Gli Scritti di Maria Valtorta

166. Les miracles qui suivent l’élection apostolique.

166. I miracoli dopo l’elezione apostolica. Prima predica di Simone Zelote e di Giovanni.

166.1

A mi-pente, Jésus rencontre de nombreux disciples, ainsi que beaucoup de gens qui se sont peu à peu unis aux disciples ; ce qui les a amenés là, à cet endroit isolé, c’est le besoin de miracle ou le désir d’entendre parler Jésus. Ils y sont venus en toute assurance, sur l’indication de gens ou par instinct spirituel. Je pense que ce sont leurs anges gardiens qui ont guidé vers le Fils de Dieu ceux qui désiraient Dieu. Je ne crois pas que ce soit de l’imagination. Si l’on réfléchit à la rapidité et à l’astuce constantes avec lesquelles Satan amenait des ennemis à Dieu et à son Verbe dans les moments où l’esprit du démon pouvait faire apparaître aux hommes une apparence de faute chez le Christ, il est permis de penser – plus que permis, d’ailleurs, il est juste de penser – que les anges ne se sont pas montrés inférieurs aux démons et ont amené au Christ des âmes libres de toute emprise démoniaque.

A toutes ces personnes qui l’ont attendu sans fatigue ni crainte, Jésus prodigue des secours en miracles et en paroles. Que de miracles ! C’est une floraison semblable à celle qui orne les pentes de la montagne : des miracles éclatants, comme celui d’un enfant qu’on a arraché à une meule de foin en flammes, atrocement brûlé. On l’a amené sur une civière, tel un amas de chair à vif qui geint plaintivement sous le drap dont on l’a recouvert tant son aspect est atroce. Il allait mourir. Jésus le guérit en soufflant sur lui et fait disparaître totalement les brûlures. L’enfant se lève, tout nu, et court allègrement vers sa mère qui, en pleurant de joie, caresse son corps complètement guéri, sans la moindre trace de cicatrice. Elle donne un baiser sur ses yeux qu’elle croyait perdus et qui, au contraire, sont pleins de vivacité et brillent de joie ; elle embrasse ses cheveux, courts comme si la flamme les avait coupés sans les détruire. Il y a aussi le miracle de ce vieillard pris par des quintes de toux qui dit :

« Ce n’est pas pour moi, mais parce que je dois servir de père à mes petits-enfants orphelins ; or je ne peux travailler le sol avec ces humeurs qui me restent dans la gorge et m’étouffent… »

Et encore ce miracle invisible, mais non moins certain, que provoque cette parole de Jésus :

« L’un de vous pleure en son âme et n’ose pas demander “ Aie pitié ! ” Je lui réponds : “ Qu’il en soit comme tu le demandes. Toute pitié. Afin que tu saches que je suis la Miséricorde. ” Seulement, à mon tour je te demande : “ Fais preuve de générosité. Montre-toi généreux avec Dieu. Romps tout lien avec le passé. Tu entends Dieu, et puisque tu l’entends viens à lui d’un cœur libre et avec un amour plénier. ” »

Dans toute cette foule, je ne sais à qui s’a­dressent ces mots.

166.2

Jésus dit encore :

« Voici mes apôtres. Ils sont autant de Christ, car je les ai choisis pour cela. Adressez-vous à eux en toute confiance. Ils ont appris de moi tout ce dont vous avez besoin pour vos âmes… »

Les apôtres regardent Jésus d’un air effaré. Mais lui sourit et poursuit :

« … et ils apporteront à vos âmes la lumière des étoiles et le rafraîchissement de la rosée pour vous empêcher de languir dans les ténèbres. Ensuite, je viendrai et je vous procurerai la plénitude du soleil et des flots, ainsi que toute la sagesse pour vous rendre forts et heureux d’une force et d’une joie surnaturelles. Paix à vous, mes enfants. D’autres m’attendent, qui sont plus malheureux et plus pauvres que vous. Mais je ne vous laisse pas seuls. Je vous laisse mes apôtres, et c’est comme si je laissais les fils de mon amour aux soins des plus affectueuses et des plus sûres des nourrices. »

Jésus fait un geste d’adieu et de bénédiction et s’éloigne en fendant la foule qui refuse de le laisser partir. C’est alors que se produit le dernier miracle, celui d’une petite vieille à demi paralysée, amenée là par son petit-fils. Elle agite joyeusement son bras droit jusqu’alors inerte et s’exclame :

« Il m’a effleurée de son manteau et me voilà guérie ! Je ne le lui demandais même pas, parce que je suis vieille… mais il a eu pitié de mon désir secret. Il m’a effleuré le bras de son manteau, d’un pan de son manteau, il m’a guérie ! Ah, quel grand fils a eu notre saint David ! Gloire à son Messie ! Voyez donc ! Regardez ! Ma jambe bouge elle aussi, comme mon bras… Oh ! Je suis comme à vingt ans ! »

L’affluence d’un grand nombre de personnes vers la vieille femme, qui crie son bonheur à pleine voix, permet à Jésus de se dégager sans en être empêché. Les apôtres le suivent.

166.3

Lorsqu’ils parviennent à un endroit désert, presque dans la plaine, au milieu de bruyères touffues qui s’étendent en direction du lac, ils s’arrêtent un moment. C’est alors que Jésus leur dit :

« Je vous bénis ! Retournez à votre travail et accomplissez-le jusqu’à ce que je vienne comme je vous l’ai dit. »

Pierre, qui jusque là restait muet, éclate soudain :

« Mais, mon Seigneur, qu’as-tu fait ? Pourquoi prétendre que nous avons tout ce dont les âmes ont besoin ? C’est vrai que tu nous as donné beaucoup. Mais nous sommes cabochards, moi du moins, et… il me reste bien peu de ce que tu nous as donné. C’est comme si, après le repas, on ne gardait dans l’estomac que le plus lourd : le reste n’y est plus. »

Jésus sourit franchement :

« Où donc est passé le reste de la nourriture ?

– Mais… je l’ignore. Je sais que si je mange des mets délicats, une heure après j’ai l’impression d’avoir l’estomac vide. Alors que si je mange des racines lourdes ou des lentilles à l’huile, il faut du temps pour que ça descende !

