The Writings of Maria Valtorta

200. Aglaé et le parfum de sa joie d’être sauvée.

200. Aglae and her joy for being saved.

200.1

Jésus rentre seul chez Simon le Zélote. Le soir arrive, tranquille et serein après tant de soleil. Jésus se montre à la porte de la cuisine, salue, puis monte méditer dans la salle de l’étage supérieur, déjà préparée pour le dîner.

Le Seigneur ne semble pas bien gai. Il soupire souvent et va et vient dans la pièce. Il jette de temps à autre un regard sur la campagne environnante que l’on voit par les nombreuses portes de cette vaste pièce qui forme un cube au-dessus du rez-de-chaussée. Il sort aussi se promener sur la terrasse en faisant le tour de la maison, et s’arrête du côté arrière pour regarder Jean d’En-Dor qui, courtoisement, puise de l’eau au puits pour l’apporter à Salomé, tout affairée. Il regarde, secoue la tête, soupire.

La puissance de son regard attire Jean qui se retourne pour regarder et demande :

« Maître, tu as besoin de moi ?

– Non, je t’observais seulement.

– Il est bon, Jean. Il m’aide, dit Salomé.

– De cette aide aussi Dieu le récompensera. »

Sur ces mots, Jésus rentre dans la pièce et s’assied.

200.2

Il est tellement absorbé qu’il ne remarque pas la rumeur de plusieurs voix et le bruit de nombreux pas dans le corridor d’entrée, puis deux pas légers qui montent l’escalier extérieur et s’approchent de la salle. C’est seulement quand Marie l’appelle qu’il lève la tête.

« Mon Fils, Suzanne est arrivée à Jérusalem avec sa famille et m’a aussitôt amené Aglaé. Veux-tu l’entendre pendant que nous sommes seuls ?

– Oui, Mère, dès maintenant ; que personne ne monte jusqu’à ce que tout soit fini. J’espère avoir tout terminé avant le retour des autres. Mais je te prie de veiller à ce qu’il n’y ait pas de curiosités indiscrètes… chez personne… et en particulier chez Judas, fils de Simon.

– J’y veillerai soigneusement… »

Marie sort pour revenir peu après en tenant Aglaé par la main, non plus emmitouflée dans son manteau gris et dans son voile qui lui retombait sur le visage, non plus avec les sandales hautes et compliquées de boucles et de courroies qu’elle portait auparavant, mais en tout point semblable à une femme du pays : des sandales plates et basses, très simples comme celles de Marie, un vêtement bleu foncé sur lequel se drape le manteau, un voile blanc qu’elle porte comme les juives du peuple, c’est-à-dire posé simplement sur la tête avec un coin qui retombe sur les épaules, de sorte que le visage est voilé, mais pas complètement. Ce vêtement commun à une infinité d’autres femmes et le fait d’être dans un groupe de galiléens ont épargné à Aglaé d’être reconnue.

Elle entre, la tête inclinée, rougissant comme une pivoine à chaque pas qu’elle fait, et je crois que, si Marie ne l’avait pas poussée doucement vers Jésus, elle se serait agenouillée sur le seuil.

« Voici, mon Fils, celle qui te cherche depuis fort longtemps. Ecoute-la » dit Marie quand elle arrive auprès de Jésus.

Elle abaisse les rideaux sur les portes ouvertes et ferme celle qui est la plus proche de l’escalier.

200.3

Aglaé enlève le petit sac qu’elle avait sur les épaules, s’agenouille aux pieds de Jésus et fond en larmes. Elle glisse à terre et pleure, la tête appuyée sur ses bras croisés contre le sol.

