Os Escritos de Maria Valtorta

5. Naissance de Marie. Sa virginité dans la pensée éternelle du Père.

5. Nascimento de Maria. A sua virgindade

5.1

Je vois Anne sortir du jardin potager. Elle s’appuie au bras d’une parente, sûrement, parce qu’elle lui ressemble. Elle est bien grosse et paraît fatiguée, peut-être aussi sous l’effet de la chaleur, toute pareille à celle qui m’accable.

Le jardin a beau être ombragé, l’air est brûlant, torride. Un air à couper au couteau comme une pâte molle et chaude tant il est lourd, sous un ciel impitoyable d’un bleu que la poussière en suspension dans l’air assombrit légèrement. La sécheresse doit s’être installée depuis longtemps car la terre, là où elle n’est pas irriguée, est littéralement réduite en une très fine poussière presque blanche, d’un blanc qui tend un peu vers le rose sale. En revanche, l’arrosage la rend marron-rouge foncé au pied des plantes ou le long des courtes plates-bandes où poussent des rangs de légumes et autour des rosiers, jasmins et autres fleurs et fleurettes, qui se trouvent surtout devant et le long d’une belle tonnelle qui coupe en deux le verger jusqu’à la lisière des champs d’avoine moissonnés. Même l’herbe du pré qui marque l’extrémité de la propriété est sèche et rare. Ce n’est qu’à la limite, là où se trouve une haie d’aubépine sauvage déjà toute parsemée des rubis de ses petits fruits que l’herbe est plus verte et touffue ; il y a là des brebis et leur petit berger, en quête de pâture et d’ombre.

Joachim se tient autour des rangées de légumes et d’oliviers. Deux hommes sont là pour l’aider. Malgré son âge, il est alerte et a plaisir à travailler. Ils sont en train d’ouvrir de petites rigoles au bord d’un champ pour amener de l’eau aux plantes assoiffées ; et l’eau se fraye un chemin en gargouillant entre l’herbe et la terre sèche, elle forme des boucles qui paraissent un moment être d’un jaune cristallin puis ne sont plus que des cercles sombres de terre humide autour des ceps et des oliviers lourds de fruits.

Anne se dirige lentement vers Joachim en passant par la tonnelle ombragée sous laquelle des abeilles d’or bourdonnent, avides du suc des grains de raisin blonds. A sa vue, il se hâte d’aller à sa rencontre.

« Tu es venue jusqu’ici ?

– La maison est chaude comme un four.

– Et tu en souffres…

– C’est l’unique souffrance de mes derniers moments de grossesse. Elle est commune à tous, hommes et bêtes. Ne reste pas trop à la chaleur, Joachim.

– L’eau, qu’on espère depuis si longtemps et qui semblait proche depuis trois jours, n’est pas encore venue et la campagne brûle. Heureusement que nous avons près d’ici une source au débit si abondant. J’ai ouvert les canaux. C’est un faible soulagement pour les plantes, dont les feuilles sont fanées et couvertes de poussière, mais cela servira à les garder en vie. S’il pouvait pleuvoir… »

Joachim scrute le ciel avec l’anxiété de tout cultivateur, tandis qu’Anne, fatiguée, s’évente à l’aide d’un éventail fait d’une feuille sèche de palmier entrelacée de fils multicolores qui lui donnent sa rigidité.

La parente dit :

« Là-bas, des nuages rapides apparaissent au-delà du grand Hermon. Le vent vient du nord, il rafraîchira. Peut-être donnera-t-il de l’eau.

– Cela fait trois jours qu’il se lève, mais qu’il tombe au lever de la lune. Ce sera encore la même chose. »

Joachim est découragé.

« Retournons à la maison, dit Anne. Ici, c’est irrespirable, et je pense qu’il vaut mieux rentrer. »

Une pâleur qui a envahi son visage lui donne un teint encore plus olivâtre.

5.2

« Tu souffres ?

– Non. Mais j’éprouve cette grande paix que j’ai ressentie au Temple quand la grâce de la maternité m’a été accordée et de nouveau quand j’ai su que j’allais être mère. Cela res­semble à une extase, une douce somnolence du corps alors que l’esprit jubile et entre dans une paix à laquelle rien n’est humainement comparable. Je t’ai aimé, Joachim, et lorsque je suis entrée dans ta maison et que je me suis dit : “ Je suis l’épouse d’un juste ”, j’ai éprouvé cette paix, et encore toutes les fois que ton amour prévenant prenait soin de ton Anne. Mais cette paix-ci est différente. Tu vois, je crois que cette paix ressemble à celle qui, à la manière de l’huile que l’on étend et qui apaise les douleurs, devait envahir l’âme de Jacob, notre père, après son songe[1] des anges. Si je m’y plonge, elle ne cesse d’augmenter à mesure que je la savoure… C’est comme si je m’élevais dans l’azur du ciel… Et, j’ignore pourquoi, depuis que cette joie paisible est en moi, un cantique naît en mon cœur, celui du vieux Tobie. Il me semble qu’il a été écrit pour cette heure… pour cette joie… pour la terre d’Israël qui la reçoit… pour Jérusalem pécheresse et désormais pardonnée… mais – ne riez pas des délires d’une mère – quand je dis : “ Remercie dignement le Seigneur et bénis le Roi des siècles pour qu’en toi son Temple soit rebâti dans la joie ”, je pense que celui qui rebâtira à Jérusalem le Temple du vrai Dieu sera cet être sur le point de naître… Et je pense encore que ce n’est plus de la Cité sainte, mais de mon enfant que le destin a prophétisé quand le cantique dit : “ Tu brilleras d’une vive lumière, tous les peuples de la terre se prosterneront devant toi, les nations viendront vers toi et t’apporteront des présents, ils adoreront en toi le Seigneur et considèreront ta terre comme sainte parce que, en toi, elles invoqueront le saint Nom. ” “ Alors tu exulteras et tu te réjouiras sur les fils des justes, car ils seront tous rassemblés et ils béniront le Seigneur des siècles. Bienheureux ceux qui t’aiment ! Heureux ceux qui se réjouiront de ta paix ! ” »

A ces mots, Anne change de couleur et resplendit comme un être éclairé par la lune puis par un grand feu et vice-versa. De douces larmes coulent sur ses joues, mais elle ne s’en rend même pas compte et sourit, tout à sa joie. Tout en parlant, elle se dirige vers la maison entre son époux et sa parente, qui l’écoutent en silence, gagnés par l’émotion.

5.3

Ils se hâtent, car les nuages, poussés par un vent violent, courent et s’accumulent dans le ciel ; la plaine s’assombrit et frissonne, annonçant l’orage. A peine sont-ils arrivés au seuil de la maison qu’un premier éclair bleuâtre déchire le ciel ; le grondement d’un premier coup de tonnerre rappelle le roulement d’une grosse caisse qui se mêle aux arpèges des premières gouttes sur les feuilles brûlées.

Tout le monde rentre et Anne se retire pendant que, sur le seuil, Joachim, rejoint par ses serviteurs, parle de cette eau tant attendue, qui est bénédiction pour la terre desséchée. Mais la joie fait place à la crainte parce qu’un orage d’une violence inouïe survient, accompagné d’éclairs et de nuages chargés de grêle.

« Si le nuage éclate, le raisin et les olives seront broyés comme sous la meule. Pauvres de nous ! »

Mais une autre angoisse saisit ensuite Joachim, cette fois pour son épouse pour qui le moment est venu de mettre son enfant au monde. Sa parente a beau l’assurer qu’Anne ne souffre pas du tout, il reste anxieux. Chaque fois que sa parente ou quelque autre femme – au nombre desquelles la mère d’Alphée – sortent de la chambre d’Anne pour y retourner avec de l’eau chaude, des bassins et des linges séchés au feu, qui crépite joyeusement sur le foyer central d’une grande cuisine, Joachim leur demande des nouvelles ; mais quoi qu’elles disent pour le rassurer, il ne se tranquillise pas. Même le fait qu’Anne ne crie pas le préoccupe : « Je suis un homme, dit-il, et je n’ai jamais assisté à un accouchement. Mais je me souviens avoir entendu dire que l’absence de douleurs est mauvais signe… »

Le jour baisse plus tôt que d’habitude à cause de la tempête, qui est d’une violence extraordinaire : torrents d’eau, vent, éclairs, il y a de tout, hormis la grêle qui est allée s’abattre ailleurs.

Un des serviteurs remarque cette violence et déclare :

« On dirait que Satan est sorti de la Géhenne avec ses démons. Regarde ces nuages noirs ! Sens l’odeur de soufre de l’air, écoute ces sifflements sinistres, ces cris de lamentation et de malédiction. Si c’est bien lui, il est furieux ce soir ! »

L’autre serviteur rit et répond :

« Une grande proie lui aura échappé, ou bien Michel l’aura frappé d’un nouveau coup de foudre de Dieu et il en a les cornes et la queue coupées et brûlées. »

Une femme passe en courant et s’écrie :

« Joachim ! Il va naître ! Tout a été facile et heureux ! », et elle disparaît avec une petite amphore dans les mains.

