The Writings of Maria Valtorta

374. Le jour de la parascève.

374. The Day of Preparation. Along the streets

374.1

Ils sortent du Temple où fourmille la foule pour se plonger dans le grouillement des rues où tout le monde court, affairé par les derniers préparatifs de la Pâque, tandis que les retardataires cherchent anxieusement une pièce, un vestibule, n’importe quoi, pour en faire un cénacle où consommer l’agneau.

Il est facile dans ces conditions de se rencontrer et de ne pas se reconnaître dans la continuelle bousculade qui fait défiler sous les yeux des personnes de tous les âges, de toutes les régions où il y a des juifs, là où le sang pur d’Israël a contracté, par mélanges de sang ou simplement par mimétisme, des ressemblances avec d’autres races. C’est ainsi que l’on voit des Hébreux de type égyptien ; d’autres, avec leurs grosses lèvres, leurs nez camus et leur angle facial, semblent provenir de croisements avec les Nubiens ; d’autres encore, aux traits bien dessinés, fins, aux membres élancés, aux yeux vifs, trahissent leur appartenance aux colonies grecques ou des mélanges avec les Grecs ; des hommes robustes et de grande taille, au visage plutôt carré, annoncent clairement qu’ils ne sont pas tout à fait étrangers aux Latins ; il y en a beaucoup aussi que nous dirions aujourd’hui circassiens ou perses, avec déjà quelque chose qui rappelle les yeux mongols ou indiens dans le faciès très blanc des premiers et olivâtre des seconds. Cela forme un beau kaléidoscope de visages et de vêtements ! L’œil s’en lasse, au point qu’il finit facilement par regarder sans voir. Mais ce qui échappe à l’un est remarqué par l’autre. Il est donc compréhensible que ce qui échappe au Maître, toujours un peu absorbé en lui-même quand on le laisse en paix, sans l’interroger, est remarqué par l’un ou l’autre de ceux qui l’accompagnent. Et les apôtres les plus proches de Jésus se désignent ce qu’ils voient et chuchotent entre eux en faisant des commentaires… très humains sur les personnes qu’ils se montrent.

374.2

Un de ces commentaires salés sur un ancien disciple qui passe, l’air suffisant, feignant de ne pas les voir, est entendu par Jésus :

« De qui dites-vous cela ? demande-t-il.

– De ce balourd-là » indique Jacques, fils de Zébédée. « Il a fait semblant de ne pas nous voir, et il n’est pas le seul à agir ainsi. Pourtant, quand tu devais le guérir et qu’il courait après toi, alors, il savait te voir ! Qu’il attrape la pustule maligne !

– Jacques ! C’est avec de tels sentiments que tu es à côté de moi et que tu te prépares à consommer l’agneau ? En vérité, tu es plus incohérent que lui. Lui, il s’est séparé franchement quand il a senti qu’il ne pouvait pas faire ce que je disais. Toi, tu restes, mais tu ne fais pas ce que je dis. N’es-tu pas alors plus pécheur que lui ? »

Jacques rougit à en être congestionné et, confus, se retire derrière ses compagnons.

« C’est que cela fait mal de les voir agir ainsi, Maître ! » dit Jean pour aider son frère qui a reçu les reproches. « Notre amour se révolte devant leur manque d’amour…

– Oui. Mais croyez-vous les y amener en agissant ainsi ? Impolitesses, paroles méchantes, insultes, n’ont jamais conduit là où l’on devrait amener un rival ou quelqu’un qui pense autrement. Ce sont la douceur, la patience, la charité, la persévérance malgré tous les refus, qui finissent par obtenir un résultat. Je comprends votre cœur qui souffre de ne pas me voir aimé et je partage vos sentiments. Mais je voudrais vous savoir, vous voir agir de façon plus surnaturelle pour me faire aimer. Allons, Jacques, viens ici. Ce n’est pas pour t’humilier que je t’ai parlé. Comprenons-nous, aimons-nous, au moins entre nous, mes amis… Il y a déjà tant d’incompréhension et de douleur pour le Fils de l’homme ! »

Jacques, rasséréné, revient à côté de lui.