« Ne pleure pas comme cela. Ce n’est plus le moment. Il te fallait pleurer lorsque tu éprouvais de la haine contre Dieu, pas maintenant que tu l’aimes et que tu en es aimée. »

Mais Aglaé continue de pleurer…

« Tu ne crois pas qu’il en est ainsi ? »

Sa voix se fraye un chemin à travers les sanglots :

« Je l’aime, c’est vrai, comme je sais le faire, comme je le peux… mais j’ai beau savoir et croire que Dieu est bonté, je ne puis oser espérer obtenir son amour. J’ai trop péché… Je l’obtiendrai, un jour peut-être… mais je dois encore beaucoup pleurer… Pour l’instant, je suis seule dans mon amour. Je suis seule… Ce n’est plus la solitude désespérée des années passées. C’est une solitude remplie du désir de Dieu et qui n’est donc plus désespérée… mais si triste, si triste…

– Aglaé, comme tu connais mal encore le Seigneur ! Ce désir que tu as de lui est pour toi une preuve que Dieu répond à ton amour, qu’il est pour toi un ami, qu’il t’appelle, qu’il t’invite, qu’il te veut. Dieu est incapable de rester inerte devant le désir de la créature, car ce désir, c’est lui qui l’a allumé dans ce cœur, lui, le Créateur et Seigneur de toute créature. C’est lui qui l’a allumé, car il a aimé d’un amour privilégié l’âme qui maintenant le désire. Le désir de Dieu précède toujours le désir de la créature, car il est le Très-Parfait et son amour est bien plus actif et brûlant que l’amour de la créature.

– Mais comment, comment Dieu peut-il aimer ma boue ?

– Ne cherche pas à comprendre avec ton intelligence. C’est un abîme de miséricorde incompréhensible pour l’esprit humain. Mais ce que l’intelligence de l’homme ne peut comprendre, l’intelligence de l’amour, l’amour de l’esprit le comprend au contraire. Cet amour comprend et entre avec assurance dans le mystère qui est Dieu et dans le mystère des rapports de l’âme avec Dieu. Entre, c’est moi qui te le dis. Entre, parce que Dieu le veut.

– Oh ! Mon Sauveur ! Mais alors, suis-je bien pardonnée ? Suis-je vraiment aimée ? Dois-je le croire ?

– T’ai-je jamais menti ?

– Oh non, Seigneur ! Tout ce que tu m’as dit[1] à Hébron s’est vérifié. Tu m’as sauvée, comme tu l’as dit par ton nom. Tu m’as cherchée, moi, pauvre âme perdue. Tu as redonné la vie à cette âme que je portais en moi, morte. Tu m’as dit que si je te cherchais je te trouverais, et cela s’est vérifié. Tu m’as dit que tu es partout où l’homme a besoin de médecin et de remèdes. Et c’est vrai. Tout, tout ce que tu as dit à la pauvre Aglaé, depuis ces paroles du matin de juin jusqu’à celles de la Belle Eau…

– Par conséquent, tu dois croire à celles-ci aussi.

– Oui, je crois, je crois ! Mais dis-moi, toi : “ Je te pardonne ” !

– Je te pardonne au nom de Dieu et de Jésus.

– Je te remercie…

200.4

Mais maintenant… Maintenant que dois-je faire ? Dis-moi, mon Sauveur, ce que je dois faire pour avoir la vie éternelle ? L’homme se corrompt, rien qu’à me regarder… Je ne peux plus vivre dans la crainte continuelle d’être découverte et harcelée… Durant ce voyage, je tremblais devant chaque regard d’homme… Je ne veux plus pécher ni faire pécher. Indique-moi le chemin à suivre. Quel qu’il soit, je le suivrai. Tu vois que je suis encore forte, malgré les privations… Et même si, à la suite d’un excès de privations, je rencontrais la mort, je n’en aurais pas peur. Je l’appellerais “ mon amie ” car elle me soustrairait aux dangers de la terre, et pour toujours. Parle, mon Sauveur.

– Va dans un lieu désert.

– Où, Seigneur ?

– Là où tu veux. Là où te conduira ton esprit.

– En sera-t-il capable, mon esprit à peine formé ?

– Oui, parce que Dieu te conduit.

– Et qui me parlera désormais de Dieu ?

– Ton âme ressuscitée, pour le moment…

– Je ne te verrai jamais plus ?

– Jamais plus sur la terre. Mais d’ici peu, je t’aurai totalement rachetée et alors je viendrai vers ton âme pour te préparer à monter vers Dieu.

