Gli Scritti di Maria Valtorta

400. A Béther, chez Jeanne, femme de Kouza.

400. A Bétèr da Giovanna di Cusa. Conseguenze

400.1

Jésus, suivi de Simon le Zélote qui tient par la bride l’âne monté par Elise, frappe à la porte du gardien de Béther. Ils n’ont pas pris la même route que la dernière fois et ils sont arrivés à la propriété de Jeanne par le petit village qui s’étale sur les pentes occidentales de la montagne sur laquelle s’élève le château.

Le gardien, qui reconnaît le Seigneur, s’empresse d’ouvrir toute grande la grille qui est à côté de la conciergerie et donne accès au jardin qui précède l’habitation. Ici commence ce vrai lieu de rêve que sont les roseraies de Jeanne. Une odeur pénétrante de roses fraîches et d’essence de rose flotte dans l’air chaud du crépuscule et, quand la brise du soir venant de l’orient passe en faisant onduler les arbustes en fleurs, le parfum se fait encore plus pénétrant, plus frais, plus vrai, car il provient des coteaux plantés de rosiers et triomphe des lourdes senteurs qui proviennent d’un appentis bas et large appuyé contre le mur occidental de la propriété.

Le gardien explique :

« Ma maîtresse est là. Elle y vient chaque soir, à l’heure où se rassemblent ceux qui s’occupent de la cueillette et de l’essence. Elle leur parle, les interroge, les soigne, les réconforte. Ah ! Elle est bonne, notre maîtresse ! Elle l’a toujours été. Mais depuis qu’elle est ta disciple !… Je l’appelle tout de suite. C’est une période de gros travaux et les cueilleurs habituels ne suffisent pas à la tâche, bien qu’elle ait engagé depuis la Pâque de nouveaux serviteurs et de nouvelles servantes. Attends-moi, Seigneur…

– Non, j’y vais moi-même. Que Dieu te bénisse et te donne la paix » dit Jésus en levant la main pour bénir le vieux gardien que, jusqu’alors, il a écouté patiemment.

Après l’avoir quitté, il se dirige vers l’appentis.

400.2

Mais le bruit des pas sur la terre dure du sentier fait lever la tête à Mathias, quelque peu curieux. L’enfant pousse un cri et se précipite dehors, les bras déjà ouverts et levés pour inviter à l’embrassement qu’il désire.

« Jésus est là ! Jésus est là ! » s’écrie-t-il en courant.

Il est déjà dans les bras du Seigneur qui lui donne un baiser, quand Jeanne s’avance au milieu de ses serviteurs.

« Le Seigneur ! » s’écrie-t-elle à son tour, tombant à genoux pour le vénérer aussitôt de l’endroit où elle se trouve.

Elle se prosterne puis se relève, avec un visage que l’émotion colore d’une teinte pourpre semblable aux pétales d’une rose épanouie. Puis elle vient à Jésus et se prosterne encore pour lui baiser les pieds.

« Paix à toi, Jeanne. Tu voulais me voir ? Je suis venu.

– Je voulais te voir… Oui, Seigneur… »

Jeanne devient pâle et sérieuse, et Jésus le remarque.

« Lève-toi, Jeanne. Kouza se porte-t-il bien ?

– Oui, mon Seigneur.

– Et la petite Marie, que je ne vois pas ici ?

– Elle aussi, Seigneur… Elle est allée avec Esther apporter des remèdes à un serviteur malade.

– C’est pour ce serviteur que tu m’as appelé ?

– Non, Seigneur… Pour… toi. »

Jeanne, c’est bien visible, ne veut pas parler en présence de tous ceux qui les ont entourés. Jésus le comprend :

« C’est bien. Allons voir tes rosiers…

– Tu dois être épuisé, Seigneur… Tu as sûrement faim et soif…

– Non. Nous nous sommes arrêtés pendant les heures chaudes dans une maison des bergers disciples. Je ne suis pas fatigué…

– Dans ce cas, allons-y… Jonathas, tu prépareras tout ce qu’il faut pour le Seigneur et ses compagnons… Descends, Mathias… » ordonne-t-elle à l’intendant, qui se tient respectueusement près d’elle et à l’enfant qui s’est fait un nid dans les bras de Jésus et, caressant, tient sa petite tête brune dans le creux du cou de Jésus comme un tourtereau sous l’aile de son père. L’enfant soupire de peine, mais s’apprête à obéir.

