Os Escritos de Maria Valtorta

632. Apparitions ici et là à diverses personnes.

632. Aparições a várias pessoas em lugares diversos.

632.1

Elise, la mère d’Annalia, sanglote désespérément dans sa maison, enfermée dans une chambre où se trouve un petit lit sans couverture, peut-être celui d’Annalia. Elle a la tête abandonnée sur ses bras, qui s’abandonnent à leur tour, tendus vers le lit comme pour l’étreindre tout entier. Son corps repose sur ses genoux en une attitude de langueur. De vigoureux, il n’y a que ses pleurs.

Un peu de lumière pénètre par la fenêtre ouverte. Le jour revient depuis peu. Mais il se produit une vive lumière lorsque Jésus entre.

J’emploie le verbe “ entrer ”, pour dire qu’il se trouve soudain dans la pièce. Je l’emploierai toujours, désormais, pour signifier son apparition dans un endroit clos, sans répéter comment il se découvre de derrière une grande clarté qui rappelle celle de la Transfiguration, de derrière un feu blanc, si on me permet la comparaison, qui semble liquéfier les murs et les portes pour permettre à Jésus d’entrer avec son corps véritable, respirant, solide, glorifié, un feu, une clarté qui se referme sur lui et le dissimule à son départ. Mais aussitôt, il prend le bel aspect du Ressuscité, mais homme, vraiment homme, mais cent fois plus beau qu’avant la Passion. C’est lui, mais c’est lui glorieux, Roi.

632.2

« Pourquoi pleures-tu, Elise ? »

Je ne sais comment la femme ne reconnaît pas cette voix qu’on ne peut confondre. Peut-être la douleur l’étourdit-elle. Elle répond comme si elle parlait à un parent qui l’aurait rejointe après la mort d’Annalia.

« Tu as entendu hier soir ces hommes ? Il n’était rien. Il avait un pouvoir magique, mais pas divin. Et moi qui me résignais à la mort de ma fille en pensant qu’elle était aimée de Dieu, en paix… Il me l’avait assuré ! »

Elle redouble de larmes.

« Mais beaucoup l’ont vu ressuscité. Dieu seul peut se ressusciter lui-même.

– C’est ce que j’ai dit, moi aussi, à ceux d’hier. Tu l’as entendu. J’ai combattu leurs paroles, parce qu’elles représentaient la mort de mon espérance, de ma paix. Mais eux, tu as entendu ? ont affirmé : “ Tout cela, c’est de la comédie de ses partisans pour ne pas reconnaître qu’ils sont fous. Il est mort et bien mort, putréfié, ils l’ont enlevé et détruit, en prétendant qu’il est ressuscité. ” C’est ce qu’ils disaient… Et que c’est pour cela que le Très-Haut a envoyé le second tremblement de terre, pour leur faire sentir sa colère devant leur mensonge sacrilège. Oh ! je n’ai plus aucun réconfort !

– Mais si tu voyais de tes yeux le Seigneur ressuscité, et si tu le touchais de tes mains, croirais-tu ?…

– Je n’en suis pas digne… Bien évidemment, je croirais ! Il me suffirait de le voir. Je n’oserais pas toucher sa chair, car s’il en était ainsi, ce serait une chair divine, or une femme ne peut s’approcher du Saint des Saints.

632.3

– Lève la tête, Elise, et regarde qui se tient devant toi ! »

La femme lève sa tête chenue, son visage défiguré par les larmes, et elle voit… Elle tombe encore plus bas sur ses talons, se frotte les yeux, ouvre la bouche en un cri qui veut sortir, mais que la stupeur étrangle dans la gorge.

« C’est moi, le Seigneur. Touche ma main, baise-la. Tu m’as sacrifié ta fille, tu le mérites. Et retrouve, sur cette main, le baiser spirituel de ton enfant. Elle est au Ciel, et elle est bienheureuse. Tu parleras de cela aux disciples, et de ce jour-ci. »

La femme est tellement fascinée qu’elle n’ose pas faire le geste, de sorte que c’est Jésus lui-même qui presse sur ses lèvres la pointe de ses doigts.

« Oh ! Tu es vraiment ressuscité ! Que je suis heureuse ! Heureuse ! Bénis sois-tu de m’avoir consolée ! »

Elle se penche pour lui baiser les pieds, et reste ainsi. La lumière surnaturelle enveloppe le Christ de sa splendeur et soudain la pièce est vide. Mais Elise a dans le cœur une certitude inébranlable.

II. A Marie, mère de Judas, à Kérioth, avec Anne, mère de Joanne, et le vieil Ananie.

632.4

Je vois la maison d’Anne, mère de Joanne. C’est la maison de campagne où Jésus, accompagné de la mère de Judas, a accompli le miracle[1] de la guérison d’Anne. Là aussi, je vois une pièce, et une femme étendue sur un lit. Une femme qui est méconnaissable tant elle est défigurée par une angoisse mortelle. Son visage est ravagé. Une fièvre dévorante lui empourpre les pommettes, qui sont tellement saillantes que les joues en sont creusées. Les yeux, dans un cercle noir, eux aussi rougis par la fièvre et les pleurs, sont mi-clos sous des paupières gonflées. Là où il n’y a pas de rougeur de fièvre, le teint est d’un jaune intense, verdâtre comme si la bile était répandue dans le sang. Les bras décharnés, les mains effilées, sont abandonnés sur les couvertures que l’essoufflement soulève.

Près de la malade, qui n’est autre que la mère de Judas, se trouve Anne, la mère de Joanne. Elle essuie les larmes et la sueur, agite un éventail de palmier, change les linges trempés dans du vinaigre aromatisé et posés sur le front et la gorge de la malade, caresse ses mains, ses cheveux en désordre. Devenus en peu de temps plus blancs que noirs, ils sont épars sur l’oreiller et collés par la sueur sur les oreilles devenues transparentes. Anne pleure également, en disant des paroles de réconfort :

« Ce n’est pas cela, Marie ! Apaise-toi ! Assez ! C’est lui… lui, qui a péché. Mais toi, toi tu sais comme le Seigneur Jésus…

– Tais-toi ! Ce nom… quand on me le dit, on le profane… Je suis la mère… du Caïn de Dieu ! Ah ! »

Les larmes tranquilles se changent en de longs sanglots déchirants. Elle a l’impression de se noyer, s’attache au cou de son amie qui la secourt pendant qu’elle vomit de la bile.

« Paix ! Paix, Marie ! Ce n’est pas cela ! Ah, quels mots trouver pour te convaincre que le Seigneur t’aime ? Je te le répète ! Je te le jure sur ce qui est le plus sacré pour moi : mon Sauveur et mon enfant. C’est lui qui me l’a dit quand tu me l’as amené. Il a eu pour toi des paroles et des prévenances d’un amour infini. Tu es innocente. Il t’aime. Je suis certaine, je suis certaine qu’il se donnerait lui-même une autre fois pour te rendre la paix, pauvre mère martyre.

– Mère du Caïn de Dieu ! Tu entends ? Ce vent, là, dehors… Il le dit… Elle va à travers le monde, la voix… la voix du vent, et elle répète : “ Marie, femme de Simon, mère de Judas, celui qui a trahi le Maître et l’a livré à ceux qui l’ont crucifié. ” Tu entends ? Tout le dit… Le ruisseau, là dehors… Les tourterelles.., les brebis… Toute la terre crie que je suis… Non, je ne veux pas guérir. Je veux mourir !… Dieu est juste et ne me frappera pas dans l’autre vie. Mais ici, non. Le monde ne pardonne pas… ne distingue pas… Je deviens folle car le monde hurle… : “ Tu es la mère de Judas ! ” »

Elle retombe épuisée sur ses oreillers. Anne la redresse et sort pour porter dehors les linges tachés…

Marie, les yeux clos, exsangue après l’effort qu’elle a fait, gémit :

« La mère de Judas ! de Judas ! de Judas ! » Elle halète, puis reprend : « Mais qu’est-ce que Judas ? Qu’ai-je enfanté ? Qu’est-ce que Judas ? Qu’ai-je… »

632.5

Jésus est dans la pièce qu’éclaire une lumière tremblante, car la lumière du jour est encore trop faible pour éclairer la vaste pièce dans laquelle le lit est au fond, très loin de l’unique fenêtre. Il appelle doucement :

« Marie ! Marie, femme de Simon ! »

La femme délire presque et ne remarque pas la voix. Elle est absente, prise dans le vertige de sa douleur, et répète sans fin les pensées qui l’obsèdent, d’une manière monotone, comme le tic-tac d’une pendule :

« La mère de Judas ! Qu’ai-je enfanté ? Le monde hurle : “ La mère de Judas… ” »

Jésus en a presque les larmes aux yeux. Cela m’étonne beaucoup. Je ne pensais pas que Jésus pourrait pleurer encore après sa Résurrection…

Il se penche. Le lit est tellement bas pour lui, qui est si grand ! Il pose la main sur le front enfiévré, en repoussant les linges trempés dans le vinaigre, et dit :

« C’est un malheureux, rien d’autre. Si le monde crie, Dieu couvre les hurlements du monde en te disant : “ Aie la paix parce que, moi, je t’aime. ” Regarde-moi, pauvre mère ! Reprends tes esprits égarés et remet ton âme entre mes mains. Je suis Jésus !… »

Marie, femme de Simon, ouvre les yeux comme si elle sortait d’un cauchemar ; elle voit le Seigneur, sent sa main sur son front, porte ses mains tremblantes à son visage et gémit :

« Ne me maudis pas ! Si j’avais su ce que j’engendrais, je me serais arraché les entrailles pour qu’il ne naisse pas.

– Et tu aurais péché. Marie ! Oh, Marie ! Ne perds pas ta justice à cause de la faute d’un autre. Les mères qui ont fait leur devoir ne doivent pas se considérer comme responsables des péchés de leurs enfants. Tu as fait ton devoir, Marie. Donne-moi tes pauvres mains. Sois tranquille, pauvre mère.

– Je suis la mère de Judas. Je suis impure comme tout ce que ce démon a touché. Mère d’un démon ! Ne me touche pas. »

Elle se débat pour échapper aux mains divines qui veulent la tenir. Les larmes de Jésus tombent sur son visage rougi par un accès de fièvre.

« Je t’ai purifiée, Marie. Mes larmes de pitié sont sur toi. Je n’ai pleuré sur personne depuis que j’ai enduré ma souffrance. Mais je pleure sur toi avec toute mon affectueuse pitié. »

Il a réussi à lui saisir les mains et s’assied, oui, il s’assied vraiment sur le bord du lit, en tenant ces mains tremblantes dans les siennes.

La pitié affectueuse de ses yeux étincelants caresse, enveloppe, soigne la malheureuse qui se calme en pleurant silencieusement et en murmurant :

« N’as-tu pas de rancœur à mon égard ?

– J’ai de l’amour. C’est pour cela que je suis venu. Aie la paix.

– Toi, tu pardonnes ! Mais le monde ! Et ta Mère ! Elle va me haïr.

– Elle pense à toi comme à une sœur. Le monde est cruel, c’est vrai. Ma Mère est la Mère de l’Amour, et elle est bonne. Tu ne peux aller de par le monde, mais elle viendra à toi quand tout sera en paix. Le temps pacifie…

– Fais-moi mourir, si tu m’aimes…

– Encore un peu de temps. Ton fils n’a rien su me donner. Toi, donne-moi un temps de ta souffrance. Il sera court.

– Mon fils t’a trop donné… C’est l’horreur infinie qu’il t’a donnée.

– Et toi tu m’as donné la douleur infinie. L’horreur est passée, elle ne sert plus à rien. Mais ta douleur est utile : elle s’unit à mes plaies, de sorte que tes larmes et mon sang lavent le monde. Toute la souffrance s’unit pour laver le monde. Tes larmes se mêlent à mon sang et aux pleurs de ma Mère, entourés de toute la douleur des saints qui souffriront pour le Christ et pour les hommes, pour mon amour et celui des hommes. Pauvre Marie ! »

Il la couche doucement, lui croise les mains, la regarde se calmer…

632.6

Anne revient et reste, stupéfaite, sur le seuil.

Jésus, qui s’est relevé, la regarde en disant :

« Tu as obéi à mon désir. Les obéissants obtiennent la paix. Ton âme m’a compris. Vis dans ma paix. »

Il baisse de nouveau les yeux sur Marie, qui le regarde en versant des larmes plus calmes, et il lui sourit une nouvelle fois. Il ajoute :

« Place ton espérance dans le Seigneur. Il t’apportera ses consolations. »

Après l’avoir bénie, il s’apprête à partir.

Mais Marie pousse un cri passionné :

« On dit que mon fils t’a trahi par un baiser ! Est-ce vrai, Seigneur ? Si oui, laisse-moi le laver en te baisant les mains. Je ne puis faire autre chose ! Je ne puis faire autre chose pour effacer… pour effacer… »

La douleur la reprend avec force.

Jésus ne lui donne pas ses mains à baiser, ces mains sur lesquelles la large manche de son vêtement blanc retombe jusqu’au milieu du métacarpe en cachant les blessures, mais il lui prend la tête entre ses mains et se penche pour effleurer de ses lèvres divines le front brûlant de la plus malheureuse des femmes. Et il lui dit en se redressant :

« Mes larmes et un baiser ! Personne n’a autant obtenu de moi. Reste donc dans la paix puisque, entre toi et moi, il n’y a que de l’amour. »

Il la bénit et, après avoir traversé rapidement la pièce, il sort derrière Anne, qui n’a pas osé s’avancer ni parler, mais qui pleure d’émotion.

632.7

Pourtant, dès qu’ils se trouvent dans le corridor qui mène à la porte de la maison, Anne ose poser la question qui lui tient tant à cœur :

« Ma Joanne ?

– Depuis quinze jours, elle est bienheureuse au Ciel. Je n’en ai pas parlé parce qu’il y a trop de contraste entre ta fille et le fils de Marie.

– C’est vrai ! Quel déchirement ! Je crois qu’elle en meurt.

– Non. Pas tout de suite.

– Maintenant, elle sera plus en paix. Tu l’as consolée. Toi ! Toi qui, plus que tous…

– Moi qui la plains plus que tous. Je suis la divine Compassion. Je suis l’Amour. Je te le dis, femme : si seulement Judas m’avait jeté un regard de repentir, je lui aurais obtenu le pardon de Dieu… »

Quelle tristesse se peint sur le visage de Jésus ! La femme en est frappée. Paroles et silence combattent sur ses lèvres, mais elle est femme, et la curiosité l’emporte. Elle demande :

« Mais est-ce que cela a été une… un… Je veux dire : ce malheureux a-t-il péché soudainement ou bien…

– Depuis des mois il péchait, et aucune parole, aucun geste de ma part n’a pu l’arrêter tant était forte sa volonté de pécher. Mais ne lui en parle pas à elle…

– Je n’en dirai rien !… Seigneur ! Quand Ananie, qui s’était enfui de Jérusalem sans même terminer la Pâque, la nuit même de la Parascève, est entré ici en hurlant : “ Ton fils a trahi le Maître et l’a livré à ses ennemis ! Il l’a trahi par un baiser. J’ai vu le Maître frappé et couvert de crachats, flagellé, couronné d’épines, chargé de la croix, crucifié et mort à cause de ton fils. Et les ennemis du Maître crient notre nom avec un air de triomphe obscène. On raconte l’acte de ton fils qui, pour moins que le prix d’un agneau, a vendu le Messie et l’a trahi par un baiser pour le désigner aux gardes ! ” Marie est tombée à terre, elle devenue noire sur le coup. Le médecin dit que son fiel s’est répandu, que son foie a éclaté et que tout le sang en est corrompu. Et… le monde est mauvais. Elle a raison… J’ai dû la transporter ici, car ils venaient crier près de sa maison de Kérioth : “ Ton fils est déicide et s’est suicidé ! Il s’est pendu ! Belzébuth a pris son âme et même Satan est venu prendre son corps. ” Cet horrible prodige est-il vrai ?

– Non, femme. On l’a trouvé mort, pendu à un olivier…

– Ah ! Ils criaient encore : “ Le Christ est ressuscité, et il est Dieu. Ton fils a trahi Dieu. Tu es la mère de celui qui a trahi Dieu. Tu es la mère de Judas. ” Pendant la nuit, avec Ananie et un serviteur fidèle, le seul qui me soit resté, car personne ne voulait rester auprès d’elle… je l’ai portée ici. Mais Marie entend ces cris dans le vent, dans les bruits de la terre, en tout.

– Pauvre mère ! C’est horrible, oui.

– Mais ce démon n’a pas pensé à cela, Seigneur ?

– C’était une des raisons que j’invoquais pour le retenir. Mais cela n’a servi à rien. Comme Judas n’a jamais aimé d’un amour véritable son père et sa mère, ni personne d’autre qui soit son prochain, il en est venu à haïr Dieu.

– C’est vrai !

– Adieu, femme. Que ma bénédiction te donne la force de supporter le mépris du monde pour ta pitié envers Marie. Baise ma main. A toi, je peux la montrer. A elle, cela lui aurait fait trop de mal de le voir. »

Il retrousse sa manche pour découvrir son poignet transpercé.

Anne pousse un gémissement en effleurant à peine de ses lèvres le bout des doigts.

632.8

On entend le bruit d’une porte qui s’ouvre et un cri étouffé : “ Le Seigneur ! ” Un homme âgé se prosterne et reste ainsi.

« Ananie, le Seigneur est bon. Il est venu consoler ta parente, et nous consoler nous aussi » dit Anne pour réconforter le petit vieillard, trop ému.

Mais l’homme n’ose faire le moindre mouvement. Il gémit en pleurant :

« Nous sommes d’un sang honni. Je ne peux pas regarder le Seigneur. »

Jésus s’avance vers lui. Il lui touche la tête en lui parlant dans les mêmes termes qu’à Marie :

« Les parents qui ont fait leur devoir ne doivent pas se tenir pour responsables du péché de leur proche. Prends courage, homme ! Dieu est juste. Paix à toi et à cette maison. Moi, je suis venu, et toi, tu te rendras là où je t’envoie. Pour la Pâque supplémentaire les disciples seront à Béthanie. Tu iras les trouver, et tu leur raconteras que, le douzième jour après sa mort, tu as vu le Seigneur à Kérioth, vivant, avec sa véritable chair, son âme et sa Divinité. Ils te croiront, car j’ai été déjà beaucoup avec eux. Mais apprendre que je me trouvais à plusieurs endroits le même jour les confirmera dans leur foi en ma nature divine. Avant cela encore, tu iras aujourd’hui même à Kérioth pour demander au chef de la synagogue de rassembler le peuple, et tu diras en présence de tout le monde que je suis venu ici, et qu’ils doivent se rappeller mes paroles d’adieu[2]. Ils te demanderont certainement : “ Pourquoi n’est-il pas venu chez nous ? ” Tu répondras ceci : “ Le Seigneur m’a recommandé de vous dire que, si vous vous étiez conduits comme il vous avait enjoint de le faire envers une mère qui n’était pas coupable, il se serait montré. Mais vous avez manqué à l’amour, c’est pourquoi le Seigneur ne s’est pas montré. ” Le feras-tu ?

– C’est difficile, Seigneur ! C’est difficile à faire ! Ils nous tiennent tous pour des cœurs lépreux… Le chef de la synagogue ne m’écoutera pas. Le peuple ne me laissera pas parler. Peut-être même me frapperont-ils… Je le ferai néanmoins, puisque tu le désires. »

Le vieillard ne lève pas la tête. Il parle courbé dans un profond prosternement.

« Regarde-moi, Ananie ! »

L’homme montre un visage que la vénération rend tout tremblant.

Jésus est resplendissant et beau comme sur le Thabor… La lumière le couvre, en cachant son aspect et son sourire… Et le couloir reste sans lui, sans qu’aucune porte n’ait bougé pour lui livrer passage.

Anne et Ananie adorent longuement, ils sont devenus tout adoration par la manifestation divine.

III. Aux enfants de Yutta et à leur mère Sarah.

632.9

Le verger de la maison de Sarah. Les enfants jouent sous les arbres feuillus. Le plus petit se roule dans l’herbe près d’une rangée serrée de pampres, les plus grands jouent à cache-cache derrière les haies et les vignes et se poursuivent avec des cris d’hirondelles joyeuses.

Voilà que Jésus apparaît près du petit auquel il a donné son nom[3]. Oh ! sainte simplicité des innocents ! Yésaï ne s’étonne pas de le voir là à l’improviste, mais il lui tend ses petits bras pour que Jésus le prenne dans les siens, et Jésus le prend : cela se passe avec le plus grand naturel.

Les autres surviennent en courant encore une fois, bienheureuse simplicité des enfants ! et sans stupeur, heureux, s’approchent de lui. On dirait qu’il n’y a rien de changé pour eux. Peut-être ne savent-ils pas. Mais une fois que chacun a obtenu sa caresse, Marie, la plus grande et la plus sensée, dit :

« Alors tu ne souffres plus, Seigneur, maintenant que tu es ressuscité ? J’ai eu tant de peine !

– Je ne souffre plus. Je suis venu pour vous bénir avant de monter vers mon Père et le vôtre, au Ciel. Mais de là aussi je vous bénirai toujours, si vous êtes toujours bons. Vous direz à ceux qui m’aiment que je vous ai laissé ma bénédiction, aujourd’hui. Rappelez-vous ce jour.

632.10

– Tu ne viens pas à la maison ? Maman est là. Ils ne nous croiront pas » dit Marie.

Mais son frère ne pose pas la question. Il s’écrie : “ Maman, Maman ! Le Seigneur est ici !… ” et, en courant à la maison, il répète ce cri.

Sarah accourt, apparaît… juste à temps pour voir Jésus, très beau, disparaître à la limite du verger, dans la lumière qui l’absorbe…

« Le Seigneur ! Pourquoi ne pas m’avoir appelée plus tôt ?… » demande Sarah dès qu’elle retrouve l’usage de la parole. « Mais quand et d’où est-il venu ? Etait-il seul ? Sots que vous êtes !

– Nous l’avons trouvé ici. Une minute plus tôt il n’y était pas… Il n’est pas venu de la route, ni du jardin. Il tenait Yésaï dans les bras… Il nous a dit qu’il était venu nous bénir et nous apporter sa bénédiction pour ceux qui l’aiment à Yutta, et il nous a demandé de nous rappeler ce jour. Maintenant, il monte au Ciel, mais il nous aimera si nous sommes bons. Comme il était beau ! Il avait les mains blessées, mais elles ne lui font plus mal. Ses pieds aussi étaient blessés. Je les ai vus dans l’herbe. Cette fleur-là touchait exactement la blessure d’un de ses pieds. Je la cueille…»

Ils parlent tous ensemble, échauffés par l’émotion. Leur surexcitation les fait même transpirer.

Sarah les caresse en murmurant :

« Dieu est grand ! Allons, venez. Allons le dire à tout le monde. Parlez, vous qui êtes innocents. Vous pouvez parler de Dieu. »

IV. Au jeune Jaias, à Pella.

632.11

Le jeune homme travaille avec ardeur autour d’une charrette. Il est en train de la charger de légumes cueillis dans un jardin voisin. L’âne frappe de son sabot le sol dur du chemin de campagne.