– Comment ma complète rédemption adviendra-t-elle, si je ne te vois plus ? Comment me la donneras-tu ?

– En mourant pour tous les pécheurs.

– Oh non ! Toi, mourir ? Non !

– Pour vous donner la vie, je dois me livrer à la mort. C’est pour cela que je suis venu en tant qu’homme. Ne pleure pas… Tu me rejoindras sans tarder là où je serai après mon sacrifice et le tien.

– Mon Seigneur ! Moi aussi, je mourrai pour toi ?

– Oui, mais d’une autre manière. Ta chair mourra d’heure en heure, et par la décision de ta volonté. Cela fait presque un an qu’elle est en train de mourir. Quand elle sera tout à fait morte, je t’appellerai.

– Aurai-je la force de détruire ma chair coupable ?

– Dans la solitude où tu seras et où Satan t’assaillira avec une violence haineuse au fur et à mesure que tu appartiendras davantage au Ciel, tu trouveras un de mes apôtres autrefois pécheur, puis racheté.

– Alors ce n’est pas l’apôtre béni qui me parlait de toi ? Il est trop honnête pour avoir été pécheur.

– Pas celui-là, mais un autre. Il te rejoindra au bon moment. Il te dira ce que tu ne peux encore savoir. Va en paix. Que la bénédiction de Dieu soit sur toi. »

200.5

Aglaé, qui est toujours restée à genoux, se penche pour baiser les pieds du Seigneur. Elle n’ose faire plus. Puis elle reprend son sac et le retourne. Il en tombe des vêtements simples, un petit sac qui résonne et une amphore d’un délicat albâtre rose.

Aglaé remet les vêtements dans le sac et saisit le sachet :

« Voici pour tes pauvres. C’est le reste de mes bijoux. Je n’ai gardé que l’argent de ma nourriture durant le voyage… car, même si tu ne me l’avais pas dit, je serais partie dans un lieu éloigné. Maintenant, ceci c’est pour toi. Certes, c’est moins suave que le parfum de ta sainteté, mais c’est tout ce que la terre peut donner de meilleur. Et je m’en servais pour faire le pire… Le voilà. Que Dieu m’accorde d’exhaler un parfum au moins égal à celui-ci, en ta présence au Ciel. »

Sur ce, elle enlève à l’amphore son bouchon précieux et en renverse le contenu sur le sol. Une odeur pénétrante de roses s’élève à flots du carrelage imprégné de cette essence précieuse.

Aglaé ramasse l’amphore vide :

« En souvenir de cette heure » dit-elle, puis elle s’incline une nouvelle fois pour baiser les pieds de Jésus, se relève, se retire à reculons, sort, ferme la porte…

On entend son pas qui s’éloigne vers l’escalier, sa voix qui échange quelques mots avec Marie, puis le bruit des sandales sur les marches de l’escalier, et plus rien. D’Aglaé, il ne reste que le petit sachet aux pieds de Jésus et l’arôme pénétrant répandu dans toute la pièce.

Jésus se lève… ramasse le sachet et le met sur son sein, se dirige vers une ouverture qui donne sur le chemin, sourit à la vue de la femme qui, seule, s’éloigne dans son manteau de femme juive en direction de Bethléem. Il fait un geste de bénédiction, puis va sur la terrasse et appelle :

« Maman ! »

Marie monte vivement l’escalier :

« Tu l’as rendue heureuse, mon Fils. Elle est partie, courageuse et paisible.

– Oui, Mère. Quand André reviendra, envoie-le-moi avant les autres. »

200.6

Après un certain temps, on entend les voix des apôtres qui reviennent… André accourt :

« Maître, tu me demandes ?

– Oui, viens ici. Que personne ne le sache, mais à toi, il est juste que je te le dise : André, merci au nom du Seigneur et d’une âme.

– Merci ? De quoi ?

– ne sens-tu pas ce parfum ? C’est le souvenir de la femme voilée. Elle est venue. Elle est sauvée. »

André rougit comme une pivoine, tombe à genoux et ne sait que dire… Finalement, il murmure :

« Maintenant je suis content. Que le Seigneur soit béni !

