The Writings of Maria Valtorta

349. La Transfiguration sur le mont Thabor.

349. The Transfiguration on Mount Tabor.

349.1

Quel homme n’a jamais vu, au moins une fois, une aube sereine de mars ? S’il s’en trouve un, il est bien malheureux car il ignore l’une des plus belles grâces de la nature, quand elle se réveille au printemps, redevenue vierge, petite fille, comme elle devait l’être au premier jour.

C’est une grâce pure en toutes choses, depuis les herbes nouvelles où brille la rosée, jusqu’aux petites fleurs qui s’ouvrent comme des enfants qui naissent, jusqu’au premier sourire de la lumière du jour, jusqu’aux oiseaux qui s’éveillent dans un frôlement d’ailes et gazouillent leur premier “ tchip ? ” interrogateur qui prélude à tous leurs discours mélodieux de la journée, jusqu’à l’odeur même de l’air qui a perdu pendant la nuit, sous l’action de la rosée et grâce à l’absence de l’homme, toute souillure de poussière, de fumée et d’exhalaisons de corps humains. C’est dans cette grâce que cheminent Jésus, les apôtres et les disciples. Avec eux se trouve aussi Simon, fils d’Alphée.

Ils se dirigent vers le sud-est, franchissant les collines qui forment une couronne autour de Nazareth, passent un torrent et traversent une plaine étroite entre les collines de Nazareth et des montagnes vers l’est.

349.2

Ces montagnes sont précédées du cône à moitié coupé du Thabor dont le sommet me rappelle étrangement la coiffure de nos carabiniers vue de profil :

Ils le rejoignent. Jésus s’arrête et dit :

« Que Pierre, Jean et Jacques, fils de Zébédée, viennent avec moi sur la montagne. Vous autres, disséminez-vous à la base en vous séparant sur les routes qui la côtoient et prêchez le Seigneur. Vers le soir, je veux être rentré à Nazareth. Ne vous éloignez donc pas. Que la paix soit avec vous. »

Puis il s’adresse aux trois apôtres qu’il a appelés :

« Allons-y. »

Et il commence à monter sans plus se retourner et d’un pas si rapide que Pierre a du mal à le suivre. A un arrêt, Pierre, tout rouge, en sueur, hors d’haleine, lui demande :

« Mais où allons-nous ? Il n’y a pas de maisons sur la montagne. Au sommet, il y a cette vieille forteresse. Veux-tu aller y prêcher ?

– J’aurais pris l’autre versant, mais tu vois que je lui tourne le dos. Nous n’irons pas à la forteresse et ceux qui s’y trouvent ne nous apercevront même pas. Je vais m’unir à mon Père et j’ai voulu que vous soyez avec moi, parce que je vous aime. Allons, vite !

– Ah ! Mon Seigneur, ne pourrions-nous pas marcher un peu plus lentement et parler de ce que nous avons entendu et vu hier et qui nous a tenus éveillés toute la nuit pour en discuter ?

– Il faut toujours se rendre rapidement aux rendez-vous de Dieu. Allons, Simon-Pierre ! Là-haut, je vous laisserai vous reposer. »

Et il reprend la montée…

349.3

(Jésus dit :

« Ajoutez ici la Transfiguration que tu as vue le 5 août 1944, mais sans la dictée qui lui est jointe. Après avoir fini de copier la Transfiguration de l’an dernier, le père Migliorini copiera ce que je te montre maintenant. »)

Le 5 août 1944.

349.4

Je suis avec mon Jésus sur une haute montagne. Avec Jésus, il y a Pierre, Jacques et Jean. Ils montent encore plus haut et le regard se porte vers des horizons ouverts dont une belle et tranquille journée permet de voir nettement les détails jusque dans le lointain.

La montagne ne fait pas partie d’un ensemble montagneux comme celui de la Judée : elle est isolée et, par rapport à l’endroit où nous nous trouvons, elle a l’orient en face, le nord à gauche, le sud à droite et en arrière, à l’ouest, la cime qui dépasse encore de quelques centaines de pas. Elle est très élevée et l’œil peut découvrir un large panorama.

Le lac de Génésareth semble être un morceau de ciel descendu s’encastrer dans la verdure, une turquoise ovale enserrée entre des émeraudes de différentes teintes, un miroir qui tremble et se ride sous un vent léger et sur lequel glissent, avec l’agilité des mouettes, les barques aux voiles tendues, légèrement inclinées vers les eaux azur, vraiment avec la grâce d’un alcyon qui survole l’eau à la recherche d’une proie. Puis, voilà que de l’immense turquoise sort une veine, d’un bleu plus pâle là où la grève est plus large, et plus foncé là où les rives se rapprochent et où l’eau est plus profonde et plus noire à cause de l’ombre que projettent les arbres vigoureux qui croissent près du fleuve et son nourris de sa fraîcheur. Le Jourdain ressemble à un coup de pinceau presque rectiligne dans la verdure de la plaine.

De petits villages sont disséminés dans cette plaine des deux côtés du fleuve. Quelques-uns sont tout juste une poignée de maisons, d’autres sont plus étendus, avec déjà des airs de villes. Les grand-routes sont des lignes jaunâtres dans tout ce vert. Mais ici, du côté de la montagne, la plaine est beaucoup mieux cultivée et plus fertile, très belle. On y reconnaît les diverses cultures avec leurs gammes couleurs riant au beau soleil qui rayonne du ciel serein.

Ce doit être le printemps, peut-être mars, si je tiens compte de la latitude de la Palestine, car je vois les blés déjà hauts, mais encore verts, onduler comme une mer de jade, et je vois les panaches des arbres fruitiers les plus précoces qui étendent des nuées blanches et rosées sur cette petite mer végétale, puis les prés tout en fleurs avec l’herbe qui a déjà poussé, dans lesquels les brebis qui paissent semblent des tas de neige amoncelé un peu partout sur la verdure.

Tout à côté de la montagne, sur des collines qui en forment le socle – des collines basses et de peu d’étendue –, se trouvent deux petites villes, l’une au sud et l’autre au nord. La plaine très fertile s’étend particulièrement et avec plus d’ampleur vers le sud.

349.5

Jésus, après un court arrêt à l’ombre d’un bouquet d’arbres, détente qu’il a certainement accordée par pitié pour Pierre qui se fatigue visiblement dans les montées, reprend l’ascension. Il va presque au sommet, là où se trouve un plateau herbeux bordé par un demi-cercle d’arbres du côté de la pente.

« Reposez-vous, mes amis, je vais là-bas pour prier. »

Il indique de la main un énorme rocher qui affleure de la montagne vers le sommet.

Jésus s’agenouille sur l’herbe et appuie sur le roc sa tête et ses mains, dans la pose qu’il prendra aussi dans sa prière à Gethsémani. Le soleil ne le frappe pas, car le sommet le lui cache. Mais le reste de l’emplacement couvert d’herbe est tout égayé par le soleil jusqu’à la limite de l’ombre du bouquet d’arbres sous lequel les apôtres se sont assis.

