said so. But I am not successful in having children.»

«You can see that she has not betrayed you. She suffers for that, too. Will you answer sincerely, too: if she were a mother, would you repudiate her?»

«No. I swear it. There is no reason. But the rabbi said so, and also the scribe: “A barren woman is the curse of God on a house and it is your right and duty to give her a divorce libel and not to vex your virility by depriving yourself of children”.

104.4

I am doing what the Law states.»

«No. Listen. The Law says: “Do not commit adultery” and you are about to commit it. That is the original commandment and nothing else. And if on account of the hardness of your hearts Moses granted divorce, it was to prevent intrigues and concubinages hateful to God. Then your vice expanded more and more Moses’ clause, creating the wicked chains and murderous stones which are the present lot of women, always victims of your arrogance, of your whims, of your deafness and your blindness to affections. I tell you: it is not legal to do what you want to do. Your action is an offence to God. Did Abraham perhaps repudiate Sarah? And Jacob, Rachel? And Elkanah, Anna? And Manoah, his wife? Do you know the Baptizer? You do? Well: was his mother not sterile up to her old age and then gave birth to the holy man of God, as Manoah’s wife gave birth to Samson, and Anna of Elkanah to Samuel, and Rachel to Joseph, and Sarah to Isaac? To the husband’s continence, to his compassion for his sterile wife, to his fidelity to marriage, God grants a prize, and a prize celebrated through centuries, as He grants consolation to the weeping sterile women, no longer sterile nor depressed, but glorious in the exultation of being mothers. You are not allowed to offend her love. Be just and honest. God will reward you beyond your merit.»

«Master, You are the only one to speak in this way… I did not know. I asked the doctors and they said to me: “Do it”. But not one word to tell me that God rewards a good deed with gifts. We are in their hands… and they close our eyes and our hearts with an iron hand. I am not a bad man, Master. Don’t be angry with me.»

«I am not angry. I feel sorry for you more than I do for this weeping woman. Because her pain will end with her life. Yours will begin then, to last forever. Think about it.»

«No, it will not begin. I don’t want it to begin. Will You swear to me by the God of Abraham that what You say is the truth?»

«I am the Truth and Wisdom. Whoever believes in Me will have justice, wisdom, love and peace.»

«I want to believe You. Yes, I want to believe You. I feel there is something in You which is not in the others. Well. I will now go to the priest and I will say to him: “I am not going to repudiate her any longer. I will keep her and I will only ask God to help me to feel less the pain of being childless”. Aava: do not cry. We will ask the Master to come again to keep me good, and you… continue to love me.»

The woman cries louder, because of the contrast between her previous sorrow and her present joy.

Jesus instead smiles. «Do not cry. Look at Me. Look at Me, woman.»

She looks up. She looks at His bright face through her tears.

«Come here, man. Kneel down beside your wife. I will now bless you and sanctify your union. Listen: “Lord God of our fathers, Who made Adam with the dust of the soil and gave him Eve as a helpmate, that they might populate the earth with men, bringing them up in Your holy fear, descend with Your blessing and Your mercy, open and fecundate the womb that the Enemy had closed to lead them to a double sin of adultery and despair. Have mercy on these two children, Holy Father, Supreme Creator. Make them happy and holy. May she be as prolific as a vineyard, and he her protector, as the elm-tree supports the vine. Descend, o Life, to give life. Descend, o Fire, to inflame. Descend, o Power, to activate. Descend! Grant them that for the praise feast for the fruitful crops next year they may offer You their living sheaf, their first born, a son, sacred to You, Eternal Father, Who bless those who hope in You”.» Jesus has prayed in a thundering voice, His hands stretched out over their bowed heads.

104.5

The people no longer restrain themselves and they gather together, Peter in front of them all.

«Stand up. Have faith and be holy.»

«Oh! Stay, Master!» beg the reconciled couple.

«I cannot. I will come back. I will be here very often.»

«Stay, stay. Speak also to us!» shout the crowd. Jesus blesses but does not stop. He promises only to come back soon. And He goes to His hospitable house, followed by a small crowd.

