Los Escritos de Maria Valtorta

287. De Ramoth à Gérasa, avec la caravane du marchand.

287. De Ramot a Gerasa con la caravana del mercader.

287.1

Dans la lumière un peu crue d’un matin quelque peu venteux, apparaît dans toute son originale beauté le caractère singulier de ce village posé sur une plate-forme rocheuse qui se dresse au milieu d’une couronne de sommets plus ou moins élevés. On dirait un grand plateau de granit sur lequel sont posés des maisons, des maisonnettes, des ponts, des fontaines, qui se trouvent là comme pour divertir un enfant géant.

Les maisons paraissent taillées dans la roche calcaire qui forme la matière de base de cette région[1].

Construites de blocs superposés, sans mortier ou à peine équarris, elles ressemblent à un jeu de cubes fabriqué par quelque grand gamin ingénieux.

Tout autour de ce hameau, on contemple sa campagne boisée et fertile, avec des cultures variées qui, vues d’en haut, font comme un tapis où l’on distingue des carrés, des trapèzes, des triangles, les uns de terre brune que l’on vient de piocher, d’autres de couleur vert émeraude à cause de l’herbe qu’a fait repousser la pluie d’automne, d’autres rougies par les dernières feuilles des vignes et des vergers, d’autres vert-gris avec les peupliers et les saules, d’autres d’un vert émaillé avec les chênes et les caroubiers, ou vert bronze avec les cyprès et les conifères. C’est très très beau !

Des routes s’en vont comme à partir d’un nœud de rubans, du village à la plaine lointaine, ou bien vers des montagnes encore plus hautes et s’enfoncent sous des bois, ou bien séparent d’un trait gris les prés verdoyants et les terres ocre brun des labours.

Il y a aussi un riant cours d’eau argenté au-delà du village en remontant vers la source ; du côté opposé, il devient couleur d’azur teinté de jade dans les descentes vers les vallées entre gorges et pentes ; il apparaît et disparaît, capricieux, de plus en plus fort et plus bleuté à mesure qu’il grossit en ne permettant plus aux roseaux du fond et aux herbes qui ont poussé dans son lit à la saison sèche de le teinter de vert. Maintenant il reflète le ciel, après avoir enseveli les tiges sous une épaisseur d’eau déjà profonde.

Le ciel est d’un azur irréel : une écaille précieuse d’un émail bleu foncé, sans la moindre fêlure dans sa masse merveilleuse.

287.2

La caravane se remet en route, avec les femmes encore à cheval car, dit le marchand, la route est fatigante au-delà du village et il faut faire vite pour arriver à Gérasa avant la nuit. Emmitouflés, dispos après le repos, ils avancent rapidement sur la route qui monte au milieu de superbes fourrés côtoyant les pentes plus élevées d’une montagne solitaire qui se dresse comme un bloc énorme au-dessus des autres monts en contrebas. C’est un véritable géant tel qu’on en rencontre aux endroits les plus élevés de notre Apennin.

« Galaad » indique du doigt le marchand resté près de Jésus, qui conduit toujours par la bride le mulet de la Vierge. Et il a­joute :

« Après cela, la route est meilleure. Es-tu déjà venu ici ?

– Jamais. Je voulais y venir au printemps, mais à Galgala j’ai été repoussé.

– Te repousser ? Quelle erreur ! »

Jésus le regarde et se tait.

Le marchand a pris en selle Marziam, qui peinait vraiment sur ses jambes courtes pour suivre le pas rapide des montures. Et Pierre le sait, qu’il est rapide ! Il avance, s’efforçant péniblement de suivre, imité par les autres, mais il est toujours distancé par la caravane. Il transpire, mais il est content car il entend rire Marziam, il voit la Vierge reposée et le Seigneur heureux. Il parle en haletant avec Matthieu et son frère André qui restent en queue comme lui et il les fait rire en leur disant que s’il avait des ailes à la place des jambes, il serait comblé en cette matinée. Il s’est débarrassé de tout fardeau comme les autres, en attachant les sacs aux selles des femmes, mais la route est vraiment malaisée sur les pierres que la rosée rend glissantes. Les deux Jacques, Jean et Jude sont plus braves et suivent de près les mulets des femmes. Simon le Zélote parle avec Jean d’En-Dor. Timon et Hermastée sont occupés eux aussi à conduire les mulets.