– Oui, lève-toi. Ne dis pas aux autres qu’elle est venue.

– Je me tairai, Seigneur.

– Va. Ecoute : Judas est-il encore là ?

– Oui, il a voulu nous accompagner… en disant… beaucoup de mensonges. Pourquoi agit-il ainsi, Seigneur ?

– Parce que c’est un enfant gâté. Dis-moi la vérité : vous vous êtes disputés ?

– Non. Mon frère était trop heureux avec son enfant pour en avoir le désir, et les autres… tu sais… sont plus prudents. Mais il est certain que, dans notre cœur, nous sommes tous dégoûtés. Mais il s’en va après le dîner… D’autres amis… dit-il. Ah ! Et il méprise les prostituées !

– Sois bon, André. Toi aussi, tu dois être heureux ce soir…

– Oui, Maître. Moi aussi, j’ai mon invisible, mais douce paternité. Je m’en vais. »

200.7

Après quelque temps, les apôtres montent en groupe avec l’enfant et Jean d’En-Dor. Les femmes les suivent avec les plats et les lampes. Lazare arrive en dernier en compagnie de Simon.

A peine entrés dans la pièce, ils s’exclament :

« Ah, cela venait d’ici ! » en humant l’air empli du parfum de roses, malgré les portes grandes ouvertes.

« Mais qui a parfumé ainsi cette pièce ? Marthe, peut-être ? demandent plusieurs.

– Ma sœur n’a pas quitté la maison de la journée, après les repas, répond Lazare.

– Alors qui ? Quelque satrape assyrien ? plaisante Pierre.

– L’amour d’une femme rachetée, dit sérieusement Jésus.

– Elle pouvait faire l’économie de cet inutile étalage de rédemption et donner aux pauvres ce qu’elle a dépensé. Il y en a tellement ! Et ils savent que nous faisons des distributions. Je n’ai plus le moindre sou, intervient Judas sur un ton irrité. Or il nous faut acheter l’agneau, louer une pièce pour le repas de Pâque et…

– Mais je vous ai tout offert moi-même, rétorque Lazare.

– Ce n’est pas juste. Le rite perd de son charme. La Loi dit : “ Tu prendras l’agneau pour toi et ta maison. ” Elle ne dit pas : “ Tu accepteras l’agneau. ” »

Barthélemy se retourne brusquement, ouvre la bouche, puis la referme. Pierre devient cramoisi sous l’effort qu’il fait pour se taire. Mais Simon le Zélote, qui est chez lui, croit pouvoir parler :

« Tout cela, ce sont des subtilités rabbiniques… Je te prie de les laisser tomber et, en échange, de rester respectueux envers mon ami Lazare.

– Bravo, Simon ! »

S’il ne parle pas, Pierre va éclater.

« Bravo ! Il me semble aussi qu’on oublie un peu trop que seul le Maître a le droit d’enseigner… »

Pierre dit “ on oublie ” en faisant un effort héroïque pour ne pas préciser : “ Judas oublie. ”

« C’est vrai… mais… je suis nerveux, voilà. Excuse-moi, Maître.

– Oui. Et je te réponds aussi. La reconnaissance est une grande vertu. Je suis reconnaissant à Lazare, comme cette femme rachetée m’a été reconnaissante. Moi, je répands sur Lazare le parfum de ma bénédiction, même pour ceux de mes apôtres qui ne savent pas le faire, moi qui suis votre chef à tous. Cette femme a répandu à mes pieds le parfum de sa joie d’être sauvée. Elle a reconnu le Roi, et elle est venue à lui avant beaucoup d’autres sur lesquels le Roi a répandu plus d’amour que sur elle. Laissez-la faire sans la critiquer. Elle ne pourra assister à ma proclamation ni à mon onction. Sa croix est déjà sur ses épaules. Pierre, tu as demandé s’il était venu ici un satrape assyrien. En vérité, je te dis que même l’encens des Mages, si pur et si précieux qu’il ait pu être, n’était pas plus suave, plus précieux que ceci. L’essence s’est détrempée dans ses larmes, et c’est pour cela qu’elle est si pénétrante : l’humilité soutient l’amour et le rend parfait. Mettons-nous à table, mes amis… »

Et la vision cesse avec l’offrande de la nourriture.