Pierre enlève ses sandales, en secoue la poussière et les petits cailloux et il reste ainsi, déchaussé, les pieds fatigués dans l’herbe fraîche, presque allongé, la tête sur une touffe d’herbe qui dépasse et lui sert d’oreiller.

Jacques l’imite mais, pour être plus à l’aise, il cherche un tronc d’arbre pour s’y appuyer, le dos couvert de son manteau.

Jean reste assis à observer le Maître. Mais le calme de l’endroit, le petit vent frais, le silence et la fatigue viennent aussi à bout de ses forces, et sa tête tombe sur sa poitrine comme les paupières sur ses yeux. Aucun des trois ne dort profondément, mais ils sont sous le coup de cette somnolence printanière qui les étourdit.

349.6

Ils sont réveillés par une clarté si vive qu’elle fait s’évanouir celle du soleil ; elle se propage et pénètre jusque sous la verdure des buissons et des arbres sous lesquels ils se sont installés.

Ils ouvrent des yeux étonnés et voient Jésus transfiguré[1]. Il est maintenant tel que je le vois dans les visions du Paradis, naturellement sans les plaies ni l’étendard de la Croix. Mais la majesté du visage et du corps est pareille, pareille en est la clarté et pareil le vêtement qui est passé d’un rouge foncé à un tissu immatériel de diamant et de perles qui est son vêtement au Ciel. Son visage est un soleil qui émet une lumière sidérale très intense, et ses yeux de saphir y rayonnent. Il paraît encore plus grand, comme si sa gloire avait augmenté sa taille. Je ne saurais dire si la clarté, qui rend phosphorescent même le plateau, provient tout entière de lui ou bien si à sa clarté propre se mélange celle qu’a concentrée sur son Seigneur toute la lumière qui existe dans l’univers et dans les Cieux. Quoi qu’il en soit, c’est un prodige indescriptible.

Jésus est maintenant debout, je dirais même qu’il est au-dessus de la terre, car entre lui et la verdure du pré, il y a une sorte de vapeur lumineuse, un espace fait uniquement d’une lumière sur laquelle il semble se dresser. Mais elle est si vive que je pourrais me tromper et l’impossibilité de voir le vert de l’herbe sous les pieds de Jésus pourrait venir de cette intense lumière qui vibre et produit des bouffées, comme on le voit parfois dans les incendies. Des bouffées, ici, d’une couleur blanche incandescente. Jésus reste le visage levé vers le ciel et il sourit à une vision qui le transporte.

Les apôtres en ont presque peur, et ils l’appellent, car ils ont l’impression que ce n’est plus leur Maître, tant il est transfiguré.

« Maître ! Maître ! » appellent-ils doucement, mais d’une voix angoissée.

Lui n’entend pas.

« Il est en extase » dit Pierre tout tremblant. « Que peut-il bien voir ? »

Les trois hommes se sont levés. Ils voudraient s’approcher de Jésus, mais ne l’osent pas.

349.7

La lumière s’avive sous l’effet de deux flammes qui descendent du ciel et se placent aux côtés de Jésus. Quand elles sont arrêtées sur le plateau, leur voile s’ouvre et il en sort deux personnages majestueux et lumineux. L’un, le plus âgé, a un regard perçant et sévère et une longue barbe séparée en deux. De son front partent des cornes de lumière qui m’indiquent que c’est Moïse. L’autre est plus jeune, maigre, barbu et poilu, à peu près comme Jean-Baptiste à qui je trouve qu’il ressemble par la taille, la maigreur, la conformation et la sévérité. Alors que la lumière de Moïse est d’une blancheur éclatante comme celle de Jésus, surtout pour les rayons du front, celle qui émane d’Elie ressemble à la flamme vive du soleil.

Les deux prophètes prennent une attitude respectueuse devant leur Dieu incarné et, bien que Jésus leur parle familièrement, ils n’abandonnent pas leur vénération. Je ne comprends pas un mot de ce qu’ils disent.

Les trois apôtres tombent à genoux, tremblants, le visage dans les mains. Ils voudraient regarder, mais ils ont peur. Finalement Pierre parle :

« Maître, Maître ! Ecoute-moi. »

Jésus tourne les yeux en souriant vers son Pierre qui s’enhardit :

« C’est beau d’être ici avec toi, Moïse et Elie… Si tu veux, faisons trois tentes, pour toi, pour Moïse et pour Elie, et nous nous tiendrons ici pour vous servir… »

Jésus le regarde encore et son sourire augmente. Il pose aussi sur Jacques et Jean, un regard qui les embrasse avec amour. Moïse aussi et Elie contemplent les trois hommes et leurs yeux étincellent. Ce doit être comme des rayons qui pénètrent les cœurs.

Les apôtres n’osent rien dire de plus. Effrayés, ils se taisent. Ils semblent un peu ivres et comme stupéfaits. Mais quand un voile qui n’est pas un nuage ni du brouillard, qui n’est pas un rayon, enveloppe et sépare le Seigneur et ses prophètes “ apparus dane la glorire ” derrière un écran encore plus brillant que celui qui les entourait déjà et les cache à la vue des trois apôtres, une Voix puissante, harmonieuse vibre et remplit tout l’espace, et les trois hommes tombent le visage contre l’herbe.

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance. Ecoutez-le. »

Pierre, se jetant à plat ventre, s’écrie :

« Miséricorde pour moi, pécheur ! C’est la Gloire de Dieu qui descend ! »

Jacques ne souffle mot. Jean murmure avec un soupir, comme s’il allait s’évanouir :

« Le Seigneur parle ! »

349.8

Personne n’ose relever la tête, même quand le silence est redevenu absolu. Ils ne voient donc pas non plus le retour de la lumière à son état naturel de lumière solaire pour montrer Jésus demeuré seul et redevenu le Jésus habituel dans son vêtement rouge.

Il marche vers eux en souriant, les secoue, les touche et les appelle par leurs noms.

« Levez-vous ! C’est moi. Ne craignez pas » dit-il, car aucun des trois n’ose lever la tête et ils invoquent la miséricorde de Dieu sur leurs péchés, craignant que ce ne soit l’Ange de Dieu qui veut les montrer au Très-Haut.

« Levez-vous donc. Je vous l’ordonne » répète Jésus avec autorité.

Ils se redressent et voient Jésus qui sourit.

« Oh ! Maître, mon Dieu ! » s’écrie Pierre. « Comment ferons-nous pour vivre auprès de toi, maintenant que nous avons vu ta gloire ? Comment ferons-nous, qui sommes pécheurs, pour vivre parmi les hommes, maintenant que nous avons entendu la Voix de Dieu ?