374.3

Ils marchent un moment en silence, puis Thomas explose en une exclamation de tonnerre :

« Pourtant, c’est vraiment honteux !

– Quoi ? demande Jésus.

– Mais la lâcheté d’un si grand nombre ! Maître, ne vois-tu pas combien font mine de ne pas te connaître ?

– Et qu’est-ce que cela fait ? Est-ce que leur manière d’agir changera un iota de ce qui est écrit de moi ? Non. Ce n’est que pour eux que changera ce qui pourrait être écrit. Car dans les livres éternels, il pouvait être dit d’eux : “ les bons disciples ”, alors qu’on écrira : “ Ceux qui ne furent pas bons, ceux pour qui la venue du Messie n’aura servi à rien. ” C’est une parole redoutable, vous savez ? Plus que celle de : “Adam, avec Eve, pécha. ” Parce que je peux effacer ce péché. Mais je ne pourrai pas effacer le reniement du Verbe Sauveur…

374.4

Tournons de ce côté. Je m’arrêterai avec mes frères, avec Simon-Pierre et Jacques dans le faubourg d’Ophel. Judas restera aussi. Mais Simon le Zélote, Jean et Thomas iront à Gethsémani prendre les sacs…

– Oui, comme ça, Jonas n’avalera pas son agneau de travers » dit Pierre, caustique.

Les autres rient…

« Bon, bon ! Ne le raille pas s’il a peur. Demain, ce pourrait être toi.

– Moi, Maître ? Il est plus facile que la mer de Galilée devienne du vin que, moi, j’aie peur, assure Pierre.

– Et pourtant… L’autre soir… Ah ! Simon, tu ne paraissais pas fort courageux dans l’escalier du palais de Kouza, dit Judas, narquois, sans trop d’ironie mais… assez sarcastique pour piquer Pierre.

– C’est parce que… je craignais pour le Seigneur que j’étais agité, moi ! Pas pour autre chose.

– Bien ! Bien ! Souhaitons-nous de n’avoir jamais… peur pour ne pas faire piètre figure, hein ! » répond Judas en lui frappant l’épaule de la main, d’un air protecteur et mauvais…

A d’autres moments, sa manière de faire aurait déchaîné une réaction. Mais Pierre, depuis le soir précédent, est en… admiration devant Judas et supporte tout de lui. Jésus dit :

« Que Philippe et Nathanaël aillent avec André et Matthieu au palais de Lazare prévenir que nous arrivons. »

Ces derniers se séparent et les autres continuent avec Jésus. Les disciples, hormis Etienne et Isaac, suivent les apôtres envoyés au palais. Au faubourg d’Ophel, nouvelle séparation. Ceux qui sont envoyés à Gethsémani y vont rapidement avec Isaac. Etienne reste avec Jésus, les fils d’Alphée, Pierre, Jacques et Judas et, pour ne pas rester arrêtés au carrefour, ils avancent lentement dans la même direction que ceux qui sont partis à Gethsémani. Ils prennent exactement le raccourci que Jésus parcourra, dans la nuit du jeudi saint, entre ceux qui le torturent. Maintenant, vers midi, le chemin est désert. Après quelques pas, ils tombent sur une toute petite place, avec une fontaine ombragée par un figuier, qui ouvre ses feuilles tendres sur le miroir d’une eau paisible.

374.5

« Voilà Samuel, l’époux d’Annalia » dit Jacques, fils d’Alphée, qui doit bien le connaître.

Le jeune homme, chargé de nombreuses provisions, s’apprête à entrer dans la maison avec l’agneau.

« Il s’occupe du repas pascal pour son parent aussi, relève Jude.

– S’est-il donc établi ici, maintenant ? N’était-il pas parti ? demande Pierre.

– Oui, il s’est établi ici. On dit qu’il fréquente la fille de Cléophas, le sandalier. Elle a de l’argent…

– Ah ! Dans ce cas, pourquoi prétend-il qu’Annalia l’a abandonné ? » demande Judas. « C’est un mensonge !

