Gli Scritti di Maria Valtorta

374. Le jour de la parascève.

374. Giorno di Parasceve. Per le vie

374.1

Ils sortent du Temple où fourmille la foule pour se plonger dans le grouillement des rues où tout le monde court, affairé par les derniers préparatifs de la Pâque, tandis que les retardataires cherchent anxieusement une pièce, un vestibule, n’importe quoi, pour en faire un cénacle où consommer l’agneau.

Il est facile dans ces conditions de se rencontrer et de ne pas se reconnaître dans la continuelle bousculade qui fait défiler sous les yeux des personnes de tous les âges, de toutes les régions où il y a des juifs, là où le sang pur d’Israël a contracté, par mélanges de sang ou simplement par mimétisme, des ressemblances avec d’autres races. C’est ainsi que l’on voit des Hébreux de type égyptien ; d’autres, avec leurs grosses lèvres, leurs nez camus et leur angle facial, semblent provenir de croisements avec les Nubiens ; d’autres encore, aux traits bien dessinés, fins, aux membres élancés, aux yeux vifs, trahissent leur appartenance aux colonies grecques ou des mélanges avec les Grecs ; des hommes robustes et de grande taille, au visage plutôt carré, annoncent clairement qu’ils ne sont pas tout à fait étrangers aux Latins ; il y en a beaucoup aussi que nous dirions aujourd’hui circassiens ou perses, avec déjà quelque chose qui rappelle les yeux mongols ou indiens dans le faciès très blanc des premiers et olivâtre des seconds. Cela forme un beau kaléidoscope de visages et de vêtements ! L’œil s’en lasse, au point qu’il finit facilement par regarder sans voir. Mais ce qui échappe à l’un est remarqué par l’autre. Il est donc compréhensible que ce qui échappe au Maître, toujours un peu absorbé en lui-même quand on le laisse en paix, sans l’interroger, est remarqué par l’un ou l’autre de ceux qui l’accompagnent. Et les apôtres les plus proches de Jésus se désignent ce qu’ils voient et chuchotent entre eux en faisant des commentaires… très humains sur les personnes qu’ils se montrent.

374.2

Un de ces commentaires salés sur un ancien disciple qui passe, l’air suffisant, feignant de ne pas les voir, est entendu par Jésus :

« De qui dites-vous cela ? demande-t-il.

– De ce balourd-là » indique Jacques, fils de Zébédée. « Il a fait semblant de ne pas nous voir, et il n’est pas le seul à agir ainsi. Pourtant, quand tu devais le guérir et qu’il courait après toi, alors, il savait te voir ! Qu’il attrape la pustule maligne !

– Jacques ! C’est avec de tels sentiments que tu es à côté de moi et que tu te prépares à consommer l’agneau ? En vérité, tu es plus incohérent que lui. Lui, il s’est séparé franchement quand il a senti qu’il ne pouvait pas faire ce que je disais. Toi, tu restes, mais tu ne fais pas ce que je dis. N’es-tu pas alors plus pécheur que lui ? »

Jacques rougit à en être congestionné et, confus, se retire derrière ses compagnons.

« C’est que cela fait mal de les voir agir ainsi, Maître ! » dit Jean pour aider son frère qui a reçu les reproches. « Notre amour se révolte devant leur manque d’amour…

– Oui. Mais croyez-vous les y amener en agissant ainsi ? Impolitesses, paroles méchantes, insultes, n’ont jamais conduit là où l’on devrait amener un rival ou quelqu’un qui pense autrement. Ce sont la douceur, la patience, la charité, la persévérance malgré tous les refus, qui finissent par obtenir un résultat. Je comprends votre cœur qui souffre de ne pas me voir aimé et je partage vos sentiments. Mais je voudrais vous savoir, vous voir agir de façon plus surnaturelle pour me faire aimer. Allons, Jacques, viens ici. Ce n’est pas pour t’humilier que je t’ai parlé. Comprenons-nous, aimons-nous, au moins entre nous, mes amis… Il y a déjà tant d’incompréhension et de douleur pour le Fils de l’homme ! »

Jacques, rasséréné, revient à côté de lui.

374.3

Ils marchent un moment en silence, puis Thomas explose en une exclamation de tonnerre :

« Pourtant, c’est vraiment honteux !

– Quoi ? demande Jésus.

– Mais la lâcheté d’un si grand nombre ! Maître, ne vois-tu pas combien font mine de ne pas te connaître ?

