Los Escritos de Maria Valtorta

559. A Ephraïm, des pèlerins arrivent de la Décapole.

559. En Efraím, peregrinos de la Decápolis

559.1

La nouvelle de la présence de Jésus à Ephraïm doit s’être répandue, peut-être parce que les habitants eux-mêmes s’en sont vantés ou pour quelque autre raison. Toujours est-il que nombreux sont désormais ceux qui viennent le trouver, des malades pour la plupart, des affligés, mais aussi des gens désireux de le voir. Je m’en rends compte en entendant Judas déclarer à un groupe de pèlerins venus de la Décapole :

« Le Maître est absent. Mais Jean et moi sommes là, et c’est la même chose. Dites donc ce que voulez et nous le ferons.

– Mais vous ne pourrez jamais enseigner ce que le Maître enseigne, objecte quelqu’un.

– Nous sommes d’autres Jésus, homme. Souviens-t’en toujours. Mais si tu tiens à entendre le Maître, reviens avant le sabbat et retourne chez toi après. Le Maître est maintenant un vrai maître. Il ne parle plus sur tous les chemins, ni dans les forêts, ni sur les rochers comme un vagabond, et à tout instant comme un esclave. Il parle ici le jour du sabbat comme cela lui convient. Et il fait bien ! Pour ce que cela lui a servi de se fatiguer et d’aimer jusqu’à s’épuiser !

– Mais ce n’est pas notre faute si les juifs…

– Juifs ou non, vous êtes tous à mettre dans le même panier ! Vous avez été et serez tous pareils. Lui, il est tout à vous. Vous, vous ne faites rien pour lui. Lui, il donne. Vous, vous ne donnez pas, même pas l’aumône que l’on accorde au mendiant.

– Mais nous l’avons, notre offrande pour lui. La voilà, si tu ne nous crois pas. »

559.2

Jean, qui a gardé le silence mais souffre manifestement, regarde Judas avec une expression de supplication, de reproche, d’avertissement. Finalement, il ne peut plus se taire. Alors que Judas tend déjà la main pour saisir l’offrande, il retient le bras de son compagnon :

« Non, Judas. Pas cela ! Tu connais l’ordre du Maître. » Puis il se tourne vers les arrivants pour ajouter : « Judas s’est mal expliqué et vous avez mal compris. Ce n’est pas ce qu’il voulait dire. C’est seulement l’offrande d’une foi sincère, d’un amour fidèle que nous, moi, mes compagnons, vous, nous devons donner en échange de tout ce que le Maître nous apporte. Quand nous marchions à travers la Palestine, il acceptait vos offrandes parce qu’elles nous étaient nécessaires pour nos déplacements ; de plus, nous rencontrions de nombreux mendiants sur notre route, et bien des misères cachées se faisaient connaître à nous. Maintenant, ici, nous n’avons besoin de rien — que la Providence en soit louée — et nous ne voyons pas de mendiants. Reprenez donc votre offrande et remettez-la, au nom de Jésus, à des malheureux. Ce sont les désirs de notre Seigneur et Maître, et ses ordres à ceux d’entre nous qui vont évangéliser les villes. Mais si vous avez des malades avec vous ou si quelqu’un a un vrai besoin de parler au Maître, dites-le. J’irai le chercher à l’endroit où il s’isole pour prier, car son esprit a un grand besoin de se recueillir dans le Seigneur. »

Judas bougonne quelque chose entre ses dents, mais il ne contredit pas Jean ouvertement. Il s’assied près du foyer allumé comme s’il se désintéressait de l’affaire.

« En réalité… nous n’en avons pas un grand besoin. Nous avons appris sa présence ici, et nous avons traversé le fleuve pour venir le voir. Mais si nous avons mal fait…

– Non, mes frères. Ce n’est pas mal de l’aimer et d’aller à sa recherche, même si cela est difficile et fatigant. Et votre bonne volonté aura sa récompense. Je vais annoncer au Seigneur votre venue, et il viendra sûrement. Mais si ce n’était pas le cas, je vous apporterais sa bénédiction. »

Et Jean sort dans le jardin pour aller trouver le Maître.

