The Writings of Maria Valtorta

5. Naissance de Marie. Sa virginité dans la pensée éternelle du Père.

5. The birth of Mary, the faultless

5.1

Je vois Anne sortir du jardin potager. Elle s’appuie au bras d’une parente, sûrement, parce qu’elle lui ressemble. Elle est bien grosse et paraît fatiguée, peut-être aussi sous l’effet de la chaleur, toute pareille à celle qui m’accable.

Le jardin a beau être ombragé, l’air est brûlant, torride. Un air à couper au couteau comme une pâte molle et chaude tant il est lourd, sous un ciel impitoyable d’un bleu que la poussière en suspension dans l’air assombrit légèrement. La sécheresse doit s’être installée depuis longtemps car la terre, là où elle n’est pas irriguée, est littéralement réduite en une très fine poussière presque blanche, d’un blanc qui tend un peu vers le rose sale. En revanche, l’arrosage la rend marron-rouge foncé au pied des plantes ou le long des courtes plates-bandes où poussent des rangs de légumes et autour des rosiers, jasmins et autres fleurs et fleurettes, qui se trouvent surtout devant et le long d’une belle tonnelle qui coupe en deux le verger jusqu’à la lisière des champs d’avoine moissonnés. Même l’herbe du pré qui marque l’extrémité de la propriété est sèche et rare. Ce n’est qu’à la limite, là où se trouve une haie d’aubépine sauvage déjà toute parsemée des rubis de ses petits fruits que l’herbe est plus verte et touffue ; il y a là des brebis et leur petit berger, en quête de pâture et d’ombre.

Joachim se tient autour des rangées de légumes et d’oliviers. Deux hommes sont là pour l’aider. Malgré son âge, il est alerte et a plaisir à travailler. Ils sont en train d’ouvrir de petites rigoles au bord d’un champ pour amener de l’eau aux plantes assoiffées ; et l’eau se fraye un chemin en gargouillant entre l’herbe et la terre sèche, elle forme des boucles qui paraissent un moment être d’un jaune cristallin puis ne sont plus que des cercles sombres de terre humide autour des ceps et des oliviers lourds de fruits.

Anne se dirige lentement vers Joachim en passant par la tonnelle ombragée sous laquelle des abeilles d’or bourdonnent, avides du suc des grains de raisin blonds. A sa vue, il se hâte d’aller à sa rencontre.

« Tu es venue jusqu’ici ?

– La maison est chaude comme un four.

– Et tu en souffres…

– C’est l’unique souffrance de mes derniers moments de grossesse. Elle est commune à tous, hommes et bêtes. Ne reste pas trop à la chaleur, Joachim.

– L’eau, qu’on espère depuis si longtemps et qui semblait proche depuis trois jours, n’est pas encore venue et la campagne brûle. Heureusement que nous avons près d’ici une source au débit si abondant. J’ai ouvert les canaux. C’est un faible soulagement pour les plantes, dont les feuilles sont fanées et couvertes de poussière, mais cela servira à les garder en vie. S’il pouvait pleuvoir… »

Joachim scrute le ciel avec l’anxiété de tout cultivateur, tandis qu’Anne, fatiguée, s’évente à l’aide d’un éventail fait d’une feuille sèche de palmier entrelacée de fils multicolores qui lui donnent sa rigidité.

La parente dit :

« Là-bas, des nuages rapides apparaissent au-delà du grand Hermon. Le vent vient du nord, il rafraîchira. Peut-être donnera-t-il de l’eau.

– Cela fait trois jours qu’il se lève, mais qu’il tombe au lever de la lune. Ce sera encore la même chose. »

Joachim est découragé.

« Retournons à la maison, dit Anne. Ici, c’est irrespirable, et je pense qu’il vaut mieux rentrer. »

Une pâleur qui a envahi son visage lui donne un teint encore plus olivâtre.

5.2

« Tu souffres ?

– Non. Mais j’éprouve cette grande paix que j’ai ressentie au Temple quand la grâce de la maternité m’a été accordée et de nouveau quand j’ai su que j’allais être mère. Cela res­semble à une extase, une douce somnolence du corps alors que l’esprit jubile et entre dans une paix à laquelle rien n’est humainement comparable. Je t’ai aimé, Joachim, et lorsque je suis entrée dans ta maison et que je me suis dit : “ Je suis l’épouse d’un juste ”, j’ai éprouvé cette paix, et encore toutes les fois que ton amour prévenant prenait soin de ton Anne. Mais cette paix-ci est différente. Tu vois, je crois que cette paix ressemble à celle qui, à la manière de l’huile que l’on étend et qui apaise les douleurs, devait envahir l’âme de Jacob, notre père, après son songe[1] des anges. Si je m’y plonge, elle ne cesse d’augmenter à mesure que je la savoure… C’est comme si je m’élevais dans l’azur du ciel… Et, j’ignore pourquoi, depuis que cette joie paisible est en moi, un cantique naît en mon cœur, celui du vieux Tobie. Il me semble qu’il a été écrit pour cette heure… pour cette joie… pour la terre d’Israël qui la reçoit… pour Jérusalem pécheresse et désormais pardonnée… mais – ne riez pas des délires d’une mère – quand je dis : “ Remercie dignement le Seigneur et bénis le Roi des siècles pour qu’en toi son Temple soit rebâti dans la joie ”, je pense que celui qui rebâtira à Jérusalem le Temple du vrai Dieu sera cet être sur le point de naître… Et je pense encore que ce n’est plus de la Cité sainte, mais de mon enfant que le destin a prophétisé quand le cantique dit : “ Tu brilleras d’une vive lumière, tous les peuples de la terre se prosterneront devant toi, les nations viendront vers toi et t’apporteront des présents, ils adoreront en toi le Seigneur et considèreront ta terre comme sainte parce que, en toi, elles invoqueront le saint Nom. ” “ Alors tu exulteras et tu te réjouiras sur les fils des justes, car ils seront tous rassemblés et ils béniront le Seigneur des siècles. Bienheureux ceux qui t’aiment ! Heureux ceux qui se réjouiront de ta paix ! ” »

A ces mots, Anne change de couleur et resplendit comme un être éclairé par la lune puis par un grand feu et vice-versa. De douces larmes coulent sur ses joues, mais elle ne s’en rend même pas compte et sourit, tout à sa joie. Tout en parlant, elle se dirige vers la maison entre son époux et sa parente, qui l’écoutent en silence, gagnés par l’émotion.

5.3

Ils se hâtent, car les nuages, poussés par un vent violent, courent et s’accumulent dans le ciel ; la plaine s’assombrit et frissonne, annonçant l’orage. A peine sont-ils arrivés au seuil de la maison qu’un premier éclair bleuâtre déchire le ciel ; le grondement d’un premier coup de tonnerre rappelle le roulement d’une grosse caisse qui se mêle aux arpèges des premières gouttes sur les feuilles brûlées.

Tout le monde rentre et Anne se retire pendant que, sur le seuil, Joachim, rejoint par ses serviteurs, parle de cette eau tant attendue, qui est bénédiction pour la terre desséchée. Mais la joie fait place à la crainte parce qu’un orage d’une violence inouïe survient, accompagné d’éclairs et de nuages chargés de grêle.

« Si le nuage éclate, le raisin et les olives seront broyés comme sous la meule. Pauvres de nous ! »

Mais une autre angoisse saisit ensuite Joachim, cette fois pour son épouse pour qui le moment est venu de mettre son enfant au monde. Sa parente a beau l’assurer qu’Anne ne souffre pas du tout, il reste anxieux. Chaque fois que sa parente ou quelque autre femme – au nombre desquelles la mère d’Alphée – sortent de la chambre d’Anne pour y retourner avec de l’eau chaude, des bassins et des linges séchés au feu, qui crépite joyeusement sur le foyer central d’une grande cuisine, Joachim leur demande des nouvelles ; mais quoi qu’elles disent pour le rassurer, il ne se tranquillise pas. Même le fait qu’Anne ne crie pas le préoccupe : « Je suis un homme, dit-il, et je n’ai jamais assisté à un accouchement. Mais je me souviens avoir entendu dire que l’absence de douleurs est mauvais signe… »

Le jour baisse plus tôt que d’habitude à cause de la tempête, qui est d’une violence extraordinaire : torrents d’eau, vent, éclairs, il y a de tout, hormis la grêle qui est allée s’abattre ailleurs.