– Et qu’est-ce que cela fait ? Est-ce que leur manière d’agir changera un iota de ce qui est écrit de moi ? Non. Ce n’est que pour eux que changera ce qui pourrait être écrit. Car dans les livres éternels, il pouvait être dit d’eux : “ les bons disciples ”, alors qu’on écrira : “ Ceux qui ne furent pas bons, ceux pour qui la venue du Messie n’aura servi à rien. ” C’est une parole redoutable, vous savez ? Plus que celle de : “Adam, avec Eve, pécha. ” Parce que je peux effacer ce péché. Mais je ne pourrai pas effacer le reniement du Verbe Sauveur…

374.4

Tournons de ce côté. Je m’arrêterai avec mes frères, avec Simon-Pierre et Jacques dans le faubourg d’Ophel. Judas restera aussi. Mais Simon le Zélote, Jean et Thomas iront à Gethsémani prendre les sacs…

– Oui, comme ça, Jonas n’avalera pas son agneau de travers » dit Pierre, caustique.

Les autres rient…

« Bon, bon ! Ne le raille pas s’il a peur. Demain, ce pourrait être toi.

– Moi, Maître ? Il est plus facile que la mer de Galilée devienne du vin que, moi, j’aie peur, assure Pierre.

– Et pourtant… L’autre soir… Ah ! Simon, tu ne paraissais pas fort courageux dans l’escalier du palais de Kouza, dit Judas, narquois, sans trop d’ironie mais… assez sarcastique pour piquer Pierre.

– C’est parce que… je craignais pour le Seigneur que j’étais agité, moi ! Pas pour autre chose.

– Bien ! Bien ! Souhaitons-nous de n’avoir jamais… peur pour ne pas faire piètre figure, hein ! » répond Judas en lui frappant l’épaule de la main, d’un air protecteur et mauvais…

A d’autres moments, sa manière de faire aurait déchaîné une réaction. Mais Pierre, depuis le soir précédent, est en… admiration devant Judas et supporte tout de lui. Jésus dit :

« Que Philippe et Nathanaël aillent avec André et Matthieu au palais de Lazare prévenir que nous arrivons. »

Ces derniers se séparent et les autres continuent avec Jésus. Les disciples, hormis Etienne et Isaac, suivent les apôtres envoyés au palais. Au faubourg d’Ophel, nouvelle séparation. Ceux qui sont envoyés à Gethsémani y vont rapidement avec Isaac. Etienne reste avec Jésus, les fils d’Alphée, Pierre, Jacques et Judas et, pour ne pas rester arrêtés au carrefour, ils avancent lentement dans la même direction que ceux qui sont partis à Gethsémani. Ils prennent exactement le raccourci que Jésus parcourra, dans la nuit du jeudi saint, entre ceux qui le torturent. Maintenant, vers midi, le chemin est désert. Après quelques pas, ils tombent sur une toute petite place, avec une fontaine ombragée par un figuier, qui ouvre ses feuilles tendres sur le miroir d’une eau paisible.

374.5

« Voilà Samuel, l’époux d’Annalia » dit Jacques, fils d’Alphée, qui doit bien le connaître.

Le jeune homme, chargé de nombreuses provisions, s’apprête à entrer dans la maison avec l’agneau.

« Il s’occupe du repas pascal pour son parent aussi, relève Jude.

– S’est-il donc établi ici, maintenant ? N’était-il pas parti ? demande Pierre.

– Oui, il s’est établi ici. On dit qu’il fréquente la fille de Cléophas, le sandalier. Elle a de l’argent…

– Ah ! Dans ce cas, pourquoi prétend-il qu’Annalia l’a abandonné ? » demande Judas. « C’est un mensonge !

– L’homme, répond Jésus à Judas, y a facilement recours. Il ignore qu’en agissant ainsi, il se met sur la voie du mal. Il suffit d’un premier pas, d’un seul pas, pour ne plus pouvoir s’en dégager… C’est de la glu… un labyrinthe… c’est une trappe. Une trappe d’où l’on ne remonte pas…

– Dommage ! Cet homme paraissait si bon, l’an dernier ! dit Jacques, fils de Zébédée.

– Oui. Moi, je croyais vraiment qu’il allait imiter son épouse en se donnant tout entier à toi pour faire un couple angélique à ton service. Je l’aurais juré… ! dit Pierre.

– Mon Simon ! Ne jure jamais de l’avenir d’un homme. Il n’y a rien de plus incertain. Aucun élément qui existe au moment du serment ne peut être une garantie de certitude. Il y a des criminels qui deviennent saints, et des justes, ou des gens qui semblent l’être, qui deviennent criminels » lui répond Jésus.