En se tournant pour prendre un panier de laitues, il voit Jésus qui lui sourit. Il laisse tomber à terre le panier et s’agenouille en se frottant les yeux, ne croyant pas à ce qu’il voit, et il murmure :

« Très-Haut, ne m’induis pas en illusion ! Ne permets pas, Seigneur, que je sois trompé par Satan par de faux aspects séduisants. Il est bien mort, mon Seigneur ! Il a été enseveli, et on dit maintenant que son cadavre a été enlevé. Pitié, Seigneur Très-Haut ! Montre-moi la vérité.

– Je suis la Vérité, Jaias. Je suis la Lumière du monde. Regarde-moi. Vois-moi. C’est pour cela que je t’ai rendu la vue[4] : pour que tu puisses témoigner de ma puissance et de ma Résurrection.

– Oh ! C’est vraiment le Seigneur ! C’est toi ! Oui, c’est toi, Jésus ! »

Il se traîne sur les genoux pour lui baiser les pieds.

« Tu diras que tu m’as vu, que tu m’as parlé, et que je suis bien vivant. Tu diras que tu m’as vu aujourd’hui. A toi la paix et ma bénédiction. »

Jaias reste seul, heureux. Il oublie la charrette et les légumes. C’est en vain que l’âne, énervé, frappe le chemin et brait pour protester contre la longueur de l’attente… Jaias est en extase.

632.12

Une femme sort de la maison près du jardin, et elle le voit là, pâle d’émotion, le visage absent. Elle s’écrie :

« Jaias ! Qu’est-ce que tu as ? Que t’est-il arrivé ? »

Elle accourt, le secoue, le ramène sur la terre…

« Le Seigneur ! J’ai vu le Seigneur ressuscité. Je lui ai baisé les pieds et j’ai vu ses plaies. Ils ont menti. Il était vraiment Dieu et il est ressuscité. J’avais peur d’être trompé. Mais c’est lui ! C’est vraiment lui ! »

Tremblante, frissonnante d’émotion, la femme murmure :

« En es-tu vraiment sûr ?

– Tu es bonne, femme. Par amour pour lui, tu nous as pris comme serviteurs, ma mère et moi. Ne te refuse pas à croire !…

– Si tu en es sûr, je crois. Mais avait-il une vraie chair ? Il était chaud ? Il respirait ? Il parlait ? Avait-il vraiment une voix ou était-ce une impression ?

– J’en suis sûr. C’était la chair tiède d’un vivant, c’était une voix véritable, c’était une respiration. Il avait la beauté d’un Dieu, mais il était homme comme toi et moi. Allons, allons raconter cela à ceux qui souffrent ou qui doutent. »

V. A Jean de Nobé.

632.13

Le vieillard est seul chez lui, mais il est serein. Il répare une sorte de siège qui s’est décloué d’un côté, et sourit à je ne sais quel rêve.

Un coup à la porte. Le vieillard, sans quitter son travail, dit :

« Entrez ! Que voulez-vous, vous qui venez ? Etes-vous encore de ceux-là ? Je suis trop vieux pour changer ! Même si tout le monde me criait : “ Il est mort ”, moi je continuerais à soutenir qu’il est vivant. Même si cela devait me coûter la vie. Entrez donc ! »

Il se redresse pour aller voir à la porte qui frappe sans entrer. Mais quand il en est tout proche, elle s’ouvre et Jésus entre.

« Oh ! Oh ! Oh ! Mon Seigneur ! Vivant ! J’ai cru ! Et il vient récompenser ma foi ! Béni ! Moi, je n’ai jamais douté. Dans ma douleur, je me suis dit : “ S’il m’a envoyé l’agneau[5] pour le banquet de joie, c’est signe qu’en ce jour il ressuscitera. ” Alors j’ai tout compris.

Quand tu es mort et que la terre a tremblé, j’ai compris ce que je n’avais pas encore compris. Et j’ai passé pour un fou, à Nobé, parce que, une fois couché le soleil du lendemain du sabbat, j’ai préparé le banquet et je suis allé inviter des mendiants en annonçant : “ Notre Ami est ressuscité ! ” On prétendait déjà que ce n’était pas vrai. On disait qu’ils t’avaient enlevé la nuit. Mais moi, je ne les ai pas crus, car, dès le moment de ta mort, j’ai compris que tu mourais pour ressusciter, et que c’était cela, le signe de Jonas. »

632.14

Jésus le laisse parler en souriant. Puis il demande :

« Et maintenant veux-tu encore mourir[6], ou rester pour témoigner de ma gloire ?

– Ce que tu veux, Seigneur !

– Non. Ce que toi, tu veux. »

Le vieillard réfléchit, puis il décide :

« Ce serait beau de sortir du monde où tu n’es plus comme avant. Mais je renonce à la paix du Ciel pour annoncer aux incrédules : “ Moi, je l’ai vu ! ” »

Jésus lui pose la main sur la tête pour le bénir, et ajoute :

« Mais bientôt tu connaîtras aussi la paix, et tu viendras à moi avec le titre de confesseur du Christ. »

Et il s’en va. Ici, peut-être par pitié pour le vieillard âgé, il n’a pas donné à son apparition et à sa disparition une forme merveilleuse, mais il a agi en tout comme s’il était le Jésus d’autrefois, qui entrait et sortait, humainement, d’une maison.

VI. Chez Matthias, le solitaire de Jabès Galaad.

632.15

Le vieil homme travaille autour de ses légumes et il monologue :

« Toutes ces richesses que j’ai pour lui, il n’y goûtera jamais plus. J’ai travaillé en vain. Je crois qu’il était le Fils de Dieu, mort et ressuscité. Mais ce n’est plus le Maître qui s’assied à la table du pauvre ou du riche et partage avec un égal amour la nourriture du pauvre et du riche — et même avec plus d’amour, c’est certain. Maintenant, il est le Seigneur ressuscité. Il est ressuscité pour nous confirmer dans la foi, nous, ses fidèles. Certains prétendent que ce n’est pas vrai, que personne n’est jamais ressuscité par lui-même. Personne. Non, aucun homme. Mais lui, si, parce qu’il est Dieu. »

Il bat des mains pour chasser ses colombes qui descendent ramasser des graines dans la terre fraîchement bêchée et ensemencée, et reprend :

« Inutile désormais que vous ayez des petits ! Il n’y goûtera plus ! Et vous, abeilles inutiles, pour qui produisez-vous votre miel ?

J’avais espéré l’avoir au moins une fois avec moi, maintenant que je suis moins misérable. Tout a prospéré ici, depuis sa venue… Ah ! Mais avec ces deniers auxquels je n’ai jamais touché, je veux aller à Nazareth, chez sa Mère, pour lui dire : “ Prends-moi comme serviteur, mais laisse-moi vivre auprès de toi, car tu es encore lui. »

Il essuie une larme du revers de la main…

632.16

« Matthias, as-tu du pain pour un pèlerin ? »

Matthias lève la tête, mais agenouillé comme il l’est, il ne voit pas qui lui parle de derrière la haute haie qui entoure sa petite propriété perdue dans cette solitude verte qu’est cet endroit de l’autre côté du Jourdain. Mais il répond :

« Qui que tu sois, viens, au nom du Seigneur Jésus. »

Et il se redresse pour ouvrir la grille.

Il se trouve en face de Jésus, et reste la main sur le verrou, sans pouvoir faire un geste.

« Tu ne veux pas de moi comme hôte, Matthias ? Tu l’as fait une fois[7]. Tu te plaignais de ne plus pouvoir le faire. Je suis ici et tu ne m’ouvres pas ? dit Jésus en souriant.

– Oh ! Seigneur… moi.., je… je ne suis pas digne que mon Seigneur entre ici… Moi… »

Jésus passe la main par-dessus la grille et pousse le verrou en disant :

« Le Seigneur entre là où il veut, Matthias. »

Il pénètre dans l’humble jardin, se dirige vers la maison, et dit, sur le seuil :

« Sacrifie donc les petits de tes colombes. Sors de la terre tes légumes, et du miel à tes abeilles. Nous partagerons le pain ensemble et ton travail n’aura pas été inutile, ni ton désir vain. Et cet endroit te sera cher sans que tu ailles là où il y aura bientôt silence et abandon. Je suis partout, Matthias. Celui qui m’aime est avec moi, toujours. Mes disciples seront à Jérusalem. C’est là que naîtra mon Eglise. Fais en sorte d’y être pour la Pâque supplémentaire.

– Pardonne-moi, Seigneur. Mais je n’ai pas su rester là-bas, et je me suis enfui. J’y étais arrivé la veille de la Parascève à none, et le jour suivant… j’ai fui pour ne pas te voir mourir. Pour cette seule raison, Seigneur !

– Je le sais. Et je sais que tu es revenu, l’un des premiers, pleurer sur mon tombeau. Mais je n’y étais déjà plus. Je sais tout. Voilà, je m’assieds ici et je me repose. Je me suis toujours reposé ici… Les anges le savent. »

632.17

L’homme se met à l’œuvre, mais semble se mouvoir dans une église tant ses gestes sont respectueux. De temps en temps, il essuie une larme qui veut se mêler à son sourire, pendant qu’il va et vient pour prendre les petites colombes, les tuer, les préparer, attiser le feu, cueillir et laver les légumes, disposer sur un plat les figues précoces, et dresser la pauvre table avec sa meilleure vaisselle.

Mais quand tout est prêt, comment pourrait-il s’asseoir et manger ? Il veut servir et cela lui paraît déjà beaucoup. Il ne désire rien de plus. Mais Jésus, qui a offert et béni la nourriture, lui offre une moitié du pigeon qu’il a découpé en mettant la viande sur un morceau de fouace qu’il a trempée dans la sauce.

« Oh ! Tu me traites comme un préféré ! » s’exclame l’homme.

Il mange en pleurant de joie et d’émotion, sans quitter des yeux Jésus qui mange… qui boit, qui goûte les légumes, les fruits, le miel, qui lui offre sa coupe après avoir absorbé une gorgée de vin — avant, il avait toujours bu de l’eau.

Le repas est fini.

« Je suis bien vivant. Tu le vois, et tu es bienheureux. Rappelle-toi qu’il y a douze jours de cela, je suis mort par la volonté des hommes, mais que celle-ci est nulle quand elle n’est pas en accord avec la volonté de Dieu. Et même : la volonté contraire des hommes devient l’instrument servile de la Volonté éternelle. Adieu, Matthias. Puisque j’ai dit que ceux qui m’auront donné à boire quand j’étais le Pèlerin sur lequel il était encore permis d’avoir des doutes seraient avec moi, je te l’affirme : tu auras part à mon Royaume céleste.

– Mais maintenant, je te perds, Seigneur !

– Reconnais-moi en tout pèlerin ; je suis en tout mendiant, en tout malade, en tous ceux qui ont besoin de pain, d’eau et de vêtements. Je suis en tout homme qui souffre, et ce qui est fait à celui qui souffre, c’est à moi que cela est fait. »

Il ouvre les bras pour bénir et disparaît.

VII. Chez Abraham d’Engaddi, qui meurt dans ses bras.

632.18

La place d’Engaddi est un temple hypostyle de palmiers bruissants. La fontaine est le miroir du ciel d’avril. Les colombes forment le bas murmure d’un orgue.

Le vieil Abraham la traverse avec ses outils de travail sur les épaules. Il paraît encore plus âgé, mais serein comme quelqu’un qui a trouvé le calme après une grande tempête. Il parcourt le reste de la ville, et se dirige vers les vignes près des sources. Ce sont de belles vignes fécondes, déjà pleines des promesses d’une récolte abondante. Il y entre, se met à sarcler, à tailler, à lier. De temps à autre, il se relève, s’appuie sur sa pioche, réfléchit. Il lisse sa barbe patriarcale, soupire, hoche la tête, tout à un discours intérieur.

Un homme bien enveloppé dans son manteau monte la route vers les sources et les vignes. Je dis : un homme, mais c’est Jésus, car ce sont sa démarche et son vêtement. Mais pour le vieillard, c’est un homme. Et l’homme interpelle Abraham :

« Puis-je m’arrêter ici ?

– L’hospitalité est sacrée. Je ne l’ai jamais refusée à personne. Viens. Entre. Que te soit doux le repos à l’ombre de mes vignes. Veux-tu du lait ? Du pain ? Je te donnerai ce que je possède ici.

– Et moi, que puis-je te donner ? Je n’ai rien.

– Celui qui est le Messie m’a tout donné, pour tous les hommes. Et quoi que je t’offre, ce ne sera rien par rapport à ce que lui m’a donné.

– Sais-tu qu’ils l’ont crucifié ?

– Je sais qu’il est ressuscité. Es-tu de ceux qui l’ont crucifié ? Je ne peux pas te haïr parce que lui ne veut pas de haine. Mais si je le pouvais, je te haïrais si tu l’étais.

– Je ne suis pas de ceux qui l’ont crucifié. Sois en paix. Tu sais donc tout de lui.

– Tout. Et Elisée… C’est mon fils, tu sais ? Elisée n’est plus revenu de Jérusalem. Il m’avait dit : “ Permets-moi de partir, père, car je quitte tous mes biens pour prêcher le Seigneur. J’irai à Capharnaüm à la recherche de Jean, et je m’unirai aux disciples fidèles. ”

– Ton fils t’a donc abandonné ? Alors que tu es si vieux et seul ?

– Ce que tu appelles abandon était mon rêve et fait ma joie. La lèpre ne m’avait-elle pas privé de lui ? Et qui me l’a rendu ? Le Messie. Alors est-ce que je le perds parce qu’il part annoncer le Seigneur ? Mais non ! Je le retrouverai dans la vie éternelle.

632.19

Mais tu parles d’une façon qui me donne des soupçons. Serais-tu un émissaire du Temple ? Viens-tu persécuter ceux qui croient au Ressuscité ? Frappe ! Je ne fuis pas. Je n’imite pas les trois sages[8] d’autrefois. Je reste. Car si je tombe pour lui, je le rejoins au Ciel et ma prière de l’an dernier est exaucée.

– C’est vrai. Tu disais alors : “ J’ai attendu le Seigneur avec impatience, et il s’est tourné vers moi. ”

– Comment sais-tu cela ? Es-tu un de ses disciples ? Etais-tu avec lui quand je l’en ai prié ? Ah ! Si c’est le cas, aide-moi à lui faire entendre mon cri, pour qu’il s’en souvienne. »

Il se prosterne, croyant parler à un apôtre.

« C’est moi, Abraham d’Engaddi, et je te dis : “ Viens. ” »

Jésus lui ouvre les bras en se manifestant ainsi et l’invite à s’y précipiter et à s’abandonner sur son cœur.

A ce moment, entre dans la vigne un enfant, suivi d’un jeune homme, en criant :

« Père ! Père ! Nous voici pour t’aider. »

Mais son cri d’enfant est couvert par le cri puissant du vieillard, un vrai cri de délivrance :

« Voilà ! Je viens ! »

Et Abraham se jette dans les bras de Jésus, en criant encore :

« Jésus, Messie saint ! Entre tes mains je remets mon esprit ! »

Mort bienheureuse ! Mort que j’envie ! Sur le cœur du Christ, dans la paix sereine de la campagne fleurie d’avril…

632.20

Jésus dépose avec calme le vieillard sur l’herbe fleurie qui ondule à la brise, au pied d’une rangée de vignes, et il dit aux enfants, étonnés et effrayés, tout près de pleurer :

« Ne pleurez pas. Il est mort dans le Seigneur. Bienheureux ceux qui meurent en lui ! Allez, mes enfants, prévenir les habitants d’Engaddi que le chef de la synagogue a vu le Ressuscité et que sa prière a été exaucée. Ne pleurez pas ! Ne pleurez pas ! »

Il les caresse en les conduisant à la sortie. Puis il revient près du défunt, lui remet en ordre la barbe et les cheveux, lui baisse les paupières restées mi-closes, met en place ses membres et étend sur lui le manteau qu’Abraham avait enlevé pour travailler.

Il reste jusqu’au moment où il entend des voix sur la route. Alors il se redresse. Splendide… Ceux qui accourent le voient. Ils crient. Ils hâtent le pas pour rejoindre Jésus. Mais lui se dérobe à leurs regards dans l’éclat d’un rayon plus vif du soleil.

VIII. Elie, l’essénien du Kérith.

632.21

L’âpre solitude de l’âpre montagne au fond de laquelle coule le Kérith. Elie est en prière, encore plus décharné et plus barbu. Il porte un vêtement de laine rêche, ni gris ni marron, qui le rend semblable aux rochers qui l’entourent.

Il perçoit un son, comme si c’était le vent ou le tonnerre. Il lève la tête : Jésus est apparu sur un rocher en équilibre au-dessus d’un précipice au fond duquel court le torrent.

« Le Maître ! »

Il se jette à terre, le visage contre le sol.

« C’est moi, Elie. Tu n’as pas senti le tremblement de terre[9] de la Parascève ?

– Si, je l’ai senti et je suis descendu à Jéricho et chez Nikê. Je n’ai trouvé personne de ceux qui t’aiment. J’ai demandé de tes nouvelles. Ils m’ont frappé. Puis j’ai senti une seconde fois la terre trembler, mais plus légèrement, et je suis revenu ici faire pénitence, en pensant que les digues de la colère céleste se sont ouvertes.

– C’étaient celles de la miséricorde divine. Je suis mort et ressuscité. Regarde mes plaies. Rejoins sur le Thabor les serviteurs du Seigneur et dis-leur que c’est moi qui t’ai envoyé. »

Il le bénit et disparaît.

IX. A Dorca et à son enfant, au château de Césarée de Philippe.

632.22

L’enfant de Dorca, soutenu par sa mère, fait ses premiers pas sur le bastion de la forteresse. Et Dorca, penchée comme elle l’est, ne voit pas apparaître le Seigneur. Mais quand elle lui laisse quelque liberté, elle le voit qui se met à marcher avec assurance et rapidité vers le coin du bastion. Elle se redresse donc pour courir afin de l’empêcher de tomber, et peut-être de mourir s’il passe à travers les mâchicoulis ou passages destinés aux armes offensives. Ce faisant, elle voit Jésus prendre l’enfant sur son cœur et l’embrasser. La femme n’ose faire un geste, mais elle pousse un cri. Un cri qui fait lever la tête aux personnes qui se tiennent dans les cours et attire les visages aux fenêtres :

« Le Seigneur ! Le Seigneur ! Le Messie est ici ! Il est vraiment ressuscité ! »

Mais avant que les gens ne puissent accourir, Jésus a déjà disparu.

« Tu es folle ! Tu as rêvé ! Un jeu de lumière t’aura fait voir un fantôme.

– Oh ! Il était bien vivant ! Voyez comme mon fils regarde dans cette direction, et comme il a dans ses mains une pomme belle comme son petit visage. Il la ronge avec ses quenottes en riant. Moi, je n’ai pas de pommes…

– Personne n’a des pommes mûres ces jours-ci, et si fraîches… constatent-ils avec émotion.

632.23

Interrogeons Tobie, suggèrent quelques femmes.

– Et que voulez-vous qu’il réponde ? Il sait à peine dire maman ! »

Les hommes se moquent d’elles. Mais elles se penchent sur le petit garçon et demandent :

« Qui t’a donné cette pomme ? »

Et l’enfant, qui sait à peine prononcer les mots les plus élémentaires, dit avec assurance, en riant de toutes ses petites dents et de ses gencives encore vides :

« Jésus.

– Oh !

– Hé ! vous l’appelez Yésaï ! Il sait dire son nom.

– Jésus-toi, ou Jésus le Seigneur ? Quel Seigneur ? Où l’as-tu vu ? »

Les femmes le harcèlent de questions.

« Là, le Seigneur. Jésus le Seigneur.

– Où est-il ? Où est-il allé ?

– Là. »

Il indique le ciel plein de soleil en riant de bonheur, et il mord sa pomme.

Pendant que les hommes s’éloignent en hochant la tête, Dorca dit aux femmes :

« Il était beau. Il semblait vêtu de lumière. Et il avait sur les mains la marque des clous, rouge comme un bijou dans tant de blancheur. Je l’ai bien vu, car il tenait l’enfant ainsi : »

Elle mime le geste de Jésus.

632.24

L’intendant accourt, se fait répéter le récit, réfléchit et conclut :

« Le psaume le dit bien[10] : “ Ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout-petits. ” Alors pourquoi pas la vérité ? Eux sont innocents. Quant à nous… souvenons-nous de ce jour… Mais non ! Je vais dans le village des disciples. Je vais voir si le Rabbi s’y trouve… Il était pourtant mort… Mais… »

Et sur ce “ mais… ” qu’il finit de conclure intérieurement, l’intendant s’en va, tandis que les femmes, exaltées, continuent de poser d’interroger le petit garçon, qui rit et répète :

« Jésus, là. Et puis là. Jésus Seigneur »

Et il indique le lieu où était Jésus, puis le soleil où il l’a vu disparaître, heureux, heureux.

X. Aux personnes rassemblées dans la synagogue de Cédès.

632.25

Les habitants de Cédès sont rassemblés dans la synagogue et discutent des derniers événements avec le vieux Matthias, le chef de la synagogue. La synagogue est plutôt obscure, car les portes sont fermées et les rideaux baissés sur les fenêtres, de lourds rideaux que le vent d’avril a du mal à faire bouger.

Un éclair illumine la pièce. Cela semble être un éclair, mais c’est la lumière qui précède Jésus. Sa manifestation frappe de stupeur une grande partie de l’assistance. Il ouvre les bras. Ses blessures aux mains et aux pieds sont bien visibles, car il apparaît sur la plus haute des trois marches qui conduisent à une porte fermée. Il dit :

« Je suis ressuscité. Je vous rappelle la discussion[11] que j’ai eue avec les scribes. A cette génération mauvaise, j’ai donné le signe que j’avais promis : celui de Jonas. A qui m’aime et est fidèle je donne ma bénédiction. »

Rien de plus. Il a disparu.

« Mais c’était lui ! D’où vient-il ? Il était bien vivant ! Il l’avait dit ! Voilà ! Maintenant, je comprends. Le signe de Jonas, ce sont les trois jours qu’il a passés dans les entrailles de la terre, puis la résurrection… »

Les commentaires forment un vrai brouhaha…

XI. A un groupe de rabbins, à Giscala.

632.26

Je vois un groupe venimeux de rabbins tenter de convaincre quelques hommes hésitants. Ils voudraient obtenir que ces derniers se rendent chez Gamaliel, qui s’est enfermé chez lui et refuse de voir qui que ce soit.

Ces hommes leur répliquent :

– « Nous vous le certifions, il n’est pas ici. Nous ne savons pas où il est. Il est venu, il a consulté des rouleaux, et il est reparti sans dire un mot. Il faisait peur tant il paraissait bouleversé et vieilli. »

De mauvaise grâce, les rabbins leur tournent le dos et s’éloignent en maugréant :

« Gamaliel est aussi fou que Simon ! Ce n’est pas vrai que le Galiléen est ressuscité ! Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai qu’il est Dieu. Ce n’est pas vrai. Rien n’est vrai. Nous seuls sommes dans le vrai. »

L’angoisse même avec laquelle ils répètent que ce n’est pas vrai montre leur peur que ce ne le soit, leur besoin de se rassurer.

Après avoir longé les murs de la maison, ils parviennent à côté de la tombe de Hillel. Aboyant toujours leurs négations, ils lèvent la tête… et s’enfuient en poussant les hauts cris. Jésus, qui est très bon avec les bons, est ici terrible de puissance. Il a les bras ouverts comme sur la croix. Les plaies des mains rougissent comme si elles suintaient du sang. Il ne dit pas un mot, mais il les foudroie du regard.