5.4

L’orage tombe brusquement, après un dernier coup de foudre si violent qu’il jette les trois hommes contre les murs ; et sur le devant de la maison, il laisse en souvenir un trou noir et fumant dans le sol du jardin. Cependant un vagissement traverse la porte d’Anne, pareil à la plainte d’une tourterelle qui, pour la pre­mière fois, ne piaille plus mais roucoule. Au même moment, un immense arc-en-ciel se déploie en demi-cercle sur toute la voûte céleste. Il sort ou du moins paraît sortir du sommet de l’Hermon qui, sous la caresse du soleil, semble d’une couleur d’albâtre d’un blanc rosé des plus délicats. Il s’élève au plus haut d’un ciel de septembre très clair, traverse des étendues vierges de toute impureté, survole les collines de Galilée et la plaine qui apparaît au sud entre deux figuiers, puis encore un autre mont, et paraît poser son extrémité au bout de l’horizon, là où une chaîne de montagnes abruptes bouche la vue.

« Quel spectacle inouï !

– Regardez, regardez !

– Il semble encercler toute la terre d’Israël, mais voyez, voilà une étoile alors que le soleil n’est pas encore disparu. Et quelle étoile ! Elle brille comme un énorme diamant !

– Et là, c’est la pleine lune alors qu’il manque encore trois jours pour y arriver. Mais, regardez, quelle splendeur ! »

5.5

Les femmes surviennent, toutes joyeuses, tenant un poupon rose dans des linges blancs.

C’est Marie, la Mère de Jésus ! Une Marie toute petite qui pourrait dormir dans les bras d’un enfant, une Marie pas plus longue que le bras, une petite tête d’ivoire teinté de rose pâle et des lèvres rouges qui déjà ne pleurent plus, mais tentent instinctivement de téter, si petites qu’on ne voit pas comment elles pourront saisir l’extrémité du sein, un petit bout de nez entre deux bonnes joues bien rondes ; et quand on la chatouille pour lui faire ouvrir les yeux, deux morceaux de ciel apparaissent, deux points bleus et innocents qui regardent sans voir, entre de fins cils d’un blond presque rose à force d’être blond. Sur sa petite tête ronde, les cheveux eux-mêmes ont la teinte rose-blond de certains miels ambrés.

Pour oreilles, deux petites coquilles roses et transpa­rentes, parfaites. Et comme mains… qu’est-ce que ces deux petites choses qui s’agitent en l’air puis vont à la bouche ? Fermées, comme en ce moment, elles ressemblent à deux boutons d’églantine qui ont fendu les sépales verts et présentent leur soie de rose pâle ; ouvertes, comme maintenant, on dirait deux joyaux d’ivoire ou d’albâtre à peine rosés, avec cinq ongles grenat clair. Comment feront donc ces mains pour essuyer tant de larmes ?

Quant aux pieds… où sont-ils ? Pour l’instant, ce ne sont que deux petits petons cachés dans les langes. Mais voilà que la parente s’assied et les découvre… Oh, les petits pieds ! Ils ont quatre centimètres de long, leur plante est une coquille couleur de corail, le dessus en est une autre couleur de neige veinée de bleu, les orteils sont des chefs-d’œuvre de sculpture lillipu­tienne, couronnés eux aussi de petites écailles grenat clair. Comment trouvera-t-on des sandalettes quand ces pieds de poupée feront leurs premiers pas ? Comment se tenir debout sur de si petits pieds ? Et comment permettront-ils de faire un chemin si rude et de soutenir une telle douleur sous une croix ?

Mais aujourd’hui, on l’ignore encore, et on rit, on sourit en regardant s’agiter et gigoter de belles jambettes bien tournées, des cuisses minuscules potelées au point de faire des fossettes et des replis, un petit ventre, une nuque renversée en arrière, un petit thorax parfait. Sous la soie blanche, on voit le mouvement de la respiration et si, comme l’heureux père le fait maintenant, on y pose la bouche pour faire un bisou, on entend sûrement y battre un petit cœur…, le plus beau que la terre ait porté au cours des siècles, l’unique cœur humain immaculé.

Et le dos ? On la retourne, et on peut voir la courbure de ses reins, puis ses épaules potelées et sa nuque rose ; elle a déjà de la force car voilà que la petite tête se lève sur l’arc des minuscules vertèbres : on dirait la tête d’un oiseau qui scrute le monde nouveau qu’il découvre ; elle pousse un petit cri pour protester qu’on la montre ainsi aux yeux de plusieurs personnes, elle, la toute-pure et chaste, elle qu’aucun homme ne verra plus jamais nue, la toute vierge, sainte et immaculée. Recouvrez, recouvrez ce bouton de lys qui ne s’ouvrira jamais sur terre, mais qui produira une Fleur plus belle encore qu’elle, tout en restant bourgeon. Ce n’est qu’au Ciel que le lys du Dieu trine ouvrira tous ses pétales car il n’existe plus, là-haut, aucune poussière de faute susceptible de profaner involontairement cette pureté. Car il faudra accueillir là-haut, à la vue du Ciel entier, le Dieu trine qui, dans quelques années à peine, habitera en elle, Père, Fils et Epoux.

La voilà de nouveau enveloppée de linges et dans les bras de son père de la terre, à qui elle ressemble. Pas maintenant. Pour le moment, elle n’est qu’une ébauche d’être humain. Je veux dire qu’elle lui ressemblera une fois devenue femme. Elle n’a rien de sa mère. De son père, elle tient la couleur de la peau et des yeux, et sûrement aussi des cheveux qui, s’ils sont blancs aujourd’hui, devraient être blonds, comme l’indiquent les sourcils. Elle a les traits de son père, en plus parfait et plus fin puisqu’elle est femme, et cette femme-là. Elle en a encore le sourire, le regard, les gestes et la taille. En pensant à Jésus, comme je le vois, je trouve qu’Anne a donné sa taille à son petit-fils ainsi que son teint plus ivoire foncé. En revanche, si Marie n’a pas la prestance d’Anne – un grand palmier souple –, elle a la grâce de son père.

5.6

Les femmes, qui parlent encore de l’orage et du prodige de la lune, de l’étoile, de l’immense arc-en-ciel, entrent avec Joachim dans la chambre de l’heureuse mère et lui rendent son bébé.

Anne sourit à ses pensées :

« C’est l’étoile, dit-elle. Son signe est dans le ciel. Marie, arc-en-ciel de paix ! Marie, mon étoile ! Marie, lune pure ! Marie, notre perle !

– Tu l’appelles Marie ?

– Oui. Marie, étoile, perle, lumière, paix…

– Mais ce nom veut aussi dire amertume… Tu n’as pas peur que cela lui porte malheur ?

– Dieu est avec elle. Elle est à lui avant même d’exister. Il la conduira sur ses sentiers et toute amertume se changera en miel paradisiaque. Maintenant, tu es chez ta maman… dans peu de temps, tu seras toute à Dieu. »

Et la vision s’achève sur le premier sommeil d’Anne mère et de Marie son enfant.

Le 27 août 1944.

5.7

Jésus dit :

« Hâte-toi de te lever, ma petite amie. Je désire ardemment t’emmener avec moi dans l’azur paradisiaque de la contemplation de la virginité de Marie. Tu en sortiras l’âme aussi fraîche que si tu venais toi aussi d’être créée par le Père, telle une petite Eve qui n’a pas encore connu la chair. Tu en sortiras l’âme illuminée, parce que tu vas être plongée dans la contemplation du chef-d’œuvre de Dieu. Quand tu en sortiras, tout ton être sera débordant d’amour, car tu auras compris à quel point Dieu sait aimer. Parler de la conception de Marie, l’Immaculée, cela signifie se plonger dans l’azur, dans la lumière, dans l’amour.

5.8

Viens et lis[2] les gloires de Marie dans le livre de l’Ancêtre :

“ Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre, avant la création. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources aux eaux abondantes ; avant que fussent implantées les montagnes, avant les collines, je fus enfantée ; avant qu’il eût fait la terre et la campagne et les premiers éléments du monde. Quand il affermit les cieux, j’étais là, quand il traça un cercle à la surface de l’abîme, quand il condensa les nuées d’en haut, quand se gonflèrent les sources de l’abîme, quand il assigna ses limites à la mer – et les eaux n’en franchiront pas le bord – quand il traça les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre, je faisais ses délices jour après jour, m’ébattant tout le temps en sa présence, m’ébattant à la surface de la terre… ” Vous avez appliqué ces paroles à la Sagesse, mais elles parlent d’elle : la Mère toute belle, toute sainte, la Vierge Mère de la Sagesse que je suis, moi qui te parle.

5.9

J’ai voulu que tu écrives le premier vers de cette hymne en tête du livre qui traite d’elle pour que l’on reconnaisse et que l’on sache la consolation et la joie de Dieu, la raison de la joie constante, parfaite et intime de ce Dieu un et trine qui vous gouverne et à qui l’homme a donné tant de motifs de tristesse, la raison pour laquelle il a perpétué la race humaine alors que, à la première épreuve[3], elle méritait la destruction, la raison enfin du pardon que vous avez obtenu.

Avoir Marie pour en être aimé : cela valait bien la peine de créer l’homme, de le laisser vivre, de décréter qu’il lui serait pardonné, pour avoir la Vierge toute belle, toute sainte, la Vierge immaculée, pleine d’amour, la Fille bien-aimée, la Mère très pure, l’Epouse aimante ! Dieu vous a donné et vous aurait donné encore davantage pour posséder la créature qui fait ses délices, le soleil de son cœur, la fleur de son jardin. Et il continue à vous donner beaucoup par elle, à sa demande, pour faire sa joie, car sa joie se déverse dans la joie de Dieu et l’augmente de lueurs qui font étinceler la lumière, la grande lumière du paradis ; or toute étincelle est une grâce pour l’univers, pour l’espèce humaine et pour les bienheureux qui répondent par un alléluia étincelant à chaque miracle de Dieu, suscité par le désir du Dieu trine de voir l’étincelant sourire de joie de la Vierge.