287.3

Finalement, le plus difficile est franchi et un tableau tout différent s’offre à la vue étonnée. La vallée du Jourdain a définitivement disparu. Maintenant l’œil découvre à l’orient un haut plateau d’une étendue imposante, sur laquelle seulement des rides de collines arrivent à peine à s’élever pour interrompre la monotonie du paysage. Je n’aurais jamais pensé qu’il y avait en Palestine quelque chose de semblable. On dirait que la tempête rocheuse des montagnes c’est apaisée et pétrifiée en une énorme vague restée suspendue entre le niveau du fond et le ciel, avec, comme unique souvenir de sa furie première, ces petites lignes de collines, écume des crêtes solidifiées çà et là alors que l’eau de la vague s’est étendue en une surface plane d’une merveilleuse magnificence. On arrive à cette région de paix lumineuse par un dernier défilé, sauvage comme l’est l’abîme entre deux lames qui se heurtent, les deux dernières lames d’une tempête. Au fond, un nouveau torrent court en écumant vers l’ouest. Il arrive de l’est dans un parcours tourmenté, rageur, à travers roches et cascades, contrastant ainsi avec la paix lointaine de l’énorme plateau.

« Maintenant la route va être bonne. Si tu le permets, je vais ordonner une halte, dit le marchand.

– Je me laisse conduire par toi, homme. Tu le sais. »

Ils descendent tous et se dispersent sur la pente afin de chercher du bois pour cuire le déjeuner, de l’eau pour les pieds fatigués, pour les gorges assoiffées. Les bêtes, que l’on a déchargées de leurs fardeaux, broutent l’herbe touffue ou descendent s’abreuver aux eaux limpides du torrent. Une odeur de résine et de viande rôtie se dégage des petits feux allumés pour cuire les agneaux.

Les apôtres ont préparé un feu et y cuisent des poissons salés, lavés au préalable dans l’eau fraîche du torrent. Mais le marchand les voit, vient leur apporter un petit agneau ou un chevreau, et les force à l’accepter. Et Pierre se met en devoir de le rôtir après l’avoir farci de plantes aromatiques.

Le repas est vite préparé et vite consommé.

287.4

Et, sous le soleil à pic de midi, ils reprennent leur marche sur une route meilleure qui longe le torrent en direction du nord-est, dans une région d’une fertilité merveilleuse et bien cultivée, riche en troupeaux de brebis et de porcs qui s’enfuient en grognant devant la caravane.

« Cette ville entourée de murs, Seigneur, c’est Gérasa. Une ville de grand avenir. Elle est en train de se développer et je ne crois pas me tromper en disant qu’elle rivalisera vite avec Joppé et Ascalon, avec Tyr et beaucoup d’autres villes pour la beauté, le commerce et la richesse. Les romains en voient toute l’importance sur cette route qui va de la mer Rouge, et par conséquent de l’Egypte, au Pont-Euxin par Damas. Ils aident les géraséniens à bâtir… Ils ont bon œil et bon flair. Pour le moment, elle a seulement de nombreux commerces, mais plus tard !… Ah ! Elle sera belle et riche ! Une petite Rome avec des temples et des piscines, des cirques et des thermes. Moi, je n’y avais que des com­merces. Mais j’ai déjà acquis beaucoup de terrain pour y installer des magasins, pour les revendre cher après les avoir achetés bon marché, peut-être pour construire une vraie maison de riche et venir m’y établir dans ma vieillesse quand Baldassar, Nabor, Félix et Sidmia pourront respectivement tenir et diriger les magasins de Sinope, Tyr, Joppé et Alexandrie à l’embouchure du Nil. Pendant ce temps, les trois autres garçons grandiront et je leur donnerai les magasins de Gérasa, d’Ascalon, de Jérusalem peut-être. Et les filles, riches et belles, seront recherchées et feront de beaux mariages et me donneront beaucoup de petits-enfants… »

Le marchand rêve les yeux ouverts à un avenir doré.

287.5

Jésus demande calmement :

« Et après ? »

Le marchand se secoue, le regarde d’un air perplexe et répond :

« Et après ? Ce sera tout. Après viendra la mort… C’est triste, mais c’est comme ça.

– Et tu abandonneras toute activité ? Tous tes magasins ? Toutes tes affections ?