374.6

Samuel, pendant ce temps, est entré dans la maison d’où il est ressorti pour aller chercher de l’eau pure à la fontaine… Il voit ainsi Jésus. Il le regarde avec un mépris manifeste et lui lance certainement une insulte, mais elle est dite en hébreu et je ne la comprends pas.

Judas se précipite, lui saisit un bras et le secoue comme un arbre dont on veut faire tomber les fruits mûrs :

« Est-ce ainsi que tu parles au Maître, ô pécheur ? Par terre, à genoux ! Tout de suite ! Demande-lui pardon, langue souillée d’ordure de porc ! Par terre ! Ou je te mets en morceaux ! »

Sa violence subite donne au beau Judas un air terrible ! Son visage s’altère à faire peur. C’est en vain que Jésus essaie de le calmer. Tant que l’Iscariote ne voit pas le blasphémateur à genoux dans la terre boueuse qui entoure la fontaine, il ne relâche pas la pression.

« Pardon » dit entre ses dents le malheureux, qui doit être torturé par la tenaille des doigts de Judas.

Mais il le dit mal, et uniquement parce qu’il y est forcé. Jésus répond :

« Je n’ai pas de rancœur. Toi, si, malgré ce que tu prétends. La parole est inutile si elle n’est pas accompagnée par le mouvement du cœur. Toi, dans ton cœur, tu blasphèmes encore contre moi. Et tu es doublement fautif. En effet, tu m’accuses et tu me hais, pour un motif dont, au fond de ta conscience, tu sais qu’il n’est pas vrai et parce que c’est toi seul qui as manqué à ton devoir, pas Annalia, pas moi. Mais je te pardonne tout. Va et fais en sorte de redevenir honnête et agréable à Dieu. Lâche-le, Judas.

– Je pars. Mais je te hais ! Tu m’as enlevé Annalia, et je te hais…

– Tu te consoles pourtant avec Rébecca, la fille du sandalier. Et tu t’en consolais aussi du temps où Annalia était ton épouse et où, malade, elle ne pensait qu’à toi…

– J’étais veuf… je pensais l’être déjà… et je cherchais une épouse… Maintenant, je reviens vers Rébecca parce que… parce que… Annalia ne veut pas de moi » s’excuse Samuel qui voit ses manigances découvertes.

Judas porte le coup final :

« … et parce que Rébecca est très riche. Laide comme une sandale éculée… et vieille comme une semelle perdue sur un sentier… mais riche, cousue d’or ! »

Et il rit, sarcastique, pendant que l’autre s’enfuit.

« Comment sais-tu cela ? demande Pierre.

– Oh !… il est facile de savoir où sont les filles à marier et l’argent !

– Bien ! Nous prenons le sentier, Maître ? Cette place est un vrai four. Là, il y a de l’ombre et de l’air » supplie Pierre, en nage.

374.7

Ils marchent lentement, pour attendre le retour des autres. La ruelle est déserte. Une femme sort d’une porte et vient se prosterner en pleurant aux pieds de Jésus.

« Qu’as-tu ?

– Maître !… Tu es déjà purifié ?

– Oui. Pourquoi me poses-tu cette question ?

– Parce que je voulais te dire… Mais tu ne peux pas t’en approcher. Ce n’est qu’une pourriture… Le médecin le dit infecté. Après la Pâque, j’appellerai le prêtre… et… et Hinnon l’accueillera. Ne dis pas que je suis coupable. Moi, je ne savais pas… Il a travaillé plusieurs mois à Joppé, et il est revenu dans cet état, en disant qu’il s’était blessé. J’ai employé les baumes et les lavages avec les aromates… Mais cela n’a servi à rien. J’ai consulté un herboriste. Il m’a donné des poudres pour le sang… J’ai éloigné les enfants… j’ai mis son lit à part… car… je commençais à comprendre. Le mal a empiré. J’ai appelé le médecin. Il m’a dit : “ Femme, tu connais ton devoir et moi le mien. C’est une plaie due à la débauche. Sépare-le de toi. Moi, je le séparerai du peuple, et le prêtre d’Israël. Il aurait dû y penser quand il offensait Dieu, toi, et lui-même. Maintenant, qu’il expie. ” J’ai obtenu son silence jusque qu’après la fête des Azymes. Mais si tu avais pitié du pécheur, de moi qui l’aime encore, et des cinq enfants innocents…

– Que veux-tu que je fasse ? Ne penses-tu pas qu’il a péché et qu’il est juste qu’il expie ?