Un des serviteurs remarque cette violence et déclare :

« On dirait que Satan est sorti de la Géhenne avec ses démons. Regarde ces nuages noirs ! Sens l’odeur de soufre de l’air, écoute ces sifflements sinistres, ces cris de lamentation et de malédiction. Si c’est bien lui, il est furieux ce soir ! »

L’autre serviteur rit et répond :

« Une grande proie lui aura échappé, ou bien Michel l’aura frappé d’un nouveau coup de foudre de Dieu et il en a les cornes et la queue coupées et brûlées. »

Une femme passe en courant et s’écrie :

« Joachim ! Il va naître ! Tout a été facile et heureux ! », et elle disparaît avec une petite amphore dans les mains.

5.4

L’orage tombe brusquement, après un dernier coup de foudre si violent qu’il jette les trois hommes contre les murs ; et sur le devant de la maison, il laisse en souvenir un trou noir et fumant dans le sol du jardin. Cependant un vagissement traverse la porte d’Anne, pareil à la plainte d’une tourterelle qui, pour la pre­mière fois, ne piaille plus mais roucoule. Au même moment, un immense arc-en-ciel se déploie en demi-cercle sur toute la voûte céleste. Il sort ou du moins paraît sortir du sommet de l’Hermon qui, sous la caresse du soleil, semble d’une couleur d’albâtre d’un blanc rosé des plus délicats. Il s’élève au plus haut d’un ciel de septembre très clair, traverse des étendues vierges de toute impureté, survole les collines de Galilée et la plaine qui apparaît au sud entre deux figuiers, puis encore un autre mont, et paraît poser son extrémité au bout de l’horizon, là où une chaîne de montagnes abruptes bouche la vue.

« Quel spectacle inouï !

– Regardez, regardez !

– Il semble encercler toute la terre d’Israël, mais voyez, voilà une étoile alors que le soleil n’est pas encore disparu. Et quelle étoile ! Elle brille comme un énorme diamant !

– Et là, c’est la pleine lune alors qu’il manque encore trois jours pour y arriver. Mais, regardez, quelle splendeur ! »

5.5

Les femmes surviennent, toutes joyeuses, tenant un poupon rose dans des linges blancs.

C’est Marie, la Mère de Jésus ! Une Marie toute petite qui pourrait dormir dans les bras d’un enfant, une Marie pas plus longue que le bras, une petite tête d’ivoire teinté de rose pâle et des lèvres rouges qui déjà ne pleurent plus, mais tentent instinctivement de téter, si petites qu’on ne voit pas comment elles pourront saisir l’extrémité du sein, un petit bout de nez entre deux bonnes joues bien rondes ; et quand on la chatouille pour lui faire ouvrir les yeux, deux morceaux de ciel apparaissent, deux points bleus et innocents qui regardent sans voir, entre de fins cils d’un blond presque rose à force d’être blond. Sur sa petite tête ronde, les cheveux eux-mêmes ont la teinte rose-blond de certains miels ambrés.

Pour oreilles, deux petites coquilles roses et transpa­rentes, parfaites. Et comme mains… qu’est-ce que ces deux petites choses qui s’agitent en l’air puis vont à la bouche ? Fermées, comme en ce moment, elles ressemblent à deux boutons d’églantine qui ont fendu les sépales verts et présentent leur soie de rose pâle ; ouvertes, comme maintenant, on dirait deux joyaux d’ivoire ou d’albâtre à peine rosés, avec cinq ongles grenat clair. Comment feront donc ces mains pour essuyer tant de larmes ?

Quant aux pieds… où sont-ils ? Pour l’instant, ce ne sont que deux petits petons cachés dans les langes. Mais voilà que la parente s’assied et les découvre… Oh, les petits pieds ! Ils ont quatre centimètres de long, leur plante est une coquille couleur de corail, le dessus en est une autre couleur de neige veinée de bleu, les orteils sont des chefs-d’œuvre de sculpture lillipu­tienne, couronnés eux aussi de petites écailles grenat clair. Comment trouvera-t-on des sandalettes quand ces pieds de poupée feront leurs premiers pas ? Comment se tenir debout sur de si petits pieds ? Et comment permettront-ils de faire un chemin si rude et de soutenir une telle douleur sous une croix ?

Mais aujourd’hui, on l’ignore encore, et on rit, on sourit en regardant s’agiter et gigoter de belles jambettes bien tournées, des cuisses minuscules potelées au point de faire des fossettes et des replis, un petit ventre, une nuque renversée en arrière, un petit thorax parfait. Sous la soie blanche, on voit le mouvement de la respiration et si, comme l’heureux père le fait maintenant, on y pose la bouche pour faire un bisou, on entend sûrement y battre un petit cœur…, le plus beau que la terre ait porté au cours des siècles, l’unique cœur humain immaculé.

Et le dos ? On la retourne, et on peut voir la courbure de ses reins, puis ses épaules potelées et sa nuque rose ; elle a déjà de la force car voilà que la petite tête se lève sur l’arc des minuscules vertèbres : on dirait la tête d’un oiseau qui scrute le monde nouveau qu’il découvre ; elle pousse un petit cri pour protester qu’on la montre ainsi aux yeux de plusieurs personnes, elle, la toute-pure et chaste, elle qu’aucun homme ne verra plus jamais nue, la toute vierge, sainte et immaculée. Recouvrez, recouvrez ce bouton de lys qui ne s’ouvrira jamais sur terre, mais qui produira une Fleur plus belle encore qu’elle, tout en restant bourgeon. Ce n’est qu’au Ciel que le lys du Dieu trine ouvrira tous ses pétales car il n’existe plus, là-haut, aucune poussière de faute susceptible de profaner involontairement cette pureté. Car il faudra accueillir là-haut, à la vue du Ciel entier, le Dieu trine qui, dans quelques années à peine, habitera en elle, Père, Fils et Epoux.

La voilà de nouveau enveloppée de linges et dans les bras de son père de la terre, à qui elle ressemble. Pas maintenant. Pour le moment, elle n’est qu’une ébauche d’être humain. Je veux dire qu’elle lui ressemblera une fois devenue femme. Elle n’a rien de sa mère. De son père, elle tient la couleur de la peau et des yeux, et sûrement aussi des cheveux qui, s’ils sont blancs aujourd’hui, devraient être blonds, comme l’indiquent les sourcils. Elle a les traits de son père, en plus parfait et plus fin puisqu’elle est femme, et cette femme-là. Elle en a encore le sourire, le regard, les gestes et la taille. En pensant à Jésus, comme je le vois, je trouve qu’Anne a donné sa taille à son petit-fils ainsi que son teint plus ivoire foncé. En revanche, si Marie n’a pas la prestance d’Anne – un grand palmier souple –, elle a la grâce de son père.

5.6

Les femmes, qui parlent encore de l’orage et du prodige de la lune, de l’étoile, de l’immense arc-en-ciel, entrent avec Joachim dans la chambre de l’heureuse mère et lui rendent son bébé.

Anne sourit à ses pensées :

« C’est l’étoile, dit-elle. Son signe est dans le ciel. Marie, arc-en-ciel de paix ! Marie, mon étoile ! Marie, lune pure ! Marie, notre perle !

– Tu l’appelles Marie ?

– Oui. Marie, étoile, perle, lumière, paix…

– Mais ce nom veut aussi dire amertume… Tu n’as pas peur que cela lui porte malheur ?

– Dieu est avec elle. Elle est à lui avant même d’exister. Il la conduira sur ses sentiers et toute amertume se changera en miel paradisiaque. Maintenant, tu es chez ta maman… dans peu de temps, tu seras toute à Dieu. »

Et la vision s’achève sur le premier sommeil d’Anne mère et de Marie son enfant.

Le 27 août 1944.

5.7

Jésus dit :

« Hâte-toi de te lever, ma petite amie. Je désire ardemment t’emmener avec moi dans l’azur paradisiaque de la contemplation de la virginité de Marie. Tu en sortiras l’âme aussi fraîche que si tu venais toi aussi d’être créée par le Père, telle une petite Eve qui n’a pas encore connu la chair. Tu en sortiras l’âme illuminée, parce que tu vas être plongée dans la contemplation du chef-d’œuvre de Dieu. Quand tu en sortiras, tout ton être sera débordant d’amour, car tu auras compris à quel point Dieu sait aimer. Parler de la conception de Marie, l’Immaculée, cela signifie se plonger dans l’azur, dans la lumière, dans l’amour.