Les rabbins fuient, tombent, se relèvent, se blessent contre des arbres ou des pierres… Ils sont fous de peur. Ils ressemblent à des meurtriers qui se retrouvent en présence de leur victime.

XII. A Joachim et Marie, à Bozra.

632.27

« Marie ! Marie ! Joachim et Marie ! Venez, sortez ! »

Ceux-ci se trouvent dans une pièce paisible, éclairée par une lampe, l’une occupée à coudre, l’autre à faire des comptes. Ils lèvent la tête, se regardent… Joachim, blanc de peur, murmure :

« C’est la voix du Rabbi ! Il vient de l’autre vie… »

Craintive, la femme apeurée se serre contre l’homme.

Mais l’appel se répète et tous deux, en se tenant étroitement pour se donner du courage, osent sortir, aller dans la direction de la voix.

Dans le jardin, qu’éclaire la faucille de la nouvelle lune, Jésus resplendit. La lumière qui l’entoure, plus forte que plusieurs lunes, fait de lui un Dieu. Son sourire très doux et son regard plein d’amour en font un homme :

« Allez dire aux habitants de Bozra que vous m’avez vu vivant et réel. Racontez-le au Thabor, toi, Joachim, à ceux qui vont s’y rassembler. »

Après les avoir bénis, il disparaît.

« Mais c’était lui ! Ce n’était pas un rêve ! Demain, je pars en Galilée. Il a bien parlé du Thabor, n’est-ce pas ?… »

XIII. A Ephraïm, chez Marie, femme de Jacob.

632.28

La femme est en train de pétrir de la farine pour faire du pain. Elle se retourne en s’entendant appeler, et voit Jésus. Elle se prosterne aussitôt, le visage contre le sol, les mains par terre, muette d’adoration, un peu effrayée.

Jésus prend la parole :

« Tu diras à tous que tu m’as vu et que je t’ai parlé. Le Seigneur n’est pas soumis au tombeau. Je suis ressuscité le troisième jour, comme je l’avais promis. Persévérez, vous qui êtes dans ma voie, et ne vous laissez pas séduire par les paroles de ceux qui m’ont crucifié. Que ma paix soit avec toi. »

XIV. Chez Syntica à Antioche.

632.29

Syntica est occupée à plier des vêtements pour préparer un sac de voyage. C’est le soir, car une petite lampe, posée sur une table, diffuse une très relative lueur tremblante. La pièce s’illumine vivement. Etonnée, Syntica lève la tête pour voir ce qui arrive, d’où vient cette lumière si claire dans cette pièce toute close. Mais avant qu’elle ne voie, Jésus la devance :

« C’est moi. N’aie pas peur. Je me suis montré à plusieurs personnes pour les confirmer dans la foi. Je me montre à toi aussi, qui es obéissante et fidèle. Je suis ressuscité. Tu vois ? Je ne souffre plus. Pourquoi pleures-tu ? »

Devant la beauté du Glorifié, la femme ne trouve pas ses mots… Jésus lui sourit pour l’encourager et ajoute :

« Je suis ce même Jésus qui t’a accueillie[12] sur la route, près de Césarée. Tu savais parler à cette époque, alors que tu étais toute craintive et que j’étais pour toi l’Inconnu. Et maintenant, tu ne sais pas me dire un mot ?

– Seigneur ! Je m’apprêtais à partir… pour m’ôter du cœur tant d’inquiétude et de douleur…

– Pourquoi de la douleur ? Ne t’a-t-on pas annoncé que j’étais ressuscité ?

– On l’a annoncé et démenti. Mais je ne me suis pas laissée troubler par ces contradictions. Je savais que tu ne pouvais pas te décomposer dans un tombeau. J’ai pleuré sur ton martyre. J’ai cru, avant même qu’on ne m’en parle, à ta résurrection. Et j’ai continué de croire quand d’autres sont venus prétendre le contraire. Mais je voulais aller en Galilée. Je pensais : à lui, on ne peut plus faire de mal. Il est davantage Dieu qu’homme. Je ne sais si je m’exprime bien…

– Je comprends ta pensée.

– Et je me disais : je l’adorerai et je verrai Marie. Je supposais que tu ne resterais pas beaucoup parmi nous, de sorte que je hâtais mon départ. Je pensais : quand il sera retourné au Père, comme il disait, sa Mère sera un peu triste malgré sa joie, car c’est une âme, mais aussi une mère… Et j’essaierai de la consoler, maintenant qu’elle est seule… J’étais orgueilleuse !

– Non. C’était de la pitié. Je ferai part de ton désir à ma Mère. Mais n’y va pas. Reste là où tu es et continue à œuvrer pour moi, plus encore maintenant qu’avant. Tes frères, les disciples, ont besoin du travail de tous pour pouvoir propager ma doctrine. Tu m’as vu. Marie est confiée à Jean. N’aie plus aucune peine. La certitude de m’avoir vu et la puissance de ma bénédiction te permettront de fortifier ton âme. »

632.30

Syntica a un grand désir de l’embrasser, mais elle n’ose pas. Jésus lui dit :

« Viens. »

Elle s’enhardit alors et se traîne à genoux près de Jésus. Mais au moment de lui baiser les pieds, elle voit les deux plaies et retient son geste. En larmes, elle prend un coin du vêtement et le baise en murmurant :

« Que t’ont-ils fait ! » Puis une question : « Et Jean-Félix ? »

– Il est heureux. Il ne se souvient plus que de l’amour, et il vit en lui. Paix à toi, Syntica. »

Il disparaît.

La femme reste dans l’adoration, à genoux, le visage levé, les mains un peu tendues, des larmes sur le visage, un sourire sur les lèvres…

XV. Chez Zacharie le lévite.

632.31

Il est assis dans une petite pièce, l’air pensif, la tête penchée sur une main. C’est Zacharie, le lévite[13].

« Ne sois pas dubitatif. N’écoute pas les voix qui te troublent. Je suis la Vérité et la Vie. Regarde-moi. Touche-moi. »

Le jeune homme a levé la tête aux premières paroles, il a vu Jésus et a glissé à genoux. Il s’écrie :

« Pardonne-moi, Seigneur. J’ai péché. J’ai laissé le doute sur ta vérité s’installer en moi.

– Les coupables sont, plus que toi, ceux qui cherchent à séduire ton esprit. Ne cède pas à leurs tentations. Je suis un corps vivant et réel. Sens le poids et la chaleur, la consistance et la force de ma main. »

Il lui prend l’avant-bras et le lève avec force :

« Lève-toi et marche dans les voies du Seigneur, loin du doute et de la peur. Heureux seras-tu si tu sais persévérer jusqu’à la fin. »

Il le bénit et disparaît.

Le jeune homme, après un instant d’étourdissement émerveillé, se précipite hors de la pièce en criant :

« Mère ! Père ! J’ai vu le Maître. Ce que prétendent les autres n’est pas vrai ! Je n’étais pas fou. Ne continuez pas à croire au mensonge, mais bénissez avec moi le Très-Haut qui a eu pitié de son serviteur. Je pars. Je vais en Galilée. Je vais trouver quelques-uns des disciples. Je vais leur dire de croire qu’il est vraiment ressuscité. »

Il ne prend ni sac, ni nourriture ni vêtements. Il saisit son manteau et part en courant sans même laisser à ses parents le temps de revenir de leur stupeur et de pouvoir intervenir pour le retenir.

XVI. A une femme de la plaine de Saron, qui obtient la guérision de son fils malade.

632.32

Je vois une route du littoral. Il est possible que ce soit celle qui unit Césarée à Joppé, ou une autre, je l’ignore. Je sais que je vois de la campagne à l’intérieur et la mer à l’extérieur, bleu vif, après la ligne jaunâtre de la rive. La route est certainement une artère romaine, comme en témoigne son pavement.

Une femme en pleurs marche sur cette voie aux premières heures d’un matin serein. L’aurore est encore toute proche. La femme doit être très lasse, car elle s’arrête de temps à autre pour s’asseoir sur une borne milliaire ou sur la route. Puis elle se relève et poursuit son chemin, comme si quelque chose la poussait à se hâter, en dépit de sa fatigue.

Jésus, un voyageur couvert d’un manteau, vient à côté d’elle. La femme ne le regarde pas. Elle avance, absorbée dans sa douleur. Jésus lui demande :

« Pourquoi pleures-tu, femme ? D’où viens-tu ? Et où vas-tu ainsi toute seule ?

– Je viens de Jérusalem et je retourne chez moi.

– C’est loin ?

– A mi-chemin entre Joppé et Césarée.

– A pied ?

– Dans la vallée qui précède Modin, des voleurs ont pris mon âne et ce qu’il portait.

– Tu as été imprudente de voyager seule. Ce n’est pas l’habitude de faire route seul pour la Pâque.

– Je n’étais pas venue pour la Pâque. J’étais restée à la maison, car j’ai un enfant malade ; j’espère l’avoir encore… Mon mari était parti avec les autres. Je l’ai laissé prendre de l’avance et, quatre jours après, je me suis mise en chemin. Car j’ai pensé : “ Certainement, Jésus est à Jérusalem pour la Pâque. Je vais l’y chercher. ” J’avais un peu peur, mais je me suis dit : “ Je ne fais rien de mal. Dieu me voit. Je crois et je sais qu’il est bon. Il ne me repoussera pas, parce que… »

Elle s’arrête, comme apeurée, et jette un coup d’œil rapide sur l’homme qui marche près d’elle, si bien couvert qu’on voit à peine ses yeux, les yeux uniques de Jésus. Celui-ci prend la parole :

632.33

« Pourquoi te tais-tu ? Tu as peur de moi. Crois-tu que je sois un ennemi de celui que tu cherchais ? Car tu cherchais le Maître de Nazareth pour lui demander de venir chez toi guérir l’enfant, en l’absence de ton mari…

– Je vois que tu es un prophète. C’est bien cela. Mais quand je suis arrivée en ville, le Maître était mort. »

Les sanglots l’étouffent…

« Il est ressuscité. Ne le crois-tu pas ?

– Je le sais. Je le crois. Mais moi… je… Pendant quelques jours, j’ai espéré le voir, moi aussi… On dit qu’il s’est montré à certains. J’ai retardé mon départ… Chaque jour m’était une douleur car… mon enfant est si malade… Mon cœur était partagé… Partir pour le consoler au moment de la mort… Rester pour chercher le Maître… Je n’avais pas la prétention de lui demander de venir chez moi, mais de me promettre la guérison.

– Et tu aurais cru ? Tu penses que, de loin… ?

– Je crois. Ah ! s’il m’avait dit : “ Va en paix. Ton fils guérira ”, je n’aurais pas douté. Mais je ne le mérite pas, car… »

Elle sanglote, et presse son voile sur sa bouche comme pour s’empêcher de parler.

« Parce que ton mari est l’un des accusateurs et des bourreaux de Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ est le Messie. Il est Dieu. Or Dieu est juste, femme. Il ne punit pas un innocent à cause d’un coupable. Il ne torture pas une mère parce que le père est pécheur. Jésus-Christ est la Miséricorde vivante…

– Oh ! Tu es peut-être l’un de ses apôtres ? Tu sais où il est ? Toi… Peut-être t’a-t-il envoyé me dire cela. Il a senti, il a vu ma douleur, ma foi, et il t’envoie à moi comme le Très-Haut a envoyé l’archange Raphaël à Tobie. Dis-le-moi s’il en est ainsi et, bien que je sois épuisée jusqu’à en être fiévreuse, je retournerai sur mes pas chercher le Seigneur.

– Je ne suis pas un apôtre. Mais les apôtres sont restés plusieurs jours encore à Jérusalem après sa Résurrection…

– C’est vrai. Je pouvais le leur demander.

– Certainement. Ils sont le prolongement du Maître.

– Je ne pensais pas qu’ils pourraient faire des miracles.

– Ils en ont fait encore…

– Mais maintenant… On m’a dit qu’un seul est resté fidèle, et je ne croyais pas…

– Si. C’est ton mari qui t’a tenu ces propos, pour se moquer de toi dans son délire de faux triomphateur. Mais moi, je te dis que tout homme peut pécher, car Dieu seul est parfait. Et il peut se repentir. Or s’il se repent, sa force grandit et Dieu augmente ses grâces en raison de sa contrition. Le Très-Haut n’a-t-il pas pardonné à David ?

632.34

– Mais qui es-tu ? Qui es-tu pour me parler avec tant de douceur et de sagesse, si tu n’es pas un apôtre ? Un ange, peut-être ? L’ange gardien de mon enfant ? Il a peut-être expiré et tu es venu me préparer… »

Jésus laisse tomber le manteau qui lui couvrait la tête et le visage et, passant de l’humble aspect d’un pèlerin ordinaire à sa majesté de Dieu-Homme, revenu de la mort, il dit avec une douce solennité :

« C’est moi. Je suis le Messie qu’on a crucifié en vain. Je suis la Résurrection et la Vie. Va, femme. Ton fils vit, car j’ai récompensé ta foi. Ton fils est guéri. Car si le Rabbi de Nazareth a achevé sa mission, l’Emmanuel continue la sienne jusqu’à la fin des siècles pour tous ceux qui ont foi, espérance et charité dans le Dieu un et trine, dont le Verbe incarné est une Personne qui, en raison du divin amour, a quitté le Ciel pour venir enseigner, souffrir et mourir pour donner la Vie aux hommes. Va en paix, femme. Et sois forte dans la foi, car le temps est venu où, dans une même famille, l’époux s’opposera à son épouse, le père à ses enfants et ces derniers à celui-là, par haine ou par amour pour moi. Mais bienheureux ceux que la persécution n’arrachera pas à ma Voie. »

Il la bénit et disparaît.

XVII. A des bergers sur le grand Hermon.

632.35

Un groupe de bergers séjournent avec leurs troupeaux sur les pentes de magnifiques pâturages. Ils discutent des événements de Jérusalem. Ils se disent avec peine : “ Nous n’aurons plus sur la terre l’ami des bergers ” et ils rappellent leurs nombreuses rencontres avec lui, ici ou là…

« Rencontres, soupire un vieux berger, que nous ne ferons jamais plus. »

Jésus apparaît comme s’il arrivait de derrière un bosquet enchevêtré où les grands troncs sont entourés de buissons bas qui cachent la vue du sentier. Ils ne le reconnaissent pas en cet homme solitaire et murmurent, en le voyant ainsi enveloppé dans un vêtement blanc :

« Qui cela peut-il être ? Un essénien ? Ici ? Un riche pharisien ? »

Ils sont perplexes.

Jésus leur demande :

« Pourquoi dites-vous que vous ne rencontrerez plus le Seigneur ? Car celui dont vous parlez, c’est le Seigneur.

– Nous le savons. Mais ignores-tu ce qu’on lui a fait ? Certains racontent qu’il est ressuscité, d’autres non. Mais même s’il est ressuscité, comme nous préférons le croire, maintenant il est parti. Comment peut-il désormais aimer et rester au milieu d’un peuple qui l’a crucifié ? Et nous qui l’aimions, même si nous ne l’avions pas tous connu, nous sommes tristes de l’avoir perdu.

– Il y a une manière de l’avoir encore auprès de vous. Il enseignait ce moyen.

– Oui, en agissant selon son enseignement. Alors on obtient le Royaume des Cieux et l’on est avec lui. Mais auparavant, il faut vivre et mourir. Or il n’est plus parmi nous pour nous réconforter. »

Ils hochent la tête.

« Mes petits-enfants, ceux qui mettent son enseignement en pratique et gardent sa doctrine dans leur cœur, c’est comme s’ils avaient Jésus dans le cœur. En effet Parole et Doctrine sont une seule et même science. Il n’était pas un Maître à enseigner des choses qui ne lui ressemblent pas. Par conséquent, Jésus vit en chaque homme fidèle à sa parole. Celui-ci n’en est donc pas séparé.

– Tu parles bien, mais nous sommes de pauvres hommes et… nous voudrions aussi le voir de nos yeux pour bien ressentir la joie… Moi, je ne l’ai jamais vu, et mon fils non plus, ni Jacob — celui-ci —, ni Melchias — celui-là —, pas plus que Jacques — cet autre —, ou Saül. Tu vois combien, parmi nous, ne l’ont pas vu ? Nous étions sans cesse à sa recherche, et quand nous arrivions, il était parti !

– Vous n’étiez pas à Jérusalem ce jour-là ?

– Oh si ! Mais quand nous avons appris ce qu’on voulait lui faire, nous nous sommes enfuis comme des fous sur les montagnes, pour revenir en ville après le sabbat. Nous ne sommes pas coupables de son sang, car nous n’étions pas dans la ville. Mais nous avons mal agi en étant lâches. Nous l’aurions vu, au moins, et salué. Il nous aurait sûrement bénis pour notre salut… Mais, vraiment, nous n’avons pas eu le courage de le voir endurer de tels tourments !

– C’est lui qui vous bénit maintenant. Regardez celui dont vous désirez connaître le visage. »

Il se manifeste, splendidement divin sur la verdure du pré. Devant leur stupeur qui les jette à terre, mais qui aussi cloue leurs pupilles sur le visage divin, il disparaît dans une lumière éblouissante.

XVIII. A Sidon, dans la maison de l’enfant aveugle-né.

632.36

L’enfant joue tout seul sous une tonnelle touffue. Il s’entend appeler, et se trouve face à Jésus. Bien peu craintif, il lui demande :

« Tu es le Rabbi qui m’a donné mes yeux[14] ? »

De ses yeux limpides d’enfant, d’un bleu pareil à ceux de Jésus, son regard plonge dans les yeux divins étincelants.

« C’est bien moi, mon enfant. Tu n’as pas peur de moi ? »

Il lui caresse la tête.

« Peur, non. Mais maman et moi, nous avons beaucoup pleuré quand mon père est revenu plus tôt que prévu, et nous a raconté qu’il s’était enfui parce qu’on avait attrapé le rabbi pour le tuer. Il n’a pas fait la Pâque et doit partir de nouveau pour la faire. Mais tu n’es pas mort, alors ?

– Je suis mort. Regarde mes blessures. Mort sur la croix. Mais je suis ressuscité. Tu diras à ton père de demeurer quelque temps à Jérusalem après la seconde Pâque, et de rester aux alentours de l’Oliveraie, à Bethphagé. Il trouvera là quelqu’un qui lui indiquera ce qu’il doit faire.

– Mon père pensait te chercher. A la fête des Tentes, il n’a pas pu te parler. Il voulait te dire qu’il t’aimait en raison des yeux que tu m’as donnés. Mais il n’a pas pu le faire, ni alors, ni maintenant…

– Il le fera en ayant foi en moi. Adieu, mon enfant. Paix à toi et à ta famille. »

XIX. Chez les paysans de Yokhanan.

632.37

Les champs de Yokhanan s’étendent sous le baiser de la lune. Silence absolu. Cette nuit étouffante oblige les paysans à garder ouverte au moins une porte de leur pauvre demeure pour ne pas mourir de chaleur dans les pièces basses où sont entassés trop de corps pour ce qu’elles peuvent contenir.

Jésus entre dans une pièce. Il semble que c’est la lune elle-même qui allonge son rayonnement pour lui étendre un tapis royal sur le sol de terre battue. Il se penche sur un dormeur, qui se tient à plat ventre dans un sommeil lourd de fatigue. Il l’appelle. Il passe à un autre, et à un suivant. Il les appelle tous, ses fidèles et pauvres amis. Il a la légèreté et la rapidité d’un ange qui vole. Il entre dans d’autres masures… Puis il va les attendre dehors, près d’un bouquet d’arbres.

Les paysans, encore à moitié endormis, sortent de leurs taudis. Deux, trois, un seul, cinq ensemble, quelques femmes. Ils sont stupéfaits d’avoir tous été appelés par une voix connue qui a dit à chacun les mêmes mots :

« Venez à la pommeraie. »

Ils s’y rendent, les hommes en finissant d’enfiler leurs pauvres vêtements, et les femmes d’arranger leurs tresses, et ils parlent doucement.

« Il m’a semblé que c’était la voix de Jésus de Nazareth.

– Peut-être son âme. Ils l’ont tué. L’avez-vous entendu dire ?

– Moi, je ne peux pas le croire. Il était Dieu.

– Pourtant Joël l’a vu sous la croix…

– On m’a raconté hier, pendant que j’attendais que le régisseur traite ses affaires, que ses disciples sont passés par Jezraël et qu’ils ont annoncé qu’il était vraiment ressuscité.

– Tais-toi ! Tu sais ce qu’a dit le maître : la flagellation attend celui qui tient ce genre de propos.

– La mort, peut-être. Mais ne serait-ce pas mieux plutôt que de souffrir ainsi ?

– Et il n’est plus là, désormais !

– Ils sont encore plus mauvais, maintenant qu’ils ont réussi à le tuer.

– Ils sont méchants parce qu’il est ressuscité. »

Ils parlent tout bas en se dirigeant vers le lieu qui leur a été indiqué.

632.38

« Le Seigneur ! s’exclame une femme en tombant la première à genoux.

– Son fantôme ! » s’écrient d’autres.

Certains prennent peur.

« C’est moi. Ne craignez rien. Ne criez pas. Avancez. C’est vraiment moi. Je suis venu confirmer votre foi, que je sais attaquée par d’autres. Vous voyez ? Mon corps fait de l’ombre parce que c’est un vrai corps. Vous ne rêvez pas, non. C’est bien ma vraie voix. Je suis ce même Jésus qui rompait le pain avec vous et vous montrait son amour. Maintenant aussi, je vous donne mon amour. Je vous enverrai mes disciples. Et ce sera encore moi, car ils vous donneront ce que je vous donnais et ce que je leur ai donné pour pouvoir me communiquer à ceux qui croient en moi.

Portez votre croix comme j’ai porté la mienne. Soyez patients. Pardonnez. Ils vous raconteront comment je suis mort. Imitez-moi. Le chemin de la douleur est le chemin du Ciel. Suivez-le avec paix et vous obtiendrez mon Royaume. Il n’y a pas d’autre voie que celle de la résignation à la volonté de Dieu, de la générosité, de la charité envers tous. S’il en avait existé une autre, je vous l’aurais indiquée. Moi, je suis passé par elle, car c’est la voie juste. Soyez fidèles à la Loi du Sinaï dont les dix commandements sont immuables, et à ma Doctrine. Il en viendra qui vous instruiront pour que vous ne soyez pas abandonnés aux menées des mauvais. Je vous bénis. Rappelez-vous toujours que je vous ai aimés et que je suis venu parmi vous avant et après ma glorification. En vérité, je vous dis que beaucoup auraient désiré me voir maintenant, et ne me verront pas. Beaucoup de grands. Je me montre à ceux que j’aime et qui m’aiment. »

Un homme ose dire :

« Alors… le Royaume des Cieux existe vraiment ? Tu étais vraiment le Messie ? Eux nous influencent…

– N’écoutez pas leurs paroles. Rappelez-vous les miennes, et faites bon accueil à celles de mes disciples, que vous connaissez. Ce sont des paroles de vérité. Et ceux qui les accueillent et les mettent en pratique, même s’ils sont serviteurs ou esclaves, seront habitants et cohéritiers de mon Royaume. »

Il les bénit en ouvrant les bras et disparaît.

632.39

« Oh ! Je n’ai plus peur de rien, moi !

– Moi non plus. Tu as entendu ? Même pour nous, il y a une place !

– Il nous faut être bons !

– Pardonner !

