The Writings of Maria Valtorta

360. La mauvaise humeur des apôtres et le repos dans une grotte.

360. The discontent of the apostles and their rest

360.1

A cause des pluies continuelles, la plaine du côté oriental du Jourdain ressemble à un lac, particulièrement à l’endroit où se trouvent Jésus et les apôtres. Ils ont franchi depuis peu un torrent qui descend par une gorge étroite des collines voisines, qui semblent former une digue cyclopéenne du nord au sud le long du Jourdain, rompue çà et là par des vallées étroites par lesquelles dégorgent les inévitables torrents. Un long feston de collines paraît avoir été disposé par Dieu pour encadrer la grande vallée du Jourdain de ce côté-là. Je dirais même que c’est un feston monotone tant les arcs en sont égaux et montent à la même altitude. Le groupe des apôtres se trouve entre les deux derniers torrents, qui ont débordé à l’approche des rives du fleuve. Leur lit est donc plus large, surtout celui du sud dont la masse d’eau qu’il charrie des montagnes est imposante et dont les eaux troubles se précipitent en grondant vers le Jourdain. Le fleuve, à son tour, fait entendre un grand fracas là où ses méandres naturels, je pourrais dire ses étranglements con­tinuels, ou l’arrivée d’un affluent, produisent un engorgement des eaux. Or Jésus se trouve dans ce trapèze formé par les trois cours d’eau[1] en crue et il n’est pas facile d’arracher ses jambes à ce bourbier.

360.2

L’humeur des apôtres est plus sombre que la journée. Et c’est tout dire. Chacun veut donner son avis. Et toute parole cache un reproche sous l’apparence d’un conseil. C’est l’heure des : « Je l’avais bien dit », « Si on avait suivi mon idée », etc., si blessants pour celui qui a commis une erreur, et qui est déjà si ennuyé de l’avoir faite.

Il se trouve quelqu’un pour constater : « Il aurait mieux valu franchir le fleuve à la hauteur de Pella et aller de l’autre côté qui est moins difficile », ou bien : « Il fallait le prendre ce char ! Nous avons fait fait les braves, mais ensuite… », et encore : « Si nous étions restés sur les montagnes, nous n’aurions pas eu cette boue ! »

Jean soupire :

« Vous êtes les prophètes du passé. Qui pouvait prévoir cette persistance de la pluie ?

– C’est la saison. C’était couru d’avance, dit sentencieusement Barthélemy.

– Les autres années, ce n’était pas comme cela avant la Pâque. Je suis venu vers vous alors que le Cédron n’était certainement pas plein, et l’an dernier nous avons même eu de la sécheresse. Vous qui vous plaignez, ne vous rappelez-vous pas la soif dont nous avons souffert dans la plaine de Philistie ? demande Simon le Zélote.

– Eh ! C’est naturel ! Les deux sages le disent et le font entendre ! Lance ironiquement Judas.

– Tais-toi, je t’en prie. Tu ne sais que critiquer. Mais au bon moment, quand il s’agit de parler à quelque pharisien ou quelqu’un de semblable, tu restes muet comme si tu avais la langue liée, rétorque Jude, à bout de nerfs.

– Oui, il a raison. Pourquoi n’as-tu pas répliqué un seul mot, dans le dernier village, à ces trois serpents ? Tu savais bien que nous avons été aussi à Giscala et à Meieron, respectueux et obéissants, et que c’est lui, justement lui, qui a voulu y aller, car il honore les grands rabbins défunts. Mais tu n’as rien dit ! Tu sais comment il exige de nous le respect pour la Loi et les prêtres. Mais tu n’as rien dit ! C’est maintenant que tu parles. Maintenant, parce qu’il s’agit d’ironiser sur les meilleurs d’entre nous et de critiquer ce que fait le Maître, poursuit André qui, habituellement patient, est aujourd’hui vraiment nerveux.

– Tais-toi. Judas a tort, lui qui est l’ami de nombreux, de trop nombreux Samaritains… dit Pierre.

– Moi ? Qui sont-ils ? Dis leur nom si tu peux !

– Oui, mon ami. Tous les pharisiens, sadducéens, les puissants dont tu te vantes d’être l’ami et qui te connaissent, cela se voit ! Moi, ils ne me saluent jamais. Mais toi, si.

– Tu en es jaloux ! Mais moi, je suis un homme du Temple et pas toi.

– Grâce à Dieu, je suis un pêcheur. Oui. Et je m’en vante.

– Un pêcheur si nul qu’il n’a même pas su prévoir ce temps.

– Non ! Je l’ai dit : “Lune de Nisân, c’est de la pluie qui descend ”, énonce Pierre sentencieusement.

– Ah ! C’est là que je t’attendais ! Et toi, qu’en dis-tu, Jude ? Et toi, André ? Même Pierre, le chef, critique le Maître !

– Je ne critique personne ! Je cite un dicton.

– Qui, à bien l’entendre, est une critique et un reproche.

– Oui… Mais tout cela ne sert pas à assécher la terre, il me semble. Maintenant que nous y sommes, nous devons y rester. Gardons notre souffle pour sortir nos pieds de ce marécage » dit Thomas.

360.3

Et Jésus ? Jésus se tait. Il marche un peu en avant, en pataugeant dans la boue ou en cherchant des passages là où une motte verte émerge. Mais même là, il suffit d’y marcher pour que l’eau gicle à mi-jambes, comme si le pied avait écrasé une vessie au lieu d’une touffe d’herbe. Il se tait et laisse parler les apôtres mécontents, tout à fait hommes, rien de plus que des hommes que le moindre dérangement rend irascibles et injustes.

Les voilà arrivés près du torrent le plus au sud. Jésus voit passer le long de la rive inondée un homme sur un mulet. Il demande :

« Où est le pont ?

– Plus haut. J’y passe moi aussi. L’autre, en aval, le pont romain, est maintenant sous l’eau. »

Un autre chœur de murmures s’élève… Mais ils se hâtent de suivre l’homme qui parle avec Jésus.

« Il te faut pourtant te diriger vers la montagne » dit-il, avant d’ajouter : « Reviens à la plaine quand tu vas trouver le troisième cours d’eau après le Yarloq. Alors tu seras près du gué. Mais fais vite, ne t’arrête pas, car le fleuve monte d’heure en heure. Quelle mauvaise saison ! La gelée d’abord, et puis l’eau. Et aussi abondante ! C’est un châtiment de Dieu. Mais c’est juste ! Quand on ne lapide pas ceux qui blasphèment la Loi, Dieu punit. Et nous en avons, de ces gens-là ! Tu es galiléen, n’est-ce pas ? Alors tu dois connaître cet homme de Nazareth que les meilleurs abandonnent car il est la cause de tout le mal. Il attire la foudre par sa parole ! Les châtiments ! Il faut entendre ce que racontent de lui ceux qui étaient avec lui. Les pharisiens ont bien raison de le poursuivre. Qui sait quel malfaiteur c’est ! Il doit faire peur comme un Belzébuth. J’avais eu envie d’aller l’entendre car on m’avait dit d’abord beaucoup de bien de lui. Mais… c’étaient des discours de ceux de sa bande. Tous des gens sans scrupules comme lui. Les bons l’abandonnent, et ils font bien. Pour mon compte, je ne vais plus le voir. Et si le hasard l’amène près de moi, je lui jetterai des pierres comme on en a le devoir à l’égard des blasphémateurs.