– Oui, il faut du temps. Mais sois bien sûr que les racines et les lentilles, qui semblent te rassasier davantage, sont les aliments qui te laissent le moins de substance. C’est du remplissage qui passe sans grand profit. Au contraire, les petits plats que tu ne sens plus une heure après ne sont plus dans l’estomac, mais sont passés dans le sang. Quand un aliment est digéré, il n’est plus dans l’estomac, mais ses sucs sont dans le sang et c’est le plus utile. Vous avez l’impression, tes compagnons et toi, que rien ou bien peu de ce que je vous ai dit demeure en vous. Peut-être vous souvenez-vous bien des passages qui sont les plus conformes à votre tempérament : pour les violents, les passages violents ; pour les méditatifs, les passages qui portent à la méditation ; pour ceux qui aiment, les passages qui ne sont qu’amour. C’est sans doute le cas. Mais croyez-moi : vous avez tout en vous, même s’il vous semble que tout s’est dissipé. Vous l’avez absorbé. La pensée vous le dévidera comme un fil multicolore en y amenant des teintes douces ou sévères selon les besoins. Pensez seulement que, moi, je sais et que jamais je ne vous aurais envoyés si je vous avais su incapables d’agir. Adieu, Pierre ! Allons, souris ! Aie foi ! Fais un bel acte de foi en la Sagesse omniprésente. Adieu à tous. Le Seigneur reste avec vous. »

Sur ce, il les quitte rapidement, les laissant encore étonnés et agités par tout ce qu’ils ont entendu dire qu’il leur fallait faire.

166.4

« Et pourtant il faut obéir, dit Thomas.

– Eh oui… Pauvre de moi ! J’ai presque envie de lui courir après, murmure Pierre.

– Non, ne le fais pas. Lui obéir, c’est l’aimer, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Et commencer alors qu’il est encore auprès de nous et peut nous conseiller si nous nous trompons, c’est élémentaire, et même de la sainte prudence. Nous devons l’aider, conseille le Zélote.

– C’est vrai. Jésus est plutôt fatigué. Il nous faut le soulager un peu, comme nous le pouvons. Il ne suffit pas de porter les sacs, de préparer les lits et les repas. Cela, n’importe qui peut le faire. Mais l’aider comme il le désire, dans sa mission, approuve Barthélemy.

– Tu parles bien parce que tu es instruit. Mais moi… je suis presque ignorant, gémit Jacques, fils de Zébédée.

– Oh mon Dieu ! Voilà qu’arrivent ceux qui étaient là-haut ! Qu’allons-nous faire ? » s’exclame André.

Matthieu intervient :

« Excusez-moi si je vous donne un conseil, alors que je suis le plus misérable. Mais ne vaudrait-il pas mieux prier le Seigneur au lieu de nous lamenter sur ce qui ne peut se résoudre par des lamentations ? Allez, Jude, toi qui connais si bien l’Ecriture, récite en notre nom à tous la prière[1] de Salomon pour obtenir la sagesse. Vite ! Avant qu’ils ne nous rejoignent. »

De sa belle voix de baryton, Jude commence alors :

« Dieu de nos pères et Seigneur de miséricorde, toi qui as tout créé… », etc. Jusqu’à « par la Sagesse ont été sauvés ceux qui t’ont plu dès le commencement. » A ce moment précis, les gens les rejoignent, les entourent, les assaillent de mille questions pour savoir où le Maître est parti ou quand il reviendra. Ils posent aussi cette question, dont la réponse est plus difficile : « Mais comment faire pour suivre le Maître, non pas avec ses pieds mais de toute son âme, sur les routes de la Voie qu’il nous montre ? »

Cette question embarrasse bien les apôtres. Ils se regardent et Judas répond : « En recherchant la perfection », comme si c’était une réponse qui pouvait tout expliquer !

Jacques, fils d’Alphée, plus humble et plus serein, réfléchit puis déclare :

« La perfection, qu’indique mon compagnon, s’atteint par l’obéis­sance à la Loi. Car la Loi est justice, et la justice est perfection. »

166.5

Mais les gens ne sont pas encore satisfaits et ils demandent, par l’intermédiaire de quelqu’un qui paraît être un chef :

« Nous sommes aussi petits que des enfants en matière de bien. Les enfants ignorent encore la signification du bien et du mal, ils ne distinguent pas l’un de l’autre. Et nous, sur cette Voie qu’il nous montre, nous sommes petits au point d’être incapables de discerner. Nous marchions sur un chemin que nous connaissions, la voie de toujours qu’on nous a enseignée à l’école. Elle était difficile, longue et nous inspirait la peur ! Maintenant, ses paroles nous font comprendre qu’il en est comme de l’aqueduc que nous apercevons d’ici. Au-dessous passe le chemin des animaux et des hommes ; au-dessus, sur les arches, une autre route s’élance dans le soleil et l’azur près des plus hautes branches, qui bruissent sous le vent et chantent avec les oiseaux. Elle est simple, propre, lumineuse autant que la route d’en bas est rocailleuse, sale, sombre. C’est une voie qui sert à de l’eau limpide qui gazouille, cette eau qui est bénédiction, qui vient de Dieu et que caresse ce qui vient de Dieu : rayons du soleil et des étoiles, frondaisons nouvelles, fleurs, ailes des hirondelles. Nous voudrions monter vers cette voie plus élevée qui est la sienne, mais que nous ne connaissons pas, parce que nous sommes écrasés, ici, en bas, par tout le poids de la vieille construction. Comment faire ? »

Celui qui vient de parler est un jeune d’environ vingt-cinq ans, brun, robuste, au regard intelligent et à l’aspect plus raffiné que la majorité des personnes présentes. Il s’appuie sur un autre, plus âgé que lui.