5.10

Dieu a voulu donner un roi à l’univers qu’il avait tiré du néant. Un roi qui soit le premier de nature matérielle de toutes les créatures sorties de la matière et elles-mêmes matérielles. Un roi qui, de par sa nature spirituelle, soit à peine moins qu’un Dieu, uni à la grâce comme il l’était à son premier jour, encore tout innocent. Mais l’Intelligence suprême connaît tous les événements les plus éloignés dans l’étendue des siècles et elle ne cesse de voir tout ce qui était, est et sera. Tout en contemplant le passé et en observant le présent, elle plonge son regard dans l’avenir le plus lointain et n’ignore pas quelle sera la mort du dernier homme, tout cela sans confusion ni discontinuité. Elle n’a donc jamais ignoré que le roi qu’elle avait créé pour être semi-divin à ses côtés au ciel, héritier du Père, parviendrait à son Royaume à l’âge adulte après avoir vécu dans la maison de sa mère – la terre dont il a été formé – durant son enfance de fils de l’Eternel pendant son séjour sur terre, et elle n’a pas ignoré qu’il allait commettre contre lui-même le crime de tuer en lui la grâce et le vol de se dérober au ciel.

Dans ce cas, pourquoi l’avoir créé ? Certes, beaucoup se le demandent. Auriez-vous préféré ne pas exister ? Même si ce séjour sur terre est pauvre, nu et rendu rude par votre méchanceté, ne mérite-t-il pas d’être vécu pour connaître et admirer l’infinie beauté que la main de Dieu a semée dans l’univers ?

Pour qui aurait-il formé ces astres et ces planètes qui strient la voûte du firmament à la vitesse des flèches ou se déplacent avec une lenteur apparente mais majestueuse dans leur course de bolides, vous offrant lumières et saisons ? Eternels, immuables et pourtant toujours changeants, ils vous offrent une nouvelle page à lire sur le ciel chaque soir, chaque mois, chaque année, comme s’ils voulaient vous dire : “ Oubliez votre prison, laissez de côté vos publications pleines de noirceurs, de pourriture, de saletés, de poisons, de mensonges, de blasphèmes, de corruption, et élevez-vous, ne serait-ce que du regard, vers l’infinie liberté des cieux ; faites-vous une âme d’azur en regardant tant de sérénité, faites-vous une réserve de lumière à emporter dans vos sombres cachots ; lisez la parole que nous écrivons en chantant notre chœur sidéral, plus harmonieux que la musique des orgues d’une cathédrale, la parole qu’écrit notre splendeur, la parole qu’écrit notre amour ; car celui qui nous a donné la joie d’exister nous est toujours présent, et nous l’aimons pour nous avoir donné cette existence, cet éclat, ce mouvement, cette liberté et cette beauté au milieu de cet azur tout de douceur au-delà duquel nous apercevons un azur encore plus sublime, le paradis. Nous réalisons la seconde partie de son commandement d’amour en vous aimant, vous, notre prochain universel, et ce en vous offrant direction et lumière, chaleur et beauté. Lisez notre parole, c’est elle qui inspire notre chant, notre splendeur, notre joie : Dieu.

Pour qui aurait-il fait cet azur liquide, miroir du Ciel, chemin vers la terre, sourire des eaux, voix des flots, parole elle aussi qui, par son bruissement de soie, par ces rires d’enfants paisibles, par ces soupirs des vieillards qui se souviennent et pleurent, par ces gifles de violence, par ces chocs, par ces mugissements et grondements, ne cesse de parler et de dire : “ Dieu ” ? C’est pour vous que la mer existe, tout comme le ciel et les astres et, avec la mer, les lacs et les fleuves, les étangs et les ruisseaux, ou encore les sources pures, qui servent tous à vous porter, à vous nourrir, à vous désaltérer et à vous purifier, et qui vous servent en servant le Créateur, sans sortir de leur lit pour vous submerger comme vous le méritez.

Pour qui aurait-il formé les innombrables familles d’animaux ? Ce sont autant de fleurs qui volent en chantant, de serviteurs qui courent et travaillent pour vous, qui vous nourrissent et vous divertissent, vous, les rois de la création.

Pour qui aurait-il créé les innombrables familles de plantes et de fleurs qui ressemblent à des papillons, des joyaux ou des oiseaux immobiles, les fruits qui ont l’air de bijoux et d’écrins de joyaux, ou encore qui servent de tapis à vos pieds, d’abri pour vos têtes, de distraction, d’instrument, de joie pour l’esprit, pour les membres, la vue et l’odorat ? Pour qui aurait-il créé les minéraux dans les profondeurs du sol, les sels dissous dans les sources froides ou bouil­lantes, le soufre, l’iode, le brome si ce n’est pour en faire profiter une personne qui n’est pas Dieu, mais enfant de Dieu, un être unique, l’homme ?

Dieu n’avait besoin de rien, rien n’était nécessaire à sa joie. Il se suffit à lui-même. Sa contemplation fait sa béatitude, sa nourriture, sa vie et son repos. Toute la création n’a pas augmenté d’un atome son infini de joie, de beauté, de vie, de puissance. Tout cela, il l’a fait pour la créature qu’il a voulu établir roi de sa création : l’homme.

Pour voir tant d’œuvres de Dieu et par gratitude pour la puissance qu’il vous donne, cela vaut la peine de vivre. Vous devez lui être reconnaissants pour votre vie. Vous auriez dû l’être même si vous n’aviez été rachetés qu’à la fin des temps ; car, bien qu’ayant été dans les premiers et que vous soyez encore, individuellement, voleurs, orgueilleux, attirés par la luxure, homicides, Dieu vous accorde encore de jouir de la beauté de l’univers, et il vous traite comme si vous étiez bons, de bons fils à qui on enseigne et accorde tout pour leur rendre la vie plus douce et plus saine. Tout ce que vous savez de bien, vous le savez grâce aux lumières de Dieu. Tout ce que vous découvrez de bien, c’est sur les indications de Dieu. Vos autres connaissances et découvertes, qui portent le signe du mal, proviennent du Mal suprême : Satan.

5.11

L’Intelligence suprême, qui n’ignore rien, savait dès avant l’existence de l’homme qu’il allait être, de son plein gré, voleur et homicide. Et comme la Bonté éternelle ne connaît pas de limites, c’est dès avant la faute qu’elle pensa au moyen de l’effacer. Ce moyen, c’est moi. L’instrument pour faire de ce moyen un instrument efficace, c’est Marie. Et la Vierge fut créée dans la Pensée sublime de Dieu.

5.12

Tout fut créé pour moi, le Fils bien-aimé du Père. Comme roi, j’aurais dû avoir sous mes pieds de Roi divin des tapis et des joyaux comme aucun palais n’en eut jamais, ainsi que des chants, des voix, des serviteurs et des ministres pour m’entourer comme aucun souverain n’en eut jamais, et encore des fleurs et des bijoux, tout ce qu’il y a de plus sublime, de plus grandiose, de plus gracieux, de plus délicat que l’on puisse tirer de la Pensée de Dieu.

Mais je devais être chair et pas seulement esprit : chair pour sauver la chair, chair pour la sublimer en la portant au Ciel bien des siècles avant l’heure. En effet, la chair habitée par l’esprit est le chef-d’œuvre de Dieu, et c’est pour elle que le Ciel avait été créé. Or, pour être chair, j’avais besoin d’une mère. Pour être Dieu, j’avais besoin d’un père qui soit Dieu.

Voilà pourquoi Dieu créa son Epouse et lui dit : “ Viens avec moi. A mes côtés, vois tout ce que je fais pour notre Fils. Regarde et réjouis-toi, éternelle Vierge, éternelle Enfant, et que ton sou­rire emplisse le Ciel, qu’il donne le ton aux anges, qu’il enseigne au paradis l’harmonie céleste. Je te regarde, et je te vois telle que tu seras, toi la Femme immaculée qui n’es pour l’instant qu’esprit, l’esprit en qui je me complais. Je te regarde, et je donne le bleu de tes yeux à la mer et au firmament, la couleur de tes cheveux au grain saint, ta blancheur au lys et le rose de ton teint soyeux à la rose ; pour faire les perles, je copie tes petites dents, je crée les douces fraises en regardant ta bouche ; je donne les notes de ton chant au gosier du rossignol et ta plainte à la tourterelle. C’est en lisant tes futures pensées et en écoutant les battements de ton cœur que je trouve le modèle qui guide la création. Viens, ma Joie, que les mondes te servent d’amusement jusqu’à ce que tu sois lumière dansante dans ma Pensée ; voilà les mondes pour ton sourire, prends les étoiles pour couronne et les astres pour colliers, mets la lune sous tes pieds gracieux, fais-toi une éc­harpe des étoiles de la Voie lactée. Les étoiles et les planètes te sont destinées. Viens te réjouir à la vue des fleurs qui amuseront ton Enfant et serviront d’oreiller au Fils de ton sein. Viens assister à la création des brebis et des agneaux, des aigles et des colombes. Sois à mes côtés pendant que je fais les bassins des mers et des fleuves et que j’élève les montagnes et les recouvre de neige et de forêts, pendant que je sème les blés, les arbres et les vignes, et aussi l’olivier pour toi, ma Pacifique, et la vigne pour toi, mon Sarment qui portera la Grappe eucharistique. Accours, vole, jubile, ma toute-belle ; toi qui es la Femme aimante, apprends à l’univers, qui se crée d’heure en heure, à m’aimer ; Mère de mon Fils, Reine de mon paradis, Amour de ton Dieu, que ton sourire le rende plus beau. ”

A la vue de l’Erreur et dans l’admiration de celle qui est sans erreur, il lui dit encore : “ Viens à moi, toi qui effaces l’amertume de la désobéissance humaine, de la fornication des hommes avec Satan, de l’ingratitude humaine. Par toi, je prendrai ma re­vanche sur Satan. ”

5.13

Dieu, le Père créateur, avait créé l’homme et la femme avec une loi d’amour si parfaite que vous ne pouvez même plus en comprendre les perfections. Et vous faites erreur quand vous pensez à ce qu’aurait été l’espèce humaine si l’homme ne l’avait pas soumise à l’enseignement de Satan.

