The Writings of Maria Valtorta

474. Une vision qui se perd dans un ravissement d’amour.

474. A vision that is lost in a rapture of love.

474.1

Comme ils le font souvent en marchant, et peut-être pour alléger par cette distraction la monotonie de leurs pérégrinations incessantes, les apôtres discutent : ils rappellent et commentent les derniers événements, interrogent de temps à autre le Maître qui généralement parle peu, ou seulement pour n’être pas discourtois, ne réservant cette fatigue que pour les moments où il faut instruire les gens ou ses apôtres, corriger les idées fausses, ou réconforter des malheureux.

Jésus est la “ Parole ”, mais certainement pas le “ bavardage ” ! Patient et aimable comme nul autre, jamais il ne montre son ennui de devoir répéter une idée, une, deux, dix, cent fois, pour la faire entrer dans les têtes cuirassées par les préceptes pharisaïques et rabbiniques, sans se soucier de sa propre fatigue — qui parfois est si grande qu’elle devient une souffrance — pour soulager la souffrance physique ou morale d’une personne. Mais il est visible qu’il préfère se taire, s’isoler dans un silence méditatif qui peut durer plusieurs heures s’il n’en est pas arraché par quelqu’un qui l’interroge. Généralement, il marche un peu devant ses apôtres, la tête légèrement inclinée, la levant de temps en temps pour regarder le ciel, la campagne, les personnes, les animaux. Regarder, ai-je dit, mais ce n’est pas le mot juste. Je dois dire : savourer. Car c’est un sourire, un sourire de Dieu, qui jaillit de ces pupilles pour caresser le monde et les créatures, un sourire-amour. C’est un amour qui transparaît, qui se répand, qui bénit, qui purifie la lumière de son regard, toujours intense, et d’autant plus quand il sort du recueillement…

474.2

Que peuvent bien être ses recueillements ? Je pense — et je suis sûre de ne pas me tromper, car il suffit d’observer l’expression de son visage pour voir ce qu’ils sont —, je pense qu’ils vont bien plus loin que nos extases dans lesquelles la créature vit déjà au Ciel. C’est “ la réunion sensible de Dieu avec Dieu. ” La Divinité était toujours présente et unie au Christ, qui était Dieu comme le Père. Sur la terre comme au Ciel, le Père est dans le Fils, et le Fils est dans le Père qui s’aiment et qui, en s’aimant, engendrent la troisième Personne. La puissance du Père, c’est la génération du Fils, et l’acte d’engendrer et d’être engendré produit le Feu, c’est-à-dire l’Esprit de l’Esprit de Dieu. La Puissance se tourne vers la Sagesse qu’elle a engendrée, et celle-ci se tourne vers la Puissance dans la joie d’être l’Un pour l’Autre et de se connaître pour ce qu’ils sont. Et, comme toute bonne connaissance réciproque engendre l’amour — même nos connaissances imparfaites — voilà l’Esprit Saint… Voilà Celui qui, s’il était possible d’établir une gradation dans les perfections divines, devrait être appelé la Perfection de la Perfection. L’Esprit Saint ! Celui dont la seule pensée remplit de lumière, de joie, de paix…

Dans les extases du Christ, quand l’incompréhensible mystère de l’unité et de la trinité de Dieu se renouvelait dans le très-saint cœur de Jésus, quelle complète, parfaite, incandescente, sanctifiante, joyeuse, pacifique production d’amour devait s’engendrer et se répandre comme la chaleur provenant d’un foyer ardent, comme le parfum d’un encensoir allumé, pour donner le baiser de Dieu à tout ce qu’a créé le Père, par l’intermédiaire du Fils-Verbe, pour l’Amour, pour le seul Amour, puisque toutes les opérations de Dieu sont amour…

Et cela, c’est le regard de l’Homme-Dieu lorsque, en homme et en Dieu, il lève les yeux, qui ont contemplé en lui-même le Père et l’Amour : en tant qu’homme, il regarde l’univers en admirant la puissance créatrice de Dieu ; en tant que Dieu, il jubile de pouvoir la sauver dans les créatures royales de cette création : les hommes.