200.1

Jesus goes back to the Zealot’s house alone. It is getting dark and the evening is quiet and serene after so much sunshine. Jesus looks in at the kitchen door, says hello and then goes upstairs, to meditate in the upper room, which has already been prepared for supper. He does not look very happy. He often sighs and walks to and fro in the large room, looking now and again at the surrounding country, which can be seen through the many doors of this large room, shaped like a cube above the ground floor. He goes out also and walks on the terrace making a tour of the house and He stops at the rear side looking at John of Endor who is kindly drawing water from a well and handing it to busy Salome. He looks, shakes His head and sighs.

The power of His glance draws the attention of John, who looks up and asks: «Master, do You want me?»

«No, I was only looking at you.»

«John is good. He helps me» says Salome.

«And God will reward him for that help too.»

200.2

After these words Jesus goes back into the room and sits down. He is so engrossed in thought that He does not notice the noisy chattering of many voices and the shuffling of many feet in the entrance corridor and then two light footsteps climbing the outside staircase and approaching the large room. Only when Mary calls Him He looks up.

«Son, Susanna has arrived in Jerusalem with her family and she brought Aglae here at once. Do You wish to listen to her while we are alone?»

«Yes, Mother. At once. And do not let anyone come up until it is all over. I hope to deal with her before the others come back. But please watch that there is no indiscreet curiosity… in no one… particularly with regards to Judas of Simon.»

«I will watch carefully…»

Mary goes out and shortly afterwards comes back holding by the hand Aglae, who is no longer wrapped in her large grey mantle with her veil pulled over her face and is not wearing high heeled sandals with complicated buckles and strips, which she wore before. She is now dressed like a Jewess, with low flat very plain sandals, like Mary’s, a dark blue dress on which her mantle is draped, and a white veil which she is wearing in the style of common Jewish women, that is, simply covering her head with one edge falling on her shoulders so that her face is only partially veiled. Her plain dress, identical to the one worn by most women and the fact that she was with other Galileans prevented her from being recognised.

She enters with her head lowered, blushing at every step, and I think that she would have knelt down on the threshold, if Mary had not kindly pulled her towards Jesus.

«Here, Son, is the woman who has been looking for You for such a long time. Listen to her» says Mary when She is near Jesus and then withdraws, pulling the curtains over the wide open doors and closing the one which is near the staircase.

200.3

Aglae puts down the little bag she was carrying on her shoulder, then she kneels down at Jesus’ feet and bursts into tears. She prostrates herself on the floor, her head resting on her arms crossed on the floor.

«Do not weep thus. This is not the time for tears. You should have wept when you were hateful to God. Not now that you love Him and are loved by Him.»

But Aglae continues to weep…

«Do you not believe that it is so?»

She manages to speak through her sobs: «I love Him, it is true, as best I can… But although I know and believe that God is Bounty I cannot possibly hope to be loved by Him. I have sinned too much… Perhaps one day I will be loved… But I still have to weep so much… For the time being I am alone in my love. All alone… It is not desperate solitude of past years. It is a solitude full of longing for God, so it is no longer hopeless… but it is so sad…»

«Aglae, how little you still know the Lord! This longing for Him is the proof that God is replying to your love, that He is your friend, Who calls you, invites you and wants you. God is incapable of remaining insensitive to the desire of a creature, because He, the Lord and Creator of all creatures, excited that desire in that heart. He excited it because He loved with privileged love the soul that is now longing for Him. The desire of God always precedes the desire of the creature, because He is Most Perfect and therefore His love is by far more eager and ardent than the love of the creature.»

«But how can God love my filth?»