– Mais, Seigneur ! Moi, je ne le voudrais pas ! Mais comme je suis né, je dois aussi mourir. Et je devrai tout quitter. »

Il pousse un soupir si profond que son souffle suffirait à pousser en avant la caravane…

« Mais qui te dit qu’à la mort on quitte tout ?

– Qui ? Mais les faits ! Quand on est mort… il n’y a plus rien. Plus de mains, plus d’yeux, plus d’oreilles…

– Tu n’es pas seulement mains, yeux et oreilles.

– Je suis un homme. Je le sais. J’ai d’autres choses. Mais tout finit avec la mort. C’est comme le coucher du soleil. Son coucher le fait disparaître…

– Mais l’aurore le recrée ou plutôt le ramène de nouveau. Tu es un homme, tu l’as dit. Tu n’es pas un animal comme celui que tu montes. Lui, une fois mort, est réellement fini. Toi, non. Tu as ton âme. Tu ne le sais pas ? Tu ne sais même plus cela ? »

Le marchand entend ce triste reproche, triste et doux, et il baisse la tête en murmurant :

« Cela, je le sais encore…

– Et alors ? Tu ne sais pas que l’âme survit ?

– Je le sais.

– Et alors ? Tu ne sais pas qu’elle a toujours une activité dans la vie de l’au-delà ? Sainte, si elle est sainte. Mauvaise, si elle est mauvaise. Elle a des sentiments. Ah ! Comme elle en a ! D’amour, si elle est sainte. De haine, si elle est damnée. De la haine pour qui ? Pour les causes de sa damnation. Dans ton cas, les activités, les magasins, les affections uniquement humaines. D’amour, pour qui ? Pour les mêmes choses. Et que de bénédictions sur les enfants et sur les activités des enfants peut apporter une âme qui est dans la paix du Seigneur ! »

L’homme est pensif. Il dit ensuite :

« Il est tard. Je suis vieux désormais. »

Et il arrête son mulet. Jésus sourit et répond :

« Moi, je ne te force pas. Je te conseille. »

Et il se retourne pour regarder les apôtres qui, pendant l’arrêt avant d’entrer dans la ville, aident les femmes à descendre et prennent leurs sacs.

287.6

La caravane repart et ne tarde pas à entrer, par la porte que gardent deux tours, dans la ville affairée.

Le marchand revient vers Jésus :

« Veux-tu encore rester avec moi ?

– Si tu ne me renvoies pas, pourquoi ne devrais-je pas le vouloir ?

– A cause de ce que je t’ai dit. Saint comme tu l’es, je dois t’inspirer du dégoût.

– Oh non ! Je suis venu pour ceux qui sont comme toi. Je vous aime parce que c’est vous qui en avez le plus besoin. Tu ne me connais pas encore. Mais je suis l’Amour qui passe en mendiant l’amour.

– Alors, tu ne me hais pas ?

– Je t’aime. »

Un éclair traverse le fond des yeux de l’homme. Mais il dit avec un sourire :

« Alors nous allons rester ensemble. Je vais m’arrêter trois jours à Gérasa pour affaires. J’y laisse les mulets pour les chameaux. J’ai la correspondance des caravanes dans les endroits de plus long parcours et j’ai un serviteur pour s’occuper des bêtes que je laisse à cet endroit. Et toi, que vas-tu faire ?

– J’évangéliserai pendant le sabbat. Je t’aurais quitté si tu ne t’étais pas arrêté car le sabbat est sacré pour le Seigneur. »

L’homme plisse le front, réfléchit et approuve comme à regret :

« …Oui… C’est vrai. Il est sacré pour le Dieu d’Israël. Il est sacré. Il est sacré. »

Il regarde Jésus…

« Je te le consacrerai, si tu permets.

– A Dieu. Pas à son Serviteur.

– A Dieu et à toi, en t’écoutant. Je vais faire mes affaires aujourd’hui et demain matin. Ensuite, je t’écouterai. Viens-tu maintenant à l’hôtellerie ?

– Forcément. J’ai les femmes, et ici je suis inconnu.

– Voici mon auberge. C’est la mienne parce c’est là que sont mes écuries d’une année à l’autre. Mais j’ai de vastes pièces pour les marchandises. Si tu es d’avis…

– Que Dieu t’en récompense. Allons. »

287.1

Con la luz un poco cruda de una mañana bastante ventosa, la singularidad de este pueblo que yace sobre una plataforma rocosa elevada en medio de una corona de picos, unos más altos, otros más bajos que él, se muestra en toda su peculiar belleza. Parece una gran bandeja de granito que tuviese encima casas de distintos tamaños, puentes y fuentes, para diversión de un niño gigante.