474.3

On ne peut, personne ne pourra, ni poète, ni artiste, ni peintre, rendre visible aux foules ce regard de Jésus sortant de l’étreinte divine, de l’union sensible avec la Divinité, toujours unie hypostatiquement à l’Homme, mais pas toujours si profondément sensible à l’Homme qui était Rédempteur. A ses nombreuses souffrances, à ses nombreux renoncements, il devait donc ajouter le sacrifice immense de ne plus pouvoir rester constamment dans le Père, dans le grand tourbillon de l’Amour comme il était au Ciel : tout-puissant… libre… joyeux. Très doux est son regard d’homme, splendide la puissance de ses yeux lorsqu’il fait un miracle, et très triste leur lumière de douleur aux heures de souffrance. Toutefois, ce sont là des expressions encore humaines, bien que sublimes. Mais ce regard de Dieu qui s’est contemplé et aimé dans l’Unité triniforme ne ressemble à rien d’ici-bas : il n’y a pas d’adjectif pour le décrire…

Mon âme se prosterne devant lui, en admiration, “ anéantie ” par la connaissance de Dieu, toute au bonheur de contempler son infini amour… Des torrents de délices se déversent en moi… Je suis bienheureuse ! Chaque souffrance, chaque mauvais souvenir s’efface sous les vagues de l’amour de Jésus… et ces vagues m’élèvent au Ciel, au Ciel, vers toi !…

474.4

Merci, mon adorable Amour ! Merci ! Je te sers encore… La créature est redevenue femme, elle est redevenue le “ porte-parole ” après avoir été un instant “ séraphin ”. Elle redevient femme ; elle redevient une créature martyre, peut-être un autre tourment la menace-t-il déjà… Mais dans mon âme brille la lumière que tu m’as accordée, la béatitude de t’avoir contemplé ; aucun torrent de larmes, aucune cruelle torture ne saurait l’éteindre. Merci, mon Béni ! Toi seul m’aimes !

Je comprends Paul[1] mieux que jamais ! “ Qui nous séparera de l’amour du Christ ? […] En tout cela, nous sommes vainqueurs par Celui qui nous a aimés… J’en ai l’assurance : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les vertus, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur. ” C’est le chant de victoire et de jubilation qui retentit dans les armées des vainqueurs, des hommes vibrants d’amour, sauvés par l’amour, car voilà la sainteté : le salut obtenu parce qu’on a été aimé et qu’on est aimé. Il retentit déjà ! Et l’âme, encore prisonnière sur terre, l’entend et chante sa joie, sa confiance, sa certitude… Alors la lumière arrive, elle ne cesse de croître, et les paroles lumineuses de l’Apôtre s’éclairent toujours plus… “ L’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur… ”

Je comprends maintenant ce que me disait Azarias cet hiver : “ Jésus est la synthèse de l’amour des Trois. ” Voilà ! Tout l’amour est en lui. Nous pouvons trouver cet amour de Dieu, nous les hommes, sans attendre notre retour en Dieu, sans attendre le Ciel, mais en aimant Jésus. Voilà ! A l’homme de foi s’ouvrent des sources d’eau vive intérieures, des sources de lumière, des sources d’amour : en effet, celui qui croit va à Jésus, il croit que Jésus se trouve dans l’Eucharistie avec son Corps, son Sang, son Ame et sa Divinité, tel qu’il était sur terre, tel qu’il est au Ciel, avec son Cœur, avec son Cœur ! Or dans le Cœur de Jésus se trouve tout l’amour de Dieu. Par conséquent, quand l’homme reçoit le Corps très saint de Jésus, il accueille en lui le Cœur de Jésus. Il a donc en lui non seulement Jésus, mais aussi l’amour de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, puisque l’amour de Dieu est la sainte Trinité, qui est tout Amour. Cet Amour se divise en trois flammes pour nous rendre triplement heureux : heureux d’avoir un Père, un Frère, un Ami, heureux d’avoir quelqu’un qui pourvoit, qui enseigne, qui aime, heureux d’avoir Dieu !