«Inquisitive man: what should I do to you?» He asks Peter on the way.

«Whatever You wish. However, I was there…»

They enter the house, they dismiss the crowd that make comments on the words they heard, and they sit down to supper.

Peter is still inquisitive. «Master, will there really be a son?»

«Have you ever seen Me promise things that do not come true? Do you think that I would take the liberty of using the confidence in the Father to lie and deceive?»

«No… but… Could You do that to all married couples?»

«I could. But I do it only where I see that a son can be an incentive to holiness. I do not do it where it would be a hindrance.»

Peter ruffles his grizzled hair and turns quiet.

104.6

The shepherd Joseph comes in. He is covered in dust like one who has walked a long way.

«You? Why are you here?» asks Jesus after a greeting kiss.

«I have some letters for You. Your Mother gave me them and one is from Her. Here they are.» And Joseph hands Him three small rolls of a kind of thin parchment, tied with a little ribbon. The largest one is also sealed. The second one has only a knot, the third one shows a broken seal. «This one is from Your Mother» says Joseph, pointing at the one with the knot.

Jesus unfolds it and reads it. First in a low voice and then loud. «“To My beloved Son, peace and blessings. A messenger from Bethany arrived here at the first hour on the calends of the month of Elul. It was the shepherd Isaac, to whom I gave the kiss of peace and refreshments in Your name and out of gratitude on my part. He brought Me these two letters which I am sending on to You, and he told Me that Your friend Lazarus of Bethany presses You to consent to his request. My beloved Jesus, blessed Son and Lord, I also have two things to ask You. One is to remind You that You promised Me to call Your poor Mother to instruct Her in the Word. The other is that You should not come to Nazareth without speaking to Me first”.»

Jesus stops all of a sudden, He stands up and goes towards James and Judas. He embraces them tightly and ends repeating by heart the words: «“Alphaeus has returned to the bosom of Abraham at the last full moon, and great was the mourning of the town…”.» The two sons weep on Jesus’ chest, Who goes on: «“At the last hour he wanted You. But You were far away. But it is a consolation for Mary, who considers it a sign of God’s forgiveness, and it must give peace also to My nephews”. Have you heard? She says so. And She knows what She is saying.»

«Give me the letter» implores James.

«No, it would hurt you.»

«Why? What can it say more painful than the death of a father?…»

«That he cursed us» sighs Judas.

«No. Not so» says Jesus.

«You say so… not to pierce us. But it is so.»

«Read, then.»

And Judas reads: «“Jesus: I beg You, and also Mary begs You; do not come to Nazareth until the mourning is over. Their love for Alphaeus makes the Nazarenes unfair towards You and Your Mother cries because of that. Our good friend Alphaeus comforts Me and calms the town. The report by Aser and Ishmael on Chuza’s wife caused a great stir. But Nazareth is now a sea agitated by different winds. I bless You, My Son, and I ask Your peace and blessing for My soul. Peace to My nephews. Mother”.»

The apostles make their comments and comfort the weeping brothers.

104.7

But Peter says: «Are You not reading those?»

Jesus nods assent and opens Lazarus’ letter. He calls Simon Zealot. They read together, in a corner. They then open the other roll and read it as well, they discuss between themselves; and I see that the Zealot endeavours to persuade Jesus about something, but he is not successful.