5.8

Viens et lis[2] les gloires de Marie dans le livre de l’Ancêtre :

“ Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre, avant la création. Dès l’éternité je fus établie, dès le principe, avant l’origine de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources aux eaux abondantes ; avant que fussent implantées les montagnes, avant les collines, je fus enfantée ; avant qu’il eût fait la terre et la campagne et les premiers éléments du monde. Quand il affermit les cieux, j’étais là, quand il traça un cercle à la surface de l’abîme, quand il condensa les nuées d’en haut, quand se gonflèrent les sources de l’abîme, quand il assigna ses limites à la mer – et les eaux n’en franchiront pas le bord – quand il traça les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre, je faisais ses délices jour après jour, m’ébattant tout le temps en sa présence, m’ébattant à la surface de la terre… ” Vous avez appliqué ces paroles à la Sagesse, mais elles parlent d’elle : la Mère toute belle, toute sainte, la Vierge Mère de la Sagesse que je suis, moi qui te parle.

5.9

J’ai voulu que tu écrives le premier vers de cette hymne en tête du livre qui traite d’elle pour que l’on reconnaisse et que l’on sache la consolation et la joie de Dieu, la raison de la joie constante, parfaite et intime de ce Dieu un et trine qui vous gouverne et à qui l’homme a donné tant de motifs de tristesse, la raison pour laquelle il a perpétué la race humaine alors que, à la première épreuve[3], elle méritait la destruction, la raison enfin du pardon que vous avez obtenu.

Avoir Marie pour en être aimé : cela valait bien la peine de créer l’homme, de le laisser vivre, de décréter qu’il lui serait pardonné, pour avoir la Vierge toute belle, toute sainte, la Vierge immaculée, pleine d’amour, la Fille bien-aimée, la Mère très pure, l’Epouse aimante ! Dieu vous a donné et vous aurait donné encore davantage pour posséder la créature qui fait ses délices, le soleil de son cœur, la fleur de son jardin. Et il continue à vous donner beaucoup par elle, à sa demande, pour faire sa joie, car sa joie se déverse dans la joie de Dieu et l’augmente de lueurs qui font étinceler la lumière, la grande lumière du paradis ; or toute étincelle est une grâce pour l’univers, pour l’espèce humaine et pour les bienheureux qui répondent par un alléluia étincelant à chaque miracle de Dieu, suscité par le désir du Dieu trine de voir l’étincelant sourire de joie de la Vierge.

5.10

Dieu a voulu donner un roi à l’univers qu’il avait tiré du néant. Un roi qui soit le premier de nature matérielle de toutes les créatures sorties de la matière et elles-mêmes matérielles. Un roi qui, de par sa nature spirituelle, soit à peine moins qu’un Dieu, uni à la grâce comme il l’était à son premier jour, encore tout innocent. Mais l’Intelligence suprême connaît tous les événements les plus éloignés dans l’étendue des siècles et elle ne cesse de voir tout ce qui était, est et sera. Tout en contemplant le passé et en observant le présent, elle plonge son regard dans l’avenir le plus lointain et n’ignore pas quelle sera la mort du dernier homme, tout cela sans confusion ni discontinuité. Elle n’a donc jamais ignoré que le roi qu’elle avait créé pour être semi-divin à ses côtés au ciel, héritier du Père, parviendrait à son Royaume à l’âge adulte après avoir vécu dans la maison de sa mère – la terre dont il a été formé – durant son enfance de fils de l’Eternel pendant son séjour sur terre, et elle n’a pas ignoré qu’il allait commettre contre lui-même le crime de tuer en lui la grâce et le vol de se dérober au ciel.

Dans ce cas, pourquoi l’avoir créé ? Certes, beaucoup se le demandent. Auriez-vous préféré ne pas exister ? Même si ce séjour sur terre est pauvre, nu et rendu rude par votre méchanceté, ne mérite-t-il pas d’être vécu pour connaître et admirer l’infinie beauté que la main de Dieu a semée dans l’univers ?

Pour qui aurait-il formé ces astres et ces planètes qui strient la voûte du firmament à la vitesse des flèches ou se déplacent avec une lenteur apparente mais majestueuse dans leur course de bolides, vous offrant lumières et saisons ? Eternels, immuables et pourtant toujours changeants, ils vous offrent une nouvelle page à lire sur le ciel chaque soir, chaque mois, chaque année, comme s’ils voulaient vous dire : “ Oubliez votre prison, laissez de côté vos publications pleines de noirceurs, de pourriture, de saletés, de poisons, de mensonges, de blasphèmes, de corruption, et élevez-vous, ne serait-ce que du regard, vers l’infinie liberté des cieux ; faites-vous une âme d’azur en regardant tant de sérénité, faites-vous une réserve de lumière à emporter dans vos sombres cachots ; lisez la parole que nous écrivons en chantant notre chœur sidéral, plus harmonieux que la musique des orgues d’une cathédrale, la parole qu’écrit notre splendeur, la parole qu’écrit notre amour ; car celui qui nous a donné la joie d’exister nous est toujours présent, et nous l’aimons pour nous avoir donné cette existence, cet éclat, ce mouvement, cette liberté et cette beauté au milieu de cet azur tout de douceur au-delà duquel nous apercevons un azur encore plus sublime, le paradis. Nous réalisons la seconde partie de son commandement d’amour en vous aimant, vous, notre prochain universel, et ce en vous offrant direction et lumière, chaleur et beauté. Lisez notre parole, c’est elle qui inspire notre chant, notre splendeur, notre joie : Dieu.

Pour qui aurait-il fait cet azur liquide, miroir du Ciel, chemin vers la terre, sourire des eaux, voix des flots, parole elle aussi qui, par son bruissement de soie, par ces rires d’enfants paisibles, par ces soupirs des vieillards qui se souviennent et pleurent, par ces gifles de violence, par ces chocs, par ces mugissements et grondements, ne cesse de parler et de dire : “ Dieu ” ? C’est pour vous que la mer existe, tout comme le ciel et les astres et, avec la mer, les lacs et les fleuves, les étangs et les ruisseaux, ou encore les sources pures, qui servent tous à vous porter, à vous nourrir, à vous désaltérer et à vous purifier, et qui vous servent en servant le Créateur, sans sortir de leur lit pour vous submerger comme vous le méritez.

Pour qui aurait-il formé les innombrables familles d’animaux ? Ce sont autant de fleurs qui volent en chantant, de serviteurs qui courent et travaillent pour vous, qui vous nourrissent et vous divertissent, vous, les rois de la création.

Pour qui aurait-il créé les innombrables familles de plantes et de fleurs qui ressemblent à des papillons, des joyaux ou des oiseaux immobiles, les fruits qui ont l’air de bijoux et d’écrins de joyaux, ou encore qui servent de tapis à vos pieds, d’abri pour vos têtes, de distraction, d’instrument, de joie pour l’esprit, pour les membres, la vue et l’odorat ? Pour qui aurait-il créé les minéraux dans les profondeurs du sol, les sels dissous dans les sources froides ou bouil­lantes, le soufre, l’iode, le brome si ce n’est pour en faire profiter une personne qui n’est pas Dieu, mais enfant de Dieu, un être unique, l’homme ?

Dieu n’avait besoin de rien, rien n’était nécessaire à sa joie. Il se suffit à lui-même. Sa contemplation fait sa béatitude, sa nourriture, sa vie et son repos. Toute la création n’a pas augmenté d’un atome son infini de joie, de beauté, de vie, de puissance. Tout cela, il l’a fait pour la créature qu’il a voulu établir roi de sa création : l’homme.

Pour voir tant d’œuvres de Dieu et par gratitude pour la puissance qu’il vous donne, cela vaut la peine de vivre. Vous devez lui être reconnaissants pour votre vie. Vous auriez dû l’être même si vous n’aviez été rachetés qu’à la fin des temps ; car, bien qu’ayant été dans les premiers et que vous soyez encore, individuellement, voleurs, orgueilleux, attirés par la luxure, homicides, Dieu vous accorde encore de jouir de la beauté de l’univers, et il vous traite comme si vous étiez bons, de bons fils à qui on enseigne et accorde tout pour leur rendre la vie plus douce et plus saine. Tout ce que vous savez de bien, vous le savez grâce aux lumières de Dieu. Tout ce que vous découvrez de bien, c’est sur les indications de Dieu. Vos autres connaissances et découvertes, qui portent le signe du mal, proviennent du Mal suprême : Satan.

5.11

L’Intelligence suprême, qui n’ignore rien, savait dès avant l’existence de l’homme qu’il allait être, de son plein gré, voleur et homicide. Et comme la Bonté éternelle ne connaît pas de limites, c’est dès avant la faute qu’elle pensa au moyen de l’effacer. Ce moyen, c’est moi. L’instrument pour faire de ce moyen un instrument efficace, c’est Marie. Et la Vierge fut créée dans la Pensée sublime de Dieu.