Observez les plantes : obtiennent-elles leurs fruits et leurs semences par fornication, à la suite d’une seule fécondation sur cent unions ? Non. La fleur mâle produit le pollen et celui-ci, dirigé par un ensemble de lois météoriques et magnétiques, parvient à l’o­vaire de la fleur femelle. Cette dernière s’ouvre, le reçoit et produit du fruit. Elle ne se souille pas en le refusant ensuite, comme vous le faites, pour éprouver la même sensation le lendemain. Elle produit du fruit et ne fleurit plus jusqu’à la prochaine saison, et quand elle fleurit, c’est en vue de la reproduction.

Voyez les animaux, tous les animaux. Avez-vous jamais vu un mâle et une femelle aller l’un vers l’autre pour une étreinte stérile et une relation impure ? Non. De près ou de loin, en volant ou en rampant, en sautant ou en courant, ils accomplissent, le moment venu, le rite de la fécondation sans s’y soustraire en s’arrêtant à la jouissance, mais ils vont jusqu’aux conséquences sérieuses et saintes de la perpétuation de la race, qui en est l’unique but. L’homme, ce demi-dieu par son origine de grâce que je lui ai accordée en plénitude, devrait accepter dans ce seul but l’acte animal rendu nécessaire depuis que vous êtes descendus d’un degré dans l’ordre de l’animalité.

Mais vous n’agissez pas comme les plantes et les animaux. Vous avez eu Satan pour maître, vous avez voulu qu’il le soit et vous le voulez encore. Et vos actes sont dignes du maître que vous vous êtes choisi. Si vous étiez restés fidèles à Dieu, vous auriez connu la joie d’avoir des enfants saintement, sans douleur, sans vous livrer à des unions obscènes, indignes, qu’ignorent les animaux eux-mêmes, les animaux sans âme raisonnable et spirituelle.

A l’homme et à la femme pervertis par Satan, Dieu a voulu opposer l’Homme né d’une Femme sublimée par Dieu au point d’engendrer sans avoir connu d’homme : c’est une fleur qui engendre une Fleur sans avoir besoin de semence, mais sous l’effet d’un unique baiser du Soleil sur le calice inviolé du Lys, c’est-à-dire de Marie.

5.14

Voilà la revanche de Dieu !

Crache ta rage, Satan, pendant qu’elle naît. Cette petite fille t’a vaincu ! Avant même d’être le Rebelle, le Tortueux, le Corrupteur, tu étais déjà le Vaincu et elle, la Victorieuse. Mille armées rangées en ordre de bataille ne peuvent rien contre ta puissance, les armes tombent des mains des hommes contre tes écailles, ô perpétuel corrupteur, et il n’est pas de vent assez fort pour dissiper la puanteur de ton souffle. Et pourtant ce talon d’enfant, rose à en paraître l’intérieur d’un camélia rosé, si lisse et tendre que la soie paraît rugueuse en comparaison, si petit qu’il pourrait entrer dans la corolle d’une tulipe et se faire de ce satin végétal une chaussure, voilà qu’il t’écrase sans crainte et t’enferme dans ton antre. Ses vagissements suffisent à te mettre en fuite, toi qui ne crains aucune armée, et son haleine purifie le monde de ta pestilence. Tu es vaincu. Son nom, son regard, sa pureté sont autant de lances, d’éclairs et de pierres qui te transpercent, te terrassent, t’emprisonnent dans ta tanière infernale, ô Maudit qui as enlevé à Dieu la joie d’être le Père de tous les hommes créés !

Désormais, c’est en vain que tu les as corrompus, eux qui avaient été créés innocents, en les poussant à s’unir et à concevoir selon les détours de la luxure, privant ainsi Dieu, dans sa créature bien-aimée, de leur accorder des enfants selon des règles qui, si elles avaient été respectées, auraient maintenu sur la terre l’équilibre des sexes et des races capable d’éviter les guerres entre les peuples et les malheurs dans les familles.

S’ils avaient obéi, ils n’en auraient pas moins connu l’amour. Mieux, c’est seulement par leur obéissance qu’ils auraient connu l’amour ; ils l’auraient reçu par une possession pleine et tranquille de cette émanation de Dieu qui descend du surnaturel au naturel, pour que la chair en éprouve, elle aussi, une sainte joie, elle qui est unie à l’âme et créée par le même Dieu qui a créé l’âme.

Or votre amour, ô hommes, vos amours, que sont-ils ? Ils sont soit luxure qui prend les apparences de l’amour, soit peur incurable de perdre l’amour de votre conjoint à cause de sa dé­bauche propre et de celle d’autrui. Depuis que la luxure est entrée dans le monde, vous n’avez plus aucune certitude de posséder le cœur de votre conjoint. Vous tremblez, pleurez, devenez fous de jalousie, vous allez parfois jusqu’au meurtre pour vous venger d’une trahison, ou encore vous tombez dans le désespoir, frappés d’aboulie ou de démence.

Voilà, Satan, ce que tu as fait aux enfants de Dieu. Si tu ne les avais corrompus, ils auraient connu la joie d’enfanter sans douleur, la joie d’être nés sans redouter la mort. Or te voici désormais vaincu dans une Femme et par la Femme. Dès lors, ceux qui l’aimeront retourneront à Dieu et surmonteront tes tentations pour pouvoir contempler sa pureté immaculée. Dès lors, ne pouvant enfanter sans douleur, les mères trouveront en elle un réconfort. Dès lors, les épouses auront en elle un guide et les mourants une mère, de sorte qu’il leur sera doux de mourir sur ce sein qui les protègera de toi, Maudit, et du jugement de Dieu.

Maria, ma petite voix, tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au Ciel de la Vierge. Tu as donc vu que les personnes sans faute ne connaissent ni la souffrance de donner le jour ni celle de mourir. Mais si la perfection des dons cé­lestes fut réservée à la plus innocente de toutes, à la Mère de Dieu, l’enfantement sans douleur et la mort sans angoisse auraient été le lot de tous les descendants des premiers parents qui seraient restés innocents et enfants de Dieu, comme cela était juste, pour avoir su s’unir et concevoir sans luxure.

La sublime revanche de Dieu sur la vengeance de Satan fut de porter la perfection de la créature bien-aimée à une perfection plus haute encore qui, dans une créature au moins, a effacé tout souvenir d’humanité susceptible de céder au poison de Satan. C’est ainsi que le Fils vint au monde non à la suite d’une chaste union humaine, mais par une étreinte divine qui transfigure l’âme dans l’extase du Feu.

5.15

La virginité de la Vierge !

Viens. Médite sur la profondeur de cette virginité dont la contemplation donne le vertige ! Qu’est-ce que la pauvre virginité forcée de la femme qu’aucun homme n’épouse ? Moins que rien. Qu’est-ce que la virginité de la femme qui désire être vierge pour appartenir à Dieu, mais ne sait l’être que de corps et non d’âme, en qui elle laisse pénétrer bien des pensées étrangères, caresse des pensées humaines et en accepte les caresses ? Cela commence à être un soupçon de virginité, mais c’est bien peu de chose encore. Qu’est-ce que la virginité d’une femme cloîtrée qui vit de Dieu seul ? Beaucoup. Mais ce n’est toujours pas une virginité parfaite en comparaison de celle de ma Mère.

Il y a toujours une connivence, même chez les plus saints : c’est la connivence originelle de l’âme avec le péché, celle dont le baptême libère. Il en libère, certes, mais de même qu’une femme séparée de son époux par la mort ne retrouve pas sa virginité totale, le baptême ne rend pas celle de nos premiers parents avant le péché originel. Une cicatrice demeure, douloureuse, toujours prête à se rappeler à notre souvenir, telle une plaie qui se rouvre, à l’instar de certaines maladies dont les virus redeviennent périodiquement actifs. Chez la Vierge, il n’y a pas trace de connivence avec la faute dont elle se serait libérée. Son âme se révèle aussi belle et intacte que lorsque le Père la pensa, réunissant en elle toutes les grâces.

Elle est la Vierge, unique, parfaite, complète. C’est ainsi qu’elle a été pensée, engendrée, qu’elle est restée ; c’est ainsi qu’elle est couronnée et demeure éternellement. Elle est La Vierge. Elle est le sommet de l’intangibilité, de la pureté, de la grâce la plus parfaite.