– L’homme, répond Jésus à Judas, y a facilement recours. Il ignore qu’en agissant ainsi, il se met sur la voie du mal. Il suffit d’un premier pas, d’un seul pas, pour ne plus pouvoir s’en dégager… C’est de la glu… un labyrinthe… c’est une trappe. Une trappe d’où l’on ne remonte pas…

– Dommage ! Cet homme paraissait si bon, l’an dernier ! dit Jacques, fils de Zébédée.

– Oui. Moi, je croyais vraiment qu’il allait imiter son épouse en se donnant tout entier à toi pour faire un couple angélique à ton service. Je l’aurais juré… ! dit Pierre.

– Mon Simon ! Ne jure jamais de l’avenir d’un homme. Il n’y a rien de plus incertain. Aucun élément qui existe au moment du serment ne peut être une garantie de certitude. Il y a des criminels qui deviennent saints, et des justes, ou des gens qui semblent l’être, qui deviennent criminels » lui répond Jésus.

374.6

Samuel, pendant ce temps, est entré dans la maison d’où il est ressorti pour aller chercher de l’eau pure à la fontaine… Il voit ainsi Jésus. Il le regarde avec un mépris manifeste et lui lance certainement une insulte, mais elle est dite en hébreu et je ne la comprends pas.

Judas se précipite, lui saisit un bras et le secoue comme un arbre dont on veut faire tomber les fruits mûrs :

« Est-ce ainsi que tu parles au Maître, ô pécheur ? Par terre, à genoux ! Tout de suite ! Demande-lui pardon, langue souillée d’ordure de porc ! Par terre ! Ou je te mets en morceaux ! »

Sa violence subite donne au beau Judas un air terrible ! Son visage s’altère à faire peur. C’est en vain que Jésus essaie de le calmer. Tant que l’Iscariote ne voit pas le blasphémateur à genoux dans la terre boueuse qui entoure la fontaine, il ne relâche pas la pression.

« Pardon » dit entre ses dents le malheureux, qui doit être torturé par la tenaille des doigts de Judas.

Mais il le dit mal, et uniquement parce qu’il y est forcé. Jésus répond :

« Je n’ai pas de rancœur. Toi, si, malgré ce que tu prétends. La parole est inutile si elle n’est pas accompagnée par le mouvement du cœur. Toi, dans ton cœur, tu blasphèmes encore contre moi. Et tu es doublement fautif. En effet, tu m’accuses et tu me hais, pour un motif dont, au fond de ta conscience, tu sais qu’il n’est pas vrai et parce que c’est toi seul qui as manqué à ton devoir, pas Annalia, pas moi. Mais je te pardonne tout. Va et fais en sorte de redevenir honnête et agréable à Dieu. Lâche-le, Judas.

– Je pars. Mais je te hais ! Tu m’as enlevé Annalia, et je te hais…

– Tu te consoles pourtant avec Rébecca, la fille du sandalier. Et tu t’en consolais aussi du temps où Annalia était ton épouse et où, malade, elle ne pensait qu’à toi…

– J’étais veuf… je pensais l’être déjà… et je cherchais une épouse… Maintenant, je reviens vers Rébecca parce que… parce que… Annalia ne veut pas de moi » s’excuse Samuel qui voit ses manigances découvertes.

Judas porte le coup final :

« … et parce que Rébecca est très riche. Laide comme une sandale éculée… et vieille comme une semelle perdue sur un sentier… mais riche, cousue d’or ! »

Et il rit, sarcastique, pendant que l’autre s’enfuit.

« Comment sais-tu cela ? demande Pierre.

– Oh !… il est facile de savoir où sont les filles à marier et l’argent !

– Bien ! Nous prenons le sentier, Maître ? Cette place est un vrai four. Là, il y a de l’ombre et de l’air » supplie Pierre, en nage.

374.7

Ils marchent lentement, pour attendre le retour des autres. La ruelle est déserte. Une femme sort d’une porte et vient se prosterner en pleurant aux pieds de Jésus.

« Qu’as-tu ?

– Maître !… Tu es déjà purifié ?

– Oui. Pourquoi me poses-tu cette question ?