« Laisse ! Je m’en charge » lance Judas impérieusement

Et il se lève pour courir dehors.

Jean le regarde partir et n’objecte rien. Il rentre dans la cuisine où sont entassés les pèlerins. Mais, immédiatement, il leur propose :

« Voulez-vous marcher à la rencontre du Maître ?

– Mais s’il ne voulait pas…

– Oh ! ne donnez pas d’importance à un malentendu, je vous en prie.

559.3

Vous connaissez certainement les raisons pour lesquelles nous sommes ici. Ce sont les autres qui obligent le Maître à ces mesures de prudence, ce n’est pas la volonté de son cœur. Lui a toujours les mêmes sentiments pour vous tous.

– Nous le savons. Les premiers jours, après la lecture du décret, il y a eu toute une recherche au-delà du Jourdain et aux endroits où ils pouvaient penser le trouver : à Bethabara, comme à Béthanie, à Pella, à Ramoth-Galaad, et aussi ailleurs. Et nous savons que ça s’est passé ainsi en Judée et en Galilée. Les maisons de ses amis ont été très surveillées car… si ses amis et ses disciples sont nombreux, il a aussi beaucoup d’ennemis qui croient servir le Très-Haut en persécutant le Maître. Puis les recherches ont subitement cessé et le bruit s’est répandu qu’il était ici.

– Mais vous, par qui l’avez-vous appris ?

– Par ses disciples.

– Mes compagnons ? Où ?

– Non. Aucun d’eux. D’autres, des nouveaux, car nous ne les avions jamais vus avec le Maître ni avec ses anciens disciples. Nous avons même été étonnés qu’il ait envoyé des inconnus révéler le lieu de sa présence, mais ensuite nous avons pensé qu’il a agi de la sorte parce que les nouveaux n’étaient pas connus des juifs en tant que disciples.

– Je ne sais pas ce que vous dira le Maître, mais je vous re­commande de ne faire confiance, dorénavant, qu’à des disciples connus. Soyez prudents. Chacun, dans ce pays, sait ce qui est arrivé à Jean-Baptiste…

– Tu penses que…

– Si Jean, haï par une seule femme[1], fut capturé et mis à mort, qu’en sera-t-il de Jésus, qui est également haï par le Palais royal et le Temple, et par les pharisiens, les scribes, les prêtres et les hérodiens ? Soyez donc vigilants pour ne pas avoir de remords… Mais le voilà qui arrive. Allons à sa rencontre. »

559.4

C’est une nuit profonde et sans lune, mais éclairée par les étoiles. Comme je ne vois pas la position de la lune ni à quelle phase elle en est, je ne saurais dire l’heure. Je vois uniquement que c’est une nuit sereine. Ephraïm a entièrement disparu sous le voile noir de la nuit. Le torrent lui-même n’est plus qu’un clapotis. Son écume et son scintillement sont totalement masqués par la voûte verte des arbres des rives, qui interdisent même cette lumière, qui n’en est pas une, qui vient des étoiles.

Un oiseau de nuit se lamente quelque part. Puis il se tait à cause d’un bruissement de feuillage et d’un crissement de roseaux rompus qui provient du côté de la montagne et se rapproche de la maison en suivant le torrent. Alors, une forme élancée et robuste émerge de la rive sur le sentier qui monte vers la maison. Elle s’arrête un moment comme pour s’orienter, rase le mur en tâtant avec les mains, trouve la porte, l’effleure et la dépasse, tourne, toujours en tâtonnant, au coin de la maison, jusqu’à atteindre l’entrée du jardin. Le visiteur nocturne essaie de l’ouvrir, la pousse, entre. Il longe les murs qui donnent sur le jardin. Il reste perplexe devant la porte de la cuisine. Puis il poursuit jusqu’à l’escalier extérieur, le monte à tâtons et s’assied sur la dernière marche, ombre noire dans l’ombre.