– Vous devrez vivre auprès de moi et voir ma gloire jusqu’à la fin. Soyez-en dignes car le temps est proche. Obéissez au Père, qui est le mien et le vôtre. Retournons maintenant parmi les hommes, parce que je suis venu pour rester parmi eux et les amener à Dieu. Allons. Soyez saints en souvenir de cette heure, soyez forts et fidèles. Vous aurez part à ma gloire la plus complète. Mais ne parlez pas[2] maintenant de ce que vous avez vu, à personne, pas même à vos compagnons. Quand le Fils de l’homme sera ressuscité d’entre les morts et retourné dans la gloire de son Père, alors vous parlerez, parce qu’alors il faudra croire pour avoir part à mon Royaume.

– Mais Elie ne doit-il pas venir afin de préparer à ton Royaume ? Les rabbis le disent.

– Elie est déjà venu et il a préparé les voies au Seigneur. Tout arrive comme cela a été révélé. Mais ceux qui enseignent la Révélation ne la connaissent pas, ne la comprennent pas. Ils ne voient pas et ils ne reconnaissent pas les signes des temps et les envoyés de Dieu. Elie est revenu une première fois. Il reviendra une seconde fois, quand les derniers temps seront proches, pour préparer les derniers à Dieu. Mais, maintenant, il est venu pour préparer les premiers au Christ, et les hommes n’ont pas voulu le reconnaître, ils l’ont tourmenté et mis à mort. Ils feront la même chose au Fils de l’homme, car les hommes ne veulent pas reconnaître ce qui est leur bien. »

Les trois apôtres penchent la tête, pensifs et tristes, et ils descendent par le chemin qu’ils avaient gravi avec Jésus.

[Le 3 décembre 1945].

349.9

… Et c’est encore Pierre qui dit, dans une halte à mi-chemin :

« Ah, Seigneur ! Moi aussi je dis, comme ta Mère hier : “ Pourquoi nous as-tu fait cela ? ” et j’ajoute : “ Pourquoi nous as-tu dit cela ? ” Tes dernières paroles ont effacé de nos cœurs la joie de cette vision glorieuse ! Quel jour d’effroi ! Ce qui nous a d’abord fait peur, c’est la grande lumière qui nous a réveillés, plus forte que si la montagne avait brûlé, ou que si la lune était descendue pour rayonner sur le plateau, sous nos yeux ; puis ton aspect et ta façon de te détacher du sol, comme si tu allais t’envoler. J’ai craint que, dégoûté des iniquités d’Israël, tu ne retournes aux Cieux, peut-être sur l’ordre du Très-Haut. Puis j’ai eu peur à la vue de Moïse que les gens de son temps ne pouvaient regarder sans voile, tant resplendissait sur son visage le reflet de Dieu — or c’était à l’époque un homme, mais maintenant c’est un esprit bienheureux et enflammé de Dieu —, et Elie… Miséricorde divine ! J’ai cru être arrivé à mon dernier instant, et tous les péchés de ma vie, depuis le temps où, tout petit, je volais des fruits dans le garde-manger du voisin, jusqu’au dernier quand je t’ai mal conseillé ces derniers jours, tous me sont revenus à l’esprit. Avec quels tremblements je m’en suis repenti ! Puis il m’a semblé que ces deux justes m’aimaient… et j’ai osé parler. Mais leur amour lui-même me faisait peur, car je ne mérite pas l’amour de pareils saints. Et après… et après !… La peur des peurs ! La voix de Dieu !… Yahvé qui a parlé ! A nous ! Il nous a dit : “ Ecoutez-le. ” Toi ! Et il t’a proclamé “ son Fils bien-aimé en qui il se complaît ”. Quelle peur ! Yahvé !… à nous !… Certainement, il n’y a que ta force qui nous a gardés en vie ! Quand tu nous as touchés, tes doigts brûlaient comme des pointes de feu, et j’ai connu ma dernière épouvante : j’ai cru que c’était l’heure du jugement et que l’Ange me touchait pour prendre mon âme et la porter au Très-Haut… Mais comment ta Mère a-t-elle fait pour voir… pour entendre… pour vivre, en somme, cette heure dont tu as parlé hier, sans mourir, elle qui était seule, jeune, sans toi ?

– Marie, la Femme sans tache, ne pouvait avoir peur de Dieu. Eve n’en a pas eu peur tant qu’elle fut innocente. Et j’étais présent. Moi, le Père et l’Esprit, nous, qui sommes au Ciel, sur la terre et en tout lieu, et qui avions notre Tabernacle dans le cœur de Marie, dit doucement Jésus.

– Quelle événement ! Quel coup !… Mais après tu as parlé de mort… Et toute notre joie est partie… Mais pourquoi nous avoir dit tout cela, à nous trois justement ? N’aurait-il pas été bon de montrer à tous cette vision de ta gloire ?

– C’est précisément parce que vous vous évanouissez en entendant parler de la mort – et mort par supplice – du Fils de l’homme, que l’Homme-Dieu a voulu vous fortifier pour cette heure et pour toujours, par la connaissance anticipée de ce que je serai après la mort. Rappelez-vous tout cela pour le raconter en son temps… Avez-vous compris ?

– Oh ! Oui, Seigneur. Il n’est pas possible d’oublier, et ce serait inutile de le raconter maintenant. Ils diraient que nous sommes ivres. »

349.10

Ils reprennent leur marche vers la vallée mais, arrivés à un certain endroit, Jésus tourne par un sentier rapide en direction d’En-Dor, c’est-à-dire du côté opposé à celui où il a quitté les disciples.

« Nous ne les trouverons pas » dit Jacques. « Le soleil commence à descendre. Ils seront en train de se rassembler pour t’attendre à l’endroit où tu les as quittés.

– Viens et n’aie pas de sottes pensées. »

En effet, au moment où le maquis fait place à une prairie qui descend en pente douce pour arriver à la grand-route, ils voient la masse des disciples accrue de voyageurs curieux, de scribes venus de je ne sais où, s’agiter au pied de la montagne.

« Oh là là, des scribes !… Et ils discutent déjà ! » dit Pierre en les montrant du doigt.

Et il descend les derniers mètres à contrecœur. Mais ceux d’en-bas les ont vus et se les montrent, puis ils se mettent à courir vers Jésus en criant :

« Comment donc, Maître, arrives-tu de ce côté ? Nous allions nous rendre à l’endroit convenu, mais les scribes nous ont retenus par des discussions, et un père angoissé par des supplications.

– De quoi discutiez-vous ?

– D’un possédé. Les scribes se sont moqués de nous parce que nous n’avons pas pu le délivrer. Judas a encore essayé, c’était pour lui un point d’honneur, mais en vain. Alors nous leur avons dit : “ A votre tour d’essayer. ” Ils ont répondu: “ Nous ne sommes pas des exorcistes. ” Par hasard, il est passé des gens qui venaient de Caslot-Thabor, parmi lesquels se trouvaient deux exorcistes. Mais aucun résultat. Voici le père qui vient te prier. Ecoute-le. »

349.11

Effectivement, un homme s’avance en suppliant et il s’agenouille devant Jésus qui est resté sur le pré en pente, de sorte qu’il surplombe le chemin d’au moins trois mètres et qu’il est bien visible pour tous.