– Parce que je voulais te dire… Mais tu ne peux pas t’en approcher. Ce n’est qu’une pourriture… Le médecin le dit infecté. Après la Pâque, j’appellerai le prêtre… et… et Hinnon l’accueillera. Ne dis pas que je suis coupable. Moi, je ne savais pas… Il a travaillé plusieurs mois à Joppé, et il est revenu dans cet état, en disant qu’il s’était blessé. J’ai employé les baumes et les lavages avec les aromates… Mais cela n’a servi à rien. J’ai consulté un herboriste. Il m’a donné des poudres pour le sang… J’ai éloigné les enfants… j’ai mis son lit à part… car… je commençais à comprendre. Le mal a empiré. J’ai appelé le médecin. Il m’a dit : “ Femme, tu connais ton devoir et moi le mien. C’est une plaie due à la débauche. Sépare-le de toi. Moi, je le séparerai du peuple, et le prêtre d’Israël. Il aurait dû y penser quand il offensait Dieu, toi, et lui-même. Maintenant, qu’il expie. ” J’ai obtenu son silence jusque qu’après la fête des Azymes. Mais si tu avais pitié du pécheur, de moi qui l’aime encore, et des cinq enfants innocents…

– Que veux-tu que je fasse ? Ne penses-tu pas qu’il a péché et qu’il est juste qu’il expie ?

– Si, Seigneur ! Mais tu es la Miséricorde vivante ! »

Toute la foi dont une femme est capable se manifeste dans sa voix, dans son regard, dans son attitude de suppliante agenouillée, les bras tendus vers le Sauveur.

« Et lui, qu’a-t-il dans le cœur ?

– Le découragement… Que veux-tu qu’il ait d’autre, Seigneur ?

– Il suffirait d’un sentiment de repentir surnaturel, de justice, pour obtenir la pitié…

– De justice ?

– Oui. Qu’il reconnaisse : “ J’ai péché. Ma faute mérite cela et bien davantage, mais je demande de la pitié à ceux que j’ai offensés. ”

– Moi, je la lui ai déjà donnée. Toi, Dieu, donne-la lui. Je ne peux pas te dire d’entrer. Tu vois que je ne te touche pas non plus…

374.8

Mais, si tu veux, je vais l’appeler et, du haut de la terrasse, je le ferai parler.”

– Oui. »

La femme, la tête dans l’entrée de la maison, appelle à haute voix :

« Jacob ! Jacob ! Monte sur le toit. Montre-toi. N’aie pas peur. »

Au bout d’un moment, l’homme apparaît au parapet de la terrasse : un visage jaunâtre, bouffi, la gorge et une main bandées… une ruine d’homme corrompu… Il regarde avec les yeux vitreux d’un malade qui souffre de maux ignobles. Il demande :

« Qui me veut ?

– Jacob, le Sauveur est là ! »

La femme ne dit rien de plus, mais elle semble vouloir hypnotiser le malade, lui transmettre sa pensée…

L’homme, soit qu’il sente le souhait de sa femme, soit qu’il ait un mouvement spontané, tend les bras en disant :

« Oh ! délivre-moi ! Je crois en toi ! Il est horrible de mourir de cette façon !

– Il est horrible de manquer à son devoir. Tu ne pensais pas à elle ? Pas à tes enfants ?

– Pitié, Seigneur… Pour eux, pour moi… Pardon ! Pardon ! »

Et il s’abat en pleurant sur le muret, les mains bandées dépassant avec tout le bras, qui reste à découvert à cause des manches remontées, souillé déjà par les pustules toutes proches, enflé, repoussant… L’homme, dans cette position, a l’air d’une marionnette macabre, une dépouille jetée là, déjà sur le point de se décomposer. Il fait peine à voir et donne la nausée.

La femme pleure, toujours agenouillée dans la poussière. Jésus semble attendre encore un mot… Il arrive enfin, au milieu des sanglots :

« Je gémis près de toi, mon cœur est contrit ! Promets au moins qu’eux ne souffriront pas de la faim… et puis… je m’en irai, résigné, à l’expiation. Et toi, sauve mon âme, Sauveur béni ! Elle au moins ! Elle au moins !