– Patienter !

– Savoir résister.

– Chercher les disciples.

– Il est venu chez nous, pauvres serviteurs…

– Nous le dirons à ses apôtres.

– Si Yokhanan le savait !

– Et Doras !

– Ils nous tueraient pour nous empêcher de parler !

– Mais nous nous tairons. Nous n’en parlerons qu’aux serviteurs du Seigneur.

– Michée, ne dois-tu pas te rendre avec cette charge à Séphoris ? Pourquoi n’irais-tu pas à Nazareth en parler…

– A qui ?

– A la Mère de Jésus. Aux apôtres. Ils seront peut-être avec elle… »

Ils s’éloignent en parlant de leurs projets.

XX. Sur les terres de Daniel, parent d’Elchias, avec Simon, le membre du Sanhédrin.

632.40

Elchias, le pharisien, est en train de discuter avec ses pareils pour savoir ce qu’il faut faire de Simon, le membre du Sanhédrin qui, devenu fou le vendredi saint, parle et dit trop de choses. Les avis divergent. Certains suggèrent de l’isoler dans quelque endroit désert où ses cris ne pourraient être entendus que par un serviteur très fidèle et partageant leurs idées ; d’autres, plus bienveillants et plus confiants, pensent qu’il s’agit d’un malaise passager et qu’il suffirait de le laisser là où il est.

Elchias répond :

« Ne sachant où le conduire, je l’ai amené ici. Mais vous savez que je doute beaucoup de mon parent Daniel… »

D’autres, plus mauvais encore qu’Elchias, s’exclament :

« Il veut fuir, aller en mer. Pourquoi ne pas le satisfaire ?

– Parce qu’il n’est pas capable de faire des actes ordonnés. Seul en mer, il périrait et aucun de nous n’est capable de mener une barque.

– Et même si c’était le cas ! Qu’arriverait-il au lieu du débarquement, avec ce qu’il dit ? Laissez-le choisir sa route… En présence de tous, et même de ton parent, fais en sorte qu’il lui indique sa volonté, et qu’il soit fait selon son désir. »

Cette proposition est approuvée. Elchias hèle un serviteur, et lui ordonne de faire venir Simon et d’appeler Daniel. Ils arrivent l’un et l’autre et, si Daniel a l’air d’un homme qui se sent mal à l’aise auprès de certaines gens, l’autre a vraiment l’air d’un fou.

« Ecoute-nous, Simon. Tu dis que nous te gardons prisonnier parce que nous voulons te tuer…

– Vous le devez, car tel est le commandement.

– Tu délires, Simon. Tais-toi et écoute. Où te semble-t-il que tu guérirais ?

– En mer. En mer. Au milieu de la mer. Là où il n’y a ni voix ni tombeau. Car les tombeaux s’ouvrent, et les morts en sortent. Ma mère dit…

– Tais-toi ! Ecoute : nous t’aimons comme notre chair. Veux-tu vraiment y aller ?

– Bien sûr que je le veux. Car ici les tombeaux s’ouvrent. Ma mère…

– Tu iras… Nous allons te conduire au bord de la mer, nous te donnerons une barque et tu…

– Mais c’est un homicide ! Il est fou ! Il ne peut s’y rendre seul ! s’écrie l’honnête Daniel.

– Dieu ne fait pas violence à la volonté de l’homme. Pourrions-nous faire ce que Dieu ne fait pas ?

– Mais il est fou ! Il n’a plus de volonté propre. Il est plus simplet qu’un nouveau-né ! Vous ne pouvez pas !…

– Tais-toi. Tu es un paysan, rien de plus. C’est nous qui savons… Demain, nous partirons pour la mer. Sois content, Simon. Pour la mer, comprends-tu ?

– Ah ! je n’entendrai plus les voix de la terre ! Plus les voix…Ah ! »

632.41

Un long cri, un spasme d’agitation, ses yeux et ses oreilles se ferment. Et un autre cri, celui de Daniel qui s’enfuit, terrorisé.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’arrive-t-il ? Arrêtez ce fou et cet imbécile ! Serions-nous tous en train de perdre la tête ? » s’exclame Elchias.

Mais après avoir couru quelques mètres, celui qu’Elchias appelle l’imbécile, c’est-à-dire son parent Daniel, se prosterne sur le sol, pendant que l’autre écume en une convulsion effrayante, et hurle :

« Faites-le taire ! Il n’est pas mort et il crie, il crie, il crie ! Plus que ma mère, plus que mon père, plus qu’il ne le faisait sur le Golgotha ! Là, là, vous ne le voyez pas ? »

Il indique l’endroit où se trouve Daniel, paisible, souriant, la tête levée.

Furieux, Elchias le rejoint et le secoue rudement sans s’occuper de Simon, qui se roule par terre en écumant et pousse des cris de bête au milieu du cercle terrifié des autres.

Elchias apostrophe Daniel :

« Visionnaire fainéant, veux-tu me dire ce que tu fais ?

– Laisse-moi. Maintenant, je te connais. Et je m’éloigne de toi. J’ai vu celui que vous voulez me faire croire mort. Il s’est montré bienveillant pour moi, terrible pour vous. Je pars. Plus que l’argent et n’importe quelle richesse, je protège mon âme. Adieu, maudit ! Et, si tu peux, fais en sorte de mériter le pardon de Dieu.

– Mais où vas-tu ? Moi, je ne veux pas !

– As-tu le droit de me garder prisonnier ? Qui te l’a donné ? Je t’abandonne ce que tu aimes et je m’apprête à suivre ce que j’aime. Adieu. »

Il lui tourne le dos et s’éloigne d’un bon pas, comme tiré par une force surhumaine, avant de descendre la pente verte des oliviers et des vergers.

Elchias est livide et pas lui seul. La colère les étrangle tous. Elchias menace de se venger sur son parent, sur tous ceux qui “ avec leurs frénésies ” prétendent que le Galiléen est vivant. Il veut parler, il veut agir…

Quelqu’un, je ne sais qui, intervient :

« Nous agirons, nous agirons, mais nous ne pourrons pas fermer toutes les bouches et tous les yeux de ceux qui parlent parce qu’ils voient. Nous sommes vaincus ! Notre crime nous accable. Maintenant arrive l’expiation… »

Pris d’une angoisse qui le rend semblable à un condamné qui gravit les marches d’un échafaud, il se frappe la poitrine.

« C’est la vengeance de Yahveh » ajoute-t-il.

La terreur millénaire d’Israël lui déforme la voix.

Pendant ce temps, blessé, écumant, effrayant, Simon fait entendre des cris de damné :

« Parricide[15], m’a-t-il dit ! Faites-le taire ! Parricide ! C’est ce que disait ma mère ! Les morts emploient-ils donc tous les mêmes mots ? »

XXI. A une femme de Galilée, qui obtient la résurrection de son mari.

632.42

La nouvelle lune, près de se coucher, est sur le point de faire disparaître son croissant encore mince derrière la bosse d’une montagne. Sa clarté est donc très relative, et elle ne dominera bientôt plus la vaste campagne.

Un voyageur marche cependant sur le chemin solitaire, un petit chemin, un sentier au milieu des champs plus qu’autre chose. Il tient, suspendue par un anneau, l’une de ces lanternes rudimentaires vieilles comme le monde qui servent généralement aux charretiers pour s’éclairer la nuit. Comme le verre n’est pas courant — je le crois même tout à fait inconnu, car il ne m’est jamais arrivé d’en voir dans aucune maison, que ce soit comme verre à boire, vase, ou protection aux fenêtres —, la flamme de cette lanterne est abritée par quelque chose qui peut être aussi bien du mica que du parchemin. Sa lueur est si faible qu’elle peut tout juste servir à créer un halo. Mais comme la lune se cache entièrement, la lumière de ce pauvre fanal paraît plus vigoureuse et apporte une clarté vacillante dans l’obscurité de la campagne.

Le voyageur marche sans s’arrêter…

L’aube commence à poindre à l’extrémité de l’horizon, mais si faiblement, pour l’instant, qu’elle n’éclaire rien, et le lumignon est encore nécessaire.

Près d’un petit pont attend ou se repose une autre personne bien emmitouflée dans son manteau. Hésitant, le voyageur au fanal, qui se dirige vers ce pont, fait halte. Il se demande s’il doit passer par là ou revenir en arrière, à l’endroit où le lit d’un petit torrent est garni de larges pierres qui peuvent servir à passer à pied sec.

La personne assise sur la rive rustique faite d’un tronc d’arbre qui a encore son écorce blanc-vert, lève la tête pour observer celui qui s’est arrêté. Elle se met debout et dit :

« N’aie pas peur de moi. Approche. Je suis un bon compagnon, pas un voleur. »

C’est Jésus. Je le reconnais à sa voix plus qu’à son aspect, encore voilé par le crépuscule profond que la lumière n’arrive pas à rompre jusqu’à l’endroit où se tient Jésus. Mais le voyageur hésite.

« Viens, femme. Ne crains rien. Nous allons faire un bout de chemin ensemble, et ce sera bon pour toi. »

La femme — je sais maintenant que c’est une femme — avance, vaincue par la douceur de la voix ou par une force secrète, mais elle hoche la tête en murmurant :

« Rien ne sera jamais plus bon pour moi. »

632.43

Ils marchent maintenant côte à côte sur le chemin, assez large pour permettre le passage de deux piétons. L’aube qui progresse découvre, d’un côté, une rigide forêt miniature de blés mûrs qui attendent d’être fauchés. De l’autre côté, ils sont déjà coupés et gisent en gerbes sur le champ dépouillé de sa gloire de moissons mûres.

« Maudites ! » lance à voix basse la femme en jetant un regard sur les gerbes étendues par terre.

Jésus se tait.

Le jour avance. La femme éteint sa pauvre lanterne et, ce faisant, découvre son visage dévasté par les larmes. Elle lève la tête pour regarder vers l’orient, où une ligne jaune-rose annonce le lever du soleil. Elle tend le poing dans cette direction, et reprend :

« Maudit sois-tu !

– Le jour ? C’est Dieu qui l’a fait, comme il a fait les blés. Ce sont des bienfaits de Dieu. Il ne faut pas les maudire… dit doucement Jésus.

– Mais moi je les maudis. Je maudis le soleil et les moissons. Et j’ai raison de le faire.

– N’ont-ils pas été bons pour toi pendant tant d’années ? Le premier n’a-t-il pas fait mûrir pour toi le pain quotidien, le raisin qui se change en vin, les légumes et les fruits du jardin, et n’a-t-il pas fait pousser l’herbe dans les pâturages pour nourrir les brebis et les agneaux dont le lait et la viande t’ont nourrie et avec la toison desquels tu as tissé tes vêtements ? Et le blé ne t’a-t-il pas donné le pain, à toi, mais également à tes enfants, à ton père et à ta mère, à ton époux ? »

Elle éclate en sanglots et pousse un cri :

« Je n’ai plus d’époux ! Ils l’ont tué ! Il était allé travailler, car nous avons sept enfants et le peu que nous possédions ne suffisait pas à nourrir dix personnes. Hier soir, il est arrivé en disant : “ Je suis fatigué, je ne me sens pas bien ”, et il s’est jeté sur le lit, brûlant de fièvre. Sa mère et moi l’avons secouru comme nous le pouvions. Nous avions l’intention d’appeler aujourd’hui le médecin de la ville… Mais il est mort après le chant du coq. Le soleil l’a tué. Je vais en ville chercher ce qu’il faut. A mon retour, je penserai à prévenir ses frères. J’ai laissé sa mère pour veiller son fils et mes enfants… et je suis partie pour faire ce qu’il convient… Et je ne devrais pas maudire le soleil brûlant et les blés ? »

Si elle était maîtresse d’elle-même au début, à tel point que je ne me doutais pas que c’était une femme et surtout une femme affligée, elle a maintenant laissé sa douleur rompre ses digues et déborder avec force. Elle confie tout ce qu’elle n’a pas dit chez elle “ pour ne pas réveiller ses enfants qui dorment dans la pièce voisine ”, tout ce qui lui pesait tellement sur le cœur que cela lui donnait l’impression qu’il allait éclater. Souvenirs d’amour, peur de l’avenir, douleur de veuve passent confusément comme des débris arrachés à la rive, sur l’eau gonflée d’un fleuve en crue…

632.44

Jésus la laisse parler. Car Jésus sait compatir à la douleur, il la laisse s’épancher, pour que la personne soit soulagée et que la fatigue qui succède au débordement de la douleur la rende capable d’écouter celui qui la console. Alors, il lui dit d’une voix douce :

« A Naïm, à Nazareth, et dans les villages situés entre les deux, il y a des disciples du Rabbi de Nazareth. Va les trouver…

– Et que veux-tu qu’ils fassent ? Si le Rabbi était encore là !… Mais eux ? Ce ne sont pas des saints ! Mon mari était à Jérusalem ce fameux jour… Et il sait… Oh non ! Il savait ! Il ne sait plus rien ! Il est mort !

– Que faisait ton mari ce jour-là ?

– Quand la clameur de la rue l’a réveillé, il a couru sur la terrasse de la maison où il se trouvait avec ses frères, et il a vu passer le Rabbi que l’on conduisait au Prétoire. Avec les autres Galiléens, il l’a suivi jusqu’à ce qu’il soit mort. On leur a jeté des pierres, à lui et aux autres, quand on a découvert qu’il était galiléen, là-haut sur la colline, et on les a repoussés plus bas. Mais ils sont restés là jusqu’à ce que tout soit accompli. Puis… ils s’éloignèrent… Et maintenant mon mari est mort. Ah ! Si au moins je savais que, grâce à sa pitié pour le Rabbi, il est en paix ! »

Jésus ne répond pas à ce désir, mais il dit :

« Dans ce cas, il aura vu qu’il y avait des disciples sur le Golgotha. Peut-être que tous les Galiléens se sont conduits comme ton mari ?

– Oh non ! Beaucoup, même de Nazareth, l’ont injurié. On le sait. Quelle honte !

– Alors, si beaucoup, même à Nazareth, n’ont pas éprouvé d’amour pour leur Jésus, si pourtant il leur a pardonné — et beaucoup se sanctifieront à l’avenir —, pourquoi veux-tu juger de la même manière les disciples du Christ ? Veux-tu être plus sévère que Dieu ? Dieu accorde beaucoup à ceux qui pardonnent…

– Il n’est plus là, le bon Rabbi ! Il n’est plus là ! Et mon mari est mort lui aussi…

– Le Rabbi a donné à ses disciples le pouvoir de faire ce que lui faisait.

– Je veux le croire. Mais lui seul était capable de vaincre la mort. Lui seul !

– Ne lit-on pas qu’Elie rendit l’esprit au fils de la veuve de Sarepta ? En vérité, je te dis qu’Elie était un grand prophète, mais que les serviteurs du Sauveur, qui est mort et ressuscité parce qu’il était le Fils du vrai Dieu incarné pour racheter les hommes, ont un pouvoir encore plus grand. La raison en est que, sur la croix, Jésus leur a pardonné leurs péchés à eux d’abord : il connaissait, par sa divine sagesse, la véritable douleur de leurs esprits contrits. Il les a sanctifiés après sa résurrection par un nouveau pardon et leur a infusé l’Esprit Saint pour qu’ils puissent me représenter dignement à la fois par la parole et par les actes, afin que le monde ne reste pas dans la désolation après mon départ. »

632.45

La femme recule vivement, stupéfaite. Elle rejette son voile en arrière pour bien voir son compagnon. Mais elle ne le reconnaît pas et croit avoir mal compris. Pourtant, elle n’ose plus parler…

« As-tu peur de moi ? Tu m’as d’abord pris pour un voleur prêt à te dépouiller de l’argent que tu caches dans ton sein, et qui est destiné à acheter le nécessaire pour la sépulture. Et tu as eu peur. Maintenant, redoutes-tu de savoir que je suis Jésus ? Et Jésus n’est-il pas celui qui donne et ne prend pas ? Celui qui sauve et ne détruit pas ? Reviens sur tes pas, femme. Je suis la Résurrection et la Vie. Linceul et aromates ne seront pas nécessaires pour celui qui n’est pas mort, qui n’est plus mort, car je suis celui qui vainc la mort et récompense celui qui a foi. Va ! Rentre chez toi ! Ton mari est vivant. Aucune foi en moi ne reste sans récompense. »

Il fait le geste de la bénir et de s’en aller.

La femme sort de sa stupéfaction. Elle ne demande rien, elle ne doute pas… Non. Elle tombe à genoux pour adorer. Puis, finalement, elle ouvre la bouche et, fouillant dans son sein, elle en tire une bourse, petite, une pauvre bourse de pauvres gens auxquels la misère interdit des honneurs solennels pour leurs morts, et elle dit :

« Je n’ai rien d’autre pour te montrer ma reconnaissance, pour t’honorer, pour…

– Je n’ai pas besoin d’argent, femme. Tu le porteras à mes apôtres.

– Oh oui ! J’irai avec mon mari… Mais que te donner alors, mon Seigneur ? Quoi ? Toi, qui m’es apparu… ce miracle… et moi, qui ne t’ai pas reconnu… qui étais si si fâchée… qui me suis montrée si injuste, jusqu’avec les merveilles qui m’entourent…

– Oui. Et tu ne pensais pas qu’elles sont parce que, moi, je suis, et que tout est bon de ce que Dieu a fait. Si le soleil n’avait pas existé, s’il n’y avait pas eu les blés, tu n’aurais pas eu cette grâce que tu viens d’obtenir.

– Mais quelle douleur, pourtant !… »

La femme pleure en y pensant.

Jésus sourit et lui montre ses mains :

« Voici une minime partie de ma souffrance. Et je l’ai consumée tout entière sans me plaindre, pour votre bien. »

La femme s’incline jusqu’au sol pour reconnaître :

« C’est vrai. Pardonne ma plainte. »

632.46

Jésus disparaît dans sa lumière habituelle et, quand elle se redresse, elle se découvre seule. Elle se lève, regarde autour d’elle. Rien ne peut gêner sa vue, car c’est maintenant plein jour, et il n’y a que des champs de moissons tout autour. La femme se dit à elle-même :

« Pourtant, je n’ai pas rêvé ! »

Le démon, peut-être, la tente pour la faire douter, et elle a un instant d’incertitude tandis qu’elle soupèse la bourse dans ses mains.

Mais sa foi a le dessus. Elle tourne le dos à la direction vers laquelle elle faisait route, pour revenir sur ses pas, rapide comme si le vent la portait, sans qu’elle se fatigue, le visage éclairé d’un bonheur plus grand que toute joie humaine, tant il est paisible. Elle répète à chaque instant :

« Comme le Seigneur est bon ! Il est vraiment Dieu ! Il est Dieu. Que soit béni le Très-Haut et celui qu’il a envoyé. »

Elle ne sait pas dire autre chose. Et sa litanie se mêle maintenant au chant des oiseaux.

La femme est tellement absorbée qu’elle n’entend pas les salutations de certains moissonneurs qui la voient passer et lui demandent d’où elle vient à cette heure…

L’un d’eux la rejoint et lui demande :

« Marc va-t-il mieux ? Tu es allée chercher le médecin ?

– Marc est mort au chant du coq, puis il est ressuscité, car le Messie du Seigneur a fait cela, répond-elle sans ralentir.

– La douleur l’aura rendue folle ! » murmure l’homme,

En hochant la tête, il rejoint ses compagnons qui ont commencé à faucher le blé.

Les champs se peuplent progressivement. Mais la curiosité triomphe chez beaucoup, et ils se décident à suivre la femme, qui ne cesse de hâter le pas.

632.47

Elle court, elle vole. Voici une très pauvre maison, basse, solitaire, perdue dans la campagne. Elle s’y dirige en serrant ses mains sur son cœur.

A peine y a-t-elle posé le pied qu’une vieille femme se jette dans ses bras en criant :

« Ma fille, quelle grâce du Seigneur ! Prends courage, ma fille, car ce que je dois te dire est chose si grande, si heureuse, que…

– Je le sais, mère. Marc n’est plus mort. Où est-il ?

– Tu le sais… mais comment ?

– J’ai rencontré le Seigneur. Je ne l’ai pas reconnu, mais lui m’a parlé et quand cela lui a plu, il m’a annoncé : “ Ton mari vit. ” Mais ici… quand ?

– J’avais ouvert la fenêtre, et je regardais le premier rayon de soleil qui tombait sur le figuier. Oui, c’est vraiment ainsi. Le premier rayon a touché alors le figuier contre la pièce… quand j’ai entendu un profond soupir, comme quelqu’un qui se réveille. Tout effrayée, je me suis retournée et j’ai vu Marc s’asseoir, repousser le drap que je lui avais posé sur le visage, et regarder vers le haut avec un visage… un visage… Puis il a tourné les yeux vers moi, et s’est exclamé : “ Mère, je suis guéri ! ” Moi… Il s’en est fallu de peu que je meure à mon tour ! Il m’a secourue et a compris qu’il avait été mort. Il ne se rappelle rien. Il assure qu’il se souvient du moment où on l’a mis au lit, mais ensuite de plus rien jusqu’à ce qu’il voie un ange, une espèce d’ange qui avait le visage du Rabbi de Nazareth et qui lui a dit : “ Lève-toi ! ” Et il s’est levé. Exactement à l’heure où le soleil surgissait tout entier.

– C’est l’heure à laquelle Jésus m’a annoncé : “ Ton mari vit. ” Oh ! mère, quelle grâce ! Comme Dieu nous a aimés ! »

632.48

Les arrivants les trouvent embrassées et en larmes. Ils croient que Marc est mort et que sa femme, dans un instant de lucidité, a compris son malheur. Mais Marc, qui entend les voix, apparaît, serein, avec un enfant dans les bras et les autres attachés à sa tunique, et il dit à haute voix :

« Me voici. Bénissons le Seigneur ! »

On l’assaille de questions et, comme toujours dans les réalités humaines, la contradiction s’élève. Les uns croient à une véritable résurrection, les autres — les plus nombreux — qu’il était tombé en catalepsie, mais qu’il n’était pas réellement mort. Certains admettent que le Christ est apparu à Rachel, d’autres prétendent que ce sont là des fables car “ Jésus est mort ”, et d’autres encore :

« Il est ressuscité, mais il est tellement indigné, il doit l’être, qu’il ne fait plus de miracles pour son peuple assassin.

– Dites ce que bon vous semble, lance l’homme, qui perd patience, et dites-le où vous voulez. Il suffit que ce ne soit pas ici, dans cette maison où le Seigneur m’a ressuscité. Et allez-vous-en, malheureux ! Veuille le Ciel vous ouvrir l’intelligence pour que vous croyiez. Mais pour l’instant, partez et laissez-nous en paix ! »

Il les pousse dehors et ferme la porte.

632.49

Il serre sur son cœur sa femme et sa mère avant de reprendre :

« Nazareth n’est pas loin. Je vais y proclamer le miracle.

– C’est ce que veut le Seigneur, Marc. Nous porterons cet argent à ses disciples. Allons bénir le Seigneur. Comme nous sommes. Nous sommes pauvres, mais lui aussi l’était, et ses apôtres ne nous mépriseront pas. »

Elle entreprend de lacer les sandalettes des enfants pendant que sa belle-mère jette quelques provisions dans un sac et ferme portes et fenêtres. Marc va faire je ne sais quoi.