– Dans ce cas, lapide-moi. Je suis Jésus de Nazareth. Je ne m’enfuis pas et je ne te maudis pas. Je suis venu racheter le monde en versant mon sang. Me voici. Sacrifie-moi, mais deviens juste. »

Jésus dit cela en ouvrant un peu les bras qu’il tend vers la terre. Il le dit lentement, doucement, et avec tristesse. Mais s’il l’avait maudit, il n’aurait pas tant impressionné l’homme, qui tire si brusquement les rênes que le mulet fait un écart et peu s’en faut qu’il ne tombe de la rive dans le fleuve en crue. Jésus saisit le mors et retient la bête à temps pour sauver l’homme et le mulet. L’homme ne cesse de répéter :

« Toi ! Toi !… » et, voyant le geste qui le sauve, il s’écrie : « Mais je t’ai dit que je t’aurais lapidé… Tu ne comprends pas ?

– Et moi, je te dis que je te pardonne et même que je souffrirai pour toi, pour te racheter. Voilà qui est le Sauveur. »

L’homme le regarde encore, talonne son mulet et part en vitesse. Il s’enfuit… Jésus baisse la tête…

360.4

Les apôtres éprouvent le besoin d’oublier la boue, la pluie et toutes les autres misères pour le consoler. Ils l’entourent et lui disent :

« Ne t’afflige pas ! Nous n’avons pas besoin de brigands, et celui-là en est un. Car seul un vaurien peut croire à de telles calomnies sur ton compte et avoir peur de toi.

– Pourtant, ajoutent-ils aussi, quelle imprudence, Maître ! Et s’il t’avait fait du mal ? Pourquoi révéler que tu es Jésus de Nazareth ?

– Parce que c’est la vérité… Dirigeons-nous vers les montagnes comme il l’a conseillé. Nous perdrons un jour, mais vous sortirez du marécage.

– Toi aussi, font-ils remarquer.

– Oh ! Pour moi cela ne compte guère. C’est le marécage des âmes mortes qui me peine. »

Et deux larmes lui coulent des yeux.

« Ne pleure pas, Maître. Nous rouspétons, mais nous t’aimons bien. Si nous pouvions rencontrer ceux qui te dénigrent ! Nous te vengerions.

– Vous pardonneriez comme je le fais. Mais laissez-moi pleurer. Je suis l’Homme, enfin ! Et d’être trahi, renié, abandonné, cela me fait souffrir !

– Regarde-nous, regarde-nous. Nous sommes peu nombreux et bons. Aucun de nous ne te trahira, ne t’abandonnera. Tu peux en être sûr, Maître.

– Cela va sans dire ! C’est offensant pour notre âme de penser que nous puissions te trahir ! » s’exclame Judas.

Mais Jésus est affligé. Il se tait, et des larmes coulent lentement sur les joues pâles de son visage fatigué et amaigri.

Ils approchent des montagnes.

« Allons-nous monter là-haut ou les longer ? Il y a des villages à mi-côte. Regarde. Des deux côtés de la rivière, lui font-ils remarquer.

– La nuit tombe. Cherchons à atteindre un village. Celui-ci ou celui-là, c’est égal. »

Jude, qui a de très bons yeux, scrute les pentes. Il approche de Jésus et dit :

« Au besoin, il y a des fentes dans la montagne. Tu les vois, là-bas ? Nous allons nous y réfugier. Ce sera toujours mieux que dans la boue.

– Nous ferons du feu, dit André pour les réconforter.

– Avec du bois trempé ? » demande ironiquement Judas.

Personne ne lui répond. Pierre murmure :

« Je bénis l’Eternel qu’il n’y ait avec nous ni les femmes ni Marziam. »

360.5

Ils passent le pont – vraiment préhistorique – qui se trouve au fond de la vallée et en prennent le côté méridional en suivant un chemin muletier qui mène à un village. La nuit tombe rapidement, si bien qu’ils décident de se réfugier dans une vaste grotte pour échapper à une averse violente. C’est peut-être une grotte qui sert de refuge aux bergers, car il y a du fourrage, des ordures et un foyer rudimentaire.

« Cela ne peut pas servir de lit. Mais pour faire du feu… » dit Thomas en montrant les ramilles souillées éparses sur le sol avec des fougères sèches et des branches de genévrier ou de plantes du même genre. Il les pousse avec un bâton vers le foyer, les amoncelle et y met le feu.

Il se dégage du feu une fumée puante mêlée à des odeurs de résine et de genévrier. Et pourtant cette chaleur est agréable, et tous s’installent en demi-cercle puis, à la lumière mobile de la flamme, ils mangent du pain et du fromage.

« On pouvait pourtant essayer d’arriver au village, dit Matthieu, qui est enroué et gelé.

– Oh, écoute ! Pour recommencer l’histoire d’il y a trois soirs ? Ici, personne ne va nous chasser. Nous resterons assis sur ce bois et nous ferons du feu tant que nous pourrons. Maintenant que l’on y voit, il y en a du bois ! Regarde, regarde ! Et aussi de la paille !… C’est vraiment un bercail, certainement pour l’été ou pour la tranohumance.

360.6

Et par là, où ça va ? Prends une branche allumée, André, je veux voir » ordonne Pierre qui tourne, en veine de découvertes.

André obéit. Ils s’engagent dans un étroit passage dans la paroi de la grotte.

« Faites attention qu’il n’y ait pas de bêtes nuisibles ! Crient les autres.

– Ou des lépreux » dit Jude.

Après un moment, la voix de Pierre arrive.

« Venez ! Venez ! Ici, on est mieux. C’est propre et sec, et il y a des bancs de bois et du bois pour brûler. Mais c’est un palais de roi, pour nous ! Apportez des branches allumées pour que nous fassions du feu tout de suite. »

Ce doit être réellement un abri pour les bergers. Cette partie est celle où les bergers se reposent et dorment, alors que dans l’autre veillent à tour de rôle ceux qui gardent le troupeau. C’est une excavation dans la montagne, beaucoup plus petite et peut-être faite de main d’homme, ou au moins agrandie et consolidée par des poteaux destinés à soutenir la voûte. Une chape de cheminée primitive communique avec la première grotte et permet l’évacuation de la fumée dans cette direction. Il y a des planches et de la paille le long des murs où sont enfoncés des pitons pour accrocher des lanternes, des vêtements ou des besaces.

« Mais c’est rudement bien ! Allons, faisons beaucoup de feu ! Nous serons au chaud et nous sécherons nos manteaux. Retirons nos ceintures, faisons-en des cordes pour y pendre les manteaux » ordonne Pierre.

Puis il arrange les planches et la paille, et il dit :

« Maintenant on va pouvoir dormir pendant que quelqu’un, à tour de rôle, entretiendra le feu pour que l’on puisse y voir et rester au chaud. Quelle grâce de Dieu ! »

Judas grommelle entre ses dents. Fâché, Pierre se retourne :

« En comparaison de la grotte de Bethléem où le Seigneur est né, celle-là est un palais de roi. Si lui, il est né dans ces conditions, nous pourrons bien passer une nuit ici.

– Elle est même plus belle que les grottes d’Arbel. Là, il n’y avait de beau que notre cœur, meilleur que maintenant, dit Jean qui se perd dans un souvenir mystique.

– Et encore bien mieux que celle qui a abrité le Maître quand il se préparait à la prédication » ajoute sévèrement Simon le Zélote en regardant Judas comme pour lui intimer de se taire.