« Maître, lui dit l’homme, je suis allé avec mon fils à Capharnaüm pour te chercher. Je t’amenais mon malheureux fils afin que tu le délivres, toi qui chasses les démons et guéris toutes sortes de maladies. Il est souvent pris par un esprit muet. Dans ce cas, il ne peut que pousser des cris rauques comme une bête qui s’étrangle. L’esprit le jette à terre, et lui se roule en grinçant des dents, en écumant comme un cheval qui ronge son mors ; de plus, il se blesse ou risque de mourir noyé ou brûlé, ou bien encore écrasé, car l’esprit l’a envoyé plus d’une fois à l’eau, dans le feu ou en bas des escaliers. Tes disciples ont essayé, mais n’ont pas pu. Oh ! Seigneur plein de bonté ! Pitié pour moi et pour mon enfant ! »

Jésus flamboie de puissance pendant qu’il s’écrie :

« O génération perverse, foule satanique, légion rebelle, peuple d’enfer incrédule et cruel, jusqu’à quand devrai-je rester à ton contact ? Jusqu’à quand devrai-je te supporter ? »

Il est si imposant qu’il se fait un silence absolu et que les railleries des scribes cessent.

349.12

Jésus dit au père :

« Lève-toi et amène-moi ton fils. »

L’homme part et revient avec d’autres hommes, au milieu desquels se trouve un garçon de douze à quatorze ans. C’est un bel enfant, mais à l’air un peu hébété comme s’il était abasourdi. Il a une longue blessure rouge sur le front et plus bas se trouve la trace blanche d’une vieille cicatrice. Dès qu’il voit Jésus qui le fixe de son regard magnétique, il pousse un cri rauque et il est pris de contorsions spasmodiques de tout le corps, il tombe à terre en écumant et en roulant les yeux, de sorte qu’on lui voit seulement le blanc de l’œil, alors qu’il se roule par terre dans la convulsion caractéristique de l’épilepsie.

Jésus s’avance de quelques pas pour être près de lui, et il dit :

« Depuis quand cela arrive-t-il ? Parle fort pour que tout le monde entende. »

Tandis que le cercle de la foule se resserre et que les scribes se placent plus haut que Jésus pour dominer la scène, l’homme crie :

« Depuis son enfance, je te l’ai dit : il tombe souvent dans le feu, dans l’eau, en bas des marches et des arbres, parce que l’esprit l’assaille à l’improviste et le projette ainsi pour en venir à bout. Il est tout couvert de cicatrices et de brûlures. C’est une chance qu’il ne soit pas resté aveugle sous les flammes du foyer. Aucun médecin, aucun exorciste n’a pu le guérir, et pas davantage tes disciples. Mais toi, si, comme je le crois fermement, tu peux quelque chose, aie pitié de nous et secours-nous.

– Si tu peux le croire, tout m’est possible, car tout est accordé à celui qui croit.

– Oh ! Seigneur, si je crois ! Mais si ma foi n’est pas encore suffisante, augmente toi-même ma foi, pour qu’elle soit complète et obtienne le miracle » dit l’homme en pleurant, agenouillé auprès de son fils plus que jamais en convulsions.

349.13

Jésus se redresse, recule deux pas, et pendant que la foule resserre plus que jamais le cercle, il s’écrie d’une voix forte :

« Esprit maudit qui rends l’enfant sourd et muet et le tourmentes, je te l’ordonne : sors de lui, et n’y rentre jamais plus ! »

L’enfant, tout en restant couché sur le sol, fait des sauts effrayants, s’arc-boutant et poussant des cris inhumains ; puis, après un dernier sursaut par lequel il se retourne à plat ventre en se frappant le front et la bouche contre une pierre qui dépasse de l’herbe et qui se rougit de sang, il reste immobile.

« Il est mort ! S’écrient certains.

– Pauvre enfant !

– Pauvre père ! » compatissent les meilleurs.

Et les scribes, railleurs :

« Il t’a bien servi, le Nazaréen ! », ou bien : « Maître, comment se fait-il ? Cette fois, Belzébuth te fait faire piètre figure… »

Et ils rient haineusement. Jésus ne répond à personne, pas même au père qui a retourné son fils et lui essuie le sang du front et de ses lèvres blessés, en gémissant et en appelant Jésus. Mais le Maître se penche et prend l’enfant par la main. Celui-ci ouvre les yeux en poussant un gros soupir, comme s’il s’éveillait d’un rêve, il s’assied et sourit. Jésus l’attire à lui, le fait mettre debout, et le remet au père, tandis que la foule hurle d’enthousiasme et que les scribes s’enfuient, poursuivis par les railleries de tous…

« Et maintenant, allons » dit Jésus à ses disciples.

Et après avoir congédié l’assistance, il contourne la montagne en se dirigeant vers la route déjà parcourue le matin.

349.14

Jésus dit :

« Maintenant, le p. M. peut placer ici le commentaire de la vision du 5 août 1944 (cahier A 930) en commençant par les mots[3] : “ Je ne te choisis pas seulement pour connaître les tristesses de ton Maître et ses douleurs. Celui qui sait rester avec moi dans la douleur doit prendre part avec moi à ma gloire. ” Quant à toi, repose-toi, mon fidèle petit Jean, car tu l’as bien mérité. Que ma paix soit joie en toi. »

[Le 5 août 1944].

349.15

Jésus dit :

« Je t’ai préparée à méditer ma gloire. Demain (fête de la Transfiguration), l’Eglise la célèbre. Mais je veux que mon petit Jean la voie dans sa vérité pour mieux la comprendre. Je ne te choisis pas seulement pour connaître les tristesses de ton Maître et ses douleurs. Celui qui sait rester avec moi dans la douleur doit prendre part avec moi à ma joie.

Je veux que, devant ton Jésus qui se montre à toi, tu aies les mêmes sentiments d’humilité et de repentir que mes apôtres.

Jamais d’orgueil. Tu serais punie en me perdant.

Un continuel souvenir de ce que je suis, moi, et de ce que tu es, toi.

Une continuelle pensée de tes manquements et de ma perfection pour avoir un cœur lavé par la contrition. Mais aussi, en même temps, une immense confiance en moi.

J’ai dit : “ Ne craignez pas. Levez-vous. Allons. Allons parmi les hommes, car je suis venu pour rester avec eux. Soyez saints, forts et fidèles en souvenir de cette heure. ” Je te le dis aussi à toi, comme à tous mes préférés parmi les hommes, à ceux qui me possèdent d’une manière spéciale.

N’ayez pas peur de moi. Je me montre pour vous élever, pas pour vous réduire en cendres.

Levez-vous : que la joie du don vous donne de la vigueur et ne vous engourdisse pas dans l’assoupissement du quiétisme en vous croyant déjà sauvés parce que je vous ai montré le Ciel.