Mais Jésus dit :

« Non. Il va venir avec nous et ne nous dérangera pas. Ce sera le petit ange devant lequel il ne peut y avoir d’actes ou d’entretiens scandaleux, et qui empêchera le moindre soupçon de naître dans les cœurs. Allons…

– Maître, Elise et moi, nous entrons dans la maison ou bien veux-tu que nous restions près de toi ? demande Simon le Zélote.

– Allez, vous aussi. »

400.3

Jeanne conduit Jésus par une large allée qui traverse le jardin. Ils se dirigent vers les roseraies qui descendent et remontent les versants opposés qui constituent le domaine fleuri de la disciple. Et Jeanne continue. On dirait qu’elle veut vraiment s’isoler là où il ne se trouve que des rosiers, des arbres et des oiseaux dans les branches, qui se disputent une place pour dormir ou font un dernier tour à leurs nids.

Les roses, ce soir encore en boutons entrouverts, et qui, épanouies demain, tomberont sous les ciseaux, exhalent un puissant parfum avant de se reposer sous la rosée. Ils s’arrêtent dans une petite vallée entre deux replis de terrain sur lesquels, d’un côté des roses carnées, et de l’autre des roses aussi rouges que des taches de sang en train de se coaguler, forment de riants festons. Il y a là un rocher qui peut servir de siège ou d’appui pour poser les paniers des cueilleurs. Dans l’herbe et sur ce rocher, des roses et des pétales froissés témoignent du travail de la journée.

Jeanne, de sa main ornée de bagues, dégage le siège de ces débris et dit :

« Assieds-toi, Maître. Je dois te parler… longuement. »

Jésus s’assied et Mathias se met à courir çà et là sur l’herbe, jusqu’à ce qu’il s’intéresse grandement à la poursuite d’un gros crapaud venu chercher la fraîcheur du soir, et il s’éloigne en criant et en sautant de joie, allant et venant derrière le pauvre crapaud, jusqu’à ce qu’il soit distrait par le gîte d’un grillon dans lequel il se met à fouiller avec une petite brindille.

« Jeanne, je suis ici pour t’écouter… Tu ne dis rien ? » demande Jésus après un moment de silence.

Et il cesse d’observer l’enfant pour regarder la femme disciple qui se tient debout devant lui, sérieuse et muette.

« Oui, Maître. Mais… c’est très difficile… et je crois que ce sera pénible à entendre…

– Parle en toute simplicité et confiance… »

400.4

Jeanne se laisse glisser sur l’herbe, et s’assied sur les talons un peu plus bas que Jésus qui, lui, est assis sur le rocher dans une pose austère et raide. Il est distant en tant qu’homme plus que s’il était séparé par plusieurs mètres et de nombreux obstacles, mais voisin en tant que Dieu et Ami grâce à la bonté du regard et du sourire. Et Jeanne le regarde longuement dans la douceur du crépuscule d’un soir de mai. Enfin, elle dit :

« Mon Seigneur… avant de parler… j’ai besoin de t’interroger… de connaître ta pensée… de comprendre si je me suis toujours trompée sur le sens de tes paroles… Je suis une femme, une femme sotte… peut-être ai-je rêvé… Il est possible que je comprenne seulement maintenant… les choses comme tu les as dites, comme tu les as préparées, comme tu les veux pour ton Royaume… Peut-être Kouza a-t-il raison et moi tort…

– Kouza t’a fait des reproches ?

– Oui et non, Seigneur. Il m’a seulement dit, au nom de sa puissance maritale, que si ce que les derniers faits laissent croire est exact, je dois te quitter. Car lui, un dignitaire d’Hérode, ne peut permettre que son épouse conspire contre le Tétrarque.