Voilà quelle est la revanche du Dieu un et trine. A l’encontre des créatures profanées, il suscite cette Etoile de perfection. Contre la curiosité malsaine, il suscite cette femme réservée qui se satisfait du seul amour de Dieu. Contre la science du mal, il suscite cette ignorante sublime. Elle n’ignore pas seulement l’amour avili, pas seulement l’amour que Dieu avait accordé aux époux. Bien plus : elle en ignore jusqu’aux élans, cet héritage du péché. Il ne se trouve en elle rien d’autre que la sagesse glacée et incandescente de l’Amour divin, ce feu qui revêt la chair d’une cuirasse de glace pour en faire un miroir transparent à l’autel où un Dieu épouse une vierge sans s’avilir, parce que sa perfection enveloppe celle qui, comme il convient à une épouse, est d’un degré seulement inférieure à l’Epoux, soumise à lui en tant que femme, mais comme lui sans tache. »

5.1

Vejo Ana sair no pomar. Apóia-se ao braço provavelmente de uma parente, porque se assemelha a ela. Está muito volumosa e parece afadigada talvez pelo afã, parecido com o que eu sinto agora.

Embora o pomar esteja na sombra, o ar ali está quente, pesado. Um ar que se poderia cortar como uma massa mole e quente, de tão denso, sob um impiedoso céu de um azul embaçado pela poeira suspensa nos espaços. Faz tempo que deve ter havido estiagem, porque a terra, onde não é irrigada, está literalmente reduzida a uma poeira finíssima, quase branca. De um branco levemente tendente a um rosa-escuro, mais para o marrom ao pé das plantas ou ao longo dos breves canteiros, onde banhadas crescem fileiras de hortaliças, em torno aos roseirais, aos jasmineiros, outras flores, que estão ao lado de uma parreira bonita cortando pela metade o jardim, até ao início dos campos, despojados de gramináceas. Também a relva do prado, assinalando o fim da propriedade, está chamuscada e rala. Só às margens dela, onde há uma cerca de espinheiro-alvar selvagem, marcado pelos rubis dos pequenos frutos, a grama é mais verde e espessa. Alí estão as ovelhinhas com um pequeno pastor, à procura de pasto e de sombra.

Joaquim está ao redor das fileiras e das oliveiras. Com ele há dois homens que o ajudam. Mesmo ancião, Joaquim é agil e trabalha com gosto. Estão abrindo pequenos cercados nos limites de um campo, para dar água às plantas sequiosas. A água abre um caminho borbulhando entre a relva e a terra abrasada, e se estende em anéis, que por um momento parecem de um cristal amarelado e depois são só anéis escuros de terra úmida, em torno aos sarmentos e as oliveiras sobrecarregadas.

Ana lentamente vai na direção de Joaquim que quando a vê se apressa a encontrá-la andando pela parreira sombreada, sob a qual abelhas de ouro zumbem ávidas do açúcar dos grãos de uva branca.

– Chegastes até aqui?

– A casa está quente como um forno.

– E tu sofres.

– O único sofrimento é desta minha última hora de grávida. O sofrimento de todos, homens e animais. Não te acalores demais, Joaquim.

– A água, que esperamos faz tempo e que de três dias para cá parecia bem próxima, ainda não veio, e o campo queima. É bom para nós que temos a nascente próxima e é muito rica de águas. Abri os canais. Um pouco de refrigério para as plantas, que têm as folhas murchas e cobertas de poeira. Mas é suficiente só para mantê-las vivas. Se chovesse!…

Joaquim, com a ânsia de todos os agricultores, perscruta o céu, enquanto Ana, cansada, se abana com um leque que parece feito com uma folha seca de palma, entrelaçada com fios multicolores que a tornam rígida.

A parente diz:

– Lá, além do grande Hermon, surgem nuvens velozes. Vento do norte. Refrescará e talvez trará água.

– São três dias que se levanta e depois cai com o surgir da lua. Será ainda assim.

Joaquim está desanimado.

– Voltemos para casa. Aqui também não se respira, e depois penso que seja bom voltarmos… –diz Ana, que parece ainda mais olivácea por causa de uma palidez que lhe veio sobre o rosto.

5.2

– Sofres?

– Não. Mas sinto aquela grande paz que senti no Templo quando me foi dada a graça e que senti ainda quando soube que seria mãe. É como um êxtase. Um doce sono do corpo, enquanto o espírito jubila e se aplaca em uma paz sem comparação humana. Eu te amei, Joaquim, e quando entrei na tua casa e disse a mim mesma: “Sou esposa de um justo”, tive paz, e assim todas as vezes que o teu amor providencial cuidou da tua Ana. Mas esta paz é diferente. Veja, eu creio que é uma paz como aquela que devia invadir, como óleo que se expande e suaviza o espírito de Jacó, nosso pai, depois do seu sonh­o[1] de anjos; e, melhor ainda, semelhante à paz jubilosa dos Tobias depois que Rafael se manifestou a eles. Se me abandono a apreciá-la, ela sempre cresce mais. É como se eu subisse pelos espaços azuis do céu… e, não sei por que, desde que eu tenho em mim esta alegria pacífica, eu tenho um cântico no coração, aquele do velho Tobias. Parece-me que tenha sido escrito para esta hora… para esta alegria… para a terra de Israel que a recebe… para a Jerusalém pecadora e agora perdoada… mas, não rides dos delírios de uma mãe, quando digo: “Agradece o Senhor pelos teus bens e glorifica o Deus dos séculos, a fim de que reedifiques em ti o seu Tabernáculo”, eu penso que aquele que reedificará em Jerusalém o Tabernáculo do Deus verdadeiro será este que está para nascer; penso ainda que não mais do que a Cidade santa, mas pela minha criança seja profetizado o destino quando o cântico diz: “Tu brilharás com uma luz esplêndida, todos os povos da terra se prostrarão a ti, as nações virão a ti trazendo presentes, em ti adorarão o Senhor e julgarão santa a tua terra, porque dentro de ti invocarão o Grande Nome.” “Tu serás feliz nos teus filhos, porque todos serão abençoados e se reunirão ao lado do Senho­r. Bem-aventurados aqueles que te amam e regozijam tua paz!…”; e a primeira a regozijar sou eu, a sua mãe bem-aventurada…

Ana empalidece e se inflama como algo trazido pela luz lunar a um grande fogo e vice-versa, ao dizer estas palavras. Doces lágrimas descem sobre suas faces e ela nem as percebe, sorrindo de alegria. E assim vai em direção à casa, entre o esposo e a parente, que a escutam e calam-se comovidos.

5.3

Apressam-se porque as nuvens, impelidas por um vento forte galopam e crescem pelo céu, e a planície torna-se escura e estremece por um aviso de temporal. Quando alcançam à soleira da casa, um primeiro relâmpago lívido sulca o céu e o barulho do primeiro trovão parece o rufar de um enorme tambor que se mistura ao harpejo dos primeiros pingos sobre as folhas secas.

Entram todos e Ana se retira, enquanto Joaquim, alcançado pelos criados, fala, da porta, desta longa espera pela água, que é uma bênção para a terra sedenta. Mas a alegria se transforma em temor, porque vem um temporal violentíssimo com raios e nuvens carregadas de granizo.

– Se a nuvem rompe, a uva e as oliveiras serão esmagadas como pela moenda. Pobres de nós!

Joaquim tem uma outra ansiedade: pela esposa para a qual chegou a hora de dar à luz o seu filho. A parente o tranqüiliza que Ana não sofre absolutamente nada. Mas ele está ansioso; cada vez que a parente ou outras mulheres, entre as quais a mãe de Alfeu, saem do quarto de Ana para depois voltarem com água quente e bacias e linhos enxutos junto ao fogo da lareira central numa cozinha ampla, Joaquim pergunta algo, não se acalmando com as respostas. Também a ausência de gritos de Ana o preocupa. Diz:

– Eu sou homem e nunca vi um parto. Mas lembro-me de ter ouvido dizer que a ausência de dores é fatal…

Vem a noite, antecipada pela fúria tempestuosa que é violentíssima. Agua torrencial, vento, raios, ali tem de tudo, menos o granizo, que foi cair em outra parte.

Um dos criados percebe a violência e diz:

– Parece que satanás saiu do inferno com seus demônios. Olha que nuvens negras! Sente que cheiro de enxôfre no ar, assobios, sibilos, vozes de lamento e maldição. Se é ele, está furioso esta noite!

O outro criado ri e diz:

– Fugiu-lhe uma grande presa, ou Miguel o espancou com uma nova faísca de Deus, e ele ficou com o chifre e o rabo cortado e queimado.

Passa correndo uma mulher e grita:

– Joaquim! Está para nascer! E foi tudo rápido e feliz!

E desaparece com uma pequena ânfora entre as mãos.

5.4

O temporal pára de improvisio depois de um último raio tão violento que arremessa contra as paredes os três homens; e na frente da casa, no chão do horto-jardim, fica como lembrança um buraco preto e fumegante. Ao mesmo tempo um gemido vem de lá da porta de Ana, gemido que parece o lamento de uma rolinha que pela primeira vez não pia, mas arrulha. Um enorme arco-íris estende a sua listra em semicírculo sobre toda a amplidão do céu. Surge, ou pelo menos parece surgir, do cume do Hermon que beijado por uma lama de sol, parece de alabastro de um branco-rosado delicadíssimo. Este arco-íris levanta-se até o mais claro céu de setembro, e, atravessando por espaços limpos de toda impureza, sobrevoa as colinas da Galiléia e a planície que aparece, entre duas árvores de figo, ao sul e depois ainda um outro monte, indo pousar a sua ponta final no extremo horizonte, lá onde uma áspera cadeia de montanhas fecha qualquer outro panorama.