Ils sortent dès qu’ils sont prêts et marchent rapidement, les plus petits portés dans les bras, les autres joyeux et un peu stupéfaits autour de leurs parents. Ils prennent la direction de l’est de Nazareth, on le devine aisément. Cet endroit se trouve peut-être encore dans la plaine d’Esdrelon, mais dans une région différente de celles des domaines de Yokhanan.

632.1

Elisa, a mãe de Anália, está chorando desconsoladamente em sua casa, fechada num quartinho onde há uma cama sem coberta nenhuma, que talvez tenha sido de Anália. Está com a cabeça abandonada nos braços, que por sua vez estão abandonados, estendidos sobre a cama como se quisesse abarcá-la toda. O corpo está apoiado sobre os joelhos numa posição de quem está prostrado. De vigoroso nela, há somente o pranto.

Pouca é a luz que entra pela janela aberta. O dia surgiu de novo há pouco tempo, mas uma luz viva se fez quando Jesus entrou.

Eu digo: “Quando Jesus entrou,” para dizer que Ele está no quarto, e que não estava antes. E direi sempre assim para expressar o seu aparecimento em um lugar fechado, sem ficar repetindo que Ele aparece por trás de uma grande luminosidade que me faz lembrar daquela luz da Transfiguração, por detrás de um fogo brando — se me é permitida a comparação — que parece liquefazer as paredes e portas para permitir que Jesus entre com o seu verdadeiro Corpo, respirando, com seu Corpo sólido, mas agora glorificado; um fogo, uma luminosidade que se concentra sobre ele e que o esconde quando Ele vai embora. Mas depois Ele retoma o seu belíssimo aspecto de Ressuscitado, como Homem, verdadeiro homem, mas com uma beleza cem vezes maior do que aquela que Ele já tinha, antes da Paixão. É Ele, mas é Ele glorioso, Rei.

632.2

– Por que choras, Elisa?

Não sei como foi que a mulher não reconheceu aquela Voz inconfundível. Talvez porque a dor a entorpeceu. Ela responde como se estivesse falando a um parente que talvez a tenha encontrado depois da morte de Anália.

– Ouviste ontem de tarde aqueles homens? Ele não era nada. Era um poder mágico, mas não divino. E eu me resignava com a morte da minha filha, pensando que ela fosse amada por um Deus, em paz… Ela me havia dito!

E chora ainda mais fortemente.

– Mas muitas pessoas já o viram ressuscitado. Somente Deus é que pode, por Si mesmo, ressuscitar-se.

– Eu também disse isso aos que estavam reunidos ontem. E tu o ouviste. Eu combati as palavras deles. Porque as palavras deles eram a morte da minha esperança. Mas eles — tu não ouviste? — eles disseram: “Foi tudo uma comédia dos seguidores dele, para não confessarem que eram uns doidos. Ele está morto e bem morto, já está podre, e eles o roubaram e destruíram, dizendo que Ele ressuscitou.” Assim disseram eles… E por isso é que o Altíssimo mandou o segundo terremoto, para fazê-los experimentar a sua ira por causa da mentira sacrílega deles. Oh! Eu não tenho mais conforto!

– Mas se tu visses o Senhor ressuscitado, se o visses com os teus olhos e o apalpasses com as tuas mãos, tu crerias?

– Eu não sou digna disso… Mas certamente eu creria. Para mim bastaria vê-lo. Eu não ousaria tocar em sua carne, porque, se assim fosse, seriam carnes divinas, e uma mulher não pode aproximar-se do Santo dos Santos.

632.3

– Levanta a cabeça, Elisa, e olha Quem está diante de ti!

A mulher levanta a cabeça encanecida, o rosto desfigurado pelo pranto, e olha… Ela cai ainda mais para baixo sobre os calcanhares, esfrega os olhos, abre a boca para um grito que quis sair, mas que o espanto sufocou na garganta.

– Sou Eu. O Senhor. Toca em minha Mão. Beija-a. Tu me sacrificaste tua filha. Tu o mereces. Mereces achar de novo, sobre esta Mão, um beijo espiritual de tua filha. Ela está no Céu. Está feliz. Dirás isso aos discípulos, ainda no dia de hoje.

A mulher está tão fascinada, que nem ousa fazer o gesto, e é o próprio Jesus que lhe aperta sobre os lábios as pontas dos seus dedos…

– Oh! Tu ressuscitaste mesmo! Que feliz que eu sou! Bendito sejas Tu que me consolaste!

Ela se inclina para beijar-lhe os pés, e o faz, ficando naquela posição. A luz sobrenatural envolve o Cristo em seu esplendor, e o quarto fica sem Ele. Mas a mãe está com o coração cheio de uma firme certeza.

II. Aparição a Maria de Simão em Keriot, com Ana, mãe de Joana e o velho Ananias.

632.4

É a casa de Ana, mãe de Joana. É a casa de campo na qual Jesus, acompanhado pela mãe de Judas, realizou o milagre[1] de curar Ana.

Também aqui há um quarto e alguém doente que jaz sobre um leito. Uma pessoa que está irreconhecível de tão desfigurada, por uma angústia mortal. O rosto está desfeito. A febre a consome, avermelhando as maçãs do rosto, que estão tão mais salientes devido às bochechas encovadas. Os olhos, perdidos em um círculo escuro, vermelhos de febre e de pranto, estão semicerrados sob as pálpebras inchadas. Lá onde não há vermelhidão de febre, há uma amarelado intenso, esverdeado, como se a bílis tivesse se espalhado pelo sangue. Os braços descarnados estão abandonados sobre as cobertas que se movimentam pelo arquejar apressado.

Ao lado da doente, que não é outra pessoa senão a mãe de Judas, está Ana, mãe de Joana. Esta vai enxugando as lágrimas e o suor, agitando um leque de palma, faz a troca das peças molhadas em um vinagre aromatizado sobre a fronte e a garganta da enferma, acariciando-lhe as mãos, os cabelos soltos, que em pouco tempo se tornaram mais brancos do que pretos, espalhados por sobre o travesseiro e colados pelo suor por cima das orelhas, que já se tornaram transparentes. E Ana também chora, dizendo-lhe palavras de conforto:

– Não fiques assim, Maria! Assim, não! Basta! Ele… ele pecou. Mas tu, tu sabes que o Senhor Jesus…

– Cala-te! Esse nome… a mim… dito a Mim… se profana… Eu sou a mãe… do Caim… de Deus! Ah!

O pranto silencioso se muda em um já extenuado e dilacerante soluço. Ela se sente sufocar e agarra-se ao pescoço da amiga, que está procurando socorrê-la na hora do vômito bilioso que lhe sai da boca.

– Paz! Paz, Maria! Assim, não! Oh! Que é que deverei dizer-te a fim de persuadir-te que Ele, o Senhor, te ama? Eu repito! Juro-te pelas coisas para mim mais santas: o meu Salvador e a minha filha. Ele me disse isto, quando tu o trouxeste a mim. Ele teve para contigo palavras e previdências de um amor infinito. Tu és inocente. Ele te ama. Eu tenho certeza de que Ele daria a Si mesmo uma vez mais a fim de trazer-te paz, ó pobre mãe mártir.

– Mãe do Caim de Deus! Estás ouvindo aquele vento lá fora? Ele está dizendo…E pelo mundo afora a voz… a voz do vento está dizendo: “Maria de Simão, mãe de Judas, aquele que traiu o Mestre e o entregou aos que o crucificaram’. Estás ouvindo? Tudo o diz… o rio, lá fora… as rolas… as ovelhas…Toda a Terra grita quem eu sou… Não. Não quero sarar. Eu quero morrer!… Deus é justo e não me ferirá na outra vida. Mas aqui, não. O mundo não me perdoa… não faz distinções… Eu enlouqueço, porque o mundo não cessa de gritar: ‘Tu és a mãe de Judas!”

E ela torna a cair exausta sobre os travesseiros. Ana a ajeita e sai, levando lá para fora os panos sujos…

Maria, com os olhos fechados, exausta depois de todo o esforço que fez, geme:

– A mãe de Judas! De Judas! De Judas!

Ela fica ofegante, e depois recomeça:

Mas quem é Judas? Quem foi que eu dei à luz? Que é Judas? O que eu…

632.5

Jesus está no quarto, iluminado por uma lamparina tremulante, porque é ainda muito fraca a luz do dia para iluminar o quarto amplo, no qual a cama fica no fundo, bem distante da única janela. Ele a chama com doçura:

– Maria! Maria de Simão!

A mulher está quase delirando e não ouve aquela voz. É como se ela estivesse ausente, arrebatada pelos redemoinhos de sua dor, e fica repetindo as ideias que tomaram conta do seu cérebro, monotonamente, como o tique-taque de um pêndulo:

– A mãe de Judas! O que foi que eu gerei? O mundo grita: “A mãe de Judas.”

Jesus tem duas lágrimas no canto de cada um de seus olhos dulcíssimos. E elas me fizeram ficar muito admirada. Eu não pensava que Jesus pudesse ainda chorar, depois de ter ressuscitado… Ele se inclina. A cama é tão baixa para Jesus, que é tão alto! Ele põe a mão sobre aquela fronte febril, afastando as peças umedecidas pelo vinagre, e diz:

– Um infeliz… É isso, e nada mais. Se o mundo grita, Deus cobre o grito do mundo, dizendo-te: “Tem a paz, porque Eu te amo!” Olha para Mim, pobre mãe! Recolhe o teu espírito desnorteado e coloca-o nas minhas mãos. Eu sou Jesus!…

Maria de Simão abre os olhos como se estivesse saindo de um íncubo e vê o Senhor, sente a mão Dele sobre sua fronte, leva as mãos trêmulas ao rosto e geme:

– Não me amaldiçoes! Se eu tivesse sabido o quê iria gerar, teria arrancado minhas vísceras para impedir que ele nascesse.

– Mas assim terias pecado. Maria! Oh! Maria. Não saias de tua justiça por causa da culpa de um outro. As mães que cumpriram sua tarefa não devem considerar-se responsáveis pelos pecados dos filhos. Tu fizeste o teu dever, Maria. Dá-me as tuas pobres mãos. E fica tranquila, pobre mãe.

– Eu sou a mãe de Judas. Sou imunda, como tudo aquilo que foi tocado por aquele demônio. Mãe de um demônio! Não toques em mim.

Ela se esforça para escapar das Mãos divinas que a querem tocar.

As duas lágrimas de Jesus caem sobre o rosto dela, que está ardendo de febre.

– Eu te purifiquei, Maria. O meu pranto de piedade está sobre ti. Sobre ninguém Eu chorei, desde quando Eu consumei a minha dor. Mas sobre ti Eu choro, com toda a minha amorosa piedade.

E tendo conseguido segurar-lhe as mãos, Jesus se assenta, sim, isso mesmo, se assenta à beira da pequena cama, conservando entre as suas aquelas duas mãos trêmulas.

A piedade amorosa dos seus fúlgidos olhos acaricia, enfaixa, trata da infeliz que vai-se acalmando, chorando em silêncio, e que murmura:

– Não tens rancor de mim?

– O que eu tenho é amor. E vim aqui para isso. Tem paz!

– Tu me perdoas. Mas e o mundo? E a tua Mãe? Ela me odiará.

– Ela pensa em ti como se pensa numa irmã. O mundo é cruel. É verdade. Mas minha Mãe é Mãe do Amor, e é boa. Tu não podes andar pelo mundo, mas Ela virá a ti quando tudo estiver em paz. O tempo traz a paz…

– Faze-me morrer, se me amas…

– Espera um pouco. O teu filho não soube dar-me nada. Mas tu, dá-me um tempo do teu sofrimento. Será breve.

– Meu filho te deu demais…Ele te deu um horror infinito.

– E Tu, a dor infinita. O horror já passou. Não serve mais. Mas a tua dor serve. Ela se une a estas minhas chagas, e as tuas lágrimas unidas ao meu Sangue lavam o mundo. As tuas lágrimas estão entre o meu Sangue e o pranto de minha Mãe, e ao redor de tudo isso estão a dor dos santos, que sofreram por Cristo e pelos homens, por amor a Mim e aos homens. Pobre Maria!

Jesus a acomoda docemente, cruza as mãos dela, e fica olhando enquanto ela se acalma…

632.6

Ana retorna e fica perplexa na soleira da porta.

Jesus, que se levantou, olha para ela, dizendo:

– Obedeceste ao meu desejo. Para as obedientes há paz. Tua alma me compreendeu. Vive na minha paz.

Torna a baixar os olhos sobre Maria de Simão, que está olhando para Ele em meio às lágrimas que fluem mais calmas, e ainda lhe sorri. E lhe diz ainda:

– Põe todas as tuas esperanças no Senhor. Ele te dará todas as suas consolações.

Ele a abençoa e faz como quem quer ir-se embora.

Maria de Simão dá um grito apaixonado:

– Dizem que meu filho te traiu com um beijo! É verdade, Senhor? Se for verdade, deixa que eu o lave, beijando-te as Mãos. Nada mais posso fazer! Não posso fazer mais nada para cancelar…

E a dor se apodera dela com mais força.

Jesus, oh! Jesus não lhe dá as mãos a beijar, aquelas mãos sobre as quais a larga manga da veste cândida recai até à metade do metacarpo, escondendo as feridas, mas lhe toma a cabeça entre as mãos e se inclina para roçar com seus lábios divinos a fronte afogueada da mais infeliz de todas as mulheres, e lhe diz, ao erguer-se: – As minhas lágrimas e o meu beijo! Ninguém recebeu tanto de Mim. Portanto, fica na confiança de que entre Mim e ti só existe amor–. Ele a abençoa e, tendo atravessado o quarto velozmente, passa por trás de Ana, que não teve coragem de ir para a frente nem de falar, mas que está chorando, emocionada.

632.7

Porém, quando estão no corredor que conduz à porta de casa, Ana ousa falar, e faz a pergunta que está em seu coração:

– E a minha Joana?

– Há quinze dias que ela já goza no Céu. Eu não o quis dizer lá, porque o contraste é grande demais entre a tua filha e o filho dela.

– É verdade! Que grande tormento. Eu creio que ela morrerá!

– Não. Ela não vai morrer logo.

– Mas agora ela terá mais paz. Pois Tu a consolaste. Tu! Que mais do que todos…

– Eu, que mais do que todos, me compadeço dela. Eu sou a divina Compaixão. Eu sou o Amor. E Eu te digo, mulher: se Judas me tivesse lançado, ainda que só um olhar de arrependimento, Eu lhe teria obtido o perdão de Deus…

Que tristeza no rosto de Jesus!

A mulher fica impressionada. As palavras e os momentos de silêncio estão em combate sobre os seus lábios, mas ela é mulher, e a curiosidade a vence. Ela pergunta:

– Mas aquilo foi uma… um… Sim, eu quero dizer: aquele infeliz pecou repentinamente ou…

– Havia meses que ele vinha pecando, e nenhuma palavra minha, nenhum ato meu valeu para freá-lo, de tão forte que era a vontade dele de pecar. Mas não contes isso a ela…

– Não contarei…! Senhor! Que hora terrível quando Ananias, tendo fugido de Jerusalém, mesmo antes de terminar a Páscoa, mesmo na noite da Parasceve, entrou aqui gritando: “O teu filho traiu o Mestre e o entregou aos seus inimigos! Ele o traiu com um beijo. E eu vi o Mestre sendo espancado e escarrado, flagelado, coroado de espinhos, carregado com a cruz, crucificado e morto, por obra do teu filho. E o nosso nome foi gritado de um modo triunfal e obsceno pelos inimigos do Mestre, e vão narrando as proezas do teu filho, o qual, por muito menos do que custa um cordeiro, vendeu o Messias e, com um beijo traiçoeiro, fez que os guardas ficassem sabendo qual era o que devia ser preso!” Maria caiu por terra, com suas feições enegrecidas de repente, e o médico diz que a bílis se espalhou depois que o fígado dela estourou, e que todo o sangue ficou contaminado. E… o mundo é mau. Ela tem razão… Eu tive que transportá-la para cá, porque todos estavam indo para perto da casa dela em Keriot, e ficavam gritando: “O teu filho é deicida e suicida!Ele se enforcou! E Belzebu já agarrou a alma dele, e Satanás já tomou para si até mesmo o corpo dele.” Será verdade um prodígio horrendo como este?

– Não, mulher. Ele foi encontrado morto, pendurado em uma oliveira…

– Ah! E eles gritavam: “Cristo ressuscitou e é Deus. Teu filho traiu Deus. Tu és a mãe do traidor de Deus. Tu és a mãe de Judas.” De noite, com Ananias e um servo fiel, o único que eu ainda pude ter comigo, porque ninguém queria ficar perto dela… eu a trouxe até aqui. Mas Maria escuta aqueles gritos no vento, no barulho do chão, em tudo.

– Pobre mãe! Isto é horrível, sim.

– Mas será que aquele demônio não pensou nisso, Senhor?

– Era esta uma das razões das quais Eu fazia uso a fim de fazê-lo pensar. Mas de nada valeram. Judas chegou a odiar Deus, não tendo nunca amado com verdadeiro amor nem o pai, nem a mãe, e nenhum outro que fosse seu próximo.

– É verdade.

– Adeus, mulher. Que a minha bênção te conforte e te ajude a suportar os escárnios do mundo pela piedade que tu tens para com Maria. Beija a minha mão. A ti Eu a posso mostrar. A ela teria feito muito mal ver isso.

Ele puxa para trás a manga a fim de mostrar o pulso traspassado.

Ana dá um gemido, enquanto roça apenas os lábios nas pontas dos dedos.

632.8

Ouve-se o barulho de uma porta que se abre e um grito sufocado:

– O Senhor!

Um homem já idoso se prostra e fica nessa posição.

– Ananias, o Senhor é bom. Ele veio para confortar a tua parenta e para confortar a nós também –diz Ana, a fim de confortar também o velhinho em sua emoção, que é grande demais.

Mas o homem não tem coragem de fazer nenhum movimento. E chora, dizendo:

– Nós somos de um sangue horripilante. Eu não posso nem olhar para o Senhor.

Jesus, então, vai até ele. E toca na cabeça dele, dizendo as mesmas palavras que disse a Maria de Simão:

– Os parentes que cumpriram o seu dever não precisam considerar-se responsáveis pelo pecado de seu parente. Cria coragem, ó homem! Deus é justo. A paz esteja contigo e com esta casa. Eu vim, e tu irás para onde Eu te mandar. Pela Páscoa suplementar, os discípulos estarão em Betânia. Tu irás a eles e lhes dirás que no duodécimo dia de Sua morte, tu viste o Senhor em Keriot, vivo e verdadeiro, em Corpo, Alma e Divindade. Eles acreditarão, porque Eu já tenho estado muito com eles. Mas o fato de saber que estou em todos os lugares, no mesmo dia os confirmarás na fé a respeito de minha natureza Divina. Mas, antes disso, irás hoje mesmo a Keriot pedindo ao Sinagogo que reúna o povo, e tu dirás, na presença de todos, que Eu vim aqui, e que eles se lembrem daquelas minhas palavras ditas na despedida[2]. Certamente eles te irão dizer: “Por que é que Ele não chegou até nós?” E tu responderás assim: “O Senhor me disse que vos falasse que se tivésseis feito o que ele vos tinha mandado fazer para com a mãe sem culpa, Ele teria se mostrado. Vós faltastes com o amor, e foi por isso que o Senhor não se mostrou…” Tu farás isso?

– É difícil isso, Senhor! Coisa difícil de fazer-se! Todos nos consideram uns leprosos de coração… O Sinagogo me ouvirá nem me deixará falar ao povo. Talvez mandará que me espanquem. Contudo, eu vou fazê-lo, porque Tu o queres.

O velhinho não levanta a cabeça. Mas fala estando inclinado e em profunda prostração.

– Olha para Mim, Ananias!

O homem, todo trêmulo, levanta o rosto cheio de veneração.

Jesus está fulgente e belo, como lá sobre o Tabor… A luz o cobre, escondendo o seu aspecto e o seu sorriso… E Ele não é mais visto no corredor, sem que nenhuma porta se tenha movido para dar-lhe passagem.

Os dois adoram, e continuam adorando, fazendo juntos uma adoração daquela manifestação divina.

III. Aparição às crianças em Juta, com a mãe Sara.

632.9

É o pomar da casa de Sara. As crianças estão brincando embaixo das árvores frondosas. O menor deles está rolando na grama, ao lado de uma fileira viçosa de videiras, enquanto os maiores correm uns atrás dos outros, gritando como andorinhas em festa, brincando de esconde-esconde por detrás das sebes e das videiras.

Jesus, ei-lo que aparece ao lado de um pequenino ao qual Ele deu o nome[3]. Oh! Que simplicidade a dos inocentes! Jesai não se espanta por vê-lo lá de repente, mas lhe estende os bracinhos para que Jesus o pegue no colo, e Jesus o pega: e os gestos dos dois acontecem com a maior naturalidade.

Os outros chegam correndo e — mais uma vez, feliz simplicidade das crianças! — sem se espantarem, aproximam-se Dele, felizes. Parece que nada mudou para eles. Talvez eles ainda não saibam. Mas depois das carícias de Jesus a cada um deles, Maria, a maiorzinha e a mais ajuizada, diz:

– Então, não estás sofrendo mais, Senhor, agora que ressuscitaste? Eu senti uma grande dor!…

– Agora Eu não sofro mais. Eu vim para abençoar-vos, antes de subir até o meu Pai, e vosso Pai, que está no Céu. Mas também de lá Eu vos abençoarei sempre, se fordes sempre bons. E vós ireis dizer àqueles que me amam que Eu deixei-vos a minha bênção hoje. Lembrai-vos deste dia.

632.10

– Não entras em casa? A mamãe está lá. Não acreditarão em nós

–diz ainda Maria.

Mas o irmão dela não pergunta. Ele grita:

– Mamãe, mamãe! O Senhor esta aqui!… –e, correndo para casa, vai repetindo aquele grito.

Sara chega correndo, e olha… ainda em tempo de ver Jesus, muito belo, lá no limite do pomar, que desaparece na luz que o absorve…

– O Senhor! Mas por que não me chamaram antes?… –diz Sara, logo que consegue falar–. Mas, quando? De onde foi que Ele veio? Estava sozinho? Que tolos que vós sois!

– Nós o encontramos aqui. Um minuto antes Ele não estava aqui… Da estrada Ele não veio, muito menos do pomar. E estava com Jesai nos braços… E nos disse que veio para abençoar-nos e dar a bênção para aqueles que o amam em Juta, e para nos lembrarmos deste dia. E agora vai para o Céu. Mas nos quer bem se formos bons. Como Ele estava bonito! Estava com as mãos feridas. Mas as feridas não doem mais. Até seus pés estavam feridos. Eu os vi no meio da grama. Aquela flor lhe estava tocando justamente na ferida de um dos pés. E eu vou colhê-la…

Falam todos ao mesmo tempo, cheios de emoção. Estão até suados pelo contentamento de dizer aquilo.

Sara os acaricia, murmurando:

– Deus é grande! Vamos, vinde! Vamos dizer isso a todos. Falai vós, que sois inocentes. Vós podeis falar de Deus.

IV. Aparição ao jovenzinho Jáia, em Pela.

632.11

O jovenzinho está trabalhando intensamente ao redor da carroça. Está carregando nela as verduras que foram colhidas numa horta ali perto. O burrinho bate as patas no chão duro daquela estrada de chão batido.