– Et quand donc as-tu été conspiratrice ? Qui pense à nuire à Hérode ? Son pauvre trône si sordide ne vaut pas ce siège au milieu des rosiers. Je m’assieds ici, mais je ne m’assiérai pas sur son siège. Que Kouza se rassure ! Ni le trône d’Hérode, ni même celui de César ne me font envie. Ce ne sont pas les miens et ce ne sont pas mes royaumes.

– Ah ! c’est vrai, Seigneur ? Béni es-tu ! Quelle paix tu me donnes ! Cela fait des jours que j’en souffre ! Mon Maître, saint et divin, mon cher Maître, mon Maître de toujours, tel que je t’ai compris, vu, aimé, auquel j’ai cru, si élevé au-dessus de la terre, si… si divin, ô mon Seigneur et Roi céleste ! »

Jeanne saisit la main de Jésus en baise respectueusement le dos, en restant à genoux comme en adoration.

« Mais que s’est-il donc passé ? Une chose que j’ignore, capable de te troubler ainsi, de brouiller en toi la limpidité de ma figure morale et spirituelle ? Parle !

– Quoi ? Maître, les fumées de l’erreur, de l’orgueil, de la cupidité, de l’entêtement se sont élevées comme de puants cratères et ont brouillé ton image dans la pensée de certains, de certaines… et ont essayé d’en faire autant en moi. Mais moi, je suis ta Jeanne, ta grâce, mon Dieu ! Et je ne me serais pas perdue. Du moins je l’espère, sachant combien le Seigneur est bon. Mais celui qui n’a qu’un embryon d’âme qui lutte pour se former, peut mourir des suites d’une déception. L’homme qui essaie de sortir d’une mer boueuse, troublée par des courants violents, pour gagner le rivage et le port, se purifier et connaître d’autres lieux de paix, de justice, peut être vaincu par la fatigue s’il perd la confiance en ce rivage, en ces lieux, et il peut se laisser reprendre par les courants, par la fange. Or moi, j’étais affligée, torturée, par cette ruine des âmes, pour lesquelles j’implore ta lumière. Les âmes que nous formons pour la lumière éternelle nous sont encore plus chères que les corps que nous donnons à la lumière terrestre. Je comprends maintenant ce que signifie être mère d’une chair et être mère d’une âme. On pleure pour notre petit enfant qui est mort, mais c’est seulement notre propre douleur. Pour une âme que nous avons essayé de faire grandir dans ta lumière et qui meurt, nous ne souffrons pas pour nous seuls, mais avec toi, avec Dieu… car notre peine devant la mort spirituelle d’une âme est aussi ta douleur, l’infinie douleur de Dieu… Je ne sais pas si je m’explique bien…

– Oh ! très bien.

400.5

Mais fais un récit ordonné, si tu veux que je te console.

– Oui, Maître. Tu as envoyé à Béthanie Simon le Zélote et Judas de Kérioth, n’est-ce pas ? Pour cette jeune fille hébraïque que les romaines t’ont donnée et que tu as confiée à Nikê…

– Oui. Eh bien ?…

– Elle a voulu saluer ses bonnes maîtresses, et Simon et Judas l’ont accompagnée à l’Antonia. Tu sais cela ?

– Oui. Et alors ?

– Maître… je dois te faire de la peine… Maître, tu n’es vraiment qu’un Roi de l’esprit ? Tu ne penses pas à quelque royaume terrestre ?

– Mais non, Jeanne ! Comment peux-tu encore penser cela ?

– Maître, pour avoir la joie de te voir une fois de plus divin, seulement divin. Mais précisément parce que tu l’es, je dois te faire de la peine… Maître, l’homme de Kérioth ne te comprend pas, et il ne comprend pas celle qui te respecte comme un sage, comme un grand philosophe, comme une Vertu sur la terre, mais t’admire et se fait ta protectrice pour cette seule raison. Il est étrange que des païennes saisissent ce que ne saisit pas un de tes apôtres, après être resté si longtemps en ta compagnie…

– Il est aveuglé par l’humanité, l’amour humain.