Allons ensemble parmi les hommes. Je vous ai invités à des œuvres surnaturelles par des visions et des instructions surnaturelles, pour que vous puissiez m’aider davantage. Je vous associe à mon œuvre. Mais moi, je n’ai connu et ne connais pas de repos. Car le mal ne se repose jamais et le bien doit être toujours actif pour anéantir le plus possible le travail de l’Ennemi. Nous nous reposerons quand le temps sera accompli. Maintenant, il faut marcher inlassablement, travailler continuellement, se consumer sans relâche pour la moisson de Dieu. Que mon contact permanent vous sanctifie, que mes instructions renouvelées vous fortifient, que mon amour de prédilection vous rende fidèles contre toute embûche.

Ne soyez pas comme les anciens rabbins qui enseignaient la Révélation, puis n’y croyaient pas, au point de ne pas reconnaître les signes des temps et les envoyés de Dieu. Reconnaissez les précurseurs du second avènement du Christ puisque les forces de l’Antéchrist sont en marche. Je fais exception à la mesure que je me suis imposée, car je sais que vous buvez certaines vérités, non par esprit surnaturel, mais par soif de curiosités humaines, et je vous dis en vérité que ce qu’un grand nombre prendront pour une victoire sur l’Antéchrist, une paix désormais prochaine, ne sera qu’une halte pour laisser le temps à l’Ennemi du Christ de se reprendre, de guérir ses blessures, de réunir son armée pour une lutte plus cruelle.

Reconnaissez, vous qui êtes les “ voix ” de votre Jésus, du Roi des rois, du Fidèle et du Véridique qui juge et combat avec justice et sera le Vainqueur de la Bête et de ses serviteurs et prophètes, reconnaissez votre Bien et suivez-le toujours. Que nulle apparence trompeuse ne vous séduise et que nulle persécution ne vous abatte. Parlez pour dire mes paroles. Vivez pour vous consacrer à cette œuvre. Et si vous connaissez sur terre le même sort que le Christ, que son Précurseur et qu’Elie, qu’il soit sanglant ou tourmenté par des tortures morales, souriez à votre sort futur et assuré qui vous sera commun avec celui du Christ, de son Précurseur et de son prophète.

Restez sereins dans le travail, dans la douleur, dans la gloire. Ici-bas, moi comme Maître et Exemple. Là-haut, moi comme Récompense et Roi. Me posséder sera votre béatitude. Ce sera oublier la douleur. Ce sera ce que toute révélation est encore insuffisante à vous faire comprendre, car la joie de la vie future est trop au-dessus des possibilités d’imagination de la créature encore unie à la chair. »

349.1

Which man has never seen, at least once, a clear dawn in the month of March? If such a man exists, he must be very unhappy, because he is unaware of one of the most beautiful charms of nature awakening in springtime, when she becomes the virgin girl as creation must have been on its first day.

In such graceful charm, which is pure from every point of view, from its fresh dewy herbs, to the little flowers that are opening, like babies who are born, to the first smile of daylight, to the birds that awake flapping their wings and utter their first chirps, which sound like questions and are a prelude to all their singing conversation of the day, to the very smell of the air that during the night has lost all pollution of dust, smoke and smell of human bodies through the lavation of dew and the absence of man, Jesus is proceeding with His apostles and disciples. Simon of Alphaeus is with them, too. They are going southwards, crossing the hills that encircle Nazareth and a torrent, and are walking across a narrow plain between the Nazarene hills and a group of mountains to the east.

349.2

These mountains are preceded by the semi-truncate cone of the Tabor, the top of which strangely reminds me of the crocked-hat of our carabineers, seen in profile.

They reach it. Jesus stops and says: «Peter, John and James of Zebedee will come up the mountain with Me. The rest will spread out at its foot, going in groups towards the roads that run along it, to preach the Lord. I want to be back in Nazareth by evening. So do not go too far away. Peace be with you.» And addressing the three He had called, He says: «Let us go.» And He begins to climb without turning back anymore and with such a quick pace that Peter finds it difficult to follow Him.

When they rest for a moment, Peter, flushed and perspiring, asks Him panting: «But where are we going? There are no houses on the mountain. On the top there is only that old fortress. Do You want to go and preach there?»

«I would have gone up the other side. But you can see that I have turned My back to it. We are not going to the fortress, and those who are in it will not even see us. I am going to be united to My Father, and I wanted you to be with Me, because I love you. Come on, quick!»

«Oh! My Lord! Could we not go a little slower, instead, and speak of what we heard and saw yesterday, which kept us awake all night to talk about it?»

«You always go quickly to the appointments with God. Come on, Simon Peter. I will let you rest up there.» And He carries on climbing…

349.3

(Jesus says: «Put here the Transfiguration seen on August 5th 1944, but without the dictation added to it. After copying the Transfiguration of last year, P.M. will copy what I am going to show you now.»).

5th August 1944.

349.4

I am with my Jesus upon a high mountain. Peter, James and John are with Jesus. They climb higher up and their eyes rove over open horizons, the details of which are well defined even in the distance, in the beautiful clear day.

The mountain is not part of a range of mountains like the one in Judaea; it rises isolated, with the east in front, with respect to the place where we are, the north to the left, the south to the right, and at the rear to the west, the summit, which is about one hundred steps higher up. It is very high and the view extends over a very wide range.

The lake of Gennesaret looks like a strip of sky that has come down to be set in the green of the earth, an oval turquoise enclosed by emeralds of various shades, a mirror that trembles and ripples in a light breeze, and on which boats in full sail glide as nimbly as sea-gulls, lightly bent towards the blue water, exactly with the grace of the flight of a kingfisher skimming the water in search of prey. Then a vein flows out from the vast turquoise, it is pale blue where the river-bed is wider, and darker where the banks narrow and the water is deeper and in the shade of the trees that grow luxuriantly near the river, nourished by its water. The Jordan looks like an almost straight stroke of a brush in the greenery of the plain.

Some villages are scattered here and there on both sides of the river. Some are only a handful of houses, others are somewhat larger, with the appearance of little towns. The main roads are yellowish lines among the green. But here, on the side of the mountain, the plain is more cultivated and fertile and it is really beautiful. The various hues of the several growths are a most pleasant sight in the beautiful sunshine of a very clear day.

It must be springtime, perhaps the month of March, if I take into account the latitude of Palestine, because I see the corn, which is already high, although still green, waving like a blue-green sea and I see the crests of the early fruit-trees decorate this little vegetable sea with something like tiny white and rosy clouds, and meadows strewn with the flowers of the high hay, where grazing sheep look like piles of snow spread here and there on the green grass.

Just near the mountain, on the low short hills at its foot, there are two little towns, one to the south and the other to the north. The very fertile plain extends particularly and more widely to the south.

349.5

Jesus after a short rest in the cool shade of a group of trees, a pause which He certainly granted out of pity for Peter who clearly has great difficulty in climbing, resumes going up. He goes almost to the top, where there is a grassy tableland with a semi-circle of trees near the side of the mountain.

«You may rest, My friends. I am going over there to pray.» And He points to a large stone, a rock that appears on the surface of the mountain and is not near the slope, but it lies internally towards the summit.