Ao virar-se para apanhar um cesto de alface, vê Jesus, que lhe está sorrindo. Deixa, então o cesto no chão, ajoelha-se, esfregando os olhos para poder enxergar melhor, e murmura:

– Senhor Altíssimo, não deixes que a ilusão me arraste! Não permitas, Senhor, que eu esteja sendo enganado por Satanás com falsas aparências sedutoras. Pois está bem morto o meu Senhor! Já foi sepultado e agora dizem que o seu cadáver foi roubado. Piedade, Senhor Altíssimo! Mostrai-me a Verdade.

– Eu sou a Verdade, Jáia. Eu sou a Luz do mundo. Olha para Mim. Procura ver-me. Eu te restituí a vista[4] para isso, para que tu pudesses dar testemunho do meu poder e da minha Ressurreição.

– Oh! É o Senhor mesmo! És Tu! Sim! Tu és Jesus!

E ele vai até Jesus arrastando-se sobre os joelhos para poder beijar-lhe os pés.

– Tu dirás que me viste e falaste comigo, e que Eu estou bem vivo. Dirás que me viste hoje. A ti a minha paz e a minha bênção.

Jáia fica sozinho. Mas está feliz. Esqueceu-se até da carroça e das verduras. Inutilmente o burro, irrequieto, bate no chão, ou zurra, reclamando pela longa espera… Jáia está extasiado.

632.12

Uma mulher sai da casa que fica perto da hora e o vê lá, pálido de emoção e com a expressão ausente. Grita:

– Jáia! O que tens? O que te aconteceu?

Corre até lá e o sacode. E o faz voltar a si…

– O Senhor! Eu vi o Senhor Ressuscitado. Eu beijei-lhe os pés e vi suas chagas. Eu fiquei com medo de estar enganado. Mas é Ele! É Ele mesmo!

A mulher treme, com um arrepio de emoção, e murmura:

– Tens mesmo certeza disso?

– Tu és uma boa mulher. Por amor a Ele foi que nos tomaste como servos, a mim e à minha mãe. Não queiras deixar de crer!…

– Se tu tens certeza, eu creio. Mas Ele era de carne e ossos mesmo? Seu corpo tinha calor? Ele respirava? Falava? Ele tinha mesmo uma voz, ou só te pareceu que tinha?

– Eu tenho certeza… Ele tinha a carne tépida de um vivo, tinha uma voz verdadeira e estava respirando. Belo como Deus, mas Homem, como eu e tu. Vamos, vamos logo dizer tudo isso aos que estão sofrendo ou duvidando.

V. Aparição na casa de João, em Nobe.

632.13

O velho está sozinho em sua casa. Mas está sereno. Está consertando uma espécie de cadeira que se despregou de um lado, e sorri, quem sabe por qual sonho.

Ouve alguém bater à porta. Sem deixar o trabalho, o velho diz:

– Pode entrar. Que desejais, vós que estais chegando? Ainda pensais como aqueles? Eu estou velho para mudar! E mesmo se o mundo inteiro me gritasse: “Ele morreu,” eu digo: “Ele está vivo.” Mesmo se eu tivesse que morrer por dizer isso. Portanto, podeis entrar!

Levanta-se para ir até a porta, para ver quem é que está batendo sem entrar. Mas, quando chega lá, a porta se abre e Jesus entra.

– Oh! Oh! Oh! O meu Senhor! Vivo! Eu acreditei! E Ele vem premiar a minha fé! Sê bendito! Eu não duvidei. Na minha dor, eu disse: “Se Ele me mandou o cordeiro[5] para o banquete da alegria, é sinal que neste dia Ele ressurgirá.” Então, eu entendi tudo. Quando tu morreste e a terra tremeu, eu entendi aquilo que ainda não havia entendido. E fiquei parecendo um doido, em Nobe, porque, assim que terminou o dia depois daquele sábado, eu preparei o banquete e fui convidar os mendigos, dizendo: “Ressurgiu o nosso Amigo!” E já se dizia que não era verdade. Diziam que te haviam roubado, de noite. Mas eu não acreditei, porque, desde quando Tu morreste, eu compreendi que morrias para ressurgir, e que este era o sinal de Jonas.

632.14

Jesus o deixa falar enquanto fica sorrindo. Depois pergunta:

– E ainda queres morrer[6] ou queres ficar para testemunhar a minha glória?

– O que Tu quiseres, Senhor!

– Não. O que tu quiseres.

O velhinho fica pensando. Depois decide:

– Seria belo sair do mundo, onde Tu não estás mais como antes. Mas eu renuncio a paz do Céu para poder dizer aos incrédulos: “Eu o vi!”

Jesus lhe põe a mão sobre a cabeça, abençoando-o, e acrescenta:

– Mas logo virá também a paz, e tu virás a Mim com o grau de confessor do Cristo.

E lá se vai. Aqui, talvez por piedade do velho já idoso, não deu aquela forma maravilhosa ao seu aparecer e desaparecer, mas fez tudo como se fosse o Jesus de tempos atrás, que entrava e saía de uma casa de um modo humano.

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VI. Aparição a Matias, o solitário, junto a Jabes de Galaad.

632.15

O velho está trabalhando com suas verduras e fala sozinho:

– Todas as riquezas que tenho são para Ele. E Ele não as aproveitará nunca mais. Trabalhei inutilmente. Eu creio que Ele era o Filho de Deus, que morreu e ressuscitou. Mas não é mais o Mestre que se assenta à mesa do pobre ou do rico, e reparte com o mesmo amor, talvez, aliás, com certeza, com mais amor o alimento do pobre do que o do rico. Agora Ele é o Senhor Ressuscitado. Ressuscitou para confirmar na fé todos nós, seus fiéis. E aqueles lá estão dizendo que não é verdade. Que nunca ninguém ressuscitou por si só. Ninguém. Não. Nenhum homem. Mas Ele sim. Porque Ele é Deus.

Ele bate as mãos para espantar os seus pombos, que descem para apanhar as sementes que estão na terra, que foi preparada e semeada há pouco, e diz:

– É inútil que vós tenhais muitos filhotes! Ele não provará mais da carne da vossa prole! E vós, ó abelhas inúteis? Para quem é que fazeis o vosso mel? Eu tinha esperado tê-lo comigo pelo menos uma vez, agora que eu estou menos miserável. Tudo tem prosperado aqui, depois da vinda Dele… Ah! Mas com aqueles denários, em que eu nunca toquei, eu quero ir a Nazaré, à casa de sua Mãe, para dizer-lhe: “Faze-me teu servo, mas deixa-me aqui onde estás, por que Tu és Ele ainda…”

E enxuga uma lágrima com o dorso da mão…

632.16

– Matias, tens um pão para um peregrino?

Matias levanta a cabeça, mas assim de joelhos como ele está, não vê quem foi que falou do outro lado da sebe alta que rodeia a sua pequena propriedade, perdida no meio daquela solidão verde que é este lugar do outro lado do Jordão. Mas, assim mesmo, ele responde:

– Seja lá quem tu fores, vem em Nome do Senhor Jesus.

E ele se levanta para ir abrir o tapume.

Encontra-se diante de Jesus e fica com a mão no ferrolho, sem conseguir fazer mais nenhum gesto.

– Não me queres como teu hóspede, Matias? Já me recebeste uma vez[7]. Te lamentavas de não podê-lo mais fazer. Estou aqui e não me abres a porta? –sorri Jesus.

– Oh! Senhor…eu…eu… não sou digno de que o meu Senhor entre aqui… Eu…

Jesus passa a mão sobre o tapume e puxa o ferrolho, dizendo:

– O Senhor entra onde quer, Matias.

Depois Ele entra, vai para o meio da humilde horta, vai até à casa, e na soleira Ele diz:

– Sacrifica, então, os filhotes dos teus pombos, levanta do chão as tuas verduras e o mel de tuas abelhas. Partiremos juntos o pão, e não terá sido inútil o teu trabalho nem ficará vazio o teu desejo. E este lugar ficará sendo um lugar querido, sem que precises ir para lá, onde logo só haverá silêncio e abandono. Eu estou em toda parte, Matias. Quem me ama está comigo sempre. Os meus discípulos ficarão em Jerusalém. Lá surgirá a minha igreja. Procura estar lá na Páscoa Suplementar.

– Perdoa-me, Senhor. Mas eu não fui capaz de ficar naquele lugar e fugi de lá. Eu havia chegado lá à nona hora do dia antes da Parasceve, e um dia depois… Oh! Eu fugi para não te ver morrer. Só por isso, Senhor.

– Eu sei. E sei que tu voltaste, um dos primeiros, a fim de chorar sobre o meu sepulcro. Mas ele já estava vazio de Mim. Eu sei tudo. Aí está. Eu aqui me assento e repouso. Sempre repousei aqui. E os anjos sabem disso.

632.17

O homem começa a movimentar-se, mas parece que está se movendo numa igreja, de tão reverentes que são os seus gestos. De vez em quando, enxuga uma lágrima que quer se misturar com o seu sorriso, enquanto vai e vem para pegar as pombas, matá-las, prepará-las, fazer o fogo, colher e enxaguar as verduras, colocar num prato os figos maduros, preparar a pobre mesa com as melhores louças. Mas quando tudo está pronto, como pode se sentar e comer? Quer só servir, e parece-lhe já tanto, não quer mais nada.

Mas Jesus, que ofereceu e abençoou, oferece-lhe metade da ave, que Ele mesmo cortou, colocando a carne em um pedaço de focaccia que embebeu no molho.

– Oh! Tratado como um predileto! –diz o homem, e come, chorando de alegria e emoção, sem tirar os olhos de Jesus, que está comendo… que bebe, que saboreia as verduras, as frutas, o mel, e que lhe oferece o seu cálice depois de ter tomado um gole de vinho. Até aquele momento, ele havia tomado somente água.

A refeição terminou.

– Eu estou bem vivo. Tu o estás vendo. E tu estás bem feliz. Lembra-te de que, há doze dias, eu estava morrendo pela vontade dos homens. Mas, como é nulo o querer dos homens quando o querer de Deus não o consente. Antes, pelo contrário, o querer dos homens, um instrumento servil, torna-se um Querer eterno. Adeus, Matias. Assim como Eu disse que comigo estará quem me deu de beber quando eu era o Peregrino, sobre o qual ainda era lícita qualquer dúvida, assim Eu te digo: tu terás parte no meu Reino celeste.

– Mas agora eu vou perder-te, Senhor!

– Em todo peregrino procura ver-Me; em todo mendigo, vê-Me; em todo enfermo, vê-Me; em todo aquele que precisa de pão, de água, de roupa, vê-Me nele. Eu estou em cada sofredor, e o que é feito ao que sofre, é feito a Mim.

Jesus abre os braços, abençoando, e desaparece.

VII. Aparição a Abraão de Engadi, que lhe morre entre os braços.

632.18

Na praça de Engadi se vê o templo hipostilo de palmas rumorejantes. A fonte parece um espelho sob o sol de abril. As pombas, um murmúrio suave de órgão.

O velho Abraão a atravessa, com as ferramentas do seu ofício nas costas. Está ainda mais velho, mas sereno como quem encontrou alívio depois de muitas tempestades. Ele vai atravessando também o resto da cidade, para ir às vinhas que ficam perto das fontes. As belas vinhas fecundas já estão cheias de promessas de uma colheita abundante. Ele entra pelo meio delas e se põe a carpir, a podar e a amarrar. De vez em quando, ele se ergue, apoia-se no cabo da enxada e fica pensando. Depois alisa a barba patriarcal, suspira, balança a cabeça com algum pensamento invisível.

Um homem muito encapotado vem subindo pela estrada, a caminho das fontes e das vinhas. Eu disse: um homem. Mas é Jesus, porque a veste dele é aquela e também porque é dele aquele modo de andar. Mas para o velho é um homem. E aquele homem interpela Abraão, dizendo:

– Posso parar aqui?

– Sagrada é a hospitalidade. Nunca a recusei a ninguém. Vem. Entra. Que seja doce para ti o repouso à sombra de minhas videiras. Queres leite? Pão? Eu te darei o que possuo aqui.

– E eu que é que te posso dar? Não tenho nada.

– Aquele que é o Messias me deu tudo, para todos os homens. E por mais que eu dê, não dou nada em comparação com aquilo que Ele me deu.

– Sabes que o crucificaram?

– Sei que Ele ressuscitou. Serás tu um dos crucificadores? Eu não posso odiar, porque Ele não quer saber de ódio. Mas se eu pudesse, te odiaria se tu o fosses.

– Eu não sou um dos crucificadores. Fica em paz. Então tu sabes tudo sobre Ele?

– Tudo. E Eliseu… É o meu filho, sabes? Eliseu não voltou mais de Jerusalém, dizendo: “Despede-te de mim, meu pai, pois eu vou deixar todos os bens para pregar o Senhor. Eu irei a Cafarnaum procurar João e me unirei aos discípulos fiéis.”

– Então, o teu filho te deixou? Assim idoso e sozinho?

– É a alegria tão sonhada o que chamas de abandono. Pois a lepra não me havia privado dele? E quem foi que o restituiu a mim? O Messias. E eu irei perdê-lo porque ele prega o Senhor? Isso não!

632.19

Eu o encontrarei também na vida eterna. Mas tu falas de um modo que me causa suspeita. És um emissário do Templo? Vens para perseguir quem acredita no Ressuscitado? Podes bater-me! Não fugirei. Não imito os três sábios[8] de tempos longínquos. Eu fico aqui. Porque, se eu cair por Ele, o reencontrarei no Céu, e será atendido o meu pedido do ano passado.

– É verdade. Tu dizias naquele tempo: “Esperei ansiosamente o Senhor e ele dirigiu-se a mim.”

– Como sabes disso? Serás tu um dos discípulos dele? Estavas com Ele quando fiz o meu pedido? Oh! Se estavas! Ajuda-me a fazer que chegue a Ele o meu pedido, para que Ele se lembre.

E ele se prostra, julgando que está falando a um dos apóstolos.

– Sou eu, Abraão de Engadi, e te digo: “Vem.”

E Ele abre os braços. E Jesus, manifestando-se, o convida a precipitar-se neles e a abandonar-se em seu coração.

Naquele momento está entrando na vinha um menino, acompanhado por um jovenzinho, e que está chamando:

– Pai! Pai! Viemos para ajudar-te.

Mas o grito agudo do menino, dominado pelo grito forte do velho, foi um verdadeiro grito de libertação:

– Estou aqui! E já vou!

E Abraão se joga entre os braços de Jesus, gritando ainda:

– Jesus, Messias Santo! Em tuas mãos eu encomendo o meu espírito!

Morte feliz! Morte que eu invejo. Sobre o coração de Cristo, na paz serena de um campo florido em um mês de abril.

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Jesus apoia com calma o velho na grama florida, que ondula ao sopro da brisa, aos pés de um fuso, e diz aos meninos, que ficaram perplexos e assustados, quase a ponto de chorar:

– Não choreis! Ele morreu no Senhor. Felizes aqueles que morrem Nele! Ide, crianças, e avisai os de Engadi que o seu sinagogo viu o Ressuscitado e que o seu pedido foi atendido por Ele. Não choreis! Não choreis!

E os acaricia, levando-os até a saída. Depois volta para perto do falecido, compõe-lhe a barba e os cabelos, abaixa-lhe as pálpebras, que ficaram semiabertas, recompõe os seus membros e estende sobre ele o manto que ele havia tirado para trabalhar.

E lá fica, até que começa a ouvir vozes na estrada. Eles estão gritando e aumentando a velocidade de sua corrida para chegarem até Jesus. Mas Ele se oculta aos seus olhares, envolto como está no fulgor de um raio de luz mais vivo do que o do sol.

VIII. Aparição a Elias, o essênio de Carit.

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É áspera a solidão da montanha áspera, em cuja base corre o rio Carit. Elias está rezando, ainda mais magro e barbudo, vestindo uma grosseira veste de lã, que não nem cinza nem marrom, e o torna semelhante às pedras que o circundam.

Ele ouve um som como se fosse de vento ou de trovão. Levanta a cabeça e Jesus lhe aparece, acima de um dos blocos, suspenso e equilibrado por cima do precipício, em cujo fundo corre a torrente.

– É o Mestre!

E se joga, batendo o rosto no chão.

– Sou Eu, Elias. Não percebeste o terremoto[9] no dia de Parasceve?

– Eu percebi e desci para Jericó, indo para a casa de Nique. Não encontrei nenhum daqueles que te amam. Andei perguntando por Ti. E eles me bateram. Depois, percebi mais uma vez a terra tremer, mas mais levemente, e voltei para cá a fim de fazer penitência, pensando que foi aberto o dique da ira celeste.

– Da Misericórdia Divina. Eu morri e ressuscitei. Olha as minhas chagas. Vai unir-te sobre o Tabor aos servos do Senhor, e dize-lhes que fui Eu que te mandei.

E Jesus o abençoa e desaparece.

IX. Aparição a Dorcas e ao seu menino, no castelo de Cesaréia de Felipe.

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O filho de Dorcas, guiado pela mãe, está fazendo os primeiros passos no bastião da fortaleza. E Dorcas, encurvada segurando o menino, não vê o Senhor aparecer. Mas tendo deixado o menino um pouco mais livre, ela o vê começar a caminhar seguro e rápido em direção ao ângulo do bastião. Ela se levanta e sai correndo atrás dele, para que ele não caia e talvez até morra, caindo pelas ameias ou pelas passagens feitas com arte para as armas ofensivas. E, ao fazer isso, vê Jesus que pega o menino no colo e o beija.

A mulher não ousa fazer nenhum gesto. Mas ela grita bem alto. É um grito que faz levantarem as cabeças dos que vivem no palácio, que colocam rostos nas janelas:

– É o Senhor! É o Senhor! O Messias está aqui! Ele está verdadeiramente ressuscitado.

Mas antes que as pessoas comecem a reunir-se ao redor dele, Jesus já desapareceu.

– Tu estás doida! Ou tu estavas sonhando! Um movimento da luz te pareceu um fantasma.

– Não. Ele estava bem vivo! Vede como o meu filho está ainda olhando para lá, e como tem em suas mãos uma maçã bonita como o seu pequeno rosto. Ele a está roendo com os seus dentinhos e está rindo. Eu não tenho maçãs…

– Ninguém tem maçãs maduras neste tempo, e ainda menos frescas assim… –dizem, admiradas, as pessoas.

632.23

– Interroguemos Tobias –dizem algumas mulheres.

– E que quereis fazer? Ele só sabe falar “mamãe”! –riem os homens.

Mas as mulheres se inclinam sobre o pequenino e lhe dizem:

– Quem foi que te deu a maçã?

E aquela boquinha que ainda mal sabe até as palavras mais fáceis, diz com firmeza, por entre suas risadinhas, mostrando os dentinhos miúdos e as gengivas ainda vazias:

– Jesus.

– Oh!

– Vós o chamais de Jesai. E ele já sabe dizer o seu nome.

– Jesus tu, ou Jesus o Senhor? Que Senhor? Onde está Ele? Para onde foi? –procuram as mulheres.

– Ali, o Senhor. Jesus, o Senhor..

– Onde está? Para onde foi?

– Para lá.

E mostra o céu cheio de Sol, e ri, todo feliz por poder morder sua maçã.

Enquanto os homens lá se vão, balançando a cabeça, Dorcas diz às mulheres:

– Ele estava lindo! Parecia vestido de luz. E tinha em suas mãos o sinal dos cravos, um sinal vermelho como uma pedra preciosa e de grande candor. E eu vi bem porque Ele segurava o menino assim.

E imita como é que Jesus o segurava.

632.24

O intendente chega correndo, faz com que lhe contem a história, pensa e conclui:

– O salmo diz[10]: “Na boca das crianças e dos bebês puseste o louvor perfeito.” E por que não dizer a verdade? Eles são inocentes. E nós…Vamos lembrar-nos deste dia…Mas, não! Eu vou ao lugar onde estão os discípulos. Vou ver se o Rabi está lá… No entanto… Ele estava morto… Mas!…

E com este “mas”, que se conclui internamente, ele lá se vai, enquanto as mulheres, impressionadas, continuam a fazer perguntas ao pequeno, que ri e fica repetindo:

– Jesus lá. E depois lá. Jesus Senhor.

E mostra o lugar onde estava Jesus, e depois o sol, no qual ele o viu desaparecer, todo feliz, muito feliz.

X. Aparição às pessoas recolhidas na sinagoga de Quédes.

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O povo de Quédes está reunido na sinagoga e discuto com o velho Matias, o sinagogo, sobre os últimos acontecimentos. A sinagoga está semiescura, porque as portas estão fechadas e as cortinas soltas, cobrindo as janelas, cortinas pesadas, que o vento de abril mal consegue mover.

Um relâmpago ilumina o quarto. Parece um relâmpago, mas é a luz que vem na frente de Jesus. E Jesus aparece, diante do espanto de muitos. Ele abre os braços, e aparecem, bem visíveis, as feridas das mãos e dos pés, pois Ele está sobre o último dos três degraus, que conduzem para uma porta fechada. E Ele diz:

– Eu estou ressuscitado. E eu vos recordo a discussão[11] entre Mim e os escribas. À geração má Eu dei o sinal que Eu havia prometido, o sinal de Jonas. A quem me ama e me é fiel, dou a minha bênção.

Nada mais, Ele desapareceu.

– Mas era Ele! De onde veio? Contudo Ele estava vivo. Ele o havia dito! Aí está. Agora Eu entendo qual era o sinal de Jonas: três dias nas vísceras da Terra e depois a ressurreição…

E continua o murmúrio dos comentários…

XI. Aparição a um grupo de rabis em Gíscala.

632.26

Um grupo venenoso de rabis está procurando persuadir com suas ideias alguns homens titubeantes. Querem conseguir que eles se dirijam a Gamaliel, que se trancou em sua casa e não quer ver ninguém.

Esses homens dizem:

– Nós garantimos que aqui ele não está. Nem nós sabemos onde está. Ele veio. Consultou alguns rótulos. Mas depois partiu. Não disse uma palavra sequer. Ele dava medo, pelo tanto que estava desfigurado e envelhecido.

Sem muita delicadeza, os rabis viraram as costas para esses que estão falando e vão embora, dizendo:

– Gamaliel também está doido, como Simão! Pois não é verdade que o Galileu ressuscitou. Não é verdade. Não é verdade que ele seja Deus. Não é verdade. Nada disso é verdade. Somente nós é que estamos com a verdade.

Mas esta repetição deles, o afã ao dizerem que não é verdade, já mostra o medo que eles têm de que seja verdade e o desejo deles de estarem certos.

Eles foram costeando a parede da casa e estão indo para o sepulcro de Hilel. Sempre gritando as suas negações, eles levantam o rosto… e fogem de lá gritando. É Jesus, que é tão bom com os bons, está lá adiante, terrível em seu poder, de braços abertos como ficou na cruz… As chagas das mãos estão vermelhas como se estivessem ainda gotejando sangue. Ele não diz uma palavra. Mas os seus olhares fulminam.

Os rabis fogem, caem, levantam-se, ferem-se, esbarrando nas ervas espinhosas e nas pedras, estão loucos de medo. São semelhantes a homicidas reconduzidos à presença de suas vítimas.

XII. Aparição a Joaquim e Maria, em Bozra.

632.27

– Maria! Maria! Joaquim e Maria! Venham aqui para fora.