– Nunca vi isso!

– Olhai, olhai!

– Parece que toda a terra de Israel esteja ligada em um círculo, mas olhai, ali já há uma estrela, enquanto que o sol ainda não desapareceu. Que estrela! Brilha como um enorme diamante!…

– A lua é toda plena, enquanto que ainda faltam três dias para a lua cheia. Mas olhai como resplandece!

5.5

As mulheres chegam repentinamente, alegres com um embrulhozinho rosado entre tecidos alvos.

É Maria, a mãe! Uma Maria pequenina que poderia dormir entre o círculo de braços de um menino, uma Maria comprida tanto quanto um braço, uma cabecinha de marfim tingido de um rosa tênue, com a boquinha de carmim, que já não chora mais, mas faz o instintivo ato de sugar, tão pequena que não se sabe como fará para pegar um mamilo, um narizinho diminuto entre duas pequenas faces arredondadas e ao tocá-lo abrem-se os olhinhos, dois pedacinhos do céu, dois pontinhos inocentes e azuis que olham, mas não vêem, entre cílios delicados, de um loiro tão intenso que é quase róseo. Também os cabelinhos sobre a cabecinha arredondada são a cor loiro-rosado de algumas qualidades de mel quase branco.

No lugar de orelhas, duas conchinhas rosadas e transparentes, perfeitas. E por mãozinhas… o que são aquelas duas coisinhas que agitam-se no ar e depois vão à boca? Fechadas como agora, dois botões de rosa musgo que separam o verde das sépalas e lhes estende a seda de um tênue rosa; abertas como agora, duas pequenas jóias de marfim de alabastro ligeiramente rosado, com cinco romãs pálidas no lugar das unhazinhas. Como farão aquelas mãozinhas para enxugar tanto choro?

E os pezinhos? Onde estão? Por enquanto são só um espernear escondido entre os linhos. Mas eis que a parente senta-se e a descobre… Oh! Os pezinhos! Compridos uns quatro centímetros, têm por planta, uma concha coralina, como dorso uma concha de um branco neve com veiazinhas azuis, têm por dedinhos as obras-primas de escultura liliputiana, são também coroados por pequenos fragmentos de pálida romã. Mas como se encontrarão sandalinhas tão pequenas para poder estar naqueles pezinhos, quando tais pezinhos de boneca derem os primeiros passos? E como estes mesmos pezinhos farão tão áspero caminho e sustentarão tanta dor, debaixo de uma cruz?

Mas agora isto não se sabe, e se ri e sorri do seu debater-se e espernear, das perninhas bonitas torneadas, das coxas pequenas que fazem covinhas e dobrinhas de tanto que são gorduchas, da barriguinha, uma taça emborcada do pequeno tórax perfeito sob cuja seda cândida se vê o movimento da respiração que certamente se ouve. O pai feliz escuta seu peitinho agora, e o beija ao ouvir bater um coraçãozinho… Um coraçãozinho que é o mais bonito que a terra teve nos séculos dos séculos, o único coração humano imaculado.

E as costas? Eis que a viram, e se vê a forma dos rins e depois os ombros gorduchos e a nuca rosada tão forte que a cabecinha se ergue sobre o arco das pequenas vértebras, parecendo a cabecinha de um pássaro que perscruta ao redor o mundo novo e tem um gritinho de protesto por ser assim mostrada, ela, a pura e casta, aos olhos de tantos, ela que homem nenhum a verá nua, a toda virgem, a santa e imaculada. Cobri, cobri este botão de flor-de-lis que nunca se abrirá sobre a terra e que dará, ainda mais bonita que ela, a sua flor, sempre permanecendo botão. Só nos Céus o Lírio do Trino Senhor abrirá todas as suas pétalas. Porque no céu não há poeira de culpa que possa involuntariamente profanar aquele candor. Porque lá em cima deve ser acolhido, à vista de todo o Empíreo, o Deus Trinitário que agora ocultado em um coração sem mácula, entre poucos anos estará nela: Pai, Filho, Esposo.

Eis ali de novo entre os linhos e entre os braços do pai terreno, com quem ela se assemelha. Não agora. Agora é um esboço de homem. Eu digo que se lhe assemelhará quando mulher. Da mãe não tem nada. Do pai, a cor da pele, dos olhos e certamente dos cabelos que, se agora são brancos, na juventude eram certamente loiros como o dizem as sobrancelhas. Do pai, as feições, feitas mais perfeitas e gentis por ser ela mulher, a mulher. Do pai o sorriso, o olhar, o modo de mexer-se e a estatura. Pensando em Jesus, como o vejo, acho que Ana deu a sua estatura ao Neto e a cor marfim mais carregada da pele. Enquanto que Maria não tem aquela imponência de Ana, um palmo mais alta e flexível, mas tem a gentileza do pai.

5.6

As mulheres também falam do temporal e do prodígio da lua, da estrela, do imenso arco-íris, enquanto junto ao Joaquim entram onde está a mãe feliz e lhe entregam a criancinha.

Ana sorri a um pensamento:

– É a Estrela –diz–. O seu sinal está no céu. Maria, arco de paz! Maria, minha estrela! Maria, lua pura! Maria, nossa pérola!

– Chama-se Maria?

– Sim. Maria, estrela, pérola, luz e paz…

– Mas também quer dizer amargura… Não temes trazer-lhe desventura?

– Deus está com ela. Já era Dele antes de ser. Ele a conduzirá pelos seus caminhos e toda amargura se transformará em um paradisíaco mel. Agora sejas da tua mãe… ainda por um pouco, antes de seres toda de Deus…

E a visão termina sobre o primeiro sono de Ana mãe e de Maria criança.

27 de agosto de 1944.

5.7

Jesus diz:

– Surge e apressa-te pequena amiga. Tenho um desejo ardente de te levar Comigo para o azul paradisíaco da contemplação da Virgindade de Maria. Sairás com a alma jovem como se tu também fosses criada há pouco pelo Pai, uma pequena Eva que ainda não conhece a carne. Sairás com o espírito repleto de luz, porque tu mergulharás, na contemplação da obra-prima de Deus. Sairás com todo o teu ser saturado de amor, porque compreenderás como Deus sabe amar. Falar da concepção de Maria, a sem mácula, quer dizer mergulhar-se no azul, na luz, no amor.

5.8

Vem e lê[2] as suas glórias no Livro do Avo: “Deus me possuiu no início de suas obras, desde o princípio, antes da criação. “Ab aeterno” fui predeterminada no princípio. Antes que fosse feita a terra, ainda não existiam os abismos e eu já era concebida. Nem as nascentes das águas transbordavam, nem os montes tinham-se erguido em suas grandes dimensões, nem as colinas eram cadeias montanhosas ao sol, e eu já tinha sido gerada. Deus ainda não tinha feito a terra, os rios, e as bases do mundo, e eu era. Quando preparava os céus eu estava presente, quando com lei imutável fechou sob a orla celeste o abismo, quando tornou estável no alto a abóbada celeste e suspendeu as fontes das águas, quando fixava ao mar os seus confins e dava leis às águas de não passar os seus limites, quando assentava os fundamentos da terra, eu estava com Ele a dispor todas as coisas. Sempre na alegria brincava diante Dele continuamente, brincava no universo…”. Aplicaram estas palavras à Sabedoria, mas na realidade elas falam dela: a bela mãe, a santa mãe, a virgem mãe da Sabedoria, que sou Eu que te falo.

5.9

Eu quis que tu escrevesses o primeiro verso deste hino no início do livro que fala dela, para que fosse confessada e percebida a consolação e a alegria de Deus; a razão do constante, perfeito, íntimo regozijo deste Deus uno e trino, que vos guia e ama, que do homem teve tantas razões de tristeza; a razão pela qual Deus perpetuou a raça, mesmo quando, à primeira prova[3], merecia ser destruída; a ra zão do perdão que vocês tiveram.

Ter Maria que o amasse. Oh! bem merecia criar o homem, e deixá-lo viver, e decretar perdoá-lo, para ter a virgem bela, a virgem santa, a virgem imaculada, a virgem enamorada, a filha dileta, a mãe puríssima, a esposa amorosa! Muito e mais ainda vos deu e vos daria Deus para poder possuir a criatura das suas delícias, o sol do seu sol, a flor do seu jardim. E muito continua a dar-vos por ela, a pedido dela, pela alegria dela, porque a sua alegria se derrama na alegria de Deus e a aumenta de esplendor que enche de faíscas a luz, a grande luz do Paraíso; cada centelha é uma graça para o universo, para a raça do homem, para os próprios bem-aventurados, que respondem-lhes com um grito radiante de aleluia a cada geração de milagre divino, criado pelo desejo do Deus Trino de ver o cintilante riso de alegria da Virgem.