Pour finir, Jésus dit :

« Et elle est sans comparaison plus chaude et plus confortable que celle où j’ai fait pénitence pour toi, Judas, fils de Simon, dans ce mois de Tébet.

– Pénitence pour moi ? Pourquoi ? Il n’en était pas besoin !

– En vérité, nous devrions, toi et moi, passer la vie en pénitence pour te délivrer de tout ce qui t’alourdit. Et encore, cela ne suffirait pas. »

La sentence, exprimée avec calme, mais avec une grande détermination, tombe comme un coup de foudre sur le groupe médusé… Judas baisse la tête et se retire dans un coin. Il n’a pas l’audace de réagir.

360.7

Après un moment, Jésus ordonne :

« C’est moi qui vais veiller. Je m’occuperai du feu. Vous, dormez. »

Et, peu après, au pétillement du bois s’unit la lourde respiration des douze apôtres fatigués, allongés sur les planches dans la paille. Jésus, lorsque la paille tombe et les laisse découverts, se lève et l’étend de nouveau sur les dormeurs avec l’affection d’une mère. Néanmoins, il pleure en contemplant dans leur sommeil les visages hermétiques de certains, ou paisibles, ou courroucés. Il regarde Judas qui semble ricaner même dans son sommeil, renfrogné, les poings serrés… Il regarde Jean qui dort une main sous sa joue, le visage couvert par ses cheveux blonds, les joues roses, tranquille comme un enfant au berceau. Il regarde le visage honnête de Pierre et celui, sévère, de Nathanaël, celui, variolé, de Simon le Zélote, celui, aristocratique, de son cousin Jude, et il s’arrête longuement à regarder Jacques, fils d’Alphée, qui est un Joseph de Nazareth très jeune. Il sourit en entendant les monologues de Thomas et d’André, qui semblent parler au Maître. Il couvre bien Matthieu qui respire péniblement, il prend encore de la paille pour le tenir au chaud et l’étend sur les pieds de Matthieu après l’avoir chauffée devant la flamme. Il sourit en entendant Jacques qui balbutie : « Croyez dans le Maître et vous aurez la Vie »… et continue de prêcher à des personnages de rêve. Il se penche pour ramasser une bourse, où Philippe garde des souvenirs chers, en la replaçant doucement sous sa tête. Dans les intervalles, il médite et prie…

360.8

Le premier à se réveiller, c’est Simon le Zélote. Il voit Jésus qui est encore près du feu allumé dans la grotte bien chaude. En voyant le tas de bois réduit à presque rien, il comprend qu’il s’est écoulé de longues heures. Il descend de sa paillasse et, sur la pointe des pieds, va vers Jésus :

« Maître, ne viens-tu pas dormir ? Moi, je vais veiller.

– C’est l’aube, Simon. Je suis sorti il y a un instant. J’ai vu le ciel qui déjà commence à blanchir.

– Mais pourquoi ne nous as-tu pas appelés ? Tu es fatigué, toi aussi !

– Ah ! Simon ! J’avais un tel besoin de penser… et de prier. »

Et il appuie sa tête sur la poitrine de Simon.

Le Zélote, debout près de lui qui est assis, le caresse et soupire. Il lui demande :

« Penser à quoi, Maître? Tu n’as pas besoin de penser. Tu sais tout.

– Penser non pas à ce que je dois dire, mais à ce que je dois faire. Je suis désarmé contre ce monde rusé car, moi, je n’ai pas la malice du monde et l’astuce de Satan. Le monde triomphe… et je suis si las…

– Et affligé. Et nous y sommes pour quelque chose, bon Maître que nous ne méritons pas d’avoir. Pardonne-moi et pardonne à mes compagnons. Je te le dis pour tous.

– Je vous aime tant… Je souffre tant… Pourquoi si souvent ne me comprenez- vous pas ? »

360.9

Leur conversation éveille Jean, qui est le plus proche. Il ouvre ses yeux bleu clair et regarde avec étonnement autour de lui, puis il se souvient et se lève aussitôt et il arrive derrière les deux hommes qui parlent. Il entend ainsi les paroles de Jésus :

« Pour que toute la haine et toutes les incompréhensions ne soient plus rien à mes yeux et soient supportables, votre amour, votre compréhension me suffiraient… Au contraire, vous ne me comprenez pas… Et c’est ma première torture. Elle est lourde ! Lourde ! Mais ce n’est pas votre faute. Vous êtes des hommes… Ce sera votre douleur de ne pas m’avoir compris quand vous ne pourrez plus réparer… A cause de cela, et parce qu’alors vous expierez ce que vous avez de superficiel maintenant, de mesquin, d’étroit, je vous pardonne et je dis d’avance: “ Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font, ni la douleur qu’ils me causent. ” »

Jean se glisse par devant, s’agenouille et embrasse les genoux de son Jésus affligé, et les larmes lui viennent aux yeux quand il murmure :

« O mon Maître ! »

Simon le Zélote, qui a toujours la tête de Jésus sur la poitrine, se penche pour embrasser ses cheveux en disant :

« Et pourtant nous t’aimons tant ! Mais nous voudrions avoir la possibilité de te défendre, de nous défendre, de triompher. Nous sommes humiliés de te voir homme, soumis aux hommes, aux intempéries, à la misère, à la méchanceté, aux besoins de la vie… Nous sommes pitoyables. Mais c’est ainsi. Pour nous, tu es le Roi, le Triomphateur, le Dieu. Nous n’arrivons pas à comprendre la sublimité de ton abnégation, de ta soumission à tant d’épreuves par amour pour nous. C’est que, toi seul, tu sais aimer. Nous, nous ne le savons pas…

– Oui, Maître. Simon a raison. Nous ne savons pas aimer comme aime Dieu : toi. Et ce qui est infinie bonté, amour infini, nous le prenons pour de la faiblesse et nous en abusons… Augmente notre amour, augmente ton amour, toi qui en es la source, fais-le déborder comme les fleuves en ce moment, pénètre-nous, combles-nous-en comme les prés le long de la vallée. Il n’est pas nécessaire d’avoir la sagesse, la valeur, l’austérité, pour être parfaits comme tu nous veux. Il suffit d’avoir l’amour… Seigneur, moi, je m’en accuse au nom de tous : nous ne savons pas aimer.

– Vous deux, qui me comprenez davantage, vous vous accusez. Vous êtes l’humilité. Mais l’humilité est amour. Les autres aussi ne sont séparés de vous sur ce point que par une mince cloison. Et je l’abattrai. Car en effet, je suis Roi, Triomphateur et Dieu. Pour toujours. Mais, en ce moment, je suis l’Homme. Mon front s’incline déjà sous le supplice de ma couronne. Cela a toujours été une couronne torturante que d’être l’Homme… Merci, mes amis. Vous m’avez consolé. Car voici ce que le fait d’être homme a de bon : avoir une mère aimante et des amis sincères.

360.10

Maintenant, réveillons nos compagnons. Il ne pleut plus, les manteaux sont secs, les corps reposés. Mangez et partons. »

Il hausse la voix lentement, mais le “ partons ” est un ordre précis. Tous se lèvent et regrettent d’avoir dormi tout du long, pendant que Jésus veillait. Ils se préparent, mangent, prennent leurs manteaux, éteignent le feu et sortent sur le sentier humide pour commencer à descendre jusqu’à un chemin muletier qui suit la côte, suffisamment en pente pour ne pas être une mer de boue. La lumière est encore faible car il n’y a pas de soleil et le temps est couvert. Mais elle suffit pour voir.