Las casas parecen labradas en la roca calcárea que constituye la materia base de esta zona. Edificadas a escuadra, a base de superposición de sillares, algunos sin revoque, algunos ni siquiera desbastados, parecen realmente casitas del pueblo de un Nacimiento construido con hexaedros por un gigantesco niño ingenioso.

Y todo alrededor de este pueblecillo se contempla su fértil campiña poblada de árboles y variados cultivos, que hacen que desde arriba parezca una alfombra de cuadrados, trapecios, triángulos: unos, pardos de tierra poco antes arada; otros, verde esmeralda por la hierba renacida con las lluvias de otoño; otros, rojeantes por las últimas hojas de vides y árboles frutales; otros, verdegrises por los chopos y sauces, o de un verde lustroso por las encinas y algarrobos, o verde-bronce por los cipreses y coníferas. ¡Muy bonito, verdaderamente muy bonito!

Y caminos que van, como cintas a partir de un nudo, del pueblo a la lejana llanura, o hacia montes incluso más elevados; y se hunden bajo los bosques; o separan con una marca cenicienta el color verde de los prados, el pardo de los campos arados.

Hay un risueño curso de agua: allende el pueblo en la dirección de su nacimiento, argénteo; de un azul esfumado tendente al color del jaspe, por el lado opuesto, en el descenso hacia el valle entre angosturas y suaves cuestas; que aparece o desaparece, juguetón, cada vez más caudaloso, cada vez más azul a medida que, aumentando sus aguas, va impidiendo a las cañas de su fondo y a las hierbas nacidas en su lecho durante los meses secos, teñirle de verde, para reflejar, antes al contrario, el cielo, sepultados ahora los leves tallos bajo una capa de aguas ya profundas.

El cielo es de un azul irreal: una preciosa lastra de esmalte azul intenso, sin siquiera una veta impura en su estupenda totalidad.

287.2

Y la caravana reanuda así su marcha, con las mujeres todavía a caballo, porque, como dice el mercader, el camino es penoso allende el pueblo, y deben recorrerlo pronto para llegar a Gerasa esa noche. Arrebozados, ligeros por haber descansado, van a buen ritmo por el camino que sube entre un estupendo boscaje, rozando las pendientes más altas de un monte solitario que se eleva como un enorme bloque por encima de los dorsos de los otros montes más bajos: un verdadero gigante como los que pueden verse en los puntos más altos de nuestros Apeninos.

«Galaad» dice, señalando, el mercader, que se ha quedado al lado de Jesús, conduciendo todavía del ramal al mulito de la Virgen. Y añade: «Después de esto el camino es mejor. ¿Habías estado alguna vez aquí?».

«Nunca. Quería recorrerlo en primavera. Pero en Galgala no me aceptaron».

«¡¿Rechazarte a ti?! ¡Qué error!».

Jesús le mira y calla.

El mercader ha subido a la silla de su caballería a Margziam, que realmente penaba con sus piernecitas cortas para seguir el paso ágil de los caballos. ¡Bien sabe Pedro si es ágil! Camina deprisa y con fatiga, con toda su energía, imitado por los otros, pero aún así bastante distanciado de la caravana. Suda, pero está contento porque oye que Margziam ríe, y ve que la Virgen va descansada y el Señor alegre. Habla, resoplando, con Mateo y su hermano Andrés, que son los que van en la cola como él, y los hace reír diciendo que si en vez de piernas tuviera alas esa mañana se sentiría dichoso. Se ha desembarazado de todos los pesos, como los otros, atando los talegos a las sillas de las mujeres, pero el camino es verdaderamente tremendo, por piedras resbaladizas a causa del rocío. Los dos Santiagos, junto con Juan y el Tadeo se las apañan mejor y logran mantener el paso al lado de las mulas de las mujeres. Simón Zelote habla con Juan de Endor. Timoneo y Hermasteo cooperan en guiar a los mulitos.