5.12

Tout fut créé pour moi, le Fils bien-aimé du Père. Comme roi, j’aurais dû avoir sous mes pieds de Roi divin des tapis et des joyaux comme aucun palais n’en eut jamais, ainsi que des chants, des voix, des serviteurs et des ministres pour m’entourer comme aucun souverain n’en eut jamais, et encore des fleurs et des bijoux, tout ce qu’il y a de plus sublime, de plus grandiose, de plus gracieux, de plus délicat que l’on puisse tirer de la Pensée de Dieu.

Mais je devais être chair et pas seulement esprit : chair pour sauver la chair, chair pour la sublimer en la portant au Ciel bien des siècles avant l’heure. En effet, la chair habitée par l’esprit est le chef-d’œuvre de Dieu, et c’est pour elle que le Ciel avait été créé. Or, pour être chair, j’avais besoin d’une mère. Pour être Dieu, j’avais besoin d’un père qui soit Dieu.

Voilà pourquoi Dieu créa son Epouse et lui dit : “ Viens avec moi. A mes côtés, vois tout ce que je fais pour notre Fils. Regarde et réjouis-toi, éternelle Vierge, éternelle Enfant, et que ton sou­rire emplisse le Ciel, qu’il donne le ton aux anges, qu’il enseigne au paradis l’harmonie céleste. Je te regarde, et je te vois telle que tu seras, toi la Femme immaculée qui n’es pour l’instant qu’esprit, l’esprit en qui je me complais. Je te regarde, et je donne le bleu de tes yeux à la mer et au firmament, la couleur de tes cheveux au grain saint, ta blancheur au lys et le rose de ton teint soyeux à la rose ; pour faire les perles, je copie tes petites dents, je crée les douces fraises en regardant ta bouche ; je donne les notes de ton chant au gosier du rossignol et ta plainte à la tourterelle. C’est en lisant tes futures pensées et en écoutant les battements de ton cœur que je trouve le modèle qui guide la création. Viens, ma Joie, que les mondes te servent d’amusement jusqu’à ce que tu sois lumière dansante dans ma Pensée ; voilà les mondes pour ton sourire, prends les étoiles pour couronne et les astres pour colliers, mets la lune sous tes pieds gracieux, fais-toi une éc­harpe des étoiles de la Voie lactée. Les étoiles et les planètes te sont destinées. Viens te réjouir à la vue des fleurs qui amuseront ton Enfant et serviront d’oreiller au Fils de ton sein. Viens assister à la création des brebis et des agneaux, des aigles et des colombes. Sois à mes côtés pendant que je fais les bassins des mers et des fleuves et que j’élève les montagnes et les recouvre de neige et de forêts, pendant que je sème les blés, les arbres et les vignes, et aussi l’olivier pour toi, ma Pacifique, et la vigne pour toi, mon Sarment qui portera la Grappe eucharistique. Accours, vole, jubile, ma toute-belle ; toi qui es la Femme aimante, apprends à l’univers, qui se crée d’heure en heure, à m’aimer ; Mère de mon Fils, Reine de mon paradis, Amour de ton Dieu, que ton sourire le rende plus beau. ”

A la vue de l’Erreur et dans l’admiration de celle qui est sans erreur, il lui dit encore : “ Viens à moi, toi qui effaces l’amertume de la désobéissance humaine, de la fornication des hommes avec Satan, de l’ingratitude humaine. Par toi, je prendrai ma re­vanche sur Satan. ”

5.13

Dieu, le Père créateur, avait créé l’homme et la femme avec une loi d’amour si parfaite que vous ne pouvez même plus en comprendre les perfections. Et vous faites erreur quand vous pensez à ce qu’aurait été l’espèce humaine si l’homme ne l’avait pas soumise à l’enseignement de Satan.

Observez les plantes : obtiennent-elles leurs fruits et leurs semences par fornication, à la suite d’une seule fécondation sur cent unions ? Non. La fleur mâle produit le pollen et celui-ci, dirigé par un ensemble de lois météoriques et magnétiques, parvient à l’o­vaire de la fleur femelle. Cette dernière s’ouvre, le reçoit et produit du fruit. Elle ne se souille pas en le refusant ensuite, comme vous le faites, pour éprouver la même sensation le lendemain. Elle produit du fruit et ne fleurit plus jusqu’à la prochaine saison, et quand elle fleurit, c’est en vue de la reproduction.

Voyez les animaux, tous les animaux. Avez-vous jamais vu un mâle et une femelle aller l’un vers l’autre pour une étreinte stérile et une relation impure ? Non. De près ou de loin, en volant ou en rampant, en sautant ou en courant, ils accomplissent, le moment venu, le rite de la fécondation sans s’y soustraire en s’arrêtant à la jouissance, mais ils vont jusqu’aux conséquences sérieuses et saintes de la perpétuation de la race, qui en est l’unique but. L’homme, ce demi-dieu par son origine de grâce que je lui ai accordée en plénitude, devrait accepter dans ce seul but l’acte animal rendu nécessaire depuis que vous êtes descendus d’un degré dans l’ordre de l’animalité.

Mais vous n’agissez pas comme les plantes et les animaux. Vous avez eu Satan pour maître, vous avez voulu qu’il le soit et vous le voulez encore. Et vos actes sont dignes du maître que vous vous êtes choisi. Si vous étiez restés fidèles à Dieu, vous auriez connu la joie d’avoir des enfants saintement, sans douleur, sans vous livrer à des unions obscènes, indignes, qu’ignorent les animaux eux-mêmes, les animaux sans âme raisonnable et spirituelle.

A l’homme et à la femme pervertis par Satan, Dieu a voulu opposer l’Homme né d’une Femme sublimée par Dieu au point d’engendrer sans avoir connu d’homme : c’est une fleur qui engendre une Fleur sans avoir besoin de semence, mais sous l’effet d’un unique baiser du Soleil sur le calice inviolé du Lys, c’est-à-dire de Marie.

5.14

Voilà la revanche de Dieu !

Crache ta rage, Satan, pendant qu’elle naît. Cette petite fille t’a vaincu ! Avant même d’être le Rebelle, le Tortueux, le Corrupteur, tu étais déjà le Vaincu et elle, la Victorieuse. Mille armées rangées en ordre de bataille ne peuvent rien contre ta puissance, les armes tombent des mains des hommes contre tes écailles, ô perpétuel corrupteur, et il n’est pas de vent assez fort pour dissiper la puanteur de ton souffle. Et pourtant ce talon d’enfant, rose à en paraître l’intérieur d’un camélia rosé, si lisse et tendre que la soie paraît rugueuse en comparaison, si petit qu’il pourrait entrer dans la corolle d’une tulipe et se faire de ce satin végétal une chaussure, voilà qu’il t’écrase sans crainte et t’enferme dans ton antre. Ses vagissements suffisent à te mettre en fuite, toi qui ne crains aucune armée, et son haleine purifie le monde de ta pestilence. Tu es vaincu. Son nom, son regard, sa pureté sont autant de lances, d’éclairs et de pierres qui te transpercent, te terrassent, t’emprisonnent dans ta tanière infernale, ô Maudit qui as enlevé à Dieu la joie d’être le Père de tous les hommes créés !

Désormais, c’est en vain que tu les as corrompus, eux qui avaient été créés innocents, en les poussant à s’unir et à concevoir selon les détours de la luxure, privant ainsi Dieu, dans sa créature bien-aimée, de leur accorder des enfants selon des règles qui, si elles avaient été respectées, auraient maintenu sur la terre l’équilibre des sexes et des races capable d’éviter les guerres entre les peuples et les malheurs dans les familles.

S’ils avaient obéi, ils n’en auraient pas moins connu l’amour. Mieux, c’est seulement par leur obéissance qu’ils auraient connu l’amour ; ils l’auraient reçu par une possession pleine et tranquille de cette émanation de Dieu qui descend du surnaturel au naturel, pour que la chair en éprouve, elle aussi, une sainte joie, elle qui est unie à l’âme et créée par le même Dieu qui a créé l’âme.

Or votre amour, ô hommes, vos amours, que sont-ils ? Ils sont soit luxure qui prend les apparences de l’amour, soit peur incurable de perdre l’amour de votre conjoint à cause de sa dé­bauche propre et de celle d’autrui. Depuis que la luxure est entrée dans le monde, vous n’avez plus aucune certitude de posséder le cœur de votre conjoint. Vous tremblez, pleurez, devenez fous de jalousie, vous allez parfois jusqu’au meurtre pour vous venger d’une trahison, ou encore vous tombez dans le désespoir, frappés d’aboulie ou de démence.