– Oui. Je te guéris. A cause des innocents. Pour te donner la possibilité de te montrer juste. Tu comprends ? Rappelle-toi que le Sauveur t’a guéri. Dieu, selon la façon dont tu répondras à cette grâce, te pardonnera tes fautes. Adieu ! Paix à toi, femme. »

Et il part presque en courant à la rencontre de ceux qui arrivent de Gethsémani, sans même se laisser arrêter par les cris de l’homme qui se sent et se voit guéri, ni par ceux de sa femme…

« Prenons cette ruelle pour ne pas passer de nouveau par là », dit Jésus après s’être réuni aux autres.

374.9

Ils prennent un boyau misérable, si étroit que l’on a du mal à y passer à deux de front et, si on croise un âne avec un bât, il n’y a plus qu’à se coller au mur comme un timbre-poste. Il y fait sombre à cause des toits qui se touchent presque, et on y trouve solitude, silence et odeurs nauséabondes. Ils marchent en file indienne comme un défilé de moines tout le long de cette pauvre venelle. Puis ils se réunissent sur une petite place remplie de jeunes garçons.

« Pourquoi as-tu parlé ainsi à cet homme ? Tu ne le fais jamais… demande Pierre, curieux.

– Parce que cet homme sera un de mes ennemis et cette faute à venir aggravera celles qu’il a déjà commises.

– Et tu l’as guéri ! s’écrient-ils tous, stupéfaits.

– Oui. A cause des enfants innocents.

– Hum ! Il se rendra de nouveau malade…

– Non. Après l’épouvante et la souffrance qu’il a connues, il fera attention à la vie du corps. Il ne se rendra plus malade.

– Mais il péchera contre toi, dis-tu ? Moi je l’aurais fait mourir.

– Tu es un pécheur, Simon, fils de Jonas.

– Et toi, tu es trop bon, Jésus de Nazareth » réplique Pierre.

Ils disparaissent dans une rue centrale, et je ne vois plus rien.

374.10

Remarque personnelle.

Je reconnais[1] aussi bien Jacob, l’homme guéri, que Samuel. Le premier est celui qui, pendant la Passion, frappa Jésus à la tête avec un caillou. Mieux que lui, je reconnais sa femme, désolée maintenant comme alors, et la maison qui a une porte dont il est facile de se souvenir, car on y accède par trois marches. De même, sous le voile de haine qui le transforme, je reconnais en Samuel le jeune homme qui a tué sa mère d’un coup de pied pour pouvoir aller frapper le Maître avec une matraque.

Pour ma part, je mettrai ces notes au bas de la page N… de la Passion.

374.1

They come out of the Temple, overcrowded with people and plunge into the swarming streets, where everybody is making haste in the last preparations for Passover and late-comers are anxiously looking for a room, a hall, any place at all, to use as a supper-room, where to consume the lamb.

It is thus easy to meet people but it is also easy not to recognize one another in the dense agitated crowd, as one sees faces of all ages, of all the regions where there are Israelites, and where the pure blood of Israel, through mixture of blood or simply through mimicry, has become like other races. One can thus see Jews who are like Egyptians or look like Nubians because of their thick prominent lips, snub noses and facial angle; others with small fine features, slender bodies, witty eyes make one understand that they come from the Greek colonies or are crossed with Greeks; whereas tall robust men, with rather square faces, clearly show that they are connected with the Latin race; and there are many who modern people would say are Circassians or Persians with a resemblance of Mongolian or Indian eyes in the very white faces of the former and the olive-hued faces of the latter. A beautiful kaleidoscope of faces and garments! The result is that one’s eyes become tired and one ends up by looking without seeing. But what escapes one is noticed by another.

It is therefore understandable that what escapes the Master, Who is always absorbed in thought when He is left in peace, without being asked questions, is noticed by this one or that one of His followers. And the apostles, those who are closer to Jesus, point out to one another what they see and talk to one another in low voices making worldly comments… on the people they point out.

374.2

One such biting comment on an ex-disciple who passes by haughtily, pretending he does not see them, is heard by Jesus, Who asks: «To whom were those words referred?»

«To that blockhead over there» says James of Zebedee. «He pretended he did not see us, and he is not the only one to do so. But when he wanted to be cured and was looking for You, he did see us! I hope he gets a malignant pustule!»