5.10

Deus quer um rei no universo que Ele havia criado do nada. Um rei que, pela natureza da matéria, fosse o primeiro entre todas as criaturas criadas e dotadas de matéria. Um rei que, pela natureza do espírito, fosse quase divino, fundido na Graça como no seu inocente primeiro dia. Mas a Mente suprema, onde são notórios todos os acontecimentos mais distantes em séculos, cuja vista vê incessantemente tudo quanto era, é, e será, enquanto contempla o passado e observa o presente, eis que aprofunda o olhar no último futuro sem ignorar a morte do último homem, sem confusão nem descontinuidade, esta Mente nunca ignorou o rei criado por Ele, para estar ao seu lado, semidivino, no Céu, herdeiro do Pai. Ao entrar adulto no seu reino, depois de ter vivido na casa da mãe, a terra com a qual foi feito, durante a sua infância de Eterno, na sua jornada sobre a terra, este rei teria cometido contra si mesmo o delito de matar-se na Graça e o latrocínio de furtar-se do Céu.

Por que então o criara? Certamente muitos se perguntam isto. Teríeis preferido não existir? Este dia não merecia ser vivido, por si mesmo, tão pobre, nu e amargo pela vossa maldade, mas para conhecer e admirar a Beleza infinita que a mão de Deus semeou no universo?

Para quem teria feito estes astros e planetas que deslizam como setas e flechas, riscando o arco do firmamento? Ou os aparentemente lentos, majestosos na sua corrida como bólidos, presentean­do-vos com luzes e estações como se fossem eternos, imutáveis, ainda que em contínua mudança, oferecendo-vos uma página nova para ser lida sobre o azul, toda noite, todo mês, todo ano, quase como dizendo-vos: “Esquecei-vos do cárcere, deixai as vossas gravuras repletas de coisas obscuras, podres, sujas venenosas, enganosas, blasfemadoras, corruptoras e elevai, ao menos com o olha­r na ilimitada liberdade dos firmamentos. Tende uma alma azul olhando tão grande serenidade, criai-vos uma reserva de luz, para levar à vossa prisão escura. Lede a palavra que nós escrevemos cantando o nosso coro sideral mais harmonioso do que acompanhado por um órgão de catedral. A palavra que nós escrevemos brilhando, a palavra que nós escrevemos amando, visto que sempre temos presente Aquele que nos quis dar a alegria de existir, e o amamos por nos ter dado este ser, este esplendor, este deslizar, este sermos livres e belos em meio ao azul suave, além do qual vemos um azul ainda mais sublime, o Paraíso. E do qual cumprimos a segunda parte do preceito de amor amando a vós, o nosso próximo universal, amando-vos doando guia, luz, calor e beleza. Lede a palavra que nós dizemos, e é aquela sobre a qual regulamos o nosso canto, o nosso resplandecer, o nosso riso: Deus?”

Para quem teria feito aquele líquido azul, que é um espelho para o céu, um caminho para a terra, sorriso das águas, voz das ondas, palavra também essa que como os sussurros de seda farfalhando, com risadinhas de crianças serenas, com suspiros de velhos que lembram e choram, com bofetões violentos e com chifradas, mugidos e estrondos, sempre fala e diz: “Deus?” O mar é para vós, como o céu e os astros. E com o mar, os lagos, os rios, os pântanos, os riachos e as nascentes puras, que servem a todos para vos transportar, nutrir, dessedentar e purificar, e que vos servem, servindo o Criador, sem saírem para fora dos seus limites, afogando-vos, como mereceis.

Para quem teria feito todas as inumeráveis famílias dos animais, como flores que voam cantando, os servos que correm, que trabalham, nutrem e são recreação para vós, os reis?

Para quem teria feito todas as inumeráveis famílias das plantas, e das flores que parecem borboletas, que parecem jóias e passarinhos imóveis, dos frutos que parecem os cofres de pedras preciosas, como tapetes para vossos pés, proteção para as vossas cabeças, recreação útil, alegria para a vossa mente, membros, vista e olfato?

Para quem teria feito os minerais nas entranhas da terra, os sais dissolvidos nas fontes de águas geladas ou ferventes, as fontes sulfurosas, as iodadas, as alcalinas? Não teria sido para que alguém gozasse de tudo, alguém que não era Deus, mas filho de Deus? O homem.

Para a alegria de Deus, para as necessidades de Deus, nada era preciso. Deus se basta a Si mesmo. Não tem que se contemplar para alegrar-se, nutrir-se, viver e repousar. Tudo o que foi criado não aumentou um átomo a sua infinita alegria, sua beleza, seu poder. Mas tudo Ele fez pela sua criatura, que Ele quis colocar como rei na Sua obra: o homem.

Para ver tão grandes obras de Deus e por reconhecimento para com o seu poder, vale a pena viver. Como viventes deveis ser gratos. Deveríeis ter sido gratos, mesmo se não tivésseis sido redimidos, hoje ou no fim dos séculos, porque não obstante tenhais sido os Primeiros, singularmente, sois até hoje prevaricadores, soberbos, luxuriosos, homicidas. Mas Deus ainda vos concede sabor de gozar das belezas do universo e da bondade do universo, e vos trata como se fosseis bons, filhos bons aos quais tudo é ensinado e concedido, a fim de tornar-lhes mais doce e sadia a vida. Quanto sabeis, vós o sabeis pela luz que Deus vos deu. Tudo quanto descobris, vós o descobris porque Deus vô-lo indica no Bem. Porque os outros conhecimentos e descobertas, que têm o sinal do mal, vêm do Mal supremo, satanás.

5.11

A Mente suprema, que nada ignora, antes ainda que o homem existisse, sabia que o homem, por si mesmo, teria sido um ladrão e um homicida. E, já que a Bondade eterna não tem limites, antes que acontecesse a Culpa, pensou no meio para anulá-la. E o meio seria: Eu. E o instrumento para fazer do meio um instrumento operante seria: Maria. Assim é que a virgem foi criada no Pensamento sublime de Deus.

5.12

Todas as coisas foram criadas para Mim, Filho dileto do Pai. Eu,

como Rei, deveria ter tido sob os meus pés de Rei divino tapetes e jóias como nenhum palácio real jamais teve. Cantos, vozes, servos e ministros tão numerosos ao redor de minha pessoa que nenhum soberano jamais teve. Flores, pedras preciosas, todo o sublime, o grandioso, o gentil, o minucioso, tudo o que é possível buscar no Pensamento de um Deus.

Mas Eu devia ser Carne, além de ser Espírito. Carne, para salvar a carne. Carne para sublimar a carne, levando-a para o Céu, muitos séculos antes da hora. Porque a carne, habitada pelo espírito, é a obra-prima de Deus, e por ela, o Céu fora feito. Para ser Carne, eu tinha necessidade de uma mãe. Para ser Deus, eu tinha necessidade de que meu Pai fosse Deus.

Eis que, então, Deus criou para Si uma esposa, e lhe disse: “Vem comigo. A meu lado, vê tudo quanto Eu faço pelo nosso Filho. Olha e jubila-te, virgem eterna, menina eterna, que o teu riso encha todo este empíreo, e dê aos anjos a nota inicial, e ensina ao Paraíso uma harmonia celeste. Eu olho para ti. E te vejo como serás, ó mulher imaculada que, por enquanto, és apenas espírito, o espírito em que me deleito. Olho para ti, e dou o azul do teu olhar ao mar e ao firmamento, a cor dos teus cabelos ao trigo, a tua candura ao lírio, o tom róseo à rosa, semelhante à tua pele de seda. Imito nas pérolas os teus dentes graciosos; olhando tua boca, faço os doces morangos, ponho na voz rouxinóis às tuas notas, e na das rolinhas o teu pranto. Ainda lendo os teus futuros pensamentos, ouvindo as palpitações do teu coração, eu encontrei os modelos de arte para criar. Vem, minha Alegria! Habita os mundos para divertimento teu, enquanto fores a luz que se move em meu Pensamento, teus hão de ser os mundos pelo teu sorriso, tuas as belas formações das estrelas e o colar dos astros todos. Coloca a lua sob os teus pés gentis, cinge-te com o cinto de estrelas da Via Láctea. As estrelas e os planetas são para ti. Vem e diverte-te, vendo as flores que serão o divertimento do teu Menino, servindo de almofada para o Filho do teu ventre. Vem, e vê como se criam as ovelhas e os cordeiros, as águias e as pombas. Fica perto de mim, enquanto eu faço como uns vasos, os mares e os rios, enquanto ergo as montanhas e as enfeito com a neve e as florestas, enquanto semeio as searas, as árvores, as videiras, enquanto faço para ti a oliveira, minha rainha de paz, para ti a videira, meu sarmento que levará o Cacho eucarístico. Corre, voa, jubila-te, ó minha beleza, e que o mundo todo, que vai sendo criado de hora em hora, aprenda contigo a me amar, ó amorosa, e se torne mais bonito com o teu sorriso, ó mãe do meu Filho­, rainha do meu Paraíso, amor do teu Deus.” Vendo o Erro, e olhando para a Sem Erro diz ainda: “Vem a Mim, tu que anulas a amargura da desobediência, da ingratidão, da fornicação humana com satanás. Eu terei contigo a desforra sobre satanás”.

5.13

Deus, Pai Criador, criara o homem e a mulher com uma lei de amor tão perfeita, que não podeis, nem ao menos compreender. E vós vos enganais ao pensar como teria aparecido a raça humana, se o homem não o tivesse alcançado pelo ensinamento de satanás.

