The Writings of Maria Valtorta

400. A Béther, chez Jeanne, femme de Kouza.

400. In Bether in the estate of Johanna of Chuza. Harmful effects of an encounter between the Iscariot and Claudia.

400.1

Jésus, suivi de Simon le Zélote qui tient par la bride l’âne monté par Elise, frappe à la porte du gardien de Béther. Ils n’ont pas pris la même route que la dernière fois et ils sont arrivés à la propriété de Jeanne par le petit village qui s’étale sur les pentes occidentales de la montagne sur laquelle s’élève le château.

Le gardien, qui reconnaît le Seigneur, s’empresse d’ouvrir toute grande la grille qui est à côté de la conciergerie et donne accès au jardin qui précède l’habitation. Ici commence ce vrai lieu de rêve que sont les roseraies de Jeanne. Une odeur pénétrante de roses fraîches et d’essence de rose flotte dans l’air chaud du crépuscule et, quand la brise du soir venant de l’orient passe en faisant onduler les arbustes en fleurs, le parfum se fait encore plus pénétrant, plus frais, plus vrai, car il provient des coteaux plantés de rosiers et triomphe des lourdes senteurs qui proviennent d’un appentis bas et large appuyé contre le mur occidental de la propriété.

Le gardien explique :

« Ma maîtresse est là. Elle y vient chaque soir, à l’heure où se rassemblent ceux qui s’occupent de la cueillette et de l’essence. Elle leur parle, les interroge, les soigne, les réconforte. Ah ! Elle est bonne, notre maîtresse ! Elle l’a toujours été. Mais depuis qu’elle est ta disciple !… Je l’appelle tout de suite. C’est une période de gros travaux et les cueilleurs habituels ne suffisent pas à la tâche, bien qu’elle ait engagé depuis la Pâque de nouveaux serviteurs et de nouvelles servantes. Attends-moi, Seigneur…

– Non, j’y vais moi-même. Que Dieu te bénisse et te donne la paix » dit Jésus en levant la main pour bénir le vieux gardien que, jusqu’alors, il a écouté patiemment.

Après l’avoir quitté, il se dirige vers l’appentis.

400.2

Mais le bruit des pas sur la terre dure du sentier fait lever la tête à Mathias, quelque peu curieux. L’enfant pousse un cri et se précipite dehors, les bras déjà ouverts et levés pour inviter à l’embrassement qu’il désire.

« Jésus est là ! Jésus est là ! » s’écrie-t-il en courant.

Il est déjà dans les bras du Seigneur qui lui donne un baiser, quand Jeanne s’avance au milieu de ses serviteurs.

« Le Seigneur ! » s’écrie-t-elle à son tour, tombant à genoux pour le vénérer aussitôt de l’endroit où elle se trouve.

Elle se prosterne puis se relève, avec un visage que l’émotion colore d’une teinte pourpre semblable aux pétales d’une rose épanouie. Puis elle vient à Jésus et se prosterne encore pour lui baiser les pieds.

« Paix à toi, Jeanne. Tu voulais me voir ? Je suis venu.

– Je voulais te voir… Oui, Seigneur… »

Jeanne devient pâle et sérieuse, et Jésus le remarque.

« Lève-toi, Jeanne. Kouza se porte-t-il bien ?

– Oui, mon Seigneur.

– Et la petite Marie, que je ne vois pas ici ?

– Elle aussi, Seigneur… Elle est allée avec Esther apporter des remèdes à un serviteur malade.

– C’est pour ce serviteur que tu m’as appelé ?

– Non, Seigneur… Pour… toi. »

Jeanne, c’est bien visible, ne veut pas parler en présence de tous ceux qui les ont entourés. Jésus le comprend :

« C’est bien. Allons voir tes rosiers…

– Tu dois être épuisé, Seigneur… Tu as sûrement faim et soif…

– Non. Nous nous sommes arrêtés pendant les heures chaudes dans une maison des bergers disciples. Je ne suis pas fatigué…

– Dans ce cas, allons-y… Jonathas, tu prépareras tout ce qu’il faut pour le Seigneur et ses compagnons… Descends, Mathias… » ordonne-t-elle à l’intendant, qui se tient respectueusement près d’elle et à l’enfant qui s’est fait un nid dans les bras de Jésus et, caressant, tient sa petite tête brune dans le creux du cou de Jésus comme un tourtereau sous l’aile de son père. L’enfant soupire de peine, mais s’apprête à obéir.