Vers l’orient, la couleur du ciel nocturne — un voile noir dont on remarque seulement qu’il est tel à cause des étoiles qui le parsèment —, commence à changer de nuance, c’est-à-dire à prendre une teinte que l’œil arrive à percevoir pour ce qu’elle est : un gris d’ardoise qui ressemble à un brouillard épais et fumeux, mais est seulement une première clarté de l’aube qui s’avance. Et c’est lentement le miracle quotidien, toujours nouveau, de la lumière qui revient.

L’individu, qui s’était accroupi par terre, recouvert par un manteau foncé, remue, s’étire, lève la tête, rejette son manteau un peu en arrière. C’est Manahen. Il est habillé comme un homme quelconque, et porte un lourd vêtement marron et un manteau assorti, d’une étoffe rude de travailleur ou de pèlerin, unie, sans boucles ni ceinture. Un cordon de laine retient son habit à la taille. Il se lève, déploie sa stature et regarde le ciel, où la lumière qui augmente permet de distinguer ce qui l’entoure.

559.5

En bas, une porte s’ouvre en grinçant. Manahen se penche sans faire de bruit pour voir qui sort de la maison. C’est Jésus, qui referme précautionneusement la porte et se dirige vers l’escalier. Manahen rentre un peu et s’éclaircit la gorge pour attirer l’attention de Jésus, qui lève la tête et s’arrête au milieu de l’escalier.

« C’est moi, Maître. C’est Manahen. Viens vite, car je dois te parler. Je t’ai attendu…» chuchote-t-il en se penchant pour le saluer.

Jésus grimpe les dernières marches :

« Paix à toi. Quand es-tu arrivé ? Comment ? Pourquoi ? deman­de-t-il.

– Je crois avoir posé le pied ici juste après le chant du coq. Mais j’étais dans les buissons, là-bas au fond, depuis hier à la seconde veille.

– Toute la nuit dehors !

– Il n’y avait pas moyen de faire autrement. Je devais te parler, à toi seul. Je devais connaître le chemin pour trouver la maison, et n’être pas vu. Aussi, je suis venu de jour et je me suis caché là-haut. J’ai vu s’apaiser la vie dans la ville. J’ai vu Judas et Jean rentrer à la maison. Jean est même passé presque à côté de moi avec sa charge de bois ; il ne m’a pas aperçu, car j’étais bien caché dans le fourré. J’ai vu, tant qu’il a fait assez clair, une vieille femme entrer et sortir, et le feu briller dans la cuisine. Puis je t’ai vu descendre de là-haut quand le crépuscule était déjà terminé, et la porte s’est fermée. Alors je suis venu à la lumière de la lune nouvelle et j’ai reconnu le chemin. Je suis même entré dans le jardin. La porte est plus inutile que s’il n’y en avait pas. J’ai entendu vos voix, mais je devais te parler seul à seul. Je suis reparti pour revenir à la troisième veille et être ici. Je sais que tu te lèves habituellement avant le jour pour prier, et j’ai espéré que tu ferais de même aujourd’hui. Je loue le Très-Haut qu’il en soit ainsi.

559.6

– Mais quelle raison avais-tu de venir me trouver avec tant de difficultés ?

– Maître, Joseph et Nicodème souhaitent te rencontrer, et ils ont pensé le faire de manière à esquiver toute surveillance. Ils ont essayé d’autres fois, mais Belzébuth doit puissamment aider tes ennemis. Ils devaient toujours renoncer à venir, car leur maison n’était pas laissée sans surveillance, de même que celle de Nikê. Celle-ci devait d’ailleurs venir avant moi. C’est une femme cou­rageuse, et elle s’était mise en route seule par le mont Hadomim. Mais elle fut suivie et arrêtée près de la “ Montée du sang ”[2]. Alors, pour ne pas trahir ta demeure et pour justifier les vivres qu’elle avait sur sa monture, elle dit : “ Je monte chez un de mes frères qui se trouve dans une grotte dans la montagne. Si vous voulez venir, vous qui enseignez Dieu, vous ferez une œuvre sainte, car il est malade et il a besoin de Dieu. ” Par cette ruse audacieuse, elle les convainquit de partir. Mais elle n’a plus osé venir ici et elle alla réellement trouver quelqu’un qu’elle dit être dans une grotte et que tu lui as confié.