Os dois estão em um quarto silencioso e iluminado por um fogo. Ela está ocupada na cozinha e ele em fazer as contas. Os dois levantam a cabeça e se olham… Joaquim, empalidecendo-se de medo, sussurra:

– A voz é do Rabi. Ele vem da outra vida…

A mulher, amedrontada, agarra-se ao homem.

Mas lá fora o chamado se repete, e os dois, continuando abraçados para se darem coragem um ao outro, resolvem sair e ir na direção de onde veio a voz.

O jardim, que resplandece sob a luz de uma lua nova, fica iluminado agora com uma luz muito mais forte do que a de muitas luas juntas: Jesus. A luz o circunda, mostrando que Ele é Deus. Seu sorriso doce e seu olhar amoroso faz ver nele o Homem:

– Ide dizer aos de Bozra que me vistes vivo e verdadeiro. E dizei-o lá no Tabor, Joaquim, aos que lá se reúnem.

Jesus os abençoa. E desaparece.

– Mas era Ele mesmo! Não foi um sonho! Eu… Amanhã eu irei à Galileia. Ele disse ao Tabor, não foi?…

XIII. Aparição a Maria de Jacó em Efraim.

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A mulher está misturando a farinha para fazer o pão. Ela se volta ao ouvir um chamado e vê Jesus. Cai com o rosto no chão, as mãos no chão, muda de adoração, um pouco assustada.

Jesus lhe fala:

– Dirás a todos que me viste e que Eu te falei. O Senhor não fica subjugado pelo sepulcro. Eu ressuscitei no terceiro dia, como havia predito. Perseverai, vós que estais no meu caminho, e não vos deixeis seduzir pelas palavras daqueles que me crucificaram. A minha paz esteja contigo.

XIV. Aparição a Síntique, em Antioquia.

632.29

Síntique está preparando a sacola de viagem. Já é noite, porque está acesa uma lamparina pequena, trêmula, de uma luz muito relativa, apoiada numa mesa junto à mulher, que está ocupada a dobrar os vestidos.

O quarto se ilumina vivamente e Síntique levanta a cabeça, assustada por ver o que está acontecendo, e de onde é que está vindo aquela luz tão clara e que entra no quarto, que está fechado de todos os lados. Mas antes que ela veja o que é, Jesus a previne:

– Sou Eu. Não tenhas medo. Eu já me mostrei a muitos a fim de confirmá-los na fé. E também a ti Eu me mostro, a ti que és uma discípula obediente e fiel. Eu ressuscitei. Estás vendo? Não sinto mais dor. Por que é que estás chorando?

A mulher, diante da beleza do glorificado, nem encontra palavras… Jesus lhe sorri para encorajá-la e acrescenta:

– Eu sou o mesmo Jesus que te acolheu[12] na estrada, perto de Cesaréia. Soubeste falar naquela hora quando estavas tão temerosa, e eu era para ti um desconhecido. E agora não sabes me dizer uma palavra?

– Oh! Senhor! Eu estava para partir… a fim de tirar do meu coração tantas inquietações e dores.

– Dor, por quê? Não te disseram que Eu havia ressuscitado?

– Disseram, mas depois se contradisseram. Com aquelas contradições deles eu não me perturbei. Eu sabia que Tu não podes corromper-te em um sepulcro. Chorei pelo teu martírio. Acreditei, mesmo antes que me falassem disso, em tua ressurreição. E continuei a crer, quando vieram outros dizer que não era verdade. Eu queria ir à Galileia. Eu pensava assim: a Ele eu não posso mais fazer mal. Ele agora é mais Deus do que homem. Não sei se estou conseguindo falar bem…

– Eu compreendo o teu pensamento.

– E eu dizia: Lá eu o adorarei e verei Maria. Eu pensava que Tu não ficarias muito tempo entre nós, e estava apressando a minha partida. Eu dizia: Quando Ele voltar para o Pai, como Ele dizia, sua Mãe ficará um pouco triste em sua alegria. Porque é uma alma, mas é também uma Mãe… E eu procurarei consolá-la, agora que ela está sozinha… Como eu era soberba!

– Não. Tu eras piedosa. Eu direi à minha Mãe o teu pensamento. Mas não vás para lá. Fica onde estás e continua a trabalhar por Mim. Agora, mais do que antes. Os teus irmãos, os discípulos, precisam do trabalho de todos para poderem propagar a minha doutrina. Tu já me viste. Maria está confiada a João. Que todos os teus sofrimentos desapareçam. Poderás fortalecer o teu espírito com a certeza de me teres visto e com o poder da minha bênção.

632.30

Síntique tem um grande desejo de beijá-lo. Mas não ousa fazer isso. Jesus lhe diz:

– Vem.

Ela arrisca arrastar-se de joelhos indo perto de Jesus e faz o gesto de beijar-lhe os pés. Mas vê as duas chagas e se detém. Pega o orlo da roupa e a beija chorando. E murmura:

– O que te fizeram!

Depois, faz uma pergunta:

– E João-Félix?

– Ele está feliz. Não se lembra de nada mais a não ser do amor, e vive nele. A paz a ti, Síntique!

E desaparece.

A mulher fica num ato de adoração, de joelhos, a cabeça levantada, as mãos um pouco estendidas, com lágrimas no rosto, e um sorriso nos lábios…

XV. Aparição ao levita Zacarias.

632.31

É um quarto pequeno. Zacarias, o levita[13], está sentado com a cabeça reclinada numa das mãos.

– Não sejas duvidoso. Não dês atenção às vozes que perturbam. Eu sou a Verdade e a Vida. Olha para Mim. Toca em Mim.

O jovem que, às primeiras palavras levantou o rosto e viu Jesus, depois de arrastar-se de joelhos, grita:

– Perdoa-me, Senhor. Eu pequei. Eu dei acolhida à dúvida a respeito da tua verdade.

– Mais do que tu, culpáveis são aqueles que procuram seduzir o teu espírito. Não cedas às tentações deles. Eu tenho um corpo vivo e real. Procura perceber qual é o peso e o calor, a consistência e a força da minha Mão.

E o segura pelo antebraço, levantando-o com força e dizendo-lhe:

– Levanta-te e anda pelos caminhos do Senhor. Deixa toda dúvida e todo medo. E feliz de ti, se souberes perseverar até o fim.

Depois o abençoa e desaparece.

O jovem, depois de alguns momentos de um espanto atordoado, precipita-se para fora do quarto, gritando:

– Minha mãe! Meu pai! Eu vi o Mestre. Não é verdade o que os outros andam dizendo! Eu não estava louco. Não queirais continuar a crer na mentira, mas bendizei comigo ao Altíssimo, que teve piedade do seu servo. Eu vou partir. Vou à Galileia. Encontrarei algum dos discípulos. Vou dizer-lhes que creiam. Que Ele ressuscitou mesmo.

Ele não apanha sacola com alimento nem veste. Mas se encapota todo, e sai correndo, sem dar tempo a seus pais de voltarem a si mesmos do atordoamento e poderem intervir, a fim de impedi-lo.

XVI. Aparição a uma mulher da planície de Saron, que obtém a cura do filho doente.

632.32

Trata-se de uma estrada litorânea. Talvez seja aquela que liga Cesareia a Joppe, ou é uma outra. Eu não sei. Sei que estou vendo campos na parte interna e o mar na parte externa, um mar azul vivo depois da linha amarelada da orla. Com certeza é uma estrada romana. A pavimentação dela indica isso.

Uma mulher, que está chorando, vai indo por essa estrada nas primeiras horas de uma manhã serena. Há pouco tempo surgiu a aurora. A mulher deve estar muito cansada, porque, de vez em quando, ela para a fim de sentar-se em alguma das pedras miliárias, ou então, na estrada mesmo. Depois ela se levanta e continua a andar, como se alguma coisa a incitasse a prosseguir, apesar do seu grande cansaço.

Jesus, encapotado como um viandante, põe-se ao lado dela. A mulher não olha para Ele. Ela continua mergulhada em sua dor. Então, Jesus lhe pergunta:

– Por que estás chorando, mulher? De onde estás vindo? E para onde vais assim sozinha?

– Estou vindo de Jerusalém e estou de volta para a minha casa.

– É longe?

– A meio caminho, entre Jope e Cesaréia.

– E vais a pé?

– No vale de antes de Modin, os ladrões me tomaram o burro e tudo o que eu ia levando nele.

– Tu foste imprudente ao viajares sozinha. Não se costuma andar sozinho pela Páscoa.

– Eu não tinha vindo para a Páscoa. Eu havia ficado em casa, porque tenho, espero tê-lo ainda, um filho doente. Meu marido tinha ido com os outros. Eu o deixei ir na minha frente e, quatro dias depois, eu parti. Porque eu pensava assim: “Certamente Ele estará em Jerusalém pela Páscoa. E eu o irei procurar.” Eu tinha um pouco de medo. Mas eu disse: “Não estou fazendo nada de mal. Deus está vendo. Eu creio. E sei que Ele é bom. E Ele não me repelirá, porque…”

Meio amedrontada, ela para de falar e dá uma olhada de relance no homem que vai caminhando perto dela, tão encapotado, que dele só são vistos os olhos, os olhos inconfundíveis de Jesus.

632.33

– Por que te calas? Tens medo de Mim? Crês que Eu seja inimigo Daquele que procuravas? Porque tu estavas procurando o Mestre de Nazaré para lhe pedir que viesse à tua casa para curar o menino, enquanto teu marido está ausente…

– Vejo que Tu és um profeta. Assim é. Mas quando eu cheguei à cidade, o Mestre estava morto.

E o pranto a sufoca…

– Ele ressuscitou. Não acreditas?

– Eu sei. Eu creio. Mas eu… Mas eu… Por alguns dias eu também esperei vê-lo… Dizem que Ele já se mostrou a alguns. E como eu tardei a partir… todos os dias estou aflita, porque… o meu menino está muito doente… O meu coração está indeciso. Ir para consolá-lo ao morrer. Ou ficar por aqui procurando o Mestre… Eu não pretendia que Ele fosse à minha casa. Mas que me prometesse curá-lo.

– E terias acreditado? Acreditas que mesmo de longe…

– Acredito. Oh! Se ele me tivesse dito: “Vai em paz, que o teu filho ficará são,” eu não teria duvidado. Mas eu não mereço isso, porque…

E ela chora, apertando a boca com o véu, como para impedi-la de falar.

– Porque o teu marido foi um dos acusadores e carrasco de Jesus Cristo. Mas Jesus Cristo é o Messias. É Deus. E Deus é justo, mulher. Ele não castiga um inocente em lugar de um culpado. Ele não tortura uma mãe porque um pai é pecador. Jesus Cristo é a misericórdia viva…

– Oh! Por acaso, serás tu um dos apóstolos Dele? Por acaso sabes onde Ele está? Tu… Quem sabe se Ele te mandou a mim para dizer-me isso. Ele ouviu e viu a minha dor, a minha fé, e te mandou, assim como o Altíssimo mandou o arcanjo Rafael ao Tobiazinho. Dize-me se é assim, e eu, ainda que esteja cansada e com febre, voltarei atrás sobre os meus passos a fim de procurar o Senhor.

– Eu não sou um dos apóstolos. Mas em Jerusalém ficaram ainda os apóstolos por muitos dias, depois da Ressurreição…

– É verdade. Eu podia pedir a eles.

– Isso mesmo. Eles são a continuação do Mestre.

– Eu não acreditava que eles pudessem fazer milagres.

– Eles os estão fazendo ainda…

– Mas agora… Disseram-me que só um deles é que ficou fiel, e eu não acreditei…

– Sim. Teu marido te disse isto, zombando de ti, em seu delírio de falso triunfo. Mas eu te digo que o homem pode pecar, pois só Deus é perfeito. E o homem pode arrepender-se, e se ele se arrepende sua fortaleza cresce, e Deus aumenta para ele as suas graças pela sua contrição. Não é verdade que o Senhor Altíssimo perdoou a Davi?

632.34

– Mas quem tu és? Quem tu és, que falas de modo tão doce e sábio, se não és apóstolo? Talvez sejas um anjo? O anjo do meu menino. Talvez ele já tenha expirado e tu vieste só para preparar-me…

Jesus deixa cair o manto de sobre a cabeça e o rosto. E, passando do aspecto modesto de um peregrino comum para a sua imponência de Deus Homem, ressuscitado da morte, diz com uma suave solenidade:

– Sou Eu. O Messias que em vão eles crucificaram. Eu sou a Ressurreição e a Vida. Vai, ó mulher. Teu filho está vivo, porque eu premiei a tua fé. Teu filho está curado. Porque, se o Rabi de Nazaré já terminou sua missão, o Emanuel continua a sua até o fim dos séculos para todos os que têm fé, esperança e caridade no Deus uno e trino, do qual o Verbo Encarnado é uma Pessoa que, por amor divino, deixou o Céu para vir ensinar, sofrer e morrer, a fim de dar aos homens a Vida. Vai em paz, mulher. E sê forte na fé, porque chegou o tempo em que em uma família o esposo estará contra a esposa, os pais contra os filhos, estes contra o Pai, por ódio ou por amor a Mim. Mas felizes aqueles a quem a perseguição não afastará do meu Caminho.

Ele a abençoa, e desaparece.

XVII. Aparição aos pastores, sobre o Grande Hermon.

632.35

Há um grupo de rebanhos e de pastores. Estes estão repousando nas escarpadas de pastos esplêndidos. E falam dos acontecimentos de Jerusalém. E estão aflitos, dizendo um ao outro: “Não teremos nunca mais na terra o Amigo dos pastores.” E relembram os muitos encontros que tiveram aqui ou ali com Ele…

– Encontros –diz um senhor idoso–, que não teremos mais.

Jesus aparece, como tendo posto o pé naquele lugar vindo por detrás de um bosque cerrado, onde os troncos altos estão abraçados por matagais baixos, que não permitem que se veja o caminho. Os pastores não o reconhecem naquele homem solitário, e ficam murmurando ao vê-lo envolto naquelas vestes cândidas:

– Quem será? Será um essênio? Qual deles? Será algum fariseu rico?

Eles estão perplexos. Jesus lhes pergunta:

– Por que dizeis que não encontrareis mais ao Senhor? Porque aquele de quem estais falando é o Senhor.

– Disto nós sabemos. Mas será que tu não sabes o que fizeram com Ele? Agora, uns dizem que ele ressuscitou e outros que não. Mas, mesmo que tenha ressuscitado, como nós preferimos crer, agora Ele já terá ido embora. Como é que Ele pode ainda amar e continuar no meio de um povo que o crucificou? E nós, que o amávamos, ainda que nem todos o tivéssemos conhecido, estamos todos tristes por tê-Lo perdido.

– Há um modo de tê-lo ainda. E Ele o ensinou.

– Oh! Sim. Fazendo o que Ele ensinava. Então, teremos o Reino dos Céus e estaremos com Ele. Mas antes se deve viver e depois morrer. E Ele não está mais entre nós para confortar-nos.

E eles balançam as cabeças.

– Meus filhos, aqueles que vivem como Ele ensinou e conservam em seus corações os seus ensinamentos, é como se tivessem Jesus em seu coração. Porque Palavra e Doutrina são a mesma coisa. Ele não era um Mestre que ensinasse coisas que não fossem como Ele era. Por isso, quem faz o que Ele disse tem Jesus vivendo em si e não está separado dele.

– Dizes bem. Mas nós somos homens e… queremos ver também com os olhos para sentirmos bem a alegria… Eu nunca o vi, nem o meu filho, nem Jacó, aquele ali. E nem Melquias, aquele outro. Nem Tiago, aquele, nem Saul. Estás vendo, somente entre nós aqui, quantos ainda não o viram? Sempre o procurávamos, mas quando chegávamos Ele já havia partido.

– Não estáveis em Jerusalém, naquele dia?

– Sim, estávamos. Mas quando ficamos sabendo o que é que lhe queriam fazer, fugimos como loucos para os montes, só voltando à cidade depois do sábado. Não somos culpados do Sangue dele, porque não estávamos na cidade. Mas fizemos mal, por termos sido covardes. Nós pelo menos o teríamos visto e saudado. E certamente Ele nos teria abençoado pela nossa saudação… mas não tivemos mesmo coragem de olhar para Ele em seus tormentos…

– Ele vos abençoa. Olhai para Aquele cujo Rosto vós desejais conhecer.

E Ele se manifesta, com um esplendor divino sobre o prado verde. Diante do espanto que os joga no chão, mas que também fixa suas pupilas no Rosto divino, Ele desaparece no meio de um fulgor de luz.

XVIII. Aparição ao menino que era cego de nascença, em Sidon.

632.36

O menino está brincando sozinho sob as folhagens de uma frondosa parreira. Ouve alguém o chamar e vê diante de si Jesus. Pergunta-lhe sem medo nenhum:

– Ma Tu és o Rabi que me deu a vista[14]?

E fixa os seus olhos límpidos de criança, de um azul igual aos de Jesus, nos fulgurantes olhos divinos.

– Sou Eu, menino. Estás com medo de Mim?

E o acaricia na cabeça.

– Medo, não. Mas é que eu e a mamãe choramos muito quando meu pai voltou antes do tempo e nos disse que havia fugido porque tinham prendido o Rabi para matá-lo. Ele não fez a Páscoa, e deve partir de novo para fazê-la. Mas Tu agora, não morreste?

– Morri. Olha minhas feridas. Morri na Cruz. Mas ressuscitei. Dirás ao teu pai que fique algum tempo em Jerusalém depois da segunda Páscoa, e vá para as vizinhanças do Monte das Oliveiras, em Betfagé. Lá ele encontrará quem lhe diga o que deve fazer.

– Meu pai estava pensando em ir procurar-te. Na festa dos Tabernáculos ele não pôde te falar. Ele queria dizer-te que te quer bem por me teres dado os olhos. Mas não pôde fazê-lo, nem daquela vez nem agora…

– Ele o fará, com a fé em Mim. Adeus, menino. A paz a ti e à tua família.

XIX. Aparição aos camponeses de Jocanã.

632.37

Os campos de Jocanã estão sendo beijados pela lua. O silêncio é absoluto. As pobres casas dos camponeses, nessa noite de muito calor, têm a porta aberta para que eles não morram de calor nos cômodos baixos, onde estão amontoados corpos demais em relação à capacidade do ambiente.

Jesus entra em um quarto maior. Parece que a própria lua encompridou o seu raio de luz para fazer para Ele um tapete real sobre um chão de terra batida. Ele se inclina sobre um que está dormindo de bruços, num sono pesado devido ao cansaço. Ele o chama. Depois passa para um outro, e mais outro. A todos Ele chama, dizendo que são seus fiéis e pobres amigos. Ele vai passando sem fazer barulho e rápido como um anjo voando. Entra em outras choupanas… Depois vai esperá-los lá fora, perto de umas moitas de plantas. Os camponeses, meio sonolentos, estão saindo dos seus casebres. São dois, são três, é um só, são até cinco ao mesmo tempo e algumas mulheres. Estão admirados por terem sido todos chamados por uma voz conhecida, que dizia a todos as mesmas palavras: “Vinde ao pomar!”

Eles vão até lá, terminando de pôr suas vestes, os homens, ou de ajeitar as tranças, as mulheres, e vão falando baixo.

– A mim a voz parecia ser a de Jesus de Nazaré.

– Talvez seja o seu espírito. Eles o mataram. Já ouvistes falar?

– Eu não posso crer nisso. Ele era Deus.

– No entanto, Joel o viu também passar sob a cruz…

– A mim disseram, ontem, enquanto eu estava esperando que o feitor cuidasse de sua feira, que viram em Jezrael os discípulos que diziam que Ele ressuscitou mesmo.

– Cala-te. Tu sabes o que diz o Patrão. É a flagelação para quem disser isso.

– Talvez a morte. Mas não seria melhor do que sofrer assim?

– E agora Ele não existe mais!

– E eles também são piores, agora que conseguiram matá-lo.

– São maus porque Ele ressuscitou.

Eles falam em voz baixa, enquanto vão indo para o ponto que lhes foi dito.

632.38

– O Senhor! –grita uma mulher caindo de joelhos por primeiro.

– O fantasma dele! –gritam outros, e alguns estão com medo.

– Sou Eu. Não temais. Não griteis. Vinde para frente. Sou Eu mesmo. Eu vim para confirmar a vossa fé, pois eu sei que outros estão armando ciladas. Estais vendo? O meu corpo faz sombra porque é um verdadeiro corpo. Não estais sonhando, não. Minha voz é verdadeira. Eu sou o mesmo Jesus que repartia convosco o pão e vos amava. Também agora Eu vos amo. Eu vos mandarei os meus discípulos. E serei ainda Eu, porque eles vos darão aquilo que Eu vos dava, e aquilo que Eu dei a eles a fim de poder comunicar-me com aqueles que creem em Mim. Suportai a vossa cruz como Eu suportei a minha. Sede pacientes. Perdoai. Eles vos dirão como foi que Eu morri. Imitai-me. O caminho da dor é o caminho do Céu. Ide por ele em paz e tereis o meu Reino. Não há outro caminho, a não ser o da resignação à vontade de Deus, o da generosidade, da caridade para com todos. Se houvesse outro caminho, Eu vo-lo teria dito. E Eu passei por este caminho porque é o caminho certo. Sede fiéis à Lei do Sinai, que é imutável em seus dez mandamentos, e à minha Doutrina. Virão aqueles que vos haverão de instruir para que não sejais abandonados aos embustes dos maus. Lembrai-vos sempre de que Eu vos amei e de que Eu vim para o meio de vós antes e depois da minha glorificação. Em verdade Eu vos digo que muitos desejariam ver-me agora e não me verão. Muitos dentre os grandes. Mas Eu me mostro àqueles que Eu amo e que me amam.

Um homem ousa dizer:

– Então, o Reino dos Céus existe mesmo? És Tu verdadeiramente o Messias? Eles nos sugestionam…

– Não fiqueis escutando as palavras deles. Lembrai-vos das minhas e acolhei as dos meus discípulos, que são vossos conhecidos. São palavras de verdade. E quem as acolhe e pratica, ainda que seja servo ou escravo, será um cidadão e coerdeiro do meu Reino.

E Jesus, abrindo os braços, os abençoa e desaparece.

632.39

– Oh! Eu… Não tenho medo de mais nada!

– E eu também não. Tu ouviste? Também para nós há lugar!

– Precisamos ser bons!

– Precisamos perdoar!

– Ter paciência!

– Saber resistir.

– Procurar os discípulos.

– Ele veio até nós, pobres servos.

– Diremos isso aos seus apóstolos.

– Se Jocanã soubesse disso!

– E Doras!

– Eles nos matariam para que não se falasse nisso.

– Mas nós ficaremos calados. Falaremos disso somente aos servos do Senhor.

– Miquéias, tu não deves ir com aquela carga a Séforis? Por que não vais a Nazaré para dizer…

– Dizer a quem?

– À Mãe. Aos apóstolos. Talvez eles estejam com Ela…

E eles se afastam, cochichando sobre os seus projetos.

XX. Aparição a Daniel, parente do fariseu Elquias, com o sinedrita Simão.

632.40

Elquias, o fariseu, está discutindo com outros fariseus o que fazer com o sinedrita Simão que, tendo enlouquecido na sexta-feira santa, fala e diz coisas demais. E as propostas são várias. Alguém sugere de isolá-lo em algum lugar deserto, onde seus gritos não possam ser ouvidos a não ser por algum servo fiel e que tenha o mesmo pensamento deles. Alguém, um pouco mais benigno, sugere que, tratando-se de um mal estar passageiro, talvez convenha deixá-lo ali mesmo.