Mais Jésus dit :

« Non. Il va venir avec nous et ne nous dérangera pas. Ce sera le petit ange devant lequel il ne peut y avoir d’actes ou d’entretiens scandaleux, et qui empêchera le moindre soupçon de naître dans les cœurs. Allons…

– Maître, Elise et moi, nous entrons dans la maison ou bien veux-tu que nous restions près de toi ? demande Simon le Zélote.

– Allez, vous aussi. »

400.3

Jeanne conduit Jésus par une large allée qui traverse le jardin. Ils se dirigent vers les roseraies qui descendent et remontent les versants opposés qui constituent le domaine fleuri de la disciple. Et Jeanne continue. On dirait qu’elle veut vraiment s’isoler là où il ne se trouve que des rosiers, des arbres et des oiseaux dans les branches, qui se disputent une place pour dormir ou font un dernier tour à leurs nids.

Les roses, ce soir encore en boutons entrouverts, et qui, épanouies demain, tomberont sous les ciseaux, exhalent un puissant parfum avant de se reposer sous la rosée. Ils s’arrêtent dans une petite vallée entre deux replis de terrain sur lesquels, d’un côté des roses carnées, et de l’autre des roses aussi rouges que des taches de sang en train de se coaguler, forment de riants festons. Il y a là un rocher qui peut servir de siège ou d’appui pour poser les paniers des cueilleurs. Dans l’herbe et sur ce rocher, des roses et des pétales froissés témoignent du travail de la journée.

Jeanne, de sa main ornée de bagues, dégage le siège de ces débris et dit :

« Assieds-toi, Maître. Je dois te parler… longuement. »

Jésus s’assied et Mathias se met à courir çà et là sur l’herbe, jusqu’à ce qu’il s’intéresse grandement à la poursuite d’un gros crapaud venu chercher la fraîcheur du soir, et il s’éloigne en criant et en sautant de joie, allant et venant derrière le pauvre crapaud, jusqu’à ce qu’il soit distrait par le gîte d’un grillon dans lequel il se met à fouiller avec une petite brindille.

« Jeanne, je suis ici pour t’écouter… Tu ne dis rien ? » demande Jésus après un moment de silence.

Et il cesse d’observer l’enfant pour regarder la femme disciple qui se tient debout devant lui, sérieuse et muette.

« Oui, Maître. Mais… c’est très difficile… et je crois que ce sera pénible à entendre…

– Parle en toute simplicité et confiance… »

400.4

Jeanne se laisse glisser sur l’herbe, et s’assied sur les talons un peu plus bas que Jésus qui, lui, est assis sur le rocher dans une pose austère et raide. Il est distant en tant qu’homme plus que s’il était séparé par plusieurs mètres et de nombreux obstacles, mais voisin en tant que Dieu et Ami grâce à la bonté du regard et du sourire. Et Jeanne le regarde longuement dans la douceur du crépuscule d’un soir de mai. Enfin, elle dit :

« Mon Seigneur… avant de parler… j’ai besoin de t’interroger… de connaître ta pensée… de comprendre si je me suis toujours trompée sur le sens de tes paroles… Je suis une femme, une femme sotte… peut-être ai-je rêvé… Il est possible que je comprenne seulement maintenant… les choses comme tu les as dites, comme tu les as préparées, comme tu les veux pour ton Royaume… Peut-être Kouza a-t-il raison et moi tort…

– Kouza t’a fait des reproches ?

– Oui et non, Seigneur. Il m’a seulement dit, au nom de sa puissance maritale, que si ce que les derniers faits laissent croire est exact, je dois te quitter. Car lui, un dignitaire d’Hérode, ne peut permettre que son épouse conspire contre le Tétrarque.