360.11

André et les deux fils d’Alphée marchent tout en avant. A un certain moment, ils se penchent, regardent et reviennent en courant.

« Il y a une femme ! Elle semble morte ! Elle barre le sentier.

– Ah ! Quel ennui ! On commence mal. Comment va-t-on faire ? Maintenant, il va aussi falloir se purifier ! »

Ce sont les premiers murmures de la journée.

« Allons voir si elle est morte, dit Thomas à Judas.

– Pas question ! Répond ce dernier.

– Moi, je viens avec toi, Thomas » dit Simon le Zélote en s’avançant.

Ils s’approchent d’elle, se penchent et Thomas revient en arrière en courant et criant.

« Elle est assassinée, peut-être, suppose Jacques, fils de Zébédée.

– Ou bien morte de froid » répond Philippe.

Mais Thomas les rejoint et crie :

« Elle a le vêtement décousu des lépreux… »

On croirait qu’il a vu le diable, tant il est effrayé.

« Mais elle est morte ? demandent-ils.

– Qui peut savoir ! Moi, je me suis enfui. »

Simon le Zélote se relève et s’empresse de venir vers Jésus. Il dit :

« Maître, c’est une sœur lépreuse. Je ne sais pas si elle est morte. On ne dirait pas. Il me semble que son cœur bat encore.

– Tu l’as touchée ! S’écrient plusieurs en s’éloignant.

– Oui. Je n’ai pas peur de la lèpre depuis que j’appartiens à Jésus. Et j’ai pitié, car je sais ce que c’est qu’être lépreux. Peut-être la malheureuse a-t-elle été frappée, car elle saigne de la tête. Peut-être était-elle descendue chercher de la nourriture. C’est terrible, savez-vous, de mourir de faim et d’être obligé de défier les hommes pour avoir un pain.

– Elle est très abîmée ?

– Non. Je ne sais pas comment elle est parmi les lépreux. Elle n’a pas de squames, ni de plaies, ni de gangrène. Elle l’est peut-être depuis peu. Viens, Maître, je t’en prie. Comme pour moi, aie pitié de la sœur lépreuse !

– Allons. Donnez-moi du pain, du fromage et le peu de vin qu’il nous reste.

– Tu ne vas pas la faire boire là où nous buvons ! S’écrie Judas, terrorisé.

– N’aie pas peur, elle boira dans ma main. Viens, Simon. »

360.12

Ils s’approchent… mais la curiosité attire les autres aussi. Sans plus se soucier de ce que les feuillages mouillés font pleuvoir de l’eau des branches qu’ils remuent, ni de la mousse trempée, ils montent sur la côte pour regarder sans s’approcher de la femme. Ils voient Jésus se pencher, la prendre sous les bras, la transporter et la faire asseoir contre un rocher. Sa tête pend comme si elle était morte.

« Simon, relève-lui la tête, que je puisse faire couler dans sa gorge un peu de vin. »

Il obéit sans crainte et Jésus, tenant la petite outre en l’air, fait tomber des gouttes de vin entre les lèvres blêmes et entrouvertes. Il dit :

« Elle est glacée, la malheureuse ! Et elle est toute trempée.

– Si elle n’était pas lépreuse, nous pourrions l’amener là où nous étions, dit André, compatissant.

– Il ne manquerait plus que cela ! Lance Judas, furieux.

– Mais si elle n’est pas lépreuse ! Elle n’a pas de trace de lèpre.

– Elle en a le vêtement. Cela suffit. »

Pendant ce temps le vin agit. La femme pousse un soupir fatigué. Jésus, voyant qu’elle avale, lui en fait couler une gorgée dans la bouche. La femme ouvre des yeux embués et épouvantés. Elle voit des hommes. Elle essaye de se lever et de fuir en s’écriant :

« Je suis infectée ! Je suis infectée ! »

Mais les forces lui manquent. Elle se couvre le visage des mains. Elle gémit :

« Ne me lapidez pas ! Je suis descendue parce que j’ai faim… Cela fait trois jours que personne ne m’a rien jeté…

– Voici du pain et du fromage. Mange. N’aie pas peur. Bois un peu de vin dans ma main, dit Jésus en se versant dans le creux des mains un peu de vin et en le lui donnant.

– Mais tu n’as pas peur ? demande la malheureuse, stupéfaite.

– Je n’ai pas peur » répond Jésus.

Et il sourit en se levant, mais il reste près de la femme qui mange avidement le pain et le fromage. On dirait un fauve affamé. L’impatience de se nourrir la fait haleter.

360.13

Puis, une fois apaisé le désir animal de son estomac, elle regarde autour d’elle… Elle compte à haute voix :

« Un… deux… trois… treize… Mais alors ?… Oh ! Qui est le Nazaréen ? Toi, n’est-ce pas ? Toi seul peut avoir pitié d’une lépreuse, comme tu l’as montré !… »

La femme se met à genoux difficilement à cause de sa faiblesse.

« C’est moi, oui. Que veux-tu ? Guérir ?

– Oui… Mais auparavant je dois te dire une chose… J’avais entendu parler de toi. Quelques passants m’en avaient parlé, il y a tellement longtemps… Tellement ? Non. C’était l’automne. Mais pour un lépreux… chaque jour vaut une année… J’aurais voulu te voir, mais comment aurais-je pu venir en Judée, en Galilée ? On me traite de “ lépreuse ”. Mais j’ai seulement une plaie à la poitrine, et elle m’a été transmise par mon mari qui m’a prise vierge et saine, mais lui n’était pas sain. Mais c’est un grand… et il a tout pouvoir. Même celui de dire que je l’avais trahi en venant à lui malade et de me répudier pour cette raison, afin de prendre une autre femme dont il était amoureux. Il m’a dénoncée comme lépreuse et, comme je voulais me disculper, on m’a jeté des pierres. Etait-ce juste, Seigneur ? Hier soir, un homme est passé par Betjaboc, en annonçant que tu venais et qu’il allait à ta rencontre pour te chasser. Moi, j’étais là… J’étais descendue jusqu’aux maisons parce que j’avais faim. J’aurais fouillé dans le fumier pour me rassasier… Moi qui avais été une “ dame ”, j’aurais cherché à prendre aux poules un peu de pâtée aigrie… »

Elle pleure… Puis elle reprend :

« Le désir de te trouver, pour toi, pour te dire : “ Fuis ! ” et aussi pour moi, pour te dire : “ Pitié ! ” m’a fait oublier que, contrairement à notre loi, les chiens, les porcs, les poulets vivent près des maisons d’Israël, mais que le lépreux ne peut descendre demander un pain, pas même une femme qui n’a de lépreuse que le nom. Et je me suis avancée pour demander où tu étais. Ils ne m’ont pas vue tout de suite dans l’ombre, et ils m’ont dit : “ II monte par la berge du fleuve. ” Mais ensuite ils m’ont vue et, au lieu de pain, ils m’ont jeté des pierres. J’ai couru pendant la nuit pour venir à ta rencontre, pour fuir les chiens. J’avais faim, j’avais froid, j’avais peur. Je suis tombée là où tu m’as trouvée. Ici. J’ai cru mourir. Au contraire, je t’ai rencontré, toi, Seigneur. Je ne suis pas lépreuse, mais c’est cette plaie au sein qui m’empêche de revenir parmi les vivants. Je ne demande pas à redevenir Rose de Jéricho comme au temps de mon père, mais au moins à vivre parmi les hommes et à te suivre. Ceux qui m’ont parlé en octobre m’ont dit que tu avais des femmes disciples et que tu étais avec elles… Mais, d’abord, sauve-toi. Ne meurs pas, toi qui es bon !