«Do not endeavour to understand with your intelligence. He is an abyss of mercy, which human intelligence cannot understand. But what the intelligence of man cannot understand, the intelligence of love, the love of the spirit does. It understands and confidently penetrates the mystery, which is God, and the mystery of the relationship of the soul with God. Enter, I tell you. Enter, because God wants it.»

«Oh! My Saviour! So I am really forgiven? I am really loved? Must I believe it?»

«Did I ever lie to you?»

«Oh! no, Lord! Everything You told me[1] at Hebron came true. You saved me because Your Name is salvation. You looked for me, a poor lost soul. You gave me the life of this soul, which I was carrying dead within me. You told me that if I had looked for You I would find You. And it was true. You told me that You are wherever man needs a doctor and medicine. And it is true. Everything, everything You told poor Aglae, from the words on that

morning in June, to the other words at the Clear Water…»

«So you must believe these too.»

«Yes, I believe, I do believe! But say to me: “I forgive you”!»

«I forgive you in the name of God and of Jesus.»

«Thank You…

200.4

But now… What must I do? Tell me, My Saviour, what I must do to have Eternal Life. Man becomes corrupt only by looking at me… I cannot live in perpetual fear of being discovered and entrapped… During this journey I trembled every time a man looked at me… I do not want to sin anymore neither do I want to cause others to sin. Tell me the road I must follow. I will follow it whatever it may be. You can see that I am strong also in privations… And even if I should die because of too many privations, I am not afraid. I will call death “my friend”, because death will rid me of the dangers of the earth, and forever. Speak, my Saviour.»

«Go to a desert place.»

«Where, my Lord?»

«Wherever you wish. Where your spirit will lead you.»

«Will my spirit, which is just formed, be capable of so much?»

«Yes, because God is leading you.»

«And who will speak to me of God again?»

«Your risen soul, for the time being…»

«Will I see You again?»

«Never again in this world. But before long I will have redeemed you completely and then I will come to your spirit to prepare you to ascend to God.»

«How will my complete redemption take place if I do not see You again? How will You give it to me?»

«By dying for all sinners.»

«Oh! no! You must not die!»

«To give men the Life I must give Myself to death. That is why I came as a human being. Do not weep… You will soon join Me where I shall be after My sacrifice and yours.»

«My Lord! Will I die for You, too?»

«Yes, but in a different way. Your flesh will die hour by hour and because your will wants that. It has been dying for almost one year. When it is completely dead, I will call you.»

«Will I have the strength to destroy my guilty flesh?»

«In your solitude where Satan will attack you with livid violence the more you become worthy of Heaven, you will find an apostle of Mine, once a sinner and later redeemed.»

«Not the blessed apostle who spoke to me of You? He could not have been a sinner because he is too honest.»

«Not that one. Another one. He will reach you at the right moment. He will tell you what you cannot know just now. Go in peace. The blessing of God be with you.»

200.5

Aglae, who has been kneeling all the time, bends to kiss the feet of the Lord. She dares no more. She then picks up her sack and turns it upside down. Some plain dresses, a little tinkling purse and an amphora of fine pink alabaster fall out of it.

Aglae puts the dresses into the sack, picks up the purse and says: «This is for the poor. It is what is left of my jewels. I kept only some coins for my journey… because, even if You had not told me. I intended going to a remote place. And this is for You. It is not so sweet as the perfume of Your holiness. But it is the best the earth can give. And I used it for the worst… Here. May God grant me to smell at least like this, in Your presence, in Heaven» and she removes the precious cap of the amphora and pours its contents onto the floor.

Waves of a strong scent of roses rise from the floor bricks, which become impregnated with the precious essence. Aglae puts away the empty amphora saying: «In remembrance of this hour» and she bends again to kiss Jesus’ feet. She then stands up, withdraws backwards, goes out, closes the door…

I hear her steps receding towards the staircase, her voice exchanging a few words with Mary, then the noise of her sandals going down the steps and then nothing else. There is nothing left of Aglae except the little purse at Jesus’ feet and the very strong scent in all the room.