– Et quand donc as-tu été conspiratrice ? Qui pense à nuire à Hérode ? Son pauvre trône si sordide ne vaut pas ce siège au milieu des rosiers. Je m’assieds ici, mais je ne m’assiérai pas sur son siège. Que Kouza se rassure ! Ni le trône d’Hérode, ni même celui de César ne me font envie. Ce ne sont pas les miens et ce ne sont pas mes royaumes.

– Ah ! c’est vrai, Seigneur ? Béni es-tu ! Quelle paix tu me donnes ! Cela fait des jours que j’en souffre ! Mon Maître, saint et divin, mon cher Maître, mon Maître de toujours, tel que je t’ai compris, vu, aimé, auquel j’ai cru, si élevé au-dessus de la terre, si… si divin, ô mon Seigneur et Roi céleste ! »

Jeanne saisit la main de Jésus en baise respectueusement le dos, en restant à genoux comme en adoration.

« Mais que s’est-il donc passé ? Une chose que j’ignore, capable de te troubler ainsi, de brouiller en toi la limpidité de ma figure morale et spirituelle ? Parle !

– Quoi ? Maître, les fumées de l’erreur, de l’orgueil, de la cupidité, de l’entêtement se sont élevées comme de puants cratères et ont brouillé ton image dans la pensée de certains, de certaines… et ont essayé d’en faire autant en moi. Mais moi, je suis ta Jeanne, ta grâce, mon Dieu ! Et je ne me serais pas perdue. Du moins je l’espère, sachant combien le Seigneur est bon. Mais celui qui n’a qu’un embryon d’âme qui lutte pour se former, peut mourir des suites d’une déception. L’homme qui essaie de sortir d’une mer boueuse, troublée par des courants violents, pour gagner le rivage et le port, se purifier et connaître d’autres lieux de paix, de justice, peut être vaincu par la fatigue s’il perd la confiance en ce rivage, en ces lieux, et il peut se laisser reprendre par les courants, par la fange. Or moi, j’étais affligée, torturée, par cette ruine des âmes, pour lesquelles j’implore ta lumière. Les âmes que nous formons pour la lumière éternelle nous sont encore plus chères que les corps que nous donnons à la lumière terrestre. Je comprends maintenant ce que signifie être mère d’une chair et être mère d’une âme. On pleure pour notre petit enfant qui est mort, mais c’est seulement notre propre douleur. Pour une âme que nous avons essayé de faire grandir dans ta lumière et qui meurt, nous ne souffrons pas pour nous seuls, mais avec toi, avec Dieu… car notre peine devant la mort spirituelle d’une âme est aussi ta douleur, l’infinie douleur de Dieu… Je ne sais pas si je m’explique bien…

– Oh ! très bien.

400.5

Mais fais un récit ordonné, si tu veux que je te console.

– Oui, Maître. Tu as envoyé à Béthanie Simon le Zélote et Judas de Kérioth, n’est-ce pas ? Pour cette jeune fille hébraïque que les romaines t’ont donnée et que tu as confiée à Nikê…

– Oui. Eh bien ?…

– Elle a voulu saluer ses bonnes maîtresses, et Simon et Judas l’ont accompagnée à l’Antonia. Tu sais cela ?

– Oui. Et alors ?

– Maître… je dois te faire de la peine… Maître, tu n’es vraiment qu’un Roi de l’esprit ? Tu ne penses pas à quelque royaume terrestre ?

– Mais non, Jeanne ! Comment peux-tu encore penser cela ?

– Maître, pour avoir la joie de te voir une fois de plus divin, seulement divin. Mais précisément parce que tu l’es, je dois te faire de la peine… Maître, l’homme de Kérioth ne te comprend pas, et il ne comprend pas celle qui te respecte comme un sage, comme un grand philosophe, comme une Vertu sur la terre, mais t’admire et se fait ta protectrice pour cette seule raison. Il est étrange que des païennes saisissent ce que ne saisit pas un de tes apôtres, après être resté si longtemps en ta compagnie…

– Il est aveuglé par l’humanité, l’amour humain.