Voilà, Satan, ce que tu as fait aux enfants de Dieu. Si tu ne les avais corrompus, ils auraient connu la joie d’enfanter sans douleur, la joie d’être nés sans redouter la mort. Or te voici désormais vaincu dans une Femme et par la Femme. Dès lors, ceux qui l’aimeront retourneront à Dieu et surmonteront tes tentations pour pouvoir contempler sa pureté immaculée. Dès lors, ne pouvant enfanter sans douleur, les mères trouveront en elle un réconfort. Dès lors, les épouses auront en elle un guide et les mourants une mère, de sorte qu’il leur sera doux de mourir sur ce sein qui les protègera de toi, Maudit, et du jugement de Dieu.

Maria, ma petite voix, tu as vu la naissance du Fils de la Vierge et la naissance au Ciel de la Vierge. Tu as donc vu que les personnes sans faute ne connaissent ni la souffrance de donner le jour ni celle de mourir. Mais si la perfection des dons cé­lestes fut réservée à la plus innocente de toutes, à la Mère de Dieu, l’enfantement sans douleur et la mort sans angoisse auraient été le lot de tous les descendants des premiers parents qui seraient restés innocents et enfants de Dieu, comme cela était juste, pour avoir su s’unir et concevoir sans luxure.

La sublime revanche de Dieu sur la vengeance de Satan fut de porter la perfection de la créature bien-aimée à une perfection plus haute encore qui, dans une créature au moins, a effacé tout souvenir d’humanité susceptible de céder au poison de Satan. C’est ainsi que le Fils vint au monde non à la suite d’une chaste union humaine, mais par une étreinte divine qui transfigure l’âme dans l’extase du Feu.

5.15

La virginité de la Vierge !

Viens. Médite sur la profondeur de cette virginité dont la contemplation donne le vertige ! Qu’est-ce que la pauvre virginité forcée de la femme qu’aucun homme n’épouse ? Moins que rien. Qu’est-ce que la virginité de la femme qui désire être vierge pour appartenir à Dieu, mais ne sait l’être que de corps et non d’âme, en qui elle laisse pénétrer bien des pensées étrangères, caresse des pensées humaines et en accepte les caresses ? Cela commence à être un soupçon de virginité, mais c’est bien peu de chose encore. Qu’est-ce que la virginité d’une femme cloîtrée qui vit de Dieu seul ? Beaucoup. Mais ce n’est toujours pas une virginité parfaite en comparaison de celle de ma Mère.

Il y a toujours une connivence, même chez les plus saints : c’est la connivence originelle de l’âme avec le péché, celle dont le baptême libère. Il en libère, certes, mais de même qu’une femme séparée de son époux par la mort ne retrouve pas sa virginité totale, le baptême ne rend pas celle de nos premiers parents avant le péché originel. Une cicatrice demeure, douloureuse, toujours prête à se rappeler à notre souvenir, telle une plaie qui se rouvre, à l’instar de certaines maladies dont les virus redeviennent périodiquement actifs. Chez la Vierge, il n’y a pas trace de connivence avec la faute dont elle se serait libérée. Son âme se révèle aussi belle et intacte que lorsque le Père la pensa, réunissant en elle toutes les grâces.

Elle est la Vierge, unique, parfaite, complète. C’est ainsi qu’elle a été pensée, engendrée, qu’elle est restée ; c’est ainsi qu’elle est couronnée et demeure éternellement. Elle est La Vierge. Elle est le sommet de l’intangibilité, de la pureté, de la grâce la plus parfaite.

Voilà quelle est la revanche du Dieu un et trine. A l’encontre des créatures profanées, il suscite cette Etoile de perfection. Contre la curiosité malsaine, il suscite cette femme réservée qui se satisfait du seul amour de Dieu. Contre la science du mal, il suscite cette ignorante sublime. Elle n’ignore pas seulement l’amour avili, pas seulement l’amour que Dieu avait accordé aux époux. Bien plus : elle en ignore jusqu’aux élans, cet héritage du péché. Il ne se trouve en elle rien d’autre que la sagesse glacée et incandescente de l’Amour divin, ce feu qui revêt la chair d’une cuirasse de glace pour en faire un miroir transparent à l’autel où un Dieu épouse une vierge sans s’avilir, parce que sa perfection enveloppe celle qui, comme il convient à une épouse, est d’un degré seulement inférieure à l’Epoux, soumise à lui en tant que femme, mais comme lui sans tache. »

5.1

I see Anne coming out of the garden. She is leaning on the arm of somebody who is surely a relative, as they look alike. She is obviously several months pregnant and she looks tired, perhaps due to the same heat that is now exhausting me.

Although the garden is shady, it is very hot and close. The air can be cut like a soft warm dough, it is so heavy. The sun’s rays descend from a merciless blue sky and there is some dust making the atmosphere slightly hazy. The weather must have been dry for a long time, because where there is no irrigation, the land is literally reduced to a very fine, almost white dust. Out in the open this shade of white is slightly pink, whereas it is a dark red-brown under the trees, where the soil is damp. Likewise the ground is moist along the small flower-beds, where rows of vegetables are growing, and around the rose bushes, the jasmines and other flowers, and particularly in the front of and along the beautiful pergola, which divides the orchard in two, up to the beginning of the fields, now stripped of their crops. The grass of the meadow, which marks the boundary of the property, is parched and thin. Only at its border, where there is a hedge of wild hawthorn, already completely studded with the rubies of its little fruits, is the grass greener and thicker. There are some sheep thereabouts with a young shepherd seeking pasture and shade.

Joachim is working around the rows of vines and olive-trees. There are two men with him, helping him. Although an elderly man he is quick and works eagerly. They are opening little channels at the end of a field to give water to the dry plants, and this water makes its way gurgling between the grass and the dry land. The flow forms circles that for one moment resemble a yellowish crystal and seconds later are only rings of wet soil, around the overloaded vine branches and the olive-trees.

Along the shady pergola, under which golden bees are buzzing, greedy for the sugar of the golden grapes, Anne moves slowly towards Joachim, who hastens towards her as soon as he sees her.

«You came so far?»

«The house is as hot as an oven.»

«And you suffer from it.»

«The only suffering of this last hour is that of a pregnant woman. The natural suffering of everybody: man and beast. Don’t get too hot, Joachim.»

«The water we have been hoping for, for such a long time, and that for three days seemed so close, has not yet come and the land is parched. We are lucky to have a spring so near and so rich in water. I have opened the channels. It is a small sigh of relief for the plants which have withering leaves and are covered with dust: just enough to keep them alive. If it would only rain…» Joachim, with the eagerness of all farmers, looks at the sky, while Anne, tired, cools herself with a fan that seems to be made of the dry leaf of a palm interwoven with many-coloured threads keeping it firm.

Anne’s companion interrupts: «Over there, beyond the Great Hermon, fast clouds are arising. There is a northern wind. It will refreshen and perhaps bring rain.»

«The breeze has risen for three days and then it sets when the moon rises. It will do the same again.» Joachim is discouraged.

«Let us go back inside. Even here one can hardly breathe, and in any case I think it is better to go back…» says Anne, who looks more olive-hued than usual, owing to a paleness which has come over her face.

5.2

«Are you in pain?»

«No. But I can feel the great peace that I experienced in the Temple when I was granted the grace, and which I felt once again when I knew I was pregnant. It is like an ecstasy, a sweet sleep of the body while the soul rejoices and calms itself in a peace that has no bodily comparison. I have loved and still do love you, Joachim, and when I entered your house and I said to myself: “I am the wife of a just man”, I had peace: and I felt the same every time your provident love took care of your Anne. But this peace is different. Understand: I think that the soul of our father Jacob was invaded by a similar peace, like the soothing given by oil that spreads and appeases, after he dreamt[1] of the angels. And, possibly more accurately, it is like the joyful peace of the Tobiahs after Raphael appeared to them. If I absorb myself in this feeling, it grows more and more in strength while I enjoy it. It is as if I were ascending into the blue spaces of the sky… And furthermore, I don’t know the reason for it, but since I have had this peaceful joy in me, I have a song in my heart: old Tobiah’s song. I think it was written for this hour… for this joy… for the land of Israel that receives it… for Jerusalem-sinner and now forgiven… But do not laugh at the frenzy of a mother… but when I say: “Thank the Lord for your wealth and bless the God of centuries, that He may rebuild His Tabernacle in you”, I think that He Who will rebuild the Tabernacle of the true God in Jerusalem will be This One who is about to be born… And I also think that the destiny of my creature was prophesied and not the fate of the Holy City, when the song says: “You shall shine with a bright light: all the peoples of the world will prostrate themselves before you: the nations will come bringing gifts: they will worship the Lord in you and will hold your land as sacred, because within you they invoke the Great Name. You will be happy on account of your children, because they will all be blessed and they will gather near the Lord. Blessed are those who love you and rejoice in your peace…” And I am the first to rejoice, her happy mother…»

Anne changes colour, when saying these words and she lights up like something brought from the paleness of moonlight to the brightness of a great fire and vice versa. Sweet tears, of which she is unaware, run down her cheeks and she smiles in her joy. And in the meantime she moves towards the house, walking between her husband and her relative, who listen and, deeply moved, are silent.