– Si, Seigneur ! Mais tu es la Miséricorde vivante ! »

Toute la foi dont une femme est capable se manifeste dans sa voix, dans son regard, dans son attitude de suppliante agenouillée, les bras tendus vers le Sauveur.

« Et lui, qu’a-t-il dans le cœur ?

– Le découragement… Que veux-tu qu’il ait d’autre, Seigneur ?

– Il suffirait d’un sentiment de repentir surnaturel, de justice, pour obtenir la pitié…

– De justice ?

– Oui. Qu’il reconnaisse : “ J’ai péché. Ma faute mérite cela et bien davantage, mais je demande de la pitié à ceux que j’ai offensés. ”

– Moi, je la lui ai déjà donnée. Toi, Dieu, donne-la lui. Je ne peux pas te dire d’entrer. Tu vois que je ne te touche pas non plus…

374.8

Mais, si tu veux, je vais l’appeler et, du haut de la terrasse, je le ferai parler.”

– Oui. »

La femme, la tête dans l’entrée de la maison, appelle à haute voix :

« Jacob ! Jacob ! Monte sur le toit. Montre-toi. N’aie pas peur. »

Au bout d’un moment, l’homme apparaît au parapet de la terrasse : un visage jaunâtre, bouffi, la gorge et une main bandées… une ruine d’homme corrompu… Il regarde avec les yeux vitreux d’un malade qui souffre de maux ignobles. Il demande :

« Qui me veut ?

– Jacob, le Sauveur est là ! »

La femme ne dit rien de plus, mais elle semble vouloir hypnotiser le malade, lui transmettre sa pensée…

L’homme, soit qu’il sente le souhait de sa femme, soit qu’il ait un mouvement spontané, tend les bras en disant :

« Oh ! délivre-moi ! Je crois en toi ! Il est horrible de mourir de cette façon !

– Il est horrible de manquer à son devoir. Tu ne pensais pas à elle ? Pas à tes enfants ?

– Pitié, Seigneur… Pour eux, pour moi… Pardon ! Pardon ! »

Et il s’abat en pleurant sur le muret, les mains bandées dépassant avec tout le bras, qui reste à découvert à cause des manches remontées, souillé déjà par les pustules toutes proches, enflé, repoussant… L’homme, dans cette position, a l’air d’une marionnette macabre, une dépouille jetée là, déjà sur le point de se décomposer. Il fait peine à voir et donne la nausée.

La femme pleure, toujours agenouillée dans la poussière. Jésus semble attendre encore un mot… Il arrive enfin, au milieu des sanglots :

« Je gémis près de toi, mon cœur est contrit ! Promets au moins qu’eux ne souffriront pas de la faim… et puis… je m’en irai, résigné, à l’expiation. Et toi, sauve mon âme, Sauveur béni ! Elle au moins ! Elle au moins !

– Oui. Je te guéris. A cause des innocents. Pour te donner la possibilité de te montrer juste. Tu comprends ? Rappelle-toi que le Sauveur t’a guéri. Dieu, selon la façon dont tu répondras à cette grâce, te pardonnera tes fautes. Adieu ! Paix à toi, femme. »

Et il part presque en courant à la rencontre de ceux qui arrivent de Gethsémani, sans même se laisser arrêter par les cris de l’homme qui se sent et se voit guéri, ni par ceux de sa femme…

« Prenons cette ruelle pour ne pas passer de nouveau par là », dit Jésus après s’être réuni aux autres.

374.9

Ils prennent un boyau misérable, si étroit que l’on a du mal à y passer à deux de front et, si on croise un âne avec un bât, il n’y a plus qu’à se coller au mur comme un timbre-poste. Il y fait sombre à cause des toits qui se touchent presque, et on y trouve solitude, silence et odeurs nauséabondes. Ils marchent en file indienne comme un défilé de moines tout le long de cette pauvre venelle. Puis ils se réunissent sur une petite place remplie de jeunes garçons.

« Pourquoi as-tu parlé ainsi à cet homme ? Tu ne le fais jamais… demande Pierre, curieux.

– Parce que cet homme sera un de mes ennemis et cette faute à venir aggravera celles qu’il a déjà commises.

– Et tu l’as guéri ! s’écrient-ils tous, stupéfaits.

– Oui. A cause des enfants innocents.

– Hum ! Il se rendra de nouveau malade…

– Non. Après l’épouvante et la souffrance qu’il a connues, il fera attention à la vie du corps. Il ne se rendra plus malade.

– Mais il péchera contre toi, dis-tu ? Moi je l’aurais fait mourir.

– Tu es un pécheur, Simon, fils de Jonas.