– Tu l’excuses… Mais il te nuit, Maître. Pendant que Simon parlait avec Plautina, Lydia et Valéria, Judas s’est entretenu avec Claudia en ton nom, comme ton ambassadeur. Il voulait lui arracher des promesses pour une restauration du royaume d’Israël. Claudia l’a longuement interrogé… Lui a beaucoup parlé. Il pense certainement être parvenu au seuil de son rêve fou, là où le rêve se change en réalité. Maître, Claudia en est indignée. C’est une fille de Rome… Elle a l’empire dans le sang… Comment veux-tu qu’elle, justement elle, une descendante de la gens Claudia[1], marche contre Rome ? Elle en a été si profondément choquée qu’elle a douté de toi et de la sainteté de ta doctrine. Elle ne peut encore concevoir, comprendre la sainteté de ton origine… Mais elle y arrivera, parce qu’elle y met de la bonne volonté, et lorsqu’elle sera rassurée sur ton compte. Pour l’instant, tu lui sembles être un rebelle, un usurpateur, avide, faux… Plautina et les autres ont essayé de la tranquilliser… Mais elle veut de toi une réponse immédiate.

400.6

– Dis-lui de ne pas craindre. Je suis le Roi des rois, Celui qui les crée et qui les juge, mais je n’aurai pas d’autre trône que celui de l’Agneau, d’abord immolé, ensuite triomphant au Ciel. Fais-le-lui savoir sans tarder.

– Oui, Maître. Je vais y aller personnellement avant qu’elles ne quittent Jérusalem, car Claudia est tellement scandalisée qu’elle ne restera pas davantage à l’Antonia… pour ne pas… voir les ennemis de Rome, à ce qu’elle dit.

– Qui t’a rapporté cela ?

– Plautina et Lydia. Elles sont venues… Kouza était présent… et depuis… il m’a posé ce dilemme : soit tu es le Messie spirituel, soit je te quitte pour toujours. »

Jésus, qui a pâli de douleur au récit de Jeanne, a un sourire las et demande :

« Kouza ne vient-il pas ici ?

– Demain, c’est le sabbat, et il sera présent.

– Je le rassurerai donc moi-même. N’aie pas peur. Que personne ne craigne : ni Kouza pour sa place à la Cour, ni Hérode devant d’éventuelles usurpations, ni Claudia par amour pour Rome, ni toi par peur de t’être trompée, de devoir être séparée… Que personne ne craigne… Moi seul, je dois redouter… et souffrir…

– Maître, j’aurais voulu ne pas te peiner. Mais garder le silence aurait été une tromperie… Comment te comporteras-tu avec Judas ? J’appréhende ses réactions… pour toi, toujours pour toi…

– Avec vérité. Je lui ferai comprendre que je connais et que je désapprouve son acte et son obstination.

– Il me haïra, car il comprendra que c’est par moi que tu le sais…

– Tu en souffres ?

– Ta haine serait pour moi une douleur, mais pas la sienne. Je suis une femme, mais plus virile que lui quand il s’agit de te servir. Je te sers parce que je t’aime, non pour obtenir de toi des honneurs. Si demain, à cause de toi, je perdais mes richesses, l’amour de mon époux et même la liberté et la vie, je ne t’en aimerais que davantage, car alors, je n’aurais que toi à aimer et pour m’aimer » dit Jeanne impétueusement en se levant.

400.7

Jésus se lève lui aussi :

« Sois bénie, Jeanne, pour cette parole. Et reste en paix. Ni la haine ni l’amour de Judas ne peuvent changer ce qui est écrit dans le Ciel. Ma mission sera accomplie comme c’est décidé. N’aie aucun remords, jamais. Sois tranquille comme le petit Mathias qui, après avoir travaillé à faire une maison — selon lui plus belle — à son grillon, s’est endormi le front sur des pétales de roses et sourit… en croyant l’avoir sur les roses. Car la vie est belle quand on est innocent. Moi aussi, je souris, même si ma vie humaine n’a pas de fleurs, mais des pétales effeuillés, fanés. Mais au Ciel, j’aurai toutes les roses des sauvés… Viens, la nuit tombe. Bientôt nous n’allons plus voir le sentier. »

Jeanne va prendre l’enfant dans ses bras.