474.5

Ah ! je n’en peux plus ! Seigneur, ton don est trop grand ! Qui, dans les Cieux, me l’obtient ? Est-ce toi, bienheureuse Mère, contemplée dans ton éclat de Reine élevée au Ciel ? Est-ce toi, doux Jean de Bethsaïde, toi qui aimais tant le Christ, toi mon ami ? Est-ce toi, vénéré Joseph, aimable Patriarche protecteur des persécutés, toi qui es toujours prompt à nous accorder du réconfort ? Est-ce toi, ma grande sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui m’obtiens ce que je demande depuis vingt-et-un ans : que débordent dans mon âme les vagues de l’amour ? Oh ! si c’est toi, parachève ton œuvre : obtiens-moi de ne pas mourir pendant l’un de ces assauts d’amour. Je suis une petite âme, moi aussi, et je ne désire rien d’extraordinaire. Mais de mourir après l’un de ces assauts d’amour, quand je redeviens “ une petite âme, toute petite ”, rendue encore plus petite après avoir connu ce qu’est l’infini Amour, après l’un de ces assauts, car après, on est comme rebaptisé par l’amour et il ne reste plus la moindre trace de tache en nous. L’amour brûle… Ou bien est-ce toi, mon cher ami Azarias, qui, grâce à toutes les larmes que tu as recueillies à mes paupières et portées au Ciel, m’a obtenu cette heure de béatitude ? Si c’est toi, sois-en béni !

Néanmoins, je ne te demande pas, pas plus qu’à Thérèse, à Joseph, à Jean ou à Marie la très sainte, que cette extase se renouvelle et me comble encore de joie et de feu. Mais je vous demande, je vous supplie même, qu’elle envahisse d’autres cœurs, plus spécialement ceux que vous savez, ces cœurs qui torturent le mien et déplaisent à Dieu, qui ne savent ni entendre ni obéir. Si ces cœurs connaissaient ne serait-ce qu’une seconde ces assauts d’amour, ils se convertiraient à l’Amour, au véritable Amour. Ils aimeraient, de tout leur être. Avec leur intelligence, surtout, d’où tomberaient les murailles du rationalisme, de la science humaine qui nient et s’opposent à une foi simple et bonne, et qui mettent des limites à la puissance de Dieu. Et avec le cœur fondraient, comme cire au feu, les croûtes de l’égoïsme, de l’envie, de la haine…

Faites cela, mes très chers. Moi, j’accepte de ne plus jamais poser les lèvres sur le calice restaurateur de l’amour, j’accepte de toujours boire, jusqu’à mon retour à Dieu, à la coupe amère de toutes les renonciations. Mais je désire qu’ils reviennent sur le sentier lumineux, qu’ils se sanctifient par chacun de leurs actes pour mériter le regard de Jésus-Dieu, comme il m’a été accordé d’en profiter aujourd’hui : le mériter ici, le posséder pour toujours au Ciel, tout comme, moi aussi, mettant mon espoir dans le Seigneur, je crois avec confiance que je le posséderai.

Ce même jour, à midi.

474.6

Je me relis. Je pense aux théologiens qui liront ces pages. Peut-être trouveront-ils des erreurs dans ma manière de m’exprimer sur l’extase, sur les recueillements de Jésus. Qu’ils se souviennent que je suis, moi, une pauvre ignorante, que je ne connais rien de la théologie ni du vocabulaire théologique, et que je m’efforce seulement de décrire ce que je vois comme je le peux et avec les phrases que ma pauvre intelligence peut former…

Le 16 août 1946.

474.7

Je dis à Jésus :

« Seigneur, hier tu m’as emportée, et toute la vision s’est perdue en toi… »

Il sourit avec une douce joie divine et répond en me faisant une caresse :

« Tu as fait mieux que raconter, tu as chanté. Tu as chanté. Hier, tout le Paradis chantait les gloires de ma Mère, et tu as chanté avec lui. A un certain moment, il t’a même écouté chanter en solo. Tu sais quand ? Quand tu as demandé de ne pas profiter d’un autre assaut de l’Amour, mais que “ eux ” soient envahis par l’amour pour être sauvés. Le Ciel aimant t’a écoutée, toi, parce que renoncer à la béatitude afin que d’autres aient la Vie n’est accordé qu’à ceux qui, bien qu’étant encore sur terre, sont déjà des citoyens du Ciel. Par ton chant, les saints se sont rappelé quand ils en faisaient de même sur la terre. En t’écoutant, les anges regardaient ton Azarias et le félicitaient fraternellement. Marie a souri en offrant ton chant à l’Amour. Et l’Amour — ô ma Maria ! — et l’Amour t’a embrassée… et t’embrasse encore. Sois dans la joie. Tu as compris l’Amour. Je suis en toi, et en moi il y a Dieu un et trine comme tu l’as compris. Parcours aujourd’hui les voies de la joie surnaturelle au lieu des routes de Palestine à la rencontre de la douleur de ton Jésus… Maria, n’es-tu pas heureuse de te trouver dans les conditions qui étaient les miennes pendant ma dernière année ? Cela aussi, c’est un don, et une lumière pour me comprendre. Sans une expérience personnelle, et proportionnée, la créature ne pourrait comprendre ce qu’a été ma longue Passion. Mais aujourd’hui, comme hier, parcours les voies de la joie céleste. Dieu est avec toi. Sois en paix. »