– Je ne mourrai pas tant que l’heure ne sera pas venue.

360.14

Va jusqu’à ce rocher, là-bas. Il y a une grotte sûre. Repose-toi et ensuite va trouver le prêtre.

– Pourquoi, Seigneur ? »

La femme tremble d’anxiété.

Jésus sourit :

« Redeviens la Rose de Jéricho qui fleurit dans le désert et qui vit toujours, même si elle paraît morte. Ta foi t’a guérie. »

La femme entrouvre son vêtement sur la poitrine, regarde et s’écrie :

« Plus rien ! O Seigneur, mon Dieu ! »

Et elle tombe front contre terre.

« Donnez-lui du pain et de la nourriture. Et toi, Matthieu, donne-lui une paire de tes sandales. Moi, je vais lui passer un manteau pour qu’elle puisse aller trouver le prêtre quand elle se sera restaurée. Remets-lui aussi l’obole, Judas, pour les dépenses de la purification. Nous l’attendrons à Gethsémani pour la confier à Elise. Elle m’a demandé une fille.

– Non, Seigneur, je ne me repose pas. J’y vais tout de suite, tout de suite.

– Descends au fleuve, alors, lave-toi, mets le manteau…

– Seigneur, dit Simon le Zélote, c’est moi qui vais le donner à ma sœur lépreuse. Permets-le-moi et je la conduirai à Elise. Je guéris une seconde fois, en me revoyant en elle, heureux.

– Qu’il en soit comme tu veux. Procure-lui ce qu’il lui faut. Femme, écoute bien : tu iras te purifier, après quoi tu iras à Béthanie, tu demanderas Lazare et tu lui diras de te prendre chez lui jusqu’à mon arrivée. Va en paix.

– Seigneur ! Quand pourrai-je te baiser les pieds ?

– Bientôt. Va. Mais sache que seul le péché me répugne. Et pardonne à ton époux, parce que c’est par son intermédiaire que tu m’as trouvé.

– C’est vrai. Je lui pardonne. Je pars… Ah ! Seigneur ! Ne t’arrête pas ici où l’on te hait. Pense que j’ai marché, épuisée, pendant toute une nuit pour venir te prévenir et, si au lieu de te trouver j’en avais trouvé d’autres, je pouvais être lapidée comme un serpent.

– Je m’en souviendrai. Va, femme. Brûle le vêtement. Accompagne-la, Simon. Nous vous suivrons. Nous vous rejoindrons au pont. »

360.15

Ils se séparent. Judas intervient :

« Tout de même, il nous faut maintenant nous purifier. Nous sommes tous impurs.

– Elle n’était pas lépreuse, Judas, fils de Simon. C’est moi qui te le dis.

– Eh bien ! Moi, je me purifierai. Je ne veux pas d’impureté sur moi.

– Quel lys candide ! » s’exclame Pierre. « Si le Seigneur ne s’estime pas impur, veux-tu l’être, toi ?

– Et pour une femme dont le Seigneur affirme qu’elle n’était pas lépreuse ? Mais qu’avait-elle, Maître ? Tu as vu la plaie ?

– Oui. C’est le fruit de la luxure d’un homme. Mais elle n’était pas lépreuse, et si l’homme avait été honnête, il ne l’aurait pas chassée, car il était plus malade qu’elle. Mais tout sert aux luxurieux pour rassasier leur faim. Toi, Judas, si tu veux, tu peux y aller. Nous nous retrouverons à Gethsémani. Et purifie-toi ! Purifie-toi ! Mais la première des purifications, c’est la sincérité. Tu es hypocrite. Souviens-t’en. Mais tu peux y aller.

– Non, je reste ! Puisque tu le dis, je le crois. Je ne suis donc pas impur et je reste avec toi. Tu veux dire que je suis luxurieux et que je profitais de l’occasion pour… Je te prouve que c’est toi qui es mon amour. »

Ils descendent rapidement.

Le 15 décembre.

360.16

Jésus dit :

« Vous placerez ici la vision du “ miracle du Jourdain en crue ” que tu as eue le 17 septembre 1944. »

360.1

The plain on the eastern bank of the Jordan is like a lagoon because of the continuous rain, particularly where Jesus and the apostles are just now. They have just crossed a torrent that flows down from a narrow gorge in the nearby hills, which seem to form a Cyclopean dam, from north to south, along the Jordan, interrupted now and again by narrow valleys in which torrents inevitably flow. It looks as if God had placed a range of hills here, shaped like a huge scallop-edge, as a contour to the large Jordan valley. I would say that it is a rather monotonous scallop-edging, as its projections, aspects and distances are so much alike. The apostolic group is between the last two torrents, which have over-flown their banks and are thus wider, particularly the southern one, as it conveys an imposing mass of water from the mountains and it roars turbulently towards the Jordan. One can also hear the roar of the river, particularly where it bends naturally, which I would say are like continuous narrowings, or the confluence of affluents, cause obstructions to the water. Well, Jesus is in this truncated triangle, formed by three watercourses[1] in flood, and it is not an easy task to lift one’s feet out of that quagmire.

360.2

The apostolic humour is duller than the weather. And that says everything. Each one wishes to express his own opinion. And everything they say implies reproach, although expressed as advice. It is the moment of sentences like: «I told you», or «If you had done what I suggested» etc., which annoy so much anybody who has made a mistake and is already depressed at having made it.

Some say: «It was better to cross the river in the Pella area and then proceed on the other side, which is not so bad», or «We ought to have taken the wagon! We wanted to be clever, and then…», and some remark: «If we had stayed up on the mountains, there would not have been all this mud!»

John says: «You are prophets of past events. Who foresaw all this rain?»

«This is its time. It should have been foreseen» remarks Bartholomew.

«In past years it was not like this before Passover. I came to you and the Kidron was certainly not in spate and last year we had a spell of drought. You are complaining and you have forgotten how much we suffered from thirst in the Philistine plain!» says the Zealot.

«Eh! Of course! The two wise men have spoken and they contradict us!» says Judas of Kerioth ironically.

«You ought to be quiet. You are good only at criticising. But at the right moment, when one should speak to a Pharisee or the like, you are always silent, as if your tongue had been tied» Thaddeus says to him angrily.

«Yes. He is right. Why did you not answer one word to those three snakes in the last village? You were aware that we had been to Giscala and Meiron, that we behaved respectfully and that it was the Master Himself Who wanted to go there, as He respects the great dead rabbis. But you did not say anything! You know how He expects us to respect the Law and priests. But you did not say one word! But you are speaking now, because there is the opportunity of speaking ironically of the best ones among us and you are criticising what the Master does» insists Andrew, who is usually patient, but today is very irritable.

«Will you be quiet! Judas is wrong, he who is the friend of many, too many Samaritans…» Peter says[2].

«Me? Who are they? Mention their names, if you can.»

«Yes, my dear! All the Pharisees, Sadducees and powerful people of whose friendship you brag so much and who certainly know you. They never greet me. But they greet you!»