287.3

Por fin la parte peor queda atrás. Un escenario completamente distinto se abre ante los ojos asombrados. El valle del Jordán ha dejado de verse definitivamente. Ahora la mirada se extiende hacia el oriente por un altiplano de dimensiones imponentes, en el que sólo una encrespadura de cerros apenas quiere elevarse para interrumpir la monotonía del paisaje. No habría imaginado nunca que pudiera existir en Palestina una cosa como ésta. Parece como si la tempestad rocosa de los montes se hubiera petrificado y calmado en una ingente onda que hubiera quedado suspendida entre el nivel del fondo y el cielo, y en la que el único recuerdo de su furia originaria, al extenderse el agua de la onda por una superficie plana de una magnificencia maravillosa, fueran esas encrespaduras de cerros (la espuma de las crestas solidificada acá o allá). A esta zona de paz se accede a través de la última garganta, bravía como el abismo entre dos golpes de mar que se embisten, los dos últimos golpes de una marejada; en su fondo hay un nuevo torrente espumeante que corre de Este a Oeste por un atormentado y furioso camino entre rocas y cascadas, tan en contraste con la paz lejana del enorme altiplano.

«A partir de ahora el camino será bueno. Si me lo permites, doy la orden de que se paren» dice el mercader.

«Me dejo guiar por ti, hombre. Tú conoces esto».

Se apean todos y se diseminan por la ladera en busca de leña para asar los alimentos, agua para los pies cansados y para las gargantas sedientas. Los animales, librados de su carga, rozan la abundante hierba y bajan a abrevarse en las cristalinas aguas del torrente. Olor de resinas y carne asada emanan de las pequeñas hogueras, que se yerguen para asar los corderos.

Los apóstoles se han preparado su fueguecillo y están calentando en él pescado salado, previo lavado en el agua fresca del torrente. Pero el mercader lo ve, y viene con un corderito despellejado —quizás es un cabritillo— y obliga a aceptar. Pedro se dispone a asarlo, después de llenarle bien lleno de poleo fresco.

287.4

La comida pronto está terminada y pronto consumida. Y bajo el sol cenital del mediodía se reanuda la marcha por un camino mejor, que sigue el curso del torrente en dirección nordeste, en una zona de maravillosa fertilidad y muy bien cultivada, rica en ovejas y en manadas de cerdos, los cuales, al encontrarse la caravana, huyen gruñendo.

«Aquella ciudad fortificada es Gerasa, Señor. Una ciudad con un gran porvenir. Ahora se está formando. No creo que me equivoque si digo que pronto competirá con Joppe y Ascalón, con Tiro y muchas otras ciudades, en belleza, comercio y riqueza. Los romanos ven la importancia que tiene, situada en esta vía que desde el mar Rojo, por tanto desde Egipto, pasando por Damasco, va hasta el mar Póntico. Así que ayudan a los gerasenos a construir… Tienen vista y buen olfato. Por ahora sólo tiene mucho comercio, ¡pero más adelante!… ¡Será bonita y rica! Una pequeña Roma, con templos, piscinas, circos y termas. Yo sólo tenía en esta ciudad relaciones comerciales. Pero ahora he comprado ya mucho terreno, para abrir bazares, o venderlo a alto precio dentro de poco, o quizás para construir una casa de verdadero señor y venir a pasar mi vejez cuando Baltasar, Nabor, Félix y Sidmia puedan, respectivamente, tener y llevar adelante los bazares de Sinopo, Tiro, Joppe y Alejandría en la desembocadura del Nilo. Mientras tanto, crecerán mis otros tres hijos varones, y les daré los bazares de Gerasa, Ascalón, y quizás Jerusalén. Las mujeres, ricas y guapas, recibirán propuestas, se casarán bien y me darán muchos nietos…». El mercader sueña con los ojos abiertos el más rosa y áureo futuro.

287.5

Jesús pregunta sereno: «¿Y luego?».

El mercader torna en sí, le mira perplejo y dice: «¿Y luego? Nada más. Luego vendrá la muerte… Es triste, pero es así».

«¿Y dejarás todas las actividades, todos los bazares, todos los sentimientos de afecto?».

«¡Señor, no quisiera, pero de la misma forma que he nacido debo morir, y tengo que dejar todo!» y suelta un suspiro tal, que sería capaz de hacer avanzar sólo con su viento a la caravana…

«¿Pero quién te ha dicho que cuando uno muere deja todo?».

«¿Quién? ¡Los hechos! Una vez que uno está muerto… nada más. Ya no tenemos manos, ni ojos, ni orejas…».

