400.1
Jésus, suivi de Simon le Zélote qui tient par la bride l’âne monté par Elise, frappe à la porte du gardien de Béther. Ils n’ont pas pris la même route que la dernière fois et ils sont arrivés à la propriété de Jeanne par le petit village qui s’étale sur les pentes occidentales de la montagne sur laquelle s’élève le château.
Le gardien, qui reconnaît le Seigneur, s’empresse d’ouvrir toute grande la grille qui est à côté de la conciergerie et donne accès au jardin qui précède l’habitation. Ici commence ce vrai lieu de rêve que sont les roseraies de Jeanne. Une odeur pénétrante de roses fraîches et d’essence de rose flotte dans l’air chaud du crépuscule et, quand la brise du soir venant de l’orient passe en faisant onduler les arbustes en fleurs, le parfum se fait encore plus pénétrant, plus frais, plus vrai, car il provient des coteaux plantés de rosiers et triomphe des lourdes senteurs qui proviennent d’un appentis bas et large appuyé contre le mur occidental de la propriété.
Le gardien explique :
« Ma maîtresse est là. Elle y vient chaque soir, à l’heure où se rassemblent ceux qui s’occupent de la cueillette et de l’essence. Elle leur parle, les interroge, les soigne, les réconforte. Ah ! Elle est bonne, notre maîtresse ! Elle l’a toujours été. Mais depuis qu’elle est ta disciple !… Je l’appelle tout de suite. C’est une période de gros travaux et les cueilleurs habituels ne suffisent pas à la tâche, bien qu’elle ait engagé depuis la Pâque de nouveaux serviteurs et de nouvelles servantes. Attends-moi, Seigneur…
– Non, j’y vais moi-même. Que Dieu te bénisse et te donne la paix » dit Jésus en levant la main pour bénir le vieux gardien que, jusqu’alors, il a écouté patiemment.
Après l’avoir quitté, il se dirige vers l’appentis.