Judas, qui le voit grâce à sa grande taille, murmure à ses compagnons :

« Vite, expliquez-vous bien. C’est Hermas, avec Etienne, cet Etienne qu’aime Gamaliel ! »

Ce qui embarrasse encore davantage les apôtres…

166.6

Finalement, Simon le Zélote répond :

« L’arche n’existerait pas sans sa base sur la voie obscure. C’est son point d’appui, à partir de quoi elle s’élance et s’élève dans l’azur que tu désires. Les pierres enfoncées dans le sol, qui portent tout le poids sans profiter des rayons et du vol des oiseaux, n’ignorent pourtant pas leur existence : en effet, de temps en temps une hirondelle trisse en descendant jusqu’à la boue et effleure la base de l’arche, ou bien un rayon de soleil ou d’étoile y tombe pour annoncer la beauté du firmament. C’est ainsi que, dans les siècles passés, il arrivait de temps à autre qu’une parole céleste de promesse, un rayon céleste de sagesse vienne caresser les pierres qui portaient le poids du courroux divin. Car les pierres étaient nécessaires. Jamais elles ne sont, n’ont été ou ne seront inutiles. C’est sur elles que s’est élevée, lentement, avec le temps, la perfection des connaissances humaines, jusqu’à atteindre la liberté du temps présent et la sagesse de la connaissance surnaturelle.

Je devine ton objection, elle est écrite sur ta figure : c’est celle que nous avons tous formulée avant de savoir comprendre ce qu’est ce nouvel enseignement, la Bonne Nouvelle annoncée à ceux qui, par un processus rétrograde, ne sont pas devenus adultes au fur et à mesure que s’élevaient les pierres de la connaissance, mais n’ont cessé de s’enfoncer dans les ténèbres comme un mur s’effondre dans un abîme sans lumière.

Pour échapper à cette maladie qu’est la cécité spirituelle, il nous faut dégager courageusement la pierre de base de toutes celles qui lui sont superposées. N’ayez pas peur de démolir ce mur, certes élevé, mais qui ne conduit pas la sève pure de la source éternelle. Revenez à la base. Elle ne doit pas être changée. Elle vient de Dieu. Elle est immuable. Mais, comme toutes les pierres ne sont pas mauvaises ni inutiles, éprouvez-les avant de les écarter, une par une, au son de la parole de Dieu. Si vous ne les trouvez pas dissonantes, gardez-les, employez-les pour la reconstruction. Mais si vous y reconnaissez le son discordant de la voix humaine ou celui, déchirant, de la voix satanique, alors brisez ces mauvaises pierres. Vous ne pourrez vous tromper car la voix de Dieu résonne d’amour, la voix humaine de sensualité, et la voix de Satan de haine. Je vous dis bien de les briser, car c’est charité de ne pas laisser derrière soi des germes ou des objets de mal qui pourraient séduire le voyageur et l’amener à les utiliser à son détriment. Brisez littéralement toute chose mauvaise qui s’est trouvée dans votre travail, vos écrits, vos enseignements ou vos actes. Mieux vaut rester avec peu de matériau, s’élever à peine d’une coudée mais avec de bonnes pierres, que de monter à des mètres de hauteur avec de mauvaises pierres. Les rayons du soleil et les hirondelles descendent même sur les murets qui sortent tout juste du sol, et les humbles fleurs du talus parviennent aisément à en caresser les pierres basses. Au contraire, les pierres orgueilleuses qui prétendent s’élever, mais sont inutiles et raboteuses, n’obtiennent que les gifles des ronces et l’étreinte des plantes vénéneuses. Démolissez pour reconstruire et pour monter en éprouvant la qualité de vos vieilles pierres au son de la voix de Dieu.

166.7

– Tu parles bien, homme ! Mais comment monter ? Nous t’avons dit que nous sommes plus petits que des bébés. Qui nous fera gravir une colonne aussi raide ? Nous testerons les pierres au son de Dieu, nous briserons les moins bonnes. Mais comment monter ? Cette seule idée suffit à donner le vertige ! » dit Etienne.

166.8

Jean, qui a écouté la tête inclinée, en se souriant à lui-même, lève un visage lumineux et prend la parole :

« Mes frères, y penser donne le vertige, c’est vrai. Mais qui vous dit qu’il faut s’attaquer à une telle escalade de but en blanc ? Cela, non seulement les bébés ne peuvent le faire, mais pas davantage les adultes. Seuls les anges peuvent s’élancer dans l’azur, parce qu’ils sont libres de toute pesanteur de la matière. Et chez les hommes, il n’y a que les héros de la sainteté qui en soient capables.

Nous en avons un exemple vivant qui, dans ce monde avili, sait être un héros de sainteté comme les anciens qui ont fleuri en Israël au temps où les Patriarches étaient amis de Dieu et où la parole du Code éternel était la seule, mais obéie par toute personne droite. Jean, le Précurseur, enseigne comment tenter directement cette ascension. Jean est un homme. Mais la grâce que le Feu de Dieu lui a communiquée en le purifiant dès le sein de sa mère – tout comme les lèvres du prophète furent purifiées par le Séraphin – lui a permis de précéder le Messie sans répandre la puanteur du péché originel sur la voie royale du Christ ; cette grâce a donné à Jean des ailes d’ange et la pénitence les a fait grandir en supprimant en même temps cette pesanteur d’humanité que sa nature d’être humain né d’une femme lui avait gardée. Voilà pourquoi Jean, de sa grotte où il prêche la pénitence et par son corps où brûle son âme épousée par la grâce, peut s’élancer jusqu’au sommet de l’arche au-delà de laquelle est Dieu, notre très haut Seigneur. Dominant les siècles passés, le présent et l’avenir, il peut annoncer d’une voix de prophète et avec son œil d’aigle qui peut fixer le Soleil éternel et le reconnaître : “ Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève les péchés du monde ”, puis mourir après ce chant sublime qu’on redira non seulement dans ce temps limité, mais dans les temps sans fin, dans la Jérusalem éternelle et bienheureuse, pour acclamer la Deuxième Personne, lui rappeler nos misères humaines et la louer dans les splendeurs éternelles.

166.9

L’Agneau de Dieu, le très doux Agneau a quitté sa lumineuse demeure des Cieux où il est Feu de Dieu dans une étreinte de feu : ô éternelle génération du Père qui conçoit son Verbe dans sa Pensée infinie et parfaitement sainte et l’attire à lui en produisant une fusion d’amour qui est l’Esprit d’amour, en qui la Puissance et la Sagesse se concentrent ! L’Agneau de Dieu, donc, a quitté sa forme très pure, incorporelle, pour enfermer son infinie pureté, sa sainteté, sa nature divine dans une chair mortelle ; il sait que nous ne sommes pas purifiés par la grâce, pas encore ; il sait que nous serions incapables de nous élancer, comme cet aigle qu’est Jean, vers les hauteurs, vers le sommet où se trouve Dieu, un et trine. Nous sommes les petits passereaux du toit et de la route, nous sommes les hirondelles qui touchent l’azur mais se nourrissent d’insectes, nous sommes les alouettes calandres qui veulent chanter pour imiter les anges, mais par rapport auxquels notre chant est le frémissement discordant des cigales en été. Cela, le doux Agneau de Dieu, venu pour enlever les péchés du monde, le sait. Car s’il n’est plus l’esprit infini des cieux, puisqu’il s’est enfermé dans une chair mortelle, son infinité n’en est pas diminuée pour autant, et il sait tout, car sa sagesse est toujours infinie.