Jesus kneels on the grass and rests His hands and head on the rock, in the same position that He will also take when praying in Gethsemane. The top of the mountain protects Him from the sun. The remaining part of the grass-covered clearing is in the bright sun as far as the bordering trees, where the apostles are sitting in the shade.

Peter takes off his sandals, shakes off dust and grit and remains barefooted, with his tired feet on the cool grass, almost lying down, with his head resting on an emerald green tuft as a pillow. James does the same, but in order to be comfortable he looks for a tree, against which he leans his mantle and rests his back. John remains sitting looking at the Master. But the calm of the place, the fresh breeze, silence and fatigue overcome him as well and he droops his head and eyes. None of them are fast asleep, but they are in the state of summer drowsiness that stuns people.

349.6

They are roused by a brilliancy that is so striking that it overwhelms the brightness of the sun and spreads and penetrates even into the shade of bushes and trees where the apostles are.

They open their eyes and are astonished at seeing Jesus transfigured[1]. He is exactly as I see in the visions of Paradise. Of course He has no Wounds and there is no banner of the Cross. But the majesty of His Face and Body is the same, the brightness is also the same and His garment, too, is identical: from deep red

it has changed into an immaterial fabric of diamonds and pearls, in which He is clad in Heaven. His Face shines with an extremely intense sidereal light in which His sapphire eyes are beaming. He looks taller, as if His glorification had increased His height. I cannot say whether the brilliancy, which makes even the tableland fluorescent, emanates entirely from Him, or whether His own is mingled with the brightness that all the light of the Universe and of Heaven has concentrated on Him. I can only say that it is something indescribable.

Jesus is now standing, I would say that He is raised off the ground because between Him and the green meadow there is something like a luminous vapour, a space consisting only of a light upon which He seems to be standing. But it is so bright that I may be wrong, and the fact that I no longer see any green grass under Jesus’ feet may be due to the bright light that vibrates and waves, as it is often seen in bonfires. It is a snow-white incandescent light. Jesus is looking at the sky and smiling at a vision that enraptures Him.

The apostles are almost afraid and they call Him, as He is transfigured so much that He no longer appears to be their Master. «Master, Master» they call in low voices, full of anxiety.

He does not hear.

«He is in an ecstasy» says Peter trembling. «I wonder what He sees?»

The three are now standing up. They would like to approach Jesus, but they dare not.

349.7

The light increases further because of two lights that descend from the sky and take place at Jesus’ sides. When they settle on the tableland, their veils open and two majestic bright personages appear. One is older than the other, with a sharp severe countenance, and he has a double-pointed beard. Two horns of light depart from his forehead and make me understand that he is Moses. The other one is emaciated, bearded and hairy, more or less like the Baptist, whom I would say he resembles in height, leanness, structure and severity. While the light emanating from Moses is white, like that of Jesus, particularly with regard to the beams issuing from their foreheads, the light of Elijah is like the bright flame of the sun.

The two Prophets take a reverential attitude before their God Incarnate and although He speaks to them with familiarity, they do not drop their respectful attitude. I do not understand even one of the words they speak.

The three apostles fall on their knees trembling and covering their faces with their hands. They would like to look, but they are afraid. At last Peter says: «Master, listen to me.» Jesus looks around smiling towards His Peter, who takes heart again and says: «It is wonderful to be here with You, Moses and Elijah. If You wish, we will make three tents, one for You, one for Moses and one for Elijah, and we will stay here to serve you…»

Jesus looks at him again and smiles more warmly. He looks also at John and James. A glance that is a loving embrace. Also Moses and Elijah stare at the three. Their eyes flash fire. They must be like rays piercing hearts.

The apostles dare not say anything else. Frightened as they are, they lapse into silence. They look as if they were inebriated, like people who are bewildered. But when a veil, which is neither fog, nor a cloud, nor a ray, envelops the three glorious personages behind a screen that is even brighter than the one that surrounded them previously, and hides them from the sight of the apostles, a powerful harmonious Voice vibrates filling the air, the three bow down with their faces on the grass.

«This is My beloved Son, in Whom I am well pleased. Listen to Him.»

Peter, on falling flat on his face, exclaims: «Have mercy on me, a sinner! It is the Glory of God descending!». James does not utter a single word. John whispers with a sigh, as if he were about to swoon: «The Lord is speaking!»

349.8

Even when there is total silence again, none of them dare raise their heads. Thus they do not even see that the light has come back to its natural state of daylight and that Jesus is alone and has become the usual Jesus wearing His red mantle.

He walks towards them smiling, touches them and calls them by their names. «Stand up. It is I. Be not afraid» He says, because the three dare not raise their faces and are imploring mercy for their sins, fearing that the Lamb of God wants to show them to the Most High. «Stand up, now. I order you» repeats Jesus authoritatively. They look up and see Jesus smile.

«Oh! Master, my God!» exclaims Peter. «How shall we be able to live near You, now that we have seen Your Glory? How shall we be able to live among men and among ourselves, since we are sinners, and we have heard the Voice of God?»

«You will have to live beside Me and see My glory until the end. Be worthy of that because the time is close at hand. Obey My Father and yours. Let us now go back among men because I came to stay with them and to bring God to them. Let us go. Be holy, strong and faithful in remembrance of this hour. You will take part in My greater glory. But do not speak now[2] to anybody of what you have seen. Do not tell your companions either. When the Son of man has risen from the dead and gone back to the glory of the Father, then you will speak. Because it will be necessary to believe then, to take part in My Kingdom.»

«But is Elijah not to come to prepare people for Your Kingdom? So the rabbis say.»

«Elijah has already come to prepare the way for the Lord.

Everything is happening as was revealed. But those who teach Revelation do not know and do not understand it, neither do they see or recognise the signs of the time or the messengers of God. Elijah has come back once. He will come for the second time when the last time is close at hand to prepare the last for God. He now came to prepare the first for the Christ, and men refused to acknowledge him, they tortured him and put him to death. They will do the same to the Son of man, because men do not want to acknowledge what is good for them.»

The three lower their heads and become pensive and sad while descending the mountain with Jesus by the same road they came up.

[3rd December 1945].

349.9

… And it is Peter again who says, while stopping half way down: «Ah! Lord! I also say what Your Mother said yesterday: “Why did You do that to us?”, and I also say: “Why did You tell us that?”. Your last words have destroyed in our hearts the joy of the glorious sight! This has been a great day of fear! First we were frightened by the great light that roused us, it was stronger than if the whole mountain had been ablaze, or the moon had descended to light up the tableland right in front of us; then Your sight and Your rising from the ground as if You were going to fly away. I was afraid that You, being disgusted with the iniquity of Israel, were going back to Heaven, perhaps by order of the Most High. Then I was frightened when I saw Moses appear, as the people of his days could not look at him without a veil, so brightly the reflection of God shone on his face, and he was still a man, whereas now he is a blessed spirit inflamed with God, and Elijah… Divine Mercy! I thought I had come to my last moment, and all the sins of my life, since the time I was a child and used to steal fruit in the pantry to the last one, when some days ago I gave You wrong advice, came to my mind. And trembling with fear I repented! Then I got the impression that those two just men were fond of me… and I dared to speak. But even their love frightened me, because I do not deserve the love of such spirits. And then!… The most dreadful of all fears! The voice of God!… Jehovah has spoken! He said to us: “Listen to Him!”. You! And He proclaimed You: “His Beloved Son in Whom He is well pleased”. What a fright! Jehovah!… to us!… It was certainly Your power only that kept us alive!… When You touched us, and Your fingers burnt like points of fire, I had the last fright. I thought that the hour had come when I was to be judged and that the Angel touched me to take my soul to the Most High… But how could Your Mother see… hear… and live, in that hour that You told us yesterday, and not die, and She was alone, a young girl, without You?»