– Et toi, tu es trop bon, Jésus de Nazareth » réplique Pierre.

Ils disparaissent dans une rue centrale, et je ne vois plus rien.

374.10

Remarque personnelle.

Je reconnais[1] aussi bien Jacob, l’homme guéri, que Samuel. Le premier est celui qui, pendant la Passion, frappa Jésus à la tête avec un caillou. Mieux que lui, je reconnais sa femme, désolée maintenant comme alors, et la maison qui a une porte dont il est facile de se souvenir, car on y accède par trois marches. De même, sous le voile de haine qui le transforme, je reconnais en Samuel le jeune homme qui a tué sa mère d’un coup de pied pour pouvoir aller frapper le Maître avec une matraque.

Pour ma part, je mettrai ces notes au bas de la page N… de la Passion.

374.1

­Escono dal Tempio, brulicante di folla, per immergersi nel brulichio delle vie dove tutti corrono, indaffarati negli ultimi preparativi pasquali, e i ritardatari cercano affannosamente una stanza, un vestibolo, un purché sia, per mutarlo in cenacolo per consumarvi l’agnello.

È facile così incontrarsi, ed è facile anche non riconoscersi, nel pigia pigia continuamente agitato che fa passare sotto gli occhi volti di tutte le età, di tutte le regioni dove sono israeliti, e dove il sangue puro di Israele ha contratto, per mescolanze di sangue o anche semplicemente per mimetismo, somiglianze con altre razze. Cosicché si vedono ebrei che sembrano egiziani e anche che, per i labbri sporgenti, i nasi camusi e l’angolo facciale, sembrano incroci coi nubiani; altri che per i visi taglienti, minuti, le membra snelle, gli sguardi arguti, denunciano di essere delle colonie greche, o mescolanze con greci; mentre dei robusti e alti uomini, dal viso piuttosto squadrato, parlano chiaramente di essere non del tutto estranei coi latini; e ve ne sono anche molti che noi moderni diremmo circassi o persiani, con già un ricordo di occhi mongolici o indiani nei visi bianchissimi dei primi, nei visi olivastri dei secondi. Un bel caleidoscopio di volti e di vesti! L’occhio ne resta stanco, tanto che è facile finisca a guardare senza vedere. Ma ciò che sfugge a uno viene notato dall’altro. È dunque comprensibile che ciò che sfugge al Maestro, sempre un poco assorto in Se stesso quando lo lasciano in pace, senza interrogarlo, è notato da questo o quello di chi è con Lui. E gli apostoli, i più vicini a Gesù, si indicano ciò che vedono e parlottano fra di loro con commenti… molto umani per le persone indicate.

374.2

Uno di questi commenti salati, su un ex discepolo che passa con sussiego fingendo di non vederli, viene afferrato da Gesù: «A chi dite quelle parole?», interroga.

«A quel barbagianni là», accenna Giacomo di Zebedeo. «Ha finto di non vederci, e non è il solo a fare così. Però quando Tu lo dovevi guarire e ti cercava, allora sapeva vederci! Gli venga la pustola maligna!».

«Giacomo!! Con questi sentimenti sei al mio fianco e ti prepari a consumare l’agnello? In verità tu sei più incoerente di lui. Lui si è separato con franchezza quando ha sentito di non poter fare ciò che dicevo. Tu resti, ma non fai ciò che Io dico. Non sei forse più peccatore di lui?».

Giacomo diventa rosso fino alla congestione e si ritira dietro ai compagni, mortificato.

«È che fa male vederli fare così, Maestro!», dice Giovanni per aiutare il fratello che è stato rimproverato. «Il nostro amore si ribella a vedere il loro disamore…».

«Già. Ma credete di portarli all’amore facendo così? Sgarbi, male parole, insulti, non hanno mai portato al punto dove si vorrebbe portare un rivale o uno di altro pensiero. È la dolcezza, la pazienza, la carità, perseveranti nonostante ogni ripulsa, che finiscono ad ottenere. Io capisco e compatisco il vostro cuore che soffre nel non vedermi amato. Ma vorrei sapervi, vedervi più soprannaturali negli atti e nei mezzi per farmi amare. Suvvia, Giacomo, vieni qui. Non è per mortificarti che ho parlato. Comprendiamoci, amiamoci almeno fra di noi, amici miei… C’è già tanta incomprensione e dolore per il Figlio dell’uomo!».

Giacomo, rasserenato, gli torna al fianco.

374.3

Camminano qualche tempo in silenzio, poi Tommaso esplode in una tonante esclamazione: «Però è proprio una vergo­gna!».

«Che cosa?», chiede Gesù.