« Laisse-moi faire… Je le prends. Regarde comme il sourit ! il rêve sûrement au Ciel, à sa maman, et à toi… Moi aussi, dans mes peines de toutes les heures, je rêve au Ciel, à Maman et aux bonnes disciples. »

Et, lentement, ils se dirigent vers la maison…

400.1

Jesus, followed by the Zealot who is leading by the reins the little donkey on which Eliza is riding, knocks at the door of the keeper at Bether. They have not taken the same road as the last time and they have arrived at Johanna’s estate from the village spread on the western slopes of the mountain on which the castle rises.

The keeper, who recognizes the Lord, hastens to open the gate wide, which is beside his little house and lets you into to the garden before the residence and is the beginning of the land of dreams, that is, of the rose gardens of Johanna. A strong scent of fresh roses and of attar of roses stagnates in the warm air at twilight and when the first evening breeze blows from the east causing the rose-bushes to undulate, the scent becomes stronger, fresher and more genuine, because it comes from the hillocks planted with roseries and it overwhelms the heavy smell of the essence coming from a low wide shed placed against the western wall of the estate.

The keeper says: «My mistress is over there. She goes there every evening, where the workers, who pluck the flowers and make the essence, gather. She speaks to them, asks them questions, cures them and comforts them. Oh! our mistress is good. She has always been. But… since she has been Your disciple… I will call her now… This is a very busy time and the usual workers are not enough, although since Passover she has taken on new servants and maidservants. Wait here, Lord…»

«No, I will go to her. May God bless you and give you peace» says Jesus raising His hand to bless the old keeper, to whom He has been listening patiently. And He goes towards the low wide shed.

400.2

The noise of His steps on the hard ground makes Matthias – a rather curious little boy – look out and rush out with a cry, arms outstretched, inviting and desiring an embrace. «Jesus is here! Jesus is here!» he shouts while running. And when he is already in the arms of the Lord, Who kisses him, Johanna looks out from the middle of her servants.

«The Lord!» she shouts, too, and falls on her knees on the spot to venerate Him at once. She prostrates herself and then stands up, with her face tinged purple with emotion, like the petal of a bright rose. She then moves towards Jesus. And she stoops to kiss His feet.

«Peace to you, Johanna. Did you want Me? I have come.»

«Yes, I wanted You, Lord…» Johanna turns pale and serious.

Jesus notices it. «Stand up, Johanna. Is Chuza well?»

«Yes, my Lord.»

«And little Mary, whom I do not see here?»

«Also, Lord… She has gone with Esther to take some medicines to a servant who is ill.»

«Is that why you called Me?»

«No Lord… It was for… You.» Johanna clearly does not want to speak in the presence of all the people who have crowded round them.

Jesus understands and says: «All right. Let us go and see your roseries…»

«You must be tired, Lord. You will have to eat… You must be thirsty…»

«No. During the hot hours we stopped in the house of disciples of the shepherds. I am not tired…»

«Let us go then… Jonathan, prepare everything for the Lord and for those who are with Him… Come down, Matthias…» she orders the steward, who is standing respectfully beside her, and the little boy, who has cuddled in Jesus’ arms, resting his dark-haired head in the hollow of Jesus’ neck, like a little dove under its father’s wing. The boy sighs heavily, but he hastens to obey.

But Jesus says: «No. He will come with us and will give us no trouble. He will be the little angel in whose presence nothing scandalous can be said or done and will thus prevent the least suspicion from arising in anybody’s heart. Let us go…»

«Master, shall Eliza and I go into the house, or do You want us to come with You?» asks the Zealot.

«You may go.»

400.3

Johanna leads Jesus along the wide avenue, which divides the garden towards the roseries that climb up and down the opposite slopes of her flowery estate. And she procedes further, as if she wished to stand aloof where there are only rose-bushes, trees and little birds among the branches, in their last quarrels to find a place where to sleep or preparing their nestlings for the night. The roses which this evening are closed buds and will open tomorrow and be cut with shears, smell sweetly before resting in the dew. They stop in a little valley between two undulations of the ground, where festoons of flesh-coloured roses smile on one side, and roses as red as congealing blood on the other. There is a rock that is used as a seat, or as a table on which gatherers place their baskets. Shrivelled roses and petals lying among the grass and on the rock witness the day’s work.