«Mary, the Immaculate, could not be afraid of God. Eve was not afraid, while she was innocent. And I was there. I, the Father and the Spirit, We, Who are in Heaven and on the earth and everywhere, and Who had our Tabernacle in the heart of Mary» says Jesus gently.

«How wonderful!… But later You spoke of death… And our joy came to an end… But why all that just to us three? Was it not better to give the vision of Your glory to everybody?»

«Just because you become senseless when you hear Me speak of death, and death by torture, of the Son of man, the Man-God decided to fortify you for that hour and for the future, by means of the foreknowledge of what I will be after Death. Remember all that, so that you may tell people in due time… Have you understood?»

«Oh! yes, Lord. It is not possible to forget it. And it would be quite useless to tell people. They would say that we are “drunk”.»

349.10

They resume their way down towards the valley. But when they arrive at a certain point, Jesus takes a very steep side path towards Endor, that is in the opposite direction to the place where He left the disciples.

«We will not find them» says James. «The sun is beginning to set. They will be gathering where You left them, waiting for You.»

«Come and do not worry about foolish thoughts.»

In fact, where the brushwood opens on to a grassland that slopes gently as far as the main road, they see at the foot of the mountain the whole group of the disciples, who are very excited and with them there are some curious wayfarers and some scribes who have come from I do not know where.

«Alas! Scribes!… And they are discussing already!» says Peter pointing at them. And he walks down the last few metres half-heartedly.

But the apostles down there have also seen them and they point them out to one another and then they begin to run towards Jesus shouting: «How come, Master, You are here? We were about to go to the appointed place. But we have been held back by a discussion with scribes and by the entreaties of a worried father.»

«What were you discussing?»

«We were disputing about a possessed man. The scribes sneered at us because we were not able to free him. Judas of Kerioth tried several times out of pique. But in vain. So we said to them: “Try yourselves”. They replied: “We are not exorcisers”. Some people coming from Caslot-Tabor happened to pass by and among them there were two exorcisers. But they did not succeed either. Here is the father coming to implore You. Listen to him.»

349.11

A man in fact comes forward imploring and he kneels before Jesus, Who is still on the sloping meadow and is thus at least three metres higher up than the road and clearly visible to everybody.

The man says to Him: «Master, I went to Capernaum with my son, looking for You. I took my unhappy son to You, that You might free him, as You expel demons and You cure all diseases. He is often possessed by a mute spirit. When it takes him he can but shout hoarsely, like an animal that is choking. The spirit throws him on the ground, where he rolls grinding his teeth, foaming like a horse biting the bit, or he injures himself, or he risks dying drowned or burned or smashed, because the spirit more than once has thrown him into the water, in the fire or down the steps. Your disciples tried, but they were not successful. Oh! Good Lord! Have mercy on me and on my child!»

Jesus blazes with majesty while He shouts: «O wicked generation, O satanic crowd, rebel legion, incredulous and cruel people of Hell, how long will I have to be in touch with you? How long shall I have to put up with you?» He is so imposing that there is dead silence at once and the sneers of the scribes stop.

349.12

Jesus says to the father: «Stand up and bring your son here.»

The man goes away and comes back with other men and in the middle of the group there is a boy about twelve or fourteen years old. He is a handsome boy, but looks rather dull-witted as if he were bewildered. There is a long red wound on his forehead and under it an old white scar. As soon as he sees Jesus Who stares at him with His magnetic eyes, he utters a hoarse cry and his whole body writhes convulsively and he falls to the ground foaming and rolling his eyes, so that only the white globes can be seen, while he rolls on the ground in a typical epileptic fit.

Jesus comes forward a few steps to be close to him and says: «How long has that been happening to him? Speak in a loud voice, so that everybody may hear you.»

And while the crowds press closer and the scribes go above Jesus to dominate the scene, the man shouting says: «Since he was a boy. I told You: he often falls on the fire, into water or down the steps or from trees, because the spirit attacks him suddenly and throws him about to kill him. He is covered with scars and burns. He is lucky that the flames of the fireplace have not blinded him. No doctor, no exorciser, not even Your disciples have been able to cure him. But You, if, as I firmly believe, can do something, have mercy on us and help us.»

«If you can believe thus, everything is possible to Me, because everything is granted to those who believe.»

«Oh! Lord, I do believe! But if I do not believe sufficiently, increase my faith, so that it may be complete and I may obtain the miracle» says the man weeping, while he kneels beside his son, who has fallen into a more severe convulsive fit.

349.13

Jesus straightens Himself up, takes two steps back, and while the circle of the crowd presses closer and closer, He shouts loudly: «Cursed spirit, who make this boy deaf and mute and torture him, I order you: go out of him and never go back into him.»

The boy, although lying on the ground, bounces frightfully, arches his back with feet and head on the ground, utters inhuman cries and, after a last bounce, he turns around, falls flat on his face striking his forehead and mouth against a large stone emerging from the grass, which becomes stained with blood, and lies motionless.

«He is dead!» many shout. «Poor boy!», «Poor father!» say the better ones pitying them. And the scribes sneering say: «The Nazarene has served you well!», or: «Master, how come? Beelzebub has made You cut a bad figure this time…» and they laugh spitefully.

Jesus replies to no one. Not even to the father, who has turned his son around and is wiping the blood off the injured forehead and lips, moaning and imploring Jesus. And the Master bends, takes the child by the hand. And the boy opens his eyes with a deep sigh, as if he were awaking from sleep, he sits up and smiles. Jesus draws him close to Himself, makes him stand up and hands him to his father, while the crowds cheer enthusiastically, and the scribes run away chased by the mockery of the crowd…

«And now let us go» says Jesus to His disciples. And after dismissing the crowds He goes round the side of the mountain towards the road along which He came in the morning.

349.14

Jesus says:

«And here P.M. can now put the comment on the vision of August 5th 1944 (copybook A 930) beginning from the words: “I am not choosing you for the only purpose of making you acquainted with the sadness and the sorrows of your Master. Those who are able to stay with Me sharing My grief must share My glory as well”. And you, My faithful little John, have a rest, because you well deserve it. May My peace bring joy to you.»

[5th August 1944].

349.15

Jesus says:

«[…]. I am not choosing you[3] for the only purpose of making you acquainted with the sadness and the sorrows of your Master. Those who are able to stay with Me sharing My grief must share My joy as well.