«Ma la viltà di tanti! Maestro, non vedi in quanti fingono di non conoscerti?».

«E che perciò? Muterà un iota di ciò che è scritto di Me il loro modo di fare? No. Solo per loro si muta ciò che potrebbe essere scritto. Perché nei libri eterni poteva essere detto di loro: “I discepoli buoni”, mentre si scriverà: “Coloro che non furono buoni, coloro per i quali fu nulla la venuta del Messia”. Parola tremenda, sapete? Peggiore a quella di : “Adamo, con Eva, peccò”. Perché Io posso annullare quel peccato. Ma non potrò annullare questo di rinnegare il Verbo Salvatore…

374.4

Pieghiamo da questa parte. Io mi fermerò coi fratelli, con Simon Pietro e Giacomo nel sobborgo di Ofel. Giuda di Simone rimarrà pure. Ma Simone Zelote, Giovanni e Tommaso andranno al Getsemani a prendere le borse…».

«Sì, così Giona inghiottirà per dritto il suo agnello», dice ancora inquieto Pietro. Gli altri ridono…

«Buono, buono! Non ti stupire se ha paura. Domani potresti averla tu».

«Io, Maestro? È più facile che il mar di Galilea si muti in vino che non io avere paura», asserisce sicuro Pietro.

«Eppure… l’altra sera… Oh! Simone! Non parevi molto coraggioso sulle scale del palazzo di Cusa», morde Giuda di Keriot, senza molta ironia ma… con sempre sufficiente sarcasmo, capace di pungere Pietro.

«È perché… temevo per il Signore che ero agitato, io! Non per altro».

«Bene! Bene! Auguriamoci di non avere mai… paura per non fare brutte figure, eh!», risponde Giuda di Keriot battendogli una mano sulla spalla, protettore e maligno… In altri momenti il suo modo di fare avrebbe scatenato una reazione. Ma Pietro, dalla sera avanti, è in stato di… ammirazione per Giuda e lo sopporta in tutto.

Gesù dice: «Filippo e Natanaele con Andrea e Matteo vadano al palazzo di Lazzaro, a dire che stiamo venendo».

Si separano questi ultimi, e gli altri procedono con Gesù. I discepoli, meno Stefano e Isacco, vanno con gli apostoli mandati al palazzo.

Al sobborgo di Ofel nuova separazione. Quelli inviati al Getsemani vanno lesti insieme a Isacco. Stefano resta con Gesù, i figli di Alfeo, Pietro, Giacomo e l’Iscariota, e per non stare fermi al crocicchio vanno lentamente nella stessa direzione di quelli andati al Getsemani. Fanno proprio la stradetta che nella notte del giovedì santo sarà percorsa da Gesù fra i suoi torturatori. Ora, sul mezzodì, è vuota di popolo. Una piccola piazzetta, con una fonte ombreggiata da un fico che apre le foglie tenerelle sullo specchio dell’acqua cheta, si trova dopo pochi passi.

374.5

­­«Ecco là Samuele di Annalia», dice Giacomo d’Alfeo che lo deve conoscere bene. Il giovane sta per entrare in casa con l’agnello… È carico anche di altre cibarie.

«Provvede alla cena pasquale anche per il parente», osserva Giuda di Alfeo.

«Ma ora si è stabilito qui? Non era via?», dice Pietro.

«Sì. Si è stabilito qui. Si dice che amoreggi con la figlia di Cleofa il sandalaio. È denarosa…».

«Ah! e allora perché dice che Annalia lo ha abbandonato?», chiede l’Iscariota. «Ciò è menzogna!».

«L’uomo di essa si serve con facilità. E non sa che così facendo si mette sulla via del male. Basta il primo passo, un passo, per non potersi poi più liberare… È un vischio… è un labirinto… è una trappola. Una trappola in discesa…», dice Gesù a Giuda di Keriot.

«Peccato! L’uomo pareva così buono lo scorso anno!», dice Giacomo di Zebedeo.

«Sì. Io credevo proprio che avrebbe imitato la sposa nel darsi tutto a Te e fare una coppia di sposi angeli e tuoi servi. Ci avrei giurato!…», dice Pietro.

«Simone mio! Non giurare mai sul futuro di un uomo. È la cosa più incerta che ci sia. Nessun elemento, presente al momento del giuramento, può essere mallevadoria di sicuro giuramento. Ci sono delinquenti che diventano santi, e ci sono giusti, o dall’apparenza di giusti, che divengono delinquenti», gli risponde Gesù.