– Tu l’excuses… Mais il te nuit, Maître. Pendant que Simon parlait avec Plautina, Lydia et Valéria, Judas s’est entretenu avec Claudia en ton nom, comme ton ambassadeur. Il voulait lui arracher des promesses pour une restauration du royaume d’Israël. Claudia l’a longuement interrogé… Lui a beaucoup parlé. Il pense certainement être parvenu au seuil de son rêve fou, là où le rêve se change en réalité. Maître, Claudia en est indignée. C’est une fille de Rome… Elle a l’empire dans le sang… Comment veux-tu qu’elle, justement elle, une descendante de la gens Claudia[1], marche contre Rome ? Elle en a été si profondément choquée qu’elle a douté de toi et de la sainteté de ta doctrine. Elle ne peut encore concevoir, comprendre la sainteté de ton origine… Mais elle y arrivera, parce qu’elle y met de la bonne volonté, et lorsqu’elle sera rassurée sur ton compte. Pour l’instant, tu lui sembles être un rebelle, un usurpateur, avide, faux… Plautina et les autres ont essayé de la tranquilliser… Mais elle veut de toi une réponse immédiate.

400.6

– Dis-lui de ne pas craindre. Je suis le Roi des rois, Celui qui les crée et qui les juge, mais je n’aurai pas d’autre trône que celui de l’Agneau, d’abord immolé, ensuite triomphant au Ciel. Fais-le-lui savoir sans tarder.

– Oui, Maître. Je vais y aller personnellement avant qu’elles ne quittent Jérusalem, car Claudia est tellement scandalisée qu’elle ne restera pas davantage à l’Antonia… pour ne pas… voir les ennemis de Rome, à ce qu’elle dit.

– Qui t’a rapporté cela ?

– Plautina et Lydia. Elles sont venues… Kouza était présent… et depuis… il m’a posé ce dilemme : soit tu es le Messie spirituel, soit je te quitte pour toujours. »

Jésus, qui a pâli de douleur au récit de Jeanne, a un sourire las et demande :

« Kouza ne vient-il pas ici ?

– Demain, c’est le sabbat, et il sera présent.

– Je le rassurerai donc moi-même. N’aie pas peur. Que personne ne craigne : ni Kouza pour sa place à la Cour, ni Hérode devant d’éventuelles usurpations, ni Claudia par amour pour Rome, ni toi par peur de t’être trompée, de devoir être séparée… Que personne ne craigne… Moi seul, je dois redouter… et souffrir…

– Maître, j’aurais voulu ne pas te peiner. Mais garder le silence aurait été une tromperie… Comment te comporteras-tu avec Judas ? J’appréhende ses réactions… pour toi, toujours pour toi…

– Avec vérité. Je lui ferai comprendre que je connais et que je désapprouve son acte et son obstination.

– Il me haïra, car il comprendra que c’est par moi que tu le sais…

– Tu en souffres ?

– Ta haine serait pour moi une douleur, mais pas la sienne. Je suis une femme, mais plus virile que lui quand il s’agit de te servir. Je te sers parce que je t’aime, non pour obtenir de toi des honneurs. Si demain, à cause de toi, je perdais mes richesses, l’amour de mon époux et même la liberté et la vie, je ne t’en aimerais que davantage, car alors, je n’aurais que toi à aimer et pour m’aimer » dit Jeanne impétueusement en se levant.