Il nous enseigne sa voie, la voie de l’amour. Il est lui-même l’Amour qui, dans sa miséricorde pour nous, s’est fait chair. Et cet amour miséricordieux nous ouvre le chemin que même les petits peuvent gravir. Il est le premier à le parcourir, non par besoin personnel, mais pour nous l’enseigner. Lui, il n’aurait même pas besoin d’ouvrir les ailes pour se fondre à nouveau dans le Père. Si son esprit, je vous le jure, est enfermé ici-bas, sur cette terre misérable, il est toujours avec le Père, car Dieu peut tout, or lui, il est Dieu. Mais il nous précède, en laissant derrière lui les parfums de la sainteté, l’or et le feu de son amour. Observez quel est son chemin : ah ! Il atteint bien le sommet de l’arche ! Mais qu’il est tranquille et sûr ! Ce n’est pas une ligne droite, mais une spirale, autrement dit un chemin plus long : son sacrifice d’amour miséricordieux se manifeste dans cette longueur où il se tient par amour pour nous, les faibles. Le chemin est plus long, mais plus adapté à notre misère. La montée vers l’Amour, vers Dieu, est simple comme est simple l’Amour. Mais c’est une route vers les profondeurs, car Dieu est un abîme que je qualifierais d’inaccessible s’il ne s’était abaissé pour se laisser rejoindre, pour se sentir embrasser par les âmes enflammées d’amour pour lui. »

(Jean parle et pleure en souriant, tout à l’extase de révéler Dieu).

« La voie simple de l’amour est longue, car cet Abîme qui est Dieu est sans fond et si grand qu’on pourrait y progresser à volonté. Mais l’Abîme admirable appelle notre abîme misérable. Il nous appelle par ses lumières et nous dit : “ Venez à moi. ” Oh ! L’invitation de Dieu, l’invitation du Père !

166.10

Ecoutez ! Ecoutez ! Les Cieux sont restés ouverts car le Christ en a laissé les portes grandes ouvertes en y plaçant les anges de la miséricorde et du pardon, afin qu’en attendant l’effusion de la grâce sur les hommes, il en provienne au moins des lumières, des parfums et des chants capables de séduire saintement le cœur des hommes, et pour que des paroles pleines de suavité nous en arrivent. C’est la voix de Dieu qui parle et nous dit : “ Votre enfance ? Mais c’est votre plus grand trésor ! Je voudrais que vous deveniez vraiment tout petits pour posséder la même humilité, la même sincérité et le même amour que les petits enfants, cet amour confiant des enfants envers leur père. Votre incapacité ? Mais c’est ma gloire ! Ah ! Venez ! Je ne vous demande même pas d’éprouver par vous-mêmes le son des bonnes pierres ou des mauvaises. Mais donnez-les-moi ! Je les choisirai moi-même et vous, vous reconstruirez. L’escalade vers la perfection ? Oh non, mes petits enfants ! Montez ici main dans la main de mon Fils, votre frère, montez à ses côtés… ”

Monter ! Venir à toi, éternel Amour ! Prendre ta ressemblance, c’est-à-dire l’amour ! Aimer, voilà le secret… aimer ! Se donner… Aimer ! S’anéantir… Aimer ! Se fondre… La chair ? Ce n’est rien. La souffrance ? Ce n’est rien. Le temps ? Ce n’est rien. Le péché lui-même se réduit à rien si je le fonds dans ton feu, mon Dieu ! Il n’y a que l’amour. L’amour ! L’Amour, qui nous a donné le Dieu incarné nous pardonnera tout. Et aimer, c’est ce que nul ne sait faire mieux que les petits enfants. Et personne n’est plus aimé qu’un petit enfant.

166.11

Ah ! Toi que je ne connais pas, mais qui désires connaître le bien pour le distinguer du mal, pour posséder l’azur, le soleil céleste, tout ce qui est joie surnaturelle, aime et tu le possèderas. Aime le Christ. Tu mourras à cette vie, mais tu ressusciteras spirituellement. Avec une âme nouvelle, sans plus avoir besoin d’utiliser les pierres, tu seras pour l’éternité un feu qui ne s’éteint jamais. La flamme monte. Elle n’a besoin ni d’escalier ni d’ailes pour s’élever. Libère ton moi de toute construction, mets en toi l’amour : tu vas flamboyer. Laisse cela arriver sans y mettre aucune restriction. Au contraire, avives-en la flamme en y jetant, pour l’alimenter, tout ton passé de passions et de connaissances : ce qui est moins bon se détruira dans la flamme, ce qui est déjà du métal noble sera purifié. Mon frère, jette-toi dans l’amour actif et joyeux de la Trinité. Tu comprendras ce qui te paraît aujourd’hui incom­préhensible car tu comprendras Dieu, qui n’est compréhensible que par ceux qui se donnent sans mesure à son feu sacrificateur. Tu te fixeras enfin en Dieu dans un embrassement de flamme, en priant pour moi, le petit enfant du Christ qui a osé te parler de l’Amour. »

166.12

Tous sont sidérés, les apôtres, les disciples comme les fidèles… L’interpellé est pâle alors que Jean est tout rouge, moins en raison de la fatigue que de l’amour.

Finalement, Etienne s’exclame :

« Bénis sois-tu ! Dis-moi, qui es-tu ? »

Jean prend alors une attitude qui me rappelle beaucoup celle de la Vierge à l’Annonciation. Il dit doucement, en s’inclinant comme pour adorer celui qu’il nomme :

« Je suis Jean. Tu vois en moi le plus petit des serviteurs du Seigneur.

– Mais qui a été ton maître auparavant ?