374.6

­Samuele, intanto, dopo essere entrato in casa, ne è uscito di nuovo per andare ad attingere alla fonte acqua pura… Vede così Gesù. Lo guarda con palese sprezzo e lancia un insulto di certo, ma è detto in ebraico e non lo capisco.

L’Iscariota si getta in avanti di scatto, lo prende per un braccio, scrollandolo come una pianta dalla quale si vuole far cadere le frutta mature: «Così parli al Maestro, o peccatore? Giù, in ginocchio! Subito. Chiedigli perdono, lingua sporca di lordura di porco! Giù! O ti spezzo!». È terribile nella violenza subitanea il bel Giuda! Il suo viso si altera paurosamente. Inutilmente Gesù cerca di calmarlo. Finché non vede inginocchiato nella terra fangosa che è intorno alla fonte il bestemmiatore, non rallenta la pressione.

«Perdono», dice fra i denti il malcapitato, che deve essere torturato dalla tenaglia delle dita di Giuda. Ma lo dice male. Proprio perché vi è forzato.

Gesù risponde: «Non ho rancore. Tu sì, nonostante quello che dici. La parola è inutile se è scompagnata dal moto del cuore. Tu nel cuore mi bestemmi ancora. E con doppia colpa. Perché mi accusi e mi odi per un motivo che la tua coscienza, nel suo profondo, ti dice non vero. E perché tu, tu solo sei quello che ha mancato, non Annalia, non Io. Ma di tutto ti perdono. Va’ e fa’ di tornare onesto e gradito a Dio. Lascialo, Giuda».

«Vado. Ma ti odio! Mi hai traviato Annalia, e ti odio…».

«Ti consoli però con Rebecca, figlia del sandalaio. E te ne consoli da quando ancora Annalia ti era sposa e, malata, pensava a te solo…».

«Ero vedovo… pensavo di esserlo già… e mi cercavo moglie… Ora sono tornato a Rebecca perché… perché… Annalia non mi vuole», si scusa Samuele che si vede scoperto nelle sue marachelle.

Giuda Iscariota termina: «…e perché Rebecca è molto ricca. Brutta come un sandalo scalcagnato… e vecchia come una suola perduta su un sentiero… ma ricca, oh! ricca!…», e ride sarcastico mentre l’altro fugge.

«Come lo sai?», chiede Pietro.

«Oh!… è facile sapere dove sono vergini e denari!».

«Bene! Andiamo per la stradetta, Maestro? Questa piazza è un forno da pane. Là c’è ombra e ventilazione», supplica Pietro che suda.

374.7

­Vanno, adagio, in attesa degli altri di ritorno. La stradetta è deserta.

­Una donna si stacca da una porta e viene a prostrarsi ai piedi di Gesù piangendo.

«Che hai?».

«Maestro!… Ti sei già purificato?».

«Sì. Perché lo chiedi?».

«Perché volevo dirti… Ma non lo puoi avvicinare. È tutto un marciume… Il medico lo dice infetto. Dopo la Pasqua chiamerò il sacerdote… e… e Hinnon lo accoglierà. Non mi dire colpevole. Io non lo sapevo… Ha lavorato a Joppe per molti mesi e mi è tornato così, dicendo che si era ferito. Ho usato i balsami e i lavaggi con gli aromi… Ma non giovavano. Ho interrogato un semplicista. Mi ha dato polveri per il sangue… Ho separato i figli… ho separato il letto… perché… cominciavo a capire. È peggiorato. Ho chiamato il medico. Mi ha detto: “Donna, tu sai il tuo dovere e io il mio. Ciò è ferita di lussuria. Recidilo da te. Io lo reciderò dal popolo. Il sacerdote da Israele. Doveva pensarci quando offendeva Dio, te e se stesso. Ora espii”. Ho ottenuto il silenzio suo fino al dì dopo gli Azzimi. Ma se Tu avessi pietà del peccatore, e di me che l’amo ancora, e dei cinque figli innocenti…».

«Che vuoi che Io ti faccia? Non pensi che chi peccò è giusto che espii?».

«Sì, o Signore! Ma Tu sei la Misericordia vivente!». Tutta la fede di cui una donna è capace è nella voce, nello sguardo, nell’atto della donna inginocchiata, a braccia protese verso il Salvatore.

«Ed egli che ha in cuore?».

«Avvilimento… Che vuoi altro che abbia, o Signore?».

«Basterebbe un movimento soprannaturale di pentimento, di giustizia, per ottenere pietà…».

«Giustizia?».

«Sì. Dire: “Ho peccato. La colpa mia merita questo e ben altro, ma a coloro che ho offeso chiedo pietà”».