400.7

Jésus se lève lui aussi :

« Sois bénie, Jeanne, pour cette parole. Et reste en paix. Ni la haine ni l’amour de Judas ne peuvent changer ce qui est écrit dans le Ciel. Ma mission sera accomplie comme c’est décidé. N’aie aucun remords, jamais. Sois tranquille comme le petit Mathias qui, après avoir travaillé à faire une maison — selon lui plus belle — à son grillon, s’est endormi le front sur des pétales de roses et sourit… en croyant l’avoir sur les roses. Car la vie est belle quand on est innocent. Moi aussi, je souris, même si ma vie humaine n’a pas de fleurs, mais des pétales effeuillés, fanés. Mais au Ciel, j’aurai toutes les roses des sauvés… Viens, la nuit tombe. Bientôt nous n’allons plus voir le sentier. »

Jeanne va prendre l’enfant dans ses bras.

« Laisse-moi faire… Je le prends. Regarde comme il sourit ! il rêve sûrement au Ciel, à sa maman, et à toi… Moi aussi, dans mes peines de toutes les heures, je rêve au Ciel, à Maman et aux bonnes disciples. »

Et, lentement, ils se dirigent vers la maison…

400.1

Gesù, seguito dallo Zelote che conduce per la briglia l’asinello cavalcato da Elisa, batte alla porta del guardiano di Bétèr. Non hanno fatto la strada dell’altra volta e sono giunti ai possedimenti di Giovanna dal paesello sparso per le chine occidentali del monte su cui sorge il castello.

Il guardiano, che riconosce il Signore, si affretta a spalancare il cancello che è a fianco della sua casetta e che immette nel giardino che precede l’abitazione, e che costituisce il principio di quel luogo di sogno che sono i giardini a roseto di Giovanna. Un intenso odore di rose fresche e di essenza di rose stagna nell’aria calda del crepuscolo, e quando il primo vento della sera, venendo da oriente, passa facendo ondulare i roseti in fiore, più acuto si fa il profumo, più fresco, più vero, perché veniente dai poggi messi a roseto e vincente il pesante profumo dell’essenza, che esce da una bassa e larga tettoia posta contro il muraglione occidentale del possesso.

Il guardiano spiega: «La mia padrona è là. Ogni sera va là, dove a quest’ora si raccolgono i coglitori e gli essenzieri, e parla loro, li interroga, li medica, li conforta. Oh! è buona la nostra padrona. Lo è sempre stata. Ma da quando poi è tua discepola!… Ora la chiamo… Sono tempi di molto lavoro questi, e i coglitori abituali non bastano, benché siano da Pasqua aumentati coi nuovi servi e serve che ella ha preso. Attendimi, o Signo­re…».

«No, vado Io da lei. Dio ti benedica e ti dia pace», dice Gesù alzando la mano a benedire il vecchio guardiano, che fino allora ha ascoltato parlare pazientemente. E, lasciatolo, se ne va verso la bassa e larga tettoia.

400.2

Ma il rumore dei passi sulla terra dura del sentiero fa sporgere il capo a Mattia, curiosetto alquanto, e con uno strillo il bambino si precipita fuori, a braccia già aperte e alte, in invito e desiderio di abbraccio. «C’è Gesù! C’è Gesù!», grida correndo. E quando egli è già fra le braccia del Signore che lo bacia, si affaccia Giovanna in mezzo ai suoi servi.

«Il Signore!», grida a sua volta e cade in ginocchio, per venerarlo subito dal luogo dove si trova. Si prostra e poi si alza, con un volto che l’emozione tinge di un porporino simile a petalo di rosa accesa. E poi viene verso Gesù. E si prostra ancora a baciarne i piedi.

«La pace a te, Giovanna. Mi volevi? Sono venuto».

«Ti volevo… Sì, Signore…». Giovanna torna pallida e seria.

Gesù lo nota. «Alzati, Giovanna. Cusa sta bene?».

«Sì, mio Signore».

«E la piccola Maria, che non vedo qui?».

«Anche, Signore… È andata con Ester a portare medicamenti ad un servo malato».

«Per questo servo mi hai chiamato?».

«No, Signore… Per… Te». Giovanna, è ben visibile, non vuole parlare alla presenza di tutti, che si sono affollati intorno.

Gesù lo comprende e dice: «Va bene. Andiamo a vedere i tuoi roseti…».

«Sarai stanco, Signore. Dovrai mangiare… Avrai sete…».