474.8

C’est ainsi que sont sorties de ma mémoire les discussions des apôtres sur les événements de Giscala, sur le miracle de l’enfant aveugle, sur Ptolémaïs vers laquelle ils se dirigent, sur la route à gradins taillés dans le roc où ils se sont engagés pour arriver au dernier village de frontière entre la Syro-Phénicie et la Galilée — ce doit être celle que j’ai vue[2] quand ils allaient à Alexandroscène —, sur Gamaliel, etc. Ou plutôt, pour ce que j’en ai entendu, tous ces sujets sont restés dans mon cœur.

Je voulais seulement dire ceci : dans les premiers temps, quand ils étaient moins formés spirituellement, les apôtres dérangeaient facilement le Maître, mais maintenant qu’ils le sont davantage, ils respectent sa solitude et préfèrent parler entre eux, à deux ou trois mètres derrière lui. Ce n’est que lorsqu’ils ont besoin d’un renseignement, d’un jugement, ou bien quand devient plus pressant leur amour pour le Maître, qu’ils s’approchent de lui.

474.1

As they often do while walking, perhaps to alleviate the monotony of their continuous traveling with this distraction, the apostles speak to one another recapitulating and commenting on the latest events, questioning now and again the Master, Who in general speaks very little, just not to be unkind, making such ef­fort only when it is the case of teaching the crowds or His apostles, or correcting wrong ideas, or comforting unhappy people.

Jesus was the «Word», but He certainly was not a «chatterbox»! As patient and kind as nobody else, He never appeared to be bored when He had to repeat a concept once, twice, ten times, a hundred times to make it enter the heads hardened by pharisaical and rab­binical precepts, neglecting His own tiredness, at times so ex­hausting as to be painful, in order to relieve the moral or physical suffering of a person. But it is clear that He prefers to be silent, keeping aloof in quiet meditation which may last for many hours, if He is not distracted by someone questioning Him. He generally walks ahead of His apostles, with His head slightly bent, raising it now and again to look at the sky, the country, people, animals. I said to look. But that is wrong. I must say: to love. Because it is a smile, God’s smile that pours forth from His eyes to caress the world and creatures: a love-smile. Because it is love that shines forth, spreads, blesses and purifies the light of His eyes, which are so bright, most bright, when He comes out of intense concentration..

474.2

What are His concentrations like? I think – and I am sure that I am not mistaken, because it is enough to watch His countenance to see what they are – I think that they are much more than our ecstasies in which a human creature already lives in Heaven. They are the «sensible reunion of God with God». Divinity is always pre­sent and united to the Christ, Who is God like the Father. On the Earth as in Heaven the Father is in the Son and the Son is in the Father, They love each other and by loving each other they generate the Third Person. The power of the Father is the genera­tion of the Son and the act of generating and being generated creates the Fire, that is, the Spirit of the Spirit of God. The Power turns to the Wisdom Whom It generated and who turns to the Power in the joy of being one for the other and of knowing each other for what they are. And since all good reciprocal knowledge creates love – even our imperfect knowledge does – there is the Holy Spirit… There is the One Who, if it were possible to add perfection to divine perfections, ought to be called the Perfection of Perfection. The Holy Spirit! The simple thought of Him fills one with light, joy, peace…

In the ecstasies of the Christ, when the incomprehensible mystery of the Unity and Trinity of God was renewed in the Most Sacred Heart of Jesus, what complete perfect, bright, sanctifying, joyful, peaceful production of love must have been engendered and must have spread like heat from a blazing furnace, like in­cense from a burning thurible, to kiss with the kiss of God the things created by the Father, made by means of the Son-Word, made for the Love, for the only Love, because all the operations of God are Love? And that is the look of the Man-God when as Man and as God He raises His eyes, which have contemplated in Himself the Father, Himself and the Love, to look at the Universe admiring the creative power of God, as Man; rejoicing, as God, at being able to save it in the royal creatures of such creation: men.