5.3

They make haste because clouds driven by a strong wind, rush across and gather in the sky, while the plain darkens and shudders at the warning of a storm. When they reach the threshold of the dwelling, a first livid flash of lightning crosses the sky and the rumble of the first peal of thunder sounds like the roll of a huge drum that mingles with the arpeggio of the first drops on the parched leaves.

They all go in and Anne withdraws, while Joachim, standing at the door, talks with the workers, who have in the meantime joined him: the conversation is about the longed-for water which is a blessing for the parched land. But their joy turns into fear because a very violent storm is approaching with lightning and clouds threatening hail. «If the cloud bursts, it will crush the grapes and the olives like a millstone. Poor me!»

Joachim is also anxious for his wife, whose time has come to give birth to her child. His relative reassures him that Anne is not suffering at all. But he is agitated, and every time his relative or any other woman, amongst whom is Alphaeus’ mother, comes out of Anne’s room and goes back in again with hot water and basins and linens dried near the blazing fireplace in the large kitchen, he goes and makes enquiries, but he does not calm down despite their reassurances. Also the lack of cries from Anne worries him. He says: «I am a man and I have never seen a child being born. But I remember hearing that the absence of labour pains is fatal.»

It is growing dark and the evening is preceded by a furious and very violent storm: it brings torrential rain, wind, lightning, everything, except hail, which has fallen elsewhere.

One of the workers notices the ferocity of the gale: «It looks as if Satan has come out of Gehenna with his demons. Look at those black clouds! You can smell sulphur in the air and you can hear whistling and hisses, and wailing and cursing voices. If it is him, he is furious this evening!»

The other worker laughs and scoffs: «A great prey must have escaped him, or Michael has struck him with a new thunderbolt from God, and he has had his horns and tail clipped and burnt.»

A woman passes by and shouts: «Joachim! It is coming. And it is happening quickly and well!» and she disappears with a small amphora in her hands.

5.4

The storm drops suddenly, after one last thunderbolt that is so violent that it throws the three men against the side wall; and in front of the house, in the garden, a black smoky cavity remains as its memory! Meanwhile a cry, one resembling the tiny plea of a little turtle-dove that for the very first time no longer peeps but cooes, is heard from beyond Anne’s door. And at the same time a huge rainbow stretches its semicircle across the sky. It rises, or seems to rise, from the top of Hermon, which kissed by the sun, looks like a most delicate pinkish alabaster: it rises up in the clear September sky and through an atmosphere cleaned of all impurities, it crosses over the hills of Galilee and the plain to the south, and then over another mountain, and seems to rest the other end on the distant horizon, where it drops from view behind a chain of high mountains.

«We have never seen anything like this!»

«Look, look!»

«It seems to enclose in a circle the whole of the land of Israel. And look! there is already a star in the sky while the sun has not yet set. What a star! It is shining like a huge diamond!…»

«And the moon, over there, is a full moon, three days early. But look how she is shining!»

5.5

The women arrive jubilant with a plump little baby wrapped in plain linen.

It is Mary, the Mother. A very tiny Mary, who could sleep in the arms of a child, a Mary as long, at the most, as an arm, with a little head of ivory dyed pale pink. Her tiny carmine lips no longer cry but are set in the instinctive act of sucking: they are so small that one cannot understand how they will be able to take a teat. Her pretty little nose is between two tiny round cheeks, and when they get Her to open Her eyes, by teasing Her, they see two small parts of the sky, two innocent blue points that look but cannot see, between thin fair eyelashes. Also Her hair on Her little round head is a pinkish blond, like the colour of certain honeys which are almost white.

Her ears are two small shells, transparent, perfect. Her tiny hands… what are those two little things groping in the air and ending up in Her mouth? Closed, as they are now, they are two rose buds that split the green of their sepals and show their silk within. When they are open, as now, they are two ivory jewels, made of pink ivory and alabaster with five pale garnets as nails. How will those two tiny hands be able to dry so many tears?

And Her little feet? Where are they? For the time being they are just kicking, hidden in the linen. But now the relative sits down and uncovers Her… Oh, the little feet! They are about four centimetres long. Each sole is a coral shell, with a snow white top veined in blue. Her toes are masterpieces of Lilliputian sculpture: they, too, are crowned with small scales of pale garnet. But where will they find small sandals, when those little feet of a doll will take their first steps, sandals small enough to fit such tiny feet? And how will those little feet be able to go such a long way and bear so much pain under the cross?

But that for the time being is not known, and the onlookers smile and laugh at her kicking, at Her well shaped legs, at Her minute plumpish thighs that form dimples and rings, at Her little tummy, a cup turned upside-down, at Her tiny perfect chest. Under the skin of Her breast, as soft as fine silk, the movement of Her breathing can be seen and the beating of Her little heart can be heard, if, as Her happy father is doing now, one lays one’s lips there for a kiss… This is the most beautiful little heart the world will ever know: the only immaculate heart of a human being.

And Her back? They are now turning Her over and they can see the curve of Her kidneys and then the plump shoulders and the pink nape of Her neck, which is so strong that the little head lifts itself up on the arch of the minute vertebrae. It looks like the little head of a bird that scans the new world that it views. She, the Pure and Chaste One, protests with a little cry at being thus exposed to the eyes of so many, She, Entirely Virgin, the Holy and Immaculate, Whom no man will ever see nude again, protests.

Cover, do cover this bud of a lily which will never be opened on earth and which, still remaining a bud, will bear its Flower, even more beautiful than Herself. Only in Heaven the Lily of the Triune Lord will open all its petals. Because up there, there is no particle of fault that may unwillingly profane its spotlessness. Because up there the Triune God is to be received, in the presence of the whole Empyrean, the Triune God that within a few years, hidden in a faultless heart, will be in Her: Father, Son, Spouse.

Here She is again, in Her linen, in the arms of Her earthly father, whom She resembles. Not at the moment. Now She is just the sketch of a human. I mean that She will be like him when She has grown into a woman. She has nothing of Her mother. She has Her father’s colour of complexion and eyes and certainly also his hair. His hair is now white, but when he was young it was definitely fair, as one can tell from his eyebrows. She has Her father’s features, made more perfect and gentle, being a woman, but that special Woman. She has also the smile, the glance, the way of moving and height of Her father. Thinking of Jesus, as I see Him, I find Anne has given her height to her Grandson and her deep ivory colour to His skin. Mary, instead, has not the stateliness of Her mother: a tall and supple palm-tree, but She has the kindness of Her father.

5.6

Also the women are speaking of the storm and the unusual state of the moon, of the presence of the star and the rainbow. Along with Joachim they enter the happy mother’s room and give her her baby.

Anne smiles at one of her thoughts: «She is the Star» she says. «Her sign is in Heaven. Mary, arch of peace! Mary, my Star! Mary, pure moon! Mary, our pearl!»

«Are you calling Her Mary?»

«Yes. Mary, star and pearl and light and peace…»

«But it means also bitterness… Are you not afraid of bringing Her misfortune?»

«God is with Her. She belongs to Him before She existed. He will lead Her along His ways and all bitterness will turn into heavenly honey. Now be of Your mummy… for a little longer, before being all of God…»

And the vision ends on the first sleep of Anne, a mother, and Mary, an infant.

27th August 1944.

5.7

Jesus says:

«Rise and make haste, My little friend. I am longing to take you with Me on the heavenly contemplation of Mary’s Virginity. You will emerge from this experience with your soul as fresh as if you too were created at the moment by the Father, a little Eve not yet aware of the flesh. You will emerge with your soul filled with light, because you will plunge into God’s masterpiece. You will emerge with your wholeself being saturated in love, because you will have understood the degree to which God can love. To speak of the conception of Mary, the Immaculate, means to penetrate the sky, light, love.