«No. Abbiamo sostato nelle ore calde in una casa di discepoli dei pastori. Non sono stanco…».

«Allora andiamo… Gionata, preparerai tutto per il Signore e per chi è con Lui… Scendi, Mattia…», ordina all’intendente che le sta presso rispettoso e al piccolo che si è fatto un nido fra le braccia di Gesù e, carezzoso, tiene la testolina bruna nell’incavo del collo di Gesù come un tortorino sotto l’ala paterna. Il bambino ha un sospirone di pena, però si appresta a ubbidire.

Ma Gesù dice: «No. Verrà con noi e non darà noia. Sarà il piccolo angelo davanti al quale non può esser fatto atto o parola scandalosa, e che impedirà che il più lieve sospetto sorga nei cuori. Andiamo…».

«Maestro, io ed Elisa entriamo in casa, o ci vuoi vicini?», chiede lo Zelote.

«Andate pure».

400.3

Giovanna conduce Gesù per il largo viale che divide il giardino, dirigendosi ai roseti che scendono e risalgono le chine opposte che costituiscono i possessi fioriti della discepola. E prosegue, Giovanna. Quasi voglia proprio isolarsi là dove soltanto sono roseti e piante, e uccellini fra i rami, nelle ultime risse per trovare un posto per il sonno, o nelle ultime cure ai nidiaci. Le rose, questa sera ancora in boccio socchiuso, e che domani, sbocciate, cadranno sotto le cesoie, olezzano fortemente prima di riposare sotto le rugiade. Si fermano in una valletta fra due rughe di terreno, su cui a festoni ridono da una parte rose carnicine, dall’altra rose rosse come macchie di sangue che stia rapprendendo. Vi è lì un masso a far da sedile, o da appoggio ai cesti dei coglitori. Rose e petali sgualciti sono fra l’erba e sul masso, testimonianza del lavoro del giorno.

Giovanna, con la mano inanellata, spazza via quegli scarti dal sedile e dice: «Siedi, Maestro. Ti devo parlare… a lungo».

Gesù si siede e Mattia si pone a correre qua e là sull’erbetta, finché trova un grande interesse nell’inseguire un grosso rospo venuto a prendere il fresco della sera, e si allontana con gridi e salti di gioia, andando, venendo, dietro al povero rospo, finché lo distrae la tana di un grillo dentro la quale si pone a frugare con uno steccolino.

«Giovanna, Io sono qui per ascoltarti… Non parli?», chiede Gesù dopo qualche tempo di silenzio, e lascia di osservare il bambino per guardare la discepola che gli sta ritta davanti seria e silenziosa.

«Sì, Maestro. Ma… è molto difficile… e credo sia penoso ad udirsi…».

«Parla con semplicità e fiducia…».

400.4

Giovanna si lascia scivolare sull’erba e, semiseduta sui calcagni, in basso rispetto a Gesù che è seduto più in alto, sul suo sedile, austero e rigido nella posa, distante come uomo più che se fosse separato da metri e metri e da ostacoli e ostacoli, vicino come Dio e Amico per la bontà dello sguardo e del sorriso. E lo guarda, lo guarda Giovanna, nel crepuscolo dolce della sera di maggio. Infine parla: «Mio Signore… prima di parlare… io ho bisogno di interrogarti… di conoscere il tuo pensiero… di comprendere se io mi sono sempre sbagliata nel comprendere le tue parole… Sono donna, una stolta donna… forse ho sognato… e solo ora io so realmente le cose… le cose come le hai dette, come le hai preparate, come le vuoi per il tuo Regno… Forse ha ragione Cusa… e io torto…».

«Cusa ti ha rimproverata?».

«Sì e no, Signore. Soltanto mi ha detto, con possanza di marito, che se è come i fatti ultimi lo fanno pensare, io devo lasciarti perché egli, dignitario di Erode, non può permettere che sua moglie cospiri contro Erode».