Olhai as plantas que produzem fruto e semente. Por acaso elas conseguem ter semente e fruto por meio de uma fornicação ou de uma fecundação em cada cem encontros conjugais? Não. Da flor masculina sai o pólen, guiado por um complexo de leis meteóricas e magnéticas, vai ao ovário da flor feminina. Esta se abre, o recebe e produz. Não se suja e o rejeita depois, como vós fazeis, para poderdes gozar, no dia seguinte, da mesma sensação. Depois de produzir não floresce, até a próxima estação e, quando floresce, é para reproduzir.

Olhai os animais. Todos. Já vistes algum animal, macho ou fêmea, ir um ao outro para algum abraço estéril, ou só para algum encontro lascivo? Não. De perto ou de longe, voando, rastejando, pulando ou correndo, eles vão, quando chega a hora, ao rito fecundativo, e não se subtraem a isso para ficarem só no prazer, mas vão além, vão até às conseqüências sérias e santas, que conduzem à geração da prole, o único escopo que, no homem, semideus pela origem da Graça que Eu restituí inteira, deveria fazê-lo aceitar a animalidade do ato necessário, uma vez que descestes um grau no nível do animal.

Vós não fazeis como as plantas e os animais. Vós tivestes por mestre satanás, pois o escolhestes e o desejais. As obras que praticais são dignas do mestre que quisestes ter. Mas, se tivésseis sido fiéis a Deus, teríeis tido santamente, sem dor, a alegria de filhos, sem vos esgotardes em cópulas obscenas, indignas, que os próprios animais não conhecem, os animais que não têm alma racional e espiritual.

Ao homem e à mulher, depravados por satanás, Deus quis opor o Homem nascido de mulher tão purificada por Deus, a ponto de poder gerá-Lo sem relação com homem. Flor que gera flor, sem necessidade de semente, mas apenas com o beijo do Sol sobre o cálice inviolado do Lírio que é Maria.

5.14

A desforra de Deus!

Solta os teus silvos de inveja, ó satanás, enquanto ela está nascendo. Esta menina te venceu! Antes que tu fosses o Rebelde, o Tortuoso, o Corruptor, já estavas vencido, e ela é a tua vencedora. Mil exércitos alinhados nada podem contra o teu poder, e contra as tuas couraças caem as armas das mãos dos homens, ó perene, e não há vento que possa dispersar o mau cheiro do teu hálito. No entanto, este calcanharzinho de criança, tão rosado, que parece o interior de uma camélia também rosada, tão liso e tão macio que a seda é áspera comparado a ele, tão pequenino, que poderia caber no cálice de uma tulipa e usá-la como sapatinho, eis que ele te pisa sem medo, e te confina em teu antro. Eis que só o seu vagido já te põe em fuga, a ti que não tens medo dos exércitos. O hálito dela purifica o mundo do teu fedor. Estás derrotado. Só o nome dela, só o seu olhar, só a sua pureza já são uma lança, um fulgor de raio, uma enorme pedra que te transpassam, que te abatem, que te aprisionam no teu covil do inferno, ó Maldito, que tiraste a Deus a alegria de ser Pai de todos os homens criados.

Foi inútil, pois, teres corrompido os que haviam sido criados inocentes, levando-os a conhecer e a conceber sinuosidades da luxúria, privando Deus, de ser o doador dos filhos, em suas diletas criaturas, dando-lhes regras que, se respeitadas, teriam mantido sobre a terra um equilíbrio entre os sexos e as raças, capaz de evitar guerras entre os povos e desventuras entre famílias.

Obedecendo, teriam conhecido o amor. Só obedecendo, teriam conhecido e conservado o amor. Uma posse plena e tranqüila desta emanação de Deus, que do sobrenatural desce ao inferior, para que também a carne se alegre santamente, esta que está ligada ao espírito, criada por Aquele que criou o espírito.

Agora, o vosso amor, ó homens, os vossos amores o que são? Ou libidinagem vestida de amor, ou medo insanável de perder o amor do cônjuge, seja pela libidinagem própria, ou alheia. Já não estais mais seguros quanto à posse do coração do esposo ou da esposa, desde quando a libidinagem entrou neste mundo. Tremeis, chorais e tornais-vos loucos de ciúmes, até assassinos, às vezes, para vingar alguma traição, desesperados, ou então abúlicos e até dementes.

Eis o que fizeste, satanás, aos filhos de Deus. Estes, que corrompeste, teriam conhecido a alegria de ter filhos sem sentirem dor, a alegria de nascer sem o medo de morrer. Mas agora estás vencido em uma mulher e por uma mulher. De agora em diante, quem a amar, tornará a ser de Deus, superando as tuas tentações, para poder imitar a sua pureza imaculada. De agora em diante, não mais podendo conceber sem dor, as mães a terão para o seu conforto. De agora em diante, as esposas a terão por guia e os moribundos por mãe, sendo doce para eles morrer sobre aquele seio, que é um escudo contra ti, oh Maldito, e proteção, diante do julgamento de Deus.

Maria, minha cara interlocutora, viste o nascimento do Filho da virgem e o nascimento da virgem no Céu. Viste, pois, que para os sem culpa é desconhecido o castigo de dar a vida e também o sofrimento de dar-se à morte. Mas, se à inocentíssima mãe de Deus foi reservada a perfeição dos dons celestes, a todos, que tivessem permanecido inocentes e filhos de Deus, teria sido possível gerar sem dor e morrer sem afã, por justiça de terem sabido unir-se e conceber sem luxúria.

A sublime desforra de Deus sobre a vingança de satanás foi a de elevar a perfeição da criatura dileta a uma super-perfeição, capaz de anular, ao menos nela, toda lembrança de humanidade, que fosse suscetível ao veneno de satanás, e para a qual, não de um casto abraço de homem, mas de um divino amplexo, que empalidece o espírito num êxtase de Fogo, lhe teria vindo o Filho.

5.15

A virgindade da Virgem!…

Vem. Medita nesta virgindade profunda, que produz em quem a contempla vertigens de abismo! O que é a pobre virgindade forçada da mulher que por nenhum homem foi desposada? É menos do que nada. O que é a virgindade daquela que quer ser virgem, para ser de Deus, mas sabe sê-lo só no corpo e não no espírito, no qual deixa entrar muitos pensamentos estranhos, acaricia e aceita as carícias de pensamentos humanos? Isto já começa a ser uma máscara de virgindade, mas muito pouco ainda. O que é a virgindade de uma enclausurada, que vive só para Deus? É muito. Mas, mesmo assim, ainda não é uma virgindade perfeita, se comparada com a virgindade da minha mãe.

Sempre existiu um enlace, até mesmo no mais santo. O enlace da origem, entre o espírito e a Culpa. Só o Batismo o desfaz. Mas, é como uma mulher separada do marido pela morte, não restitui mais em si a virgindade total, como a virgindade dos nossos Primeiros, antes do Pecado. Uma cicatriz permanece, e dói ao ser lembrada, e está sempre pronta para reabrir-se em ferida, como certas doenças que periodicamente voltam com seus vírus, ainda mais ativos. Na virgem não fica esse sinal de um enlace dissolvido com a Culpa. Sua alma apresenta-se bonita e intacta, como quando estava na mente do Pai, e reúne em Si todas as Graças.

É a virgem, a única, a perfeita, a completa, foi assim pensada, gerada, querida, coroada. É eternamente a virgem, o abismo da intocabilidade, da pureza, da graça que se perde no Abismo do qual brotou: em Deus, intangibilidade, pureza e graça perfeitíssima.

Aí está a desforra do Deus Trino e Uno. Contra suas criaturas profanadas, Ele ergue esta Estrela de perfeição. Contra a curiosidade doentia, esta se esquiva, recompensada em poder amar somente a Deus. Contra a ciência do mal, esta sublime ignorante. Nela não existe somente a ignorância do que é um amor aviltado; não há também somente a ignorância do amor que Deus havia dado aos esposos. E ainda mais. Nela há a ignorância das concupiscências, herança do pecado. Nela há somente a sabedoria gélida, mas incandescente, do Amor divino. Fogo que protege de gelo a carne, para que se torne espelho transparente no altar onde um Deus desposa uma virgem, e não se avilta, porque sua Perfeição abraça aquela que, como convém a uma esposa, só em um ponto é inferior ao esposo, sendo-lhe sujeita por ser mulher, mas é sem mancha, como Ele.


Notes

  1. songe, cité en : Gn 28, 10-16 ; les mentions qui suivent renvoient à : Tobie 12-13.
  2. lis, cf. Pr 8, 22-31. Sur une copie dactylographiée, Maria Valtorta annote : « Inspirées de l’auteur des Proverbes pour célébrer la Sagesse, elles peuvent s’appliquer également à Marie, Mère de la Sagesse ; Marie fut en effet toujours, depuis toujours, pensée et contemplée par Dieu. » Marie fut toujours unie à la Sagesse, dont elle était la Mère, comme le rappelle une note de Maria Valtorta en 196.7.
  3. première épreuve, cf. Gn 6-9.

Notas

  1. sonho, narrado em: Génesis 28,10-16; seguem reenvio a: Tobias 12-13.
  2. lê, em: Provérbios 8,22-31. Assim anota Maria Valtorta numa copia dactilografada: Inspiradas ao autor dos Provérbios para celebrar a Sabedoria, podem aplicar-se também a Maria, Mãe da Sabedoria, porque Maria foi sempre, desde sempre, pensada e contemplada por Deus. À Sabedoria, da qual era Mãe, Maria foi sempre unida, como realça uma nota de Maria Valtorta em 196.7.
  3. primeira prova, aquela narrada em: Génesis 6-9.