– C’est vrai. Mais comment Nikê a-t-elle pu le faire savoir aux autres ?

– En se rendant à Béthanie. Lazare est absent, mais les sœurs y sont. Il y a Marie. Et Marie est-elle une femme à s’effrayer de quoi que ce soit ? Elle s’est habillée comme peut-être Judith elle-même ne l’a pas fait pour aller trouver le roi, et elle est montée au Temple, publiquement, avec Sarah et Noémi, puis elle est allée à son palais de Sion. De là, elle a envoyé Noémi chez Joseph en leur confiant ce qu’il fallait dire. Et pendant que, par stratagème, les juifs se rendaient chez elle ou envoyaient des gens… lui rendre honneur, la vieille Noémi, en habits négligés, allait à Bézèta chez l’Ancien. Nous nous sommes mis d’accord pour que ce soit moi — le nomade que personne ne soupçonne quand on le voit chevaucher à toute allure d’une résidence d’Hérode à l’autre — qui vienne t’annoncer que, la nuit entre le vendredi et le sabbat, Joseph et Nicodème, venant l’un d’Arimathie et l’autre de Rama, se rencontreraient à Goféna avant le coucher du soleil et t’attendraient là. Je connais l’endroit et la route, et je viendrai ici le soir pour te conduire. A moi, tu peux te fier, mais ne te fie qu’à moi, Maître. Joseph recommande que personne ne soit au courant de notre rencontre. Pour le bien de tous.

– Même pour ton bien à toi, Manahen ?

– Seigneur… moi, je suis moi. Mais je n’ai pas à sauvegarder des biens et des intérêts de famille comme Joseph.

– Cela confirme mes paroles : les richesses matérielles sont toujours un fardeau… Mais dis bien à Joseph que personne n’entendra parler de notre rencontre.

– Alors je peux repartir, Maître. Le soleil est levé et tes disciples pourraient se réveiller.

– Va, et que Dieu soit avec toi. Je t’accompagne pour te montrer l’endroit où nous nous trouverons la nuit du sabbat… »

Ils descendent sans bruit et sortent du jardin pour se rendre aussitôt sur les rives du torrent.

559.1

La noticia de que Jesús está en Efraím, quizás por jactancia de los propios habitantes de la ciudad, quizás por otros motivos por mí ignorados, debe haberse difundido porque ya son muchos los que vienen a buscarle: la mayor parte, enfermos; alguna persona afligida por algo o que tiene deseos de verle. Comprendo esto porque oigo a Judas Iscariote decir a un grupo de peregrinos venidos de la Decápolis: «El Maestro no está. Pero estamos yo y Juan y es lo mismo. Decid, pues, qué deseáis y nosotros lo haremos».

«Pero jamás podréis enseñar lo que Él enseña» objeta uno.

«¡Piensa que nosotros somos otro Él! Recuerda esto siempre. Pero si quieres oír al Maestro en persona vuelve antes del sábado y márchate después del sábado. El Maestro ahora es un verdadero maestro. Ya no habla en todos los caminos, en los bosques o encima de las peñas como un errante, y a todas horas como un siervo. Habla aquí, el sábado, como le corresponde. ¡Y hace bien! ¡Para lo que le ha servido agotarse de fatigas y amor!».

«Pero nosotros no tenemos la culpa de que los judíos…».

«¡Todos! ¡Todos! ¡Judíos y no judíos! Todos habéis sido, y seréis, iguales; Él, todo a vosotros; vosotros, nada a Él. Él, dar; vosotros, no dar: ni siquiera el óbolo que se da al mendigo».

«Tenemos dádivas para Él. Míralas, si no nos crees».