5.8

Come and read Her glories in the Book of the Ancestor[2]. “God possessed me at the beginning of His works, from the beginning, before the Creation. From everlasting I was firmly set, in the beginning, before earth came into being, the deep did not yet exist and I was already conceived. The springs did not yet gush with water and the mountains had not yet risen in their huge masses, neither were the hills jewels in the sun, when I came to birth. God had not yet made the earth, the rivers and the foundations of the world, and I was there. When He prepared the Heavens I was present, when with immutable laws He enclosed the deep under the surface, when He fixed the Heavens firm and He suspended the springs of water there, when He assigned the sea its boundaries and gave laws to the waters, when He ordered the waters not to invade the shore, when He laid down the foundations of the earth, I was with Him arranging everything. I always played joyfully in His presence, I played in the universe…” You applied these words to Wisdom, but they speak of Her: the beautiful Mother, the holy Mother, the Virgin Mother of Wisdom that I am and Who is now speaking to you.

5.9

I wanted you to write the first line of the song at the top of the book that speaks of Her, so that She might be contemplated and the consolation and joy of God might be known; the reason for the constant, perfect, intimate delight of this God One and Triune, Who rules and loves you and Who received from man so many reasons for being sad; the reason why He perpetuated the human race, even when, at the first test[3], humanity deserved to be destroyed; the reason for the forgiveness you have received.

To have Mary that loved Him! Oh! It was well worth while creating Man and allowing him to exist and decreeing to forgive him, to have the Beautiful Virgin, the Holy Virgin, the Immaculate Virgin, the Loving Virgin, the Beloved Daughter, the Most Pure Mother, the Loving Spouse! God has given you so much and would have given you even more to possess the Creature of His delight, the Sun of His sun, the Flower of His garden. And He continues to give you so much on account of Her, at Her request, for Her joy, because Her joy flows into the joy of God and increases it with flashes that fill the light, the great light of Paradise with brilliant sparkles and every sparkle is a grace to the universe, to mankind, to the blessed souls who reply with a jubilant cry of alleluia to each generation of divine miracle, created by the desire of the Blessed Trinity to see the sparkling smile of joy of the Virgin.

5.10

God desired to put a king in the universe that He had created out of nothing. A king, who by the nature of matter, should be the first amongst all the creatures created with matter and endowed with matter. A king, who by nature of the spirit should be little less than divine, united to Grace as he was in his first innocent day. But the Supreme Mind, to Whom all the most remote events in centuries are known, incessantly sees what was, is and will be; and while It contemplates the past, and observes the present, It penetrates deeply with Its foresight into the most distant future and knows in every detail how the last man will die. Without confusion or discontinuity the Supreme Mind has always known that the king created to be demigod at Its side in Heaven, heir of the Father, reaching His Kingdom, as an adult after living in the house of his mother — the earth, with which he was made — during his childhood, as child of the Eternal Father for his day on earth. The Supreme Mind has always known that man would have committed against himself the crime of killing Grace in himself and the theft of robbing himself of Heaven.

Then why did He create him? Certainly many ask themselves why. Would you have preferred not to exist? Does this day not deserve, in itself, to be lived, although so poor and bare, and rendered harsh by your wickedness, so that you may know and admire the infinite Beauty that the hand of God has sown in the universe?

For whom would He have created the stars and planets that fly like thunderbolts and arrows, furrowing the vault of Heaven, or dash majestically in their rush of meteors, and yet seem slow, presenting you with light and seasons, eternally immutable and yet always mutable. They give you a new page to read in the sky, every evening, every month, every year, as if they wished to say: “Forget your restriction, forsake your printed matter which is full of obscure, putrid, dirty, poisonous, false, swearing, corrupting material and rise, at least with your eyes, to the unlimited freedom of the firmament, make your souls bright looking at so clear a sky. Build up a supply of light to take to your dark prison. Read the word that we write singing our sidereal chorus, which is more harmonious than the one drawn from a cathedral organ. The word that we write while shining, the word that we write while loving, because we always bear in mind He Who gave us the joy of existing. And we love Him for giving us our existence, our brightness, our movement, our freedom, our beauty in the midst of the gentle azure, beyond which we can see an even more sublime blue: Paradise. And we fulfil the second part of His commandment of love, by loving you, our universal neighbours, loving you by giving you guidance and light, warmth and beauty. Read the word we say, the one on which we modulate our singing, our brightness, our smile: God!”

For whom would He have made the blue sea, the mirror of the sky, the way to the land, the smile of waters, the voice of waves? The sea itself is a word that with the rustling of silk, with the smiles of happy girls, with the sighs of old people who remember and weep, with the clamour of violence, with clashes and roars always speaks and says: “God”. The sea is for you, as the sky and the stars are. And with the sea, the lakes and the rivers, the ponds and the streams, the pure springs, all of which serve to nourish you, to quench your thirst, to clean you: and they serve you serving their Creator, without submerging you, as you deserve.

For whom would He have made the countless families of animals, the beautifully coloured birds, that fly singing, and other animals that like servants, run, work, nourish you and succour you, their kings?

For whom would He have created the countless families of plants and flowers that look like butterflies, like gems and motionless birds, and the families of fruits that are like jewels or jewels cases and are a carpet for your feet, the trees that form shelters for your heads, a welcome relaxation and joy to your minds, your limbs, your sight and smell?

For whom would He have made the minerals in the bowels of the earth and the salts dissolved in cold and boiling springs, the iodines and the bromines, unless one should enjoy them, one who was not God, but the son of God? One: man.

The joy of God lacked nothing: God had no need. He is sufficient in Himself. He has only to contemplate Himself to rejoice, to nourish Himself, to live, to rest. The whole creation has not increased by one atom His infinite joy, beauty, life, power. He made everything for the creature that He wanted to place as king in the work made by Him: that creature is man.

It is worth while living to see such a work of God and to be grateful to His power that gives you the opportunity. And you must be grateful to be alive. You should have been grateful even if you had to wait till Doomsday to be redeemed, because you have been prevaricators, proud, lascivious and murderers in your First Parents and you are still so individually. Yet God allows you to enjoy the beauty of the universe, the goodness of the universe: and He treats you as if you were good children, who are taught and granted everything so that their lives might be happier and more pleasant. What you know, you know by the light of God. What you discover, you discover through the guidance of God. In Goodness. Other knowledge and discoveries that bear the mark of evil, come from the Supreme Evil: Satan.

5.11

The Supreme Mind, that knows everything, even before man existed, knew that man would be his own thief and his own murderer. And as the Eternal Goodness has no limits in being good, before Guilt existed, He thought of the means to obliterate Guilt. The means: I, the Word. The instrument to render the means an efficient instrument: Mary. And the Virgin was created in the sublime mind of God.

5.12

Everything was created for Me, beloved Son of the Father. I-King should have had under my Divine Royal feet carpets and jewels such as no royal palace had, and songs and voices and servants and ministers around me as no sovereign ever possessed, and flowers and gems, all the sublime, the greatness, the kindness that may derive from the thought of a God.

But I was to be Flesh as well as Spirit. Flesh to save the flesh. Flesh to sublime the flesh, taking it to Heaven many centuries before its time. Because the flesh inhabited by the spirit is God’s masterpiece and Heaven had already been made for it. In order to become flesh I needed a Mother. To be God it was necessary that the Father was God.

Then God created His Spouse and said to Her: “Come with Me. At My side see what I am doing for our Son. Look and rejoice, eternal Virgin, eternal Maiden and may Your smile fill this Empyrean and give the angels their starting note and teach Paradise celestial harmony. I am looking at You. And I see You as You will be, Immaculate Woman, Who are now only a spirit: the spirit in which I rejoice. I am looking at You and I give the sea and the firmament the blue of Your eyes, the holy corn the colour of Your hair, whiteness to the lily and a rosy colour to the rose, like Your silky skin. I copy the pearls from Your minute teeth, I make the sweet strawberries watching Your mouth and I give the nightingale Your notes and the turtle-doves Your weeping. And reading Your future thoughts and listening to the beats of Your heart, I have a reason for guidance in creating. Come, My joy, have the worlds as a plaything as long as You will be the dancing light of My thoughts have the worlds for Your smile, have wreaths and necklaces of stars; place the moon under Your gentle feet; make Galatea Your stellar scarf. The stars and planets are for You. Come and enjoy looking at the flowers that will be a childish joy for Your Baby and a pillow for the Son of Your womb. Come and see sheep and lambs, eagles and doves being created. Stay beside Me when I make the hollows of the seas and grooves of the rivers and I raise the mountains and I adorn them with snow and forests. Stay here while I sow fodder and trees and vines, and I make the olive-tree for You, My Peaceful One, and the vine for You, My Vine branch who will bear the Eucharistic Bunch of grapes. Run, fly, rejoice, My Beauty. And may the universe which is created hour by hour learn from You to love Me, My Love, and may it become more beautiful owing to Your smile, Mother of My Son, Queen of My Paradise, Love of Your God”. And again, seeing the Fault and admiring the Faultless One: “Come to Me, You Who wipe away the bitterness of human disobedience, of human fornication with Satan and of human ingratitude. I will take with You My revenge over Satan”.