With her ring-adorned hand Johanna sweeps the waste flowers off the seat and says: «Sit down, Master. I have quite a lot to tell You.»

Jesus sits down and Matthias begins to run about on the grass until he finds it very interesting to chase a big frog, which had come there to enjoy the cool of the evening and he follows the poor creature, shouting and jumping joyfully, until his attention is attracted by the hole of a cricket and he begins to rummage in it with a little stick.

«Johanna, I am here to listen to you… Are you not going to speak?» asks Jesus after a moment’s silence and He stops watching the boy, to look at the disciple who is standing before Him serious and silent.

«Yes, Master. But… it is very difficult… and I think it will be painful to hear…»

«Speak with simplicity and confidence…»

400.4

Johanna kneels on the grass half-sitting on her heels, below Jesus, Who is sat higher up, on the seat, in an austere rigid attitude; as a man, He is more distant than if He were separated quite away by several obstacles, but as God and a Friend, He is close because of the kindness of His glance and His smile. And Johanna looks at Him in the mild twilight of a May evening. At last she speaks: «My Lord… before speaking… I must ask You a question… to know what You think… to ascertain whether I have misunderstood Your words… I am a woman, a foolish woman… perhaps I have dreamed… and only now I know the real situation… as You explained things, as You prepared them, as You want them for Your Kingdom… Perhaps Chuza is right… and I am wrong…»

«Has Chuza reproached you?»

«He has and he has not, Lord. He only said to me, with the authority of a husband, that if the situation is as recent facts make him think it is, I must leave You, because he, as Herod’s dignitary, cannot allow his wife to conspire against Herod.»

«And when have you been a conspiratress? Who is thinking of harming Herod? His poor throne, which is so filthy, is inferior to this seat among these rose-bushes. I am sitting here, but I would not sit there. Chuza need not worry! I have no desire for Caesar’s throne, never mind Herod’s. They are not My thrones, or My kingdoms.»

«Oh! Is that so, Lord? May You be blessed! How much peace You give me! I have been suffering for days because of that! My holy and divine Master, my dear Master, my Master as I always understood, saw and loved You, so high, so high above the Earth, so… so divine, O my Lord and heavenly King!» and Johanna takes Jesus’ hand and respectfully kisses the back of it, on her knees, as if she were in adoration.

«But what happened? Something of which I am unaware, which could upset you so much as to dim in you the pellucidity of My moral and spiritual figure? Tell Me!»

«What? Master, the fumes of error, of pride, of greed, of stubbornness have risen as if from fetid craters and have obscured You in the opinion of some men and women… and they tried to do the same with me. But I am Your Johanna, Your grace, O God. And I would not have got lost. At least I hope so, knowing how good is God. But who is only the embryo of a soul struggling to improve, may die through deceit. And he who is in an oozy sea, roughened by heavy currents, and strives to reach the shore: the harbour, to be purified and find other places of peace and Justice, may be overcome by tiredness, if he loses confidence in the shore and those places, and may be swept away again by the currents and the mud. And I was sorry for and worried about the ruin of such souls, for whom I implore Your Light. The souls we perfect in the eternal Light are dearer to us than the bodies we give birth to in the earthly light. I now understand what it is to be the mother of a body and the mother of a soul. We mourn over the death of a child of ours. But it is only our grief. But for a soul which, we have endeavoured to perfect in Your Light and which dies, we do not suffer by ourselves. We suffer with You, with God… because in our grief for the spiritual death of a soul there is also Your sorrow, the infinite sorrow of God… I do not know whether I have made myself understood…»

«Yes, you have.

400.5

But give Me a precise account, if you want Me to comfort you.»

«Yes Master. You sent Simon Zealot and Judas of Kerioth to Bethany, did You not? It was in regard to that Jewish girl who was given to You by the Roman ladies and who was sent by You to Nike…»

«Yes, I did. So?…»

«And she wanted to say goodbye to her good mistresses, and Simon and Judas took her to the Antonia. Did You know?»

«I did. Well?»

«Master… I am afraid I must grieve You… Master, You are really only a spiritual King? You are not aiming at earthly kingdoms?»