Elquias responde:

– Eu o trouxe até aqui sem saber para qual outro lugar levá-lo. Mas vós sabeis que eu duvido muito do meu parente Daniel…

Outros, mais malvados ainda do que Elquias, dizem:

– Ele quer fugir viajando pelo mar. Por que não fazermos a vontade dele?

– Porque ele não é capaz de atos ordenados. Sozinho no mar, ele morreria, pois nenhum de nós sabe conduzir uma barca.

– E depois? Antes ele fosse capaz! Que aconteceria no porto do desembarque ao ouvirem o que ele diz? Deixai que ele mesmo escolha seu caminho… Na presença de todos e do teu parente também, faze que ele diga qual é a sua vontade, e como é que ele quer que se faça.

Essa proposta foi aprovada, e Elquias, tendo chamado um servo, ordena-lhe que seja conduzido Simão e que chame Daniel. Vêm os dois e, se Daniel tem o aspecto de um homem que se sente incomodado no meio de certas pessoas, o outro tem justamente o aspecto de um doente mental.

– Ouve-nos, Simão. Tu dizes que nós te conservamos preso, porque queremos matar-te…

– Assim deveis fazer, porque esta é a ordem.

– Tu estás delirando, Simão. Cala-te e escuta. Onde é que achas que ficarás são?

– No mar. No mar. No meio do mar. Onde não se ouve voz alguma. Onde não há nenhum sepulcro. Porque os sepulcros se abrem e saem os mortos, e minha mãe diz…

– Cala-te! E escuta. Nós te amamos. Como a nossa carne. Queres mesmo ir para lá?

– É certo que eu quero. Porque aqui os sepulcros estão sendo abertos, e minha mãe…

– Pois bem. Tu irás para lá. Nós te levaremos para o mar, te daremos uma barca, e tu…

– Mas o que estais dizendo é um homicídio!. Ele está doido! Não pode andar sozinho! –grita o honesto Daniel.

– Deus não violenta a vontade do homem. Podemos nós fazer o que Deus não faz?

– Mas ele está doido! Não tem mais vontade. É mais bobo do que um recém-nascido! Vós não podeis…

– Cala essa boca. Tu és um agricultor e nada mais. Nós sabemos… Amanhã partiremos para o mar. Alegra-te, Simão. Para o mar, entendes?

– Ah! Não ouvirei mais as histórias da terra! Nem mais as vozes…

632.41

Ah!

Um grito longo, um espasmo de agitação, um fechar de olhos e de ouvidos. E um outro grito, o de Daniel, que foge aterrorizado.

– Mas quem é? Que é que está acontecendo? Parai aquele doido, aquele estulto! Talvez estejamos perdendo o juízo? –grita Elquias.

Mas aquele que Elquias chama de “estulto,” isto é, o seu parente Daniel, depois de ter corrido alguns metros, prostra-se no chão, enquanto o outro está espumando, lá onde está, em uma convulsão que mete medo, e grita, grita:

– Faze-o calar!Ele não está morto, mas gritando, gritando, gritando! Mais do que minha mãe, mais do que meu pai, mais do que no Gólgota! Vede lá, lá, não estais vendo lá?

Está mostrando onde está Daniel plácido, sorridente, com o rosto levantado, depois de ter ficado com o rosto no chão.

Elquias o alcança e o sacode rudemente, furioso, sem preocupar-se com Simão, que está rolando no chão, espumando e dando urros como de animais, dentro de um círculo dos outros, que estão aterrorizados. Elquias provoca Daniel:

– Ó visionário preguiçoso, queres dizer-me o que estás fazendo?

– Deixa-me. Agora eu te conheço. E de ti eu me afasto. Eu vi, benigno para comigo, tremendo para vós, Aquele que vós quereis me fazer crer que está morto. Eu vou embora! Mais do que o dinheiro e toda riqueza, eu cuido de minha alma. Adeus, maldito! E tu, se puderes, procura merecer o perdão de Deus.

– Mas para onde vais? Para onde? Eu não quero!

– Tu tens o direito de me conservares prisioneiro? Quem foi que me deu a ti? Eu te deixo aquilo que amas e sigo a quem eu amo. Adeus.

Vira-lhe as costas e lá se vai, rápido, como se fosse arrastado por uma força sobre-humana, descendo pela encosta verde dos olivais e pomares.

Elquias, e não só ele, está lívido. A ira sufoca a todos. Elquias ameaça o seu parente com uma vingança, e todos os que — em seu frenesi — como ele diz, afirmam que o Cristo está vivo. Ele quer falar… quer agir…

Um deles, que eu não sei quem seja, diz:

– Faremos, faremos, mas não poderemos fechar todas as bocas, e as pupilas, que falam porque estão vendo. Estamos vencidos! O delito pesa sobre nós. Agora vem a expiação…

E bate no peito, oprimido por uma angústia que o faz ficar semelhante a um que vai subindo os degraus de um patíbulo.

– A vingança de Javé –diz ele ainda, e é todo o terror milenar de Israel que aflora em sua voz.

Nesse ínterim, ferido, espumante, amedrontador, Simão lança gritos de um condenado:

– Parricida[15], foi assim que ele me chamou! Fazei-o calar-se! Calar-se! Parricida! É justamente a palavra de minha mãe! Será que os mortos terão todos as mesmas palavras?!…

XXI. Aparição a uma mulher galileia, que obtêm a ressurreição do marido morto.

632.42

A lua está quase sumindo no poente, escondendo o seu arco fino de lua nova por detrás da curva do monte. A sua luz, portanto, já não é tão evidente, e daqui a pouco não será mais vista nos vastos campos.

Contudo, há um viandante naquela estrada solitária. É uma ruela, um beco entre os campos. Ele vai indo, segurando por uma argola um farolete rudimentar, daqueles que são velhos como o mundo, penso seu, e que os carreteiros usam para alumiar o caminho de noite. Este farolete, já que o vidro não é comum — aliás, eu acho até que seja ainda desconhecido, pois nunca me aconteceu vê-lo em nenhuma casa, nem sob a forma de copo, nem como um vaso maior, nem como anteparo nas janelas — tem um anteparo para as chamas, uma coisa que tanto pode ser a mica como o pergaminho. A luz passa através dele tão fraca, que só serve para clarear um pequeno espaço ao redor do farolete. Mas, como a lua já sumiu completamente, a luz do pobre farolete parece aumentar de força e ficar saltitando, como um ponto claro no meio da escuridão do campo.

Enquanto isso, o viandante vai sempre caminhando… Lá para os lados do horizonte, o céu já está dando um sinal de que a aurora se aproxima. Mas é um sinal ainda tão fraco, que não ilumina nada, e a pobre luzinha bem que ainda serve.

Perto de uma pequena ponte, todo encapotado, talvez esperando alguém ou descansando um pouco, há um outro viandante.

Aquele viandante do farolete, que vinha dirigindo-se para a ponte, para, em dúvida. Ele não sabe se é bom passar por lá ou se voltar, indo para o leito de uma pequena torrente que tem grandes pedras largas, que podem servir de passagem para atravessar a pouca água do fundo.

O homem que está sentado sobre a rústica margem, formada naquele ponto por um tronco de casca branco esverdeada, levanta a cabeça para observar o outro homem que parou. E põe-se de pé, para dizer-lhe:

– Não tenhas medo de Mim. Vem para a frente. Eu sou um bom companheiro e não um ladrão.

É Jesus. Eu o reconheço pela voz, mais do que pelo aspecto, pois este está coberto pelo crepúsculo ainda escuro, que a luz do farol não consegue vencer até lá onde está Jesus. Mas aquela pessoa duvida ainda.

– Vem, mulher. Não temas. Teremos que andar juntos, ainda por um bom trecho do caminho, e isso será bom para ti.

A mulher, agora eu sei que é uma mulher, vem para a frente, vencida pela doçura daquela voz ou por uma força misteriosa, e murmura:

– Não há mais nada de bom para mim.

632.43

Agora prosseguem lado a lado por aquele caminho, que é largo o suficiente para deixar passar dois pedestres. A aurora que vem chegando mostra, de um lado do caminho, uma plantação bem densa, como uma floresta em miniatura, de trigo maduro à espera da foice. Do outro lado, o trigo já ceifado está espalhado em feixes pelo campo, que ficou despojado da sua glória da colheita madura.

– Malditos! –diz em voz baixa a mulher, lançando um olhar sobre os feixes que lá se encontram.

Jesus ficou calado.

O dia vai chegando. A mulher apaga a pobre luz e, para fazer isso, teve que descobrir o rosto devastado pelo pranto. Ela levanta o rosto a fim de olhar para o Oriente, onde uma faixa amarelo-rosada está anunciando o nascer do sol. Então, ela sacode o punho contra o oriente e diz ainda:

– E maldito sejas tu!

– O dia? Foi Deus quem o fez. Assim como fez o grão. São os benefícios de Deus. Não devem ser amaldiçoados… –diz com doçura Jesus.

– Mas eu os amaldiçoo. Amaldiçoo o sol e as messes. E tenho razão de fazê-lo.

– Eles não têm sido bons para ti durante tantos anos? Não amadurecem para ti o pão de cada dia, a uva que se transforma em vinho, as verduras e as frutas do pomar, tendo feito crescer também as pastagens para nutrir as ovelhas e os cordeiros, com cujo leite e carne te alimentaste, e com cuja lã teceste as tuas vestes? E o trigo não deu pão a ti, aos teus filhos, ao teu pai, à tua mãe, ao teu esposo?

Um grande frouxo de pranto, e um grito:

– Eu não tenho mais esposo! Eles o mataram! Ele tinha saído para o trabalho, pois nós tivemos sete filhos e não nos bastava o pouco que tínhamos de nosso para matar a fome de dez pessoas. E ontem de tarde, ele chegou, dizendo: “Estou cansado e sou um tolo,” e se jogou na cama com febre alta. Eu e sua mãe o socorremos como se podia, pensando em chamar hoje o médico da cidade… Mas depois do canto do galo, ele morreu. Quem o matou foi o sol. Eu vou para a cidade, sim. Vou buscar tudo o que for preciso. E na volta de lá avisarei aos irmãos. Eu deixei a mãe cuidando do seu filho e dos meus filhos… e parti para ir fazer o que era necessário… E, então, eu não devo amaldiçoar o sol ardente e os trigais?

Se antes estava tão moderada, a tal ponto que eu nem teria pensado que fosse uma mulher, e uma mulher aflita, agora ela rompeu os diques de sua dor, e eles estão transbordando fortemente. Diz tudo aquilo que ela nunca havia dito em sua casa, – para não despertar os meninos que estavam dormindo no quarto vizinho, – tudo o que lhe pesava tanto no coração, a ponto de perceber que estava para explodir. As recordações de amor, a ansiedade pelo futuro, os espasmos de uma viúva, todas essas coisas passam confusas como detritos de uma rapina boiando sobre a onda alta de um rio na cheia…

632.44

Jesus a deixa falar. Porque Jesus sabe se compadecer do sofrimento, Ele a deixa desabafar, para que a criatura tenha um alívio e o próprio cansaço, que provém depois da explosão da dor, torne-a capaz de entender quem a está consolando. Então, Ele diz com doçura:

– Em Naim e em Nazaré, e nos lugares entre um e outro, estão os discípulos do Rabi de Nazaré. Vá até eles…

– E que queres que eles façam? Se Ele inda estivesse aqui!… Mas eles? Eles não são santos! Meu marido estava em Jerusalém, naquele dia. E sabe… Oh! Não. Ele sabia! Agora não sabe mais nada. Está morto!

– Que é que o teu marido fez naquele dia?

– Quando o clamor da estrada o despertou, ele correu para o terraço da casa onde estava com os seus irmãos e viu passando o Rabi que ia sendo levado para o Pretório, e o acompanhou junto a outros galileus até ser morto. Jogaram pedras nele e nos outros quando descobriram que eles eram galileus, lá no alto do monte, e os expulsaram mais para baixo. Mas eles ficaram lá até que tudo se cumpriu. Depois… saíram de lá… Agora, ele está morto. Oh! Pelo menos se eu ficasse sabendo que, pela sua piedade para com o Rabi, ele está em paz!

Jesus não responde a esse desejo. Mas Ele diz:

– Então ele terá visto que alguns discípulos estavam no Gólgota. Quem sabe se todos os judeus foram como o teu marido?

– Oh! Não. Muitos, até de Nazaré, o insultaram. E isto se sabe. Que vergonha!

– E, então, se muitos, até de Nazaré, não tiveram amor pelo seu Jesus e, contudo, Ele os perdoou e muitos deles se santificarão no futuro, por que é que queres julgar do mesmo modo todos os discípulos de Cristo? Queres tu ser mais severa do que Deus? Deus concede muitas coisas aos que Ele perdoa…

– Não existe mais o Rabi bom! Não existe mais. E o meu marido está morto…

– O Rabi deu aos seus discípulos o poder de fazer o que Ele fazia.

– Eu assim quero crer. Mas somente Ele é que vencia a morte. Só Ele!

– E não se lê que Elias restituiu o espírito ao filho da viúva de Sarepta? Em verdade, Eu te digo que Elias era um grande profeta, mas que os servos do Salvador — que morreu e ressuscitou, porque é o Filho do Deus verdadeiro que se encarnou para redimir os homens — têm ainda maior poder, porque Ele, na Cruz, os perdoou de seus pecados por primeiro, porque conhecia, por sua sabedoria divina, a verdadeira dor dos seus espíritos contritos; e os santificou depois da Ressurreição com um novo perdão, infundiu neles o Espírito Santo a fim de que pudessem representar-me dignamente, com a palavra e com as ações, para que o mundo não ficasse desolado depois do meu afastamento deles.

632.45

A mulher retrocede com veemência, atordoada. Joga o véu para trás, para olhar bem para o seu companheiro de caminho. Porém, não o reconhece. Acredita ter entendido errado. Não ousa mais falar…

– Estás com medo de Mim? Antes pensavas que Eu fosse um ladrão, pronto para tomar-te os denários que tens no seio, úteis para com eles comprar o que é necessário para a sepultura. E tu tiveste medo. Agora estás com medo de saber que Eu sou Jesus? E não é Jesus aquele que dá e não toma? Aquele que salva e não arruína? Volta, mulher. Eu sou a Ressurreição e a Vida. Não são necessários o Sudário e os aromas para aquele que não morreu, que não está mais morto, porque Eu sou Aquele que vence a morte e premia quem tem fé. Vai. Vai para a tua casa! O teu marido está vivo. Uma fé em Mim não fica sem prêmio.

Ele faz o gesto de abençoá-la e de ir-se embora.

Então a mulher sai do seu estarrecimento. Não pergunta, não duvida… Nada. Ela cai de joelhos, adorando. E finalmente abre a boca e, dando uma busca em seu seio, tira uma bolsa pequena, magra, daquelas que usam os pobres, cuja miséria proíbe prestar solenes honrarias aos seus mortos, e diz, oferecendo a bolsa:

– Não tenho nada mais… Nada tenho para dar-te como gratidão e para prestar-te uma homenagem, para…

– Não tenho mais necessidade de dinheiro, mulher. Levarás isso aos meus apóstolos.

– Oh! Sim E eu irei lá com o meu marido… Mas o que, então, te daremos, meu Senhor? O quê? Tu apareceres a mim… este milagre… e eu não reconhecer-te… e eu tão inquieta… sim, injusta até com as coisas…

– Sim. E não pensavas que estas coisas existem porque Eu existo, e que tudo o que é bom foi Deus quem fez. Se o sol não tivesse existido, se os grãos não estivessem presentes, não teríeis recebido esta graça.

– Mas quanta dor também!…

E a mulher derrama uma lágrima ao lembrar-se do acontecido.

Jesus sorri e mostra suas mãos, dizendo:

– Esta é uma parte mínima da minha dor. E Eu fiz tudo sem queixar-me, para o vosso bem.

A mulher se inclina até o chão para confessar:

– É verdade. Perdoa os meus lamentos.

632.46

Jesus desaparece na sua luz e quando a mulher ergue o rosto, vê que está sozinha. Ela se levanta e gira o olhar. Não mais impede a visão, porque a essa altura o dia está luminoso e só há campos cheios de messe ao redor. A mulher diz a si mesma: “Mas eu não sonhei!” Talvez o demônio a tente, para fazê-la duvidar, porque ela tem um momento de incerteza enquanto segura a bolsa entre as mãos.

Mas depois é a fé que vence, e ela vira as costas para o lugar aonde tinha ido e volta por sobre os seus passos, rápida, como se o vento a estivesse transportando, sem sentir-se cansada, com o rosto irradiando uma alegria maior do que a alegria humana, de tão pacífica. E ela repete, de vez em quando:

– Como é bom o Senhor. Ele é verdadeiramente Deus! Ele é Deus. Seja bendito o Altíssimo e Aquele que Ele mandou.

E não sabe dizer mais nada. E esta sua ladainha se mistura agora com os cantos dos passarinhos.

A mulher está tão absorta com o que lhe aconteceu que nem ouve as saudações dos ceifadores, que a veem passar e que lhe perguntam de onde está vindo, numa hora daquelas… Um deles se aproxima e lhe diz:

– Marcos já está melhor? Tu foste ao médico?

– Marcos morreu ao cantar do galo, e ressuscitou. Pois o Messias do Senhor fez isso –responde ela, andando sempre apressadamente.

– A dor a fez ficar louca! –murmura o homem, e balança a cabeça ao chegar perto dos companheiros, que já começaram a ceifar os trigais.

Os campos vão-se enchendo cada vez mais de gente. Mas a curiosidade vence a muitos, que resolvem acompanhar a mulher, que acelera cada vez mais os seus passos.

632.47

Ela prossegue. Eis uma casa paupérrima, baixa, solitária, perdida no meio do campo. Ela se dirige para lá, apertando as mãos no coração.

Entra. Mas assim que põe os pés dentro de casa, uma velha se joga em seus braços gritando:

– Oh! Minha filha, que graça do Senhor! Coragem, filha, porque aquilo que vou dizer-te é tão grande, tão feliz, que…

– Eu sei, mãe. Marcos não está mais morto. Onde está ele?

– Tu sabes? Como?

– Eu encontrei o Senhor. Não o reconheci, mas Ele me falou e, quando lhe aprouve, Ele me disse: “Teu marido está vivo.” Mas aqui… quando?

– Eu tinha acabado de abrir a janela e estava olhando os primeiros raios do Sol sobre a figueira. Sim, isso mesmo. O primeiro raio tocou na figueira pelo lado do quarto… quando eu ouvi um suspiro forte, como o de alguém que desperta. Aí eu me virei, espantada, e vi Marcos sentando-se e jogando para frente o lençol que eu lhe havia colocado sobre o rosto, e olhar para o alto de um modo, um modo tal… Depois ele olhou para mim, e disse: “Mãe, eu estou curado!” Eu… Eu quase morri, e ele me socorreu, e eu compreendi que tinha estado morto. Mas Marcos não se lembra de nada. Ele diz que só se lembra de quando o colocamos na cama e, depois, de mais nada, até o momento em que viu um anjo, uma espécie de anjo, que tinha o rosto do Rabi de Nazaré, e que lhe disse: “Levanta-te!” E ele ergueu-se. Justamente na hora em que o sol surgiu completamente.

– Na hora em que Ele me disse: “O teu marido está vivo.” Oh! Mãe, que graça! Como Deus nos amou!

632.48

As pessoas que vão chegando, encontram-nas abraçadas, chorando. Pensam que Marcos esteja morto e que a mulher, num momento de lucidez, tenha entendido a desventura. Mas Marcos, que ouve as vozes, aparece, sereno, com um filho nos braços e os outros agarrados à sua túnica, e diz com força:

– Eis-me aqui. Vamos bendizer o Senhor.

Os que estão chegando, cobrem-no de perguntas e, como sempre nas coisas humanas, começa a surgir a contradição. Uns creem numa verdadeira ressurreição, e outros, a maioria, dizem que ele apenas tinha caído em um torpor, mas que não tinha morrido. Alguns admitem que o Cristo tenha aparecido a Raquel e, outros, que todos estão doidos, porque “Ele está morto.” E outros ainda dizem: “Ele ressuscitou, mas está tão desprezado, deve ser isso, que não faz mais milagres para o seu povo assassino.”

– Dizei o que quiserdes –diz o homem, perdendo a paciência–, dizei-o onde quiserdes. Basta que não digais aqui onde o Senhor Jesus me ressuscitou. E ide embora, ó infelizes! E queira o Céu dobrar-vos a cerviz para crerdes. Mas agora ide e deixai-nos em paz.

E os põe para fora, fechando a porta atrás deles.

632.49

Abraça a mulher e a mãe, dizendo:

– Nazaré não é distante daqui. Eu vou lá proclamar o milagre.

– Assim é que quer o Senhor, Marcos. Levaremos estes denários para os seus discípulos. Vamos bendizer o Senhor. Assim como estamos. Nós somos pobres, mas Ele também era, e os seus apóstolos não nos desprezarão.

E se põe a dar os laços nas pequenas sandálias dos meninos, enquanto a mãe põe alguma provisão nas bolsas, fechando as portas e as venezianas, e Marcos vai fazer não sei o quê.

Eles vão saindo à medida que estão prontos, e vão sem demora, os pequeninos nos braços, os outros alegres e meio estonteados ao redor, indo para o leste, para Nazaré, compreende-se. Talvez este lugar ainda exista na planície de Esdrelon, mas em ponto diferente, fora da propriedade de Jocanã.


Notes

  1. a accompli le miracle, au chapitre 395.
  2. mes paroles d’adieu, en 394.3.
  3. auquel il a donné son nom, en 76.9/10.
  4. je t’ai rendu la vue, en 358.10.
  5. S’il m’a envoyé l’agneau, en 576.2.
  6. veux-tu encore mourir, comme en 529.8.
  7. Tu l’as fait une fois, au chapitre 359.
  8. les trois sages, rappelés par lui-même en 390.6 ; ma prière, en 390.4.
  9. le tremblement de terre que Jésus lui avait prédit en 381.10.
  10. le dit bien, en Ps 8, 3.
  11. la discussion, en 342.6/7.
  12. qui t’a accueillie, en 254.4/7.
  13. Zacharie, le lévite, rencontré en 201.4 – 281.11.14 – 490.9/10 – 506.1 – 507.2.10/12.
  14. qui m’a donné mes yeux, en 473.2/6.
  15. Parricide, comme en 548.15, en référence à 520.6/11 et 535.11.

Notas

  1. realizou o milagre, no capítulo 395.
  2. daquelas minhas palavras ditas na despedida, em 394.3.
  3. ao qual Ele deu o nome, em 76.9/10.
  4. Eu te restituí a vista, em 358.10.
  5. me mandou o cordeiro, em 576.2.
  6. ainda queres morrer, como em 529.8.
  7. Já me recebeste uma vez, no capítulo 359.
  8. os três sábios, lembrados por ele mesmo em 390.6; o meu pedido, em 390.4.
  9. o terremoto, preanunciado por Jesus in 381.10.
  10. diz, em: Salmo 8,3.
  11. a discussão, em 342.6/7.
  12. te acolheu, em 254.4/7.
  13. o levita, encontrado em: 201.4 - 281.11.14 - 490.9/10 - 506.1 - 507.2.10/12.
  14. me deu a vista, em 473.2/6.
  15. Parricida, como em 548.15, em referência a 520.6/11 e 535.11.