Jesus gets up… he picks up the purse, puts it in His bosom, goes towards an opening looking onto the road and smiles seeing the woman going away, all alone, in her Jewish mantle, towards Bethlehem. He makes a gesture of blessing and goes towards the terrace and calls: «Mother.»

Mary goes upstairs quickly: «You made her happy, My Son. She has gone, with strength and peace.»

«Yes, Mother. When Andrew comes in, send him to Me before anybody else.»

200.6

Some time goes by, then I hear the voices of the apostles, who have come back… Andrew goes upstairs: «Master, do You want me?»

«Yes, come here. No one will know, but it is only fair that I should tell you. Andrew, thank you in the name of God and of a soul.»

«Thanks? For what?»

«Can you not smell this perfume? It is a souvenir of the Veiled woman. She came. She is saved.»

Andrew turns as red as a cherry, he falls on his knees, and cannot find words… At last he says: «Now I am happy. Blessed be the Lord!»

«Yes, get up. Do not tell the others that she came.»

«I will be quiet, my Lord.»

«You may go. Listen: has Judas of Simon come yet?»

«Yes, he wanted to come with us, telling us… a lot of lies. Why does he do that, Lord?»

«Because he is a spoiled boy. Tell Me the truth: have you quarrelled?»

«No, My brother is too happy with his boy to be anxious to quarrel, and the others, You know… are more prudent. It is true, we are all disgusted, in our hearts. But after supper he is going away… Other friends… he says. Oh! and he despises prostitutes!…»

«Be good, Andrew. You must be happy, too, this evening…»

«Yes, Master. I also have a sweet, although invisible, paternity. I am going.»

200.7

After some time the apostles come upstairs in a group with the boy and John of Endor. The women follow them with dishes and lamps. The last to come are Lazarus and Simon. As soon as they enter the room, they exclaim: «Ah! it was coming from here!!!» and they smell the air saturated with the scent of roses, although the doors are wide open.

«But who scented this room thus? Perhaps Martha?» many of them ask.

«My sister has not left the house, today, after our meal» replies Lazarus.

«Who then? An Assyrian Satrap?» asks Peter facetiously.

«The love of a redeemed woman» Jesus says gravely.

«She might have spared this useless exhibition of redemption and given the poor what she spent. There are so many of them, and they know that we always give. I have not even a small coin left» says the Iscariot angrily. «And we have to buy a lamb, rent a room for the Supper and…»

«But I offered you everything…» says Lazarus.

«That is not fair. The rite loses its beauty. The Law says: “You shall take a lamb for you and your household”. It does not say: “You shall accept a lamb”.»

Bartholomew turns around all of a sudden, he opens his mouth, but closes it at once. Peter turns crimson in the effort to keep quiet. But the Zealot, who is in his own house, feels he can speak and says: «Those are rabbinical quibbles… May I ask you to forget about them and have, instead, respect for my friend Lazarus.»

«Well done, Simon.» Peter will burst if he does not speak. «Very good! I also think that we are forgetting too much that only the Master is entitled to teach…» Peter has to make an heroic effort to say: «we are forgetting» instead of saying: «Judas is forgetting.»

«It is true… but… I am nervous… I am sorry, Master.»

«Yes. And I also will reply to you. Gratitude is a great virtue. I am grateful to Lazarus. As that redeemed woman was grateful to Me. I pour on Lazarus the perfume of My blessing, also on behalf of those, among My apostles, who are not capable of doing so, I, the head of you all. The woman poured at My feet the perfume of her joy for being saved. She acknowledged the King, she came to the King, before many others upon whom the King bestowed much more love than upon her. Let her do as she wishes without criticising her. She will not be able to be present at My acclamation, or at My unction. Her cross is already upon her shoulders. Peter, you asked whether an Assyrian Satrap had come here. I solemnly tell you that not even the incense of the Magi, so pure and precious, was sweeter or more precious than this. Its essence was mixed with tears and that is why it is so intense: humbleness supports love and makes it perfect. Let us sit down to our meal, My friends…»

And with the offering of the food, the vision ends.


Notes

  1. tout ce que tu m’as dit : en 77.7.

Notes

  1. You told me, in 77.7.