«You are jealous! But I am one of the Temple, you are not.»

«Thanks be to God, I am a fisherman. Yes, and I am proud of it.»

«So stupid a fisherman that you could not even foresee this weather.»

«No! I said: “If the new moon of Nisan is wet, rain in torrents one may expect”» replies Peter.

«Ah! I caught you! And what do you say, Judas of Alphaeus? And you, Andrew? Peter also, our Head, criticises the Master!»

«I am not criticising anybody. I quoted a proverb.»

«Which is criticism and reproach for anyone who can understand it.»

«Yes… but I don’t think that will help to dry the ground. We are now here and we will have to stay here. Let us spare our breath to get our feet out of this quagmire» says Thomas.

360.3

And what about Jesus? Jesus is silent. He is a little ahead of everybody, wallowing in mud or looking for emerging turves. But even they splash water up to half of one’s shin, as soon as one treads on them, as if they were bladders and not turves. He is silent and lets them speak, discontented as they are, behaving just like men, nothing more than men, whom the least inconvenience makes irritable and unfair.

The most southern of the rivers is now close at hand, and when Jesus sees a man on muleback pass along the flooded bank, He asks him: «Where is the bridge?»

«Further up. I am crossing there as well. The other one, the one further down the valley, the Roman bridge, is already under water.»

They all grumble again… in chorus. But they hasten to follow the man who is speaking to Jesus.

«But You had better follow the mountain path» he says. And he concludes: «Come back to the plain when you find the third river after the Yaloc. You will then be near the ford. But make haste. Don’t stop. Because the river is swelling hourly. What a terrible season! Frost first, then rain. And so heavy! It’s a punishment of God. But it is just! When we do not stone the blasphemers of the Law, God punishes us. And we have many of them! You are a Galilean, are You not? So You will know the One from Nazareth, Whom good people are now leaving because He is the cause of all troubles. His words attract thunderbolts! Such punishments! You should hear what those, who were with Him, say about Him. The Pharisees are right in persecuting Him. He must be a great robber. And he must frighten people as if he were Beelzebub. I wanted to go and hear Him, because previously they spoke so highly of Him. But… it was the men of his gang who spoke so. People without scruples like Him. Good people are now abandoning Him. And quite rightly. I am not going to see Him anymore. And if by chance I should come across Him, I will pelt Him with stones, as it is our duty to do so with blasphemers.»

«Stone Me, then. I am Jesus of Nazareth. I am not running away, neither will I curse you. I have come to redeem the world by shedding My Blood. Here I am. You may sacrifice Me, but become a just man.»

Jesus says so opening His arms a little towards the ground, He speaks slowly, meekly and sadly. But if He had cursed the man, He would not have impressed him more; in fact he draws reins so abruptly that the mule swerves and nearly falls from the embankment into the river in spate. Jesus seizes the bit and holds the animal, just in time to save man and mule.

The man does nothing but repeat: «You! You!…» and seeing the gesture that has saved him, he shouts: «But I told You that I would stone You… Do You not understand?»

«And I tell you that I forgive you and that I will suffer for you as well, to redeem you. That is the Saviour.»

The man looks at Him again, he spurs his mule and runs away… He flies away… Jesus lowers His head…

360.4

The apostles feel that it is necessary to forget mud, rain and all the other miseries, in order to comfort Him. They gather around Him and say: «Do not grieve! We are in no need of bandits. And that is what he is. Because only a wicked person can believe such slander and be afraid of You.»

«But» they also say «how unwise of You, Master! And if he hurt You? Why say that You are Jesus of Nazareth?»

«Because it is the truth… Let us go towards the mountains as he suggested. We will lose a day, but you will get out of the quagmire.»

«And You, too» they remark.

«Oh! It does not concern Me. It is the quagmire of dead souls that worries Me» and tears stream down His face.

«Do not weep, Master. We grumble, but we love You. If we should meet Your slanderers, we will take vengeance upon them.»

«You shall forgive, as I do. But let Me weep. I am the Man, after all! And it grieves Me to be betrayed, disowned, abandoned!»

«Look at us, consider us. We are few but good. None of us will betray or abandon You. Believe us, Master.»

«Certain things should not even be mentioned! The thought that we may betray You, is an insult to our souls!» exclaims the Iscariot.

But Jesus is distressed. Silent slow tears stream down the pale cheeks of His tired emaciated face.

They approach the mountains. «Shall we go up there or shall we go along the foot? There are villages half way up the hills. Look. On both sides of the river» they point out to Him.

«It is getting dark. Let us try and reach a village, any village at all.»

Judas Thaddeus, whose eye sight is very good, scans the sides of the mountains. He approaches Jesus and says: «In case of need there are fissures in the mountains. Can You see them there? We can take shelter in them. It will be better than being in mud.»

«We will light a fire» says Andrew to console everybody.

«What? with damp wood?» asks Judas of Kerioth ironically.

No one replies to him. Peter whispers: «I bless the Eternal Father that neither the women nor Marjiam are with us.»

360.5

They cross the bridge, a very old one, at the foot of the valley and they go along its southern side, on a mule-track, to a village. It is getting dark very quickly, so much so that they decide to take shelter in a large cave to avoid a heavy shower. The grotto is probably used as a shelter place by shepherds, because there is straw, dirt and a rough fireplace.

«It is of no use as a bed. But to light a fire…» says Thomas pointing at the dirty twigs spread on the ground together with dry ferns and branches of juniper and similar plants. He draws them with a stick close to the fireplace, and once he has made a heap of them he sets them alight.

Smoke and foul smell rise from the fire together with the smell of resins and juniper. Yet the warmth of the fire is pleasant and they all form a semi-circle around it, eating bread and cheese in the flickering light of the flames.

«We could have tried to reach the village» says Matthew, who is hoarse and is suffering from a cold.

«What? To go through the same trouble as three nights ago? No one will drive us away here. We will sit on those logs over there and keep the fire going as long as we can. We can now see that there is plenty of wood in here! Look! And straw! It is a sheepfold, which they use in summer or when they migrate.

360.6

And what is this? Where does this take to? Take a branch on fire, Andrew, as I want to see» says Peter, who is moving about curiously. Andrew obeys. They slip through a narrow fissure in a wall of the grotto.

«Make sure there are no unpleasant beasts in there!» shout the others. «Or lepers» says Thaddeus.

After a moment Peter’s voice can be heard: «Come, come in here. It’s much better here. It is clean and dry and there are some wooden benches and firewood. It’s a palace for us! Bring some of the burning branches, so that we may light a fire at once.»

It must be a shelter for shepherds. And this is the grotto where some sleep while the others, who are on guard, watch the sheep. It is an excavation in the mountain, much smaller than the other one, and probably made by man, or at least enlarged and reinforced by means of poles supporting the vault. A very old rustic chimney is bent in the shape of a hook towards the outer cave, to draw the smoke that otherwise would have no outlet. Rough benches and straw are placed against the walls, in which there are some hooks to hang up lamps, clothes or bags.

«Lovely! Let us make a big fire! We shall be warm and our mantles will dry. Give me your belts: we will join them together and hang our mantles on them» says Peter, while he sorts out benches and straw. And he concludes: «And now we will sleep and keep the fire burning in turns, so that we shall have light and shall be warm. What a grace of God!»

Judas grumbles between his teeth. Peter turns around angrily. «This is a royal palace, as compared to the grotto in Bethlehem, where the Lord was born. If He was born there, we can spend a night here.»