559.2

Juan, que ha estado todo este tiempo callado, pero con visible sufrimiento y mirando a Judas con ojos de súplica y reproche (o, mejor: de amonestación), ya no sabe contenerse, y, mientras Judas alarga la mano para tomar las dádivas, él le para poniéndole una mano en el brazo, y le dice: «No, Judas, esto no. Tú sabes cuál es la orden del Maestro» y se dirige a los peregrinos; dice: «Judas se ha explicado mal y vosotros habéis comprendido mal. No es eso lo que quería decir mi compañero. Lo que nosotros —yo, mis compañeros, vosotros, todos— debemos dar por lo mucho que el Maestro nos da es sólo una ofrenda de sincera fe, de amor fiel. Cuando peregrinábamos por Palestina, Él aceptaba vuestras dádivas porque eran necesarias para nuestro camino y porque encontrábamos a muchos mendigos en él, o veníamos a enterarnos de situaciones ocultas de miseria. Ahora, aquí, no tenemos necesidad de nada —alabada sea por ello la Providencia—, y tampoco encontramos mendigos. Quedaos con vuestras dádivas y dádselas en nombre de Jesús a personas desdichadas. Éstos son los deseos del Señor y Maestro nuestro, y las órdenes que ha dado a nuestros compañeros que van evangelizando por las distintas ciudades. Y, si tenéis enfermos entre vosotros, o a alguno que tenga verdadera necesidad de hablar con el Maestro, pues decidlo, que yo voy y le busco donde se aisla en oración porque su espíritu tiene grandes deseos de recogerse en el Señor».

Judas murmulla entre dientes algo, pero no se opone abiertamente. Se sienta junto a la lumbre como desinteresándose de la cosa.

«Verdaderamente… no tenemos grandes necesidades. Pero hemos sabido que estaba aquí y hemos cruzado el río para venir a verle. De todas formas, si hemos hecho mal…».

«No, hermanos. No es ningún mal amarle y buscarle, incluso no sin incomodidades y esfuerzo. Y vuestra buena voluntad recibirá recompensa. Voy a decirle al Señor que habéis venido. Él seguro que viene. Pero, aun en el caso de que no viniera, yo os traería su bendición». Y Juan sale al huerto para ir a buscar al Maestro.

«¡Deja! Voy yo» dice Judas imperiosamente, y se levanta y sale afuera raudo. Juan le ve marcharse, pero no objeta nada.

Entra de nuevo en la cocina, donde están, bastante estrechos, los peregrinos. Pero casi inmediatamente les propone: «¿Qué os parece si vamos al encuentro del Maestro?».

«Y si Él no quisiera…».

«¡No deis a un malentendido más importancia de la que tiene, os lo ruego!

559.3

Vosotros sabéis cuáles son las razones de nuestra presencia aquí. Son los demás los que obligan al Maestro a estas medidas de discreción. Ciertamente, no es la voluntad de su corazón, que siempre guarda los mismos sentimientos de afecto para todos vosotros».

«Lo sabemos. Los primeros días que siguieron a la lectura del decreto se dieron a buscarle afanosamente en la Transjordania y en los lugares donde pensaban que pudiera estar. En Betabara, Betania, Pel.la, Ramot Galaad, e incluso más allá. Y sabemos que lo mismo hicieron en Judea y Galilea. Las casas de sus amigos han estado muy vigiladas, porque… si bien es cierto que son muchos sus amigos y discípulos, muchos son también los que no son amigos y creen servir al Altísimo persiguiendo al Maestro. Luego, en seguida, la búsqueda ha cesado, y ha corrido la voz de que estaba aquí».

«¿Pero vosotros por quién lo habéis sabido?».

«A través de discípulos suyos».

«¿Mis compañeros? ¿Dónde?».

«No. Ninguno de ellos. Otros. Nuevos, porque no los hemos visto nunca ni con el Maestro ni con discípulos antiguos. Es más, nos extrañó el que Él hubiera mandado a unos desconocidos con el encargo de decir dónde estaba; pero también pensamos después que quizás lo hubiera hecho porque los judíos no conocían a los nuevos como discípulos».

«Yo no sé lo que os dirá el Maestro, pero por mi parte os digo que de ahora en adelante no debéis fiaros sino de los discípulos conocidos. Sed prudentes. Todos los habitantes de esta nación saben lo que le sucedió al Bautista…».

«¿Crees que…?».

«Si Juan, odiado sólo por una[1], fue capturado y muerto, ¿qué no le sucederá a Jesús, a quien odian por igual el Palacio y el Templo, fariseos, escribas, sacerdotes y herodianos? Así que estad muy atentos para no tener luego remordimientos… Pero, ahí viene. Vamos a su encuentro».