«No eres sólo manos, ojos y orejas».

«Soy un hombre. Eso lo sé. Tengo otras cosas. Pero todas terminan con la muerte. Es como el ocaso del Sol. El ocaso le anula…».

«Pero la aurora le crea otra vez, o, mejor, le hace presente de nuevo. Eres un hombre, eso has dicho; no eres un animal como el que cabalgas. Él, cuando muera, sí acabará realmente. Tú no. Tú tienes el alma. ¿No lo sabes? ¿Ya no sabes ni siquiera esto?».

El mercader percibe la triste reprensión, triste y dulce, e, inclinando la cabeza, susurra: «Eso lo sé todavía…».

«¿Y entonces? ¿No sabes que el alma sigue viviendo?».

«Lo sé».

«¿Y entonces? ¿No sabes que en el más allá tiene siempre una actividad?: santa si es santa, mala si es mala. Tiene sus sentimientos. ¡Claro que los tiene!: de amor, si es santa; de odio, si es réproba. ¿Odio, a quién? a las causas de su condena. En tu caso las actividades, los bazares, los afectos exclusivamente humanos. ¿Amor, a quién? A las mismas cosas. ¡Ah, qué bendiciones para los hijos y para las actividades de los hijos puede dar un alma que vive la paz del Señor!».

El hombre está pensativo. Luego dice: «Es tarde. Soy viejo ya» y detiene al mulo.

Jesús sonríe y responde: «No te obligo, te aconsejo» y luego se vuelve para mirar a los apóstoles, los cuales, en la pausa que precede a la entrada en la ciudad, ayudan a las mujeres a bajar de las cabalgaduras y cogen sus talegos.

287.6

La caravana reprende la marcha y pronto entra en la ciudad —que está muy concurrida— por la puerta que custodian las torres.

El mercader se acerca otra vez a Jesús: «¿Quieres seguir conmigo todavía?».

«Si no me rechazas, ¿por qué no voy a querer?».

«Por lo que te he dicho. Siendo Santo como eres, debo darte as­co».

«¡Oh! ¡no! He venido para los que son como tú. Os amo porque sois los más necesitados. No me conoces todavía. Soy el Amor que pasa mendigando amor».

«¿Entonces no me odias?».

«Te amo».

Los ojos profundos del hombre brillan; pero sonríe y dice: «Entonces estaremos juntos. En Gerasa estaré tres días por negocios. Aquí dejo los mulos y tomo los camellos. Tengo la posta de las caravanas en los lugares de las etapas mayores, y uno de mis servidores cuida los animales que dejo en estos lugares. ¿Tú qué vas a hacer?».

«El sábado evangelizaré. Te habría dejado si no te hubieras detenido, porque el sábado está consagrado al Señor».

El hombre frunce la frente, piensa, y, como con dificultad, asiente: «…Sí… Es verdad. Está consagrado al Dios de Israel. Está consagrado. Está consagrado». Mira a Jesús… «Si me lo permites, te lo voy a consagrar».

«A Dios. No a su Siervo».

«A Dios y a ti, escuchándote. Haré los negocios entre hoy y mañana por la mañana. Luego te escucharé. ¿Vienes a la posada ahora?».

«¡Por fuerza! Tengo a las mujeres y aquí soy un desconocido».

«Ahí está. Es la mía. Es mía porque están mis caballerizas de un año para otro. Pero dispongo de vastas salas para las mercancías. Si piensas…».

«Dios te lo pague. Vamos».


Notes

  1. cette région : Maria Valtorta en a fait deux dessins sur les pages intérieures d’un feuillet plié, qu’elle a cousu entre les pages manuscrites du cahier. Sur l’esquisse de gauche on lit : Comment se présente le panorama quand on va à Ramoth – Judée – Plaine du Jourdain – Mer Morte – Jourdain – Plaine au-delà du Jourdain – Galaad – Ramoth. Sur le dessin de droite, on peut lire : Panorama après avoir franchi les montagnes – Gérasa – Hauts-plateaux. Sur la face extérieure du feuillet, Maria Valtorta a écrit : Dessiner des chaînes de montagne si intriquées n’est pas facile, et je ne suis guère habile. Néanmoins, bien que très schématique, cette esquisse sert à en donner une idée, surtout si l’on s’aide de la description.