«James!! Are you standing beside Me with such feelings while you are getting ready to consume the lamb? In actual fact you are more inconsistent than he. He went away openly when he felt he could not do what I said. You, instead, have remained but you do not do what I say. Are you not perhaps a greater sinner than he?»

James blushes so deeply that he looks congested, and he withdraws behind his companions, as he is humiliated.

«It hurts to see them behave like that, Master!» says John to support his brother who has been reproached. «Our love rebels seeing their estrangement…»

«Of course. But do you think that you can bring them back to love by so doing? Discourteous acts, bad words, insults have never brought a rival or a man of different opinion to where he should be led. It is through kindness, patience, charity, persevering notwithstanding refusals, that you achieve your purpose. I understand and pity your hearts, which suffer seeing that I am not loved. But I would like to see and know that you are more supernatural in your acts and means to make Me loved. Come on, James, come here. I did not speak to humiliate you. Let us love and understand one another, at least among ourselves, My dear friends… There is already so much incomprehension and sorrow for the Son of man!»

James, who is cheerful again, goes back beside Him.

374.3

They walk for some time in silence, then Thomas bursts into a thundering exclamation: «But it’s really a shame!»

«What?» asks Jesus.

«The meanness of so many people! Master, don’t You see how many pretend they do not know You?»

«So what? Will their behaviour change one iota of what has been written about Me? No, it will not. Only with regards to themselves what could be written will change. Because in the eternal books it could be said of them: “Good disciples”, whereas it will be written: “They were not good, the coming of the Messiah meant nothing to them”. Dreadful words, you know? Worse than: “Adam and Eve sinned”. Because I can cancel that sin. But I will not be able to cancel the sin of those who deny the Word Saviour…

374.4

Let us go this way. I will stop with My brothers, with Simon Peter and James in the suburb of Ophel. Judas of Simon also will remain with Me. But Simon Zealot, John and Thomas will go to Gethsemane to get the bags…»

«Yes, so Jonah’s lamb will not go down his throat the wrong way» says Peter, who is still angry. The others laugh…

«Be good! There is no reason to be astonished if he is afraid. You might feel the same tomorrow.»

«Me, Master? The sea of Galilee is more likely to turn into wine than I am to be afraid» states Peter confidently.

«And yet… the other evening… Oh! Simon! You did not look so brave on the staircase of Chuza’s palace» remarks Judas of Kerioth pungently, without being too ironic… but sufficiently sarcastic to bite Peter.

«I was afraid for the Lord, that is why I was worried! For no other reason.»

«Very well! Let us hope that we shall… never be afraid, so that we may not cut a bad figure, eh!» replies Judas of Kerioth, clapping him on his shoulder, protectingly and maliciously…

At any other moment his behaviour would have given rise to a reaction. But Peter, since the previous evening, is full of… admiration for Judas and puts up with him in everything.

Jesus says: «Philip and Nathanael with Andrew and Matthew, please go to Lazarus’ palace and tell them that we are coming.» The four apostles part and the others proceed with Jesus. The disciples, with the exception of Stephen and Isaac, go with the apostles sent to the palace.

At the Ophel suburb there is a further parting. Those destined for Gethsemane go away quickly with Isaac. Stephen remains with Jesus, the sons of Alphaeus, Peter, James and the Iscariot and to avoid stopping at the cross-roads, they proceed slowly in the same direction as those who have gone to Gethsemane. They go along the same little street along which Jesus will be taken by His torturers on the evening of Holy Thursday. Now, about midday, it is empty. After a short distance they come to a little square with a fountain shaded by a fig-tree, which is opening its little tender leaves above the calm water.

374.5

«There is Samuel of Annaleah» says James of Alphaeus, who must know him well. The young man is about to enter a house carrying a lamb… and other foodstuffs.

«He is preparing the Passover supper also for his relative» remarks Judas of Alphaeus.

«Has he settled here now? Had he not gone away?» asks Peter.

«Yes, he has settled here. They say that he is flirting with the daughter of Cleopas, the sandal-maker. She is wealthy…»

«Ah! So why does he say that Annaleah left him?» asks the Iscariot. «That’s a lie!»