«And it is also more beautiful than the grottos at Arbela. There was nothing beautiful there, except our hearts, which were kinder then» says John and he gets lost in his mystical remembrance.

«And it is also much better than the one where the Master stayed to prepare Himself for the office of a preacher» says the Zealot gravely, looking at the Iscariot as if he wanted to tell him to stop it.

Jesus is the last to speak: «And it is by far warmer and more comfortable than the one in which I did penance for you, Judas of Simon, in this month of Tebeth.»

«Penance for me? Why? There was no need of it!»

«Really, you and I ought to spend our lives in penance to free you from what overburdens you. And still… it would not be enough.»

The sentence, pronounced calmly but decidedly, drops like a thunderbolt on the dumbfounded group… Judas lowers his head and withdraws to a corner. He dare not react.

360.7

«I will remain awake and look after the fire. You can sleep» orders Jesus after some time.

And shortly afterwards, the heavy breathing of the tired Twelve, lying on the benches among the straw, mingles with the crackling of the fire. And when the straw falls off anyone, leaving his body uncovered, Jesus gets up and covers him again, with the loving care of a mother. And He weeps while contemplating the hermetic faces of some of His sleeping apostles, some in fact are placid, some worried. He looks at the Iscariot, who seems to be grinning also in his sleep, with a grim countenance and clenched fists… He looks at John sleeping with one hand under his cheek, while his rosy face is veiled by his fair hair, and he looks as serene as a child in a cradle. He looks at the honest face of Peter at the severe face of Nathanael, at the pock-marked face of the Zealot and at the aristocratic one of His cousin Judas. And He contemplates for a long time James of Alphaeus who is so much like a very young Joseph of Nazareth. He smiles upon hearing the monologues of Thomas and Andrew, who appear to be speaking of the Master. He carefully covers Matthew who is breathing with difficulty, and He gets more straw with which He covers his feet, after warming it near the fire. He smiles hearing James proclaim: «Believe in the Master and you will have Life»… and continue to speak to people in his dream. And He bends to pick up a bag in which Philip keeps dear souvenirs, and lays it gently under his head. And in the intervals He meditates and prays…

360.8

The Zealot is the first to awake. He sees Jesus near the fire in the pleasantly warm grotto. And from the pile of wood of which there is hardly anything left, he understands that many hours have gone by. He gets up from his straw-bed and approaches the Master on tip-toe. «Master, are You not going to sleep? I will watch.»

«It is dawn, Simon. I was out there a little while ago and I saw that the sky is beginning to grow light.»

«Why did You not call us? You are tired, too!»

«Oh! Simon! I needed to think… and to pray so much» and He leans His head on the apostle’s chest.

The Zealot, standing close to the Master, Who is seated, caresses Him and sighs. He asks: «To think of what, Master? There is no need for You to think, as You know everything.»

«I need not think of what I have to say, but I must think of what I have to do. I am disarmed against the shrewd world, because I do not possess the wickedness of the world or the cunning nature of Satan. And the world defeats Me… And I am so tired…»

«And sorrowful. And we help in increasing Your grief, dear Master, Whom we do not deserve. Forgive me and my companions. I ask you on behalf of everybody.»

«I love you so much… I suffer so much… Why do you not understand Me so often?»

360.9

Their whispering awakes John, who is closest to them. He opens his blue eyes, looks around in amazement, he then remembers and gets up at once, and he comes behind the two who are talking. He hears Jesus’ words: «Your love and your understanding would be quite enough to make all hatred and misunderstanding become a mere trifle, which I could easily bear… Instead you do not understand… And that is My first torment. And a very heavy one! But it is not your fault… You are men… You will regret not having understood Me, when you can no longer make amends… And as you will then expiate your present superficiality, meanness and dullness, I forgive you and I say before time: “Father, forgive them, because they do not know what they are doing or the grief they are causing Me”.»

John slides forwards on to his knees, he embraces the knees of his grieved Jesus and is on the point of bursting into tears when he whispers: «Oh! My Master!»

The Zealot, on whose chest Jesus’ head is still resting, bends to kiss His hair saying: «And yet we love You so much! But we would expect in You the ability to defend Yourself and us and to triumph. It disheartens us to see that You are a man, subject to men, to the inclemency of the weather, to misery, to wickedness, to the needs of life… We are foolish. But it is so. As far as we are concerned You are the King, the Triumpher, God. We fail to understand Your sublime self-abnegation to all that for our sake. Because You only are capable of loving. We are not…»

«Yes, Master. Simon is right. We cannot love as God loves: as You do. And we mistake for weakness what is infinite goodness and infinite love and we take advantage of it… Increase our love, increase Your love, and as You are its source, let it overflow, as rivers are now overflowing, soak us in it, sate us with it, like the meadows along the valley. No wisdom, no worth or austerity is required to be perfect as You want us. Love is sufficient… Lord, and I confess, also on behalf of everybody, that we do not know how to love.»

«You, the two who understand more, are accusing yourselves. You are humility. But humility is love. Only a screen prevents the others from being like you. And I will demolish it. Because I am King, Victor and God forever. But now I am the Man. My forehead is already weighed under the torture of My crown. It has always been a torturing crown to be the Man… Thank you, My friends. You have comforted Me. Because this is the advantage of being men: to have a loving mother and loyal friends.

360.10

Let us call your companions. It is no longer raining. Our mantles are dry and our bodies well rested. You may eat and then let us go.»

He raises His voice slowly until the words «let us go» become a definite order. They all get up and regret having slept all the time while Jesus was watching. They tidy themselves, they have something to eat, take their mantles, put out the fire, and go out on the damp path and begin to descend down to the mule-track that follows the hillside and is not a quagmire because of its steepness. The light is still dim because the sky is overcast and there is no sunshine. But it is sufficient to see.

360.11

Andrew and the two sons of Alphaeus are ahead of them all. At a certain moment they stop, they look and run back. «There is a woman. She seems to be dead! She bars the way.»

«Oh! What a nuisance! It’s a bad start. What shall we do now? We will have to purify ourselves!» It is the first grumbling of the day.

«Let us go and see whether she is dead» says Thomas to Judas Iscariot.

«I’m certainly not going» replies the Iscariot.

«I will come with you, Tom» says the Zealot and he goes ahead.

They approach her, then bend and Thomas runs back shouting.

«She was probably murdered» says James of Zebedee.

«Or she died from the cold» replies Philip.

But Thomas joins them and shouts: «She has on the torn garment of lepers…» and he is so frightened that he seems to have seen the devil.

«But is she dead?» they ask him.

«Who knows? I ran away.»

The Zealot stands up and comes at once towards Jesus. He says: «Master, a leper sister. I do not know whether she is dead. I do not think so. Her heart seems to be beating.»

«Did you touch her?!» shout many of them, moving away.

«Yes I did. I am not afraid of leprosy since I have been with Jesus. And I feel sorry for her because I know what it is to be a leper. Perhaps the poor woman has been struck, because her head is bleeding. Perhaps she came down here looking for food. It is dreadful, you know, to die of starvation and to have to defy men to get some bread.»

«Is she run down?»

«No, and I do not know why she is among lepers. She has neither scabs nor sores nor gangrene. Perhaps she has not been here very long. Come, Master, please. Have mercy on a leper sister as you had on me!»

«Let us go. Give Me some bread, cheese and the little wine that is still left.»