«Io gliel’ho già data. Tu, Dio, dagliela. Non posso dirti: entra… Vedi che non ti tocco neppure io…

374.8

Ma se vuoi lo chiamo e dal terrazzo lo faccio parlare».

«Sì».

La donna, con la testa dentro l’uscio di casa, chiama forte: «Giacobbe! Giacobbe! Sali sul tetto. Affacciati. Non temere».

L’uomo, dopo qualche momento, si mostra al parapetto del terrazzo. Un viso giallastro, gonfio, la gola fasciata, una mano fasciata… un rudere d’uomo corrotto… Guarda con gli occhi acquosi del malato di ignobili malattie. Chiede: «Chi mi vuole?».

«Giacobbe, c’è il Salvatore!…». La donna non dice di più, ma pare voglia ipnotizzare il malato, trasfondergli il suo pensiero…

L’uomo, sia che senta questo pensiero di lei, sia che abbia un moto spontaneo, tende le braccia e dice: «Oh! liberami! Io credo in Te! È orribile morire così!».

«È orribile mancare al proprio dovere. A questa non pensavi? Non ai figli?».

«Pietà, Signore… Per essi, per me… Perdono! Perdono!». E si abbatte sul muretto piangendo, le mani fasciate sporgenti con tutto il braccio, che resta scoperto per la manica che sale in alto, chiazzato già delle prossime pustole, gonfio, repellente… L’uomo, così come è messo, pare un burattino macabro, una salma gettata lì, già in procinto di decomporsi. Fa pena e nausea insieme.

La donna piange, sempre fra la polvere, in ginocchio.

Gesù pare attendere una parola ancora… Finalmente essa scende, fra i singhiozzi: «Gemo a Te nella contrizione del cuore! Dàmmi almeno promessa che essi non patiranno la fame… e poi… me ne andrò rassegnato all’espiazione. E Tu fa’ salva l’anima mia, Salvatore benedetto! Questa almeno! Questa almeno!».

«Sì. Ti guarisco. Per gli innocenti. Per darti modo di mostrarti giusto. Comprendi? Ricordalo che il Salvatore ti ha guarito. Dio, dal modo come tu risponderai a questa grazia, ti assolverà delle tue colpe. Addio. La pace a te, donna». E se ne va quasi di corsa incontro a quelli che vengono dal Getsemani. Neppure i gridi dell’uomo, che si sente e vede guarire, lo fermano, e non quelli della moglie…

«Pieghiamo da questo vicolo, per non passare di nuovo di là», dice Gesù dopo essersi ricongiunto con gli altri.

374.9

Prendono un vicolo miserabile, così stretto che a mala pena due vi passano di fianco e, se un asino lo percorre con un basto, non c’è che schiacciarsi al muro come francobolli. Vi è penombra per i tetti che quasi si toccano, solitudine, silenzio e cattivo odore. Vanno in fila come tanti frati finché dura il chiassuolo miserevole. Poi, ad una piazzetta piena di ragazzi, si riuniscono.

«Perché hai detto quelle parole a quell’uomo? Non le usi mai…», chiede curioso Pietro.

«Perché quell’uomo sarà uno dei miei nemici. E questa colpa futura aggraverà quella che già ha».

«E lo hai guarito?!», chiedono tutti stupefatti.

«Sì. Per i piccoli innocenti».

«Umh! Tornerà ad ammalarsi…».

«No. Per la vita del corpo, dopo lo spavento e la sofferenza avuta, avrà cura. Non si ammalerà più».

«Ma peccherà contro Te, dici. Io lo facevo morire».

«Tu sei un uomo peccatore, Simone di Giona».

«E Tu sei troppo buono, Gesù di Nazaret», replica Pietro.

Una via centrale li assorbe e non vedo più niente.

374.10

­Nota mia.

Tanto l’uomo guarito come Samuele li riconosco[1]. Il primo è quello che nella Passione colpisce con un sasso Gesù al capo. Riconosco, più che lui, la moglie, dolente ora come allora, e la casa che ha una caratteristica porta alta su tre gradini. E così, nella maschera d’odio che lo trasforma, riconosco in Samuele il giovane che uccide la madre con un calcio per poter andare a colpire il Maestro con un randello. Per conto mio metterò queste note ai piedi della pag. N… della Passione.


Notes

  1. je reconnais, car elle les a vus dans un épisode écrit l’année précédente, qu’on trouvera en 604.2.

Note

  1. li riconosco, perché “visti” in un episodio scritto l’anno precedente ma che sarà in 604.2.