«Man often makes use of lies. And he does not realize that by doing so he takes the wrong path. The first step, one step, is enough, and one can no longer get free… It is birdlime… it is a labyrinth… a snare… A sloping snare…» says Jesus to Judas of Kerioth.

«What a pity! He seemed such a good man last year!» says James of Zebedee.

«Yes. I really thought that he would imitate his girl-friend devoting himself entirely to You and forming a couple of married angels and Your servants. I would have sworn to it!…» says Peter.

«My dear Simon! Never swear on the future of man. It is the most uncertain of all things. No element, existing at the time of the oath, can guarantee a safe oath. There are criminals who become saints, and there are just people, or apparently just, who become criminals» Jesus replies to him.

374.6

Samuel in the meantime, after going into the house, has come out once again to draw water at the fountain… He thus sees Jesus. He looks at Him with obvious contempt and hurls at Him what is certainly an insult, although I do not understand it, as it was spoken in Hebrew.

The Iscariot jumps forward all of a sudden, he catches him by the arm, shaking him like a tree from which one wants ripe fruit to drop: «Is that how you speak to the Master, you sinner? Down, on your knees, at once! Apologise to Him, you foul tongue of a dirty pig! Down! Or I’ll break your neck!» Handsome Judas is furious in his sudden violence! His countenance has changed fearfully. Jesus tries to calm him in vain. He does not release his hold until he sees the sinner kneeling on the muddy earth around the fountain.

«Forgive me» says the unlucky fellow between his teeth, feeling Judas’ fingers torture him like pincers. But he says so badly, only because he is forced to it.

Jesus replies: «I am not angry. But you still are, notwithstanding what you say. Words are useless unless they are uttered with one’s heart. But you are still cursing Me in your heart. And you are thus twice guilty. Because you accuse Me and you hate Me for a reason, which your conscience, from its very depth, tells you is not true. And because you are the only one who is at fault, not Annaleah, not I. But I forgive you everything. Go and try to become honest and pleasing to God. Let him go, Judas.»

«I am going. But I hate You! You have led Annaleah astray, and I hate You…»

«But you have found consolation with Rebecca, the sandalmaker’s daughter. And you have sought consolation since Annaleah was your fiancee, and although ill, she thought of you only…»

«I was a widower… I thought I already was… and I was looking for a wife… I have now gone back to Rebecca because… because Annaleah does not want me» says Samuel to justify himself, when he realizes that his mischief has been discovered.

Judas Iscariot concludes: «… and because Rebecca is very rich. She is as ugly as an old worn-out sandal… and as old as a sole lost along the way… but rich, oh! very rich!…» and he laughs sarcastically, while the other runs away.

«How do you know?» asks Peter.

«Oh!… it is easy to find out where there are virgins and

money!»

«Well! Shall we go along this little street, Master? This square is as hot as an oven. It is shaded and windy» implores Peter who is perspiring.

374.7

They walk slowly, waiting for the others to come back. The street is deserted.

A woman comes out of a door and prostrates herself at Jesus’ feet weeping.

«What is the matter?»

«Master!… Are You already purified?»

«Yes. Why are you asking Me?»

«Because I wanted to tell You… But You cannot approach him. He is all rotten… The doctor says that he is infected. I will call the priest after Passover… and… Hinnom will receive him. Don’t say that it is my fault. I did not know… He worked at Joppa for many months and he came back saying that he had injured himself. I have used balms and I have bathed him with aromatic herbs… But they do not help. I applied to a herbalist. He gave me some powders for the blood… I separated the children… the bed… because I was beginning to realize. He got worse. I sent for the doctor. He said to me: “Woman, you know what your duty is and I know mine. It is an injury caused by lust. Separate him from yourself, I will separate him from the people, the priest from Israel. He should have thought about it when he was offending God, you and himself. Let him expiate now”. He promised not to say anything until after the Feast of the Unleavened Bread. But if You had mercy on the sinner, on me who love him and on the five innocent children…»

«What do you want Me to do for you? Do you not think that he who sinned should expiate?»