– Personne d’autre que Dieu, puisque j’ai reçu le lait spirituel de Jean, que Dieu a sanctifié d’avance, je mange le pain du Christ, le Verbe de Dieu, et je bois le feu de Dieu qui me vient des Cieux. Gloire au Seigneur !

– Ah ! Mais, moi, je ne vous quitte plus ! Ni toi, ni celui-ci, je ne quitte personne. Prenez-moi avec vous !

– Quand… Ah ! Mais Pierre est ici, c’est lui notre chef. »

Jean désigne Pierre qui en est tout abasourdi, et il proclame ainsi qu’il est “ le premier ”. Pierre revient à lui :

« Mon fils, une grande mission requiert une réflexion sérieuse. Celui-ci est notre ange, et il enflamme. Mais il convient de savoir si en nous la flamme pourra durer. Examine-toi, puis viens au Seigneur. Nous t’ouvrirons notre cœur comme à un frère très cher. En attendant, si tu veux mieux connaître notre vie, reste. Les troupeaux du Christ peuvent croître sans mesure pour permettre un choix entre les parfaits et les imparfaits, entre les vrais agneaux et les faux béliers. »

C’est par ces mots que s’achève la première manifestation des apôtres.

166.1

Gesù, scendendo a mezza costa, trova molti discepoli e molti altri ancora che si sono uniti piano piano ai discepoli, portati qui, in questo luogo fuori via, dal bisogno del miracolo, dal desiderio della parola di Gesù, venuti sicuri per indicazioni di gente o per istinto d’anima. Io penso che gli angeli degli uomini guidassero gli stessi, desiderosi di Dio, al Figlio di Dio. Né credo di fare con ciò della leggenda. Se si pensa con quale pronta e astuta costanza Satana portava i nemici a Dio e al suo Verbo, nei momenti in cui lo spirito demonico poteva fare apparire agli uomini una parvenza di colpa nel Cristo, è lecito poter pensare, più che lecito è giusto, che anche gli angeli non fossero inferiori ai demoni e portassero gli spiriti non demonici al Cristo.

E Gesù, a tutti questi che lo hanno atteso senza stanchezze e timori, si prodiga in soccorsi di miracoli e in soccorsi di parola. Quanti miracoli! Una fioritura pari a quella che decora le balze del monte: grandi come è quello di un fanciullo, estratto ustionato atrocemente da un pagliaio in fiamme, portato qui su una barella, mucchio di carne arsa che mugola lamentosamente sotto al lino di cui lo hanno ricoperto tanto è atroce il suo aspetto arso, morente ormai, e che Gesù risana alitandogli sopra e risarcendo le bruciature che si annullano completamente, tanto che il fanciullo sorge nudo affatto, e corre felice verso la mamma che ne carezza piangendo di gioia le carni tutte guarite, senza tracce di fuoco, ne bacia gli occhi che si pensavano arsi e invece sono vivi e scintillanti di gioia, i capelli che sono appena corti, ma non distrutti, quasi la vampa avesse fatto da rasoio e non da distruzione; fino al piccolo miracolo di un vecchietto tossicoloso che dice: «Non per me, ma perché devo fare da padre ai nipotini orfani e non posso lavorare il suolo con questo umore fermo qui, in gola, e che mi affoga»…

E poi il miracolo non visibile, ma certo esistente, che provocano le parole di Gesù: «Fra voi è uno che piange con l’anima e non osa dire con la parola: “Abbi pietà!”. Io rispondo: “Sia come tu chiedi. Tutta la pietà. Perché tu sappia che Io sono la Misericordia”. Solo, a mia volta, ti dico: “Abbi generosità”. Sii generoso con Dio. Strappa ogni legame col passato. Dio lo senti e a Lui che senti vieni allora con libero cuore, con totale amore». Chi sia, fra la folla, colui o colei al quale vanno queste parole, non so.

166.2

Gesù dice ancora: «Questi sono i miei apostoli. Altrettanti Cristi sono, perché Io tali li ho eletti. Rivolgetevi ad essi con fiducia. Essi sanno da Me tutto quanto vi abbisogna per le anime vostre…». Gli apostoli guardano Gesù perfettamente spaventati. Ma Egli sorride e prosegue: «…e daranno alle vostre anime luce di stella e ristoro di rugiada tanto da impedirvi di languire nelle tenebre. E poi Io verrò e vi darò pienezza di sole e di onde, tutta la sapienza per farvi forti e felici di soprannaturale fortezza e gioia. La pace a voi, figli. Sono atteso da altri, più infelici e poveri di voi. Ma soli non vi lascio. Vi lascio i miei apostoli, ed è come lasciassi i figli del mio amore affidati alle cure delle più amorose e fidate delle nutrici».

Gesù fa un gesto di addio e di benedizione e si avvia, fendendo la folla che non lo vuole lasciare partire; ed è allora che si ha l’ultimo miracolo, quello di una vecchierella semiparalizzata, condotta qui dal nipote e che agita festosa il braccio destro prima inerte e grida: «Egli mi ha sfiorata col suo manto, nel passare, e sono guarita! Neppure lo chiedevo, perché vecchia sono… Ma Egli ha avuto pietà anche del mio desiderio segreto. E col manto, un lembo di esso che mi ha sfiorato il braccio perduto, mi ha guarita! Oh! che grande Figlio ha avuto il santo Davide nostro! Gloria al suo Messia! Ma guardate! Ma guardate! Anche la gamba è spedita come il braccio… Oh! come a vent’anni sono!».

Il convergere di molti verso la vecchietta, che strilla con tutto il suo fiato la sua felicità, fa sì che Gesù possa svignarsela senza essere più oltre impedito. E gli apostoli dietro.

166.3

Quando sono in un luogo deserto, quasi al piano, fra una folta brughiera che va verso il lago, si fermano un momento. Gesù per dire: «Vi benedico! Tornate al vostro lavoro e fatelo finché Io verrò come ho detto».

Pietro, fino ad allora sempre zitto, prorompe: «Ma, Signor mio, che hai fatto? Perché dire che noi abbiamo tutto quanto abbisogna alle anime? È vero! Tu ci hai detto molto. Ma noi siamo zucconi, io almeno, e… e di quello che mi hai dato me ne è rimasto poco, molto poco mi è rimasto. È come uno che, di un pasto, ha ancora nello stomaco il più greve. Il resto non c’è più».