«Of course not Johanna. How can you still doubt that?»

«Master, only to have once again the joy of seeing You as a divine being, nothing but a divine being. And just because You are such, I must give deep sorrow to You… Master, the man from Kerioth does not understand You, neither does he understand those who respect You as a wise man, a great philosopher, as Virtue on the Earth, and admire You and promise to protect You as such. It is strange that heathen ladies should understand what one of Your apostles does not understand, after being such a long time with You…»

«His human nature, his human love blind him.»

«You excuse him… But he is injuring You, Master. While Simon was speaking to Plautina, Lydia and Valeria, Judas spoke to Claudia on Your behalf, as Your ambassador. He wanted to wring from her promises for the restoration of the kingdom of Israel. Claudia asked him many questions… And he told her a good lot. He certainly thinks that he is on the threshold of his silly dream, when a dream becomes reality. Master, Claudia was irritated. She is a daughter of Rome… The empire is in her blood… Is it possible that a daughter of the Claudi family would plot against Rome? She was so shocked that she began to doubt about You and the holiness of Your doctrine. She still cannot conceive or understand the holiness of Your Origin… But she eventually will, because she is full of goodwill. She will understand, when she is reassured about You. For the time being You seem a false greedy rebel and usurper to her… Plautina and the other ladies have tried to reassure her… But she wants an immediate reply from You.»

400.6

«Tell her not to fear. I am the King of kings, I create them and Judge them, and I will have no other throne but that of the Lamb first sacrificed and then triumphant in Heaven. Let her know at once.»

«Yes, Master. I will go personally. Before they leave Jerusalem, because Claudia is so irritated that she does not want to stay any longer at the Antonia, as she says… that she does not want to see the enemies of Rome.»

«Who told you that?»

«Plautina and Lydia. They came… and Chuza was present… and later… he put me in the dilemma: either You are the spiritual Messiah or I must leave You for good.»

A sad smile appears on Jesus’ face, which has turned pale with grief at the report of Johanna and He asks: «Is Chuza not coming here?»

«Tomorrow is the Sabbath and he will come.»

«And I will reassure him. Do not fear. Let no one fear. Chuza must not fear for his position at Court, or Herod for possible usurpations, or Claudia for the sake of Rome, and you must not be afraid of being deceived or of the possibility of being separated… Let no one be afraid… I only must fear… and suffer…»

«Master, I wish I could not have grieved You thus. But not informing You, would have been as good as deceiving You… Master, how will You behave with Judas?… I am afraid of his reactions… only and always for Your sake…»

«With sincerity. I will make him understand that I know and that I disapprove of his action and his obstinacy.»

«He will hate me because he will understand that I told You…»

«Are you sorry for that?»

«Your hatred would upset me. Not his. I am a woman. But I am more virile in serving You than is he. I serve You because I love You, not to receive favours from You. If because of You in future I should lose my wealth, the love of my husband, and my very freedom and life I would love You even more. Because in that case I would have but You to love and to be loved by» says Johanna impulsively, standing up.

400.7

Jesus also stands up and says: «May you be blessed, Johanna, for what you have said. And be in peace. Neither Judas’ hatred nor his love can change what is written in Heaven. My mission will be accomplished, as it was decided. Feel no remorse, never. Be as tranquil as little Matthias, who after working to make a house – a nicer one, according to him – for his cricket, has fallen asleep with his forehead on petals of roses, and is smiling… thinking that it is on roses. Because life is beautiful when one is innocent. I also smile, even if My human life has no flowers, but only withered petals that have fallen. But in Heaven I shall have all the roses of those who have been saved… Come. Night is falling. We shall soon not be able to see the path.»

Johanna is about to take the boy in her arms.

«Leave him… I will take him. Look how he smiles! He is certainly dreaming of Heaven… of his mother… of you… I also, in My grief of every hour, dream of Heaven… of My Mother and of good women disciples.»

And they slowly set out towards the house…


Notes

  1. gens Claudia : à Rome, une gens était un groupe de familles se rattachant à un même ancêtre, en l’occurence Claudius. La gens Claudia était patricienne et particulièrement influente.