«E quando mai fosti cospiratrice? Chi pensa di danneggiare Erode? Il suo povero trono, così sozzo, è inferiore a questo sedile fra i roseti. Qui mi siedo, là non mi sederei. Si rassicuri Cusa! Non il trono di Erode, ma neppur quello di Cesare mi suscitano voglia. Non sono questi i miei troni, né questi i miei regni».

«Oh! Sì, Signore?! Te benedetto! Quanta pace mi dài! Sono giorni che soffro per questo! Maestro mio, santo e divino, il mio caro Maestro, il mio Maestro di sempre quale ti ho capito, visto, amato, quale ti ho creduto, così alto, così alto sopra la terra, così… così divino, o mio Signore e Re celeste!», e Giovanna, presa la mano di Gesù, ne bacia rispettosamente il dorso stando a ginocchi, come in adorazione.

«Ma che, dunque, è avvenuto? Cosa, che Io ignoro, capace di turbarti così, di offuscare in te la limpidità della mia figura morale e spirituale? Parla!».

«Che? Maestro, i fumi dell’errore, della superbia, della avidità, della cocciutaggine si sono elevati come da fetidi crateri e ti hanno offuscato nel concetto di alcuni, di alcune… e tentavano fare lo stesso in me. Ma io sono la tua Giovanna, la tua grazia, o Dio. E non mi sarei perduta. Almeno lo spero, conoscendo quanto è buono Iddio. Ma chi non è che un embrione di anima che lotta per formarsi può ben morire per un disinganno. Ma chi non è che uno che da mare fangoso, turbato da correnti violente, tenta raggiungere il lido, il porto, purificarsi, conoscere altri luoghi di pace, di giustizia, può ben essere sopraffatto da stanchezza, se perde la fiducia in questo lido, in questi luoghi, e lasciarsi riprendere dalle correnti, dal fango. Ed io di questa rovina di anime, per le quali impetro la tua luce, mi dolevo, mi torturavo. Le anime che formiamo alla Luce eterna ci sono ancor più care dei corpi che diamo alla luce terrena. Ora lo comprendo cosa è essere madri di una carne e madri di un’anima. Si piange per la creaturina nostra che muore. Ma è solo nostro dolore. Per uno spirito che abbiamo cercato di crescere nella tua luce e che muore, si soffre non per noi sole. Ma con Te, con Dio… perché nel nostro dolore per la morte spirituale di un’anima è anche il tuo dolore, infinito dolore di Dio… Non so se mi spiego bene…».

«Oh! molto bene.

400.5

­Ma racconta con ordine, se vuoi che Io ti consoli».

«Sì, Maestro. Tu hai mandato Simone Zelote e Giuda di Keriot a Betania, non è vero? Per quella fanciulla ebrea che le romane ti hanno dato e che Tu hai mandata a Niche…».

«Sì. Ebbene?…».

«Ed essa volle salutare le buone padrone, e Simone e Giuda l’accompagnarono all’Antonia. Lo sai?».

«Lo so. Ebbene?».

«Maestro… ti devo dare un dolore… Maestro, Tu proprio non sei che un Re dello spirito? Non pensi a regni terreni?».

«Ma no, Giovanna! Come lo puoi ancora pensare?».

«Maestro, per riavere la gioia di vederti divino, solo divino. Ma a Te, proprio perché sei tale, devo dare un dolore… Maestro, l’uomo di Keriot non ti capisce, e non capisce chi ti rispetta come sapiente, come grande filosofo, come Virtù sulla Terra, ma solo per questo ti ammira e ti si professa protettrice. È strano che delle pagane comprendano ciò che un tuo apostolo non comprende, dopo essere con Te da tanto…».

«Lo acceca l’umanità, l’amore umano».