«You are not going to let her drink where we drink!» shouts the Iscariot struck with terror.

«Be not afraid. She will drink from My hand. Come, Simon.»

360.12

They go… but curiosity spurs the others to follow them. Without being annoyed at the water on the foliage and that drops on their heads from the shaken branches, and without minding the soaking moss they climb up the hillside to see without being near the woman. And they see Jesus bend, take her by her armpits and make her sit against a rock. Her head hangs, as if she were dead.

«Simon, hold her head back so that I may pour a little wine into her mouth.»

The Zealot obeys without fear and Jesus, holding the gourd high up lets a few drops of wine fall between her half-open deathly pale lips. And He says: «The poor woman is frozen! And she is soaked.»

«If she were not a leper, we could take her where we were» says Andrew who is deeply moved.

«That would be the last straw!» exclaims Judas.

«But if she is not a leper! There is no sign of leprosy on her.»

«She has the garment. That’s enough.»

The wine in the meantime has its effect. The woman sighs wearily. Jesus pours some into her mouth ensuring that she swallows it. The woman opens her dimmed frightened eyes. She sees the men. She tries to stand up and run away shouting: «I am infected!» But her strength does not support her. She covers her face with her hands moaning: «Don’t stone me! I came down because I am hungry…. No one has thrown anything to me for three days…»

«There is bread and cheese here. Eat it. Do not be afraid. Drink a little wine out of My hand» says Jesus pouring some wine into the hollow of His hand and giving it to her.

«But are You not afraid» says the poor wretch who is dumb-founded.

«I am not afraid» replies Jesus. And He smiles standing up but He remains near the woman who eats the bread and cheese avidly. She looks like a starving animal. She pants in her anxiety to nourish herself.

360.13

Then, after she appeases the gnawing hunger of her empty stomach, she looks around… She counts in a loud voice: «One… two… three… thirteen… So? Oh! Who is the Nazarene? You are, are You not? You are the only one who can pity a poor leper…» The woman goes on her knees with difficulty owing to her weakness.

«Yes, I am. What do you want? To be cured?»

«Also that… But I must tell You something first… I knew about You. Some passers-by told me some time ago… A long time ago? No. It was in autumn. But for a leper… every day is a year… I would have liked to see You. But how could I come to Judaea to Galilee? They call me “the leper woman”. But I have only one sore on my breast and I got it from my husband, who married me when I was a virgin and healthy, but he was not healthy. But he is a mighty one… and can do anything, even saying that I had betrayed him as I was ill when I married him. He thus repudiated me to take another woman with whom he had fallen in love. He denounced me as a leper and as I wanted to exculpate myself, I was pelted with stones. Was that fair, Lord? Yesterday evening a man passed through Bethjabbok saying that You were coming and that he was coming to drive You away. I was there… I came down as far as the houses because I was hungry. I would have rummaged among dunghills to find something to eat… I, who was once “the lady”, would have tried to snatch some sour chicken-feed from poultry…»

She weeps… Then she resumes: «My anxiety to find You, to say to You: “Flee!”, and for me: “Have mercy on me!”, made me forget that, contrary to our law, dogs, pigs and poultry are allowed to live near houses in Israel, but a leper cannot come down to ask for some bread, not even if a woman is a leper only by name. And I came down, asking where You were. As I was in the shade they did not see me at once and they said to me: “He is coming along the embankment of the river”. Then they saw me and they gave me stones instead of bread. I ran away in the night to come and meet You and to escape the rogues. I was hungry, cold and afraid. I fell where You found me. Just here. I thought I was going to die. Instead I found You Lord, I am not a leper. But this scab here on my breast prevents me from going back among the living. I do not ask to become once again Rose of Jericho as in the days of my father, but at least to be allowed to live among men and to follow You. Those who spoke to me in October told me that You have women disciples and that You were with them… But first save Your own life. Do not die, You are so good!»

«I will not die until My hour comes.

360.14

Go over there, to that rock. There is a safe grotto. Have a rest and then go to the priest.»

«Why, Lord?» asks the woman trembling with anxiety.

Jesus smiles: «Become once again the Rose of Jericho that blooms in the desert and is always alive, even when it appears to be dead. Your faith has cured you.»

The woman half-opens her dress over her breast, she looks and shouts: «There is nothing now! Oh! Lord, my God!» and she prostrates herself on the ground.

«Give her bread and some food. And you, Matthew, give her a pair of your sandals. I will give her a mantle. She will then be able to go to a priest, after she has refreshed herself. Give her also the offering for the purification, Judas. We will wait for her at Gethsemane to give her to Eliza, who asked Me to let her have a daughter.»

«No Lord I do not want to rest. I will go at once, immediately.»

«Go down to the river, then. Wash yourself and put on the mantle…»

«Lord, I will give my leper sister one. Let me do it and I will take her to Eliza. I will be cured a second time as I will see myself in her and so happily» says the Zealot.

«Do as you wish. Give her what she needs. Woman, listen to Me carefully. You will go and be purified, then you will go to Bethany and you will look for Lazarus, and you will ask him to give you hospitality until I arrive. Go in peace.»

«Lord! When will I be able to kiss Your feet?»

«Soon. Go. But you must be aware that only sin disgusts Me. And forgive your husband, because through him you found Me.»

«That is true. I forgive him. I am going… Oh! Lord! Do not stop here where they hate You. Remember that I walked all night, although I was exhausted, to come and tell You and that if I had met other people, instead of meeting You, I might have been stoned like a snake.»

«I will remember. Go, woman. Burn your clothes. Go with her, Simon. We will follow you and will join you at the bridge.»

360.15

They part.

«Now we must all purify ourselves. We are all unclean.»

«It was not leprosy, Judas of Simon. I can assure you.»

«Well, I will purify myself. I do not want uncleanness on me.»

«What a snow-white lily!» exclaims Peter. «If the Lord does not feel unclean, how can you feel so?»

«And because of a woman who the Lord said was not a leper? But what was the matter with her, Master? Did You see her scab?»

«Yes. A fruit of male lewdness. But it was not leprosy. And if the man had been honest, he would not have rejected her, because he was more affected by disease than she was. But lewd people take advantage of everything to satisfy their lust. Judas, if you wish, you may go. We will meet at Gethsemane. And purify yourself! But the first purification is sincerity. You are a hypocrite. Remember that. But you may go.»

«No, I will stay. If you say so, I believe You. So I am not unclean and I will stay with You. You mean that I am lustful and that I was taking advantage of the situation to… I am now proving that You are my love.»

They go quickly down the hill.

15th December.

360.16

Jesus says: «You will put here the vision of the “Miracle of the Jordan in flood”, which you had on September 17th, 1944.»


Notes

  1. trapèze formé de trois cours d’eau qui, sur l’esquisse de Maria Valtorta, sont les deux derniers affluents au sud et le cours du Jourdain entre l’un et l’autre. Le mot Jourdain est écrit sur le grand cours d’eau à l’ouest, tandis qu’à l’est les collines sont dessinées. L’inscription cours d’eau tributaire du lac se trouve un peu plus haut.

Notes

  1. a truncated triangle, formed by three watercourses, that in the drawing made by MV are the last two tributaries to the south and the part of the Jordan between one and the other. The name Jordan is written in the large course of water to the West, while to the East the hilly system is dotted.
  2. Peter says. It is an adding which M.V. made while correcting the typewritten copy.