Gesù sorride apertamente: «E dove è allora il resto del cibo?».

«Ma… non so. So che, se io mangio piattini delicati, dopo un’ora non mi sento più niente nello stomaco. Mentre se mangio radici pesanti o lenticchie con l’olio, eh! ci vuole a mandarle giù!».

«Ci vuole. Ma credi che radici e lenticchie, che sembra ti empiano di più, sono quelle che meno ti lasciano di sostanza: tutta scoria che passa con poco utile. Mentre i piattini che in un’ora non ti senti più, sono non nello stomaco dopo un’ora, ma nel tuo stesso sangue. Quando un cibo è digerito non è più nello stomaco, ma il suo succo è nel sangue e giova di più. Ora a te e ai tuoi compagni vi pare che di quanto vi ho detto più nulla o ben poco sia in voi. Forse vi ricordate bene le parti che più sono consone alla vostra particolare natura: i violenti le parti violente, i meditativi le parti meditative, gli amorosi le parti tutto amore. Senza forse è così. Ma credete: tutto è in voi. Anche se vi pare che sia dileguato. Lo avete assorbito. Il pensiero vi si dipanerà come un filo multicolore portandovi le tinte dolci o severe a seconda che ne avete bisogno. Non abbiate paura. Pensate pure che Io so e che mai vi manderei se vi sapessi incapaci di fare. Addio, Pietro. Su! Sorridi! Abbi fede! Un bell’atto di fede nella Sapienza onnipresente. Addio a tutti.

Il Signore resta con voi». E rapido li lascia, ancora stupiti e agitati di quanto hanno udito dire di dover fare.

166.4

«Eppure bisogna ubbidire», dice Tommaso.

«Eh!… già!… Oh! povero me! Quasi gli corro dietro…», mormora Pietro.

«No. Non lo fare. L’ubbidienza è amore a Lui», dice Giacomo di Alfeo.

«E cominciare mentre ancora Egli ci è presso, e può consigliarci se sbagliamo, è elementare e anche santa prudenza. Aiutarlo dobbiamo», consiglia lo Zelote.

«È vero. Gesù è piuttosto affaticato. Bisogna sollevarlo un poco, come possiamo. Non basta portare le sacche, preparare i letti e il cibo. Questo chiunque lo può fare. Ma aiutarlo, come Egli vuole, nella sua missione», conferma Bartolomeo.

«Tu dici bene perché sei dotto. Ma io… Quasi ignorante sono io…», geme Giacomo di Zebedeo.

«O Dio! Ecco che arrivano quelli che erano lassù! Come facciamo?», esclama Andrea.

E Matteo: «Scusate se io, il più miserabile, consiglio. Ma non sarebbe meglio pregare il Signore, invece di stare qui a lamentarsi su ciò che coi lamenti non si ripara? Su, Giuda, tu che sai tanto bene la Scrittura, di’ per tutti la preghiera[1] di Salomone per ottenere la sapienza. Presto! Prima che ci raggiungano».

E il Taddeo con la sua bella voce baritonale inizia: «Dio dei miei padri, Signore di misericordia che tutto hai creato…» ecc… ecc…, fino al punto: «… per la sapienza furono salvati tutti quelli che a Te, Signore, piacquero fin dal principio».

Appena in tempo prima che la gente li raggiunga, li attorni, li assalga con mille domande sul dove è andato il Maestro, sul quando tornerà, e, più difficile ad essere accontentata, con la richiesta: «Ma come si fa a seguire il Maestro non con le gambe, ma con l’anima, per le vie della Via che Egli indica?».

A questa domanda gli apostoli restano imbarazzati. Si guardano fra di loro e l’Iscariota risponde: «Col seguire la perfezione», quasi fosse una risposta che possa spiegare tutto!…

Giacomo di Alfeo, più umile e più pacato, pensa e poi dice:

«La perfezione a cui accenna il mio compagno si raggiunge ubbidendo alla Legge. Perché la Legge è giustizia e la giustizia è perfezione».

166.5

Ma la gente ancora non è contenta e chiede per bocca di uno che pare un capo: «Ma noi siamo piccoli come fanciulli nel Bene. I fanciulli non sanno ancora il significato del Bene e del Male, non distinguono. E noi, in questa Via che Egli indica, siamo così informi da essere incapaci di distinguere. Avevamo una via nota. Quella antica che ci è stata insegnata nelle scuole. Così difficile, lunga, paurosa! Ora, dalle sue parole, sentiamo che è come quell’acquedotto che vediamo di qui. Sotto c’è la via delle bestie e dell’uomo; sopra, sugli archi leggeri, alta nel sole e nell’azzurro, presso ai rami più alti che frusciano e cantano per il vento e gli uccelli, vi è un’altra via, liscia, pulita, luminosa quanto quella inferiore è scabra, sporca, oscura, una via, per l’acqua che è limpida e sonante, che è benedizione, per l’acqua che viene da Dio e che è accarezzata da ciò che è di Dio: raggi di sole e di stelle, fronde novelle, fiori, ali di rondine. Noi vorremmo salire a quella via più alta, e che è la sua, e non sappiamo, perché siamo confitti qui, in basso, sotto il peso di tutta la costruzione antica. Come facciamo?».

Colui che ha parlato è un giovane sui venticinque anni, bruno, robusto, dallo sguardo intelligente e l’aspetto meno popolano della maggioranza dei presenti. Si appoggia ad un altro più maturo.

L’Iscariota, che alto come è lo vede, sussurra ai compagni:

«Presto, parlate bene. Vi è Erma con Stefano, Stefano, amato da Gamaliele!». Cosa che finisce di imbarazzare del tutto gli apostoli.

166.6

Infine lo Zelote risponde:

«L’arco non sarebbe se non ci fosse la base nella via oscura. Questa è la matrice di quello, che da essa si lancia e sale nell’azzurro di cui tu sei voglioso. Le pietre confitte nel suolo, e che sorreggono il peso senza godere dei raggi e dei voli, non ignorano però che essi ci sono, perché talora una rondine cala con uno strido fino al fango e carezza la base dell’arco, e scende un raggio di sole o di stella a dire quanto è bello il firmamento. Così nei secoli passati è scesa, di tempo in tempo[2], una parola celeste di promessa, un raggio celeste di sapienza, per carezzare le pietre oppresse dal corruccio divino. Perché le pietre erano necessarie. Non sono, non furono e non saranno mai inutili. Su esse si è elevato lentamente il tempo e la perfezione del conoscere umano fino a raggiungere la libertà del tempo presente e la sapienza del conoscere sovrumano.