5.13

God, the Father Creator, had created man and woman with such a perfect law of love that you cannot even understand its perfection anymore. And you become lost in wondering how the human species would have come to be, if man had not been taught by Satan how to obtain it.

Look at the fruit and seed plants. Do they produce seed and fruit by means of fornication, by means of one fecundation out of one hundred copulations? No. The pollen emerges from the male flower and driven by a complex of meteoric and magnetic laws it proceeds to the ovary of the female flower. The latter opens, receives it and produces. It does not dirty itself and then refuse it, as you do, to enjoy the same sensation the following day. It produces and does not flower until the next season and when it does, it is only to produce.

Look at the animals. All of them. Have you ever seen a male animal and a female one approach each other for a sterile embrace and lascivious dealings? No. From near or far, they fly, crawl, jump or run, they go, when it is time, to the fecundation rite. Neither do they stop at the pleasure, but they go further, to the serious and holy consequences of the offspring, the only reason that should cause a man, a demigod by his origin of Grace which I have made complete, to accept the animality of the act, necessary since you descended by one level towards animals.

You do not act as plants and animals do. You had Satan as your teacher. You wanted him as your teacher and you still want him. And the works you do are what one would expect of the teacher you wanted. Had you been faithful to God, you would have had the joy of children, in a holy way, without pain, without exhausting yourselves in obscene and shameful intercourses, which even beasts are unacquainted with, although beasts are without a reasoning and spiritual soul.

To man and woman, corrupted by Satan, God decided to oppose the Man born of a Woman Whom God had super-sublimed to such an extent that She generated without knowing man: a Flower that generates a Flower, without the need of seed, by a unique kiss of the Sun on the inviolated chalice of the Lily-Mary.

5.14

The revenge of God!

Hiss, O Satan, your hatred while She comes into the world! This Child has beaten you! Before you were the Rebel, the Twister, the Corruptor, you were already beaten and She was your Conqueror. One thousand assembled armies are of no avail against your power, the arms of men fall before your scales, o Perennial One, and there is no wind capable of dispersing the stench of your breath. And yet, the heel of this Child, which is so rosy as to look like the inside of a rosy camellia, and is so smooth and soft that silk seems coarse in comparison, and is so small that it could enter the chalice of a tulip and make itself a tiny shoe with that vegetable satin, that heel is crushing your head without any fear and relegates you to your den. And Her cry causes you to flee away, although you are not afraid of armies. And Her breath purifies the world of your foul smell. You are defeated. Her name, Her look, Her purity are lances and thunderbolts that pierce you and demolish you and imprison you in your den in Hell, o Cursed One, who deprived God of the joy of being the Father of all men created!

In vain you have corrupted them, who had been created innocent, leading them to knowledge and conception by means of the sensuousness of lust, depriving God, in His beloved creature, of being the benefactor of the children according to rules, which, had they been respected, would have kept a balance on earth between sexes and races, a balance capable of avoiding wars between people and calamities between families.

By obeying, they would have also known love. Indeed, only by obeying they would have known love and possessed it. A complete and peaceful possession of this gift from God, Who from the supernatural descends to the inferior, so that also the flesh may rejoice devoutly, since it is united to the spirit and created by Him Who created the spirit.

Now, men, what is your love, what are your loves? Either lewdness disguised as love or an incurable fear of losing the love of your partner through her or other people’s lewdness. You are never sure of possessing the heart of your husband or wife, since lust entered the world. And you tremble and cry and become overwrought with jealousy, sometimes you kill to avenge a betrayal, sometimes you despair, and sometimes you lack will or even become insane.

This is what you have done, Satan, to the children of God. Those whom you have corrupted, would have known the joy of having children without suffering any pain and would have experienced the joy of being born without fear of dying. But now you are beaten in a Woman and by a Woman. From now on, whoever loves Her will become once again God’s own, overcoming your temptations, to be able to look at Her immaculate purity. From now on mothers, though not able to conceive without pain, will find comfort in her. From now on She will be the guide for married women and the Mother of dying people, so that it will be sweet to die resting on that breast which is a shield against you, you Cursed One, and against the wrath of God.

Mary, little voice, you have seen the birth of the Virgin’s Son and the assumption of the Virgin to Heaven. You have therefore seen that the faultless ones are unaware of the pain in giving birth as well as of the pain in dying. But if the Most Innocent Mother of God was granted the perfection of celestial gifts, all those who in the First Parents had remained innocent and sons of God, would have generated without throes as it was fair, having conceived without lust, and they would have died without anxiety.

The sublime victory of God over Satan’s revenge was to raise the perfection of the beloved creature to a super-perfection that should annul, at least in one person, all recollection of humanity, liable to Satan’s poison, so that the Son should be generated not by a man’s chaste embrace, but by a divine embrace that causes the spirit to change colour in the ecstasy of the Fire.

5.15

The Virgin’s Virginity!…

Come. Contemplate this deep virginity that gives ecstatic dizziness in its contemplation! What is the poor enforced virginity of a woman that no man married? Less than nothing. What is the virginity of a woman who wanted to be a virgin to belong to God, but is so in her body and not in her spirit, where she allows alien thoughts to enter and entertains allurements of human thoughts? It is a sham virginity, but still very little. What is the virginity of a cloistered nun who lives only for God? Very much. But it is never the perfect virginity when compared with My Mother’s.

There has always been an union, also in the most holy one. The original union between spirit and Fault. The one that only Baptism dissolves. It dissolves it, but as in the case of a woman separated from her husband by his death, it does not render virginity complete such as it was in the First Parents before Sin. A scar remains and hurts causing one to remember it, and it is always ready to become a sore like certain diseases that periodically are made worse by their virus. In the Virgin there is no sign of this dissolved union with the Fault. Her soul appears beautiful and intact as when the Father conceived Her, gathering all graces in Her.

She is the Virgin. She is the Only One. She is the Perfect One. The Complete One. Conceived as such. Generated as such. Remained such. Crowned such. Eternally such. She is the Virgin. She is the abyss of intangibility, of purity, of grace that is lost in the Abyss from which it emerged: in God: most perfect Intangibility, Purity, Grace.

That is the revenge of the God Triune and One. Against creatures desecrated He raises this Star to perfection. Against unhealthy curiosity He raises this Coy Virgin, contented only with loving God. Against the science of evil, this sublime Innocent Virgin. In Her there is not only no knowledge of dejected love: there is not only non-acquaintance with the love that God had given to married people. Much more. In Her there is the absence of incentives, the inheritance of Sin. In Her there is only the icy and white-hot wisdom of divine love. A fire that strengthens the flesh with ice, so that it may be a transparent mirror at the altar where God married a Virgin and does not lower Himself because His perfection embraces Her perfection, which, as it becomes a bride, is only inferior to His by one point, subject to Him as a Woman, but without fault as He is.»


Notes

  1. songe, cité en : Gn 28, 10-16 ; les mentions qui suivent renvoient à : Tobie 12-13.
  2. lis, cf. Pr 8, 22-31. Sur une copie dactylographiée, Maria Valtorta annote : « Inspirées de l’auteur des Proverbes pour célébrer la Sagesse, elles peuvent s’appliquer également à Marie, Mère de la Sagesse ; Marie fut en effet toujours, depuis toujours, pensée et contemplée par Dieu. » Marie fut toujours unie à la Sagesse, dont elle était la Mère, comme le rappelle une note de Maria Valtorta en 196.7.
  3. première épreuve, cf. Gn 6-9.

Notes

  1. he dreamt, in Genesis 28:10-16.
  2. Book of the Ancestor: Proverbs 8:22-31.
  3. at the first test, in: Genesis 6:9.