474.3

Oh! no one can, no one will ever be able, neither poet, nor artist, nor painter, to make visible to the crowds that look of Jesus, when He comes off the embrace, from the sensible reunion with the Divinity, always united to the Man hypostatically, but not always so deeply sensible to the Man, Who was the Redeemer and Who thus, to His many sorrows, to His many annihilations had to add this one, this very deep grief, of no longer being always able to be in the Father, in the great vortex of the Love, as He was in Heaven: almighty… free… joyful. Wonderful is the power of His look with regards to miracles, most kind is the expression of His eyes as man, very sad the light of sorrow in the hours of grief… But they are still human, although perfect in expression. This look of God, Who has contemplated and loved Himself in the Triniform Unity is beyond comparison, there is no adjective for it… And the soul pros­trates itself before Him, worshipping, having become a mere «nonen­tity» in the knowledge of God, but blessed in contemplating His in­finite love.

The torrents of delight are flowing into my soul… I am blessed! All grief, every memory is made void under the waves of the love of Jesus God… and these waves raise me to Heaven, to Heaven, to You!

474.4

Thanks, my adorable Love!… Thanks!… Now I still serve You… The creature has become a woman again, she is once again the mouthpiece after being for an instant a «seraph». She is once again a woman, a martyr, perhaps another torment is already behind my back… But the light You gave me is shining in my spirit, the blissful light of con­templating You; neither flood of tears nor cruel tortures will be able to put it out. Thank You, my Blessed One! You alone love me!

I now understand Paul[1] as never before! «Who will be able to separate us from the love of Christ?… We triumph through these trials by the power of Him Who loved us… I am certain that neither death nor life, no angel, no prince, no virtue, nothing that exists, nothing still to come, not any power, or height or depth, nor any created thing, can ever come between us and the love of God that is in Jesus Christ our Lord». It is the victorious jubilant paean blaring from the groups of the winners, of the lovers, of those saved by love, because this is holiness: salvation received because one has been loved and has loved. It is already blaring! And the spirit, even here, a prisoner on the Earth, hears it and sings its joy, its trust, its certainty… And light, even more light comes, and the luminous words of the Apostle brighten even more, even more… «…the love of God that is in Jesus Christ our Lord».

Indeed, now I understand the words of Azariah[2], last winter: «Jesus is the compendium of the love of the Three». Indeed! All Love is in Him. We men can find this love of God without waiting to go back to God, without awaiting Heaven, by loving Jesus. Yes! Springs of living water, sources of light, sources of love open for those who believe, because those who believe go to Jesus, because those who believe, believe that Jesus is in the Eucharist with His Body, Blood, Soul, Divinity, as He was on the Earth, as He is in Heaven, with His Heart, with His Heart! And in Jesus’ Heart there is the love of God. And when a man receives the Most Holy Body of Jesus, he receives in himself the Heart of Jesus. Thus he has in himself not only Jesus, but he has the Love of God, that is, he has God the Father, the Son, the Holy Spirit, because the Love of God is the Most Holy Trinity that is one thing only: Love. The Love that divides into three flames to make us three times happy. Happy to have a Father, a Brother, a Friend. Happy to have who provides, who teaches, who loves. Happy to have God!

474.5

Oh! I can no longer bear this!… Lord, Your gift is too great! Who obtains it for me from Heaven? Is it You, Most Blessed Mother, contemplated in Your splendour of Queen of Heaven, where You have been bodily received? Is it you, lover of Christ, kind John of Bethsaida, my friend? Is it you, amiable Patriarch protector of those who are persecuted, solicitous supplier of consolation, most venerable Joseph? Is it you, my great little sister, Therese of the Child Jesus, who obtain for me what I have been asking for these twenty-one years: that the waves of the Love may overflow into my soul? Oh! if it is you, complete the work. Obtain for me to die not in one of these assaults of love. I am a little soul, too, and I do not wish extraordinary things. But to die after one of these assaults of love, when I have become again a «little, very little soul», made even smaller by the knowledge of what is the Infinite Love, after one of these assaults, because after, it is as if one were baptised again by love and no shadows of stains are left in us. Love burns… Or is it you, Azariah, my good friend, who have obtained this hour of blessedness for me, because of all the tears you col­lected from my eyes and you took to Heaven? If it is you, may you be blessed for that!