Già leggo la tua obbiezione, ti è scritta in volto. È quella che tutti abbiamo avuto, prima di saper comprendere che questa è la Nuova Dottrina, la Buona Novella predicata a coloro che per un processo a ritroso non sono divenuti adulti con l’elevarsi delle pietre del sapere, ma si sono sempre più oscurati come muro che sprofonda in un abisso cieco.

Noi, per uscire da questa malattia di oscuramento soprannaturale, dobbiamo liberare coraggiosamente la pietra fondamentale da tutte le pietre sovrapposte. Non abbiate tema di demolire quello che è un alto muro ma che non porta la linfa pura della sorgente eterna. Tornate alla base. Quella non va mutata. È da Dio. Ed immobile è. Ma prima di scartare le pietre, perché non tutte sono malvagie e inutili, provatele una ad una, al suono della parola di Dio. Se le sentite non discordi, ritenetele, riusatele per ricostruire. Ma se in esse sentite il suono discorde della voce umana o quello lacerante della voce satanica – e non vi potete sbagliare perché se è voce di Dio è suono d’amore, se è voce umana è suono di senso, se voce satanica è voce d’odio – allora frantumate le pietre malvagie. Dico: frantumate, perché è carità non lasciare indietro germi od oggetti di male che possano sedurre il viandante ed indurlo ad usarle per suo danno. Frantumate letteralmente ogni cosa non buona che fu vostra in opere, scritti, insegnamenti o atti. Meglio restare con poco, elevarsi appena di un cubito ma con buone pietre, che per dei metri ma con pietre malvagie. I raggi e le rondini scendono anche sulle muricce appena elevate dal suolo, e i fioretti umili della proda con facilità giungono ad accarezzare le pietre basse. Mentre le superbe pietre che vogliono elevarsi inutili e scabre non hanno che schiaffi di rovi e abbracci di tossici. Demolite per ricostruire e per salire provando la bontà delle vostre antiche pietre alla voce di Dio».

166.7

«Bene parli, uomo. Ma salire! Come? Ti abbiamo detto che meno di pargoli siamo. Chi ci fa salire sull’erta colonna? Proveremo le pietre al suono di Dio, frantumeremo le meno buone. Ma come salire? È vertigine solo a pensarlo!», dice Stefano.

166.8

Giovanni, che ha ascoltato a capo chino sorridendo a se stesso, alza un volto luminoso e prende la parola.

«Fratelli! Vertigine è pensare di salire. È vero. Ma chi vi dice che è necessario attaccare l’altezza direttamente? Questo non i pargoli, ma neppure gli adulti lo possono fare. Solo gli angeli possono lanciarsi negli azzurri, perché hanno libertà da ogni peso di materia. E negli uomini solo gli eroi della santità lo possono fare.

Abbiamo un vivente che tuttora, in questo mondo avvilito, sa essere eroe di santità come gli antichi di cui si infiora Israele, quando i Patriarchi erano amici di Dio e la parola del Codice eterno era la sola, ma la ubbidita da ogni retta creatura. Giovanni, il Precursore, insegna come si attacca l’altezza direttamente. È un uomo, Giovanni. Ma la Grazia che il Fuoco di Dio gli ha comunicata, mondandolo dal ventre della madre, così come fu mondato dal serafino il labbro del Profeta, perché potesse precedere il Messia senza lasciare fetore di colpa d’origine sulla via regale del Cristo, ha dato a Giovanni ali di angelo e la penitenza le ha fatte crescere, abolendo insieme quel peso di umanità che la sua natura di nato di donna aveva conservato. Onde Giovanni, dal suo speco dove predica penitenza, e dal suo corpo dove arde lo spirito sposato alla Grazia, lancia, può lanciare se stesso al sommo dell’arco oltre il quale è Dio, l’altissimo Signore Iddio nostro, e può, dominando i secoli passati, il giorno presente, il tempo futuro, annunciare, con voce di profeta, con occhio d’aquila che può fissare il Sole eterno e riconoscerlo: “Ecco l’Agnello di Dio. Colui che leva i peccati del mondo”, e morire dopo questo suo canto sublime, che sarà usato non solo nel tempo limitato ma nel tempo senza fine, nella Gerusalemme per sempre eterna e beata, per acclamare la Seconda Persona, per invocarla sulle miserie umane, per osannarla nei fulgori eterni.

166.9

Ma l’Agnello di Dio, il dolcissimo Agnello che ha lasciato la sua luminosa dimora dei Cieli nei quali è Fuoco di Dio in abbraccio di fuoco – oh! eterna generazione del Padre che concepisce col Pensiero illimitato e santissimo il suo Verbo, e se lo assorbe producendo una fusione d’amore che crea lo Spirito di Amore in cui si accentra la Potenza e la Sapienza! – ma l’Agnello di Dio che ha lasciato la sua purissima, incorporea forma, per chiudere la sua purezza infinita, la sua santità, la sua natura divina in carne mortale, sa che noi non siamo i mondati dalla Grazia, ancora non lo siamo, e sa che non potremmo, come l’aquila che è Giovanni, lanciarci nelle altezze, sul culmine dove è Dio Uno e Trino. Noi siamo i piccoli passeri del tetto e della via, siamo le rondini che toccano l’azzurro ma si cibano di insetti, siamo le calandre che vogliono cantare per imitare gli angeli ma rispetto al cui canto il nostro è fremito discorde di cicala estiva. Questo, il dolce Agnello di Dio, venuto per levare i peccati del mondo, lo sa. Perché, se non è più lo Spirito infinito dei Cieli, avendo costretto Se stesso in carne mortale, la sua infinità non è menomata per questo, e tutto sa essendo sempre infinita la sua sapienza.