559.4

Es plenamente de noche. Una noche sin Luna, aunque clara de estrellas. No podría decir la hora que es, pues no veo la posición de la Luna ni su fase. Veo sólo que es una noche serena. Todo Efraím ha desaparecido bajo el velo negro de la noche. El torrente también, y ahora no es sino una voz; sus espumas y reflejos han quedado totalmente anulados bajo la bóveda verde de los árboles de las orillas, que son obstáculo incluso para esa luz no luz que viene de las estrellas.

Un pájaro nocturno se lamenta en algún lugar. Luego se calla a causa de un rumor de ramajes y crujir de cañas, un rumor proveniente de la parte de la montaña y que se va acercando a la casa siguiendo el torrente. Luego una forma alta y robusta surge de la orilla por el sendero que sube hacia la casa. Se detiene un poco como para orientarse. Pasa al ras de la pared, tanteándola con las manos; encuentra la puerta. La roza, pero sigue adelante. Dobla, aún tanteando, la esquina de la casa. Llega a la pequeña puertecita del huerto. La palpa, la abre, la empuja, entra. Ahora va al ras de las paredes que dan al huerto. En llegando a la puerta de la cocina, vacila; pero luego continúa hasta la escalerita externa. Sube ésta a tientas. Se sienta —sombra obscura en la sombra— en el último escalón. Pero, por el Oriente, el color del cielo nocturno —un entrecielo obscuro percibido como tal sólo por estar tachonado de estrellas— empieza a cambiar de tonalidad, a tomar un color que el ojo logra percibir como tal: un color ceniciento obscuro de pizarra, que parece bruma densa y humosa y es —no otra cosa— el claror del alba que avanza: se produce lentamente el cotidiano milagro nuevo de la luz que regresa.

La persona, acurrucada en el suelo, toda aovillada y cubierta con el manto obscuro, se mueve, ahora se desovilla, alza la cabeza, echa un poco hacia atrás el manto. Es Manahén. Está vestido como un hombre cualquiera, con una gruesa túnica marrón y un manto igual; es una tela basta, de trabajador o peregrino, sin franjas ni hebillas ni cinturones. Un cordón de lana trenzada sujeta la túnica a la cintura. Se pone en pie. Se desentorpece. Mira al cielo, donde la luz avanza y ya permite ver lo que hay alrededor.

559.5

Una puerta, abajo, se abre chirriando. Manahén se asoma, sin hacer ruido, para ver quién sale de casa. Es Jesús, que suavemente cierra de nuevo la puerta y se dirige hacia la escalera. Manahén se retira un poco y carraspea para llamar la atención de Jesús, que alza la cabeza y se detiene a media escalera.

«Soy yo, Maestro. Soy Manahén. Ven, ven, que tengo que decirte algo. Te esperaba…» susurra Manahén, y se inclina saludando.

Jesús sube los últimos escalones: «Paz a ti. ¿Cuándo has venido? ¿Cómo? ¿Por qué?» pregunta.

«Creo que apenas había pasado el galicinio cuando he puesto pie aquí. Pero en los matorrales, allá al fondo, estaba desde la segunda vigilia de ayer».

«¡Toda la noche al raso!».

«No había otra solución. Tenía que hablar contigo a solas. Tenía que conocer el camino para venir, y la casa, sin ser visto. Por eso vine de día y me metí entre la espesura allá arriba. Vi aquietarse la actividad en la ciudad. Vi a Judas y a Juan volver a casa. Es más, Juan pasó casi a mi lado con su carga de leña. Pero no me vio porque yo estaba bien adentro en la espesura. Vi, mientras hubo luz para ver, a una anciana entrar y salir, y vi que lucía la lumbre en la cocina, y que Tú bajabas de aquí arriba ya en pleno crepúsculo. Y vi que cerrabais la casa. Entonces vine con la luz de la Luna nueva y estudié el camino. Entré incluso en el huerto. Aquella puertecita es menos útil que si no estuviera. Oí que hablabais. Pero tenía que hablarte a solas. Me marché para volver a la tercera vigilia y estar aquí. Sé que normalmente te levantas a orar antes de que se haga de día. Y esperaba que también hoy lo hicieras. Alabo al Altísimo porque haya sido así».