When you are before your Jesus and He shows Himself to you, I want you to have the same feelings of humility and repentance as My apostles had. You must never be proud. You would be punished by losing Me. You must always bear in mind Who I am and who you are. You must always remember your faults and My perfection so that your heart may be cleansed by contrition. But at the same time you must put so much trust in Me.

I said: “Be not afraid. Stand up. Let us go. Let us go among men, because I have come to be with them. Be holy, strong and faithful in remembrance of this hour”. I say so also to you and to all My favourites among men, to those who have Me in a special way.

Be not afraid of Me. I show Myself to you to elevate you all, not to incinerate you.

Stand up: may the joy of the gift give you energy and do not let it blunt your minds with the savour of quietism, considering yourselves already saved because I have shown Heaven to you.

Let us go together among men. I have invited you to superhuman deeds by means of superhuman visions and lessons, so that you may be of greater help to Me. I make you partners in My work. But I have never had and I never have a minute’s rest. Because Evil never rests and Good must be always active to make void the work of the Enemy as much as possible. We shall rest when the Time is accomplished. Now we must proceed untiringly, we must work continuously and sacrifice ourselves unremittingly for the harvest of God.

May My continuous contact sanctify you, may My continuous teaching fortify you and may My fond Love for you make you faithful against all snares. Do not be like the old rabbis who taught the Revelation but did not believe in it, to the extent of not being able to recognize the signs of the time and the messengers of old. Ensure that you recognize the precursors of the Christ in His second coming, because the powers of the Antichrist are on the march and, making an exception on the limit I have imposed on Myself, because I know that you drink in certain truths not with a supernatural spirit but out of thirst for human curiosity, I solemnly tell you that what many people think is the victory over the Antichrist, the peace now close at hand, will be only a pause to give the Enemy of the Christ time to acquire new strength, to dress his wounds and gather his army for a fiercer struggle.

Since you are the “voices” of your Jesus, of the King of kings, of the faithful and truthful king who judges and fights with justice and will defeat the Beast and his servants and prophets, ensure that you know what is your Good and follow it forever. Let no false appearance entice you, let no persecution terrify you. Let your “voices” repeat My words. Let your Lives be devoted to this work. And if on the earth you should share the same destiny as the Christ, as His Precursor and Elijah, a sanguinary destiny or a destiny subjected to moral torture, smile at the future safe destiny you will enjoy with the Christ, with His Precursor and His Prophet.

We shall be equal in our work, in our grief, in our glory. Here I am the Master and the Example. There I shall be the Reward and the King. To have Me will be your blessedness. It will mean forgetting sorrow. It will be what no revelation is yet sufficient to make you understand, because the joy of the future life is by far superior to the possibility of imagination of a human creature still joined to a human body.»


Notes

  1. transfiguré : Sur un feuillet inséré entre les pages d’une copie dactylographiée, Maria Valtorta a écrit : Note sur la Transfiguration. Pour écarter les astuces de Satan et les pièges des futurs ennemis du Verbe incarné – bien connus de Dieu le Père –, Dieu a enveloppé le Christ de tous les aspects ordinaires des enfants d’une femme, non seulement jusqu’à ce qu’il soit “ l’enfant et le fils du charpentier ” mais même quand il fut le Maître. Seuls sa sagesse et ses miracles le distinguaient des autres. Mais Israël, bien que dans une moindre mesure, connaissait d’autres maîtres (les prophètes) et d’autres faiseurs de miracles. Cela devait servir à éprouver aussi la foi de ses élus : les apôtres et les disciples. Ils devaient “ croire sans voir ” des choses extraordinaires et divines. C’est ainsi qu’ils voyaient l’Homme savant et saint qui accomplissait même des miracles, mais qui, en tout le reste, était semblable à eux pour ce qui est des besoins humains. Néanmoins, pour confirmer les trois apôtres après qu’ils ont été troublés par l’annonce de sa future mort en croix, il se révèle maintenant dans toute la gloire de sa Nature divine. Après cela, le doute que sa mort en croix annoncée avait insinué chez ses plus proches disciples ne pouvait plus subsister : ils avaient vu Dieu, Dieu en l’Homme qui allait être crucifié. C’était la manifestation des deux Natures unies hypostatiquement. Manifestation indéniable qui ne pouvait laisser de doute. Et à Dieu le Fils qui se manifeste pour ce qu’il est, s’unissent Dieu le Père par ses paroles, et le Ciel, représenté par Moïse et Elie. Après avoir ébranlé leur foi par l’annonce de sa mort, Jésus rétablit, et même augmente leur foi par sa transfiguration.
  2. ne parlez pas : Note de Maria Valtorta sur une copie dactylographiée : La prudence, parfaite dans le Christ, l’a incité à donner cet ordre pour éviter tout fanatisme de vénération comme de haine, tous deux prématurés et nocifs. Quelques lignes plus bas, au sujet d’Elie, elle précise : Cet Elie qui est “ revenu une première fois ” et à qui Jésus fait allusion, c’est Jean-Baptiste.
  3. par les mots : Nous préférons rapporter le commentaire depuis le début, aussi parce que la partie à omettre consisterait en quelques lignes seulement. (Notons que Maria Valtorta transcrit gloire le mot qui, dans la dictée originale, qui suit, est joie).

Notes

  1. transfigured. On a piece of paper attached to a typewritten copy, M.V. has written: Note on the Transfiguration. In order to divert Satan’s slyness and the snares of future enemies of the incarnated Word (not unknown to the Father), God enshrouded the Christ in traits common to every man born from a woman. And this not only during His childhood and boyhood when He was “the son of the carpenter”, but also when He was the Master Whose only hallmarks were His sapience and His power to work miracles. Israel was familiar with Masters (the Prophets) and miracle workers. Hence it was necessary to test the faith of His “elects”: apostles and disciples who were supposed to “believe without seeing” extraodinary and divine events. Following Jesus they were used to seeing the learned Man who also worked miracles, while in His human necessities, He was in everything similar to them. Now, after the distressing announcement of His future death on the cross, He reveals Himself in the full Glory of His Divine Nature, in order to confirm the faith of the three chosen apostles. Afterwards, the doubt that the knowledge of such a death had created could not persist. They had seen God. They had seen God in the Man who was to be crucified. It was the manifestation of His two natures hipostatically united. An undeniable manifestation which could not leave space to doubt. Furthermore, to the Son-God made manifest, the Father-God unites with His words and with Moses and Elijah representing Heaven. So, after shaking their faith with the announcement of His death, Jesus restores and increases their faith through His Transfiguration.
  2. do not speak now… In an attached note M.V. specifies that: The perfect prudence of Jesus made Him give this command in order to avoid fanatical veneration or hatred, both premature and noxious. And the she adds: The Elijah who ‘has come back once’ to whom Jesus alludes, was John the Baptist.
  3. you… this dictation is addressed to M. Valtorta and to the chosen “voices”.