Ed ecco allora che ci insegna la sua via. La via dell’amore. Egli è l’Amore che per misericordia di noi si fa carne. Ecco allora che questo Amore misericordioso ci crea la via che anche i piccoli possono salire. Ed Egli, non per bisogno proprio, ma per insegnarcela, la percorre per primo. Egli neppure avrebbe bisogno di aprire le ali per rifondersi col Padre. Il suo spirito, io ve lo giuro, è chiuso qui, sulla misera Terra, ma è sempre col Padre, perché tutto può Dio, e Dio Egli è. Ma va avanti, lasciando dietro di Sé gli aromi della sua santità, l’oro e il fuoco del suo amore. Osservate la sua via. Oh! ben giunge all’arco sommo! Ma come è placida e sicura! Non è una retta: è una spirale. Più lunga, e il suo sacrificio di amore misericordioso si svela in questa lunghezza su cui Egli trattiene Se stesso per amore di noi deboli. Più lunga, ma più adatta alla nostra miseria. La salita all’Amore, a Dio, è semplice come è semplice l’Amore. Ma è profonda perché Dio è un abisso che direi irraggiungibile se Egli non si abbassasse per farsi raggiungere, per sentirsi baciare dalle anime di Lui innamorate (Giovanni parla e piange sorridendo con la bocca, nell’estasi del suo svelare Dio). È lunga la semplice via dell’Amore, perché l’Abisso che è Dio non ha fondo, e tanto uno potrebbe salire quanto volesse. Ma l’Abisso mirabile chiama il nostro abisso miserabile. Chiama con le sue luci e dice: “Venite a Me!”. Oh! Invito di Dio! Invito di Padre!

166.10

Udite! Udite! Dai Cieli lasciati aperti, perché il Cristo ne ha spalancato le porte – mettendo a tenerle tali gli angeli della Misericordia e del Perdono, perché in attesa della Grazia sugli uomini ne fluissero almeno luci, profumi, canti e sereni, atti a sedurre santamente i cuori umani – vengono incontro a noi parole soavissime. È la voce di Dio che parla. E la voce dice: “La vostra puerizia? Ma è la vostra moneta migliore! Vorrei che tutt’affatto piccoli diveniste per avere in voi l’umiltà, la sincerità e l’amore dei pargoli, il confidente amore dei pargoli verso il padre. La vostra incapacità? Ma è la mia gloria! Oh! venite. Neppure vi chiedo che voi da voi stessi proviate il suono delle pietre buone e cattive. Ma datele a Me! Io le sceglierò e voi vi ricostruirete. La scalata alla perfezione? Oh! no, piccoli figli miei. Qui la mano nella mano del Figlio mio, fratello vostro, ora e così, al suo fianco ascendete…”.

Ascendere! Venire a Te, eterno Amore! Prendere la tua somiglianza, ossia l’Amore! Amare! Ecco il segreto!… Amare! Darsi… Amare! Abolirsi… Amare! Fondersi… La carne? Un nulla. Il dolore? Un nulla. Il tempo? Un nulla. Il peccato stesso diviene nulla se io lo sciolgo nel tuo fuoco, o Dio! L’Amore solo è. L’Amore! L’Amore, che ci ha dato l’incarnato Iddio, ci darà ogni perdono. E amare è atto che nessuno sa meglio dei pargoli fare. E nessuno è amato più di un pargolo.

166.11

O tu che non conosco, ma che vuoi conoscere il Bene per distinguerlo dal Male, per avere l’azzurro, il sole celeste, tutto quanto è letizia soprannaturale, ama e l’avrai. Ama Cristo. Morirai nella vita, ma risusciterai nello spirito. Con uno spirito nuovo, senza più avere bisogno di usare le pietre, sarai per l’eternità un fuoco che non muore. La fiamma sale. Non abbisogna di scalini né di ali per salire. Libera il tuo io da ogni costruzione, poni in te l’Amore. Fiammeggerai. Lascia che ciò avvenga senza restrizioni. Aizza anzi la fiamma gettandovi ad alimentarla tutto il tuo passato di passioni, di sapere. Si distruggerà nella fiamma il men buono, e ciò che già è metallo nobile si farà puro. Gettati, o fratello, nell’amore attivo e gaudente della Trinità. Comprenderai ciò che ora ti pare incomprensibile, perché comprenderai Dio, il Comprensibile solo da quelli che si dànno senza misura al suo fuoco sacrificatore. Ti fisserai in ultimo in Dio in un abbraccio di fiamma, pregando per me, il pargolo di Cristo, che ha osato parlarti dell’Amore».

166.12

Sono tutti di stucco: apostoli, discepoli, fedeli… L’interpellato è pallido, mentre Giovanni è di porpora non tanto per la fatica quanto per l’amore.

Infine Stefano ha un grido: «Te benedetto! Ma dimmi, chi sei?».

E Giovanni – ed ha un atto che mi ricorda molto la Vergine nell’atto dell’Annunciazione – dice piano, curvandosi come adorando Colui che nomina: «Sono Giovanni. Tu vedi in me il minimo fra i servi del Signore».

«Ma chi il tuo maestro prima d’ora?».

«Alcuno che Dio non sia, poiché ho avuto il latte spirituale da Giovanni il presantificato di Dio, mangio il pane di Cristo Verbo di Dio, e bevo il fuoco di Dio che mi viene dai Cieli. Sia gloria al Signore!».

«Ah! ma io non vi lascio più! Né te né costui, nessuno lascio. Prendetemi!».

«Quando… Oh! ma qui è Pietro, il capo fra noi», e Giovanni prende lo sbalordito Pietro e lo proclama così «il primo».

E Pietro ritrova se stesso: «Figlio, a grande missione occorre severa riflessione. Questo è l’angelo di noi e accende. Ma occorre sapere se la fiamma in noi potrà durare. Misura te stesso. E poi vieni al Signore. Noi ti apriremo il cuore come a fratello carissimo. Per intanto, se vuoi conoscere meglio la nostra vita, resta. Le greggi del Cristo possono crescere a dismisura per essere scelti, fra i perfetti e gli imperfetti, i veri agnelli dai falsi montoni».

E con questo ha fine la prima manifestazione apostolica.


Notes

  1. la prière qui est en : Sg 9.

Note

  1. preghiera, che è in: Sapienza 9.
  2. di tempo in tempo, invece di dentro per dentro (tipica espressione annotata in 6.1), è correzione di MV su una copia dattiloscritta.