«Yes Lord! But You are the Living Mercy!» All the faith of which a woman is capable is in her voice, in her eyes, in her kneeling attitude, with her arms stretched out towards the Saviour.

«And what are his feelings?»

«He is disheartened… What else could he be, Lord?»

«A supernatural feeling of repentance, of justice would be sufficient to obtain mercy!…»

«Justice?»

«Yes. He should say: “I have sinned. My sin deserves this and much more, but I ask those whom I offended to have mercy on me”.»

«I have already had pity on him. You, God, have mercy on him. I cannot say to you: come in… I am not touching You myself either…

374.8

But if You want I will call him and I will make him speak from the terrace.»

«Yes, do.»

The woman, with her head inside the door of the house, shouts in a loud voice: «Jacob! Jacob! Go up to the roof. Look out. Don’t be afraid.»

A few moments later the man appears at the parapet of the terrace. His face is yellowish and swollen, his neck and one hand are bandaged… the wreck of an infected man… He looks with the watery eyes of a man affected by dishonourable diseases. He asks: «Who wants me?»

«Jacob, the Saviour is here…» The woman says no more but she looks as if she wanted to hypnotise the sick man and instil her thoughts into him…

The man, whether he perceives her thoughts, or through a spontaneous act, stretches his arms and says: «Oh! Free me! I believe in You! It is terrible to die like this!»

«It is terrible to fail in one’s duty. You did not think of that! You did not think of your children!»

«Have mercy, Lord… On them, on me… Forgive me!» And he leans on the low wall weeping. His bandaged hand is protruding as well as his arm, which is uncovered as his sleeve is pulled up and is spotted with pustules, and swollen: a repulsive sight… The man, in his present position, is like a macabre puppet or a corpse abandoned there and about to decay. A pitiful and disgusting sight at the same time.

The woman is weeping, still on her knees, in the dust. Jesus seems to be waiting for a further word.

At last it is heard among sobs: «I implore You with contrition in my heart! At least assure me that they will not starve… and then.. I will go with resignation… But save my soul, O Blessed Saviour! At least that!»

«Yes, I will cure you. For the innocent children’s sake and to give you the opportunity to become just. Do you understand? Remember that the Saviour cured you. God will absolve you of your sins according to how you respond to this grace. Goodbye. Peace to you woman.» And He almost runs away to meet those who are coming from Gethsemane. Not even the shouts of the man who feels and sees that he has been cured can stop Him, or those of his wife…

«Let us go along this lane, to avoid passing there again» says Jesus after He has joined the others.

374.9

They walk along a miserable lane, which is so narrow that two people can hardly go along it walking side by side and if one should meet a donkey with a pack-saddle, one would have to stick to the wall like a stamp. The light is very faint because the roofs almost touch each other. It is a solitary, silent, bad smelling lane. They proceed in single file to the end of it. Then at a little square, crowded with boys, they all get together.

«Why did You say those words to that man? You never said them before…» asks Peter curiously.

«Because that man will be one of My enemies. And his future sin will aggravate his present fault.»

«And You cured him?!» they all ask with surprised countenance.

«Yes. For the innocent children’s sake.»

«H’m! He will fall ill again…»

«No, he will take care of his body, after the fright he had and what he suffered. He will not be taken ill again.»

«But he will sin against You, as You said. I would have let him die.»

«You are a sinner, Simon of Jonah.»

«And You are too good, Jesus of Nazareth» replies Peter.

They disappear in a central street and I no longer can see them.

374.10

A note of mine.

I have recognized[1] both the man who was cured and Samuel. The former is the man who hit Jesus’ head with a stone at His Passion. I recognize him better than his wife, who was sorrowful then as she is now and I recognize the house, which has a characteristically tall door with three steps. Likewise, notwithstanding the mask of hatred that transforms him, I recognize in Samuel the young man who kills his mother with a kick in order to be able to go and strike the Master with a cudgel.


Notes

  1. je reconnais, car elle les a vus dans un épisode écrit l’année précédente, qu’on trouvera en 604.2.

Notes

  1. I have recognized, them because “seen” in an episode written the previous year, which will be in 604.2.