Jesus, with the rolls in His hand, comes to the centre of the room and says: «Listen, friends. We are one family and there are secrets among us. And if it is compassion to conceal evil, it is justice to make good known. Listen to what Lazarus of Bethany writes: “To Lord Jesus peace and blessing, and peace and health to my friend Simon. I received Your letter and, a servant as I am, placed my heart, my speech and all my means at Your service to make You happy and to have the honour of not being a useless servant. I went to Doras, to his castle in Judaea, to ask him to sell me his servant Jonah, as You wish. I confess that if I had not been requested by Simon, a faithful friend, on Your behalf, I would not have faced that mocking, cruel, impious jackal. But for You, my Master and Friend, I feel I can also face Mammon. Because I think that who works for You, is near You and consequently is protected. And I have certainly been helped, because, contrary to expectations, I won. The discussion was a hard one and his first refusals humiliating. Three times I had to bow down to that powerful slave-driver. He then forced me to wait a few days. At last here is the letter. It befits the asp he is. And I almost dare not say to You: — Give in to gain Your ends –, because he is not worthy to have You. But there is no other way. I accepted on Your behalf and I signed. If I did the wrong thing, rebuke me. But believe me: I tried to serve You as well as I could. Yesterday a Judaean disciple of Yours came, stating that he came in Your name to find out whether there was any news to be taken to You. He said he was Judas of Kerioth. But I preferred to wait for Isaac to send the letter. And I was surprised that You had sent someone else, since You know that Isaac comes here every Sabbath to rest. I have nothing else to tell You. Only, kissing Your holy feet, I beg You to bring them to Your servant and friend Lazarus, as promised by You. Health to Simon. To You, Master and Friend, a kiss of peace and a prayer for blessing. Lazarus”.

And now the other one: “Health to Lazarus. I decided. You will have Jonah for twice the amount. But I make the following terms and I will not change them for any reason. I want Jonah to finish the harvests of the year, that is he will be handed over at the moon of Tishri, at the end of the moon. I want Jesus of Nazareth to come personally to take him, and I will ask Him to enter my house, that I may meet Him. I want payment immediately after signing the contract. Goodbye. Doras”.»

104.8

«What a scoundrel!» shouts Peter. «But who is paying? I wonder how much he wants and we… we are always without a farthing!»

«Simon is paying. To make Me and poor Jonah happy. He is buying only the wreck of a man, who will not serve him at all. But he gains great merit in Heaven.»

«You? Oh!» They are all surprised. Even Alphaeus’ sons forget their sorrow because of their amazement.

«It is he. It is just that it should be known.»

«It would also be just if it were known why Judas Iscariot went to Lazarus. Who sent him? Did You?»

But Jesus does not reply to Peter. He is very serious and pensive. He comes out of His meditation only to say: «Give some refreshment to Joseph and then let us go and rest. I will prepare a reply for Lazarus… Is Isaac still at Nazareth?»

«He is waiting for me.»

«We shall all go.»

«No. Your Mother says…» They are all in utter confusion.

«Be quiet. That is what I want. My Mother speaks with Her loving heart. I judge with My reason. I prefer to do it while Judas is away. And I want to hold out a friendly hand to My cousins Simon and Joseph, and mourn with them before the mourning is over. We will then go back to Capernaum, to Gennesaret, that is to the lake, awaiting the end of the month of Tishri. And we will take the Marys with us. Your mother needs affection. We will give it to her. And Mine needs peace. I am Her peace.»

«Do You think that at Nazareth?…» asks Peter.

«I do not think anything.»

«Oh! Well! Because, if they should hurt Her, or cause Her sorrow!… They will have to deal with me!» says Peter completely upset.

Jesus caresses him, but He is lost in thought. He is sad, I would say. He then goes between Judas and James and sits down embracing them to comfort them.

The others speak in low voices not to disturb their sorrow.


Notes

  1. divorce : le mari pouvait l’imposer à sa femme s’il trouvait en elle quelque chose de honteux ou de dégradant, comme on le voit en Dt 24, 1-4. Mais Jésus condamne la loi du divorce en 140.4, 174.19, 357.10/11, 531.13/14, 635.9. En outre, l’obligation pour la femme juive de se marier et d’avoir des enfants (le grand-prêtre le rappelle à la Vierge en 11.3) et le déshonneur que constitue sa stérilité (considérée par Anne comme un châtiment en 2.4) sont illustrés par Gn 1, 27-28 ; 2, 22-24 ; 9, 1 ; 17, 15-21 ; 21, 1-7 ; 30, 1-2.22-24 ; Jg 13, 2-7.24 ; 1 S 1, 1-20 ; Os 9, 11-14. Jésus aborde la question des mariages mixtes en 327.4 et en 635.9. Il illustre magistralement l’origine du mariage en 470.4.