La nouvelle de la présence de Jésus à Ephraïm doit s’être répandue, peut-être parce que les habitants eux-mêmes s’en sont vantés ou pour quelque autre raison. Toujours est-il que nombreux sont désormais ceux qui viennent le trouver, des malades pour la plupart, des affligés, mais aussi des gens désireux de le voir. Je m’en rends compte en entendant Judas déclarer à un groupe de pèlerins venus de la Décapole :
« Le Maître est absent. Mais Jean et moi sommes là, et c’est la même chose. Dites donc ce que voulez et nous le ferons.
– Mais vous ne pourrez jamais enseigner ce que le Maître enseigne, objecte quelqu’un.
– Nous sommes d’autres Jésus, homme. Souviens-t’en toujours. Mais si tu tiens à entendre le Maître, reviens avant le sabbat et retourne chez toi après. Le Maître est maintenant un vrai maître. Il ne parle plus sur tous les chemins, ni dans les forêts, ni sur les rochers comme un vagabond, et à tout instant comme un esclave. Il parle ici le jour du sabbat comme cela lui convient. Et il fait bien ! Pour ce que cela lui a servi de se fatiguer et d’aimer jusqu’à s’épuiser !
– Mais ce n’est pas notre faute si les juifs…
– Juifs ou non, vous êtes tous à mettre dans le même panier ! Vous avez été et serez tous pareils. Lui, il est tout à vous. Vous, vous ne faites rien pour lui. Lui, il donne. Vous, vous ne donnez pas, même pas l’aumône que l’on accorde au mendiant.
– Mais nous l’avons, notre offrande pour lui. La voilà, si tu ne nous crois pas. »