But I do not ask you, Therese, Joseph, John and the Blessed Virgin to let me have that ecstasy again, to fill me with joy and fire. But I ask and implore you to let other hearts have it, particularly those known to you, those hearts that torture mine and displease God, Whom they cannot perceive or obey. If those hearts have one instant only of those assaults of love, they will be con­verted to the Love, to the true Love. They will love. With their whole selves. Above all with their intellects that will reject the barriers of rationalism, of human science, which deny and hamper simple good faith and set limits to the power of God. And with their hearts in which the crusts of selfishness, of envy, of hatred will melt like wax near a fire…

Do that, my dearest ones. I accept to never place my lips again on the refreshing chalice of love, I accept to drink forever, until my return to God, the bitter chalice of all renunciations, but let them go back to the bright path, let them be sanctified in all their ac­tions to deserve the sight of Jesus-God, as I was granted to enjoy it today. To deserve it here, to possess it forever in Heaven, as I, hop­ing in my Lord, confide to possess it as well…

The same day at 12 o’clock.

474.6

I read it again. I am thinking of theologians who will read these pages. Perhaps they will find errors in my description of the ecstasies and of Jesus’ concentration. Let them remember that I am a poor ignorant woman, that I know nothing about theology or theological terms, and that I strive to say what I see as best I can and with the sentences that my poor mind can construct…

16th August 1946

474.7

I say to Jesus: «Lord, yesterday You carried me away and everything was lost in You. The vision…». He smiles with sweet divine joy and He replies caressing me:

«You sang instead of narrating. You sang. The whole of Paradise sang the glories of My Mother yesterday, and you sang with Paradise and at a certain moment Paradise listened to your “a solo”. Do you know when? When you asked not to have the enjoy­ment, but that “they” should be invaded by love to be saved. Lov­ing Heaven listened to you, because to renounce beatitude so that others may have Life is granted only to those who are on the Earth but are already citizens of Heaven. Owing to your singing the Saints remembered when they were the singers on the Earth. The Angels listened looking at your Azariah with brotherly satisfac­tion. Mary smiled offering your song to the Love. And the Love, oh! My Mary! and the Love kissed you… and still kisses you. Be happy. You have understood the Love. I am in you and, as you have understood, God One and Trine is in Me. Go along the roads of supernatural joy today, instead of the roads in Palestine towards Jesus’ grief… Mary, are you not happy to be in the same condition as I was in my last year? That is also a gift, and a light to understand Me. Without a personal proportional experience, a human being could not understand what was My long Passion. But today, as yesterday, go along the paths of heavenly joy. God is with you. Be in peace.»

474.8

And thus the conversations of the apostles on the episode of Giscala, on the miracle of the blind boy, on Ptolemais to which they are heading, on the road with steps cut in the rock which they climbed to arrive at the last village on the border be­tween Syro-Phoenicia and Galilee – and it must be the one I saw[3] when they went to Alexandroscene – on Gamaliel and so forth, are now over. Or rather, they are left, for what I heard of them, in my heart. I only say that I wanted to say this. That the apostles, who in the early days, when they were less spiritually perfected, used to disturb the Master for a trifle, now that they are more spiritually developed, respect His isolation and they prefer to speak among themselves, remaining a few steps behind Him. Only when they need some information, or His opinion, or they are urged by their love for the Master, do they approach Him.


Notes

  1. Paul, dans le passage de Rm 8, 35-39 ; les paroles d’Azarias, écrites le 20 janvier 1946 et rapportées dans le volume “ Les cahiers de 1945 à 1950 ”.
  2. que j’ai vue, en 328.1. C’est ce qu’on appelle “ l’échelle de Tyr ”, dont il est également fait mention en 330.5 et en 331.9.

Notes

  1. Paul, in the text of Romans 8,35-39.
  2. the words of Azariah, written on 20th January 1944 and included in the volume “The Notebooks. 1945-1950”.
  3. saw, in 328.1. This is the so-called “Tiro’s flight of steps” also mentioned in 330.5 and 331.9.