«Tu lo scusi… Ma ti nuoce, Maestro. Mentre Simone parlava con Plautina, Lidia e Valeria, Giuda ha parlato con Claudia, in tuo nome, come tuo ambasciatore. Le voleva strappare promesse per una restaurazione del regno d’Israele. Claudia lo ha molto interrogato… Egli molto ha parlato. Certo pensa di essere alle soglie del suo folle sogno, là dove il sogno si muta in realtà. Maestro, Claudia si è sdegnata di questo. È figlia di Roma… Ha l’impero nel sangue… Vuoi mai che ella, proprio lei, figlia dei Claudi, vada contro Roma? Ne ha avuto un urto così profondo che ha dubitato di Te e della santità della tua dottrina. Ella ancora non può concepire, capire la santità della tua origine… Ma vi perverrà, perché in lei è la buona volontà. Vi perverrà quando si sarà rassicurata su di Te. Per ora le appari come ribelle, usurpatore, avido, falso… Plautina e le altre hanno cercato di rassicurarla… Ma lei vuole una risposta immediata, da Te».

400.6

«Dille che non tema. Io sono il Re dei re, Colui che li creo e li giudico, ma non avrò altro trono che non sia quello di Agnello, immolato prima e poi trionfante in Cielo. Faglielo sapere subito».

«Sì, Maestro. Andrò io, personalmente. Prima che lascino Gerusalemme, perché Claudia è tanto sdegnata che non resta oltre all’Antonia… per non… vedere i nemici di Roma, dice».

«Chi ti ha detto ciò?».

«Plautina e Lidia. Sono venute… e Cusa era presente… e dopo… mi ha posto il dilemma. O Tu sei il Messia spirituale o lasciarti per sempre».

Gesù ha un sorriso stanco sul volto, che è impallidito di dolore per il racconto di Giovanna, e dice: «Cusa non viene qui?».

«Domani è sabato e vi sarà».

«Ed Io lo rassicurerò. Non temere. Nessuno tema. Non Cusa per il suo posto a Corte, non Erode per eventuali usurpazioni, non Claudia per amore di Roma, non tu per tema di esserti ingannata, di poter essere separata… Nessuno tema… Io solo devo temere… e soffrire…».

«Maestro, questo dolore non te lo avrei voluto dare. Ma tacere sarebbe stato inganno… Maestro, come ti comporterai con Giuda?… Io ho paura delle sue reazioni… per Te, sempre per Te…».

«Con verità. Facendogli capire che so e che disapprovo il suo atto e la sua caparbietà».

«Mi odierà perché capirà che per me Tu sai…».

«Te ne duoli?».

«Il tuo odio mi darebbe dolore. Non il suo. Sono donna. Ma più virile di lui nel servirti. Ti servo perché t’amo, non per avere onori da Te. Se domani per Te perdessi ricchezze, amore di sposo e anche libertà e vita, ti amerei più ancora. Perché allora non avrei che Te da amare e ad amarmi», dice Giovanna con impeto, alzandosi in piedi.

400.7

Anche Gesù si alza, e dice: «Sii benedetta, Giovanna, per questa parola. E sta’ in pace. Né l’odio né l’amore di Giuda possono alterare ciò che è scritto in Cielo. La mia missione sarà compiuta come è deciso. Non avere rimorsi, mai. Sii tranquilla come il piccolo Mattia, che dopo aver lavorato a fare una casa, secondo lui più bella, al suo grillo, si è addormentato con la fronte contro dei petali di rosa e sorride… credendo averla sulle rose. Perché bella è la vita quando si è innocenti. Anche Io sorrido, anche se la mia vita umana non ha fiori, ma petali sfogliati, appassiti. Ma in Cielo avrò tutte le rose dei salvati… Vieni. La notte scende. Fra poco non vedremmo più il sentiero».

Giovanna fa per prendere il bimbo in braccio.

«Lascia… Lo prendo Io. Guarda come sorride! Certo sogna il Cielo. La mamma. E te… Anche Io, nelle mie pene di ogni ora, sogno il Cielo, la Mamma e le buone discepole».

E lentamente si avviano verso la casa…


Notes

  1. gens Claudia : à Rome, une gens était un groupe de familles se rattachant à un même ancêtre, en l’occurence Claudius. La gens Claudia était patricienne et particulièrement influente.