559.6

«¿Pero cuál es el motivo de tener que verme con tanta incomodidad?».

«Maestro, José y Nicodemo quieren hablar contigo, y han pensado hacerlo eludiendo todo tipo de vigilancia. Han intentado ya otras veces hacerlo, pero Belcebú debe ayudar mucho a tus enemigos. Han tenido que renunciar siempre a venir, porque ni su casa ni la de Nique dejaban de ser vigiladas. Es más, la mujer iba a haber venido antes que yo. Es una mujer fuerte y se había puesto en camino, ella sola, a través del Adomín. Pero la siguieron y la pararon en la Cuesta de la Sangre[2]. Ella, para no revelar el lugar en que estabas y para justificar las provisiones que llevaba en su cabalgadura, dijo: “Subo adonde un hermano mío que está en una gruta arriba en los montes. Si queréis venir, vosotros que enseñáis sobre Dios, haríais una obra santa porque está enfermo y tiene necesidad de Dios”. Y con esta argucia los convenció de que se marcharan. Pero ya no se atrevió a venir aquí y fue verdaderamente donde uno que dice que está en una gruta y que Tú le has confiado a ella».

«Es verdad. Pero, ¿y cómo ha hecho Nique para decírselo a los otros?».

«Yendo a Betania. Lázaro no está, pero sí las hermanas. Está María. ¿Y María es acaso mujer que se encoja por alguna cosa? Se vistió como quizás no lo hizo Judit para ir donde el rey, y fue a la vista de todos al Templo junto con Sara y Noemí, y luego a su palacio de Sión. Y desde allí envió a Noemí donde José con las cosas que había que decir. Y, mientras… taimadamente los judíos iban o mandaban a alguien donde ella para… honrarla, y así podían verla como señora en su casa, Noemí, anciana y vestida modestamente, iba a Beceta, donde el Anciano. Nos pusimos, entonces, de acuerdo en mandarme a mí aquí; a mí, al nómada que no levanta sospechas si se le ve cabalgar a rienda suelta de una a otra residencia de Herodes; mandarme aquí, a decirte que la noche del viernes al sábado José y Nicodemo, yendo uno desde Arimatea y el otro desde Rama, antes del ocaso, se encontrarán en Gofená y te esperarán allí. Conozco el lugar y el camino, y vendré aquí al atardecer para guiarte. De mí te puedes fiar. Pero fíate sólo de mí, Maestro. José advierte que ninguno tenga noticia de este encuentro nuestro. Por el bien de todos».

«¿También por el tuyo, Manahén?».

«Señor… yo soy yo. Pero no tengo bienes e intereses familiares que tutelar, como José».

«Esto confirma lo que digo, que las riquezas materiales son siempre un peso… Pero puedes decir a José que ninguno tendrá noticia de nuestro encuentro».

«Entonces puedo marcharme, Maestro. El Sol ya ha salido y podrían levantarse tus discípulos».

«Bien, márchate, y que Dios esté contigo. Es más, te voy a acompañar para mostrarte el punto donde nos encontraremos la noche del sábado…».

Bajan sin hacer ruido y salen del huerto. Y, en seguida, están abajo, en las orillas del torrente.


Notes

  1. une seule femme : il s’agit d’Hérodiade, comme on le voit en 266.3 et en 270.5.
  2. la “ Montée du sang ” : On qualifiait de “ Montée du sang ” — explique Maria Valorta sur une copie dactylographiée — un passage du mont Hadomim, en raison des crimes que les voleurs y accomplissaient.

Notas

  1. sólo por una, es decir, Herodías, como en 266.3 y en 270.5.
  2. Cuesta de la Sangre: Llamaban “Cuesta de la Sangre” —observa MV en una copia mecanografiada— a un punto del monte Adomín por los delitos que en ese lugar llevaban a cabo los bandoleros.